Le capitalisme n’est pas compatible avec une vraie démocratie
Article rédigé le 27 août 2009, par Mecanopolis
Le totalitarisme économique ne peut aller de pair avec la Démocratie. Au-delà de l’anticapitalisme primaire, il faut remettre en cause le salariat, les entreprises, l’Etat, la démocrature… Pour sortir de l’esclavage, il ne suffit pas d’être anticapitaliste, encore faut-il être capable de bâtir concrètement d’autres rapports économiques.
Dans la jungle sans pitié du commerce mondialisé, les salariés seront toujours sacrifiés et exploités, c’est leur rôle. Parler de capitalisme à visage humain est insensé puisque le libéralisme tend à la négation de toute véritable humanité. Par l’action sociale, privée ou étatique, on peut à la rigueur entortiller quelques bandages sur les corps déchiquetés par la guerre économique permanente, mais ces rustines dérisoires n’empêchent pas les exploités de se vider de leur sang. Le méga-vampire économique les pompera jusqu’à l’os, avant de les jeter au chômage ou à la retraite quand ils ne vaudront plus rien sur le marché.
Il est parfaitement logique et « naturel » que les entreprises licencient, délocalisent, fusionnent, accumulent les plans « sociaux »…, c’est le contraire qui serait étonnant. Une entreprise florissante qui peut gagner encore plus d’argent si elle jette la moitié de son personnel n’hésitera pas une seconde. Seuls quelques patrons attardés, sentimentaux et de toute façon voués à la disparition, essayent de ménager leurs salariés.
Les travailleurs sont à la fois victimes et complices de ce système aberrant qui aboutit, à l’échelle planétaire, à la mort, à la misère et au gaspillage. Au lieu de se révolter et de chercher une autre voie que celle qu’on leur impose depuis la naissance, les gens se ruent sur la consommation et la compétition, et rampent pour obtenir un travail. Ils revendiquent le droit de se faire exploiter, et éventuellement d’être eux-mêmes de petits chefs.
Le salariat, c’est l’esclavage et la prostitution à grande échelle, les patrons sont des maquereaux et les Etats sont des hôtels de passe. Les multinationales ont pour unique objectif de transformer le sang des travailleurs, des animaux non-humains et de la Terre en argent bien juteux pour engraisser davantage les propriétaires du capital. La prétendue économie n’est qu’une variante de la guerre ou de la mafia, et ses soldats sont tous de la chair à profit.
Les putains louent leur sexe et les travailleurs leurs muscles et leurs cerveau. Le commerce sexuel est-il plus dégradant que le fait de s’abrutir pendant 30 ans sur une chaîne à répéter pratiquement toujours les mêmes gestes ? On peut se le demander, vu qu’à l’âge de la retraite, on a affaire à des épaves qui ont pareillement raté leurs vies. Mais l’hypocrisie sociale glorifie les manoeuvres obéissants et rabaisse les prostituées, alors que toutes les catégories de travailleurs-esclaves sont nécessaires au bon fonctionnement de cette société.
L’esclavage actuel est plus habile que celui des colonies puisqu’on donne un salaire à l’esclave et qu’on lui fait croire qu’il est libre. Alors qu’en fait, au sein (empoisonné !) de cette société, on est toujours prisonnier, avec au cou une corde plus ou moins longue. Les patrons misent donc sur le fait que les hommes sont prêts à abandonner leur liberté si on leur offre quelques joujoux en échange.
Les lois censées protéger les salariés, les syndicats, les grèves… ne changeront jamais rien aux inégalités sociales fondamentales. On peut même dire que les droits des travailleurs sont un leurre et une prison qui les enferment encore plus dans leur statut en leur donnant l’impression d’exister et d’avoir du poids. Quelles que soient les législations sociales, les lois du marché sont implacables, les plus riches s’enrichissent sur le dos des plus pauvres qui eux s’appauvrissent. C’est l’essence même de votre « société » qui veut ça. Le pire, c’est que des tas de sous-fifres ne rêvent que de grimper dans la hiérarchie, pour avoir plus, briller plus, se distinguer du troupeau en étant à sa tête….
Le libéralisme (ou économie libérale, ou totalitarisme économique) tue la liberté des individus en les transformant en machines à travailler et à consommer.
Le capitalisme est incompatible avec une véritable Démocratie. Il exige des gens soumis, des inégalités sociales criantes et le maintien d’un grand volant de crève-la-faim exploitables à bas prix pour les basses oeuvres. Il a besoin d’Etats à sa botte, qu’ils s’agissent de pseudo-démocraties (ou démocratures), de tyrannies ordinaires ou de dictatures sanglantes, pour faire respecter ses lois iniques et mater les récalcitrants à l’ordre de l’argent. Une vraie Démocratie serait fondée sur un gouvernement réel et direct du peuple (cascade de fédéralisme), sur l’égalité, le partage et l’épanouissement de tous. Notions totalement incompatibles avec les bases du capitalisme : maximalisation des profits, compétition généralisée, classes sociales, salariat, argent, propriété des moyens de production, travail répétitif, tâches inintéressantes et stériles, exploitation des ressources naturelles, marchandisation des êtres…
Par ailleurs, il faut aussi rejeter le modèle de l’URSS, qui n’était en fait qu’une autre forme d’exploitation. C’est l’Etat lui-même qui était l’entreprise et qui en est venu à tyranniser ses ouvriers. De plus, les visées de puissances matérialistes sont exactement les mêmes que chez les capitalistes de l’Ouest. Il a de toute façon disparu…
Il faut donc aller plus loin et remettre en cause les fondements mêmes du travail. L’économie actuelle n’est qu’un prétexte à domination et prétend tout diriger et transformer en marchandise, il faut la remettre à sa place. Certes des tâches, parfois ingrates, sont à accomplir, mais il est inadmissible de se sacrifier corps et âmes pour enrichir des actionnaires ou pour la gloire d’un Etat. La dignité n’est pas dans un travail-prostitution, ni dans le culte de la compétition et du pouvoir.
L’Homme, tous les êtres humains, valent bien mieux que ça. Chaque personne est suffisamment « riche » pour s’épanouir dans des activités exigeantes, intéressantes et variées. Le compartimentage des hommes en classes sociales, avec une majorité de besogneux et une minorité de nantis est la négation criante des droits humains les plus élémentaires (on pourrait faire le même raisonnement pour les séparations hommes/femmes et jeunes/vieux ). La réduction des gens à des machines productives est un monumental crime contre l’humanité, perpétré par les entreprises avec l’aide des Etats et la complicité de ceux qui en sont victimes.
En quelque sorte, n’importe qui pourrait être un génie. Vous imaginez le gâchis si Einstein s’était contenté d’être comptable dans une usine de vente de pots de fleurs ? Eh bien, tous les salariés sont des sortes d’Einstein qui se mutilent de leurs dons particuliers. Ils se sacrifient pour un trois-pièces-cuisines et une voiture jetable. Leurs capacités uniques ne profiteront jamais à l’humanité qui pourtant en a plus besoin que d’ajouter un zéro au chiffre de la croissance du commerce mondial. Sans parler de tous ceux qui survivent dans la rue ou les dépotoirs…
Ajoutons que même ceux qui font un travail « intéressant » pourraient faire beaucoup mieux et varier leur champ d’activité.
Dans une société digne de ce nom, c’est-à-dire que se préoccuperait réellement de l’épanouissement de ses membres, la notion de travail cèderait la place à l’activité. Tout le monde participerait à la production des biens et services pour que chacun puisse en bénéficier en abondance. Les activités de la vie formeraient un tout harmonieux. Avec la suppression des travaux aberrants (commerce, élevages et industries de la viande, publicité, banque, armée, assurance, fliquage…) et des gaspillages divers, il resterait beaucoup de temps pour d’autres activités : création, recherche, exercice de la Démocratie, rencontres, et… sieste !
De plus, la recherche scientifique et industrielle, réorientée et dynamisée, apporterait beaucoup plus de fruits et d’applications utiles, qui, entre autres, réduiraient encore la durée de l’activité de production.
La jungle mafieuse et tentaculaire qui implante ses griffes jusqu’au plus profond de vos corps et de vos consciences pour mieux vous asservir pourrait être remplacée par une véritable société où l’économie ne serait plus qu’une composante somme toute secondaire, puisque son seul objectif serait de permettre l’abondance de biens et services pour tous.
Mais pour ça il faut accepter de prendre conscience de la réalité et s’engager dans la voie d’un changement radical de mentalité. Si une majorité rompt ses chaînes, un changement de société peut alors apparaître. Malheureusement, les gens refusent de se remettre en cause et préfèrent être exploités/exploiteurs, même ceux qui sont piétinés tout en bas de l’échelle sociale. On ne veut pas faire d’effort, on a peur (à juste titre) des molochs du capital et des Etats, on tient à son égoïsme, à son confort matériel (même s’il est ridicule par rapport à ce qui pourrait exister) et à ses petits pouvoirs. Et pour être bien enfermé, on se colle des emprunts à rembourser toute sa vie.
Les humains préfèrent donc rester des esclaves et devenir des robots, ils ne veulent surtout pas découvrir les potentialités de leur humanité et les exigences qui vont avec.
Les puissances de l’argent et du travail n’ont donc pas fini d’enrôler leurs petits soldats pour cette guerre d’extermination contre l’humanité, les animaux et la Terre.