DUBAI — Dubaï a fait trembler jeudi plusieurs marchés financiers internationaux et provoqué une chute des obligations islamiques au lendemain de l'annonce de son incapacité d'honorer à temps une partie de sa dette.
L'annonce a affecté les marchés financiers en Asie, où les obligations islamiques (soukouks) ont reculé de 15%, et en partie la Bourse de Paris.
L'émirat, touché de plein fouet par la crise financière après des années de boom, avait annoncé la veille son intention de demander aux créanciers de son conglomérat Dubai World, le plus large et le plus endetté, qui contrôle le géant de l'immobilier Nakheel, de surseoir de six mois au paiement de la dette arrivée à maturité.
"Dubai World a l'intention de demander à ceux qui participent à ses créanciers et à ceux de Nakheel de repousser au 30 mai 2010 au moins le règlement des dettes arrivées à maturité", a indiqué dans un communiqué le Fonds de soutien financier de Dubaï, organisme chargé de gérer les retombées de la crise sur l'économie de l'émirat.
Nakheel se devait de régler en décembre quelque 3,5 milliards de dettes, sous forme d'obligations islamiques.
L'agence de notation financière Moody's a réagi en rétrogradant six importantes compagnies du gouvernement de Dubaï.
Moody's a notamment passé DP World, relevant de Dubai World, de A3 à Baa2, comme la compagnie d'électricité et d'eau (Dubai Electricity and Water Authority), et le géant immobilier Emaar Properties de Baa1 à Ba2.
"Un rééchelonnement de la dette indiquerait que le gouvernement se prépare à permettre à une firme qui lui est liée de ne pas honorer ses obligations", a noté l'agence.
Standard and Poor's a également rétrogradé la notation de cinq compagnies, dont DP World et Emaar Properties, estimant que la décision de mercredi "représente l'échec du gouvernement de Dubaï à apport un soutien financier opportun" à une compagnie de premier plan.
L'annonce gouvernementale est intervenue après la fermeture de la Bourse de Dubaï pour la fête musulmane de l'Aïd al-Adha. La valeur des obligations émises par Nakheel en 2009 a toutefois plongé de 27%, selon la banque d'investissement EFG-Hermes.
"La dernière chose qu'on souhaiterait voir est un effet domino" avec le report de paiement de dettes d'autres firmes, a souligné la banque dans un communiqué.
La dette totale de Dubaï était estimée à 80 milliards de dollars en 2008, dont 70 milliards de dollars à la charge des compagnies publiques. Dubai World accapare à lui seul 59 milliards de dollars de ce montant.
"Le marché s'était habitué à l'idée de la dette de Dubaï et s'attendait à un règlement de la dette de Nakheel en décembre 2009", a déclaré à l'AFP Monica Malik, économiste de la banque EFG-Hermes. "Les obligations de Dubaï pour 2010-2011 sont déjà importantes", a-t-elle souligné. Dubaï devrait régler 13 milliards de dollars de dettes en 2010 et 19,5 milliards en 2011.
Paradoxalement, l'annonce de Dubaï suit celle du lancement réussi d'une tranche de 5 milliards de dollars de bons de trésor au profit de l'émirat qui a été totalement souscrite par deux banques d'Abou Dhabi.
La tranche fait partie d'une enveloppe de 20 milliards de dollars, dont la moitié a été souscrite il y a quelques mois par le bande centrale des Emirats arabes unis, ce qui a été interprété comme un signe de soutien d'Abou Dhabi.
Dubaï a précisé que la nouvelle tranche ne serait pas utilisée pour soutenir Dubai World qui doit faire l'objet d'une restructuration confiée à la firme britannique Deloitte.
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