La question de la rentabilité de l’esclavage émerge au XVIIIe siècle avec la pensée économique préclassique et classique. Arguant de la supériorité du travail libre, les physiocrates et Adam Smith ont à cette époque contesté la valeur économique de l’esclavage. On trouve aussi trace de cet argumentaire chez certains penseurs des Lumières et, plus tard, au sein des anti-esclavagistes. Le physiocrate Dupont de Nemours résume l’ensemble des arguments avancés à l’appui de cette thèse quand il déclare que « l’arithmétique politique commence à prouver que des ouvriers libres ne coûteraient pas plus, serait plus heureux, n’exposeraient point aux mêmes dangers et feraient le double de l’ouvrage ». Suivant ce point de vue, la productivité est induite par l’intérêt du travailleur libre pour son travail, et par l’absence de coût d’achat et de surveillance. Pour reprendre le raisonnement de Smith, le salaire remplace avantageusement les frais d’entretien et d’achat qui incombent aux propriétaires.
Un des arguments les plus couramment avancés pointe ainsi le coût de surveillance et d’entretien des esclaves : les abolitionnistes, tels Victor Schoelcher, font état de l’insécurité qui règne dans les colonies esclavagistes et de la charge financière qui en résulte pour les états métropolitains sous forme d’envoi et d’entretien de troupes nombreuses, ainsi que d’indemnités à verser aux propriétaires dont les biens sont détruits à l’occasion de révoltes d’esclaves.
S’ajoutent aussi des arguments que l’on qualifierait aujourd’hui de macroéconomiques. Pour les physiocrates français, le développement d’un marché intérieur est indissociable du développement du travail salarié. C’est ce qui pousse les plus audacieux d’entre eux à réclamer la suppression des avantages des planteurs coloniaux qui pénalisent les cultivateurs métropolitains de betterave sur le marché du sucre.
Enfin, l’esclavage a été dénoncé comme un frein à l’innovation technique, le dynamisme industrieux des États du Nord des États-Unis étant pointé face à l’apparente stagnation de l’industrie des États du Sud.
Ces faits sont les principales raisons de l’abolition officielle de l’esclavage, mais ne s’en est-il pas suivi la naissance d’une autre forme de servitude, officieuse, plus subtile et plus perverse encore ?
En effet, tout au long de l’histoire, bien rares furent les chefs d’États qui ont eu l’intelligence et la force de caractère de voir au-delà de la simple extension de leur pouvoir personnel pour se soucier de leur peuple, et cette vérité est particulièrement accentuée en notre époque. Il suffirait de constater la vive ardeur qu’ont nos chers dirigeants pour nous plonger dans un avilissement toujours plus profond pour s’en rendre compte. Malheureusement, la “masse” a aussi une grande part de responsabilité dans le résultat de sa misère morale et intellectuelle actuelle; le mot vulgaire ne dérive effectivement pas du mot latin “vulgus”, désignant le peuple, pour rien. Il est triste de constater que tout ce qui vise à aider l’être humain à assouvir ses plus bas instincts prenne comme du feu sur de la poudre, alors que les démarches qui visent à l’élever connaissent bien des difficultés. Les années “hippies” et mai 68 en sont des preuves marquantes. En 68, un peuple manipulé s’est rebellé pour obtenir plus de “libertés”, mais n’a récolté que plus d’asservissement encore. Cette date indique, en effet, l’avènement de la société de consommation, ce fléau qui a complètement rongé les valeurs de notre société et a achevé de la plonger dans un nouvel obscurantisme, celui du matérialisme. D’où vient donc cette calamiteuse confusion que fait un si grand nombre de personnes entre la liberté et le chaos ? La liberté, ce n’est pas obéir immédiatement à ses moindres pulsions, ce n’est pas faire tout ce que l’on veut faire au moment où on veut le faire; un tel comportement n’obéit à aucune règle ni à aucune limite et consiste à suivre ses instincts animaux, ce qui répondrait justement, au contraire, à une définition possible du chaos. Non, la liberté consiste à pouvoir agir d’une façon qui suive réellement les règles nécessaires à la solidification de la stabilité de notre personne, en tenant compte des limites que cela implique, et permet ainsi de se rapprocher du bonheur, alors que le chaos plonge au contraire dans le malheur. Certes, les conditions requises pour trouver ce bonheur varient selon les personnes, certaines d’entre elles se complaisant très bien dans la vulgarité de leurs aspirations, tout comme un porc est heureux de se rouler dans la boue. Si la satisfaction des pulsions et la recherche des plaisirs est une condition essentielle pour créer le bonheur d’un individu, on pourrait alors dire que la limite entre plaisir et bonheur est mince, voire qu’elle n’existe pas, mais cela rend par la même occasion ce dernier inexistant, puisqu’il n’est alors plus qu’un état d’une éphémérité et d’une bassesse extrêmes que la personne ne peut atteindre qu’en étant continuellement esclave d’elle-même, le reste de ses humeurs se passant donc dans un état d’inconscience grave qui se caractérise par une béatitude qui lui donne l’illusion d’être heureuse, pour la simple et bonne raison qu’elle ignore ce que cela signifie réellement.
Revenons à notre pauvre société; les années 60-70 ont donc été marquées d’importants événements déstabilisateurs des esprits. Les quelques bonnes moeurs qui étaient encore d’usage furent facilement balayées. Regardons où nous en sommes… Même si les religions ont commis bien des atrocités dans nos pays aux instants où elles possédaient un pouvoir significatif, et ont eu un rôle très majoritairement politique et négatif, elles n’en imposaient pas moins un minimum d’éthique, bien que le peuple de l’époque fut sans doute tout aussi sauvage et inculte qu’aujourd’hui (paradoxalement par rapport aux très nombreuses connaissances qui ont émergé entre-temps et à la facilité considérable de se les procurer aujourd’hui…). La laïcité était la meilleure chose à appliquer, car elle avait le potentiel de permettre une réflexion libre. Malheureusement, ce qui était autrefois une pensée imposée par les courants religieux est aujourd’hui une pensée imposée par les effluves abrutissantes d’une société de consommation de masse; elle n’en demeure pas moins une pensée unique tout aussi esclavagiste. La religion n’est cependant pas seule à pouvoir être garante d’une morale, et l’État a conservé une certaine tenue des moeurs pendant un certain temps après la séparation de l’Église et de l’État de 1905. C’est évidemment par la suite qu’il a été particulièrement intéressant d’avilir le peuple encore plus qu’il ne l’est par nature en dispersant ces mêmes moeurs aux quatre vents…
J’ajouterai notamment, puisque toute révolution “idéologique” puise ses raisons d’être dans des bases bien plus concrètes et intéressées que la simple volonté de suivre des principes, que la cassure du lien familial de la part de l’enfant était une des choses que l’émancipation des femmes était censée accomplir. Les bienfaits que cet événement a engendrés ne sont cependant pas les seules conséquences de cette émancipation, et des motifs plus obscurs ont poussé les gouvernements à lancer ce processus. Si l’on se fie à une interview d’Aaron Russo, cinéaste américain (mort six mois après cette même interview, tiens tiens…), qui relate sa rencontre avec Nicholas Rockefeller (dont la famille est milliardaire), celui-ci disait notamment que cette émancipation avait été souhaitée au sein du CFR (le Council on Foreign Relations) non seulement pour que la deuxième moitié de la population puisse travailler davantage et mieux, et donc fournir plus de revenus aux gouvernements, mais aussi parce qu’ainsi, les enfants des couples ont du être scolarisés plus tôt et que le lien familial est ainsi devenu plus facilement cassable, parce qu’ils avaient tendance à voir l’école, et d’une certaine façon l’État, comme leur famille. Au vu de la différence entre l’importance que l’on accordait à la famille dans le passé et celle que l’on lui accorde maintenant, je pense que tout le monde conviendra qu’il y a effectivement une certaine rupture à ce niveau là…
Tout ce qui a été fait par les riches classes a quasiment toujours été fait pour leur intérêt sectaire. De même, la mondialisation s’orchestre dans le but d’établir un marché mondial, où, dans un gouvernement unique ultralibéralisé, toute barrière à la libre circulation des échanges disparaisse. Dans les pays du tiers-monde qui acceptent (ou plutôt, sont forcés d’accepter) de s’ouvrir à la mondialisation, nous pouvons voir clairement les effets infâmes de cette dernière. En effet, ces pays doivent s’ouvrir à toutes sortes de multinationales quand, notamment, un organisme comme le Fonds Monétaire International ou la Banque Mondiale leur propose un programme d’ajustement structurel. Ces programmes visent rarement à améliorer la condition de vie du peuple d’un pays pauvre, mais bien plus souvent à permettre l’exploitation de telles ou telles ressources par des entreprises étrangères. De plus, ces pays se trouvent fréquemment dans la nécessité d’avoir recours à des prêts de la Banque Mondiale et du FMI. Comme l’importance de ces emprunts est grande, ils ne parviennent jamais à la rembourser tout à fait. Et, puisqu’ils continuent à avoir besoin d’autres aides, leur dette, si elle ne stagne pas dans le meilleur des cas, augmente en permanence la majorité du temps. Beaucoup ne parviennent pas même à rembourser le montant convenu à l’échéance donnée; ce qui fait qu’ils doivent s’endetter davantage pour le simple usage de parvenir à honorer cette somme. Puisque les meilleures ressources du pays sont pillées et expédiées à l’étranger et que celui-ci est tenu dans la domination du créancier par une dette qui ne pourra que s’accroître sans jamais disparaître, il ne pourra que connaître des famines, des dévaluations monétaires, une nette arriération industrielle et technologique, etc., sans jamais bénéficier de la possibilité de s’affranchir, car il est pris dans un système d’esclavage moderne.
Autrefois, les colonies, que ce soient de l’Empire Britannique ou de maints autres, avaient pour seule utilité de fournir des matières premières à celui dont ils subissaient le joug. En effet, les fournitures venues des Indes, par exemple, étaient acheminées jusqu’en Angleterre par le seul biais des navires marchands anglais, au nom du libre-échange; les colons n’avaient donc aucun pouvoir sur la fixation du prix de leurs marchandises et, leurs produits étant achetés à bas prix, ils étaient contraints de faire stagner leur industrie au niveau que leur économie misérable pouvait respecter, c’est à dire un bien humble niveau… Le pays ne prospérait donc pas et était simplement voué à faire travailler une main-d’oeuvre esclave pour sa propre perte, à savoir, l’exportation de leurs matières premières. Il se passe exactement la même chose aujourd’hui, principalement en Afrique, mais de la façon quelque peu plus subtile que nous avons abordée au précédent paragraphe.
Ce n’est pas tout; le système dans lequel nous vivons suit la même logique esclavagiste. En effet, les dettes de nos pays (quels qu’ils soient sur le globe, d’ailleurs) ne font que s’accroître exponentiellement. Le fait que la politique monétaire des pays concernés soit régie par une banque centrale privée en est la cause. Il est clair que, puisqu’elle est privée, son but premier sera de servir les intérêts des secteurs privés. En outre, elle n’a aucun compte à rendre à l’État. Il est crucial de comprendre que le pouvoir aux mains de l’État sera responsable devant ses citoyens, et aura plus de chances de satisfaire leurs attentes que le secteur privé, qui, lui, n’est pas responsable devant la nation; il ne cherche que son propre profit.
La nature de la Réserve Fédérale Américaine, la FED, est particulièrement vicieuse. En effet, lorsque l’État nécessite d’imprimer de l’argent, il lui envoie des Bons du Trésor, qui en eux-mêmes ne valent rien, mais permettent d’émettre des billets et une monnaie qui ont une valeur calculée par rapport à celle de l’argent qui existait déjà jusqu’à son impression. Plus la demande pour les produits est forte, plus l’économie sera forte. Mais comme la finance ne suit pas l’économie physique, la valeur de la monnaie est calculée par rapport à la quantité de celle qui est déjà en circulation. Ainsi, plus il y a de monnaie fabriquée, plus il y a d’inflation, puisqu’il y a plus de monnaie sur le marché sans que cela ne suive nécessairement les lois de l’offre et de la demande, ce qui fait que la valeur de l’argent est par conséquent moindre. S’il y a par contre un trou dans la finance ou dans les moyens de production, il y aura déflation. Ceci est donc un système “flottant”, puisque l’économie d’un pays tient à la valeur d’une monnaie qui n’est reliée à rien de tangible, ni à l’économie physique, ni à un bien tel que l’or. En effet, les accords de Bretton Woods firent que le dollar soit la monnaie de référence sur la scène mondiale, ce qui était un avantage considérable pour les États-Unis dont l’économie était fortement renforcée par une demande du dollar permanente de tous les pays devant convertir leur monnaie avant d’effectuer un achat. Mais ces dollars pouvaient encore être convertis en une valeur plus stable, l’or, jusqu’en 1971, où le président Nixon rendit le dollar inconvertible en or directement, excepté sur les marchés ouverts. Depuis, le pouvoir de contrôler le taux d’émission d’une monnaie est équivalent au pouvoir d’en réguler la valeur, ce qui permet une main-mise sur l’économie. Et tout ça dans un secteur privé.
Bref, pour en revenir à la dette, l’État doit passer par la banque centrale pour émettre sa monnaie, mais il doit ensuite rembourser son emprunt avec intérêts, ce qui fait qu’il ne pourra jamais s’en débarrasser, puisqu’il doit constamment avoir recours aux prêts et qu’en plus, il doit payer un certain pourcentage supplémentaire sur la somme. L’argent qui serait nécessaire à rembourser la dette d’un pays comme les États-Unis, par exemple (10 000 milliards de dollars de dette interne, 30 000 d’externe), n’existe pas. Et c’est le contribuable, le citoyen, qui doit s’évertuer à tenter de rembourser une dette qui ne disparaîtra jamais. Á cause de ce fameux taux d’intérêt, les citoyens d’une nation eux-mêmes sont retenus esclaves du secteur privé, et, vu qu’aucun d’entre nous ne peut échapper à une dette, et que beaucoup sont écrasés par un trop grand nombre d’entre elles, nous n’aurons de cesse d’engraisser les banques quand ce n’est l’État, pour leur plus grand bonheur. Ce qui est appliqué au niveau mondial par la Banque Mondiale et le FMI puise donc bien ses origines dans un système national établi de longue date. L’esclavage d’autrefois devait assurer les moyens minimums nécessaires à la subsistance physique des esclaves, en leur fournissant de la nourriture et un logis; l’esclavage d’aujourd’hui force le citoyen moyen à se fournir lui-même les moyens nécessaires à sa subsistance.
Une autre caractéristique des banques centrales est de piller le peuple par un processus continu d’inflation et de déflation. En effet, le fait que la monnaie ne soit pas reliée à l’économie physique ouvre la porte aux spéculations boursières les plus avides et insensées, ce qui permet de faire avancer la prospérité de l’économie sur une vague d’inflation, générant une bulle spéculative qui doit tôt ou tard éclater lorsqu’un trou dans la finance engendrera un enchaînement d’événements qui causera alors une déflation, soit un certain retour au réel, un retour vers l’économie physique. C’est ce qui a engendré la crise financière que nous connaissons actuellement, en 2008-2009. Cependant, le fait que cette crise ait pu être engendrée volontairement n’est pas à exclure.
Un des arguments les plus couramment avancés pointe ainsi le coût de surveillance et d’entretien des esclaves : les abolitionnistes, tels Victor Schoelcher, font état de l’insécurité qui règne dans les colonies esclavagistes et de la charge financière qui en résulte pour les états métropolitains sous forme d’envoi et d’entretien de troupes nombreuses, ainsi que d’indemnités à verser aux propriétaires dont les biens sont détruits à l’occasion de révoltes d’esclaves.
S’ajoutent aussi des arguments que l’on qualifierait aujourd’hui de macroéconomiques. Pour les physiocrates français, le développement d’un marché intérieur est indissociable du développement du travail salarié. C’est ce qui pousse les plus audacieux d’entre eux à réclamer la suppression des avantages des planteurs coloniaux qui pénalisent les cultivateurs métropolitains de betterave sur le marché du sucre.
Enfin, l’esclavage a été dénoncé comme un frein à l’innovation technique, le dynamisme industrieux des États du Nord des États-Unis étant pointé face à l’apparente stagnation de l’industrie des États du Sud.
Ces faits sont les principales raisons de l’abolition officielle de l’esclavage, mais ne s’en est-il pas suivi la naissance d’une autre forme de servitude, officieuse, plus subtile et plus perverse encore ?
En effet, tout au long de l’histoire, bien rares furent les chefs d’États qui ont eu l’intelligence et la force de caractère de voir au-delà de la simple extension de leur pouvoir personnel pour se soucier de leur peuple, et cette vérité est particulièrement accentuée en notre époque. Il suffirait de constater la vive ardeur qu’ont nos chers dirigeants pour nous plonger dans un avilissement toujours plus profond pour s’en rendre compte. Malheureusement, la “masse” a aussi une grande part de responsabilité dans le résultat de sa misère morale et intellectuelle actuelle; le mot vulgaire ne dérive effectivement pas du mot latin “vulgus”, désignant le peuple, pour rien. Il est triste de constater que tout ce qui vise à aider l’être humain à assouvir ses plus bas instincts prenne comme du feu sur de la poudre, alors que les démarches qui visent à l’élever connaissent bien des difficultés. Les années “hippies” et mai 68 en sont des preuves marquantes. En 68, un peuple manipulé s’est rebellé pour obtenir plus de “libertés”, mais n’a récolté que plus d’asservissement encore. Cette date indique, en effet, l’avènement de la société de consommation, ce fléau qui a complètement rongé les valeurs de notre société et a achevé de la plonger dans un nouvel obscurantisme, celui du matérialisme. D’où vient donc cette calamiteuse confusion que fait un si grand nombre de personnes entre la liberté et le chaos ? La liberté, ce n’est pas obéir immédiatement à ses moindres pulsions, ce n’est pas faire tout ce que l’on veut faire au moment où on veut le faire; un tel comportement n’obéit à aucune règle ni à aucune limite et consiste à suivre ses instincts animaux, ce qui répondrait justement, au contraire, à une définition possible du chaos. Non, la liberté consiste à pouvoir agir d’une façon qui suive réellement les règles nécessaires à la solidification de la stabilité de notre personne, en tenant compte des limites que cela implique, et permet ainsi de se rapprocher du bonheur, alors que le chaos plonge au contraire dans le malheur. Certes, les conditions requises pour trouver ce bonheur varient selon les personnes, certaines d’entre elles se complaisant très bien dans la vulgarité de leurs aspirations, tout comme un porc est heureux de se rouler dans la boue. Si la satisfaction des pulsions et la recherche des plaisirs est une condition essentielle pour créer le bonheur d’un individu, on pourrait alors dire que la limite entre plaisir et bonheur est mince, voire qu’elle n’existe pas, mais cela rend par la même occasion ce dernier inexistant, puisqu’il n’est alors plus qu’un état d’une éphémérité et d’une bassesse extrêmes que la personne ne peut atteindre qu’en étant continuellement esclave d’elle-même, le reste de ses humeurs se passant donc dans un état d’inconscience grave qui se caractérise par une béatitude qui lui donne l’illusion d’être heureuse, pour la simple et bonne raison qu’elle ignore ce que cela signifie réellement.
Revenons à notre pauvre société; les années 60-70 ont donc été marquées d’importants événements déstabilisateurs des esprits. Les quelques bonnes moeurs qui étaient encore d’usage furent facilement balayées. Regardons où nous en sommes… Même si les religions ont commis bien des atrocités dans nos pays aux instants où elles possédaient un pouvoir significatif, et ont eu un rôle très majoritairement politique et négatif, elles n’en imposaient pas moins un minimum d’éthique, bien que le peuple de l’époque fut sans doute tout aussi sauvage et inculte qu’aujourd’hui (paradoxalement par rapport aux très nombreuses connaissances qui ont émergé entre-temps et à la facilité considérable de se les procurer aujourd’hui…). La laïcité était la meilleure chose à appliquer, car elle avait le potentiel de permettre une réflexion libre. Malheureusement, ce qui était autrefois une pensée imposée par les courants religieux est aujourd’hui une pensée imposée par les effluves abrutissantes d’une société de consommation de masse; elle n’en demeure pas moins une pensée unique tout aussi esclavagiste. La religion n’est cependant pas seule à pouvoir être garante d’une morale, et l’État a conservé une certaine tenue des moeurs pendant un certain temps après la séparation de l’Église et de l’État de 1905. C’est évidemment par la suite qu’il a été particulièrement intéressant d’avilir le peuple encore plus qu’il ne l’est par nature en dispersant ces mêmes moeurs aux quatre vents…
J’ajouterai notamment, puisque toute révolution “idéologique” puise ses raisons d’être dans des bases bien plus concrètes et intéressées que la simple volonté de suivre des principes, que la cassure du lien familial de la part de l’enfant était une des choses que l’émancipation des femmes était censée accomplir. Les bienfaits que cet événement a engendrés ne sont cependant pas les seules conséquences de cette émancipation, et des motifs plus obscurs ont poussé les gouvernements à lancer ce processus. Si l’on se fie à une interview d’Aaron Russo, cinéaste américain (mort six mois après cette même interview, tiens tiens…), qui relate sa rencontre avec Nicholas Rockefeller (dont la famille est milliardaire), celui-ci disait notamment que cette émancipation avait été souhaitée au sein du CFR (le Council on Foreign Relations) non seulement pour que la deuxième moitié de la population puisse travailler davantage et mieux, et donc fournir plus de revenus aux gouvernements, mais aussi parce qu’ainsi, les enfants des couples ont du être scolarisés plus tôt et que le lien familial est ainsi devenu plus facilement cassable, parce qu’ils avaient tendance à voir l’école, et d’une certaine façon l’État, comme leur famille. Au vu de la différence entre l’importance que l’on accordait à la famille dans le passé et celle que l’on lui accorde maintenant, je pense que tout le monde conviendra qu’il y a effectivement une certaine rupture à ce niveau là…
Tout ce qui a été fait par les riches classes a quasiment toujours été fait pour leur intérêt sectaire. De même, la mondialisation s’orchestre dans le but d’établir un marché mondial, où, dans un gouvernement unique ultralibéralisé, toute barrière à la libre circulation des échanges disparaisse. Dans les pays du tiers-monde qui acceptent (ou plutôt, sont forcés d’accepter) de s’ouvrir à la mondialisation, nous pouvons voir clairement les effets infâmes de cette dernière. En effet, ces pays doivent s’ouvrir à toutes sortes de multinationales quand, notamment, un organisme comme le Fonds Monétaire International ou la Banque Mondiale leur propose un programme d’ajustement structurel. Ces programmes visent rarement à améliorer la condition de vie du peuple d’un pays pauvre, mais bien plus souvent à permettre l’exploitation de telles ou telles ressources par des entreprises étrangères. De plus, ces pays se trouvent fréquemment dans la nécessité d’avoir recours à des prêts de la Banque Mondiale et du FMI. Comme l’importance de ces emprunts est grande, ils ne parviennent jamais à la rembourser tout à fait. Et, puisqu’ils continuent à avoir besoin d’autres aides, leur dette, si elle ne stagne pas dans le meilleur des cas, augmente en permanence la majorité du temps. Beaucoup ne parviennent pas même à rembourser le montant convenu à l’échéance donnée; ce qui fait qu’ils doivent s’endetter davantage pour le simple usage de parvenir à honorer cette somme. Puisque les meilleures ressources du pays sont pillées et expédiées à l’étranger et que celui-ci est tenu dans la domination du créancier par une dette qui ne pourra que s’accroître sans jamais disparaître, il ne pourra que connaître des famines, des dévaluations monétaires, une nette arriération industrielle et technologique, etc., sans jamais bénéficier de la possibilité de s’affranchir, car il est pris dans un système d’esclavage moderne.
Autrefois, les colonies, que ce soient de l’Empire Britannique ou de maints autres, avaient pour seule utilité de fournir des matières premières à celui dont ils subissaient le joug. En effet, les fournitures venues des Indes, par exemple, étaient acheminées jusqu’en Angleterre par le seul biais des navires marchands anglais, au nom du libre-échange; les colons n’avaient donc aucun pouvoir sur la fixation du prix de leurs marchandises et, leurs produits étant achetés à bas prix, ils étaient contraints de faire stagner leur industrie au niveau que leur économie misérable pouvait respecter, c’est à dire un bien humble niveau… Le pays ne prospérait donc pas et était simplement voué à faire travailler une main-d’oeuvre esclave pour sa propre perte, à savoir, l’exportation de leurs matières premières. Il se passe exactement la même chose aujourd’hui, principalement en Afrique, mais de la façon quelque peu plus subtile que nous avons abordée au précédent paragraphe.
Ce n’est pas tout; le système dans lequel nous vivons suit la même logique esclavagiste. En effet, les dettes de nos pays (quels qu’ils soient sur le globe, d’ailleurs) ne font que s’accroître exponentiellement. Le fait que la politique monétaire des pays concernés soit régie par une banque centrale privée en est la cause. Il est clair que, puisqu’elle est privée, son but premier sera de servir les intérêts des secteurs privés. En outre, elle n’a aucun compte à rendre à l’État. Il est crucial de comprendre que le pouvoir aux mains de l’État sera responsable devant ses citoyens, et aura plus de chances de satisfaire leurs attentes que le secteur privé, qui, lui, n’est pas responsable devant la nation; il ne cherche que son propre profit.
La nature de la Réserve Fédérale Américaine, la FED, est particulièrement vicieuse. En effet, lorsque l’État nécessite d’imprimer de l’argent, il lui envoie des Bons du Trésor, qui en eux-mêmes ne valent rien, mais permettent d’émettre des billets et une monnaie qui ont une valeur calculée par rapport à celle de l’argent qui existait déjà jusqu’à son impression. Plus la demande pour les produits est forte, plus l’économie sera forte. Mais comme la finance ne suit pas l’économie physique, la valeur de la monnaie est calculée par rapport à la quantité de celle qui est déjà en circulation. Ainsi, plus il y a de monnaie fabriquée, plus il y a d’inflation, puisqu’il y a plus de monnaie sur le marché sans que cela ne suive nécessairement les lois de l’offre et de la demande, ce qui fait que la valeur de l’argent est par conséquent moindre. S’il y a par contre un trou dans la finance ou dans les moyens de production, il y aura déflation. Ceci est donc un système “flottant”, puisque l’économie d’un pays tient à la valeur d’une monnaie qui n’est reliée à rien de tangible, ni à l’économie physique, ni à un bien tel que l’or. En effet, les accords de Bretton Woods firent que le dollar soit la monnaie de référence sur la scène mondiale, ce qui était un avantage considérable pour les États-Unis dont l’économie était fortement renforcée par une demande du dollar permanente de tous les pays devant convertir leur monnaie avant d’effectuer un achat. Mais ces dollars pouvaient encore être convertis en une valeur plus stable, l’or, jusqu’en 1971, où le président Nixon rendit le dollar inconvertible en or directement, excepté sur les marchés ouverts. Depuis, le pouvoir de contrôler le taux d’émission d’une monnaie est équivalent au pouvoir d’en réguler la valeur, ce qui permet une main-mise sur l’économie. Et tout ça dans un secteur privé.
Bref, pour en revenir à la dette, l’État doit passer par la banque centrale pour émettre sa monnaie, mais il doit ensuite rembourser son emprunt avec intérêts, ce qui fait qu’il ne pourra jamais s’en débarrasser, puisqu’il doit constamment avoir recours aux prêts et qu’en plus, il doit payer un certain pourcentage supplémentaire sur la somme. L’argent qui serait nécessaire à rembourser la dette d’un pays comme les États-Unis, par exemple (10 000 milliards de dollars de dette interne, 30 000 d’externe), n’existe pas. Et c’est le contribuable, le citoyen, qui doit s’évertuer à tenter de rembourser une dette qui ne disparaîtra jamais. Á cause de ce fameux taux d’intérêt, les citoyens d’une nation eux-mêmes sont retenus esclaves du secteur privé, et, vu qu’aucun d’entre nous ne peut échapper à une dette, et que beaucoup sont écrasés par un trop grand nombre d’entre elles, nous n’aurons de cesse d’engraisser les banques quand ce n’est l’État, pour leur plus grand bonheur. Ce qui est appliqué au niveau mondial par la Banque Mondiale et le FMI puise donc bien ses origines dans un système national établi de longue date. L’esclavage d’autrefois devait assurer les moyens minimums nécessaires à la subsistance physique des esclaves, en leur fournissant de la nourriture et un logis; l’esclavage d’aujourd’hui force le citoyen moyen à se fournir lui-même les moyens nécessaires à sa subsistance.
Une autre caractéristique des banques centrales est de piller le peuple par un processus continu d’inflation et de déflation. En effet, le fait que la monnaie ne soit pas reliée à l’économie physique ouvre la porte aux spéculations boursières les plus avides et insensées, ce qui permet de faire avancer la prospérité de l’économie sur une vague d’inflation, générant une bulle spéculative qui doit tôt ou tard éclater lorsqu’un trou dans la finance engendrera un enchaînement d’événements qui causera alors une déflation, soit un certain retour au réel, un retour vers l’économie physique. C’est ce qui a engendré la crise financière que nous connaissons actuellement, en 2008-2009. Cependant, le fait que cette crise ait pu être engendrée volontairement n’est pas à exclure.