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    Interview de Me John Bastardi Daumont, avocat au barreau de Nice

    GarfieldLove
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    Interview de Me John Bastardi Daumont, avocat au barreau de Nice Empty Interview de Me John Bastardi Daumont, avocat au barreau de Nice

    Message  GarfieldLove 12/2/2010, 07:24

    Cette interview initialement donnée au site d'extrême-gauche "Bellaciao" le 10 février, a été très rapidement censurée par les petits marquis, vieux gauchistes et délateurs professionnels de la bien pensance, "sehr korrect" (et de la repentance éternelle!)...Ci-dessous l'intégralité de cette interview.


    Bonjour, Maître Bastardi-Daumont, et merci d’accepter cet entretien. Vous êtes aujourd’hui l’un des avocats les plus controversés en France sur Internet. Que ressentez-vous par rapport à cela ?


    Rien. Le monde s’en fout, et moi aussi. Ca fait rire les oiseaux. Controversé, pourquoi ?


    C’est simple : vous avez d’abord contribué plus que largement à la diffusion de l’ouvrage polémique Sarkozy, Israël et les Juifs, de Paul-Eric Blanrue, livre que vous préfacez, vous êtes, en 30 ans, le premier avocat du pays à obtenir la relaxe du négationniste Robert Faurisson et vous rejoignez les avocats de Dieudonné, tout en participant à la demande de dissolution de la LDJ [Ligue de défense juive]. Ca fait beaucoup. N’avez-vous pas peur de vous coller une étiquette ?


    Certes, j’en défends d’autres encore, et alors ? Pour information, Robert Faurisson est révisionniste. Nuance. Il ne nie pas les souffrances ni les persécutions ; il révise l’histoire de la seconde guerre mondiale. Quant à la LDJ, c’est un groupuscule violent et xénophobe sur le site duquel on pouvait lire "Gaza doit pleurer des larmes de sang" et, surtout, certains membres revendiquent des agressions physiques. A ma connaissance, les milices sont interdites en France depuis 1936. Pour autant, le Ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, détourne le regard de la LDJ et dissout le mouvement de Kemi Seba, non violent. Allez comprendre ! Plus de 3750 Français ont demandé la dissolution de cette milice : silence du gouvernement. J’ai fait partie des premiers signataires, avec d’autres avocats, avec le MRAP ; c’est le devoir d’un Républicain que de préserver la paix sociale de ce genre de groupuscules.


    D’autres clients, aussi sulfureux?


    D’autres clients heureusement ; mon cabinet gère pléthore d’affaires de tout type. Sulfureuses? Secret professionnel, mais vous risquez d’être surpris dans les mois qui viennent. Une étiquette ? Tiens donc ! Quelle étiquette ?


    Celle de l’avocat des antisémites ?


    Ah, celle-là, la fameuse (rires) ! Non, je n’ai pas peur. Je m’en fiche. J’exécute froidement un travail qu’aucun confrère de France n’a le courage de réaliser aujourd’hui. Même Jacques Vergès a refusé de défendre Robert Faurisson. Il en faut bien un. Et, en plus, nous avons gagné. Comme quoi rien n’est indéfendable. Ce faisant, je rend hommage à ma robe. Si on me demandait de défendre d’autres axes, j’irais sans aucun état d’âme.


    Vous rendez hommage à votre robe en défendant des antisémites ?


    Je vous arrête tout de suite : pour information, aucune des personnes que vous nommez n’est antisémite. Au pire, quand bien même le seraient-elles, cela ne fait pas d’elles des assassins, des pédophiles ou des braqueurs. Je défends également ce type d’individus depuis des années. Curieusement, aucun ne suscite autant d’émotion que des personnes qui ne font qu’écrire, ou parler. Un avocat qui défend ses clients, quels qu’ils soient, rend toujours hommage à sa robe. Triste France !


    Triste France ?


    Oui, triste France que celle qui fait d’une simple opinion, ou, en l’espèce, d’un soupçon sur l’opinion d’un tiers un élément plus choquant qu’un crime ou que des agressions physiques. Voltaire doit se retourner dans sa tombe en voyant la France de 2010. C’est tellement ridicule que c’en devient amusant. Notre système est devenu une piteuse et servile oligarchie de la pensée unique. On ne peut plus parler de rien. L’ère de la délinquance des mots est à son apogée.


    C’est-à-dire ?


    Que le processus de censure dans lequel nous sommes engagés contamine jusqu’à la sémantique de base. Aujourd’hui on ne peut plus dire aveugle, ou sourd. Il faut dire "mal voyant", "mal entendant". On ne dit plus handicapé, mais "personne à mobilité réduite". On ne peut plus dire bonne à tout faire, comme disait Audiard, mais, "technicien de surface". On ne peut pas caricaturer de religion sans s’exposer à des réactions extrémistes. On ne peut pas critiquer Israël sans être traité d’antisémite ; même l’ONU y a droit. On ne peut plus se moquer de rien, avoir de vrais débats d’idées, décomplexés ; nous sommes en pleine dictature molle de la bien-pensance. Même dire « Sarkozy, je te vois », envoie le justiciable en correctionnelle. C’est pitoyable.


    On vous soupçonne tout de même d’appartenir au GRECE, un mouvement politique extrémiste d’extrême droite dirigé par Alain de Benoist.


    Alain de Benoist ? (rires) Je n’ai aucun maître en politique, et surtout pas la xénophobe et racialiste nouvelle droite. Vous voulez peut-être parler de ces articles diffamatoires ayant circulé sur mon compte ? Ils émanent de sites internet tout aussi extrémistes et violents que l’extrême droite. Eh bien non, figurez-vous. Je suis profondément antiraciste, dans chacun de mes actes. Pour tout vous dire, je suis même radicalement à gauche.


    Radicalement à gauche ! Bien. On postera cet entretien sur Bellaciao !


    Tant mieux, j’aime beaucoup ce site. Bon contenu.


    Dieudonné a annoncé récemment son intention de saisir la Halde, pour discrimination, par votre intermédiaire. Pouvez-vous nous en dire plus ?


    Bien sûr. C’est une action symbolique, un simple avertissement, comme les trois coups au théâtre, pour annoncer ceci : désormais, nous poursuivrons au pénal toute personne le discriminant de près ou de loin pour ses opinions politiques. Dieudonné est devenu dans le pays de la liberté d’expression un paria. D’autres humoristes, tels qu’Arthur, Frédéric Martin, Siné, ou Patrick Timsit ont également, comme Dieudonné, été condamnés pour injures publiques. Certains se sont moqués des handicapés mentaux, des musulmans, d’autres de la mucoviscidose d’un gagnant de la Star Ac, certains ont injurié publiquement. Bref, aucun ne subit le traitement spécial, le nettoyage par le vide que subit Dieudonné. Or, sur un plan judiciaire, ils sont sur un pied d’égalité. Les uns peuvent se produire ou écrire partout, ont pignon sur rue ; lui est contraint de donner ses spectacles dans la rue, dans un bus, à cause des arrêtés municipaux d’interdiction à répétition que les maires prennent contre lui. Récemment mon excellent confrère Jacques Verdier en a encore fait annuler un, mais, que voulez-vous, les maires s’entêtent. Sans parler des salles de spectacles qui annulent uniquement après avoir appris que l’artiste s’appelle « Dieudonné ». La Fnac est allée jusqu’à retirer des bacs unilatéralement un DVD réalisé par le journaliste Olivier Mukuna s’appelant « Est-il permis de débattre avec Dieudonné ? » et dont le contenu est parfaitement légal, le tout malgré un contrat régulier. Cette façon de faire, deux poids deux mesures, est scandaleuse. Pire, elle est contreproductive, car elle accroît les frustrations.


    Vous voulez dire que Dieudonné a décidé d’attaquer en justice ceux qui le censurent ?


    Tous, systématiquement. On change de style.


    Sur quel fondement ?


    Celui de la discrimination pour opinion politique, entre autres. Au pénal. La loi protège le justiciable contre toute discrimination dans l’accès aux services qui serait fondée sur la race, la religion ou… les opinions politiques. Or c’est de cela qu’il s’agit. Dieudonné est discriminé car il revendique son opinion antisioniste. Or cette opinion est parfaitement légale en France. Il n’y a aucune raison qu’il paie un tel prix pour ses convictions personnelles. Ces convictions ne sont d’ailleurs même pas évoquées dans son nouveau spectacle, Sandrine, qui traite d’un divorce. Pourquoi, dès lors, censurer ce dernier ? Très drôle d’ailleurs, je vous invite à vous y rendre. Pour revenir à notre sujet, ma conclusion est simple : les autorités françaises n’ont pas pour vocation la correction politique des justiciables. Dans l’inverse nous serions en plein système fasciste, un fascisme qui ne dit pas son nom.


    Il a tout de même été jusqu’à recevoir Robert Faurisson sur scène au Zénith, en lui remettant le prix de l’infréquentabilité.


    Oui, et alors ? Y a-t-il un paradoxe ?


    Que voulez-vous dire ?


    Robert Faurisson, pour qui on a été jusqu’à créer une loi afin de l’empêcher de développer publiquement ses théories, est-il infréquentable, selon vous ?


    Oui.


    Eh bien voilà ! Dieudonné remet le prix de l’infréquentabilité à un infréquentable. Pas de quoi fouetter le début de la queue d’un chat. Et, pour autant, nous avons eu droit à un défilé d’associations au procès, et à un an de prison avec sursis requis. C’est une honte. Desproges faisait dix fois pire il y a vingt ans. La France régresse.


    Il a fait appel ?


    Naturellement.


    Considérez vous que Robert Faurisson est infréquentable ?


    Non, puisque je l’ai fréquenté en tant que client. C’est un homme doté d’un bel humour face à la pression qu’il subit. Plus sérieusement, au sujet de Robert Faurisson, j’ai le même avis que la Cour d’appel de Paris, qui décidait, mot pour mot, le 26 avril 1983 : “Les accusations de légèreté formulées contre M. Faurisson manquent de pertinence et ne sont pas suffisamment établies ; il n’est pas davantage permis d’affirmer qu’il a écarté les témoignages par légèreté ou négligence, ou délibérément choisi de les ignorer ; en outre personne ne peut en l’état le convaincre de mensonge lorsqu’il énumère les multiples documents qu’il affirme avoir étudiés et les organismes auprès desquels il aurait enquêté depuis plus de quatorze ans ; la valeur des conclusions défendues par M. Faurisson relève donc de la seule appréciation des experts, des historiens et du public.” C’est pour moi la dernière phrase qui est la plus importante. J’en conclus la chose suivante : un Etat démocratique et confiant en sa capacité de débat n’a pas besoin de loi pour proclamer l’histoire. En ce sens les Américains et leur premier amendement sont un exemple à suivre. Heureusement pour elle que la Loi Gayssot n’a jamais subi un contrôle constitutionnel. Comme de nombreux juristes et professeurs d’université, je pense qu’elle n’y survivrait pas. Le remaniement de l’article 61-1 de la constitution prévu par la loi organique n° 2009-1523 du 10 décembre 2009 offre des possibilités inédites.


    C’est-à-dire ?


    Tout simplement qu’il permet d’invoquer l’inconstitutionnalité d’une loi devant les premiers juges. Il ne faudra donc pas se gêner en la matière, si l’occasion se présente. A mon avis, les premières salves partiront en direction des conditions déplorables de la garde à vue française.


    Dans un journal local, vous avez qualifié Robert Faurisson de « dernier des punks ». Que vouliez-vous dire ?


    Que c’est un révolté. Seul contre un système entier. Par nature, j’ai de l’empathie pour les luttes inégales.


    Vous adhérez à ses théories ?


    Je suis né en 1979, plus de trente ans après la guerre. Le sujet ne me passionne pas et, pour tout vous dire, je ne m’y intéresse que peu. Ma seule connaissance précise sur ce sujet concerne les batailles auxquelles mes grands-parents ont participé en versant leur sang pour la France libre, dont Monte Cassino ; ça, ça m’intéresse, pour des raisons personnelles évidentes. En revanche, dans ces dossiers, ce qui me passionne, c’est la défense de la liberté d’expression. Pour moi, Robert Faurisson devrait avoir le droit d’exprimer ses théories, tout comme Siné a parfaitement le droit de caricaturer l’Islam. Tout comme, d’ailleurs, Mathieu Kassowitz a le droit d’avoir des doutes sur le 11 septembre sans être vilipendé comme un délinquant idéologique, Dieudonné d’être antisioniste et de le dire sans être maudit, Paul-Eric Blanrue d’écrire sur Sarkozy et ses rapports avec les réseaux pro-israéliens, ou Yann Moix de critiquer la Suisse, même en des termes violents. Au sujet du Polanskiste Moix, le ministre de la Culture m’a bien faire rire en le comparant à Baudelaire. Je trouve Moix trés talentueux, mais Mitterrand devrait relire ses classiques. Baudelaire a pondu de nombreuses phrases antisémites ultra violentes, alors que Moix reproche à la Suisse la façon dont elle traite les juifs.


    Baudelaire, antisémite?


    C’est bien Baudelaire qui écrivait cette horreur dans son journal intime, en 1887, "Belle conspiration à imaginer pour exterminer la race juive" Sans doute les voyages touristiques de Mitterrand lui prennent trop de temps pour relire Baudelaire. Enfin bon. Pour revenir à la diffusion des idées, quelles qu’elles soient. Les gens adhèrent, ou non, peu importe. Mais la police de la pensée progressive que l’on instaure dans notre pays génère in fine le mal que l’on veut soigner. C’est un effet pervers. Plus vous interdisez aux gens de parler, plus le public se dit : « Pourquoi ? Si on les censure, ils doivent avoir raison, il doit y avoir complot ». Ce faisant, la censure n’est pas un moyen efficace pour régler les débats. Elle a un effet cocotte-minute. Tôt ou tard, la frustration peut l’emporter. Alors que la confrontation paisible d’opinions, au contraire, permet de dépassionner le tout. Prenons les Etats-Unis. Le premier amendement garantissant la liberté d’expression totale a permis aux pires thèses racistes d’être développées. Cela a-t-il empêché un homme de couleur d’être triomphalement élu à la Présidence ? Non. La France a trop peur d’elle-même. Les vrais Républicains devraient livrer le combat pour la libération de la parole, au lieu de relever les petites phrases. Regardez Martine Aubry avec Georges Frêche. Elle s’est ridiculisée. Frêche est un des plus fervents amis d’Israël. Alors, l’assimiler à un antisémite, c’est d’une bêtise sans nom. Il gagnera et ce sera justice pour le PS.


    Vous soutenez donc Frêche et Moix ?


    Bien sûr, je soutiens leur totale liberté d’expression. La répression politique de Frêche est une hérésie ; quant aux avocats suisses qui comptent poursuivre Moix, ils feraient mieux de relire leurs codes.


    Avez-vous, comme vos clients, subi des pressions ?


    Oui, parfois, mais rien qui mérite une quelconque attention de ma part.
    _______________
    Entretien réalisé par Guillaume Sanjorge, le 9 février 2010 Pour Heracles productions.
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    Message  Bardamu 12/2/2010, 08:48

    Merci Moby, excellent !!
    On a déjà eu l'occasion d'apprécier plusieurs fois la clarté de son discours, il me semble qu'il y a aussi une vidéo sur le forum où il prend la parole suite au saccage de la librairie Résistances par les nervis de la LDJ.

    C'est clair qu'à lui seul il redore un peu le blason de l'Institution Judiciaire. Elle en a bien besoin!!!


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    Message  c.isme 16/2/2010, 10:21

    oui y'a plus qu'a en rire.

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