Scandale fisc impôt - Art tableau succession - Wildenstein Woerth

Dans le monde de l'art, les Wildenstein sont une institution. Mais, depuis près de vingt ans, la dynastie chancelle, empêtrée dans un scandale fiscal et judiciaire sans précédent. Ce qu'il est convenu d'appeler désormais « l'affaire Wildenstein » a connu récemment d'inattendus rebondissements, avec la découverte d'une trentaine d'oeuvres d'art déclarées disparues ou volées depuis plus de dix ans dans un coffre-fort de leur fief, rue La Boétie, à Paris.
De tableaux cachés en secrets de famille, l'histoire de cette dynastie est un véritable film à suspens. Sa fin reste à écrire. La procédure est en cours. Mais sans attendre, depuis trois ans, la journaliste Magali Serre a mené son enquête. Elle en livre les fruits dans un reportage très bien documenté, L'incroyable trésor caché des Wildenstein, diffusé ce soir sur France 3 (Le 04/01/2012).

À l'origine de la fortune, il y a Daniel Wildenstein. C'est lui qui a transformé en multinationale de l'art la galerie parisienne du grand-père, Nathan, qu'avait déjà fait prospérer son père, Georges. Daniel Wildenstein est l'auteur passionné du catalogue raisonné de Claude ­Monet. La bible des collectionneurs. La source de son trésor. Or, l'homme est mort il y a dix ans et depuis rien ne va plus. Ses deux fils, Guy et Alec, déclarèrent à sa veuve, Sylvia Roth-Wildenstein, que leur père était parti « fauché ». Que nenni ! Dans une interview qu'elle accorda en 2009 à Magali Serre, Sylvia Roth-Wildenstein a « vidé son sac ». Photos des tableaux de maître meublant l'appartement du couple à New York à l'appui. « Je pense que le gouvernement a été berné, tout comme moi », déclara-t-elle. La veuve est morte à son tour. Mais son avocate, Claude Deumont-Beghi, n'en a pas fini avec Guy Wildenstein, le dernier héritier depuis la disparition du frère, Alec.

Avec elle, pour la première fois, l'équipe télé a pu filmer l'intérieur d'un entrepôt du port franc de Genève. Un véritable coffre-fort. Dans ce « Sylvia Trust » sont exposées des toiles de maître jamais montrées. Parmi elles : dix-neuf Bonnard. L'avocate raconte le silence de Bercy, saisi à plusieurs reprises. Elle dénonce les relations entre le marchand d'art et le pouvoir : Guy Wildenstein est un donateur éminent de l'UMP. Un parallèle est fait avec l'affaire Bettencourt.
Les scandales s'enchaînent en accéléré. En octobre 2011, lors d'une perquisition au siège de l'institution, ont été retrouvées, à même le sol, des centaines d'oeuvres, statues, dessins, peintures. De multiples photos illustrent le propos. Le récit de la découverte d'un tableau en particulier, Chaumière en Normandie de Berthe Morisot, donne un nouveau tournant au film. Descendant de l'artiste, Yves Rouart désespérait de retrouver un jour cette toile. Les plaintes s'accumulent à l'encontre de Guy ­Wildenstein. Abus de confiance. Escroquerie. Fraude fiscale.
Le téléspectateur se laisse emporter par cette histoire rocambolesque de circuits parallèles, de pratiques douteuses, de paradis fiscaux, nourrie de nombreux témoignages d'héritiers, d'avocats, de collectionneurs. Des historiens de l'art contestent aujourd'hui le monopole de l'expertise des Wildenstein sur Claude Monet. Leur pouvoir tout-puissant pourrait bien basculer.