Les Français doutent plus que jamais de l'Europe. C'est le constat qui ressort d'un sondage Ifop publié ce matin dans les colonnes du Figaro. Vingt ans après la ratification de justesse (51%) du traité européen de Maastricht, les Français voteraient dans leur majorité (64%) contre ce texte qui prévoyait notamment la monnaie unique. A l'inverse seulement 36% mettrait dans l'urne un bulletin «oui».
D'une manière générale, depuis Maastricht, l'Union européenne va plutôt «dans la mauvaise direction» pour 67% contre 33% pensant le contraire.
Avec l'euro, les prix ont bondi
Dix ans après le passage à l'euro, les conséquences de la monnaie unique sont jugées nettement négatives sur la compétitivité de l'économie française (pour 61% contre 24%), en terme de chômage (63% contre 6%) et surtout sur le niveau des prix (89% contre 5%). L'enquête montre également une forte réticence à une intégration européenne renforcée avec une politique économique et budgétaire unique, rejetée par six Français sur dix (60% contre 40%).
L'euro a été plutôt un handicap dans la crise économique actuelle pour 45% des sondés, 23% y voyant un atout. Malgré tout, près des deux tiers (65%) ne souhaitent pas l'abandon de l'euro et le retour au franc, contre 35% qui y sont favorables.
Mais surtout, l'Union européenne ne semble pas jouer le rôle attendu. Selon près de trois-quarts des sondés (76%), elle n'agit pas de façon efficace pour limiter les effets de la crise des personnes interrogées. Mais pas de quoi non plus quitter l'UE. Une petite majorité (49%) pense qu'il est "dans l'intérêt" de la France d'y appartenir, 27% estimant que ce n'est pas dans son intérêt et 24% que ce n'est ni l'un ni l'autre.
Forte hostilité à l'intégration de la Turquie
Une exclusion de la Grèce si elle ne parvient pas à réduire sa dette et son déficit recueillerait l'assentiment de 65% des sondés, contre 35% qui y sont opposés.
En outre, une majorité écrasante (84% contre 16%) est hostile à une adhésion de la Turquie à l'UE.
L'instauration d'un Etat unique européen n'est jugée probable que par 44% (contre 56%).
http://www.leparisien.fr/politique/sondage-une-majorite-de-francais-voterait-contre-maastricht-aujourd-hui-17-09-2012-2168398.php
« [Les partisans du "non"] sont des apprentis sorciers. […] Moi je leur ferai un seul conseil : Messieurs, ou vous changez d'attitude, ou vous abandonnez la politique. Il n'y a pas de place pour un tel discours, de tels comportements, dans une vraie démocratie qui respecte l'intelligence et le bon sens des citoyens. » (Jacques Delors à Quimper, 29.8.92)
« Ce qui n’était pas prévu, c’est que les peuples puissent refuser ce que proposent les gouvernements. » (Michel Rocard, International Herald Tribune, 28.7.92)
« Le traité de Maastricht fait la quasi-unanimité de l’ensemble de la classe politique. Les hommes politiques que nous avons élus sont tout de même mieux avertis que le commun des mortels.» (Élisabeth Badinter, Vu de Gauche, septembre 1992)
« Maastricht apporte aux dernières années de ce siècle une touche d’humanisme et de Lumière qui contraste singulièrement avec les épreuves cruelles du passé. » (Michel Sapin, ministre socialiste des finances, Le Monde, 6.5.92)
« Interrogez les peuples de Bosnie, de l’ex-Yougoslavie, de Pologne et des autres pays. Ils nous disent : “ chers amis français, entendez-nous. Apportez-nous votre soutien et votre oui. Ce sera un oui à la française, à l’amitié, à la paix, à l’union. Votre oui à l’union fera tâche d’huile dans nos pays où nous souffrons tant ”. Les gens qui sont aujourd’hui sous les bombes seraient désespérés si les Français tournaient le dos à l’unité européenne. » ( Jack Lang, France Inter, 18.9.92)
« Oui, pour aller de l’avant dans les conquêtes sociales, il n’est d’autre avenir que la Constitution de l’Europe.» ( Julien Dray, Assemblée nationale, 6.5.92)
« Mon raisonnement est profondément socialdémocrate. À vrai dire, je n’ai pas encore compris pourquoi les libéraux veulent de cette Europe-là» (Michel Rocard, Libération, 3.8.92)
« Le traité de Maastricht agit comme une assurance-vie contre le retour à l’expérience socialiste pure et dure. » (Alain Madelin à Chalon-sur-Saône, 4.9.92)
« Si le “non” l’emporte, on ne reparlera plus de l’Europe mais des batailles qui se sont déroulées au cours des siècles passés.» (Simone Veil, 14.9.92)
« Un “non” au référendum serait pour la France et l’Europe la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir. » (Jacques Lesourne, Le Monde, 19.9.92)
« Je suis persuadé que les jeunes nazillons qui se sont rendus odieux à Rostock votent “non” à Maastricht. » (Michel Rocard, Le Figaro, 17.9.92)
« En votant “non”, nous donnerions un magnifique cadeau, sinon à Hitler, à Bismarck. » (Alain-Gérard Slama, Le Figaro, 18.9.92)
« Moi aussi, j’ai peur de l’Allemagne. [...] Il ne faut pas prendre l’Allemagne pour un gros chien dressé parce qu’elle a été irréprochablement démocratique depuis quarante-cinq ans. » (Françoise Giroud, Le Nouvel Observateur, 3.9.92)
« M. De Villiers, donc s’installa à l’Elysée. [...] Le “non” français à Maastricht fut interprété, de fait, comme un encouragement aux nationalismes. Il relança la guerre dans les Balkans. [...] Si bien que, sans aller, comme certains, jus- qu’à imputer à ce maudit “non” le soulèvement transylvain, la nouvelle guerre de Trente ans, entre Grèce et Macédoine, les affrontements entre Ossètes du Nord et du Sud, puis entre Russes et Biélorusses, bref, sans aller jusqu’à lui attribuer toutes les guerres tribales, ou paratribales, qui enflammèrent l’Eu- rope de l’Est, on ne peut pas ne pas songer que c’est lui, et lui seul, qui offrit à Berlin l’occasion de son nouveau “Reich”.» (BHL, Le Figaro, 18.9.92)
«Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir: la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie » (Michel Rocard, Ouest-France, 27.8.92)
« Si le Traité était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, RTL, 30.7.92)
« Le traité d’union européenne se traduira par plus de croissance, plus d’emplois, plus de solidarité. » (Michel Sapin, ministre socialiste des finances, Le Figaro, 20.8.92)
«L’Europe, ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry à Béthune, 12.9.92)
« Avec Maastricht, on rira beaucoup plus. » (Bernard Kouchner, Tours, 8.9.92)
« Si vous voulez que la Bourse se reprenne, votez “oui” à Maastricht ! » (Michel Sapin, université d’été du PS à Avignon, 31.8.92)
« Pour pouvoir dîner à la table de l’Europe [monétaire], encore faut-il savoir se tenir à cette table et ne pas manger avec ses doigts. [...] Si la monnaie unique a un mérite, et un seul, c’est d’obliger les pays à se conduire correctement.» (Jean-Marc Sylvestre, France Inter, 18.9.92)
« La France est une locomotive. Elle n’a pas le droit d’être dans le wagon de queue. [...] Le train de l’espoir ne passe pas deux fois. » ( Jack Lang, RTL, 23.8.92)