DEUIL | Le président du directoire du groupe Julius Bär, Alex W. Widmer, âgé de 52 ans, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi.
PHILIPPE RODRIK | 06.12.2008 | 00:00
Etat de choc dans les milieux financiers! Hier, à l’aube, la mort du président du directoire de la banque Julius Bär, Alex Widmer, est annoncée officiellement. «Deux sources indépendantes nous ont confirmé qu’il s’agissait d’un suicide», indique le quotidien alémanique 20 minuten sur son site Internet à 8 h 26.
Personne ne dément la nouvelle. «La banque a décidé de ne pas commenter les circonstances du décès d’Alex Widmer. Ces éléments appartiennent à la sphère privée des membres de sa famille», note le porte-parole de Julius Bär, Jan Bielinski. Celui-ci ajoute: «Il n’y a pas de rapport entre cette tragédie personnelle et les activités de la banque.»
Cette précision ne saurait rassurer les marchés. A la Bourse suisse, peu après l’ouverture, le titre Julius Bär perd 6% puis 9,5% à la clôture, à 33,50 francs. Cette évolution s’inscrit évidemment dans une tendance lourde: l’action de l’établissement zurichois a perdu plus de 60% de sa valeur depuis le début de l’année.
Trois enfants en deuil
Alex Widmer s’avérait néanmoins une cheville ouvrière fondamentale au sein de la holding. «Ce manager a été un responsable décisif dans l’élaboration de notre modèle financier. Avec un énorme succès, il a donné une nouvelle dimension à notre private banking», rappelle le président du conseil d’administration, Raymond J. Bär.
Alex Widmer vient aussi de se révéler une véritable force de transparence. «Notre modèle financier a atteint ses limites», reconnaissait-il mardi dernier en répondant aux questions de l’agence Bloomberg. L’Argovien avait pourtant lui-même poussé très loin ledit modèle qu’il avait initié trois ans plus tôt avec Raymond J. Bär.
Tout avait commencé par l’absorption de trois banques privées suisses en septembre 2005: la Genevoise Ferrier Lullin, Banca di Lugano et Ehinger & Armand von Ernst. A ces sociétés s’ajoutait le gérant de fonds GAM Holding. Alex Widmer a ensuite conduit la banque à ouvrir une succursale à Singapour, forte de 200 collaborateurs, puis d’autres à Hongkong, Moscou, Milan, Istanbul, Le Caire. Sans oublier cette année celles de Verbier et Saint-Moritz.
Les coûts de ce développement étaient accrus par ceux du débauchage de dizaines de grosses pointures employées par des concurrents. Et le numéro trois helvétique de la gestion de fortune se trouve aujourd’hui contraint de réduire le volume de ses activités, son exposition sur un marché financier souffrant.
Au premier semestre, Julius Bär a déjà perdu 24 milliards de francs en gestion privée et revenus de placements. Doté du fameux fonds «Diversity», GAM a vu sa masse sous gestion fondre de 18 milliards de francs, à 68 milliards. Ces derniers mois, de nombreux spécialistes au service des clients les plus fortunés et d’autres dans le domaine de la recherche, ont en outre préféré quitter l’établissement fondé en 1890.
Quoi qu’il en soit, 4272 collaborateurs sont aujourd’hui en deuil, dont 1300 en Suisse et plusieurs centaines à Genève. Trois enfants ont perdu leur père, après la disparition de leur mère en mars 2005, victime d’un cancer.
PHILIPPE RODRIK | 06.12.2008 | 00:00
Etat de choc dans les milieux financiers! Hier, à l’aube, la mort du président du directoire de la banque Julius Bär, Alex Widmer, est annoncée officiellement. «Deux sources indépendantes nous ont confirmé qu’il s’agissait d’un suicide», indique le quotidien alémanique 20 minuten sur son site Internet à 8 h 26.
Personne ne dément la nouvelle. «La banque a décidé de ne pas commenter les circonstances du décès d’Alex Widmer. Ces éléments appartiennent à la sphère privée des membres de sa famille», note le porte-parole de Julius Bär, Jan Bielinski. Celui-ci ajoute: «Il n’y a pas de rapport entre cette tragédie personnelle et les activités de la banque.»
Cette précision ne saurait rassurer les marchés. A la Bourse suisse, peu après l’ouverture, le titre Julius Bär perd 6% puis 9,5% à la clôture, à 33,50 francs. Cette évolution s’inscrit évidemment dans une tendance lourde: l’action de l’établissement zurichois a perdu plus de 60% de sa valeur depuis le début de l’année.
Trois enfants en deuil
Alex Widmer s’avérait néanmoins une cheville ouvrière fondamentale au sein de la holding. «Ce manager a été un responsable décisif dans l’élaboration de notre modèle financier. Avec un énorme succès, il a donné une nouvelle dimension à notre private banking», rappelle le président du conseil d’administration, Raymond J. Bär.
Alex Widmer vient aussi de se révéler une véritable force de transparence. «Notre modèle financier a atteint ses limites», reconnaissait-il mardi dernier en répondant aux questions de l’agence Bloomberg. L’Argovien avait pourtant lui-même poussé très loin ledit modèle qu’il avait initié trois ans plus tôt avec Raymond J. Bär.
Tout avait commencé par l’absorption de trois banques privées suisses en septembre 2005: la Genevoise Ferrier Lullin, Banca di Lugano et Ehinger & Armand von Ernst. A ces sociétés s’ajoutait le gérant de fonds GAM Holding. Alex Widmer a ensuite conduit la banque à ouvrir une succursale à Singapour, forte de 200 collaborateurs, puis d’autres à Hongkong, Moscou, Milan, Istanbul, Le Caire. Sans oublier cette année celles de Verbier et Saint-Moritz.
Les coûts de ce développement étaient accrus par ceux du débauchage de dizaines de grosses pointures employées par des concurrents. Et le numéro trois helvétique de la gestion de fortune se trouve aujourd’hui contraint de réduire le volume de ses activités, son exposition sur un marché financier souffrant.
Au premier semestre, Julius Bär a déjà perdu 24 milliards de francs en gestion privée et revenus de placements. Doté du fameux fonds «Diversity», GAM a vu sa masse sous gestion fondre de 18 milliards de francs, à 68 milliards. Ces derniers mois, de nombreux spécialistes au service des clients les plus fortunés et d’autres dans le domaine de la recherche, ont en outre préféré quitter l’établissement fondé en 1890.
Quoi qu’il en soit, 4272 collaborateurs sont aujourd’hui en deuil, dont 1300 en Suisse et plusieurs centaines à Genève. Trois enfants ont perdu leur père, après la disparition de leur mère en mars 2005, victime d’un cancer.