Yémen: la contestation touche le nord
[Des manifestants anti-gouverment, le 21 février 2011 à Sanaa au Yémen - © 2011 AFP - Ahmad Gharabli]
La contestation contre le régime du président Ali Abdallah Saleh s'est étendue lundi au nord chiite du Yémen, tandis que des dizaines de milliers de personnes organisaient un sit-in dans la capitale Sanaa et qu'un manifestant était tué par la police à Aden, dans le sud. Evénement
Le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a indiqué lundi qu'il ne partirait "que par les urnes", alors que le mouvement de contestation qui a débuté le 16 février a fait au moins douze victimes dans la seule ville d'Aden (Sud), selon un décompte élaboré par l'AFP à partir de sources médicales.
Mais le ministère de l'Intérieur, dans un communiqué cité par l'agence officielle Saba, a affirmé lundi que les violences n'ont fait que quatre morts au total.
[Carte de localisation de Sanaa, Aden, Taez et Hodeïda où des manifestants demandent la chute du régime du président Saleh - © 2011 AFP - ]
A Saada (Nord), "des dizaines de milliers de personnes ont participé à une marche pour demander la chute du régime à l'appel du (chef de la rébellion zaïdite) Abdel Malek al-Houthi et du Forum commun," l'opposition parlementaire, a indiqué à l'AFP l'un des organisateurs.
Selon lui, les manifestants ont proclamé leur soutien aux protestataires qui ne cessent de manifester à Sanaa, Aden et dans d'autres villes yéménites pour réclamer des réformes radicales.
La rébellion chiite zaïdite avait proclamé samedi son soutien au mouvement de protestation.
En février, forces gouvernementales et rebelles chiites avaient signé un cessez-le-feu dans le nord du Yémen. La reprise des combats en août 2009 dans ce conflit récurrent depuis 2004 avait provoqué un exode massif de la région de Saada, bastion de la rébellion contre Sanaa.
Dans la capitale, des milliers de personnes ont entamé un sit-in pour exiger le départ du président Saleh. Ils ont été rejoints par une douzaine de députés de l'opposition.
[Le président du Yémen Ali Abdallah Saleh tient une conférence de presse, le 21 février 2011 à Sanaa - © 2011 AFP - Mohammad Huwais]
Ce sit-in intervient au lendemain de la décision de l'opposition parlementaire de se joindre à la contestation jusque là menée essentiellement par des étudiants.
"Le peuple veut le changement" ou "le peuple veut la chute du régime", proclamaient des banderoles accrochées par les manifestants. Certains ont dressé des tentes avec l'intention de passer la nuit sur place.
"Les étudiants ne partiront pas avant que le président ne s'en aille ou qu'ils tombent mort", a assuré l'un des manifestants, Mouammar al-Haidari.
Pour leur part, les ulémas du Yémen ont prohibé le recours à la force contre les manifestants.
Les forces de sécurité ont érigé des postes de contrôle aux accès de la place mais n'ont pas tenté de disperser les manifestants.
Les manifestations, qui se déroulent quotidiennement à Sanaa depuis une dizaine de jours, ont été violemment réprimées par des partisans du pouvoir.
Dimanche, pour la première fois, les manifestants n'avaient pas été inquiétés par les partisans du pouvoir, tenus à l'écart par la police.
[Des manifestants anti-gouvernement barrent un portrait du président Saleh à Sanaa, au Yémen, le 21 février 2011 - © 2011 AFP - Ahmad Gharabli]
A Aden en revanche, la police a continué à tirer sur les manifestants, faisant un nouveau mort lundi à l'aube, selon des sources médicales.
Ce décès porte à douze le nombre de manifestants tués dans la principale ville du sud du Yémen depuis le début des manifestations quotidiennes tournant à l'émeute.
Dans la province de Lahaj, au nord d'Aden, la police a tiré à balles réelles sur une marche dans la ville de Houta, blessant trois manifestants, selon une source médicale. Les manifestants ont ensuite saccagé le siège de l'administration locale, selon des témoins.
A Hodeïda, ville portuaire de l'ouest sur la mer Rouge, trois manifestants ont été blessés lors de heurts avec des partisans du régime, selon des témoins.
A Taez, au sud de Sanaa, les manifestations se sont poursuivies pour la onzième journée consécutive, et des milliers de personnes ont dressé des tentes pour passer la nuit sur une place de la ville.
Source : http://www.la-croix.com/afp.static/pages/110221184702.1iq3d0bt.htm