le rôle central de la Chine, les produits dérivés, le crash de l’immobilier commercial américain, la mise en place d’une nouvelle monnaie mondiale centrée sur les DTS du FMI, etc. Que s’est-il passé de vraiment nouveau ce dernier trimestre ?
L’homme de la rue, le petit chef d’entreprise, l’ouvrier, l’employé voient une dégradation de la situation économique et du chômage
L’élément véritablement nouveau de ces derniers mois a été la montée du cours de l’or Quelle devise s’effondrera la première ? Que nous réserve l’avenir ?
Dettes publiques japonaises
Dettes publiques anglaises
Dettes publiques américaines
On a déjà beaucoup dit et écrit sur la dette publique américaine qui ne cesse de grossir mais quel est le véritable danger ?
Et finalement l’or face à cela ?
Quand des banques vendent de l’or inexistant
L’or serait-il déjà en « backwardation » ?
Conclusion
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L’homme de la rue, le petit chef d’entreprise, l’ouvrier, l’employé voient une dégradation de la situation économique et du chômage
Aux Etats-Unis, une personne sur huit survit grâce aux cartes d’alimentation et chaque jour quelques 20 000 personnes supplémentaires en dépendent. Les entreprises n'investissent pas par peur des taxes à venir ou du chômage qui grandit et par manque d’accès au crédit. Néanmoins, la plupart des économistes qui se concentrent essentiellement sur le PIB voient une reprise alors qu’il n’y a que des interventions gouvernementales massives pour éponger les pertes des banques ou pour acheter indirectement à crédit ce que les consommateurs réels n’achètent plus (par exemple en distribuant du cash pour acheter des voitures ou des maisons). Les analystes financiers voient eux aussi une reprise économique en observant la bourse atteindre de nouveaux sommets. Alors qu’il n’y a qu’un afflux de liquidités qui trouve sa source dans la Fed et qui s’écoule vers quelques banques américaines qui utilisent leurs High Frequency Trading Programs (HFTP) pour gagner de l’argent en bourse et justifier des bonus ahurissants.
D’ailleurs, partout dans le monde, les Etats ont montré qu’ils se tiennent prêts à voler au secours des banques. Ainsi, mi-décembre, l’Etat autrichien à qui le sauvetage des banques a pourtant déjà coûté 90 mlds d’euros, vient encore de nationaliser en urgence Hypo Alpe Adria qu’aucune autre institution n’a voulu sauver. Pas étonnant qu’avec de tels filets de sécurité, certaines banques ne reculent plus devant aucun risque pour engranger des profits sur les bourses. Devant une telle flambée boursière, même des gestionnaires de fonds prudents et réalistes ne peuvent expliquer à leurs clients qu’il est préférable de se tenir à l’écart. Ainsi pour ne pas perdre ceux-ci, ils se retrouvent contraints de prendre des risques contre leur volonté et à gonfler encore plus une remontée boursière qui ne repose sur rien.
La Fed continue à prêter des dollars aux banques à un taux proche de zéro et ces dernières prêtent aussitôt cet argent au gouvernement américain (en achetant des obligations gouvernementales) mais à un taux de 2 à 4%.
L’immobilier commercial aux Etats-Unis continue sa chute et les banques valorisent toujours certains actifs sur base de modèles plutôt que sur base de prix de marché ce qui contribue à rendre opaques les pertes futures. Les entreprises chinoises aux ordres du parti s’évertuent à produire alors qu’on se demande qui va consommer et quant aux banques chinoises, elles continuent à prêter et ainsi à accumuler les prêts douteux conformément aux directives des camarades dirigeants. Donc finalement, rien de neuf depuis mon dernier article paru en août dernier: une simple étincelle peut faire exploser le mélange détonant même s’il semble avoir une jolie couleur.
L’élément véritablement nouveau de ces derniers mois a été la montée du cours de l’or
En décembre 1997, alors que le cours de l‘or est à moins de 300 USD/once, le Financial Time titrait « l’or est mort » et expliquait qu’il s’était effondré lors du crash boursier de 1987, lors de la première guerre du golfe et enfin lors de la crise asiatique. Il était ainsi vaincu par… le tout puissant dollar américain. Mais on voit à présent que l’or n’était pas si mort et qu’il s’apprête même à prendre une fameuse revanche.
Officiellement l’or agit comme couverture du dollar. Il grimpe quand le dollar faiblit. C’est généralement vrai mais depuis le 21 octobre, l’or continue de grimper alors que la banque centrale européenne interdit à l’euro de franchir la barre des 1,5 face au dollar.
Que signifie cette poussée de l’or ?
On évoque naturellement les raisons classiques, et correctes, pour expliquer la flambée récente de l’or: les banques centrales sont devenues acheteuses, les mines s’appauvrissent, les chinois achètent en masse, l’or suit un profond trend haussier séculier (le cours a été multiplié par 4 ces 10 dernières années). Les spéculateurs, visant le court terme sur le marché des matières premières, ont récemment plongé sur l’or. Les grands fonds d’investissement peuvent « acheter » de l’or via les Exchange Traded Funds (ETF) et même les HFTP commencent à se tourner vers l’or .
Traditionnellement l’or est aussi présenté comme une couverture contre l’inflation. Cela semble logique mais en pratique cela n’a pas été le cas. Ainsi alors que l’inflation sévissait de 1980 à 1997, l’or est passé de 850 USD/once à 300 USD/once, entre autres, parce que le marché de l’or n’est pas libre (voir ci-après).
Malgré cela, pour beaucoup, la grimpée de l’or et des bourses seraient la preuve que l’inflation, voire l’hyperinflation serait à nos portes, compte tenu des dettes gouvernementales colossales. Mais on voit que les crédits bancaires s’effondrent, que les prêts hypothécaires font de plus en plus défaut, que les nuages et cygnes noirs s’agglutinent autour de l’immobilier commercial américain, etc.
Dans un système bancaire de réserve fractionnée tel que nous le connaissons, il ne peut y avoir d’inflation monétaire (et donc in fine des prix) sans augmentation des crédits par les banques ; à moins d’agir comme Mugabe au Zimbabwe et d’ordonner à la banque centrale de créer de l’argent sans fin pour permettre au président de payer directement ses partisans, la police, l’armée, les fonctionnaires, etc. On ne peut exclure, un jour, une approche Mugabétiste de la gestion publique en Amérique, au Royaume-Uni, au Japon ou ailleurs mais on n’en est absolument pas là.
Donc, reste la grande question de savoir pourquoi l’or grimpe. Il est à noter que le marché de l’or est tout, sauf libre. Donc pour le comprendre il ne faut pas négliger les influences cachées. En plus des diverses explications « occultes » que j’exposerai ci-après, on remarquera que toutes les causes gravitent autour d’une même raison: l’or est le dernier refuge quand on doute de la valeur de l’argent-dette sous forme de papier ou électronique.
Comme évoqué dans un précédent article, le mécanisme qui conduit à l’effondrement d’une monnaie commence bien évidemment par l’émission excessive d’emprunts par un gouvernement. Dans un premier temps, ces emprunts se font à court terme et ensuite le gouvernement tente de convertir cette dette en une dette à long terme. Les investisseurs exigent des taux longs corrects pour se garantir un rendement à la hauteur du risque encouru. Puis le cancer se développe, autrement dit la méfiance, le doute dans la capacité de l’Etat à honorer ses dettes à long terme et alors un seuil critique est atteint au-delà duquel les choses s’accélèrent et les taux longs explosent.
Est-ce que l’or réagit face à l’accumulation historique de dettes publiques au Japon, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis ? Ou réagit-il à la compétition que mènent certaines banques centrales pour dévaluer leur devise plus vite que d’autres (USD, Yen, Livre Sterling, Franc Suisse, Yuan,…etc) ?
Quelle devise s’effondrera la première ? Que nous réserve l’avenir ?
Selon la Deustche Bank, en 2010, même l’Allemagne, pourtant si rigoureuse depuis l’hyperinflation de Weimar, devrait avoir un déficit de 6.5% du PIB soit plus que l’Italie avec ses 6.2%. Et ce chiffre est antérieur à l’annonce de la Bundesbank en novembre dernier sur ce que les banques allemandes détiennent encore pour 90 mlds d’euros de cadavres dans leurs placards pour 2010. Face à ces énormes pertes, Angela Mekel a déclaré que « nous sommes dans une situation très critique ! ».
Il n’y a pas qu’en Allemagne que les banques craignent de lourdes pertes et par conséquent refusent de prêter. A noter également que le chômage qui ne cesse de grimper fait peser de graves inquiétudes sur la solvabilité des emprunteurs. Ainsi en Espagne par exemple, 43% des jeunes de moins de 25 ans sont sans-emploi! C’est finalement sans surprise que la déflation monétaire se creuse en Europe avec un paramètre M3 qui se contracte pour la première fois depuis 50 ans.
Dans ces conditions, il est clair que les fameux 3% du pacte de stabilité de l’euro sont oubliés. Les gouvernements européens sont prêts à tous les emprunts pour subsidier l’économie. Ainsi l’Irlande, autrefois citée en exemple, pour son économie alimentée par les crédits faciles, va voir ses dettes publiques atteindre 83% du PIB (elles n’étaient que de 25% en 2007). Quant à la Grèce, avec ses dettes publiques qui pourraient atteindre 130% de son PIB (selon Fitch), elle voit ses bons d’Etats glisser inexorablement sur une pente dangereuse. Précisement à un moment où les banques grecques sont cruellement dépendantes de repos avec la Banque Centrale Européenne (BCE).
Ces dernières subissent ainsi de douloureux appels de marge alors que la valeur des bons d’Etats grecs, qu’elles ont livrés en gage, ne cesse de baisser. Sans même parler de la situation sociale assez instable qui ne permettra pas au gouvernement de Mr Papandreou de faire des économies en prenant des mesures draconiennes telles des gels de salaires ou des réductions d’avantages sociaux.
De son côté la BCE reste impuissante: outre le fait que je doute qu’une banque centrale ne puisse véritablement contrôler quoi que se soit, une difficulté supplémentaire vient du fait qu’il n’existe pas d’obligation émise par l’Europe; il n’y a que des dettes publiques nationales qui entraînent des tensions asymétriques sur l’euro. Sans parler de la situation encore pire des pays baltes, de la Bulgarie ou de la Hongrie qui, selon l’économiste Ivan Tchakarov, spécialiste de la région pour la banque Nomura, ont des dettes en devises étrangères supérieures à 100% de leurs PIB respectifs. Et dans ce cas, impossible de réduire ces dettes par une dévaluation de la monnaie locale: une situation qui n’est pas sans rappeler celle de l’Islande avant son effondrement…
L’Islande s’est effondrée et récemment l’émirat de Dubaï (ce n’est pas l’injection de 10 mlds de USD de l’Emirat voisin qui va durablement régler le problème de la colossale bulle immobilière dubaïote). Est-ce qu’une telle chose est possible pour la devise d’une économie majeure ?
Dettes publiques japonaises
Depuis 20 ans le Japon met en pratique les doctrines keynésiennes sans le moindre résultat économique si ce n’est une orgie de dettes publiques.
Le FMI estime qu’au Japon les dettes publiques atteindront plus du double du PIB (227%) en 2010. Jusqu’à présent, la population japonaise a, bon gré mal gré, prêté à son gouvernement mais le prix des Credit Default Swaps pour se protéger contre un défaut du gouvernement japonais a doublé depuis septembre dernier alors que l’on n’observe rien de semblable pour d’autres grands pays industrialisés. C’est un premier signe que le marché commence à mal digérer toutes ces dettes.
Le taux d’épargne est passé de 15% à 2%, la population vieillit et de moins en moins de jeunes arrivent sur le marché du travail alors que le chômage augmente. En conséquence, pour faire face à leurs engagements, les grands fonds de pension nippons vendent les bons d’Etat japonais qu’ils avaient accumulés jusqu’à présent.
Ce qui n’empêche pas le nouveau ministre des finances japonais d’annoncer la couleur lorsqu’il déclare en octobre dernier devant le club de la presse à Tokyo : « il est maintenant temps d’être audacieux et d’émettre encore plus d’obligations d’Etat ».
Il envisage un nouvel emprunt en yen pour l’équivalent de 550 mlds de USD afin de financer tous les cadeaux que les nouveaux élus avaient généreusement promis durant la campane électorale; ceci alors que les revenus fiscaux sont en baisse de 27%, que la production industrielle est en chute de 19% et que la déflation des prix a atteint un record absolu de 2.4% en octobre. Et pour rajouter de l’huile sur le feu, la banque centrale japonaise annonce qu’elle va injecter l’équivalent de 115 mlds de USD dans l’économie.
Suite à cette annonce,l’or a franchi les 1200 USD/once. La seule chose qui va être relancée est l’infâme yen cary trade et ce seront certainement les matières premières qui vont accueillir toutes ces liquidités.
Comment cela va-t-il se terminer ? Pour ma part je ne peux m’empêcher d’approuver les déclarations de Hideo Kumano, économiste en chef du Dai-Ichi Life Research Institute à Tokyo : « le yen est sur le point d’entamer un long déclin en terme de valeur et de réputation. Compte tenu des finances et de l’économie nippone, la récente force du yen n’est pas une affirmation du Japon mais bien le dernier hourrah du yen ». Simon Johnson, ancien chef économiste du FMI, ne dit rien d’autre lorsqu’il déclare devant le Congrès américain que les dettes nippones sont hors de contrôle et qu’il existe un risque réel que le Japon puisse terminer par un défaut de paiement majeur !
Dettes publiques anglaises
Début décembre, la banque Morgan Stanley publiait dans une note destinée à ses clients que le Royaume-Uni risquait d’être la première grande économie à vivre une fuite des capitaux et une crise du crédit de grande ampleur. Le danger serait que le gouvernement anglais soit incapable de « restaurer une crédibilité fiscale ». Les taux longs pourraient grimper et atteindre des niveaux que l’on connait dans des pays comme la Grèce.
Une agence de rating pourrait même dégrader le Royaume-Uni et sa dette publique deviendrait alors plus risquée que celles d’entreprises comme BP, GSK, ou Tesco. Cette analyse de Morgan Stanley semble probable.
Il faut dire que les déficits publics anglais atteignent 14.5% du PIB et que la vieille banque centrale anglaise (contrairement à la Fed bien plus discrète) ne se cache pas pour financer ces déficits en créant directement le tiers du montant en livres nouvelles, tout en maintenant les taux courts tout juste au-dessus de zéro. Malgré cette injection et contrairement à d’autres pays dont les Etats-Unis, le Royaume-Unis n‘est pas parvenu à ramener son PIB en territoire positif pour le 3èmetrimestre.
Remarquons toutefois qu’en ces temps de crise historique, un PIB légèrement positif n’a rien à voir avec une éventuelle reprise: cela signifie simplement que pour ramener son PIB au-dessus de zéro, le gouvernement anglais devrait dépenser encore plus et recapitaliser un peu moins les banques. Quant à l’immobilier (surtout à Londres), il a encore une longue chute devant lui quand on le mesure par rapport aux salaires; sans parler du fait que l’économie anglaise est fortement dépendante de la City et de son secteur financier et que l’Etat anglais a déjà déboursé l’équivalent de 1450 mlds de USD pour le sauver (à comparer avec les 1100 mlds de USD américain mais avec une économie 5 fois plus petite).
Dettes publiques américaines
P.Krugman prix Nobel d’économie estime que même si la dette américaine par rapport au PIB va probablement doubler prochainement, ce ratio restera inférieur à celui observé en Italie ou même en Belgique. Et comme ces pays s’en sortent relativement bien, il n’y a pas de raison pour que les USA ne fassent pas de même! Vraiment ?
Une première différence majeure est qu’aucun de ces pays européens n’émet une monnaie considérée comme réserve mondiale. Contrairement aux Etats-Unis, ce sont habituellement les populations nationales qui prêtent à leurs gouvernements respectifs. Par contre ce sont l’Asie et les pétro-monarchies qui prêtent au gouvernement américain, du moins, jusqu’à présent.
Ainsi la Chine, par exemple, prête au gouvernement américain pour une seule raison: recycler les dollars que les consommateurs américains lui donnent en échange des produits chinois qui remplissent les centres commerciaux. Or comme le consommateur américain achète moins de produits chinois, il y a moins de dollars à recycler et donc à prêter au gouvernement Obama.
De plus en Europe, la population est « habituée » à être taxée par tous les moyens possibles pour financer les déficits publics alors qu’avant la crise et en terme de PIB, les recettes fiscales du gouvernement américain étaient historiquement stables . Autrement dit, les américains ne sont absolument pas préparés à subir les foudres taxatrices que les européens endurent régulièrement.
En fait, jusqu’avant l’ère Bush Jr, les déficits publics américains étaient restés sous contrôle et c’est pour cela que le gouvernement américain pouvait emprunter à bon compte sans taxer trop lourdement. Mais face aux irresponsabilités guerrières des gouvernements Bush Jr et Obama, on peut s’attendre à ce que le coût de cette dette finisse par augmenter.
Le gouvernement parvient encore à masquer le chiffre réel du chômage (supérieur à 17%) en définissant une personne sans emploi de manière bien particulière et en ajustant les chiffres par un modèle statistique douteux en période de crise. Mais il y a un indicateur de crise qui ne trompe pas: ce sont les revenus fiscaux. Ces 12 derniers mois les revenus fiscaux des personnes physiques sont en chute de 8% et ceux provenant des entreprises ont fondu de 64% ! Et il n’y a pas que le gouvernement fédéral qui voit ses revenus fiscaux diminuer, il en va de même pour toute une série d’Etats (comme la Californie, le New Jersey, la Floride…) qui compensent en s’enfonçant dans les dettes. Ainsi, le gouverneur de l’Etat de New York vient de déclarer que pour la première fois dans l’histoire, l’Etat de New York sera en déficit en décembre 2009.
Alors, même si Obama voulait utiliser les recettes européennes afin de pressurer encore davantage ses concitoyens, il n’y parviendrait pas : le consommateur américain a tout simplement de moins en moins de revenus taxables.
Et il n’y a pas que ses revenus qui sont en baisse, ses lignes de crédits sont elles aussi en diminution. Malgré tous les efforts du gouvernement US et malgré la propagande diffusée sur les grands médias financiers, le consommateur américain qui représentait encore il y a peu les 2/3 du PIB américain, et donc quasi le tiers du PIB mondial, refuse obstinément de consommer.
Au deuxième trimestre 2008 le montant total des lignes de crédit inutilisées sur les cartes de crédit américaines atteignaient un niveau record de 4700 mlds de USD mais le dernier rapport, fin novembre 2009, montre que ce montant a fondu de 1200 mlds de USD et qu'il va continuer à diminuer dans les prochains mois. Un montant astronomique que le consommateur américain ne pourra pas utiliser pour donner à la reprise un semblant de réalité. En fait de reprise, c'est la déflation monétaire qui s'accélère par la destruction, le non renouvellement et le non remboursement des crédits.
On entend souvent dire que la Fed peut créer des dollars à partir de rien, de sorte qu’il y aura toujours assez de dollars pour payer la dette publique. Naturellement, il s’agit d’une grave erreur de compréhension sur la manière dont l’argent est créé: schématiquement la Fed émet des dollars en échange de dettes publiques (dettes que l’Etat doit rembourser et sur lesquelles il doit payer des intérêts). La création de dollars nouveaux est liée à la création de nouvelles dettes (à l’achat de bons d’Etat). Donc c’est absurde de croire que la Fed pourrait « rembourser » les dettes publiques avec de l’argent nouveau. Comme je l’ai largement évoqué dans de précédents articles, la Fed achète indirectement (et relativement clandestinement) le plus d’obligations gouvernementales américaines possibles. Et d’ailleurs ces derniers temps, ce sont surtout des dettes liées à des crédits hypothécaires qu’elle achète massivement. La Fed était déjà le plus gros concessionnaire auto, elle sera bientôt le plus grand propriétaire immobilier. Tout ceci contribue lourdement à adosser le dollar à des actifs très douteux et fragilise chaque jour un peu plus sa valeur de monnaie de réserve mondiale. La Fed est parfaitement consciente de la faiblesse du dollar mais, sa hantise étant la déflation, elle tente par tous les moyens de créer de l’inflation des prix en dévaluant le dollar (par rapport à l’or, aux matières premières,…) afin de pousser à la hausse le prix des produits importés. La plupart des banques centrales font d’ailleurs la même chose pour lutter contre la déflation des prix. C’est dans la bourse américaine que cette inflation désirée par la Fed se manifeste mais pas ailleurs. Ce faisant elle joue avec le feu car à ce petit jeu, elle se rapproche du point critique où il y a une perte de confiance dans la monnaie. Une fois ce point dépassé, la réaction s’emballe, devient incontrôlable et on bascule dans l’hyperinflation qui se termine par la mort de la devise.
Bien entendu nous n’en sommes pas encore là. On peut s’attendre avant cela à un fabuleux dollar « short squeeze » (et donc un renforcement provisoire de cette devise) quand le prochain crash boursier entraînera un nouveau débouclage brutal du carry trade invraisemblable qui a alimenté le NYSE ces derniers mois, encouragé par des taux ridiculement faibles aux Etats-Unis.
En attendant la lointaine hyperinflation finale, une profonde déflation continue de s’installer. Mais on se rapproche néanmoins chaque jour de ce point de perte de confiance qui sera d’ailleurs intimement lié à la montée en puissance des DTS du FMI dont j’ai déjà largement parlé dans de précédents articles.
On a déjà beaucoup dit et écrit sur la dette publique américaine qui ne cesse de grossir mais quel est le véritable danger ?
Personne n’imagine une seule seconde que cette dette sera remboursée un jour mais là n’est pas le véritable problème (aucune dette publique ne sera remboursée puisque les dettes publiques sont la source à partir de laquelle l’argent est créé). Le nœud du problème se situe dans la maturité de cette dette: elle est essentiellement à court terme et plus elle se creuse, plus sa maturité diminue. En fait, 53% de cette dette devra être remboursée dans moins de 2 ans ! Autrement dit, l’Etat américain doit constamment emprunter pour rembourser les emprunts précédents (ce qu’on appelle le « roll over »): dans les prochains mois, l’Etat devra emprunter 1600 mlds de USD, dans moins d’un an il devra trouver 3000 mlds de USD. Comme ses recettes annuelles sont actuellement de 2104 mlds de USD et ses dépenses de 3521 mlds de USD, il est bien obligé d’emprunter sans fin.
Et comme tous les gouvernements empruntent massivement, où trouver sur le marché des prêteurs encore disponibles (mise à part la Fed)? Pour convertir sa dette à court terme en dette à long terme, l’Etat devrait offrir des taux longs très alléchants. Toutefois une montée des taux longs serait fatale à la bourse (à condition qu’elle fonctionne normalement) et aussi à un marché immobilier moribond que le gouvernement veut relancer.
Et si cette montée est trop rapide, le marché des produits dérivés liés aux taux d’intérêts risque de réagir brutalement avec des conséquences inimaginables. Mais sans même évoquer un scénario apocalyptique, cette conversion rendrait les charges d’intérêts de la dette publique encore plus importantes à payer, ce qui pousserait à encore plus d’emprunts et donc à des taux encore plus élevés. Une spirale vicieuse jusqu’à la fameuse perte de confiance évoquée ci-avant; situation que l’Argentine a par exemple traversée en 2002. Et au moment où j’écris ces lignes cette spirale se met inéluctablement en place: il faut remonter 30 ans en arrière pour constater un écart aussi important entre le taux à 30 ans et celui à 2 ans (à la mi-décembre, le 2s30s est à 372bps).
Et finalement l’or face à cela ?
L’or est un étrange instrument très rare (la production est en baisse et chaque année; on en extrait péniblement 2500 tonnes soit moins de 2% de la quantité totale extraite à ce jour). Dans l’histoire humaine, il se comporte parfois comme une monnaie, comme une matière première ou comme une valeur de refuge (une réserve de valeur). Pour les uns c’est un instrument du passé qui ne rapporte rien (ni intérêt, ni dividende) et qui évolue dans une bulle. Pour les autres, il représente la seule véritable protection contre la crise. Ces derniers mois, le cours de l’or a fortement fluctué dans son canal ascendant qui a démarré il y a une dizaine d’années.
L’or attire des spéculateurs à la recherche de profits rapides qui sont prêts à quitter ce marché au moindre signe de baisse. Mais l’or a aussi attiré l’attention d’investisseurs nouveaux visant le long terme. Ceux-ci ont réalisé que ce métal s’inscrit dans une tendance haussière durable et ils profitent de chaque baisse pour acheter et « rattraper le temps perdu ».
On entend souvent dire que l’or évolue dans une bulle. Mais les bulles obéissent à certaines caractéristiques qui se sont d’ailleurs clairement manifestées lors des deux dernières en date, à savoir, les dotcom (bulle Internet) et l’immobilier américain.
Une bulle démarre par la perception d’une demande future supérieure à l’offre de l’objet convoité. Cette impression pousse le prix à la hausse. La plupart du temps, la mise à disposition de fortes liquidités via le crédit et/ou les produits dérivés accélère brutalement la croissance de la bulle jusqu’à l’explosion. Mais sans vouloir s’attarder sur la mécanique, j’aimerais signaler les points communs. Observons ainsi que l’objet convoité peut à un certain moment être produit en grande quantité pour répondre à la pseudo demande (cas de l’immobilier). Ou bien il est possible d’évaluer objectivement cet objet convoité via des paramètres tangibles, tels les salaires, les loyers, les taux d’intérêts, les rapports de prix sur bénéfices, les profits, etc. et de comparer cette évaluation avec le cours de bourse de cet objet. Il est établi que le prix de l’or est essentiellement fonction de sa demande comme instrument d’investissement. Si le prix augmente cela veut dire que des investisseurs en achètent. Se faisant ils poussent le cours de l’or à la hausse et attirent d’autres investisseurs. Mais cette augmentation de la demande ne peut inciter à produire plus: l’or existe sur terre en quantité bien définie et est de plus en plus rare. Ce n’est pas comme des maisons que l’on peut construire, ou des sociétés internet que l’on peut multiplier à l’infini. L’or n’a aucune valeur intrinsèque que l’on puisse quantifier par des paramètres tangibles; on ne peut le décomposer, il ne produit rien, il ne paye aucun dividende. L’or ne répond donc pas aux caractéristiques classiques des bulles. Le cours de l’or est uniquement le résultat de l’offre et de la demande, il peut théoriquement atteindre n’importe quel niveau et par conséquent ne peut évoluer dans une bulle.
Le seul moyen de casser durablement le cours de l’or est de détourner les investisseurs en faisant grimper les taux d’intérêts tout en ayant des dettes publiques « raisonnables », un surplus commercial, des institutions financières « saines » et une économie capable d’encaisser ce choc d’une forte montée des taux. Ce qui était effectivement le cas en 1980 mais qui est totalement différent en 2009.
Quel est le potentiel de croissance de l’or ? Depuis 1980, l’or a progressé de 60%, l’inflation officielle en Amérique a augmenté de 175%, la bourse de 900% et la masse monétaire de 500%. L’or rattrape simplement son retard.
Pour comprendre le cours de l’or et véritablement apprécier son potentiel de croissance, il faut réaliser qu’il évolue sur un marché qui n’est pas vraiment libre et que ces dernières années de grands acteurs ont vendu et d’autres ont acheté de grandes quantités d’or inexistant. Certains sont « short » d’un or qu’ils ne pourront jamais livrer et d’autres prétendent être « long » d’un or absent de leur coffre (voir ci-après). Celui qui ignore ces hypothèses ne peut expliquer durablement le cours de l’or. Face à cela, ce qui fera exploser le cours de l’or c’est l’accumulation constante d’or physique, même en petite quantité, par l’homme de la rue et les investisseurs avisés. Pourquoi dans chacun de mes articsles j’évoque ce métal qui n’a quasi aucune utilité industrielle (à peu près 50% des 163000 tonnes d’or sur terre existent sous forme de lingots et de pièces et l’autre moitié sous forme de bijoux)? Le professeur Fekete (San Francisco School of Economics) défini l’or comme le seul extincteur de dettes. C’est effectivement la seule valeur de refuge contre une perte de confiance dans un système financier centré sur la monnaie-dette.
La grande révolution s’est produite il y a 5 ans, avec la naissance d’un fonds lié à l’or (le fonds GLD) permettant à n’importe quel investisseur d’investir facilement dans l’or. J’ai déjà évoqué le fait que certains s’interrogent sérieusement sur la quantité d’or physique réellement présente dans les coffres de GLD. C’est d’ailleurs à cette époque, que la banque NM Rothschild s’est retirée du fixing quotidien du prix spot de l’or à Londres qu’elle dirigeait depuis 85 ans car selon la raison invoquée, cela ne lui rapportait quasi rien.
Les compétences financières de cette famille sont légendaires, elle traverse la crise sans le moindre problème: il n’existe aucun article, même sur Internet, pouvant laisser croire que cette banque gérée de main de maître rencontrerait des difficultés. Depuis 7 générations, cette prestigieuse famille règne magistralement sur la finance mondiale, alors pourquoi s’est-elle retirée du fixing de l’or qu’elle a dominé depuis son origine? Se pourrait-il qu’elle connaisse parfaitement les opérations frauduleuses autour de l’or et qu’elle ne souhaite pas que son célèbre nom y soit associé?
De quelles opérations s’agit-il ? J’ai déjà longuement parlé de positions de ventes à découvert proprement astronomiques de certaines grosses banques sur le marché des futures de l’or (COMEX). De telles concentrations de positions, dans si peu de mains, devraient inciter les autorités de marché à enquêter ? Pourquoi ce même Comex autorise-t-il la livraison d’or sous la forme d’actions du fonds GLD compte tenu des doutes qui entourent ce fonds (déjà largement évoqués dans un précédent article) ?
Quand des banques vendent de l’or inexistant
De même que lorsqu’un investisseur achète une action il laisse celle-ci en dépôt (électronique) chez son intermédiaire financier, de même les détenteurs d’or le laissent souvent en dépôt auprès de leur « bullion dealer ».
Le danger est que la banque détentrice ne fasse avec l’or ce qu’elle fait déjà avec l’argent papier en dépôt, à savoir n’en garder que 10% et, à l’insu des clients, utiliser le reste. De son point de vue il pourrait ne pas y avoir de grandes différences: l’essentiel est de garder assez d’or en réserve pour répondre à une demande de retrait mais il est peu probable que tous les détenteurs viennent chercher leur or au même moment.
En 2005 la banque Morgan Stanley a été traînée devant la justice pour avoir vendu de l’or inexistant (et même avoir demandé à ses clients des frais de gardes pour cet or fictif). La banque a préféré éviter un procès et un scandale en dédommageant à l’amiable ses clients. Ainsi l’analyste Adrian Douglas estime que l’on peut légitimement croire que d’autres font la même chose. Pour cela il s’appuie sur l’étude menée par Paul Mylchreest que je ne peux que résumer brièvement dans cet article et portant sur les achats et ventes sur le marché de l’or londonien OTC (« over the counter »).
C’est sur ce marché que quasi tout l’or physique se vend ou s’achète entre des dealers pour compte de clients finaux. Et 95% de ce trading se fait à partir de comptes en or non ségrégés (autrement dit pour chaque dealer un compte oùplusieurs détenteurs finaux laissent leur or sans qu’il ne leur soit personnellement alloué). Selon son étude fouillée et basée sur les données disponibles d’achats et de ventes, P.Mylchreest estime que le volume quotidien de transactions atteint 2134 tonnes d’or (soit 346 fois plus que l’or extrait quotidiennement dans le monde !).
L’or est vendu ou acheté sous forme de lingot de 400 onces et il existerait dans le monde uniquement 15000 tonnes d’or sous cette forme. Il est clair que sur une journée, un même lingot peut changer de mains plusieurs fois (un même lingot qui passerait dans 171000 mains sur une journée donnerait ces 2134 tonnes). Cependant la plupart des détenteurs d’or l’achètent pour le garder au moins quelques jours et rarement pour le revendre quelques minutes après l’achat. Impossible de savoir exactement quelle proportion d’or de ces 2134 tonnes est conservée et quelle partie vient de l’achat et de la revente d’un même lingot. En s’appuyant sur le nombre d’actions échangées quotidiennement du fonds en or GLD par rapport au nombre total de ses actions, P.Mylchreest estime que pour un lingot qui est vendu il y a en a 30 qui ne le sont pas.
En considérant ce ratio de 30, le problème devient apparent car si 2134 tonnes sont échangées cela impliquerait que 30*2134 tonnes=64000 tonnes ne sont pas échangés. Or il n’y a dans le monde que 15000 tonnes échangeables, autrement dit 49000 tonnes d’or inexistant aurait été vendu (en considérant l’hypothèse très conservatrice que ces 15000 tonnes se trouvent disponible à Londres,ce qui est hautement improbable). Ce qui laisse à penser qu’en fait, 4 personnes différentes détiendraient un seul et même lingot, sur un compte commun, sans le savoir, par l’application du système de réserve fractionnée évoqué précédemment. La situation se noircit encore plus quand on réalise que les actions GLD sont très liquides et permettent de vendre ou d'acheter 0,1 once d’or. En conséquent ce ratio de 30 est ultra conservateur et on peut craindre que les banques appliquent le célèbre ratio de 10% de réserve ce qui signifierait qu’un même lingot appartiendrait à 10 personnes et donc que 135000 tonnes d’or inexistant auraient été vendues.
Par ailleurs Adrian Douglas constate en se basant sur l’évolution du cours de l’or par rapport à l’augmentation de la quantité de dollars en circulation qu’au moins 50000 tonnes d’or fictif ont dû être vendues, ce qui recoupe le chiffre de 49000 tonnes ci-dessus. Pour résumer, probablement entre 49000 et 135000 tonnes d’or fictif (soit entre 50 et 170% de tout l’or d'nvestissement extrait depuis 6000 ans) auraient été vendues depuis de nombreuses années, une position short colossale détenue par ces dealers qui pourrait un jour déboucher sur le plus grand short squeeze de tous les temps (sans que personne dans la grande presse n’y comprenne quoi que se soit).
Je parlais du scandale futur que la banque Rothschild qui faisait donc partie de ces dealers aurait peut-être voulu éviter en quittant « la partie » avant que le désastre ne se produise? Bien entendu ceci repose sur des hypothèses et on peut discuter des chiffres. Mais très raisonnablement on peut accepter le fait que la moindre augmentation de la demande en or physique risque de provoquer une explosion de ce marché sous très haute pression. Par ailleurs les rapports s’accumulent sur le fait qu’il devient de plus en plus difficile pour les bullions dealers de livrer ces lingots de 400 onces.
Or pourquoi ces dealers rencontreraient-ils la moindre difficulté de livraison: il leur suffit de prendre l’or de leurs coffres. La seule raison de ne pas pouvoir livrer est d’avoir vendu plus d’or que celui réellement entreposé dans leurs coffres. Ces problèmes de livraison démontrent donc qu’ils pratiquent bien une dangereuse réserve fractionnée.
Je conseille aux détenteurs d’or de bien s’assurer qu’ils possèdent de l’or physique qui leur est personnellement alloué de manière vérifiable.
L’or serait-il déjà en « backwardation » ?
Dans de précédents articles j’ai tenté de vulgariser les théories du professeur Fekete sur le fait que lorsque l’or sera en « backwardation », la crise financière aura atteint un point de non retour.
Pour rappel on dit qu’une matière première est en « backwardation » sur le marché des futures lorsque l’on observe que le prix de vente spot est supérieur au prix d’achat sur le marché à terme. L’écart entre ces deux prix serait le meilleur indicateur pour déterminer la confiance dans la monnaie papier.
L’or en backwardation signifie que des investisseurs sont prêts à payer davantage maintenant pour avoir de l’or physique immédiatement, plutôt que de payer moins un or qu’ils ne recevront que plus tard. Autrement dit l’or en backwardation veut dire que le monde émet un doute sur la fiabilité de l’argent papier qui se résume à « mieux vaut un lingot immédiatement qu’une liasse de papier ».
En décembre 2008, l’or est resté en backwardation quelques jours et depuis lors il en est sorti tout en restant très proche de cet état. Toutefois l’analyste Rob Kirby a révélé que deux banques centrales (dont celle du Royaume-Uni) auraient été obligées de voler au secours de leurs agents, JP Morgan Chase et Deutsche Bank pour les aider à livrer une grosse quantité d’or que ces banques avaient vendue à court terme (« forward ») sur le marché de l’or londonien (LBMA).
La contrepartie ayant exigé une livraison en or physique que ces banques n’avaient pas. Ce serait finalement de l’or de qualité inférieure (22 carat au lieu de 24) qui aurait été fourni. Pour l’anecdote l’or à 22 carat est principalement celui fondu par Roosevelt après la grande confiscation de l’or américain en 1930. Mais ce qu’il faut retenir c’est que si c’est exact, l’or physique réellement disponible sur le marché est franchement bien inférieur à ce que l’on croit, ce qui implique que l’or serait déjà en backwardation.
La Fed n’a qu’un seul souci: la déflation qu’elle considère comme la pire menace. C’est le spectre du scénario de 1930. Il a été « résolu » par F.Roosevelt (que Bernanke, président de la Fed admire) en dévaluant le dollar face à l’or: d’un seul coup les dettes exprimées en or pèsent moins lourd, les matières premières grimpent et in fine les prix repartent à la hausse pour la plus grande joie de Bernanke. Ainsi on comprend que la Fed ne s’inquiète pas comme auparavant de voir un dollar faiblir et l’or grimper. Le danger c’est que le marché de l’or étant tellement sous pression, la hausse du cours de l’or risque d’être brutale et bien plus forte que ne le souhaiterait la Fed.
Conclusion
Pourquoi cet article autour de l’or ? Certes pour susciter une réflexion sur les atouts de l’or physique comme protection contre les prochaines vagues de la crise. Mais non pas pour dire qu’il n’y a aucun avenir, pour personne, dans des placements en bourse ou directement dans des entreprises. Que du contraire, l’or est un vulgaire métal qui n’a quasi aucune utilité pratique. Dans l’absolu mieux vaut donc investir dans des entreprises qui produisent et sont au service de l’humanité.
Mais attention le comportement de l’or est un indicateur de la fragilité actuelle du système financier construit intégralement sur des dettes. Cette fragilité peut être porteuse de grands profits à condition d’identifier et d’interpréter correctement les signaux d’alarmes émis par l’or et de se positionner en conséquence. L’or lance une mise en garde et incite à la plus grande vigilance: plus que jamais les apparences boursières sont trompeuses.
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Source:
http://www.leseditionsromaines.com/?pg=economy
L’homme de la rue, le petit chef d’entreprise, l’ouvrier, l’employé voient une dégradation de la situation économique et du chômage
L’élément véritablement nouveau de ces derniers mois a été la montée du cours de l’or Quelle devise s’effondrera la première ? Que nous réserve l’avenir ?
Dettes publiques japonaises
Dettes publiques anglaises
Dettes publiques américaines
On a déjà beaucoup dit et écrit sur la dette publique américaine qui ne cesse de grossir mais quel est le véritable danger ?
Et finalement l’or face à cela ?
Quand des banques vendent de l’or inexistant
L’or serait-il déjà en « backwardation » ?
Conclusion
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L’homme de la rue, le petit chef d’entreprise, l’ouvrier, l’employé voient une dégradation de la situation économique et du chômage
Aux Etats-Unis, une personne sur huit survit grâce aux cartes d’alimentation et chaque jour quelques 20 000 personnes supplémentaires en dépendent. Les entreprises n'investissent pas par peur des taxes à venir ou du chômage qui grandit et par manque d’accès au crédit. Néanmoins, la plupart des économistes qui se concentrent essentiellement sur le PIB voient une reprise alors qu’il n’y a que des interventions gouvernementales massives pour éponger les pertes des banques ou pour acheter indirectement à crédit ce que les consommateurs réels n’achètent plus (par exemple en distribuant du cash pour acheter des voitures ou des maisons). Les analystes financiers voient eux aussi une reprise économique en observant la bourse atteindre de nouveaux sommets. Alors qu’il n’y a qu’un afflux de liquidités qui trouve sa source dans la Fed et qui s’écoule vers quelques banques américaines qui utilisent leurs High Frequency Trading Programs (HFTP) pour gagner de l’argent en bourse et justifier des bonus ahurissants.
D’ailleurs, partout dans le monde, les Etats ont montré qu’ils se tiennent prêts à voler au secours des banques. Ainsi, mi-décembre, l’Etat autrichien à qui le sauvetage des banques a pourtant déjà coûté 90 mlds d’euros, vient encore de nationaliser en urgence Hypo Alpe Adria qu’aucune autre institution n’a voulu sauver. Pas étonnant qu’avec de tels filets de sécurité, certaines banques ne reculent plus devant aucun risque pour engranger des profits sur les bourses. Devant une telle flambée boursière, même des gestionnaires de fonds prudents et réalistes ne peuvent expliquer à leurs clients qu’il est préférable de se tenir à l’écart. Ainsi pour ne pas perdre ceux-ci, ils se retrouvent contraints de prendre des risques contre leur volonté et à gonfler encore plus une remontée boursière qui ne repose sur rien.
La Fed continue à prêter des dollars aux banques à un taux proche de zéro et ces dernières prêtent aussitôt cet argent au gouvernement américain (en achetant des obligations gouvernementales) mais à un taux de 2 à 4%.
L’immobilier commercial aux Etats-Unis continue sa chute et les banques valorisent toujours certains actifs sur base de modèles plutôt que sur base de prix de marché ce qui contribue à rendre opaques les pertes futures. Les entreprises chinoises aux ordres du parti s’évertuent à produire alors qu’on se demande qui va consommer et quant aux banques chinoises, elles continuent à prêter et ainsi à accumuler les prêts douteux conformément aux directives des camarades dirigeants. Donc finalement, rien de neuf depuis mon dernier article paru en août dernier: une simple étincelle peut faire exploser le mélange détonant même s’il semble avoir une jolie couleur.
L’élément véritablement nouveau de ces derniers mois a été la montée du cours de l’or
En décembre 1997, alors que le cours de l‘or est à moins de 300 USD/once, le Financial Time titrait « l’or est mort » et expliquait qu’il s’était effondré lors du crash boursier de 1987, lors de la première guerre du golfe et enfin lors de la crise asiatique. Il était ainsi vaincu par… le tout puissant dollar américain. Mais on voit à présent que l’or n’était pas si mort et qu’il s’apprête même à prendre une fameuse revanche.
Officiellement l’or agit comme couverture du dollar. Il grimpe quand le dollar faiblit. C’est généralement vrai mais depuis le 21 octobre, l’or continue de grimper alors que la banque centrale européenne interdit à l’euro de franchir la barre des 1,5 face au dollar.
Que signifie cette poussée de l’or ?
On évoque naturellement les raisons classiques, et correctes, pour expliquer la flambée récente de l’or: les banques centrales sont devenues acheteuses, les mines s’appauvrissent, les chinois achètent en masse, l’or suit un profond trend haussier séculier (le cours a été multiplié par 4 ces 10 dernières années). Les spéculateurs, visant le court terme sur le marché des matières premières, ont récemment plongé sur l’or. Les grands fonds d’investissement peuvent « acheter » de l’or via les Exchange Traded Funds (ETF) et même les HFTP commencent à se tourner vers l’or .
Traditionnellement l’or est aussi présenté comme une couverture contre l’inflation. Cela semble logique mais en pratique cela n’a pas été le cas. Ainsi alors que l’inflation sévissait de 1980 à 1997, l’or est passé de 850 USD/once à 300 USD/once, entre autres, parce que le marché de l’or n’est pas libre (voir ci-après).
Malgré cela, pour beaucoup, la grimpée de l’or et des bourses seraient la preuve que l’inflation, voire l’hyperinflation serait à nos portes, compte tenu des dettes gouvernementales colossales. Mais on voit que les crédits bancaires s’effondrent, que les prêts hypothécaires font de plus en plus défaut, que les nuages et cygnes noirs s’agglutinent autour de l’immobilier commercial américain, etc.
Dans un système bancaire de réserve fractionnée tel que nous le connaissons, il ne peut y avoir d’inflation monétaire (et donc in fine des prix) sans augmentation des crédits par les banques ; à moins d’agir comme Mugabe au Zimbabwe et d’ordonner à la banque centrale de créer de l’argent sans fin pour permettre au président de payer directement ses partisans, la police, l’armée, les fonctionnaires, etc. On ne peut exclure, un jour, une approche Mugabétiste de la gestion publique en Amérique, au Royaume-Uni, au Japon ou ailleurs mais on n’en est absolument pas là.
Donc, reste la grande question de savoir pourquoi l’or grimpe. Il est à noter que le marché de l’or est tout, sauf libre. Donc pour le comprendre il ne faut pas négliger les influences cachées. En plus des diverses explications « occultes » que j’exposerai ci-après, on remarquera que toutes les causes gravitent autour d’une même raison: l’or est le dernier refuge quand on doute de la valeur de l’argent-dette sous forme de papier ou électronique.
Comme évoqué dans un précédent article, le mécanisme qui conduit à l’effondrement d’une monnaie commence bien évidemment par l’émission excessive d’emprunts par un gouvernement. Dans un premier temps, ces emprunts se font à court terme et ensuite le gouvernement tente de convertir cette dette en une dette à long terme. Les investisseurs exigent des taux longs corrects pour se garantir un rendement à la hauteur du risque encouru. Puis le cancer se développe, autrement dit la méfiance, le doute dans la capacité de l’Etat à honorer ses dettes à long terme et alors un seuil critique est atteint au-delà duquel les choses s’accélèrent et les taux longs explosent.
Est-ce que l’or réagit face à l’accumulation historique de dettes publiques au Japon, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis ? Ou réagit-il à la compétition que mènent certaines banques centrales pour dévaluer leur devise plus vite que d’autres (USD, Yen, Livre Sterling, Franc Suisse, Yuan,…etc) ?
Quelle devise s’effondrera la première ? Que nous réserve l’avenir ?
Selon la Deustche Bank, en 2010, même l’Allemagne, pourtant si rigoureuse depuis l’hyperinflation de Weimar, devrait avoir un déficit de 6.5% du PIB soit plus que l’Italie avec ses 6.2%. Et ce chiffre est antérieur à l’annonce de la Bundesbank en novembre dernier sur ce que les banques allemandes détiennent encore pour 90 mlds d’euros de cadavres dans leurs placards pour 2010. Face à ces énormes pertes, Angela Mekel a déclaré que « nous sommes dans une situation très critique ! ».
Il n’y a pas qu’en Allemagne que les banques craignent de lourdes pertes et par conséquent refusent de prêter. A noter également que le chômage qui ne cesse de grimper fait peser de graves inquiétudes sur la solvabilité des emprunteurs. Ainsi en Espagne par exemple, 43% des jeunes de moins de 25 ans sont sans-emploi! C’est finalement sans surprise que la déflation monétaire se creuse en Europe avec un paramètre M3 qui se contracte pour la première fois depuis 50 ans.
Dans ces conditions, il est clair que les fameux 3% du pacte de stabilité de l’euro sont oubliés. Les gouvernements européens sont prêts à tous les emprunts pour subsidier l’économie. Ainsi l’Irlande, autrefois citée en exemple, pour son économie alimentée par les crédits faciles, va voir ses dettes publiques atteindre 83% du PIB (elles n’étaient que de 25% en 2007). Quant à la Grèce, avec ses dettes publiques qui pourraient atteindre 130% de son PIB (selon Fitch), elle voit ses bons d’Etats glisser inexorablement sur une pente dangereuse. Précisement à un moment où les banques grecques sont cruellement dépendantes de repos avec la Banque Centrale Européenne (BCE).
Ces dernières subissent ainsi de douloureux appels de marge alors que la valeur des bons d’Etats grecs, qu’elles ont livrés en gage, ne cesse de baisser. Sans même parler de la situation sociale assez instable qui ne permettra pas au gouvernement de Mr Papandreou de faire des économies en prenant des mesures draconiennes telles des gels de salaires ou des réductions d’avantages sociaux.
De son côté la BCE reste impuissante: outre le fait que je doute qu’une banque centrale ne puisse véritablement contrôler quoi que se soit, une difficulté supplémentaire vient du fait qu’il n’existe pas d’obligation émise par l’Europe; il n’y a que des dettes publiques nationales qui entraînent des tensions asymétriques sur l’euro. Sans parler de la situation encore pire des pays baltes, de la Bulgarie ou de la Hongrie qui, selon l’économiste Ivan Tchakarov, spécialiste de la région pour la banque Nomura, ont des dettes en devises étrangères supérieures à 100% de leurs PIB respectifs. Et dans ce cas, impossible de réduire ces dettes par une dévaluation de la monnaie locale: une situation qui n’est pas sans rappeler celle de l’Islande avant son effondrement…
L’Islande s’est effondrée et récemment l’émirat de Dubaï (ce n’est pas l’injection de 10 mlds de USD de l’Emirat voisin qui va durablement régler le problème de la colossale bulle immobilière dubaïote). Est-ce qu’une telle chose est possible pour la devise d’une économie majeure ?
Dettes publiques japonaises
Depuis 20 ans le Japon met en pratique les doctrines keynésiennes sans le moindre résultat économique si ce n’est une orgie de dettes publiques.
Le FMI estime qu’au Japon les dettes publiques atteindront plus du double du PIB (227%) en 2010. Jusqu’à présent, la population japonaise a, bon gré mal gré, prêté à son gouvernement mais le prix des Credit Default Swaps pour se protéger contre un défaut du gouvernement japonais a doublé depuis septembre dernier alors que l’on n’observe rien de semblable pour d’autres grands pays industrialisés. C’est un premier signe que le marché commence à mal digérer toutes ces dettes.
Le taux d’épargne est passé de 15% à 2%, la population vieillit et de moins en moins de jeunes arrivent sur le marché du travail alors que le chômage augmente. En conséquence, pour faire face à leurs engagements, les grands fonds de pension nippons vendent les bons d’Etat japonais qu’ils avaient accumulés jusqu’à présent.
Ce qui n’empêche pas le nouveau ministre des finances japonais d’annoncer la couleur lorsqu’il déclare en octobre dernier devant le club de la presse à Tokyo : « il est maintenant temps d’être audacieux et d’émettre encore plus d’obligations d’Etat ».
Il envisage un nouvel emprunt en yen pour l’équivalent de 550 mlds de USD afin de financer tous les cadeaux que les nouveaux élus avaient généreusement promis durant la campane électorale; ceci alors que les revenus fiscaux sont en baisse de 27%, que la production industrielle est en chute de 19% et que la déflation des prix a atteint un record absolu de 2.4% en octobre. Et pour rajouter de l’huile sur le feu, la banque centrale japonaise annonce qu’elle va injecter l’équivalent de 115 mlds de USD dans l’économie.
Suite à cette annonce,l’or a franchi les 1200 USD/once. La seule chose qui va être relancée est l’infâme yen cary trade et ce seront certainement les matières premières qui vont accueillir toutes ces liquidités.
Comment cela va-t-il se terminer ? Pour ma part je ne peux m’empêcher d’approuver les déclarations de Hideo Kumano, économiste en chef du Dai-Ichi Life Research Institute à Tokyo : « le yen est sur le point d’entamer un long déclin en terme de valeur et de réputation. Compte tenu des finances et de l’économie nippone, la récente force du yen n’est pas une affirmation du Japon mais bien le dernier hourrah du yen ». Simon Johnson, ancien chef économiste du FMI, ne dit rien d’autre lorsqu’il déclare devant le Congrès américain que les dettes nippones sont hors de contrôle et qu’il existe un risque réel que le Japon puisse terminer par un défaut de paiement majeur !
Dettes publiques anglaises
Début décembre, la banque Morgan Stanley publiait dans une note destinée à ses clients que le Royaume-Uni risquait d’être la première grande économie à vivre une fuite des capitaux et une crise du crédit de grande ampleur. Le danger serait que le gouvernement anglais soit incapable de « restaurer une crédibilité fiscale ». Les taux longs pourraient grimper et atteindre des niveaux que l’on connait dans des pays comme la Grèce.
Une agence de rating pourrait même dégrader le Royaume-Uni et sa dette publique deviendrait alors plus risquée que celles d’entreprises comme BP, GSK, ou Tesco. Cette analyse de Morgan Stanley semble probable.
Il faut dire que les déficits publics anglais atteignent 14.5% du PIB et que la vieille banque centrale anglaise (contrairement à la Fed bien plus discrète) ne se cache pas pour financer ces déficits en créant directement le tiers du montant en livres nouvelles, tout en maintenant les taux courts tout juste au-dessus de zéro. Malgré cette injection et contrairement à d’autres pays dont les Etats-Unis, le Royaume-Unis n‘est pas parvenu à ramener son PIB en territoire positif pour le 3èmetrimestre.
Remarquons toutefois qu’en ces temps de crise historique, un PIB légèrement positif n’a rien à voir avec une éventuelle reprise: cela signifie simplement que pour ramener son PIB au-dessus de zéro, le gouvernement anglais devrait dépenser encore plus et recapitaliser un peu moins les banques. Quant à l’immobilier (surtout à Londres), il a encore une longue chute devant lui quand on le mesure par rapport aux salaires; sans parler du fait que l’économie anglaise est fortement dépendante de la City et de son secteur financier et que l’Etat anglais a déjà déboursé l’équivalent de 1450 mlds de USD pour le sauver (à comparer avec les 1100 mlds de USD américain mais avec une économie 5 fois plus petite).
Dettes publiques américaines
P.Krugman prix Nobel d’économie estime que même si la dette américaine par rapport au PIB va probablement doubler prochainement, ce ratio restera inférieur à celui observé en Italie ou même en Belgique. Et comme ces pays s’en sortent relativement bien, il n’y a pas de raison pour que les USA ne fassent pas de même! Vraiment ?
Une première différence majeure est qu’aucun de ces pays européens n’émet une monnaie considérée comme réserve mondiale. Contrairement aux Etats-Unis, ce sont habituellement les populations nationales qui prêtent à leurs gouvernements respectifs. Par contre ce sont l’Asie et les pétro-monarchies qui prêtent au gouvernement américain, du moins, jusqu’à présent.
Ainsi la Chine, par exemple, prête au gouvernement américain pour une seule raison: recycler les dollars que les consommateurs américains lui donnent en échange des produits chinois qui remplissent les centres commerciaux. Or comme le consommateur américain achète moins de produits chinois, il y a moins de dollars à recycler et donc à prêter au gouvernement Obama.
De plus en Europe, la population est « habituée » à être taxée par tous les moyens possibles pour financer les déficits publics alors qu’avant la crise et en terme de PIB, les recettes fiscales du gouvernement américain étaient historiquement stables . Autrement dit, les américains ne sont absolument pas préparés à subir les foudres taxatrices que les européens endurent régulièrement.
En fait, jusqu’avant l’ère Bush Jr, les déficits publics américains étaient restés sous contrôle et c’est pour cela que le gouvernement américain pouvait emprunter à bon compte sans taxer trop lourdement. Mais face aux irresponsabilités guerrières des gouvernements Bush Jr et Obama, on peut s’attendre à ce que le coût de cette dette finisse par augmenter.
Le gouvernement parvient encore à masquer le chiffre réel du chômage (supérieur à 17%) en définissant une personne sans emploi de manière bien particulière et en ajustant les chiffres par un modèle statistique douteux en période de crise. Mais il y a un indicateur de crise qui ne trompe pas: ce sont les revenus fiscaux. Ces 12 derniers mois les revenus fiscaux des personnes physiques sont en chute de 8% et ceux provenant des entreprises ont fondu de 64% ! Et il n’y a pas que le gouvernement fédéral qui voit ses revenus fiscaux diminuer, il en va de même pour toute une série d’Etats (comme la Californie, le New Jersey, la Floride…) qui compensent en s’enfonçant dans les dettes. Ainsi, le gouverneur de l’Etat de New York vient de déclarer que pour la première fois dans l’histoire, l’Etat de New York sera en déficit en décembre 2009.
Alors, même si Obama voulait utiliser les recettes européennes afin de pressurer encore davantage ses concitoyens, il n’y parviendrait pas : le consommateur américain a tout simplement de moins en moins de revenus taxables.
Et il n’y a pas que ses revenus qui sont en baisse, ses lignes de crédits sont elles aussi en diminution. Malgré tous les efforts du gouvernement US et malgré la propagande diffusée sur les grands médias financiers, le consommateur américain qui représentait encore il y a peu les 2/3 du PIB américain, et donc quasi le tiers du PIB mondial, refuse obstinément de consommer.
Au deuxième trimestre 2008 le montant total des lignes de crédit inutilisées sur les cartes de crédit américaines atteignaient un niveau record de 4700 mlds de USD mais le dernier rapport, fin novembre 2009, montre que ce montant a fondu de 1200 mlds de USD et qu'il va continuer à diminuer dans les prochains mois. Un montant astronomique que le consommateur américain ne pourra pas utiliser pour donner à la reprise un semblant de réalité. En fait de reprise, c'est la déflation monétaire qui s'accélère par la destruction, le non renouvellement et le non remboursement des crédits.
On entend souvent dire que la Fed peut créer des dollars à partir de rien, de sorte qu’il y aura toujours assez de dollars pour payer la dette publique. Naturellement, il s’agit d’une grave erreur de compréhension sur la manière dont l’argent est créé: schématiquement la Fed émet des dollars en échange de dettes publiques (dettes que l’Etat doit rembourser et sur lesquelles il doit payer des intérêts). La création de dollars nouveaux est liée à la création de nouvelles dettes (à l’achat de bons d’Etat). Donc c’est absurde de croire que la Fed pourrait « rembourser » les dettes publiques avec de l’argent nouveau. Comme je l’ai largement évoqué dans de précédents articles, la Fed achète indirectement (et relativement clandestinement) le plus d’obligations gouvernementales américaines possibles. Et d’ailleurs ces derniers temps, ce sont surtout des dettes liées à des crédits hypothécaires qu’elle achète massivement. La Fed était déjà le plus gros concessionnaire auto, elle sera bientôt le plus grand propriétaire immobilier. Tout ceci contribue lourdement à adosser le dollar à des actifs très douteux et fragilise chaque jour un peu plus sa valeur de monnaie de réserve mondiale. La Fed est parfaitement consciente de la faiblesse du dollar mais, sa hantise étant la déflation, elle tente par tous les moyens de créer de l’inflation des prix en dévaluant le dollar (par rapport à l’or, aux matières premières,…) afin de pousser à la hausse le prix des produits importés. La plupart des banques centrales font d’ailleurs la même chose pour lutter contre la déflation des prix. C’est dans la bourse américaine que cette inflation désirée par la Fed se manifeste mais pas ailleurs. Ce faisant elle joue avec le feu car à ce petit jeu, elle se rapproche du point critique où il y a une perte de confiance dans la monnaie. Une fois ce point dépassé, la réaction s’emballe, devient incontrôlable et on bascule dans l’hyperinflation qui se termine par la mort de la devise.
Bien entendu nous n’en sommes pas encore là. On peut s’attendre avant cela à un fabuleux dollar « short squeeze » (et donc un renforcement provisoire de cette devise) quand le prochain crash boursier entraînera un nouveau débouclage brutal du carry trade invraisemblable qui a alimenté le NYSE ces derniers mois, encouragé par des taux ridiculement faibles aux Etats-Unis.
En attendant la lointaine hyperinflation finale, une profonde déflation continue de s’installer. Mais on se rapproche néanmoins chaque jour de ce point de perte de confiance qui sera d’ailleurs intimement lié à la montée en puissance des DTS du FMI dont j’ai déjà largement parlé dans de précédents articles.
On a déjà beaucoup dit et écrit sur la dette publique américaine qui ne cesse de grossir mais quel est le véritable danger ?
Personne n’imagine une seule seconde que cette dette sera remboursée un jour mais là n’est pas le véritable problème (aucune dette publique ne sera remboursée puisque les dettes publiques sont la source à partir de laquelle l’argent est créé). Le nœud du problème se situe dans la maturité de cette dette: elle est essentiellement à court terme et plus elle se creuse, plus sa maturité diminue. En fait, 53% de cette dette devra être remboursée dans moins de 2 ans ! Autrement dit, l’Etat américain doit constamment emprunter pour rembourser les emprunts précédents (ce qu’on appelle le « roll over »): dans les prochains mois, l’Etat devra emprunter 1600 mlds de USD, dans moins d’un an il devra trouver 3000 mlds de USD. Comme ses recettes annuelles sont actuellement de 2104 mlds de USD et ses dépenses de 3521 mlds de USD, il est bien obligé d’emprunter sans fin.
Et comme tous les gouvernements empruntent massivement, où trouver sur le marché des prêteurs encore disponibles (mise à part la Fed)? Pour convertir sa dette à court terme en dette à long terme, l’Etat devrait offrir des taux longs très alléchants. Toutefois une montée des taux longs serait fatale à la bourse (à condition qu’elle fonctionne normalement) et aussi à un marché immobilier moribond que le gouvernement veut relancer.
Et si cette montée est trop rapide, le marché des produits dérivés liés aux taux d’intérêts risque de réagir brutalement avec des conséquences inimaginables. Mais sans même évoquer un scénario apocalyptique, cette conversion rendrait les charges d’intérêts de la dette publique encore plus importantes à payer, ce qui pousserait à encore plus d’emprunts et donc à des taux encore plus élevés. Une spirale vicieuse jusqu’à la fameuse perte de confiance évoquée ci-avant; situation que l’Argentine a par exemple traversée en 2002. Et au moment où j’écris ces lignes cette spirale se met inéluctablement en place: il faut remonter 30 ans en arrière pour constater un écart aussi important entre le taux à 30 ans et celui à 2 ans (à la mi-décembre, le 2s30s est à 372bps).
Et finalement l’or face à cela ?
L’or est un étrange instrument très rare (la production est en baisse et chaque année; on en extrait péniblement 2500 tonnes soit moins de 2% de la quantité totale extraite à ce jour). Dans l’histoire humaine, il se comporte parfois comme une monnaie, comme une matière première ou comme une valeur de refuge (une réserve de valeur). Pour les uns c’est un instrument du passé qui ne rapporte rien (ni intérêt, ni dividende) et qui évolue dans une bulle. Pour les autres, il représente la seule véritable protection contre la crise. Ces derniers mois, le cours de l’or a fortement fluctué dans son canal ascendant qui a démarré il y a une dizaine d’années.
L’or attire des spéculateurs à la recherche de profits rapides qui sont prêts à quitter ce marché au moindre signe de baisse. Mais l’or a aussi attiré l’attention d’investisseurs nouveaux visant le long terme. Ceux-ci ont réalisé que ce métal s’inscrit dans une tendance haussière durable et ils profitent de chaque baisse pour acheter et « rattraper le temps perdu ».
On entend souvent dire que l’or évolue dans une bulle. Mais les bulles obéissent à certaines caractéristiques qui se sont d’ailleurs clairement manifestées lors des deux dernières en date, à savoir, les dotcom (bulle Internet) et l’immobilier américain.
Une bulle démarre par la perception d’une demande future supérieure à l’offre de l’objet convoité. Cette impression pousse le prix à la hausse. La plupart du temps, la mise à disposition de fortes liquidités via le crédit et/ou les produits dérivés accélère brutalement la croissance de la bulle jusqu’à l’explosion. Mais sans vouloir s’attarder sur la mécanique, j’aimerais signaler les points communs. Observons ainsi que l’objet convoité peut à un certain moment être produit en grande quantité pour répondre à la pseudo demande (cas de l’immobilier). Ou bien il est possible d’évaluer objectivement cet objet convoité via des paramètres tangibles, tels les salaires, les loyers, les taux d’intérêts, les rapports de prix sur bénéfices, les profits, etc. et de comparer cette évaluation avec le cours de bourse de cet objet. Il est établi que le prix de l’or est essentiellement fonction de sa demande comme instrument d’investissement. Si le prix augmente cela veut dire que des investisseurs en achètent. Se faisant ils poussent le cours de l’or à la hausse et attirent d’autres investisseurs. Mais cette augmentation de la demande ne peut inciter à produire plus: l’or existe sur terre en quantité bien définie et est de plus en plus rare. Ce n’est pas comme des maisons que l’on peut construire, ou des sociétés internet que l’on peut multiplier à l’infini. L’or n’a aucune valeur intrinsèque que l’on puisse quantifier par des paramètres tangibles; on ne peut le décomposer, il ne produit rien, il ne paye aucun dividende. L’or ne répond donc pas aux caractéristiques classiques des bulles. Le cours de l’or est uniquement le résultat de l’offre et de la demande, il peut théoriquement atteindre n’importe quel niveau et par conséquent ne peut évoluer dans une bulle.
Le seul moyen de casser durablement le cours de l’or est de détourner les investisseurs en faisant grimper les taux d’intérêts tout en ayant des dettes publiques « raisonnables », un surplus commercial, des institutions financières « saines » et une économie capable d’encaisser ce choc d’une forte montée des taux. Ce qui était effectivement le cas en 1980 mais qui est totalement différent en 2009.
Quel est le potentiel de croissance de l’or ? Depuis 1980, l’or a progressé de 60%, l’inflation officielle en Amérique a augmenté de 175%, la bourse de 900% et la masse monétaire de 500%. L’or rattrape simplement son retard.
Pour comprendre le cours de l’or et véritablement apprécier son potentiel de croissance, il faut réaliser qu’il évolue sur un marché qui n’est pas vraiment libre et que ces dernières années de grands acteurs ont vendu et d’autres ont acheté de grandes quantités d’or inexistant. Certains sont « short » d’un or qu’ils ne pourront jamais livrer et d’autres prétendent être « long » d’un or absent de leur coffre (voir ci-après). Celui qui ignore ces hypothèses ne peut expliquer durablement le cours de l’or. Face à cela, ce qui fera exploser le cours de l’or c’est l’accumulation constante d’or physique, même en petite quantité, par l’homme de la rue et les investisseurs avisés. Pourquoi dans chacun de mes articsles j’évoque ce métal qui n’a quasi aucune utilité industrielle (à peu près 50% des 163000 tonnes d’or sur terre existent sous forme de lingots et de pièces et l’autre moitié sous forme de bijoux)? Le professeur Fekete (San Francisco School of Economics) défini l’or comme le seul extincteur de dettes. C’est effectivement la seule valeur de refuge contre une perte de confiance dans un système financier centré sur la monnaie-dette.
La grande révolution s’est produite il y a 5 ans, avec la naissance d’un fonds lié à l’or (le fonds GLD) permettant à n’importe quel investisseur d’investir facilement dans l’or. J’ai déjà évoqué le fait que certains s’interrogent sérieusement sur la quantité d’or physique réellement présente dans les coffres de GLD. C’est d’ailleurs à cette époque, que la banque NM Rothschild s’est retirée du fixing quotidien du prix spot de l’or à Londres qu’elle dirigeait depuis 85 ans car selon la raison invoquée, cela ne lui rapportait quasi rien.
Les compétences financières de cette famille sont légendaires, elle traverse la crise sans le moindre problème: il n’existe aucun article, même sur Internet, pouvant laisser croire que cette banque gérée de main de maître rencontrerait des difficultés. Depuis 7 générations, cette prestigieuse famille règne magistralement sur la finance mondiale, alors pourquoi s’est-elle retirée du fixing de l’or qu’elle a dominé depuis son origine? Se pourrait-il qu’elle connaisse parfaitement les opérations frauduleuses autour de l’or et qu’elle ne souhaite pas que son célèbre nom y soit associé?
De quelles opérations s’agit-il ? J’ai déjà longuement parlé de positions de ventes à découvert proprement astronomiques de certaines grosses banques sur le marché des futures de l’or (COMEX). De telles concentrations de positions, dans si peu de mains, devraient inciter les autorités de marché à enquêter ? Pourquoi ce même Comex autorise-t-il la livraison d’or sous la forme d’actions du fonds GLD compte tenu des doutes qui entourent ce fonds (déjà largement évoqués dans un précédent article) ?
Quand des banques vendent de l’or inexistant
De même que lorsqu’un investisseur achète une action il laisse celle-ci en dépôt (électronique) chez son intermédiaire financier, de même les détenteurs d’or le laissent souvent en dépôt auprès de leur « bullion dealer ».
Le danger est que la banque détentrice ne fasse avec l’or ce qu’elle fait déjà avec l’argent papier en dépôt, à savoir n’en garder que 10% et, à l’insu des clients, utiliser le reste. De son point de vue il pourrait ne pas y avoir de grandes différences: l’essentiel est de garder assez d’or en réserve pour répondre à une demande de retrait mais il est peu probable que tous les détenteurs viennent chercher leur or au même moment.
En 2005 la banque Morgan Stanley a été traînée devant la justice pour avoir vendu de l’or inexistant (et même avoir demandé à ses clients des frais de gardes pour cet or fictif). La banque a préféré éviter un procès et un scandale en dédommageant à l’amiable ses clients. Ainsi l’analyste Adrian Douglas estime que l’on peut légitimement croire que d’autres font la même chose. Pour cela il s’appuie sur l’étude menée par Paul Mylchreest que je ne peux que résumer brièvement dans cet article et portant sur les achats et ventes sur le marché de l’or londonien OTC (« over the counter »).
C’est sur ce marché que quasi tout l’or physique se vend ou s’achète entre des dealers pour compte de clients finaux. Et 95% de ce trading se fait à partir de comptes en or non ségrégés (autrement dit pour chaque dealer un compte oùplusieurs détenteurs finaux laissent leur or sans qu’il ne leur soit personnellement alloué). Selon son étude fouillée et basée sur les données disponibles d’achats et de ventes, P.Mylchreest estime que le volume quotidien de transactions atteint 2134 tonnes d’or (soit 346 fois plus que l’or extrait quotidiennement dans le monde !).
L’or est vendu ou acheté sous forme de lingot de 400 onces et il existerait dans le monde uniquement 15000 tonnes d’or sous cette forme. Il est clair que sur une journée, un même lingot peut changer de mains plusieurs fois (un même lingot qui passerait dans 171000 mains sur une journée donnerait ces 2134 tonnes). Cependant la plupart des détenteurs d’or l’achètent pour le garder au moins quelques jours et rarement pour le revendre quelques minutes après l’achat. Impossible de savoir exactement quelle proportion d’or de ces 2134 tonnes est conservée et quelle partie vient de l’achat et de la revente d’un même lingot. En s’appuyant sur le nombre d’actions échangées quotidiennement du fonds en or GLD par rapport au nombre total de ses actions, P.Mylchreest estime que pour un lingot qui est vendu il y a en a 30 qui ne le sont pas.
En considérant ce ratio de 30, le problème devient apparent car si 2134 tonnes sont échangées cela impliquerait que 30*2134 tonnes=64000 tonnes ne sont pas échangés. Or il n’y a dans le monde que 15000 tonnes échangeables, autrement dit 49000 tonnes d’or inexistant aurait été vendu (en considérant l’hypothèse très conservatrice que ces 15000 tonnes se trouvent disponible à Londres,ce qui est hautement improbable). Ce qui laisse à penser qu’en fait, 4 personnes différentes détiendraient un seul et même lingot, sur un compte commun, sans le savoir, par l’application du système de réserve fractionnée évoqué précédemment. La situation se noircit encore plus quand on réalise que les actions GLD sont très liquides et permettent de vendre ou d'acheter 0,1 once d’or. En conséquent ce ratio de 30 est ultra conservateur et on peut craindre que les banques appliquent le célèbre ratio de 10% de réserve ce qui signifierait qu’un même lingot appartiendrait à 10 personnes et donc que 135000 tonnes d’or inexistant auraient été vendues.
Par ailleurs Adrian Douglas constate en se basant sur l’évolution du cours de l’or par rapport à l’augmentation de la quantité de dollars en circulation qu’au moins 50000 tonnes d’or fictif ont dû être vendues, ce qui recoupe le chiffre de 49000 tonnes ci-dessus. Pour résumer, probablement entre 49000 et 135000 tonnes d’or fictif (soit entre 50 et 170% de tout l’or d'nvestissement extrait depuis 6000 ans) auraient été vendues depuis de nombreuses années, une position short colossale détenue par ces dealers qui pourrait un jour déboucher sur le plus grand short squeeze de tous les temps (sans que personne dans la grande presse n’y comprenne quoi que se soit).
Je parlais du scandale futur que la banque Rothschild qui faisait donc partie de ces dealers aurait peut-être voulu éviter en quittant « la partie » avant que le désastre ne se produise? Bien entendu ceci repose sur des hypothèses et on peut discuter des chiffres. Mais très raisonnablement on peut accepter le fait que la moindre augmentation de la demande en or physique risque de provoquer une explosion de ce marché sous très haute pression. Par ailleurs les rapports s’accumulent sur le fait qu’il devient de plus en plus difficile pour les bullions dealers de livrer ces lingots de 400 onces.
Or pourquoi ces dealers rencontreraient-ils la moindre difficulté de livraison: il leur suffit de prendre l’or de leurs coffres. La seule raison de ne pas pouvoir livrer est d’avoir vendu plus d’or que celui réellement entreposé dans leurs coffres. Ces problèmes de livraison démontrent donc qu’ils pratiquent bien une dangereuse réserve fractionnée.
Je conseille aux détenteurs d’or de bien s’assurer qu’ils possèdent de l’or physique qui leur est personnellement alloué de manière vérifiable.
L’or serait-il déjà en « backwardation » ?
Dans de précédents articles j’ai tenté de vulgariser les théories du professeur Fekete sur le fait que lorsque l’or sera en « backwardation », la crise financière aura atteint un point de non retour.
Pour rappel on dit qu’une matière première est en « backwardation » sur le marché des futures lorsque l’on observe que le prix de vente spot est supérieur au prix d’achat sur le marché à terme. L’écart entre ces deux prix serait le meilleur indicateur pour déterminer la confiance dans la monnaie papier.
L’or en backwardation signifie que des investisseurs sont prêts à payer davantage maintenant pour avoir de l’or physique immédiatement, plutôt que de payer moins un or qu’ils ne recevront que plus tard. Autrement dit l’or en backwardation veut dire que le monde émet un doute sur la fiabilité de l’argent papier qui se résume à « mieux vaut un lingot immédiatement qu’une liasse de papier ».
En décembre 2008, l’or est resté en backwardation quelques jours et depuis lors il en est sorti tout en restant très proche de cet état. Toutefois l’analyste Rob Kirby a révélé que deux banques centrales (dont celle du Royaume-Uni) auraient été obligées de voler au secours de leurs agents, JP Morgan Chase et Deutsche Bank pour les aider à livrer une grosse quantité d’or que ces banques avaient vendue à court terme (« forward ») sur le marché de l’or londonien (LBMA).
La contrepartie ayant exigé une livraison en or physique que ces banques n’avaient pas. Ce serait finalement de l’or de qualité inférieure (22 carat au lieu de 24) qui aurait été fourni. Pour l’anecdote l’or à 22 carat est principalement celui fondu par Roosevelt après la grande confiscation de l’or américain en 1930. Mais ce qu’il faut retenir c’est que si c’est exact, l’or physique réellement disponible sur le marché est franchement bien inférieur à ce que l’on croit, ce qui implique que l’or serait déjà en backwardation.
La Fed n’a qu’un seul souci: la déflation qu’elle considère comme la pire menace. C’est le spectre du scénario de 1930. Il a été « résolu » par F.Roosevelt (que Bernanke, président de la Fed admire) en dévaluant le dollar face à l’or: d’un seul coup les dettes exprimées en or pèsent moins lourd, les matières premières grimpent et in fine les prix repartent à la hausse pour la plus grande joie de Bernanke. Ainsi on comprend que la Fed ne s’inquiète pas comme auparavant de voir un dollar faiblir et l’or grimper. Le danger c’est que le marché de l’or étant tellement sous pression, la hausse du cours de l’or risque d’être brutale et bien plus forte que ne le souhaiterait la Fed.
Conclusion
Pourquoi cet article autour de l’or ? Certes pour susciter une réflexion sur les atouts de l’or physique comme protection contre les prochaines vagues de la crise. Mais non pas pour dire qu’il n’y a aucun avenir, pour personne, dans des placements en bourse ou directement dans des entreprises. Que du contraire, l’or est un vulgaire métal qui n’a quasi aucune utilité pratique. Dans l’absolu mieux vaut donc investir dans des entreprises qui produisent et sont au service de l’humanité.
Mais attention le comportement de l’or est un indicateur de la fragilité actuelle du système financier construit intégralement sur des dettes. Cette fragilité peut être porteuse de grands profits à condition d’identifier et d’interpréter correctement les signaux d’alarmes émis par l’or et de se positionner en conséquence. L’or lance une mise en garde et incite à la plus grande vigilance: plus que jamais les apparences boursières sont trompeuses.
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Source:
http://www.leseditionsromaines.com/?pg=economy