LE BOHEMIAN CLUB
Encore plus secret que les Skull and Bones (Tête de mort et ossements),
l’association ultra-confidentielle dont George W. Bush fut membre (F&D
98 et 99), apparaît le Bohemian Club, un cercle plus qu’ultra-sélectif
exclusivement masculin et qui ne regroupe que des « maîtres du monde ».
Pour la France, trois seules personnalités y ont été cooptées : Valéry Giscard d’Estaing, aujourd’hui président de la Convention sur la réforme des institutions européennes, son ancien ministre Jean François-Poncet, et le grand rival de François Mitterrand, l’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard. Enquête (inédite en France) sur ce cercle qui se livre une fois par an à de bien étranges pratiques teintées de satanisme.
Sans aucune surprise, dans toute l’histoire de la presse française, un seul article a jamais été consacré au Bohemian Club, pourtant fondé en 1872. Il s’agit d’un article du Point paru il y a une quinzaine d’années. Le Bohemian Club accueille pourtant, chaque année, au mois de juillet, dans la forêt californienne, l’élite des « maîtres de la globalisation », c’est-à-dire l’élite des milliardaires et des hommes politiques américains, mélangée à quelques personnalités étrangères,
issues d’une douzaine de pays, jugées suffisamment puissantes pour être recrutées. Il n’existe que deux ouvrages sur ce cercle hyper-sélect et on ne compte qu’une poignée d’articles alors même que le nombre de ses membres s’élève environ à
2400 (ils étaient 2 335 en 2001).
Pour donner une idée de sa puissance, environ un cinquième de ses membres sont membres de la direction des mille premières sociétés mondiales
apparaissant dans le classement du magazine Fortune. Il s’agit de PDG de multinationales, de membres de cabinets ministériels ou présidentiels, de représentants de
grandes fondations (comme le Council on foreign relations), de l’élite de la justice, du commerce, d’universitaires de premier plan, de
militaires hauts placés dans la hiérarchie, etc. Au total, ils représentent au bas mot le quart de la fortune privée des Etats-Unis.
Le Bohemian Club a été fondé en 1872, par cinq journalistes du San Francisco Examiner afin d’encourager la « bonne camaraderie » (c’est-à-dire ces saoûleries auxquelles
il faut se livrer pour être accepté dans les pseudo-sociétés secrètes étudiantes) et pour « aider à élever le journalisme au niveau auquel il devrait être dans l’estime de la population », les journalistes
sans le sou se considérant alors comme une « vie de bohème ».
Parmi les membres d’honneur figurent Mark Twain ou Jack London. Mais six années plus tard, les objectifs ont largement évolué, faisant désormais
la part belle aux hommes d’influence et une part très minoritaire aux journalistes et devenant ce que Counterpunch appelle « l’antichambre de la Maison Blanche […] Quel est en effet l’endroit où l’on peut rencontrer directement le PDG d’IBM, le couple Rockefeller, les plus grands banquiers, des juges de la Cour suprême ou Charlton Heston? ».
Aujourd’hui, il faut compter entre 18 et 20 ans pour avoir une chance d’être admis tant la liste d’admission
est longue, comptant déjà plus de 1 500 notables bien établis qui sont tous prêts à payer un « ticket » annuel de 10 000 $, sans parler de la
prise en charge du déficit du club comme en 2000.
Situé à une centaine de km au nord de San Francisco, il s’agit d’une
immense propriété privée du comté de Sonoma, achetée par morceaux. Seuls quelques courageux investigateurs comme Anthony C. Sutton (qui édite la Phoenix Letter) ou le mensuel d’extrême gauche Mother Jones (août 1981) ont osé dévoiler quelques noms :
George P. Schultz, Stephen Bechtel Jr
(constructions internationales. C’est au cours de la réunion du BC de 2000 que Bechtel aurait obtenu la quasi-exclusivité de la reconstruction
des infrastructures mises mal par l’Irak au Koweït), Gérald Ford, Henry Kissinger, William Buckley Jr (censé représenter le « conservatisme » américain), Edward Teller (le père de la bombe atomique. C’est d’ailleurs
au cours de la réunion du BC en 1942 que fut mis au point le programme de développement nucléaire militaire), George Bush, Ronald Reagan, A.W. Clausen (Banque mondiale), Caspar E. Weinberger, William French Smith, Thomas Watson (IBM), Phillip Hawley
(Bank of America), William Casey(patron de la CIA), etc. Depuis lors, George Bush père y intronisé, en 1999, son fils George W. Bush,
aujourd’hui président des Etats-Unis (ainsi que son frère Jeb Bush, gouverneur de Floride), lors d’un rassemblement où on retrouvait l’actuel secrétaire d’Etat Colin Powell et Dick Cheney. Pour Suzanne Bohan du Sacramento Bee (qui faillit perdre son travail à cette occasion), c’est véritablement là que fut lancée la campagne présidentielle de George W. Bush, avec prise de contacts poussés aussi bien avec la haute administration que les principaux financiers.
Parmi les principales personnalités, on citera également, uniquement comme orateurs des très fermés « Lakeside Talks » : James R. Lilley, ancien ambassadeur en Chine et Corée du Sud, Martin Anderson, chercheur à la
Hoover Institution, John Major, ancien
Premier ministre anglais, Henry Kissinger, l’éditorialiste David Broder, le PDG de Dow Chemcal Corp Franck Popoff, l’ancien secrétaire
d’Etat à la Défense William Perry, Lou
Gerstner, PDG d’IBM, James A. Baker,
ancien secrétaire d’Etat de Reagan, James Woolsey, ancien directeur de la CIA, le congressiste et ancien ministre Jack Kemp, le cinéaste Francis Ford Coppola, l’ambassadeur
d’Italie aux Etats-Unis Ferdinando
Salleo, le dernier gouverneur de Hong-Kong Christopher Patten, le responsable du service diplomatie de la Georgetown University Chester Crockeer, Antonin Scalia, juge à la
Cour suprême, Pete Wilson, gouverneur de la Californie, Alex J. Mandl, vice-président exécutif d’AT&T, le général Vernon Walters, ancien chef d’Etat major de l’armée américaine, le prince Bandar Bin Sultan, Elliot
Richardson, ex-secrétaire d’Etat à la Défense, George Schulz, ancien secrétaire d’Etat de Reagan, l’astronaute Frank Borman, Michel
Rocard, le milliardaire Malcolm Forbes, William H.Webster, directeur du FBI, l’ancien président du Mexique Miguel De La Madrid, Alex Haley, auteur de Roots, David Packard, cofondateur de Hewlett-Packard, etc.