on vient petit a petit au fichage/traçage de toutes les personnes vivantes de ce monde
11 septembre 2009
Présomption de pédophilie
En vertu de la présomption d’innocence, on ne fiche que les coupables, voire les suspects. La Grande-Bretagne a décidé d’innover, et de ficher un Britannique sur six, afin de croiser leurs antécédents judiciaires avec leurs modes de vie et relations actuelles, pour jauger de leur bonne moralité. Une forme de présomption de culpabilité.
L’idée de ce fichier, le plus important de ce type dans le monde, est né suite au meurtre en 2002, de Holly Wells et Jessica Chapman, deux fillettes tuées par le concierge de leur école, Ian Huntley, pourtant connu des services de police (mais jamais condamné) pour des affaires de violence sexuelle sur des adolescentes.
Suite à l’adoption d’une nouvelle loi sur la protection des données personnelles, la police avait en effet détruit les dossiers jugés les plus anciens… dont le sien.
Devant le scandale, les autorités ont décidé de vérifier les antécédents de tout adulte entrant en contact, de manière régulière, avec des enfants, ainsi qu’avec les personnes âgées ou vulnérables (SDF, handicapés, prisonniers, etc.).
Payer pour être fiché
Enseignants, infirmières, dentistes, pharmaciens, entraîneurs sportifs, gardiens de prison, chefs scout, parents faisant du soutien ou accompagnant leurs enfants lors des sorties scolaires… le gouvernement britannique estime que 11,3 des 58 millions de Britanniques seront concernés.
En Grande-Bretagne, l’affaire fait scandale, et même le Daily Telegraph, principal quotidien britannique connu pour ses positions conservatrices et donc peu suspect de droit-de-l’hommisme, s’étonne de la démesure, et des travers, de ce fichage.
A compter du 12 octobre prochain, les personnes concernées devront en effet payer pour être fichées, et débourser la modique somme de 64£ (73€) pour entrer dans la base de données de l’Independent Safeguarding Authority (ISA), chargée de leur délivrer (ou pas) un agrément.
Objectif : vérifier leurs antécédents judiciaires, mais aussi leur modes de vie, relations et croyances.
Les 200 employés de l’ISA seront ainsi autorisées à aller vérifier ce que les postulants ont pu laisser comme traces compromettantes sur l’internet, Facebook, les blogs, forums, etc., mais aussi à tenir compte de toute information émanant d’anciens employeurs, de collègues, ou… de membres du public, et ce, même s’il s’agit de “témoignage pas spécifiquement relié à aucun évènement particulier” (sic).
Le fait de souffrir de “solitude émotionnelle sévère“, d’avoir des “liens avec des asociaux“, un mode de vie “impulsif, chaotique ou instable” ou bien encore d’avoir “recours à des substances ou au sexe pour faire face au stress” est également sujet à caution.
Si deux critères au moins sont positifs, la personne disposera de 8 semaines pour faire appel, avant d’être interdites d’entrer en contact régulier avec enfants et “personnes vulnérables“.
On a ainsi vu un enseignant être black-listé par les autorités parce qu’un voisin l’avait vu déambuler nu… chez lui, par la fenêtre (voir Le sexting, c’est (nor)mal).
680 fichées à tort il y a 2 ans, 1580 l’an passé
Ceux qui refusent de se ficher risqueront jusqu’à 5 000 £ (5721€) d’amendes, ceux qui, interdits d’entrer en contact avec des enfants, le feraient néanmoins, risqueront 5 ans de prison, et leurs employeurs 6 mois.
Bonnes nouvelles : les bénévoles n’auront pas à payer pour être fichés, et, devant la bronca des employés du spectacle, les artistes ou auteurs venant occasionnellement parler dans les écoles, ou y organiser des ateliers, ne devraient pas être concernés.
Le Criminal Records Bureau (CRB), mis en place en 2002, se contentait jusque là de vérifier les antécédents judiciaires des postulants. Les fichiers de 3,9 millions de personnes ont ainsi été passés au crible.
Il y a deux ans, 680 avaient été fichés, à tort, comme criminelles.
L’année dernier, le chiffre a doublé, passant à 1570. Mais pas de quoi fouetter un chat à en croire le ministère de l’intérieur britannique, le taux d’erreur n’étant que de 0,04%, et que 90% des erreurs auraient été résolues en 21 jours.
De même, l’ISA a certes connu un incident de sécurité lorsqu’un email contenant des informations confidentielles a été envoyé à une adresse email incorrecte, mais cela n’a représenté “aucun risque” (sic).
Envoyer des fichiers policiers par mail, quelle idée…
25 000 personnes sont aujourd’hui interdites de travailler en relation avec des enfants. Le gouvernement estime que 45 000 personnes seront à terme concernés.
J’avais déjà eu l’occasion d’évoquer les travers du fichage des délinquants sexuels (cf Fichée à vie pour une fellation librement consentie), mais ce fichage ne concernait que les personnes condamnées (à tort ou à raison).
Avec ISA, les autorités britanniques montent d’un cran, fichant les innocents afin d’y déceler des éléments laissant entendre qu’ils pourraient éventuellement passer à l’acte, et incitant ses employés à chercher la petite bête, et examiner les délations.
Bref, un fichier de présomption de culpabilité où il revient au fiché de payé pour être considéré comme suspect, puis de démontrer son innocence si l’ISA (à tort ou à raison) décide de le ou la “black-lister“.
MaJ: TF1 y a consacré un reportage dans son JT du 12 septembre, où l’on voit aussi un responsable de la police britannique proposer de profiter de ce fichage pour prélever les empreintes ADN de tous les fichés…:
https://www.youtube.com/watch?v=KD2ES50FxDQ
source : http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2009/09/11/presomption-de-pedophilie/
11 septembre 2009
Présomption de pédophilie
En vertu de la présomption d’innocence, on ne fiche que les coupables, voire les suspects. La Grande-Bretagne a décidé d’innover, et de ficher un Britannique sur six, afin de croiser leurs antécédents judiciaires avec leurs modes de vie et relations actuelles, pour jauger de leur bonne moralité. Une forme de présomption de culpabilité.
L’idée de ce fichier, le plus important de ce type dans le monde, est né suite au meurtre en 2002, de Holly Wells et Jessica Chapman, deux fillettes tuées par le concierge de leur école, Ian Huntley, pourtant connu des services de police (mais jamais condamné) pour des affaires de violence sexuelle sur des adolescentes.
Suite à l’adoption d’une nouvelle loi sur la protection des données personnelles, la police avait en effet détruit les dossiers jugés les plus anciens… dont le sien.
Devant le scandale, les autorités ont décidé de vérifier les antécédents de tout adulte entrant en contact, de manière régulière, avec des enfants, ainsi qu’avec les personnes âgées ou vulnérables (SDF, handicapés, prisonniers, etc.).
Payer pour être fiché
Enseignants, infirmières, dentistes, pharmaciens, entraîneurs sportifs, gardiens de prison, chefs scout, parents faisant du soutien ou accompagnant leurs enfants lors des sorties scolaires… le gouvernement britannique estime que 11,3 des 58 millions de Britanniques seront concernés.
En Grande-Bretagne, l’affaire fait scandale, et même le Daily Telegraph, principal quotidien britannique connu pour ses positions conservatrices et donc peu suspect de droit-de-l’hommisme, s’étonne de la démesure, et des travers, de ce fichage.
A compter du 12 octobre prochain, les personnes concernées devront en effet payer pour être fichées, et débourser la modique somme de 64£ (73€) pour entrer dans la base de données de l’Independent Safeguarding Authority (ISA), chargée de leur délivrer (ou pas) un agrément.
Objectif : vérifier leurs antécédents judiciaires, mais aussi leur modes de vie, relations et croyances.
Les 200 employés de l’ISA seront ainsi autorisées à aller vérifier ce que les postulants ont pu laisser comme traces compromettantes sur l’internet, Facebook, les blogs, forums, etc., mais aussi à tenir compte de toute information émanant d’anciens employeurs, de collègues, ou… de membres du public, et ce, même s’il s’agit de “témoignage pas spécifiquement relié à aucun évènement particulier” (sic).
Le fait de souffrir de “solitude émotionnelle sévère“, d’avoir des “liens avec des asociaux“, un mode de vie “impulsif, chaotique ou instable” ou bien encore d’avoir “recours à des substances ou au sexe pour faire face au stress” est également sujet à caution.
Si deux critères au moins sont positifs, la personne disposera de 8 semaines pour faire appel, avant d’être interdites d’entrer en contact régulier avec enfants et “personnes vulnérables“.
On a ainsi vu un enseignant être black-listé par les autorités parce qu’un voisin l’avait vu déambuler nu… chez lui, par la fenêtre (voir Le sexting, c’est (nor)mal).
680 fichées à tort il y a 2 ans, 1580 l’an passé
Ceux qui refusent de se ficher risqueront jusqu’à 5 000 £ (5721€) d’amendes, ceux qui, interdits d’entrer en contact avec des enfants, le feraient néanmoins, risqueront 5 ans de prison, et leurs employeurs 6 mois.
Bonnes nouvelles : les bénévoles n’auront pas à payer pour être fichés, et, devant la bronca des employés du spectacle, les artistes ou auteurs venant occasionnellement parler dans les écoles, ou y organiser des ateliers, ne devraient pas être concernés.
Le Criminal Records Bureau (CRB), mis en place en 2002, se contentait jusque là de vérifier les antécédents judiciaires des postulants. Les fichiers de 3,9 millions de personnes ont ainsi été passés au crible.
Il y a deux ans, 680 avaient été fichés, à tort, comme criminelles.
L’année dernier, le chiffre a doublé, passant à 1570. Mais pas de quoi fouetter un chat à en croire le ministère de l’intérieur britannique, le taux d’erreur n’étant que de 0,04%, et que 90% des erreurs auraient été résolues en 21 jours.
De même, l’ISA a certes connu un incident de sécurité lorsqu’un email contenant des informations confidentielles a été envoyé à une adresse email incorrecte, mais cela n’a représenté “aucun risque” (sic).
Envoyer des fichiers policiers par mail, quelle idée…
25 000 personnes sont aujourd’hui interdites de travailler en relation avec des enfants. Le gouvernement estime que 45 000 personnes seront à terme concernés.
J’avais déjà eu l’occasion d’évoquer les travers du fichage des délinquants sexuels (cf Fichée à vie pour une fellation librement consentie), mais ce fichage ne concernait que les personnes condamnées (à tort ou à raison).
Avec ISA, les autorités britanniques montent d’un cran, fichant les innocents afin d’y déceler des éléments laissant entendre qu’ils pourraient éventuellement passer à l’acte, et incitant ses employés à chercher la petite bête, et examiner les délations.
Bref, un fichier de présomption de culpabilité où il revient au fiché de payé pour être considéré comme suspect, puis de démontrer son innocence si l’ISA (à tort ou à raison) décide de le ou la “black-lister“.
MaJ: TF1 y a consacré un reportage dans son JT du 12 septembre, où l’on voit aussi un responsable de la police britannique proposer de profiter de ce fichage pour prélever les empreintes ADN de tous les fichés…:
https://www.youtube.com/watch?v=KD2ES50FxDQ
source : http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2009/09/11/presomption-de-pedophilie/