BNP Paribas et recrudescence du chômage, symptômes d'une même crise
par Philippe Béchade
Jeudi 29 Janvier 2009**
Le chant des sirènes des partisans d'un rebond des marchés a commencé à
faire son effet sur les opérateurs les plus pessimistes. Je ne m'en
cache pas, même si je chante très mal, j'ai donné de la voix pour
amplifier le volume sonore annonçant une remontée des indices
boursiers... sans même espérer que le rebond atteigne 11% rapport à son
récent plancher des 2 770 points du 26 janvier.
Le CAC 40
s'attaque donc à la résistance des 3 080/3 090, qui coïncide avec le
zénith d'ouverture du 19 janvier dernier... Cependant, le test décisif
-- celui qui validerait une véritable inversion de tendance à moyen
terme -- devrait se situer vers 3 150 points, au niveau de la
résistance oblique baissière moyen terme. Son franchissement induirait
la possibilité de déborder les 3 425 points (zénith 2009 et moyenne
mobile à 100 jours) en direction du gap des 3 489 points du 10 novembre 2008 puis du gap de rupture des 3 934 points resté béant depuis le 3 octobre dernier.
De
soudaines vagues de rachats à bon compte (les vendeurs coupent leurs
positions à découvert lorsque la dynamique baissière s'essouffle),
voilà bien un scénario récurrent depuis le milieu de l'été 2008. Les
reprises s'avérant trop impulsives, avec des écarts de +12% à +15%
survenant en moins de cinq séances l'automne dernier, aucune n'a été
couronnée de succès. Les rechutes ont été à chaque fois plus sévères,
jusqu'à celle que nous venons de subir début janvier et dont
l'amplitude a frôlé les -20% à Paris.
Compte tenu des
informations que nous allons vous exposer tout au long des prochains
paragraphes, le pari sur une poursuite de l'embellie boursière implique
de prévoir un épisode de consolidation qui nous apparaît indispensable.
** Les pires anticipations des marchés viennent en effet
d'être "actées" mercredi soir par le FMI. Le fait que Dominique
Strauss-Kahn supervise les conclusions de son armée d'experts n'est
sans doute pas étranger à un rapport économique assimilable à une
opération vérité plutôt qu'à une entreprise du type "Prozac et lunettes
roses".
Ceux qui sont allergiques aux fastidieuses
énumérations de chiffres conjoncturels sauteront les sept ou
huit prochains paragraphes pour découvrir sans plus attendre les
dernières prévisions -- catastrophistes -- du Bureau international du
travail (ou BIT). Ceci dit, zapper ce qui va suivre vous priverait
d'éléments cruciaux qui vous permettront de constater qu'il n'y a
aucune exagération dans l'anticipation d'une flambée du chômage sans
précédent depuis la période noire s'étendant l'automne 1930 à l'hiver
1932.
Le Fonds monétaire international a revu en forte baisse
ce mercredi son estimation de la croissance mondiale en 2009 : elle
serait limitée à un demi-point de hausse. Cela aurait aussi pu être
zéro ou -0,5% mais il valait mieux éviter d'inscrire un score ayant une
valeur négative.
Rappelons que deux mois auparavant
(mi-novembre), le PIB mondial était censé avoisiner +2,2%, contre +3,5%
à la fin de l'été 2008. Une hausse de 0,5% (ou pas de hausse du tout),
ce sera sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, affirme
Olivier Blanchard, chef économiste du FMI.
Il s'explique...
"L'économie mondiale a pris un mauvais tournant durant le dernier
trimestre 2008 : en dépit d'efforts considérables des gouvernements et
des banques centrales, les marchés financiers sont restés soumis à des
tensions extrêmes, la production et le commerce mondial se sont
fortement contractés".
Ce sont nos économies développées qui
vont payer le plus lourd tribut : la récession pourrait atteindre -2%
au lieu de -0,3% lors de la précédente étude. La contraction du PIB
atteindrait -1,6% aux Etats-Unis, -2% en Zone euro et -2,6% au Japon
"où la dégradation des perspectives est la plus spectaculaire".
La
France subirait un recul de 1,9% ; l'Allemagne, c'est confirmé,
écoperait d'un score de -2,5%... qui ne serait pas le pire puisque la
Grande-Bretagne doit se préparer à une chute de 2,8% de son PIB. A
quand la parité une livre sterling = un euro ?... Il ne sera peut-être
pas nécessaire de patienter très longtemps !
Les pays émergents ne seront pas épargnés : leur prévision de
croissance a été abaissée à +3,3% en 2009 (après +6,3% en 2008). C'est
un taux largement inférieur à celui de la hausse de la population dans
des pays comme le Brésil, l'Inde, le Vietnam, l'Indonésie... et même la
Chine. Cette dernière resterait néanmoins la championne mondiale de la
croissance avec +6,7% cette année, après +9% en 2008 et +11,8% en 2007.
Nos propres estimations ne vont pas au-delà de +5% mais peu importe
puisqu'il faut au moins... 7% à 8% de croissance pour créer de l'emploi
dans ce pays.
Le ralentissement le plus brutal affecterait la
Russie qui passerait de +6,2% l'an dernier à -0,7% cette année.
Cependant, la variable pétrole peut faire mentir ce pronostic dans un
sens comme dans l'autre... car le baril d'or noir demeure un élément
clé.
Si j'avais dû miser personnellement sur l'impact
récessionniste le plus sévère, j'aurais placé Dubaï sur la plus haute
marche du podium, devant l'Argentine, pour cause de catastrophe
climatique avec une sécheresse sans précédent qui ruine les éleveurs
comme les producteurs de maïs et de soja, principales recettes à
l'export.
** Maintenant que vous êtes "bien chaud"
(sous-entendu : glacé d'effroi), le moment est bien choisi pour abattre
la dernière carte de notre triste monde économique en décomposition :
le fameux rapport du BIT que nous vous avions promis en début de
chronique. Selon la dernière étude publiée mercredi matin, le nombre de
chômeurs pourrait augmenter de 20 à 30 millions dès cette année à
travers le monde, et même dépasser les 50 millions si la situation
continue de se détériorer au rythme actuel -- et nous ne doutons pas
que sera le cas.
Selon le scénario le plus défavorable du
Bureau international du travail, le nombre de chômeurs dans le monde
atteindrait 230 à 250 millions, contre 190 millions en 2008 et
179 millions en 2007. Notre pauvre planète dévastée par l'effondrement
des institutions financières occidentales verrait émerger un nombre
équivalent (de 200 à 220 millions) de travailleurs pauvres n'ayant
aucun moyen de consommer ce que la machine industrielle chinoise,
japonaise, américaine ou européenne produira cette année. La crise de
l'offre le dispute à la crise de la demande !
** Alors, ne jugez-vous pas anachroniques les +4% des places européennes et les +3,5% engrangés par Wall Street ce mercredi ?
Les
valeurs bancaires ont repris 10% en moyenne de Francfort à Londres en
passant par Paris (+15% s'agissant de celles inscrites sur le CAC 40).
Mais nous nous inquiétons déjà du sort qui sera réservé à BNP Paribas
(+20,75% en clôture à 30,145 euros) après la dégradation de sa note
long terme par l'agence Standard & Poors, annonce faite après la
clôture de la séance, vers 18h.
Que S&P ou Moody's réduise
encore leur opinion de trois petits crans (et elles ont tout le loisir
d'abaisser leur curseur du double sans rien demander à personne si cela
les démange) et une grosse partie de la dette émise par BNP Paribas
serait exclue de la catégorie investment grade... avec les
difficultés de refinancement que cela impliquerait ; cela s'apparente
au syndrome de la prévision auto-réalisatrice.
Cela paraît impensable... et c'est certainement pour cette raison que -- comme l'a bien expliqué Cécile Chevré dans la Quotidienne de MoneyWeek
de ce mercredi -- la première banque française se trouve contrainte de
renforcer par un tour de passe-passe bilanciel son ratio de
solvabilité... Elle aurait fort bien pu s'en passer si le gouvernement
belge n'avait pas fait capoter début décembre la prise de contrôle de
Fortis -- et d'énormes quantités de cash sous forme de dépôts, de comptes-titres, d'épargne-retraite ou de contrats d'assurance.
Mais
BNP Paribas a puisé dans la corne d'abondance de Bercy en pure perte
puisque Standard & Poors vient d'activer le détonateur de l'arme
atomique, celle qui transforme le triple A en triple B d'une simple
pression de l'index sur une touche d'ordinateur.
** Comme vous le constatez, la montagne de dette
qui sert de fil rouge dans nos différentes Chroniques depuis le début
de la semaine n'a pas besoin d'être traitée à la dynamite pour que des
pans entiers s'effondrent dans un tonnerre assourdissant de perte de
valeur.
George Soros, depuis Davos, estime à pas moins de
3 000 mètres cubes -- non pardon, 3 000 milliards de dollars
(trois millions de millions) -- la quantité de pertes latentes qui
devront être neutralisées pour éviter la faillite complète du système
bancaire. Les banques américaines ne possèdent plus cet argent : la
valeur totale de leurs fonds propres représente à peine la moitié de
cette somme... Et parallèlement, le contribuable américain devra
garantir les bons du Trésor que la Fed ne va pas tarder à troquer
contre des actifs décotés ou sans valeur émanant des banques en
perdition.
Mais la Fed non plus ne possède pas plus de
1 000 milliards de dollars (ceux qui étaient encore inscrits à son
bilan à la fin de l'été 2008)... Il ne lui reste plus qu'à les imprimer
puis à les baptiser T-Bonds, sur injonction du Trésor et du Congrès US,
mais ça, elle sait faire. La grande question pour 2009 et 2010 est la
suivante : les Chinois auront-ils encore les moyens (la réponse est
non), ou seulement la volonté de les acheter ? En bon buffles, ils
prendront bien garde de se précipiter... comme le fit le rat pour
quitter le Titanic financier en 2008.
Philippe Béchade,
Paris
source :
http://www.la-chronique-agora.com/articles/20090129-1532.html
par Philippe Béchade
Jeudi 29 Janvier 2009**
Le chant des sirènes des partisans d'un rebond des marchés a commencé à
faire son effet sur les opérateurs les plus pessimistes. Je ne m'en
cache pas, même si je chante très mal, j'ai donné de la voix pour
amplifier le volume sonore annonçant une remontée des indices
boursiers... sans même espérer que le rebond atteigne 11% rapport à son
récent plancher des 2 770 points du 26 janvier.
Le CAC 40
s'attaque donc à la résistance des 3 080/3 090, qui coïncide avec le
zénith d'ouverture du 19 janvier dernier... Cependant, le test décisif
-- celui qui validerait une véritable inversion de tendance à moyen
terme -- devrait se situer vers 3 150 points, au niveau de la
résistance oblique baissière moyen terme. Son franchissement induirait
la possibilité de déborder les 3 425 points (zénith 2009 et moyenne
mobile à 100 jours) en direction du gap des 3 489 points du 10 novembre 2008 puis du gap de rupture des 3 934 points resté béant depuis le 3 octobre dernier.
De
soudaines vagues de rachats à bon compte (les vendeurs coupent leurs
positions à découvert lorsque la dynamique baissière s'essouffle),
voilà bien un scénario récurrent depuis le milieu de l'été 2008. Les
reprises s'avérant trop impulsives, avec des écarts de +12% à +15%
survenant en moins de cinq séances l'automne dernier, aucune n'a été
couronnée de succès. Les rechutes ont été à chaque fois plus sévères,
jusqu'à celle que nous venons de subir début janvier et dont
l'amplitude a frôlé les -20% à Paris.
Compte tenu des
informations que nous allons vous exposer tout au long des prochains
paragraphes, le pari sur une poursuite de l'embellie boursière implique
de prévoir un épisode de consolidation qui nous apparaît indispensable.
** Les pires anticipations des marchés viennent en effet
d'être "actées" mercredi soir par le FMI. Le fait que Dominique
Strauss-Kahn supervise les conclusions de son armée d'experts n'est
sans doute pas étranger à un rapport économique assimilable à une
opération vérité plutôt qu'à une entreprise du type "Prozac et lunettes
roses".
Ceux qui sont allergiques aux fastidieuses
énumérations de chiffres conjoncturels sauteront les sept ou
huit prochains paragraphes pour découvrir sans plus attendre les
dernières prévisions -- catastrophistes -- du Bureau international du
travail (ou BIT). Ceci dit, zapper ce qui va suivre vous priverait
d'éléments cruciaux qui vous permettront de constater qu'il n'y a
aucune exagération dans l'anticipation d'une flambée du chômage sans
précédent depuis la période noire s'étendant l'automne 1930 à l'hiver
1932.
Le Fonds monétaire international a revu en forte baisse
ce mercredi son estimation de la croissance mondiale en 2009 : elle
serait limitée à un demi-point de hausse. Cela aurait aussi pu être
zéro ou -0,5% mais il valait mieux éviter d'inscrire un score ayant une
valeur négative.
Rappelons que deux mois auparavant
(mi-novembre), le PIB mondial était censé avoisiner +2,2%, contre +3,5%
à la fin de l'été 2008. Une hausse de 0,5% (ou pas de hausse du tout),
ce sera sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, affirme
Olivier Blanchard, chef économiste du FMI.
Il s'explique...
"L'économie mondiale a pris un mauvais tournant durant le dernier
trimestre 2008 : en dépit d'efforts considérables des gouvernements et
des banques centrales, les marchés financiers sont restés soumis à des
tensions extrêmes, la production et le commerce mondial se sont
fortement contractés".
Ce sont nos économies développées qui
vont payer le plus lourd tribut : la récession pourrait atteindre -2%
au lieu de -0,3% lors de la précédente étude. La contraction du PIB
atteindrait -1,6% aux Etats-Unis, -2% en Zone euro et -2,6% au Japon
"où la dégradation des perspectives est la plus spectaculaire".
La
France subirait un recul de 1,9% ; l'Allemagne, c'est confirmé,
écoperait d'un score de -2,5%... qui ne serait pas le pire puisque la
Grande-Bretagne doit se préparer à une chute de 2,8% de son PIB. A
quand la parité une livre sterling = un euro ?... Il ne sera peut-être
pas nécessaire de patienter très longtemps !
Les pays émergents ne seront pas épargnés : leur prévision de
croissance a été abaissée à +3,3% en 2009 (après +6,3% en 2008). C'est
un taux largement inférieur à celui de la hausse de la population dans
des pays comme le Brésil, l'Inde, le Vietnam, l'Indonésie... et même la
Chine. Cette dernière resterait néanmoins la championne mondiale de la
croissance avec +6,7% cette année, après +9% en 2008 et +11,8% en 2007.
Nos propres estimations ne vont pas au-delà de +5% mais peu importe
puisqu'il faut au moins... 7% à 8% de croissance pour créer de l'emploi
dans ce pays.
Le ralentissement le plus brutal affecterait la
Russie qui passerait de +6,2% l'an dernier à -0,7% cette année.
Cependant, la variable pétrole peut faire mentir ce pronostic dans un
sens comme dans l'autre... car le baril d'or noir demeure un élément
clé.
Si j'avais dû miser personnellement sur l'impact
récessionniste le plus sévère, j'aurais placé Dubaï sur la plus haute
marche du podium, devant l'Argentine, pour cause de catastrophe
climatique avec une sécheresse sans précédent qui ruine les éleveurs
comme les producteurs de maïs et de soja, principales recettes à
l'export.
** Maintenant que vous êtes "bien chaud"
(sous-entendu : glacé d'effroi), le moment est bien choisi pour abattre
la dernière carte de notre triste monde économique en décomposition :
le fameux rapport du BIT que nous vous avions promis en début de
chronique. Selon la dernière étude publiée mercredi matin, le nombre de
chômeurs pourrait augmenter de 20 à 30 millions dès cette année à
travers le monde, et même dépasser les 50 millions si la situation
continue de se détériorer au rythme actuel -- et nous ne doutons pas
que sera le cas.
Selon le scénario le plus défavorable du
Bureau international du travail, le nombre de chômeurs dans le monde
atteindrait 230 à 250 millions, contre 190 millions en 2008 et
179 millions en 2007. Notre pauvre planète dévastée par l'effondrement
des institutions financières occidentales verrait émerger un nombre
équivalent (de 200 à 220 millions) de travailleurs pauvres n'ayant
aucun moyen de consommer ce que la machine industrielle chinoise,
japonaise, américaine ou européenne produira cette année. La crise de
l'offre le dispute à la crise de la demande !
** Alors, ne jugez-vous pas anachroniques les +4% des places européennes et les +3,5% engrangés par Wall Street ce mercredi ?
Les
valeurs bancaires ont repris 10% en moyenne de Francfort à Londres en
passant par Paris (+15% s'agissant de celles inscrites sur le CAC 40).
Mais nous nous inquiétons déjà du sort qui sera réservé à BNP Paribas
(+20,75% en clôture à 30,145 euros) après la dégradation de sa note
long terme par l'agence Standard & Poors, annonce faite après la
clôture de la séance, vers 18h.
Que S&P ou Moody's réduise
encore leur opinion de trois petits crans (et elles ont tout le loisir
d'abaisser leur curseur du double sans rien demander à personne si cela
les démange) et une grosse partie de la dette émise par BNP Paribas
serait exclue de la catégorie investment grade... avec les
difficultés de refinancement que cela impliquerait ; cela s'apparente
au syndrome de la prévision auto-réalisatrice.
Cela paraît impensable... et c'est certainement pour cette raison que -- comme l'a bien expliqué Cécile Chevré dans la Quotidienne de MoneyWeek
de ce mercredi -- la première banque française se trouve contrainte de
renforcer par un tour de passe-passe bilanciel son ratio de
solvabilité... Elle aurait fort bien pu s'en passer si le gouvernement
belge n'avait pas fait capoter début décembre la prise de contrôle de
Fortis -- et d'énormes quantités de cash sous forme de dépôts, de comptes-titres, d'épargne-retraite ou de contrats d'assurance.
Mais
BNP Paribas a puisé dans la corne d'abondance de Bercy en pure perte
puisque Standard & Poors vient d'activer le détonateur de l'arme
atomique, celle qui transforme le triple A en triple B d'une simple
pression de l'index sur une touche d'ordinateur.
** Comme vous le constatez, la montagne de dette
qui sert de fil rouge dans nos différentes Chroniques depuis le début
de la semaine n'a pas besoin d'être traitée à la dynamite pour que des
pans entiers s'effondrent dans un tonnerre assourdissant de perte de
valeur.
George Soros, depuis Davos, estime à pas moins de
3 000 mètres cubes -- non pardon, 3 000 milliards de dollars
(trois millions de millions) -- la quantité de pertes latentes qui
devront être neutralisées pour éviter la faillite complète du système
bancaire. Les banques américaines ne possèdent plus cet argent : la
valeur totale de leurs fonds propres représente à peine la moitié de
cette somme... Et parallèlement, le contribuable américain devra
garantir les bons du Trésor que la Fed ne va pas tarder à troquer
contre des actifs décotés ou sans valeur émanant des banques en
perdition.
Mais la Fed non plus ne possède pas plus de
1 000 milliards de dollars (ceux qui étaient encore inscrits à son
bilan à la fin de l'été 2008)... Il ne lui reste plus qu'à les imprimer
puis à les baptiser T-Bonds, sur injonction du Trésor et du Congrès US,
mais ça, elle sait faire. La grande question pour 2009 et 2010 est la
suivante : les Chinois auront-ils encore les moyens (la réponse est
non), ou seulement la volonté de les acheter ? En bon buffles, ils
prendront bien garde de se précipiter... comme le fit le rat pour
quitter le Titanic financier en 2008.
Philippe Béchade,
Paris
source :
http://www.la-chronique-agora.com/articles/20090129-1532.html