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Atrahasis
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    Hiérogamie ou Mariage Sacré

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    Atrahasis


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    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Empty Hiérogamie ou Mariage Sacré

    Message  Atrahasis 7/6/2011, 21:05

    Avant-propos:
    L'attention du lecteur éveillé est requise ici j'aimerais partager avec vous mes réflexions à propos d'un sujet qui me semble d'une portée capitale pour tout chercheur de Vérité. C'est un sujet complexe et vaste, bien plus que n'importe qui pourrait l'imaginer. Aussi pour l'appréhender il y aurait beaucoup de choses à dire. Vous le comprendrez, cela pourrait s'assimiler à un jeu de piste, et nous risquons de nous éloigner du sujet de départ. Mais il me semble que ce sera pour mieux y revenir car le Mariage Sacré est une sorte de fil conducteur, et c'est à partir de là que je développerai. Certes pour certains il y aura quelques révélations qui seront faites. Mais j'espère surtout nourrir quelques vocations afin d'approfondir, ouvrir de nouvelles pistes de réflexions et bien sûr de mettre en commun nos idées. Pour ma part je ne maitrise pas vraiment le sujet, je ne dispose pas de document exceptionnel faisant autorité - le sujet est peu documenté et rarement abordé - je n'ai que les outils du net et quelques livres (très peu), je tenterai d'élaborer ma réflexion à partir de sources très diverses, en faisant ressortir des analogies et éléments clés.

    Introduction:
    Le Mariage Sacré est un rituel très ancien et mettant en relation de nombreuses croyances, traditions. Il est un symbole puissant de toute tradition païenne. Il relie des sociétés primitives comme l'Egypte antique, Babylone, la Grêce, Rome, les celtes, les scandinaves, les coréens, les chinois, les peuples d'Afrique, du Moyen Orient... etc aux écoles des mystères, au chamanisme, aux cathares, aux templiers, aux roses-croix, à l'Ordo Templis Orientis et à la Monarchie, celle qui fait autorité puisque d'origine divine.

    Définition:
    Voyons ce que nous dit wikipédia à propos du Mariage Sacré:

    Hieros Gamos ou Hiérogamie, (du Grec hieros = sacrée et gamos = mariage, rapport sexuel), désigne une union sacrée à caractère sexuel, un accouplement (parfois mariage) le plus souvent entre deux divinités ou entre un dieu et un homme ou une femme.
    Sommaire
    [masquer]

    1 Définition
    2 Histoire
    2.1 Dans l'optique païenne
    2.2 Dans l'optique mystique
    3 Exemples
    4 Voir aussi

    Définition[modifier]

    La hiérogamie se situe dans un cadre symbolique, souvent rituel, elle associe à l'activité sexuelle un signifiant d'ordre symbolique ou mystique.

    Elle peut qualifier l'union sexuelle de principes divins, mais aussi les pratiques rituelles visant à remettre en scène ces phénomènes divins, ou simplement des relations sexuelles ritualisées, où la consommation sexuelle a valeur de symbole mystique.

    Le psychanalyste Carl Gustav Jung la place parmi d'autres symboles fondamentaux universels de l'humanité, dans son ouvrage Métamorphoses de l'âme et ses symboles.
    Histoire[modifier]

    Il s'agit d'une notion très ancienne, retrouvée dans nombre de civilisations. La tradition véhicule une pléthore d'exemples tel Horus, fruit de l'union d'Isis et de son frère Osiris, qui montre de plus que cette notion ne prend pas en compte l'interdit de l'inceste. Le rite hiérogamique, présent dans une foule de cultes antiques, est repris dans le cérémonial de nombreuses sociétés secrètes.

    On peut distinguer deux types de hiérogamies : la version païenne et la version mystique.
    Dans l'optique païenne[modifier]

    Dans plusieurs traditions païennes et néo-païennes, où une analogie est établie entre la fertilité de la terre et la fécondité de la femme, la hiérogamie, le plus souvent accomplie dans la nuit précédant le 1er mai (célébration de Beltaine dans la mythologie celtique, nuit de Walpurgis dans le folklore germanique), est un rite de fertilité, censé symboliser la plantation de la graine dans la Terre et favoriser les pluies.
    Dans l'optique mystique[modifier]

    Dans d'autres contextes, le Hieros Gamos revêt la forme d'un rite initiatique qui permettrait aux participants d'acquérir une expérience religieuse profonde par des rapports sexuels. Certains experts y voient une référence à la théorie néo-platonicienne selon laquelle une âme est originellement androgyne et se scinde en deux lors de l'incarnation sur terre, sa part féminine allant dans un corps de femme et sa part masculine dans un corps d'homme. Dans cette optique, la plénitude spirituelle ne serait retrouvable que dans la réunion des principes complémentaires (« syzygie ») qu'offre une hiérogamie.

    Une telle vision se retrouve dans le gnosticisme, qui pose l'“assomption syzygique” (réunion du masculin et du féminin) comme l'une des plus hautes fins de l'existence spirituelle d'un être humain. On peut citer à ce titre le logion 22 de l’Évangile selon Thomas (apocryphe chrétien issu de la bibliothèque de Nag Hammadi) : « [...] n°7 : Irons-nous dans le Royaume ? Jésus leur dit : Quand vous ferez le deux Un, [...] afin de faire le mâle et la femelle en un seul [...] ».
    Exemples[modifier]

    En Mésopotamie, au printemps, le rite du mariage sacré unissait le Roi (remplaçant le dieu Dumuzi) et la prêtresse (représentante de la Déesse Ishtar). Les festivités étaient très joyeuses et se déroulaient dans l’allégresse.

    L'existence de tels rituels depuis des temps immémorables a souvent laissé des traces dans plusieurs cultures, ce qui a suscité des accusations de relations incestueuses à l'égard de plusieurs groupes religieux jugés d'hérétique comme le paulicianisme, le bogomilisme, le catharisme, l'alévisme ou le sabbétaisme.

    Un exemple moderne de hiérogamie se trouve dans la religion Wicca, dans laquelle les participants s'engagent dans ce que Gerald Gardner, fondateur du culte, appelait le "Grand Rite". Un homme et une femme, assumant les identités du Dieu cornu et de la Déesse, s'engagent dans une union sexuelle pour célébrer la conjonction sacrée des principes opposés/complémentaires masculin et féminin de l'Univers.

    De tels rituels sont évoqués dans le film Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick et dans le roman Da Vinci Code de Dan Brown.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Mariage_sacr%C3%A9

    Il s'agit donc d'un rituel religieux et qui symbolise l'union entre 2 principes, l'un féminin et l'autre masculin. Cherchez dans toutes les mythologies du monde, il est intriguant que tous les récits de créations soient symbolisés par un union hiérogamique. C'est l'union du Ciel et de la Terre, Ouranos / Gaïa chez les grecs, Nout et Geb chez les égyptiens. Il est à remarquer qu'un récit quant à lui ne tient pas de ce principe de la création, c'est le récit de la Génèse.


    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Hexa
    L'hexagramme ou Sceau de Salomon symbolise un union de 2 principes. Formé de 2 triangles superposés, celui ayant la pointe vers le bas représente le principe féminin, tandis que la pointe vers le haut, le principe masculin.

    Le "hieros gamos" a une origine perdue dans le temps et semble très ancien comme le suggère diverses statuettes ou inscriptions:

    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Hiero
    Hieros gamos, c 10,000 BC Europe, Negev Desert (Campbell 1988, Avi-Yonah)
    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Catal
    Hieros gamos, creatrix goddess, shrine with bulls heads and pregnant Goddess.
    Catal Huyuk Anatolia 7,500 B.C. - 5,500 B.C. goddess (Melaart).

    source: http://www.dhushara.com/book/hieros/hieros.htm

    Comme le précise Wikipédia, il faut distinguer 2 types de Mariage Sacré. L'un est un rite annuel qui était tenu au début du printemps et possède un côté symbolique; c'est un rite de fertilité. L'autre, mystique, est en fait mal connu. Il semble fort probable que le 1er type de Mariage Sacré soit une version ouverte au public et que son authentique origine se trouve dans le second type, celui-là constituant un véritable mystère. Nous tenterons d'y voir plus clair. Pour ce faire nous aurons besoin de citer des sources et introduire de nouveaux éléments de réflexion.

    Voici des détails concernant cette fête religieuse à babylone (désolé pour la longueur) :


    La Fête du Nouvel An
    De toutes les fêtes célébrées à Babylone, celle du Nouvel An appelée Fête de « l'Akitou » était la plus importante. Le Nouvel An était déjà à l'époque sumérienne une grande solennité; nous avons des renseignements sur les « akitous » en l'honneur des divinités locales des différentes villes. Celle de Babylone allait prendre des proportions en rapport avec l'importance de la capitale et avec le culte de Mardouk. A l'époque qui a précédé la Première dynastie, le Nouvel An était célébré à des dates différentes, mais, dans la plupart des cas, c'était au mois de Tishrit, c'est-à-dire vers l'équinoxe d'automne, que l'année commençait. Il y avait même parfois deux fêtes de l'Akitou, celle d'automne et celle du printemps; c'est celle-là qui a prévalu à Babylone, après le règne de Hammourabi. La Fête du Nouvel An se célébrait vers l'équinoxe de printemps, au début du mois de « nisan » , qui correspond environ aux mois de mars-avril du calendrier grégorien et au mois d'avril du calendrier Julien. Le temps en était fixé par le lever héliaque de l'étoile « hunga » : l'alpha du Bélier. A Babylone, cette cérémonie durait douze jours. La ville de Borsippa était associée aussi aux différents épisodes de la fête; le dieu Nabou, fils du dieu Mardouk et patron de la ville, jouait un rôle de premier plan au cours de ces journées. Comme « scribe des dieux » , le dieu Nabou inscrivait les destins annuels fixés dans l'assemblée des dieux. D'autre part, il délivrait son père au cours du Mystère de la « Disparition » de Mardouk. Le roi de Babylone participait activement aux cérémonies. Il était chargé de faire le geste symbolique de « prendre la main du dieu » pour l'inviter au départ lors de la « Grande Procession » qui conduisait Mardouk dans une chapelle située en dehors de la ville appelée « Maison de l'Akitou » , où il demeurait avant de regagner la capitale. Lors d'une calamité atteignant la personne du roi ou lorsque l'ennemi rôdait autour de la ville, il fallait bien supprimer la procession : Mardouk ne sortait pas et le dieu Nabou ne venait pas de Borsippa rejoindre son père. C'était un deuil national que la Chronique babylonienne ne manquait pas de, consigner. Ainsi, lorsque le dernier roi, Nabonide, était à Teima, la Chronique note :
    l'an... Nabonide... à Babylone ne vint pas, le dieu Nabou à Babylone n'alla pas. Bêl ne sortit pas, la fête de l'Akitou fut suspendue..."
    Nous verrons plus loin quelle désolation les textes laissent percer à travers leur laconisme, au moment de la prise de Babylone par Cyrus.

    Les cérémonies
    Les cérémonies qui se déroulaient pendant la Fête du Nouvel An sont partiellement reconstituées à l'aide des rituels.
    Les Sept Premiers Jours
    La cérémonie du Premier Jour de l'An est encore inconnue.
    Le 2 de nisan
    Deux heures avant le petit jour, le Grand-Prêtre se lève, se lave dans l'eau de l'Euphrate, puis entre vêtu d'un habit de lin, dans le sanctuaire de Mardouk. Dans la prière qu'il lui adresse, il assimile Babylone au trône du dieu, Borsippa à sa tiare et les vastes cieux à son ventre. Cette oraison est secrète et n'est prononcée que par le Grand-Prêtre encore tout seul dans le sanctuaire. C'est seulement après que les portes sont ouvertes et que les autres prêtres entrent à leur tour dans le temple. Les rites sont alors accompagnés de musique et de chants liturgiques. Nous n'avons pas la suite des cérémonies de la journée.
    Le 3 nisan
    Après les premières prières, le Grand-Prêtre convoque des artisans d'art, leur remet de l'or, des pierres précieuses appartenant au trésor de Mardouk, ainsi que du cèdre et du tamaris. Ils exécuteront deux statuettes en or rehaussées de pierreries, l'une tenant un serpent, l'autre un scorpion et habillées toutes deux de rouge avec une corde en fibre de palmier autour des hanches. Ces statuettes seront placées dans le temple jusqu'au sixième jour.
    Le 4 nisan
    Bien avant le lever du soleil, les prières et les cérémonies commencent ; lorsque le Grand-Prêtre a béni l'Esagil, les portes sont ouvertes pour les autres prêtres comme les jours précédents. C'est dans la journée, après le petit repas du soir, que le Grand-Prêtre récitera devant Mardouk le célèbre Poème de la Création. Pendant ce récit la tiare du dieu Anou et le trône du dieu Enlil sont couverts.
    Le 5 nisan
    Dans la nuit, exercices, prières, qui assimilent les étoiles du ciel au dieu Mardouk et à sa parèdre Zarpanit. Le Grand-Prêtre appelle un Incantateur porteur d'eau lustrale, de feu et d'encens pour procéder à la purification du temple. Un sacrificateur tranche la tête d'un agneau (ou d'un bélier), le corps de l'animal est pris par l'Ineantateur qui en frotte le temple pour l'imprégner de ses impuretés ; il récite des incantations pour que l'animal emporte toutes les souillures, il jette ensuite son cadavre dans le fleuve. Il semble que nous ayons là le prototype du « bouc émissaire » . Au cours d'une cérémonie analogue on met à mort un bouc. Par ce châtiment infligé à l'animal, on pensait avoir détruit le mal dont on l'avait chargé à la place de l'homme pécheur et, par suite de ce transfert, on croyait épargner le châtiment au vrai coupable. L'Incantateur et le Purificateur doivent ensuite quitter le temple. De son côté, le GrandPrêtre ne doit pas « voir » cette cérémonie. Lorsque tout est terminé, le Grand-Prêtre convoque les Servants du Temple qui, avec « le Ciel d'Or » de Mardouk, couvriront la chapelle réservée au dieu Nabou dans l'Esagil et qui s'appelle comme son sanctuaire de Borsippa : l'Ezida. Un festin est préparé que les Servants du Temple transporteront au bord du canal où est attendu le dieu Nabou (du moins sa statue), venant de Borsippa dans sa barque. Alors a lieu dans l'Esagil une curieuse cérémonie, celle de « l'humiliation du roi » . Avant cette cérémonie, le GrandPrêtre s'adressait d'abord au dieu Mardouk, ensuite il sortait et priait alors Zarpanit en ces termes :
    Madone brillante, sublime, élevée!
    Parmi les déesses aucune n'est comme elle
    l'accusatrice qui prend la défense !
    Celle qui abaisse l'orgueilleux
    et redresse l'humilié!
    Celle qui terrasse celui qui ne craint pas sa divinité !
    Celle qui épargne le captif, qui relève
    celui qui est tombé!...
    Au roi qui te craint fixe sa destinée !
    Aux fils de Babylone, accorde un guerrier protecteur !

    Après ces prières, le Grand-Prêtre prend les insignes royaux des mains du roi, il les place devant la statue de Mardouk et lui frappe la joue, lui tire les oreilles, le fait mettre à genoux, lui fait réciter une confession négative comme celle que l'on fait dire au pécheur que l'on doit exorciser : « je n'ai pas péché contre le dieu, je n'ai pas attenté à la majesté de l'Esagil, ni oublié ses rites » . On peut se demander si la confession du roi n'était pas faite pour le peuple tout entier. Il est difficile de l'affirmer. Mais on connaît par ailleurs « la mise à mort du roi » remplaçant en quelque sorte « la mise à mort du dieu » et il est bien possible que les tombes royales d'Our avec leur « massacre » inexplicable n'en soient des témoins. Les rites babyloniens en constitueraient une survivance atténuée.
    Le Grand-Prêtre, après avoir rassuré le roi, lui rend ses insignes et le gifle à nouveau. Le texte dit :
    « Il frappera la joue du roi : si ses larmes coulent, Mardouk est bien disposé ; sinon, Mardouk est en colère : l'ennemi marchera contre Babylone et il le battra. »
    A la fin du jour, on creuse une fosse dans la cour du temple, on la remplit de roseaux, on y verse des libations d'huile et de graisse, et, après avoir immolé un taureau blanc au bord de la fosse, le roi met le feu aux roseaux. (Tous ces rites ont une signification.) Les insignes de la royauté sont censés être aux cieux-et lorsque les textes indiquent au début de la liste des dynasties qui régnèrent sur la Mésopotamie que « la royauté vint d'en haut » , ils montrent par là que ce sont les dieux qui accordèrent le pouvoir aux humains, ce pouvoir était, comme nous l'avons déjà indiqué, confié autrefois au roi par le dieu Enlil de Nippour. Depuis la Première dynastie, c'était Bêl Mardouk qui, désormais, choisissait le roi à Babylone.
    Le 6 nisan
    Le texte manque. Sans avoir la mention de l'entrée du dieu Nabou, on peut cependant supposer qu'on devait l'héberger le soir du cinquième jour. Pendant les jours qui précèdent le 8, probablement le 5 et le 6, les statues des dieux devaient arriver- de leurs temples respectifs pour assister aux cérémonies. Selon les hymnes qui nous sont parvenus ce sont tous les grands dieux : Anou, Enlil, Ea, Sin., Shamash, Adad, Ninourta et leurs parèdres ainsi qu'Ishtar. C'est sans doute aussi pendant ces journées que pouvaient se dérouler les scènes du « Mystère de la Passion de Mardouk » . Ce drame devait se jouer avec des personnages vivants plutôt qu'avec des statues. Les textes en ont été interprétés sous le titre : « La Mort et la Résurrection de Bêl-Mardouk »

    « La Mort et la Résurrection de Bêl-Mardouk »
    Nous ferons remarquer que ces rituels provientnent de divers centres religieux. Ils ont cependant une telle analogie entre eux qu'ils paraissent appartenir à un même thème, sans que nous osions affirmer cependant qu'ils appartiennent tous au mythe de Bêl-Mardouk.
    Ce sont des « commentaires » de scènes mimées plus ou moins allégoriques, expliquant le va-et-vient des personnages et les gestes qu'ils font. Malheureusement pour nous, les textes souvent fragmentaires ne sont pas toujours compréhensibles. Nous choisissons parmi les commentaires connus un extrait du scénario du « Drame » de la passion de Bêl-Mardouk intitulé :
    Cela représente Bêl lorsqu'il est enchaîné dans la montagne
    (le terme « montagne » est un euphémisme pour indiquer la sépulture).
    Les personnages qui entrent en scène et agissent sont l'objet d'explications qui ne sont pas toujours ni très claires ni complètes. En voici quelques passages :
    Un personnage arrive et le commentaire explique ce qu'il est :
    Il y a un messager qui court en disant : "Qui le fera sortir ?"
    Le paragraphe suivant prédit l'arrivée du sauveur, Nabou :
    Celui qui arrive le délivrera.
    Un personnage va vers la « montagne » où aura lieu un interrogatoire
    Celui qui se rend vers la montagne...
    C'est celui qui va...
    Là où il va, c'est la maison à la lisière de la montagne où on l'interrogera.
    Arrivée de Nabou :
    Le dieu Nabou de Borsippa arrive.
    Il vient pour le salut de son père qui est « prisonnier »
    Un cortège de femmes parcourt les rues en priant les dieux de l'Oracle pour Bêl :
    Celles qui vont par les rues,
    ce sont celles qui prient Sin et Shamash en disant: « Fais vivre Bêl ! »
    Une femme cherche Bêl et supplie qu'on lui dise où il est :
    Celle dont les mains sont tendues...
    Vers ceux qui le cherchent en disant :
    « Où est-il prisonnier ? »
    Elle se rend au tombeau :
    La porte vers laquelle elle va,
    C'est la Porte des Tombeaux;
    Elle va, elle le cherche...
    Des dieux gardent la tombe :
    Les Jumeaux qui sont à la porte de l'Esagil,
    ce sont ses gardiens.
    Ils sont commis à sa garde.
    Quelqu'un va réciter la lamentation funèbre :
    Celui (qui récite) la lamentation :
    « Après, que les dieux l'ont enfermé,
    il a disparu du monde des vivants. »
    « Dans la prison où ne pénètre pas le soleil ni la lumière,
    ils l'ont fait descendre! »
    On procède à la toilette funèbre :
    Celui qui est aux pieds,
    ceux qui s'approchent et l'habillent.
    On lave ses blessures :
    Ce sont les blessures dont il est blessé;
    Eux, ils sont teints de son sang.
    Une déesse est prosternée près de lui :
    La déesse qui à côté de lui est prosternée;
    pour le sauver elle est descendue.
    Ce passage rappelle « la descente d'Ishtar aux Enfers ».
    D'autres fragments sont plus obscurs :
    l'homme... qui ne veut pas aller avec lui
    et qui dit : « Moi ! je ne suis pas coupable ! »
    Le commentaire suivant indique qu'un « procès » a eu lieu :
    Les hommes... devant « lui » ont ouvert mon procès,
    Mon droit, ils l'ont mis en pièces !
    Par ailleurs, on décrit ainsi le tumulte de la ville :
    C'est après que Bel est allé dans la « montagne »
    Il y a des rixes dans la ville à cause de lui.
    Enfin, le commentaire suivant devient plus clair et indique que les actes sont accomplis par des Mages remplaçant les héros du drame :
    Les Magiciens vont devant lui,
    ils récitent une incantation :
    ce sont les gens qui vont devant lui en se lamentant.
    La scène finale dépeint le chagrin du messager et la douleur de la déesse :
    Le Mage qui devant Bêlit de Babylone va :
    c'est le héraut qui contre sa poitrine pleure
    en disant : « Vers la « montagne » on l'emporte ! »
    Elle, elle pousse un cri :
    « O mon frère! ô mon frère! »
    Quelques-uns de ces fragments ont été recopiés au VIIe siècle à Assour pour la bibliothèque d'Assourbanipal et ces « commentaires » devaient rester secrets, la tablette se termine ainsi :
    Quiconque détruira cette tablette
    ou la jettera dans l'eau
    ou celui qui la montrera à celui qui ne doit pas en avoir connaissance ni l'entendre lire,
    que tous les grands dieux du ciel et de la terre le maudissent [d'une malédiction irrémédiable

    De ces textes on peut conclure que le « drame sacré » semble bien représenter les différents épisodes de la « passion de Mardouk ».
    On retrouve la « mort » du dieu lorsqu'il s'agit de divinités dont la disparition a pour effet d'arrêter la vie sur la terre aussi bien dans la « Descente d'Ishtar aux Enfers » que chez les Hittites avec le mythe de Télipinou ou plus tard avec Adonis en Phénicie. Le mythe de Bêl-Mardouk a aussi des analogies avec celui d'Osiris en Egypte. Dans les scènes que nous avons signalées il semble que Mardouk frappé soit délivré par Nabou. Cet épisode se retrouve aussi en Assyrie dont le dieu national a pris les mêmes caractères en plus d'autres, puisés à une source bien antérieure. Mais à Babylone, Mardouk n'apparaît pas seulement comme un dieu de « fertilité » ; il est bien plus encore : Mardouk est le dieu qui a vaincu le Chaos, le grand maître, le « régulateur » de l'Univers.
    Pendant sa disparition et pendant qu'on le cherche, on lance dans la ville un char attelé de quatre coursiers et ce char est sans conducteur ; chacun des chevaux tire de son côté semant la panique. Il semble que le char soit le symbole de la domination de l'Univers, c'est le char de Mardouk qu'il ne dirige plus. C'est l'image du dérèglement général causé par la disparition du dieu conducteur. Un autre symbole de « folie » est fourni par un condamné (sorte de « roi des Fous » ), vêtu d'habits royaux et escorté d'hommes déguisés commettant des actes insensés. Ce « carnaval » met bien en lumière le rôle de Mardouk, maître du chaos et momentanément impuissant.
    Dans le temple, nous apprenons que les deux statuettes fabriquées au début des cérémonies ont la tête tranchée et sont jetées au feu.

    La Grande Procession du huitième jour
    Le huitième jour est le point culminant de la fête. Bien que le texte ne le mentionne pas, c'est le retour (à la vie) de Mardouk qui va « paraître » ou « apparaître » dans la ville. Dès le matin, tous les dieux venus pour honorer Mardouk sortent et se rendent dans la chapelle des Destins où se décré. teront les destins de l'année. Pendant cette cérémonie, les Babyloniens ne devaient pas manquer de formuler des voeux ardents pour que les sorts leur soient propices ! Au cours de ces scènes les statues des dieux se lèvent, s'asseoient et se tournent à droite et à gauche. S'agit-il ici de statues, de poupées articulées ou de figurants ? Les chars du « carnaval » avec leurs « géants » articulés modernes pourraient très bien en présenter le reflet. On a trouvé relativement peu de statues divines. On peut cependant supposer qu'en Babylonie, comme en Egypte, il y aurait eu des statues articulées en bois dont la disparition a été complète. Ces statues pouvaient représenter le dieu et certains rites comme « l'ouverture de la bouche » ou la « purification de la bouche » étaient destinés à les animer. Il arrivait qu'elles devaient donner une réponse par un signe de tête. Dans les fouilles de Mâri, M. A. Parrot a trouvé une statue d'Ishtar qui serre contre sa poitrine un vase creux. Un conduit dans la statue communique avec le fond du vase. Il était donc possible de faire projeter de l'eau hors de ce vase « magique » au moyen d'un mécanisme.
    Les statues réunies une première fois dans la chapelle des Destins et que le roi conduira pour leur faire prendre place, vêtues de leurs somptueux costumes, se rangent dans la cour accompagnées de leurs servants portant leurs insignes. De magnifiques chars les attendent. La cérémonie classique de la « prise de main » accomplie par le roi de Babylone donnait le signal du départ. On invoquait alors le dieu Mardouk et sa parèdre Zarpanit :
    Sors, ô Seigneur, le roi t'attend!... Il sort, lé Seigneur de Babylone! Elle sort Zarpanit !... Côte à côte, les servantes d'Ishtar de Babylone jouent de la flûte, tout Babylone éclate en cris de joie!

    Au cours de toutes ces cérémonies, on observait scrupuleusement tous les détails d'où l'on tirait des pronostics :
    Si le roi saisit la main de Bêl et qu'il trébuche, il lui arrivera malheur! Si un cheval du dieu trébuche, le pays perdra la raison! Si quelque chose se rompt dans le bateau du dieu, les dieux bouleverseront le pays!

    La Grande Procession partant de la chapelle des Destins par le portail nord de l'Esagil, la Porte Sacrée, arrivait dans la rue Aibourshabou ( « Que l'ennemi ne le foule pas ! » ), qui, entre l'Esagil et la tour à étages, l'Etémenanki, passait d'ouest en est, puis tournait vers le nord, longeait à l'est de l'enceinte le Qasr, débouchait dans la Porte d'Ishtar et sortait dans la Voie Processionnelle jusqu'au confluent du canal Arahtou et de l'Euphrate. On peut aisément réaliser cette fête grandiose passant dans ce décor féérique de briques émaillées ! On transbordait alors les idoles de leurs chars sur leurs barques ; il y avait une chapelle reposoir où l'on chantait des hymnes pendant ce temps :
    O Seigneur, pourquoi ne sièges-tu pas à Babylone, ton trône n'est-il pas dressé dans l'Esagil

    Après les adieux, les barques voguaient; « scintillantes comme les étoiles » , et à peu de distance les dieux mettaient pied à terre et reprenaient leurs chars vers la « Maison de l'Akitou, la Maison de Prière » , dans la campagne. Mardouk et les dieux demeurent à l'« Akitou » du huitième au onzième jour. Les cérémonies qui se déroulent dans l'Akitou rappellent les actes symboliques de la Création du Monde dont Mardouk est l'auteur. C'était une fête solennelle. Certains assyriologues pensent qu'il y avait encore récitation d'un « drame sacré ».
    Le onzième jour Retour â Babylone
    Le onzième jour, les dieux reprennent le chemin de Babylone, dans la nuit, à la lumière des torches. On s'imagine aisément ce somptueux cortège aux flambeaux défilant dans les rues et les lueurs se reflétant sur les murs aux décors vernissés dont les animaux fabuleux prenaient des allures fantastiques!
    A son entrée dans l'Esagil, Mardouk était salué par cet hymne :
    Seigneur, lorsque tu reviens dans ta demeure, ta demeure te dit : « La paix soit avec toi, Seigneur! » a Babylone, la ville de ta Joie ne la laisse plus inhabitée! »

    Alors avait lieu une seconde et dernière réunion dans la chapelle des Destins. Le dieu Nabou, le Scribe des dieux, enregistrait les décisions qui prenaient un caractère d'oracle.
    Sur un texte on note : « au mois de Nisan... Fêtes de Mardouk et de Zarpanit » ... « Mardouk celui qui sait tout, se rend à ses Noces. » Mardouk était donc conduit à la « Chambre Nuptiale » que nous connaissons sous le nom de « Chambre du Lit » de l'Etémenanki. C'était bien par un « mariage sacré », une hiérogamie, que la fête de l'Akitou se terminait. Il en avait toujours été ainsi probablement. Par magie sympathique, on admettait que cet acte avait sa répercussion sur la terre en favorisant les naissances et la croissance des êtres vivants et des végétaux. La Fête du Nouvel An était un souvenir de la religion primitive que la religion babylonienne n'a jamais oubliée complètement. Des présents de noces étaient offerts comme dans l'ancienne Mésopotamie. Le dieu donnait des cadeaux somptueux à son épouse. On peut penser que les « strenna » , les étrennes, sont en relations directes avec l'antique coutume babylonienne.
    Nous avons remarqué déjà que le mariage symbolique du dieu semblait avoir été décrit par les auteurs grecs comme ayant lieu dans la chambre du sommet de la célèbre tour à étages où se tenait la femme choisie pour y passer la nuit et que nous pensons pouvoir identifier avec la « prêtresse » remplaçant la déesse Zarpanit.
    Le douzième jour
    Au matin du douzième jour, le dieu Nabou regagne Borsippa et les autres dieux retournent dans leurs sanctuaires respectifs. Les fêtes sont terminées. Le destin de Babylone va s'accomplir !
    http://religion.mrugala.net/Phenicie/Babylone%20-%20religion.htm

    Le Mariage Sacré dans d'autres civilisations:

    Étymologie :
    Hiérogamie est un terme technique des mythologues : il signifie tout simplement
    mariage sacré*”, du grec hiéros gamos :
    « (Ce) mythe remontant à l’époque indo-européenne* est, au printemps,
    l’union du dieu* du Ciel (ou parfois du Soleil) avec une déesse incarnant le pouvoir de
    génération, de production. La forme la plus répandue est celle qui fait recouvrir la
    Terre Mère par le Ciel Père. On la trouve chez les Germains, les Scythes, les Grecs,
    union d’Ouranos le ciel avec Gaïa la terre, (ce qui donne le jardin Paradeisos)n.
    Ces derniers célébraient le Hiéros Gamos, le Mariage Saint de Zeus et Héra la protectrice.
    »
    En effet, pour Jean Haudry (in La religion cosmique des Indo-Européens*, Arché,
    Milano) : « un des thèmes majeurs de leur religion est le Héros s’immortalisant en
    conquérant “la belle saison de l’année” ».
    Mais cette étymologie est un peu courte car il nous semble remarquable qun’e
    grec hieras, hieracos signifient “faucon”, d’où hieraticos “sacerdotal” et comment
    alors ne pas penser à Circé, la devineresse au faucon *…
    * Faucon : …et aussi aux premières dynasties des Ægyptos dont l’attribut était le faucon Horus, figurant le fils de Rê, le Soleil… Dans la mythologie* germano-scandinave, un aigle domine l’Arbre du Monde et il se nomme Aar. Les chevaux de la Soleil, Sol, étaient Arvak “Grand-Veilleur” et Alsvinn “Très-Rapide”. Har “Très-Haut éminent” est une Kenning pour Odhin ou Jafnhar “l’également éminent”, le second du trinêtre Odhin (Wotan) avec Thridi “le 3ème”, qui sont aussi trois “montagnes” ou trois dolmens gnomons de repérage solsticial aux fins de calage solaire de l’année ! (...)

    A lire en format pdf (32 pages):
    http://racines.traditions.free.fr/hierogam/hierogam.pdf

    James Georges Frazer
    L'anthropologue écossais sir James George Frazer (1er janvier 1854 - 7 mai 1941) est le premier à avoir dressé un inventaire planétaire des mythes et des rites. Les 12 volumes de son Rameau d'or, parus entre 1911 et 1915, décrivent des milliers de faits sociaux et religieux, soit relevés par l'auteur sur le terrain ou dans ses lectures, soit relatés par ses correspondants cosmopolites (diplomates, administrateurs coloniaux, explorateurs, missionnaires). En tentant d'interpréter cette masse de comportements, Frazer fondait — sans le savoir — l'anthropologie religieuse et la mythologie comparée.

    "L'esprit du sauvage n'est pas vide; lorsqu'on se familiarise avec ses croyances et ses superstitions, avec la nature compliquée de ses lois et de ses coutumes, les idées préconçues qu'on se formait sur sa simplicité disparaissent bien vite... Nous nous moquons de ses fétiches et de ses superstitions, mais nous négligeons de suivre l'enchaînement d'idées et l'effort intellectuel qui les ont créés. Après des observations qui s'étendent sur plus de dix-neuf années, j'en suis venu à la conclusion qu'il n'y a rien dans les usages et les fétiches d'Afrique qui ne corresponde à un raisonnement défini." (Thomas Lewis)

    "L'étude des peuples primitifs est extrêmement curieuse et elle est pleine de surprises. Il y a vingt ans que je suis parmi les tribus Thonga et Pédi de l'Afrique du Sud; plus j'avance, plus je m'étonne du grand nombre, de la complexité et de la profondeur des rites de ces gens qu'on qualifie de sauvages. Seul un observateur superficiel pourrait les accuser d'être superficiels. Si nous prenons la peine de chercher la raison de ces étranges coutumes, nous trouvons à leur base des raisons secrètes et obscures, des principes difficiles à comprendre et les plus fervents adeptes des rites eux-mêmes n'en peuvent donner l'explication. Découvrir ces principes, et donner ainsi la véritable explication de ces rites, telle est la tâche de l'ethnographie, tâche délicate entre toutes, car nous ne pouvons la mener à bien qu'en oubliant nos idées à nous pour nous plonger entièrement dans celles des peuples primitifs" (A. Junod)

    Ces paroles de poids, fruit d'une longue expérience, méritent d'être méditées par ceux qui s'imaginent que le système compliqué des coutumes sauvages a pu naître sans un long processus de raisonnement dans l'esprit de ses fondateurs. Certes nous ne sommes pas toujours à même de découvrir la raison pour laquelle tel usage ou tel rite a pu être institué, car nous ne faisons que commencer à comprendre l'esprit du sauvage; mais tout ce que nous savons de lui tend à montrer que sa pratique, si absurde qu'elle nous paraisse, a eu son origine dans des raisonnements précis, et a un but défini et très certain. (commentaire de JG Frazer)

    Il est nécessaire dés à présent d'introduire d'autres éléments et de citer les travaux de JG Frazer. Hélas il n'y a pas beaucoup de références sur internet ou de sujets s'y rapportant. Voici tout de même une présentation:

    Roi sacré, victime sacrificielle et victime émissaire

    « Je fais ici œuvre de science pure, car la science pure doit précéder la science expérimentale. »HOCART.

    La science ne se réduit pas à l’érudition. Elle ne consiste pas seulement, disait Hocart, à accumuler des faits, mais aussi à trouver des leviers permettant de soulever la masse des faits. Fidèles à cette idée, les pages qui suivent ne contribuent pas à l’ethnographie de la royauté, ni à l’histoire des idées monarchiques, mais constituent un essai d’anthropologie théorique ou fondamentale. On n’y trouvera pas de nouvelles données relatives à la royauté, mais un effort pour rendre l’institution plus intelligible. Ni un panorama des théories de la monarchie, mais une sélection de quelques hypothèses convergentes et complémentaires. Ni une vérification empirique de ces hypothèses et de leurs implications, mais quelques principes unificateurs dont elles peuvent être tirées.

    2 Dans le domaine considéré, la masse des faits déjà recueillis par les ethnographes et les historiens est énorme et risque de nous écraser, mais les leviers requis pour la soulever sont d’ores et déjà disponibles. C’est tout ce que nous voudrions montrer. Une théorie plus générale et plus complète serait possible, mais exigerait de longs développements. On se propose ici de jeter seulement les bases d’une axiomatique de la royauté.

    AU COMMENCEMENT ÉTAIT FRAZER : ROYAUTÉ SACRÉE ET RÉGICIDE

    3 Frazer a bâti sa théorie de la royauté à partir de deux idées maîtresses. La première est une donnée factuelle : la royauté n’est pas un pouvoir discrétionnaire, mais une lourde charge conduisant presque toujours son titulaire à l’échafaud. La seconde est une intuition géniale : l’étrange royauté du bois de Némi n’est pas un phénomène atypique, mais un condensé de tout le système monarchique et la clé de son interprétation.

    4 Ces deux thèmes du Rameau d’or sont bien connus, mais méritent toujours la même attention. Rappelons brièvement, pour chacun d’eux, quelques points essentiels.
    « Le fardeau de la royauté »

    5 La compilation des données historiques et ethnographiques montre que, dans son principe, la royauté n’est pas un pouvoir politique, mais une charge rituelle écrasante dont l’issue est le plus souvent la mise à mort du monarque.

    6 Régner ne consiste pas à gouverner ni à donner des ordres, mais à garantir l’ordre du monde et de la société en observant des prescriptions rituelles. Le roi est un personnage sacré, mais pour cette raison même, il est « ligoté » par le rituel. Assigné à résidence et reclus dans son palais, il est soumis au même type de restrictions que les êtres en état d’impureté : femmes indisposées, guerriers ayant donné la mort, criminels. Il est comme un condamné à mort en attente d’exécution. Le régicide n’est pas un accident, mais fait partie intégrante de l’institution.

    7 Voici comment Frazer résume ses informations :

    8
    « L’idée que les royaumes primitifs sont des États despotiques, où le peuple
    n’existe que pour le souverain, est entièrement inapplicable aux monarchies
    que nous étudions. Au contraire, le souverain, ici, n’existe que pour ses sujets;
    sa vie n’a de valeur qu’autant qu’il s’acquitte des fonctions que comporte sa
    position, en ordonnant le cours de la nature pour le bien de son peuple. Dès
    qu’il manque à ses devoirs, les soins, le dévouement, les hommages religieux
    qu’on lui prodiguait auparavant s’évanouissent pour faire place à la haine et
    au mépris; on chasse ignominieusement le monarque déchu, et il peut se
    féliciter s’il en échappe avec la vie. Adoré comme un dieu la veille, il est tué
    comme criminel le lendemain
    . Mais il n’y a rien là de capricieux ou d’illogique
    de la part de ses sujets. Leur conduite est, au contraire, très conséquente. Si
    le roi est leur dieu
    , il est, ou devrait être, aussi celui qui les préserve; et s’il
    a échoué, il doit céder la place à un autre qui n’échouera pas. Tant qu’il répond
    à leur attente, ils prennent de leur souverain des soins infinis, et le forcent à
    prendre de lui-même ces mêmes soins. Un roi de ce genre vit emprisonné
    dans un protocole, un réseau d’interdictions et d’observances, dont le but n’est
    pas de contribuer à sa dignité, encore moins à son bien-être, mais de l’empêcher
    d’agir d’une façon qui, en dérangeant l’harmonie de la nature, pourrait
    l’entraîner, lui, son peuple et l’univers, dans une commune catastrophe. Loin
    d’augmenter ses aises, ces règles, en embarrassant chacun de ses actes,
    annihilent sa liberté; et, tout en cherchant à préserver sa vie, lui en font souvent
    une peine et un fardeau » [Frazer, 1981, p. 489-490].

    9 Toutes les données recueillies depuis la parution du Rameau d’or corroborent ce tableau, en lui apportant tout au plus quelques compléments. Le roi n’est pas maître mais captif de l’institution. Même s’il n’est pas toujours tué, il doit pour ainsi dire frôler la mort – comme le roi moundang, mis à nu et entouré de son peuple en armes, pendant la fête de la pintade [Adler, 1982, p. 364-365] – ou un substitut rituel doit mourir à sa place, souvent dans des conditions violentes ou ignominieuses – comme le cheval du roi mossi, assommé à coups de bâton par des esclaves de la cour [ cf. Izard, 1990, p. 85, et communication personnelle].

    10 En revanche, l’explication de ces coutumes royales n’a guère avancé. Le seul « progrès » notable des dernières décennies est la réhabilitation de Frazer, après un assez long purgatoire. Les spécialistes sont d’accord avec sa présentation des faits et postulent comme lui la cohérence de l’institution royale. Mais cette cohérence ne va pas de soi. Si le roi est un personnage sacré, ou même d’essence divine, il n’est pas évident que ses sujets soient habilités à le juger et à le mettre à mort. Dans le passage que nous venons de citer, l’auteur du Rameau d’or parle du régicide comme d’une conséquence nécessaire, et presque anodine, d’une règle de bon sens : « Si le roi est leur dieu, il est, ou devrait être, aussi celui qui les préserve; et s’il a échoué, il doit céder la place à un autre qui n’échouera pas. » Mais à prétendre ainsi expliquer les actions des hommes par leurs représentations, on ne fait que déplacer la question. Le sacré et le divin ne sont pas des données primitives dont on pourrait déduire les institutions. Il faut rendre compte à la fois des actions et des représentations. Nous y reviendrons après avoir terminé le rappel des principales vues de Frazer.
    « Le roi du bois »

    11 Frazer n’est pas le seul à avoir été intrigué par le rituel étrange de Némi, mais il est le premier à pressentir que son explication contribuerait à rendre intelligibles la plupart des mythes et des rites. Si le Rameau d’or se présente comme un énorme roman policier visant à résoudre une toute petite énigme, c’est parce que la solution attendue est censée éclairer l’ensemble des « formes élémentaires de la vie religieuse ». La singulière monarchie du bois sacré n’est pas seulement un « rite de référence » qui serait semblable au « mythe de référence » du « dénicheur d’oiseaux » dans les Mythologiques de Lévi-Strauss.

    12 Il ne s’agit pas d’un point de départ arbitraire, d’un terme quelconque d’une série dont tous les autres termes s’obtiendraient de proche en proche par de simples transformations structuralistes, mais bien d’un modèle réduit de toutes les institutions monarchiques, d’un élément générateur de tout le système royal et de ses avatars transformationnels.

    13 Relisons la description qu’en donne Frazer :

    14
    « Dans le bosquet sacré se dressait un certain arbre auprès duquel, à toute
    heure du jour, voire aux heures avancées de la nuit, un être au lugubre visage
    restait embusqué. À la main, il tenait un glaive dégainé; de ses yeux inquisi-
    teurs, il paraissait chercher sans répit un ennemi ardent à l’attaquer. Ce per-
    sonnage tragique était à la fois prêtre et meurtrier, et celui qu’il guettait sans
    relâche devait tôt ou tard le mettre à mort afin d’exercer lui-même la prêtrise
    à sa place. Telle était la loi du sanctuaire. Quiconque briguait le sacerdoce de
    Némi ne pouvait exercer les fonctions qu’après avoir tué son prédécesseur
    de sa main; le meurtre perpétré, il restait en possession de la charge jusqu’à
    l’heure où un autre, plus rusé ou plus vigoureux que lui, le mettait à mort à
    son tour.
    À la jouissance de cette tenure précaire s’attachait le titre de roi; mais
    jamais tête couronnée n’a dû dormir d’un sommeil aussi fiévreux, hanté de
    rêves aussi sanguinaires, car d’un bout de l’année à l’autre, hiver, été, sous
    la pluie ou par le soleil, il avait à monter sa garde solitaire » [Frazer, 1981,
    p. 19].


    15 Comme on le voit, le roi du bois est vraiment un personnage singulier. Il réunit des traits ou des fonctions qui sont normalement séparés :ceux de meurtrier et de roi, de roi et de prêtre, mais aussi de sacrificateur et de victime sacrificielle, puisque la mise à mort est ici un acte rituel, et enfin d’esclave et de roi, puisque le titulaire de la charge était un esclave fugitif qui ne devait son salut qu’à ravir le poste de son prédécesseur [Frazer, 1981, p. 20].

    16 Par un raccourci saisissant, le rituel lui-même rassemble, en un seul acte, le régicide qui met fin à un règne et le cérémonial d’installation qui inaugure un nouveau règne. Le roi est mort, vive le roi : jamais on n’aura mieux marqué la continuité de l’institution royale, malgré la mort, et par son truchement même.

    17 Enfin, la royauté de Némi a beau être un rite marginal de la religion romaine, elle est aussi la plus stable des institutions du monde latin, n’ayant disparu, semble-t-il, qu’avec la chute de l’empire [ ibid., p. 19, note2]. Comme les singularités mathématiques, elle concentre des propriétés généralement disjointes et constitue ainsi le germe de toute une diversité déployée dans une multitude d’institutions. C’est pourquoi résoudre l’énigme de Némi et construire une théorie générale de la royauté ne sont vraisemblablement qu’une seule et même chose.

    18 Il est vrai que, au terme de son enquête, Frazer donne le sentiment d’avoir en grande partie échoué [ 1984, p. 5] : de n’avoir élucidé entièrement ni le mystère de Némi ni la nature des institutions qui s’y rattachent. Car on sait que, pour résoudre l’énigme du roi condamné à mort, il propose deux théories qu’il n’arrive pas à bien articuler.

    19 Selon la première théorie, le roi représente les forces de la nature et il est le garant de la prospérité générale : il doit être mis à mort dès que ses forces commencent à décliner, car il risque alors de nuire à son entourage. Selon la seconde théorie, le roi est un bouc émissaire, prenant en charge tous les maux qui peuvent atteindre le groupe : il doit être mis à mort pour purifier la collectivité dès que le salut de celle-ci paraît l’exiger.

    20 Frazer pense que ces deux explications du régicide sont complémentaires plutôt que concurrentes, mais que la première l’emporte sur la seconde.

    21 D’où l’ordre dans lequel elles apparaissent dans le Rameau d’or, les places respectives qu’elles y occupent (du moins, en première lecture) et les efforts de l’auteur pour greffer la seconde hypothèse sur la première. Mais sa démonstration est loin d’être parfaite et n’a guère convaincu la plupart de ses lecteurs.

    22 Ni le poids respectif des hypothèses retenues ni leur compatibilité n’ont été établis clairement.

    23 Or, à bien des égards, les choses n’ont guère progressé depuis la mort de Frazer, mais les descriptions accumulées par les spécialistes de la monarchie sacrée ont mis en évidence un point important, que laissait déjà entrevoir une lecture attentive du Rameau d’or. Elles montrent que le roi est avant tout, et non pas accessoirement, un bouc émissaire. C’est ce qui ressort, en particulier, de travaux récents de Luc de Heusch et de Declan Quigley. Nous voudrions faire quelques pas de plus dans la même direction, en essayant d’expliciter cette découverte et ses conséquences théoriques (...)

    Source: http://www.cairn.info/revue-du-mauss-2003-2-page-197.htm

    Nous pouvons encore mentionner le philosophe français René Girard qui a beaucoup écrit sur les thèmes du bouc émissaire et du sacrifice du roi. Je ne le citerai toutefois ici pas car ses travaux s'inscrivent dans un cadre purement philosophique même si les réflexions qu'il propose sont très intéressantes, et sont donc d'importance moindre.


    Après cette introduction de Frazer je m'arrête ici pour ce jour. Non pas que j'ai terminé; il y aurait encore beaucoup à analyser et d'autres références à venir afin de construire mon sujet. Mais il est vaste cela me prendra certainement du temps. Aussi je vous demanderai d'être patient et dans vos commentaires pas de conclusion hâtive, ne vous éloignez pas trop de ce qui a été dit jusqu'à présent, car je ne vous ai pas tout montré. Ce serait sympa ^^

    En attendant il y a déjà de quoi méditer.

    D'ailleurs voici une symbolique moderne d'un Mariage Sacré:

    Lady Gaga - Bad Romance


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    Message  Solstice 7/6/2011, 22:06

    Y a comme un big probleme. le forum est infiltré aujourd'hui par des attaques coordonnées de l'extérieur. ADMIN, gardez les yeux grand ouvert Vous allez devoir réaliser un grand ménage d'été... Laughing
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    Atrahasis


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    Message  Atrahasis 8/6/2011, 02:16

    Mariage Sacré en Egypte:

    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Hierogamieegypte


    UN MARIAGE SACRE

    Ce bas-relief du Temple d'Edfou en Egypte symbolise l'union du dieu Amon "l'invisible" et de la mère du futur Pharaon qui apparaîtra comme le fils du dieu; cette union sacrée, ou hiérogamie, se concrétise par l'échange entre les personnages de deux "croix de vie", qui assureront l'immortalité' du futur Roi.

    . Quel que soit le nom du dieu, Amon en Egypte ou Marduk à Babylone etc..., une hiérogamie reste une hiérogamie. Dans le christianisme, le dieu-lumière, trine, féconde une vierge dénommée Myriam-Marie dont le nom signifie: "née de l'écume", et rappelle celui d'Aphrodite. La fécondation s'opère par l'ombre du Saint-Esprit, émanation du Père et du Fils, mais engage la Trinité toute entière: l'enfant-lumière qui naîtra s'identifiera au Fils, première émanation du Père; Fils qui sera donc à la fois, géniteur par le Saint-Esprit et fruit de la hiérogamie. Des antécédents précis à cet inceste "divin" existent au moins dans les mythologies égyptiennes, notamment dans celle d'Isis et d'Osiris. Le culte isiaque s'était largement répandu dans tout l'Empire, comme le montre Apulée dans ses "Métamorphoses" (livre XI), jusque dans la lointaine Ibérie, où l'on donnera le nom d'Isis au dernier Père de l'Eglise: Isidore de Séville mort en 636; Isidore est le don d'Isis.

    Au Xllème siècle en Occident, le culte de Myriam, devenue Marie, sera développé par les moines cisterciens à la suite de Bernard de Clairvaux, qui eut la grâce d'être nourri du lait marial. Marie sera couronnée Reine du Ciel à l'instar d'Isis, et considérée comme l'épouse du Christ son fils; telle est la signification reconnue de la mosaïque de l'abside de l'église Santa-Maria in Trastevere, à Rome, réalisée vers 1140/1145.

    La naissance du dieu "lumière de lumière" provoque nécessairement la venue des Mages, princes et prêtres de Mithra, dieu solaire assimilé à Apollon et au Soleil invincible d'Emèse depuis 274. Les Mages viennent adorer leur dieu, le Soleil, dans sa dernière manifestation, sa dernière re-naissance sous les traits d'un nouveau-né, après que des bergers l'aient aidé à sortir de la caverne conformément à la mythologie mithriaque.

    En définitive, la fixation annuelle depuis 335 de la naissance du Christ au 25 Décembre confirme l'opinion émise d'une succession sans discontinuité des cultes dits païens et du christianisme; le syncrétisme nécessaire, même si certains universitaires hostiles à la pensée de Mircea Eliade le nient, s'est manifesté par l'institution progressive d'un rituel nouveau inspiré par la théologie du dieu unique venant accorder à Constantin, son représentant, le pouvoir d'unifier l'Empire.

    Source: http://srg.hereses.chez-alice.fr/archeologie%20du%20canon%20chretien.htm

    Nous aurons l'occasion d'aborder je l'espère le sujet du christianisme, auquel l'iconographie s'y rapportant, son symbolisme, se prêtait à merveille pour constituer le fondement de certaines religions des mystères. Mais chaque chose en son temps.

    Edit: Je rajoute pour certains qui se poseraient des questions : Non, je ne partage pas forcément les opinions véhiculés par les auteurs des articles cités. Les interprétations ou insinuations qui figurent sur ces sites ne regardent que leurs auteurs respectifs. Je me sert de ces articles comme un matériel, une base de réflection, ce qui m'intéresse sont les faits historiques ou croyances qui y sont énoncés, de les comparer, afin d'avancer progressivement vers une compréhension.
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    Message  Bardamu 8/6/2011, 12:08

    Solstice a écrit:Y a comme un big probleme. le forum est infiltré aujourd'hui par des attaques coordonnées de l'extérieur. ADMIN, gardez les yeux grand ouvert Vous allez devoir réaliser un grand ménage d'été... Laughing

    J'ai reçu avant ce post un MP de son auteur qui me demandait de manière alambiquée une sorte de caution morale pour le publier. Je lui ai dit mon inculture sur ces thématiques et conseillé de publier ce qui lui semblait utile et conforme au forum.

    Ma réponse :

    Salutations cher Atrahasis Smile

    J'ai bien lu ton message et je crains que ma réponse ne te soit d'une grande utilité.

    Si tu lis le forum fréquemment il ne t'aura pas échappé que le "modéradmin" Bardamu n'est pas la personne la plus qualifiée pour tout ce qui a trait de près ou de loin à la spiritualité. Même si tu m'avait exposé de façon directe et très précise le sujet dont tu veux débattre je n'aurais vraisemblablement pas eu d'arguments sérieux à t'offrir hormis un ressenti le plus objectif possible.

    Mon statut de modérateur/admin n'est pas du à mes connaissances, il dépend je crois d'une certaine ouverture d'esprit et de mon aptitude, très fragile, à savoir pressentir les mauvaises intentions des autres, rien de plus sauf peut-être le privilège de mon âge, sachant que cette maturité supposée ne me met pas à l'abri de faire des erreurs de jugement.

    Je présuppose que tu ne tiens pas à poster le fruit de tes études dans le seul but de nourrir ton égo, donc le seul conseil que je peux te donner, d'homme à homme, c'est d'être toi-même et de poster ce que tu estimes être un apport enrichissant pour les autres. Que le sujet fasse un flop ou pas, que son contenu fasse son chemin dans l'esprit de quelques uns ou pas, que l'on reconnaisse ou non la valeur que tu attribues à ton travail de recherches, le principal est que tu participes au but de ce forum qui est, avant tout autre, celui d'informer.

    Voila...

    En te remerciant de ta participation active au forum et te souhaitant bonne continuation
    Bardamu


    Atrahasis viens de me renvoyer un MP dans lequel il réitère sa demande de caution morale pour poursuivre ses publications.

    Ma réponse :

    Votre façon de m’interpeler par MP pour venir chercher auprès de moi une sorte de caution morale a le don de m'horripiler. Une nouvelle fois je vous le dis, je ne suis pas compétent dans ce domaine et de plus, après un essai infructueux de lire votre premier post, totalement et épidermiquement révulsé par les associations que vous faîtes tout le long de cette bouillie ésotérique malsaine.
    Mon conseil puisqu'il faut bien que je réponde à votre question : foutez moi la paix !


    Comme tu interpellais les admins sur ce sujet Solstice, il me semblait utile de vous faire part de cet échange et de mon incompétence à trancher dans le vif en ce qui concerne le fond. Je laisse les membres du forum répondre à Atrahasis sur ce point et j'interviendrais en tant que modérateur si besoin.



    _________________
    Info importante : Je n'ai rien à voir avec le Bardamu qui officie sur le site llp.org et encore moins celui qui officiait sur Quenel+.
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    Message  Atrahasis 8/6/2011, 15:40

    La nuit de Walpurgis et le 1er mai:


    La Nuit de WALPURGIS

    Décor préalable : nous avons précédemment vu que l’archaïque Troja des Nordiques (cf. Héligoland in art. Atlantide boréenne) était protégée des assauts de la Mer, qui ne cessait de remonter dans le “Grand Marais” Maglemose de la Mer du Nord depuis la fin de la glaciation, par un mur de palissades comme les toutes premières Walburg des chefferies de chasseurs de cétacés installées dans ce Grand Marais (cf. § Thétys in
    art. r-t : Déluges)…
    Dans nos folklores européens : « La nuit de Walpurgis a remplacé une ancienne festivité dédiée à Freyja* la Vanadise, les sorcières* post évangéliques ayant remplacé les Elfes* (cf. aussi art. Mânes*) qui faisait traditionnellement partie de la suite de la Déesse comme les Hagedises/ Walkyries faisaient partie de celle d’Odhin/ Wotan*.
    « Il est remarquable, à ce propos, que les chrétiens aient consacré le mois de mai, qui s’ouvre sur la nuit de Walpurgis – du 30 avril au Ier mai – à la Vierge Marie.
    Ce cas n’est pas isolé car, dans bien des traditions populaires, Marie a tout simplement pris la place dévolue à Frau Holle, ou Berchta (Rune ).
    C’est aussi le cas des “sources à enfants”, dénommés tantôt Holleborn ou “puits de Holle”, tantôt Marienborn, “Fontaine de Marie” [ce qui est aussi le nom d’une importante ville de Prusse Orientale, situé dans l’actuelle Pologne].
    « Dans la région de Kreuzberg, appelée en langage populaire Aschberg-Asenberg “montagne des Ases”[et non de la cendre, quoique… elle le soit devenue] – on dit qu’un missionnaire irlandais du nom de Killian plaça une croix sur l’endroit consacré à la déesse Hulda, et qu’il y jaillit une source nommée Holleborn qu’il dédia à la Vierge Marie. D’autres dénominations associent Marie à un Hag, un “bosquet sacré” : peu après 1400, Stéphan Lochner peint une Maria in Rosenhag ; Martin Schongauer, en 1481, peint une Madonna in Rosenhag. » Alain de Benoist, Les traditions d'Europe ß.
    La veillée ou “vigile” du 1er Mai, le trente avril est en exacte opposition calendaire, donc zodiacale, avec le jour des morts de Samhain : [la fête* d’Hlloween]…

    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Cavalierfoudre


    La “Chasse Sauvage” de Wotan* avec ses Einherjaer que nous avons rencontrée à plusieurs reprise, a lieu aussi pendant cette Nuit de Walpurgis précédant le I er Mai, comme un doublon de la Veillée du Solstice d’Hiver/ Jul*, cette ModraNecht/ Mutter-Nacht ou “Nuit des Mères” (Terre Mère, Nature) qui les verra accoucher du Dieu Fils
    solaire
    nous apportant la “Nouvelle Clarté” Neu Helle (épiphania) de l’an nouveau.
    LMais, l'Église* aura vite fait de transformer cette Chasse Sauvage en Sabat (une déformation du mot esbat) des sorcières* (cf. art.)…
    « Dans une légende allemande, Frau Holle, déesse de l’accouchement comme Maïa (la Romaine), arrive à cheval. Les femmes, sur le point d’accoucher, ont coutume d’offrir dans leur tablier de l’avoine à un cheval blanc (Horsa), en le priant de leur accorder une prompte délivrance. Originairement, la coutume exigeait que le cheval touchât les parties sexuelles de la femme. » J.-P. Clébert, Bestiaire fantastique, Albin Michel, 1971.
    Tout comme Robert Tolkien l’utilise dans son roman mythologique post celtique Le Seigneur des Anneaux (au Livre de Poche), le folklore russe fait état d’une “marche des arbres” pour cette nuit qui précède la Hiérogamie* de Mai :
    « Les vieilles gens ne disent-elles pas qu’une fois l’an, lorsqu’à la nouvelle lune de mai, la lune est noire (c’est bien pratique puisqu’on ne les voit pas) – une fois par an – tous les arbres, les fleurs, les herbes, toutes les âmes vertes ont la possibilité de marcher à la condition d’être de retour au matin à leur place ? Et sur leurs jambes nues, blêmes, gorgées de jus printanier, portant encore des traces de terre grasse et odorante, en foule, tout le monde erre dans la nuit noire, et alors commence quelque chose qui…… » Evgueni Zamiatine, Russie, Circé, 1996.
    On pourrait donc se demander si cette Nuit de Walpurgis n’est pas un anniversaire de la submersion de “l’Île Sacrée*” Héligoland ? au moins au sens symbolique* à défaut d’être une commémoration historique, l’arrivée du Printemps rappelant la re-naissance de la Terre “gastée” par le raz de marée boréen du XIIIème s. AEC…

    Après l’évangélisation : Nous avons vu, dans un article précédent, qu’on devrait le nom de Walpurgis à une sainte Walpurge de circonstance mais il est évident qu’il s’agit ici d’une “légende édifiante” mise au point par l’Église* (et par conséquent d’une tromperie culturelle) car ce nom, nous venons de le voir, était connu de longue date : citons à ce sujet Rudolf Simek (Dictionnaire de la mythologie germano-scandinave, Porte Glaive, 1996) :
    « Waluburg était une “voyante” germanique dont on a retrouvé le nom sur un ostracon (tesson de poterie) comportant une inscription en grec et datant du IIème siècle EC sur l’île égyptienne d’Éléphantine. Le nom, la profession et l’origine de la voyante : waluburg, se(m)noni sibylla (“Waluburg, voyante de la tribu des Semnons”) se trouve dans l’avant dernière ligne d’une liste de soldats… »
    Et Simek, qui nous rapporte cette découverte, suppose que Waluburg fut déportée en Égypte mais, que faisait cette Vala (sibylla) au milieu des troupes germanoromaines puisque ce tesson est un morceau du rôle de la solde. Était-elle au service d’un officier germain de l’armée collabo-romaine ? Ainsi, pendant longtemps encore, les Germains* avaient conservé leur “ancienne (et vitale) coutume” alors même que
    les croyances (superstitio) de leur impérialiste employeur se perdaient dans le multiculturalisme de son empire marchand !…

    Sainte Walburge : Connue en Scandinavie comme "Valborg" ; les formes alternatives sont "Walpurgis", "Wealdburg", ou "Valderburger"), née dans Wessex en 710 et nièce de Boniface (le bûcheron impie). Elle voyagea avec ses frères en Württemberg où elle est devenue nonne et vécue dans le couvent de Heidenheim, fondé par son frère Wunibald. Walburge est morte le 25 février 779, jour qui porte son nom dans le calendrier Catholique. Cependant elle ne fut canonisée qu'au 1er mai de la même année et ce jour porte son nom dans le calendrier Suédois : bien pratique !!

    «« La nuit de Walpurgis, Extase sur le mont Brocken, par Yngona Wisniewski : La nuit de Walpurgis ou Jour de Mai était et reste encore un festival de grande importance pour le monde païen*. Nommé d’après une déesse, Walburga se dit Valborg en Scandinavie, et Vappu en Finlande. Dans une grande partie de l’Europe*, c’est une fête* nationale où même les banques sont fermées.
    D’après la tradition, dans la ville de Frankenland (en Allemagne au VIIIème siècle) se trouvait un lieu de retraite religieux connu sous le nom de Heidenheimer Kloster, ou Cloître de la Maison des
    Païens. Elle était située près de la Heidenbrunnen, ou Fontaine des Païens. C’était la résidence d’une nonne nommée Walburga, dont l’Eglise fit une sainte. Sa renommée était due au miracle de l’huile ou de l’eau qui, paraît-il, jaillissait de sa pierre tombale chaque Jour de Mai. Ses guérisons posthumes étaient si fameuses que son corps fut finalement déterré et que des fragments furent envoyés aux églises dans toute l’Allemagne et en France.
    Dans l’esprit des gens, ce jour était déjà associé aux femmes sages qui chassent l’hiver [les Bethen, Cf. art. r.t : Déesses Mères*]. Le mois de mai marquait la saison de l’abondance* de la vie, une période où Sunni [la déesse Soleil] revenait et apportait le temps chaud avec elle. Aujourd’hui, il y a en Bavière une petite chapelle à l’ombre des tilleuls, dont on dit que Walburga y vécut. Elle se trouve au sommet d’une colline que la tradition païenne associe à Holda, qui est également associée
    au tilleul. Des sculptures ultérieures de Walburga la montrent avec un sac de grain et un petit chien – un Hilfstier, ou " chien de compagnie ". Ce type de compagnon est commun chez les Nornes, pour Frigga et Nehalennia. Cette association est si forte que beaucoup pensent que le nom de Walburga avait le pouvoir de charmer les bêtes sauvages [de les domestiquer, N r.t].
    La description de Walburga est si connue que les images d’elle n’incluent pas son nom. Lorsqu’elle passait dans le ciel, conduisant les dieux* au sommet de sa montagne sacrée, elle portait de purs vêtements blancs. Sur sa tête se trouvait une couronne d’étoiles, et à coté de son balai – qu’elle chevauchait les brosses vers l’avant – elle tenait un miroir à trois faces qui lui permettait de voir le passé, le présent et le futur. Ses grains de blé, représentant la chaleur et l’abondance à venir ; son chien de compagnie, pour la guérison et la prospérité ; et son miroir, similaire au Puits du Wyrd des Nornes ["cf. art. Destin*"] ; sont tous des symboles des femmes sages païennes. Peut-être était-elle une fameuse spaekona [une dise], car ses exploits ne sont certainement pas ceux d’une nonne chrétienne.
    D’autres contes la montrent apportant un arbre ou un rameau dans sa maison et le décorant avec des rubans et des fleurs – c’est l’origine du Mât de Mai ou Rameau de Pâques. Le Mât de Mai est censé représenter Walburga en tant que Reine de Mai et son Roi de Mai, ou Jack le Vert ; les rubans qui flottent pendant que les danseurs tournent autour représentent leur union sacrée. Dans ma famille, ces rubans sont toujours rouges et blancs – semence et sang.
    Il y a une forte idée de fertilité dans cette période de l’année. Les femmes de la tradition qui voulaient des enfants devaient sauter par-dessus le feu de Valborg ou se baigner dans un bain sacré.
    La même idée de fécondité était aussi associée au bétail. On faisait passer des troupeaux entiers de bétail entre deux feux de joie pour écarter la maladie et les autres maux. Dans l’Angleterre du XVIème
    siècle, les laitières se paraient de guirlandes fleuries, et les ramoneurs accrochaient souvent de grandes guirlandes sur les toits. En 1977, le groupe Jethro Tull sortit " Songs of the Wood " [Chants des Bois]. Cet incroyable récit folklorique fait appel à la mémoire populaire avec des strophes païennes modernes :
    Agite la coupe qui est toujours remplie du sang de tout ce qui est né
    Mais le Jour de Mai est le grand jour, chanté le long de la vieille piste droite
    Et ceux qui resteront fidèles aux traditions entendront ce chant qui les rappelle
    Passe le mot et passe la dame, passe l’assiette à tous ceux qui ont faim
    Passe l’esprit de l’ancienne sagesse, passe la coupe du miracle écarlate.

    La fête locale du Jour de Mai est de loin la plus grande de toute l’Allemagne. Elle se déroule dans un grand pré non loin d’une église en ruine vieille de cinq cents ans. Un mât haut de cent pieds est dressé dans le pré et des bottes de foin sont empilées autour. C’est le plus grand et le plus chaud feu de joie que j'ai jamais vu. Dans la ville, des groupes jouent de la musique, des camelots vendent des marchandises et les célébrants emplissent les rues. Aujourd’hui la plupart d’entre eux portent le costume traditionnel : les hommes portent des cornes et des queues, et les femmes s’habillent en sorcières*.
    Quand commencent les festivités, de la musique bruyante et des lumières brillantes signalent aux participants qu’ils doivent se diriger vers le lieu du feu de joie où une petite scène a été dressée.
    Sitôt assemblés, les "diables" courent à travers la foule, frappant et tourmentant les participants avec des fourches factices. En retour, ils sont sifflés et hués ; certains sont même la cible de boulettes de
    papier et de tasses de bière vides – tout cela dans la bonne humeur. Ces "démons" représentent la dureté et le froid de l’hiver, et bientôt, ils se dispersent quand une grande lumière perce littéralement le ciel nocturne. Une incroyable lumière laser donne le signal de l’arrivée de
    la Reine de Mai. Son apparition sur la scène met la foule dans un état de quasi-frénésie. En fait, le tout ressemble beaucoup à un concert rock [?, à chacun ses références, r.t].
    Accompagnée par ses servantes, la Reine de Mai – habillée tout de blanc – bénit la foule avec solennité. Après une petite pièce avec une large participation du public, la Reine de Mai descend solennellement
    de la scène. Les milliers de gens deviennent immédiatement silencieux en la laissant passer. C’est à la fois glacial et inoubliable de voir cette foule chahuteuse instantanément empreinte de
    respect. Alors qu’elle traverse la cohue, certains s’inclinent même. En arrivant devant le feu* de joie elle saisit une torche et enflamme l’arbre*. La foule redevient sauvage et les danses* et les festivités
    continuent jusqu’aux premières heures du matin.

    C'est dans la nuit du 30 avril au 1er mai qu'est célébrée dans une grande partie
    de l'Europe* une fête païenne* majeure baptisée "Nuit de Walpurgis" dans la Tradition
    germanique, et correspondant à la Beltaine des Celtes*.
    Infiniment plus méconnue qu'Halloween/ Samain (car beaucoup moins vulgarisée,
    médiatisée, et "rentabilisée"), Walpurgis/ Beltaine en constitue l'exacte réplique,
    la seconde marquant le passage de la partie sombre de l'année à la partie
    lumineuse, inversement à la première.
    Fête* du retour de la lumière et du renouveau de la Nature, elle n'en constitue
    pas moins également une nuit "hors du temps", peuplée de forces obscures et au cours
    de laquelle le monde des morts et de l'au-delà interfère avec celui des vivants. Tout
    comme Halloween, elle est marquée par l'errance de forces impalpables, de créatures
    ténébreuses et inquiétantes, au premier rang desquelles les sorcier(e)s* maléfiques, les
    revenants et autres loups-garous (le thème du loup-garou est d'ailleurs spécifiquement
    associé à la nuit de Walpurgis dans l'ancienne Tradition germanique).
    On s'y réunit aussi autour de grands brasiers conjurant les ténèbres et saluant le
    retour du Soleil régénérateur, les fameux "Feux de Beltaine", qui sont l'occasion de
    moultes réjouissances et libations en l'honneur des forces vives de la Terre-Mère*. Soleil
    et Terre-Mère respectivement symbolisés par le Dieu Bel/ Belenos
    (d'où le nom de
    Beltaine) et par l'antique déesse préceltique Maïa (d'où le nom du mois de Mai).

    Les Feux de la Veillée de Beltane ou la Nuit de Walpurgis
    Par : RCH, le 30 avril 2005
    « Le jour de Sainte Walburge (VIIIème siècle) est célébré le 1er mai. Mais la nuit
    précédente, le 30 Avril ou veille du jour de mai (la veillée de Beltane) s'appelle la Nuit
    de Walpurgis qui était autrefois la date du festival païen* marquant le début de l'été.
    Selon la légende allemande, ce festival était associé à un carnaval des sorcières*
    [Dises], et cette nuit on croyait que les sorcières rencontraient le diable° [cf. "esbat"
    supra et art. r.t Église*]. Pendant certaines de ces nuits, il y avait habituellement de
    grands feux dans certains endroits des montagnes du Harz en Allemagne, feux dont le
    but était [soi-disant] de disperser les sorcières. » Source : Panthéon.org.
    « En Suède, tous les ans en soirée du 30 avril, nous célébrons la nuit de
    Walpurgis par un rassemblement autour de grands feux, pour regarder des feux
    d'artifice et chanter des chansons au Printemps bienvenu.
    Cette tradition provient d'Allemagne où sont allumé des feux* pour effrayer les
    sorcières*. Nous avons l'habitude de laisser les vaches et les chèvres dehors dans la forêt
    le 1er mai pour commencer leur pâture estivale. Les Vikings avaient pris l'habitude
    des feux de joie pour se garder des esprits mauvais et des animaux sauvages afin qu'ils
    ne nuisent pas au bétail. Ils employaient également les feux pour célébrer et accélérer
    l'arrivée du Printemps, et pour épurer la nature.

    http://racines.traditions.free.fr/walpurgi/walpurgi.pdf

    Source:
    Tristan Mandon
    “Les Origines de l’Arbre de Mai” dans la cosmogonie runique des Atlantes boréens
    http://racines.traditions.free.fr

    Cette pratique qui constituait à organiser de grands feux de joies au début de l'été est abordée par Frazer dans son ouvrage, lorsqu'il expose le thème du 1er Mai. On la retrouve encore à la Saint Jean d'été. Selon lui, ce rite de passage par dessus ou à travers les flammes constitue un simulacre, hérité d'une lointaine tradition, dans laquelle initialement des victimes étaient immolées.

    [anecdote] A l'évocation de telles pratiques, le dégoût suscité nous fait penser à l'atrocité des massacres dans les holocaustes dédiés à Baal, connues sous le nom de Moloch.


    En 310, vaincus et assiégés par les Grecs de Sicile, Carthage souffrait de manque d’eau. Les prêtres, pour se faire pardonner leurs péchés par Baal, organisèrent un holocauste, ces sacrifices de grande ampleur (tel est le sens premier du mot) qu’on appelle aussi, dans un vieux terme hébreu passé en langue punique, des Moloch. Selon Diodore, 500 enfants de la noblesse furent exécutés de la plus atroce des façons. Un immense Baal trônait sur la place centrale de la cité. Il était creux, et l’on entretenait à l’intérieur un immense brasier. Les bras de la statue, articulés, emportaient les enfants, encapuchonnés de noir, dans la gorge béante où ils étaient précipités vivants, sous les yeux d’une foule que Diodore de Sicile décrit ivre de joie démente et de folie meurtrière. Selon lui, des hommes et des femmes, rendus fous par la foule surchauffés, se poignardaient mutuellement, se précipitaient dans le bûcher. Baal dut être content : un orage s’abattit sur la ville, noyant la démence collective sous les trombes d’eau et remplissant les citernes. Le plus fou est que ce massacre dément fut fait pour absoudre un péché de la noblesse - toutes les petites victimes, nous l’avons dit, était nobles. Quel péché ? Celui de n’avoir pas perpétué l’antique tradition qui voulait que le premier rejeton de chaque famille noble soit immolé, afin de garantir le destin de la suite de la descendance. Rites de sang et de feu qui choquèrent profondément leurs adversaires grecs - dont les derniers sacrifices humains ne remontaient peut-être pourtant pas si loin. Mais la puissance supposée de ces rites avaient conduit chez les uns comme chez les autres à leur adoucissement, et au remplacement de divinités humaines par des substituts, animaux ou végétaux offerts en ersatz, si l’on ose dire.

    http://www.heresie.com/baal.htm

    Chasse Sauvage:

    Quant à la Chasse sauvage, c'est l'une des questions les plus ardues qui soit. D'abord le terme est impropre puisqu'il recouvre Chasse sauvage proprement dite, Chasseur diabolique, personnage surnaturel lancé à la poursuite d'une proie - Philippe Walter a réussi à montrer qu'il s'agissait d'un vestige de hiérogamie, de la traque de la vierge mère afin d'assurer une fécondation, une fertilisation, - et enfin Chasse infernale, cohorte de morts qui passe sur terre à dates fixes. Je me suis essentiellement consacré à cette dernière forme, montrant qu'il fallait impérativement distinguer ce que Chasse sauvage désignait sous peine de retomber dans les erreurs anciennes, qui ont la vie dure! Il y a peu, Jean-Claude Schmitt affirmait encore que Hellekin est le “ roi des morts ”, interprétation reposant sur une étymologie aberrante. Toutes les cohortes de la nuit ne sont pas des chasses, j'ai exposé il y a peu les critères de différenciation qui permettent d'y voir un peu plus clair. Pour compliquer les choses, il y a les travaux de 0. Höfler sur les confréries d'hommes masqués. Höfler est parti d'une idée préconçue qu'il a tenté de prouver, éliminant ce qui ne cadrait pas avec ses vues, aussi fut-il facile à Friedrich Ranke d'énumérer les failles de son raisonnement. Pourtant, lorsqu'on reprend les textes eux-mêmes dans une perspective européenne - mon corpus comprend plus de 150 textes ! - force est de constater qu'il y a du vrai dans ce qu'affirme Höfler : il existe un lien entre ces confréries et la Chasse infernale. Il est difficile à préciser car le temps a fait son œuvre, et la question à laquelle il faudra répondre un jour ou I'autre est celle du primat: les confréries sont-elles issues de la Chasse infernale, en sont-elles une imitation, ou bien est-ce l'inverse et aurions-nous affaire à une réinterprétation ? Je peux répondre dans l'état actuel de mes travaux, crois même que seul un groupe de chercheurs de disciplines différentes le pourrait. Le thème est important non seulement au Moyen Age mais après, voyez les traditions scandinaves sur Oskoreia, Asgerdreia et Guro Rysserowa. Nous sommes face à un amalgame, à un écheveau quasiment inextricable où se mêlent l'idée que la mort n'est pas une fin, que les morts règnent sur la fertilité et la fécondité, etc. Le culte des ancêtres est omniprésent, la transformation desdits ancêtres en génies et en démons (au sens grec !) partout visible. En ce sens la Chasse infernale est l'un des foyers des représentations qui relèvent du paganisme.

    http://archaion.hautetfort.com/archive/2006/11/07/entretien-avec-claude-lecouteux.html

    La fin de cet interview est intéressante et nous mène encore vers d'autres pistes. Les mystères d'Orphée, le mythe de Mélusine... Nous tenterons de les aborder par la suite. Mais il faudra encore dire beaucoup de choses.
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    Atrahasis


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    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Empty Re: Hiérogamie ou Mariage Sacré

    Message  Atrahasis 8/6/2011, 20:40

    J'ai trouvé un article qui résume le Rameau d'Or. Vous comprendrez l'importance des questions que son auteur soulève. Avec ce qui a été mis en relation jusqu'à présent, vous devriez commencer à comprendre ce que j'essaie d'exposer.

    Le Rameau d’or (1890-1915)


    James George Frazer a publié, de 1890 à 1915, les douze volumes du Rameau d’or, dont le succès a été universel et qui, toujours réédité, n’est jamais tombé dans l’oubli. Il s’agit pourtant d’un texte bien étrange, si on le compare avec ce qu’est en train de devenir l’anthropologie. Bientôt, Malinowski et ses disciples imposeront à la fois le travail sur le terrain et l’élaboration d’une problématique aussi scientifique que possible. Conçu et réalisé comme une gigantesque compilation élaborée à partir de textes disparates, le Rameau d’or, il faut l’admettre, ne répond a aucun critère de scientificité. Il n’en est que plus utile d’essayer de comprendre les raisons d’un succès aussi durable.

    2 Le Rameau d’or est une vaste fresque dans laquelle James George Frazer rapporte des centaines de mythes et de rites de tous les continents. L’auteur a voulu élucider le mystère du meurtre du « roi sacré » et, ce faisant, pense avoir trouvé la clé de la pensée magique des peuples « sauvages ».

    3 Il débute par un récit en forme d’énigme. Le récit est celui d’un curieux mythe datant de la Rome archaïque. Sur le bord du lac Nemi, près de Rome, vivait un prêtre-roi dévolu à la déesse Diane. Lorsqu’il commençait à vieillir, le maître des lieux devait être remplacé selon un rituel étrange et brutal : le roi devait être tué par le prétendant à sa fonction, un esclave fugitif. Mais ce dernier ne pouvait commettre son crime qu’après avoir dérobé une branche de l’arbre sacré auprès duquel vivait le prêtre-roi. « Telle était la loi du sanctuaire. Quiconque briguait le sacerdoce de Nemi ne pouvait occuper les fonctions qu’après avoir tué son prédécesseur de sa main ; le meurtre perpétré, il restait en possession de la charge jusqu’à l’heure où un autre, plus rusé ou plus vigoureux que lui, le mettait à mort à son tour. »

    • Pourquoi faut-il tuer le roi ?

    4 Frazer s’interroge alors sur la signification de ce mythe, que l’on racontera encore longtemps dans la Rome civilisée. Pourquoi faut-il tuer le roi lorsque ses forces déclinent ? Et pourquoi faut-il d’abord cueillir ce précieux rameau ?

    5 Ces deux questions forment l’intrigue d’une histoire dont la trame court tout au long du Rameau d’or. L’ouvrage est monumental. Il fut d’abord publié en 1890 sous la forme de deux épais volumes. Mais par la suite, Frazer, travailleur solitaire et encyclopédiste insatiable, ne cessera d’enrichir et développer son sujet.

    6 La troisième édition, publiée en 1911 et 1915, ne comprend pas moins de douze volumes ! Car pour mener son récit, l’auteur nous propose une vaste exploration des mythologies des peuples de l’Antiquité et des sociétés primitives. L’énigme du meurtre du « Roi des bois », puis celle du « Rameau d’or », sera le prétexte, pour Frazer, de comprendre le fonctionnement de la pensée primitive et de percer le mystère des rituels magiques.

    7 L’ouvrage débute par une longue étude sur le thème du « Roi magicien dans la cité primitive ». Dans plusieurs sociétés, des pharaons égyptiens aux anciens royaumes africains, le roi est investi de pouvoirs sacrés. II n’est pas un être humain comme les autres, mais une sorte de demi-dieu détenant des pouvoirs magiques. C’est lui qui assure le retour de la pluie, préside aux cérémonies agricoles et est responsable des récoltes.

    8 • Roi-prêtre, roi-dieu ou roi-magicien... la royauté sacrée incarne la communauté et les forces de la nature. Par ses forces vitales, le roi assure l’unité, la survie du groupe, et il permet à la nature de se régénérer. C’est pourquoi sa vie et sa santé sont si précieuses aux yeux des sociétés qui le vénèrent. Mais les rois, même élevés au rang de dieux, meurent un jour. Et la mort du souverain est toujours une phase critique pour une communauté.
    Dans le volume suivant, Le Dieu qui meurt, Frazer alors examine les mythes et rites liés à la disparition du roi.

    9 Pour faire face au danger que représente la maladie ou la mort inattendue du roi, qui menacerait la prospérité de la communauté, il n’existe qu’un moyen. Un moyen radical : tuer le dieu-roi dès qu’apparaissent les signes de son déclin physique, afin de transmettre son « âme » à un successeur vigoureux.

    10 Le thème de la mort et renaissance du dieu est associé par Frazer aux rites agricoles des cycles de la nature. Chaque année, on célèbre chez de nombreux peuples « les esprits des blés et des bois » auxquels Frazer consacre un épais volume.


    11 Puis, dans un autre volume, Frazer s’intéresse au thème du « bouc émissaire », la mise à mort d’un dieu ou d’un animal sacré (le bouc). Ce rituel a pour but de purger la société du mal qui la guette. Le Rameau d’or s’achève avec le conte scandinave de Balder le Magnifique. Ce mythe vise à répondre à la seconde question posée en début d’ouvrage : pourquoi le prétendant au statut de prêtre-roi doit-il d’abord cueillir le Rameau d’or avant le meurtre du roi en place ?
    • La mort de Balder le Magnifique

    12 Dans la mythologie nordique, Balder, dit le Magnifique, fils d’Odin, le chef suprême des dieux, est à la fois le plus beau, le plus sage, le meilleur des dieux. Pour le protéger et l’éloigner de tout danger, sa mère réussit à obtenir un privilège : Balder sera rendu invulnérable à tous les objets qui pourraient le blesser ou le tuer. Devenu imperméable aux blessures, les frères et sœurs de Balder s’amusent donc à lui jeter des pierres, des flèches, sans qu’il n’éprouve rien. Mais Loki, un dieu malfaisant, apprend que Balder n’est pas immunisé contre tout. Il existe une plante, le gui, contre laquelle Balder n’a pas été protégé.

    13 Loki va donc cueillir du gui et en donne une branche à Hother, un dieu aveugle et très puissant. Hother s’empare de la branche de gui et la projette avec son arc sur Balder. Celui-ci tombe et meurt sur le coup. C’est l’effroi et la consternation parmi les dieux et les humains. Le corps de Balder sera transporté au bord de la mer où il sera brûlé. Le mythe nous dit que sa femme, folle de désespoir en voyant le corps de son époux, se jettera dans les flammes du bûcher. Le dieu Balder est donc mort, tué par une branche de gui. Frazer relie ce fragment de mythe au schéma du Rameau d’or. Comprendre la signification de ce mythe, ce serait élucider les raisons d’être de cette branche sacrée.


    14 L’interprétation que donne Frazer de ce mythe est la suivante. Balder est tué par une branche d’arbre. Mais cette branche est celle d’un arbre sacré dont le gui est « l’âme extérieure ». Le gui représente « l’âme » du chêne. Il faut donc d’abord arracher cette âme avant de mettre le chêne à mort. La mort de Balder, assimilé au chêne, le fait de brûler son cadavre sur un bûcher, constitueraient le sacrifice nécessaire pour régénérer la nature et la communauté. Ce mythe accompagne et justifie les rituels annuels du feu, qui ont lieu un peu partout dans les sociétés agraires. Ils appellent au retour de la nature. Le mythe de Balder serait donc à relier aux rituels de la cueillette du gui et aux cérémonies du feu.

    15 Pour Frazer, le mythe est le récit qui accompagne un rite ; et le rite est un geste magique destiné à agir sur la nature et les forces qui la dirigent. Il est donc parvenu à résoudre sa double énigme : celle du meurtre du roi et celle du rameau d’or. Il faut tuer le roi et le remplacer pour éviter que l’âme sacrée ne se dégrade. Le rameau d’or est le vecteur de cette âme, source vitale qui se transmet de génération en génération chez les humains, et de saison en saison dans la nature. Voilà pourquoi le prétendant au titre de prêtre-roi ne peut pas être n’importe quel putschiste. Il faut d’abord qu’il s’empare de la force vitale, qu’il soit sacralisé avant de remplacer le roi déchu.

    • La théorie frazérienne de la magie

    16 Dans la pensée magique, la nature est gouvernée par des esprits et des forces que l’homme « primitif » vénère et cherche à se concilier. Chaque année, la renaissance de la nature s’effectue par l’intervention d’un roi-magicien, qui recrée le monde des plantes. Les rituels sacrés pratiqués par ce roi ont pour but de redonner vie aux végétaux, de faire venir la pluie, d’éloigner les maladies. Pour Frazer, la magie fonctionne selon un principe de « sympathie », c’est-à-dire par ressemblance et imitation. Par exemple, la fumée qui s’élève au-dessus du feu rappelle les nuages qui couvrent le soleil. Pour faire venir les nuages, l’orage et la pluie, il faut donc, chez les Zunis (Indiens du Nouveau-Mexique), pratiquer un feu cérémoniel.

    17 La causalité magique repose sur une loi d’analogie, dite homéopathique : le feu est semblable au soleil, les nuages à la fumée, et ainsi « tout semblable appelle le semblable ».

    18 La pensée magique repose également sur une autre loi, la loi de contagion, qui veut que les choses qui ont été en contact continuent d’agir à distance. Ainsi, le roi-magicien ne doit pas être mis en contact avec le sol, sinon il se pervertit, se dégrade... C’est ainsi que, dans nombre de sociétés où règnent des rois-dieux, des pharaons à l’empereur du Japon, on évitait soigneusement que le roi ne touche le sol afin que la force ne se dégrade au contact de la terre. Voilà pourquoi il fallait transporter le roi sur les épaules de ses serviteurs ou étaler un tapis sous ses pieds.

    19 Pour agir sur la nature et pour assurer la prospérité des récoltes, pour protéger la société du mal, il convient donc de pratiquer toute une série de rituels sacrés. Car pour Frazer, le rite est le versant pratique du mythe. Le mythe entretient avec le rite le même rapport que la science avec la technique. Peu à peu, selon Frazer, la pensée magique sera remplacée par la religion (lorsque les hommes auront compris qu’il existe un monde des dieux distinct de celui de la nature). Puis cette dernière sera remplacée par la science.

    20 Cette conception évolutionniste des trois âges de la pensée - magie, religion, science - est courante à l’époque. Sur ce point, Frazer ne fait que reprendre les idées de ses prédécesseurs. Mais il formule cette conception évolutionniste au moment même où les anthropologues sont en train de l’abandonner...

    21 L’œuvre de Frazer a connu un retentissement extraordinaire. Les éditions successives du Rameau d’or rencontreront un énorme succès, grâce notamment à l’activisme de la femme de Frazer, qui a consacré sa vie à faire connaître et à traduire l’œuvre de son mari. Le Rameau d’or a inspiré des psychanalystes comme Sigmund Freud et Geza Roheim, des écrivains (Ezra Pound, James Joyce, David H. Laurence, Thomas S. Eliot). Chez les anthropologues, en revanche, la réception sera beaucoup plus froide.

    22 Frazer débute en effet son entreprise dans les années 1880, à une époque ou l’anthropologie est dominée par l’évolutionnisme. Il est fortement influencé par Robertson Smith, son professeur devenu son meilleur ami. Et une grande partie de sa construction intellectuelle lui est redevable. Mais quand il termine son œuvre, dans les années 1920, l’anthropologie ne raisonne plus dans les mêmes termes et les critiques commencent à s’accumuler.

    23 Dès 1902, Marcel Mauss critiquera la théorie frazérienne de la magie sympathique et sa conception évolutionniste des âges de la pensée. Arnold van Gennep reproche à Frazer de tisser des liens arbitraires entre des mythes issus de lieux et d’époques différentes, créant ainsi des constellations mythologiques artificielles. Robert Lowie a des mots très durs à l’égard de Frazer et de sa construction intellectuelle : « C’est un érudit, non un penseur. »

    24 Mais ce sont les Britanniques qui porteront les critiques les plus acerbes. Bronislaw Malinowski se déclare d’abord « englouti, captivé » par l’œuvre frazérienne, avant de prendre ses distances « devant certaines naïvetés théoriques du Rameau d’or ». Mais c’est Edmund Leach, une des grandes figures de l’anthropologie britannique, qui a les mots les plus durs à l’égard de Frazer. Il le présente comme un érudit humaniste, un savant en chambre qui n’a fait que compiler des documents de deuxième main en leur donnant une forme littéraire propre à séduire le public. Au fond, écrit-il méchamment, « les capacités de Frazer se trouvèrent réduites à celles d’un rat de bibliothèque prodigieusement vorace et laborieux ». On peut consulter les ouvrages de Frazer pour leur bibliographie, ajoute-t-il, « quand au reste, il amasse la poussière ».

    • Une postérité paradoxale

    25 La gloire du Rameau d’or auprès du grand public semblerait donc n’avoir eu d’égal que le peu d’estime des milieux spécialisés.

    26 Pourtant, quelques anthropologues ne partagent pas cet avis. Le thème principal du Rameau d’or, celui de la « royauté sacrée », continue d’intéresser certains spécialistes, notamment ceux qui étudient les fondements symboliques du pouvoir.

    27 C’est le cas de l’anthropologue belge Luc de Heusch, qui se qualifie lui-même de « néofrazérien ». Spécialiste de l’aire culturelle des Kongo d’Afrique centrale, L. de Heusch s’inspire des thèses frazériennes pour interpréter les systèmes de pensée liés aux royaumes sacrés présents pendant plusieurs siècles en Afrique centrale. Car le « meurtre rituel » du roi du lac de Nemi ne fut pas qu’un vieux mythe romain. Il y a peu encore, on se livrait au régicide rituel dans certaines royautés d’Afrique, comme chez les Nyakyusa de Tanzanie. Un roi sacré y vivait reclus, et était censé garantir la prospérité du pays par la force germinative qui résidait dans son corps. Il avait le pouvoir de faire tomber la pluie, de procurer de la nourriture, du lait et des enfants. C’est pourquoi « il était rituellement étranglé ou enterré vivant lorsqu’il tombait gravement malade ».

    28 La symbolique du pouvoir, les tabous royaux, les rites du bouc émissaire, les rituels agraires... bien des pistes mythologiques explorées par Frazer continuent à stimuler la réflexion de certains mythologues sur la magie, la mythologie et la pensée sauvage.

    http://www.cairn.info/article.php?BISHPAGE=153
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    Message  Atrahasis 9/6/2011, 14:42

    le Rameau d'Or (suite)

    L'immense enquête de Frazer qui constitue la matière du Cycle du Rameau d'Or, s'ouvre, avec les premières pages du Roi magicien dans la société primitive (The Magic Art and the Evolution of Kings), sur la présentation d'une institution romaine archaïque riche de contenu dramatique et symbolique, qui va jouer, au long non seulement du premier volet du Cycle, mais de l'oeuvre entier, un rôle thématique fondamental, en dépit de l'abondance des détours et des parcours surajoutés de l'itinéraire frazérien.
    Près du Lac de Némi, dans les monts Albains, se trouvait un sanctuaire voué au culte de Diane. Le prêtre de ce sanctuaire, qui portait le titre de "Roi", et plus précisément de "Roi du Bois", accédait à la fonction sacerdotale en tuant son prédécesseur. Encore fallait-il, pour disposer en quelque sorte du droit de meurtre sur la personne du prêtre en place, que le "prétendant" au sacerdoce ait au préalable détaché en la cassant une branche d'un arbre à l'intérieur de l'enceinte du sanctuaire, dans laquelle ne pouvait pénétrer que les esclaves fugitifs (1), qui y trouvaient la vie sauve, et une précaire liberté, reçue en échange d'un meurtre qui mettait le meurtrier en péril de mort. Pour les Romains, la branche ainsi détachée de l'arbre du sanctuaire de Némi - arbre dont Frazer fera l'hypothèse qu'il s'agissait d'un chêne - était une sorte de substitut ou d'équivalent symbolique du rameau d'or qu'Enée avait cueilli avant d'entreprendre son voyage au pays des morts.

    (1) "Seul un esclave fugitif avait le droit", s'il le pouvait, de briser un de ces rameaux. Le succès de sa tentative lui permettait d'attaquer le prêtre en combat singulier ; s'il parvenait à le tuer, il régnait à sa place, sous le titre de Roi du Bois. Il est clair que les Rois du Bois, passé l'épisode mythique de Verbius, étaient des esclaves fugitifs, mais Frazer ne s'attarde pas sur ce point.

    A la Diane de Némi étaient associées deux divinités mineures : la nymphe Egérie, dont le premier roi de Rome, Numa, aurait été l'amant, et Verbius, superbe cavalier et conducteur de char, avatar latin du héros grec Hippolyte, chasseur émérite et amant de la chasseresse Artémis. L'analyse initiale de Frazer conduit à envisager une équivalence entre le couple Hippolyte-Artémis, et un couple Verbius-Diane ; Verbius pouvant être envisagé comme le premier Roi du Bois, le couple Verbisu-Diane serait la première forme d'un couple associant le prêtre de Némi et sa déesse. Le Roi du Bois, "descendant" de Verbius par le moyen d'une chaîne de meurtres rituels, est l'époux mystique de la Diane sylvestre des monts Albains, divinité tant de la nature "sauvage", celle des bois et des animaux que l'on chasse, que de la nature domestiquée, celle que "traitent" l'agriculture et l'élevage. En clair, Artémis-Diane apparaît ici sous le double aspect d'une divinité de la nature en général et de la fécondité, cette notion s'appliquant à la seule nature domestiquée. Nous tenons un premier résultat. Si ce prêtre, dés lors prêtre de la nature et de la fécondité, porte le titre de "roi" alors qu'il ne détient aucune souveraineté de caractère politique, c'est qu'il doit y avoir à l'inverse un rapport entre la "royauté", en tant qu'elle est effectivement détentrice de souveraineté, et la fécondité. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de pouvoir sans sacré. Et c'est ménager la place à venir de la magie, car si la royauté doit aller de pair avec la possibilité d'une manipulation des forces naturelles qui commandent aux mécanismes de la fécondité. Si le roi est magicien, alors le magicien peut devenir roi. L'analyse de l'institution du Roi du Bois nous conduit à nous interroger sur l'origine et la nature de la magie, d'une part, de la souveraineté, d'autre part.

    Le Rameau d'Or, Introduction p. XXXI-XXXII

    C'est au chapitre IV que seront étudiés les rapports entre magie et religion : de la science il est peu question. La première partie du chapitre V en développe les idées selon les deux directions parallèles que nous venons de tracer. Le magicien devient ici un dieu-humain, c'est à dire un homme - qui n'est donc pas un dieu et pour lequel, en outre, la question de la divination ne se pose pas -, mais qui, dans un monde encore seulement magique - qui n'est pas parvenu à la conception d'un monde divin - détient des pouvoirs qui en font un dieu parmi les hommes. Ce qui fonde cette divinité humaine, c'est la possibilité qu'a le magicien d'agir sur la nature.

    Le Rameau d'Or, Introduction

    Comprendre le concept de dieu(x):

    Pour l'ancêtre primitif, les termes de "dieu" et "roi" désignent globalement la même chose. De son vivant, le roi est l'incarnation du dieu, et à sa mort, le roi est fait dieu. Les dieux sont donc des hommes fait dieux à leur mort. C'est ce que disent aussi les fragments écrits du phénicien Sanchoniathon. En gros, après le déluge, les hommes avaient perdus leur ancienne tradition. Egarés, ils commencèrent à vénérer les astres et le soleil. Les dieux dit-il, étaient de grands hommes qui ont marqué leur temps et qui ont été fait dieux à leur mort; on élevait alors des statues, on les vénérait, on pratiquait la divination. Ensuite ces dieux furent associés aux astres, et l'on commença à inventer toutes sortes de mythes afin que plus personne n'y comprenne quoi que soit.
    Un autre exemple est le terme "Baal", qui n'est pas le nom d'une divinité, mais un terme générique qui signifie "Seigneur". Ainsi il y avait plusieurs dieux Baal ; Baal Hadad, Baal Hammon. Le terme est directement en référence avec la souveraineté.

    Un Mariage Sacré à Némi?

    (...) Or, dans le 1er chapitre de cet ouvrage, nous avons trouvé des raisons de croire que le prêtre, portant le titre de Roi du Bois à Némi, avait pour compagne la déesse du bois sacré, Diane en personne. Ne se peut-il que ce Roi et cette Reine du Bois aient été représentés par des personnages véritables dont nous trouvons les pendants dans les joyeux masques qui jouent le rôle de Roi et de Reine de Mai, de marié et mariée de la Pentecôte, dans l'Europe moderne? Et ne se peut-il que leur union ait été célébrée chaque année dans une théogamie ou mariage divin? Dans plusieurs parties de l'ancien monde on représentait dramatiquement des mariages de dieux et de déesses comme rites religieux; aussi n'y a-t-il rien d'invraisemblable dans la supposition que le bois sacré de Némi ait été le théâtre d'une cérémonie annuelle de ce genre. De preuve directe, il n'y en a pas; mais l'analogie, nous allons essayer de le montrer, plaide en faveur de cette opinion.

    Le Rameau d'Or, Chapitre 12, p. 333


    Dernière édition par Atrahasis le 9/6/2011, 19:06, édité 1 fois
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    Message  ziril 9/6/2011, 15:36

    Bonjour Atrahasis, Smile


    Le peux que j'ai lu m'a semblé de manière intuitive un gloubi boulga new age habituel.


    En attendant d'en savoir plus, je déplace le sujet dans la section "Debats/divers". S'il s’avère que je me trompe, et que tout ceci à quelque chose a voir avec la spiritualité, bien sure, le sujet réintégrera cette rubrique.


    Merci pour la compréhension.
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    Message  Atrahasis 9/6/2011, 18:46

    Bonjour ziril,
    pas de soucis j'hésitais aussi à placer ce sujet entre débat ou spiritualité. Fais à ta guise Smile


    Voici un passage de Frazer pour exposer cette ambiguité du concept de dieu qui existe entre le "civilisé" et le "primitif".


    Le sauvage ne comprend pas les pensées de l'homme civilisé et vice-versa. Quand le sauvage prononce le mot de "dieu", il a dans l'esprit un être d'un certain genre; le civilisé emploie son mot correspondant pour dieu, et il pense à un être d'un genre tout différent; et si, comme il arrive souvent, les deux hommes sont également incapables de se placer au point de vue l'un de l'autre, la confusion et l'erreur peuvent seules résulter de leur discussions. si nous, hommes civilisés, voulons n'appliquer le nom de Dieu qu'à la conception particulière que nous nous sommes formée de la nature divine, alors certes, nous devons reconnaître que le sauvage n'a pas de dieu du tout. Mais nous nous tiendrons plus près des faits de l'histoire, si nous admettons que la plupart des sauvages les plus élevés possèdent au moins une notion rudimentaire de certains êtres surnaturels qui sont parfaitement aptes à recevoir le nom de dieux, mais pas au sens que nous donnons à ce terme.

    Le Rameau d'Or, T1, p.236

    Vous vous souvenez quand Aleister Crowley disait "autrefois on les appelait les dieux, aujourd'hui nous les appelons les anges, et demain ils porteront encore un autre nom" ? ^^
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    Message  Atrahasis 10/6/2011, 14:37

    Et pour mieux appuyer encore cette association dieux = djinns:

    (...) les femmes donnaient de leur fécondité à la déesse, qu'elles lui offrissent leur chevelure ou leur chasteté. Mais, pour quelle raison, peut-on demander, faisaient-elles une telle offrande à Astarté, qui était elle-même la grande déesse de l'amour et de la fertilité? Quel besoin avait-elle de recevoir la fécondité de ses adoratrices? N'était-ce pas plutôt à elle de la leur accorder? Ainsi posée, la question néglige tout un côté important du polythéisme, peut-être même la religion primitive en général. Les dieux avaient autant besoin de leurs adorateurs que les adorateurs avaient besoin d'eux. Les avantages conférés étaient réciproques. Si d'une part les dieux faisaient produire la terre avec abondance, s'ils donnaient la fécondité aux troupeaux et à la race humaine, ils espéraient d'autre part qu'on les récompenserait de leur générosité en leur octroyant la dîme de leurs bienfaits ou des tributs. Ils ne vivaient que de cette dîme; sans elle, il leur aurait fallu mourir de faim. Leur ventre divin demandait à être rempli et leur énergie procréatrice revivifiée; c'est pourquoi les humains devaient leur donner une part de leur viande et de leur boisson et sacrifier à leur intention ce qu'il y avait de plus viril chez l'homme (NDR: leur barbe) et de plus féminin chez la femme. Les sacrifices de ce genre ont été trop souvent méconnus ou incompris par les historiens des religions.

    Le Rameau d'Or, T1, p.30
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    Message  Atrahasis 10/6/2011, 15:17

    Le dieu qui meurt : Atys et Osiris


    Atys

    Atys était un berger jeune et beau, aimé de Cybèle, la grande déesse asiatique de la fertilité. D'autres sources font d'Atys le fils de Cybèle. C'est un dieu qui meurt : selon les sources, il fut tué par un sanglier comme Adonis, ou bien il s'émascula sous un pin et mourut tant il perdit de sang. (...) La fête de printemps consacrée à Atys et à Cybèle se déroulait du 22 au 27 mars. Un pin coupé, entouré de bandelettes de laine et fleuri de violettes, les fleurs nées du sang d'Atys, était apporté au Jour du Sang, le grand-prêtre s'entaillait le bras et présentait son sang en offrande. Une musique "barbare" entrainait les spectateurs et les novices à se mutiler de la même façon et même à s'émasculer, puisque les prêtres d'Atys, les Galles, étaient des eunuques. Le lendemain de ce jour où l'on avait déploré la mort du dieu était consacrée à se réjouir de sa résurrection : c'était la fête de la Joie (Hilaria). On se déguisait et on se permettait beaucoup de licences. Le 27 mars avait lieu une procession jusqu'à la rivière Alma, où la statue de Cybèle était lavée. Outre cette fête publique, le culte d'Atys s'accompagnait de mystères réservés aux initiés, moins bien connus de ce fait, dans lesquels le sang tenait un rôle non négligeable. Le rite de l'effigie du dieu accrochée au pin du 22 mars permet à Frazer d'introduire la figure de Marsyas, satyre phrygien ami de Cybèle : il entra en compétition musicale avec Apollon qui l'attacha à un pin et l'écorcha. Or l'on rencontre, de par le monde, des rituels où des peaux humaines ou animales sont remplies de paille pour simuler une résurrection. Les fêtes romaines d'Atys ont sans doute fait place, grâce à leur date et à leur signification générale, à la fête chrétienne de Pâques Ce fut probablement à un autre culte, d'origine également orientale, celui de Mithra, que fut substituée la fête de Noël, dans la mesure où la naissance de cette divinité, qualifiée de Soleil invaincu, était célébrée, le 25 décembre.


    Osiris

    Osiris, comme Adonis et Atys, était un dieu dont on célébrait chaque année, en Egypte ancienne, la mort et la résurrection. Le mythe fait naître Osiris des oeuvres de Nout, déesse du Ciel, et de Geb, dieu de la terre. Osiris régnant sur l'Egypte, y introduisit l'agriculture. Son frère Seth, jaloux de ses oeuvres, le tua et le dépeça en 14 morceaux qu'il dispersa. L'épouse d'Osiris, Isis, qui était aussi leur soeur, rassembla ces morceaux et les fit enterrer dans plusieurs tombes. Cependant Râ, le Dieu-Soleil, apitoyé par les pleurs d'Isis, ressuscita Osiris qui régna dés lors dans le royaume des morts. Sa résurrection constituait le gage de la vie éternelle des hommes. Une commémoration de la mort d'Osiris avait lieu une fois par an : l'ensemble des morts y était sans doute associé. L'on connaît, aussi bien chez les peuples primitifs que traditionnels, des fêtes des morts durant lesquelles ils sont censés revenir sur terre. Et il est probable que l'Eglise chrétienne a solennisé une fête païenne analogue en instituant la Fête des Morts le 2 novembre, utilisant à cet effet la date d'une des grandes fêtes du calendrier celtique, Samain.
    Osiris est un esprit du blé, dont le grain doit mourir pour renaître ; c'est aussi un esprit de l'arbre, un dieu de la fertilité et un dieu des morts. En outre il semble avoir été identifié avec la lune ; or un grand nombre de croyances et de pratiques associent la croissance et le déclin de la lune avec la croissance et le déclin de la végétation. L'importance du personnage d'Osiris dans la religion égyptienne, alors que les figures d'Adonis et d'Atys étaient restées des divinités inférieures dans leur panthéon respectif, laisse penser qu'Osiris, comme le Christ, vécut et mourut comme un homme. Le culte des chefs et rois morts constitue - on l'a vu - un élément essentiel dans la religion de beaucoup de populations africaines. De la même façon, Osiris fut peut-être un monarque déifié et Isis son épouse. Celle-ci, comme Astarté et Cybèle, lui survit. Cette supériorité de la déesse s'explique par un système social plus archaïque où seule la filiation en ligne maternelle est prise en compte. L'observation des sociétés qui appliquent encore ce système montre qu'il entraîne un certain type d'idées et de coutumes religieuses, créant par exemple des déesses et donnant aux prêtresses une supériorité au moins nominale sur les prêtres.

    Le Rameau d'Or, introduction, p. XVII-XVIII
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    Message  Atrahasis 10/6/2011, 16:54

    Nous allons voir combien le symbolisme évoqué jusqu'à présent se retrouve en sa pleine substance dans certaines confréries comme les écoles des mystères, dont Platon disait qu'elles étaient des lieux de débauche.
    Si à l'origine le mariage sacré était un rite pratiqué uniquement par des prêtres qui avaient la charge de roi, et donc se limitait à un cadre strictement monarchique, nous avons tout lieu de croire que cette connaissance ait pu rapidement se dérober et tomber entre les mains de sociétés occultes. L'existence de ces "écoles de l'initiation" pourrait remonter jusqu'à Nemrod, à Babylone. Elles se seraient ensuite développées à travers le Mithraïsme ou d'autres cultes. Mais leurs activités étant tissé d'obscurité nous nous contenteront de ce que l'histoire a pu nous en rapporter. Nous chercherons ici dans les mystère d'Eleusis, liés à Orphée.

    Les mystères d'Eleusis

    1. Le mythe de Déméter

    Les Thesmophories sont des fêtes en l'honneur de Déméter, réservées aux femmes. Tout en admettant les femmes, mais aussi les enfants, les étrangers, et les esclaves, les mystères d'Eleusis constituent le pendant masculin des Thesmophories.
    Les mystères d'Eleusis reproduisent l'histoire de la déesse Déméter elle-même : celle-ci, raconte le mythe [lire l'Hymne homérique à Déméter] est à la recherche de sa fille Koré, enlevée par Hadès. Elle chemine ainsi jusqu'à Eleusis, où elle est reçue par Céléos et Métanire. Elle y met fin à son jeûne en buvant le kykéon (boisson dont elle indique elle-même la composition), et se charge en secret d'immortaliser leur fils Démophon en le plongeant dans le feu. Surprise par Métanire, elle s'interrompt, et révèle à ses hôtes sa divinité. Elle retrouve ensuite Koré, à Eleusis même : désormais, Koré passera la moitié de chaque année hors des Enfers (c'est le retour du printemps) ; quant à Démophon (confondu avec Triptolème), il voyagera pour dispenser l'initiation qu'il a reçue.
    Ces mystères figurent principalement le mystère du passage de la vie à la mort, et inversement.
    Les mystères d'Eleusis sont traditionnellement interprétés comme une figure du changement des saisons. Le mythe de Koré traduit en effet le rythme des saisons, l'attente du printemps, et le désir de la nature féconde. Mais les mystères d'Eleusis présentent des points communs avec des rites sacrificiels (Déméter est apparentée à la Grande Mère en Asie mineure, et son culte y trouve une de ses sources) ; dans le rituel, le blé se substitue à la victime sacrificielle. La présence du blé fait également songer aux rites de mariage (cf. confarreatio des Romains). Les mystères d'Eleusis ont donc une signification avant tout humaine, car l'on y trouve une figuration du mariage, de la mort, de la colère, et de la réconciliation [W. Burkert, op. cit., p. 324-325].
    La vie et la mort se conjuguent étroitement (comme dans les rites liés au mariage), ce que les vers de la tragédie rendent à leur manière [cf. Sophocle, Antigone, v. 816 : "L'Achéron seul m'est promis pour époux", dit Antigone ; autres références dans W. Burkert, op. cit., p. 354, note 65].
    Héraclès (également connu pour ses descentes aux enfers) est étroitement lié, lui, aux "petits mystères" (cf. ci-dessous), qui, disait-on, avaient été créés pour lui. Il est l'"archétype du myste éleusinien" (W. Burkert). Mais le fondateur des grands mystères est Eumolpe (ancêtre des Eumolpides), dont le souvenir est lié à celui des poètes thraces, prêtres d'Apollon, qui furent sans doute à l'origine des mystères d'Eleusis.


    2. Les mystères d'Eleusis sont-ils secrets ?

    En principe, leur déroulement est secret. Mais, en dehors du cœur même de l'initation (probablement, l'épiphanie de la divinité, aux yeux des mystes), beaucoup d'éléments sont connus grâce à la littérature et à l'archéologie (cf. iconographie présentée dans l'article Eleusinia du dictionnaire Daremberg & Saglio).


    3. Fonctionnement des mystères d'Eleusis

    Deux familles athéniennes sont chargées de l'accomplissement des mystères : celle des Eumolpides (qui fournissent les hiérophantes, "montreurs d'objets sacrés"), et celle des Kéryces (qui fournissent les dadouques, "porteurs de torche"). A l'hiérophante et au dadouque s'ajoutent un prêtre de l'autel (issu des Kéryces), et une prêtresse de Déméter.
    Les candidats à l'initiation sont des "mystes" (premier degré d'initiation) ou des "époptes" (degré utime, ne peut être atteint qu'un an plus tard) ; mais mystes et époptes ne sont pas séparés au cours de la célébration des grands mystères. Les mystes sont accompagnés de leurs parrains, les "mystagogues".
    Il existait des "Petits mystères", qui avaient lieu au mois de Boedromion (en février-mars, pour le retour de Koré et la naissance du printemps) à Agra (près d'Athènes) ; cette initiation "rapide" était sans doute assez sommaire. Les "Grands mystères" se déroulaient, eux, à Eleusis même, en septembre (pour la fin du printemps, et la descente de Koré aux enfers). [Lire Plutarque, Vie de Démétrios, p. 403, sur le bouleversement du calendrier pour Démétrios pressé de devenir épopte...]
    La procession des mystes et des époptes (entre Athènes et Eleusis) dure neuf jours, et imite la marche de Déméter en colère, à la recherche de sa fille. Cette procession comprenait une dérision des néophytes par les initiés des années précédentes. Comme Déméter, les mystes marchent à la lumière des flambeaux, portent des rameaux ([W. Burkert, op. cit., p. 336], et portent une statue de Dionysos, en criant "Iacchos, Iacchos" : celui-ci est sans doute destiné à épouser Koré (c'est au VIe siècle que Dionysos aurait été introduit dans les Eleusinies).
    Après ces neuf jours de procession, le myste doit boire le kykéon (voir ci-dessus), et sacrifier un porcelet [signification : lire W. Burkert, Homo Necans, éd. 2005, p. 323].
    Autre préalable par lequel le myste doit passer : la thrônosis [parodiée dans les Nuées d'Aristophane, v. 264-268]. Le myste s'asseoit sur un tabouret, et fait une première fois l'expérience de la présence de la déesse, qui retrouve sa fille [W. Burkert, op. cit., p. 329-330].
    La procession aboutit au Télestérion, le lieu de l'initiation. Un nouveau télestérion est inauguré juste après la Guerre du Péloponnèse [lire la description de ce lieu dans W. Burkert, op. cit., p. 316]. Dans l'obscurité, les initiés se livrent à des rituels secrets dont nous ne savons pas grand chose, mais qui devaient comprendre le sacrifice symbolique d'un enfant qui représente le peuple [cf. Démophon plongé dans le feu par Déméter, dans l'hymne homérique à Déméter], et (en vue de l'époptie) le sacrifice d'un bélier [Burkert, op. cit., p. 337-339 : le bélier figure dans les mariages sacrés, mais est aussi associé à l'accès au monde des morts]. L'allusion à l'hiérogamie se retrouve dans le discours d'Andocide, Sur les Mystères, § 124. Puis ils voient apparaître, dans une illumination provoquée par l'hiérophante, la déesse elle-même [W. Burkert, op. cit., p. 335]. Ainsi, l'initié, en voyant apparaître Déméter, imite-t-il Déméter elle-même voyant enfin apparaître sa fille, Koré.
    Déméter accouche d'un enfant, qui figure le retour de la vie, et la fécondité de la nature.
    L'hiérophante présente également un épi de blé [interprétation : W. Burkert, op. cit., p. 343-344]
    L'initiation comprend, en clôture, la rencontre du myste avec la "ciste", corbeille en osier d'où sort un serpent, en présence de Déméter et de Koré [W. Burkert, op. cit., p. 330-331, pour la description précise et la signification]. Le myste prononce alors un "synthéma", c'est-à-dire un "mot de passe", cité par Clément d'Alexandrie. Selon W. Burkert, l'initiation est "garantie par le mot de passe".
    Après la cérémonie proprement dite, la fête se poursuit à l'extérieur, avec des sacrifices de taureaux, et une libation.

    http://www.anagnosis.org/phil/mysteres_eleusis

    Suite à quoi nous trouvons un document essentiel et qui permet d'articuler ce que nous tentons de démontrer :


    † ALEXANDER FOL
    L’ORPHISME : LES METAPHORES GRECQUES DE LA FOI DOCTRINALE NON LITTERAIRE

    Le nom d’Orphée apparaît pour la première fois dans un fragment du poète grec Ibycus, au VIe siècle av. J.-C. La consignation de ce nom reflète une tradition orale centenaire de glorification du personnage générique du poète-chantre, qui s’accompagne d’une lyre (cithare), mais qui est à la fois un prophète, un guérisseur, un maître à penser, un roi et un prêtre. Le « brillamment connu » est conçu par les Thraces et les Hellènes comme chargé de cette mission auprès des hommes et il est préféré à l’unanimité, en tant que personnage/idée, à d’autres chantres et poètes thraces mythiques tels Thamyris et Musée.

    La préférence littéraire-philosophique d’Orphée en sa qualité de maître chargé de révéler l’essence cosmique, divine et humaine est due à la foi exprimée par le ritualisme thrace, observé et décrit par les écrivains grecs. Le ritualisme thrace conçoit le dieu principal sous deux aspects : chthonien et solaire, « Dionysos » et « Apollon ». Selon cette croyance, le « dieu démembré » meurt pour renaître et marquer le début de tous les cycles célestes, terrestres et humains de la mort et de la résurrection. Le ritualisme thrace s’adresse à Dionysos, le dieu d’Orphée. Aussi, selon le mythe, le poète-prophète est-il démembré à l’exemple de son Dieu, par des bacchantes thraces, prêtresses de Dionysos. Les prêtresses sont tatouées, comme on le voit sur les vases attiques du Ve s. av. J.-C., pour afficher leur responsabilité et leur culpabilité, mais aussi leur noble origine. La foi en la nouvelle naissance transforme Orphée en un anthropodémon qui a obtenu l’immortalité. L’anthropodémon est le médiateur entre les hommes et les dieux, mais cette médiation n’est pas physique. Elle est intellectuelle, éthique, susceptible de transmettre les requêtes des mortels et d’apporter les messages des immortels.

    C’est ainsi que sont formées les images des autres prédicateurs de la foi orphique en l’immortalité de l’esprit. Par exemple, Zalmoxis est mentionné par Hérodote sous les termes de roi, prêtre, maître des Gètes, « les plus équitables et les plus vertueux de tous les Thraces ». Comme Orphée, Zalmoxis apparaît sous les traits d’un anthropodémon et sa médiation intellectuelle est décrite comme une doctrine aristocratique qui introduit les adeptes à l’immortalité spirituelle. Selon une des deux versions d’Hérodote, Zalmoxis se rendit chez les Gètes après avoir été un certain temps l’esclave de Pythagore. Ce lien, tout en n’étant pas prouvable, est complètement justifié du point de vue culturel et historique, dans la mesure où il reflète la continuité attestée entre la foi orphique des Thraces et la philosophie pythagoricienne sur la structure du Cosmos et l’immortalité de l’âme.

    D’autre part, la Thrace est considérée comme le pays de la connaissance secrète, car selon la vision grecque, le Nord, c’est-à-dire la Thessalie et la Thrace, est la direction de la religion et de la magie. Les Thessaliens et les Thraces sont reconnus comme maîtres de la religion et de la magie.
    Tout au Nord gouverne l’Apollon Hyperboréen, qui personnifie la révélation lumineuse, alors que son disciple Orphée devient naturellement le maître de la Connaissance, donc de l’immortalité. « Guérisseur du corps et de l’esprit », Orphée, en chantant les mots sacrés, conquiert toute la nature vivante et morte. Il a donné son nom à une religion, différente de la religion olympienne. Apparu au IIe millénaire av. J.-C. dans la zone méditerranéenne, sur la base de croyances du Proche-Orient ou de l’Egypte, l’orphisme se propage en Crète, en Béotie, en Thessalie, en Phocide, y compris Delphes, en Macédoine Orientale et en Thrace, ainsi que dans les îles de Samothrace, Lemnos, Naxos, Imbros et Thasos. En raison du sort historique différent des Thraces et des Hellènes, la foi orphique des cités de la Grèce antique se transforme en une doctrine littéraire-philosophique aux racines pythagoriciennes, alors qu’en Thrace et dans d’autres sociétés et communautés sud-est européennes non littéraires, elle se maintient dans le rituel folklorique oral jusqu’à l’avènement du christianisme.

    Les sources écrites, archéologiques, épigraphiques, numismatiques et ethnologiques permettent de déterminer les deux niveaux de l’orphisme thrace. Le niveau populaire, de masse, est fondé sur l’enthousiasme mystérieux, sur le principe de la possession qui introduit le Dieu dans le croyant. Le niveau aristocratique est inspiré par l’idée de l’extase ou, en d’autres termes, par l’élévation de l’élu vers la Divinité. Les croyants enthousiastes espèrent, au moyen de la possession divine, se voir purifiés, s’affranchir du mal. De leur côté, les croyants extatiques sont sûrs d’obtenir l’immortalité spirituelle et intellectuelle. Selon les observateurs grecs anciens, les « Thraces s’immortalisent par les pratiques rituelles et par les prières chantées », en se pliant en outre aux exigences de l’abstinence totale. D’après Grégoire de Nazianze, les deux niveaux des mystères thraces se distinguent par les verbes θρησκεύειν et μυεῖν.

    Les deux niveaux délimités sur le plan social de la doctrine orphique orale sont fondés sur la vision de la Grande Déesse Mère, personnifiant l’Univers, qui conçoit et met au monde son Fils-Soleil/Feu/Apollon/Dionysos. Le Fils, sous ses deux aspects, anime le monde, mais pour continuer le cycle de la Mort–Nouvelle Naissance, il s’unit par mariage sacré avec la Grande Déesse Mère. La hiérogamie réside dans le sacrifice rituel du Fils chthonien, sous des traits zoomorphes. Il renaît à nouveau, pour donner vie à soi-même dans l’image solaire. Né de l’union des énergies cosmiques, l’enfant issu de la hiérogamie devient le maître, le prophète, le roi, le chantre du Cosmos. Or, comme « toute la musique est d’origine thrace et asiatique », selon la tradition littéraire grecque, et que la musique est la Connaissance, Orphée initie ses adeptes à la foi en la Grande Déesse Mère et en son Fils-Soleil/Feu. Les divinités paritaires apparaissent donc sous leurs diverses personnifications, connues aussi bien en Europe du Sud-Est qu’en Asie Mineure.

    Ainsi, des Carpates, à travers l’Haemus (l’actuelle Stara Planina), jusqu’aux Rhodopes et au Pangée, les dieux sont-ils invoqués la nuit au son des flûtes de bois, au battement des cymbales et des tympans. C’est ainsi qu’apparaissent devant les croyants les images de la Grande Déesse Mère, connue encore sous les noms de Cybèle, Bendis, Cotyttô, et de son Fils/Soleil/Feu, qui, dans les milieux populaires thraces en Thrace européenne et en Asie Mineure, est appelé le plus souvent
    (Dionysos-) Zagreus et (Dionysos-) Sabazios.

    La Grande Déesse Mère apparaît comme une vision de la foi sous l’aspect d’une Montagne, avec une grotte-sein. Son Fils se transforme en un taureau qui est rituellement massacré, démembré et mangé par les possédés. Lors de la séance rituelle, il renaît dans son hypostase de loup (chien dans le rite). Cette nouvelle naissance du dieu est conçue comme la conséquence du mariage rituel sacré, lors duquel le sang du taureau s’infiltre dans la Terre-Mère pour la féconder. C’est en cela que consiste le vrai mystère rituel, que les initiés n’ont le droit de divulguer à personne.

    Quand le taureau meurt, il est appelé Dionysos-Zagreus. A sa renaissance, le Fils est nommé Hélios ou Apollon le Loup. Apollon le Loup s’identifie à l’Apollon Hyperboréen, car il se dirige du nord au sud, comme les loups qui viennent du nord, au-delà du vent du nord thrace Borée. Ainsi le monde est-il divisé en deux parties – la partie des ténèbres, l’Au-delà, gouverné par Dionysos, et la partie de la lumière, la révélation, gouvernée par Hélios/Apollon. Et contrairement au mystère des possédés (les enthousiastes), le mystère des élevés (les extatiques) est fondé sur la croyance qu’ils deviendront, en leur qualité d’élus et d’initiés, les enfants issus du mariage sacré, à l’instant même où le Fils-Soleil effleure de ses rayons la Grande Déesse Mère.

    Aussi le roi des Thraces-Odryses Kotys Ier (383-359 av. J.-C.) se définit-il dans une de ses inscriptions comme « païs d’Apollon ». Un des ses successeurs se nomme dans les inscriptions orphiques « [païs] d’Hélios » et « [païs] de la Montagne Mère ». Les rois-serviteurs du Fils-Dieu sous son apparence solaire réunissent leurs adeptes dans des locaux isolés, dans des sanctuaires fermés, voire dans des salles souterraines. Là, le souverain, qui est en même temps le « vivant Orphée », le maître-prédicateur de la connaissance de l’immortalité, accomplit le rite d’initiation des hommes aristocrates, vêtus d’habits de lin, sans armes. Ils apprennent à se taire, en puisant à la force de
    l’énergie intellectuelle éternelle.

    Les familles orphiques des rois-prêtres accomplissent également d’autres rites. Par exemple, les Gètes adorent leur anthropodémon Zalmoxis, qui parvint à les convaincre de son immortalité en restant quatre ans enfermé dans la grotte-sein, pour réapparaître la cinquième année. Les Gètesimmortels envoient un messager auprès de leur Maître divinisé, en le précipitant, au préalable, sur la pointe de trois lances : s’il est pieux, purifié dans l’extase, l’homme meurt. Le centre sacral et résidentiel des Gètes peut être situé près de la ville d’Ispérih, en Bulgarie du Nord-Est, où se trouve la tombe royale construite d’après les exigences de la foi doctrinale.

    Les Besses, attestés comme un clan de prêtres, officient dans le sanctuaire central thrace des Rhodopes, dédié à Dionysos d’après Hérodote. Il est rond, a un toit ouvert ; au centre de la rotonde se trouve un autel. Le jour, quand le Fils-Soleil (Apollon) est à son zénith, ses rayons descendent jusqu’à l’autel. La nuit, quand le Fils-Feu (Dionysos) se retrouve dans l’hémisphère ténébreux du Cosmos, au même endroit, des flammes s’élèvent vers le firmament sombre, constellé d’étoiles. Les prêtres devinent la volonté de leur dieu aussi bien dans les rayons du Soleil que dans les flammes du feu.

    Les Edoniens adorent leur montagne du Pangée, image de la Grande Déesse Mère. Dans son sein souterrain sacré, le roi divinisé Rhésos, le héros de la guerre de Troie, s’efforce d’interpréter la révélation de Dionysos. Lors de la célébration des mystères du dieu dans la montagne, ses versants se couvrirent d’une plante, nommée cithare, née des gouttes du sang d’Orphée et produisant des sons identiques à ceux de son instrument.

    Les Odryses érigent des sanctuaires en l’honneur de la Grande Déesse Mère dans des chênaies sacrées. Quand la chênaie sacrée ne se trouve pas dans une montagne rocheuse, mais dans la plaine, les Odryses placent au milieu des arbres un fragment de roc personnifiant la Grande Déesse Mère.

    Aussi, au Ve siècle av. J.-C., le roi-prêtre odryse fondait-il ses villes fortifiées dans ce genre d’endroits sacrés. Le vaste territoire sacralisé odryse a été localisé dans la « Vallée des rois », à l’ouest de la ville de Kazanlâk, en Bulgarie du Sud. Au IVe siècle av. J.-C., le roi odryse Seuthès III fit bâtir sa capitale Seuthopolis (près de Kazanlâk) d’après un plan architectural grec. Le sanctuaire à l’autel central se trouvait dans la résidence du roi.

    Sous l’influence très forte du syncrétisme religieux hellénistique, qui fait cohabiter des mythes, des cultes et des rites de divinités relevant de croyances différentes, la doctrine aristocratique orphique perd progressivement son caractère ésotérique de mystère initiatique. A mesure que le pouvoir des rois de Thrace s’affaiblit, leur doctrine se fait plus profane, jusqu’à s’abaisser, au temps de la conquête romaine encore, au niveau d’une foi universelle où les différences sociales et
    doctrinales s’estompent. Il s’agit en l’occurrence de la foi dans le Dieu-Cavalier, connu sous le nom de Héros Thrace.

    L’image du Cavalier-Chasseur est modelée sur des plaques votives et funéraires en relief du Ier au IIIe siècle. Leur nombre ne cesse d’augmenter suite aux fouilles ou aux découvertes fortuites, pour
    dépasser actuellement les 5 000. Ainsi le Héros anonyme devient-il le nom propre de cette divinité, dans la mesure où il personnifie un protecteur héroïsé, un anthropodémon immortel. Les inscriptions sur les plaques votives révèlent que le Héros Thrace est caractérisé par les épithètes thraces les plus diverses, ce qui n’empêche pas de le désigner par des appellations plus générales comme celle de « maître/souverain ». Le Dieu-Cavalier thrace est la croyance personnifiée de l’omniprésence du principal dieu orphique : le Fils de la Grande Déesse Mère.

    En raison de leur foi païenne en ce Dieu, les Thraces, souvent définis comme « sauvages » par les auteurs de l’Eglise, adoptent de très bonne heure la religion chrétienne. Le christianisme trouve chez eux un terrain favorable, du fait que leur ancien orphisme oral penche irrésistiblement vers le monothéisme, personnifié par le Fils de la Grande Déesse Mère et argumenté par quelques auteurs néoplatoniciens jusqu’au VIe siècle.

    Des images de l’époque impériale présentent Orphée non seulement sous les traits du « pasteur de Dieu », selon l’iconographie chrétienne, que certains hommes de lettres ou sculpteurs identifient aux représentations d’Abraham ou de Moïse, mais aussi en Orphée sur la croix. L’Orpheos Bakkikoc crucifié, dans la pose de Jésus Christ supplicié, est l’illustration la plus évidente du rapprochement entre la foi orphique et la religion paléochrétienne. L’origine de ce rapprochement remonte
    probablement au temps où l’apôtre saint Paul prêchait la foi chrétienne sur le littoral égéen à Thessalonique et à Philippes (près de Kavala, en Grèce du Nord). Or, ces prédications avaient pénétré en Thrace dès les premières années de son histoire en tant que province romaine.

    http://www.occitanie-cathare.com/amissabarthez/images/20Alex.pdf
    Alexander Fol, "L'Orphisme : les métaphores grecques de la foi doctrinale non littéraire".
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    Message  Atrahasis 10/6/2011, 17:03

    Frazer a souligné également cette notion de "anthropodémon", mais tout comme les conclusions de son ouvrage, il n'a pas réussi à l'articuler correctement. Il y avait là quelque chose qui lui échappait.


    Chez les Akikuyus de l'Afrique-Orientale britanique, tous les membres de la tribu, hommes ou femmes, doivent passer par le simulacre d'une seconde naissance. L'âge auquel s'accomplit la cérémonie varie avec les facilités du père à se procurer la chèvre ou la brebis indispensable à la bonne exécution du rite; mais il semble que la seconde naissance ait généralement lieu quand l'enfant a dix ans au moins. Si la mère ou le père de l'enfant est mort, un homme ou une femme en tient lieu pour la circonstance, et en pareil cas l'enfant regarde désormais la femme comme sa propre mère. On tue une chèvre ou une brebis l'après-midi, et on met à part l'estomac et les intestins. La cérémonie a lieu le soir dans une hutte, les femmes seules ont le droit d'y assister. On fait passer un morceau rond de peau de chèvre ou de peau de mouton par-dessus l'une des épaules et par-dessous l'autre-bras de l'enfant qui doit renaître; de même l'estomac de l'animal est placé au dessus de l'autre épaule de l'enfant et sous un autre bras. La Mère, ou la femme qui en tient lieu, s'assied sur une peau sur le sol, tenant l'enfant entre les genoux. On lui passe les boyaux de la brebis ou de la chèvre autour du corps et on en ramène l'extrémité face à l'enfant. Elle pousse des cris comme si elle accouchait; une autre femme coupe le boyau comme s'il s'agissait du cordon ombilical et l'enfant imite les vagissements d'un nouveau-né. Tant qu'un garçon n'est pas passé par le simulacre de la seconde naissance, il ne peut ni assister aux préparatifs des funérailles de son père, ni aider à le transporter dans le désert pour y mourir. Autrefois, la cérémonie de la seconde naissance coïncidait avec la cérémonie de la circoncision; aujourd'hui elles sont distinctes. On peut supposer qu'à l'origine ce curieux simulacre de seconde naissance faisait régulièrement partie des rites d'initiation auxquels devaient se soumettre tout garçon ou toute fille kikuyn avant d'être reconnu comme membre adulte de la tribu; en effet, dans bien des parties du monde, un simulacre de mort ou de résurrection était joué en semblables circonstances par les candidats, ainsi qu'à l'admission dans certaines sociétés secrètes. Le but de ce simulacre de mort ou de résurrection n'est pas clair; on peut supposer qu'il a pour but, d'après les principes de la magie homéopathique ou imitative, de communiquer au candidat la puissance d'un fantôme ou de le mettre à même de revenir une seconde fois au monde quand il sera mort pour de bon.

    Rameau d'Or, T1, p55-56
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    Message  Atrahasis 10/6/2011, 20:53

    Possession temporaire - possession permanente

    (...) ces dieux incarnés sont communs dans la société primitive. L'incarnation peut être temporaire ou permanente. Dans le premier cas, l'incarnation, - connue sous le nom d'inspiration ou de possession,- se révèle par des connaissances surnaturelles plutôt que par une puissance surnaturelle. En d'autres termes, ses manifestations ordinaires sont la divination et la prophétie plutôt que les miracles. D'un autre côté, quand l'incarnation n'est pas seulement temporaire, quand l'esprit divin s'est établi d'une manière permanente dans un corps humain, on attend généralement de l'homme-dieu qu'il prouve sa qualité en opérant des miracles. Il nous faut toutefois ne pas oublier que l'homme, à ce stade de la pensée, ne considère pas les miracles comme des violations de la loi naturelle. Comme il ne conçoit pas l'existence d'une loi naturelle, l'homme primitif ne peut pas concevoir qu'elle puisse être transgressée. Pour lui, un miracle est simplement la manifestation extraordinairement frappante d'un pouvoir ordinaire.

    La croyance à l'incarnation temporaire, ou inspiration, est très répandue. On suppose que certaines personnes sont possédées de temps à autre par un esprit ou une divinité; tant que dure la possession, leur propre personnalité est abolie, la présence de l'esprit se révèle par des frissons et des tremblements convulsifs dans tout le corps de l'individu, par des gestes de folie et des yeux hagards; tout cela, on l'attribue, non à l'homme lui-même, mais à l'esprit qui est entré en lui; et dans l'état anormal où il se trouve, toutes les éjaculations qu'il émet sont acceptées comme la parole du dieu ou de l'esprit qui habite en lui et qui parle par sa bouche. (...)

    p.237


    Un chef de famille brahmane qui accomplit les sacrifices bi-mensuels, détient par là même, suppose-t-on, une divinité temporaire. D'après les termes des Satapatha-Brahmana, "Celui qui est consacré approche des dieux et devient une des divinités". Toutes les formules de la consécration sont audgrabhana (élévatoires), attendu que celui qui est consacré s'élève (ud-grabh) de ce monde vers le monde des dieux. Il s'élève au moyen de ces mêmes formules. "Celui qui est consacré devient Vichnou, et quand il sacrifie, il est sacrificateur." Quand il a accompli le sacrifice, il redevient homme; il se dépouille de son caractère sacré avec ces paroles : "Maintenant je suis celui que je suis réellement", paroles que les Satapatha-Brahmana expliquent ainsi : "quand il est consacré, il devient, pour ainsi dire non-humain; et comme il ne serait pas séant à lui de dire "je quitte la vérité pour entrer dans l'ignorance", et comme en réalité il redevient homme, eh bien! qu'il se dépouille donc (de la consécration) en disant : "Maintenant je suis celui que je suis réellement". La manière dont le sacrificateur passait de l'ignorance à la vérité, de l'humain au divin, constituait le simulacre d'une nouvelle naissance. On l'aspergeait d'eau, c'était le symbole de la semence. Il feignait d'être embryon, et s'enfermait dans une hutte spéciale, qui représentait la matrice. Sur sa robe, il portait une ceinture, et au-dessus la peau d'une antilope noire ; la ceinture représentait le cordon ombilical, la robe et la peau d'antilope noire représentaient les membranes internes et externes (l'amnios et le chorion) dans lesquelles est enveloppé l'embryon. Il était interdit au sacrificateur de se gratter avec ses ongles ou un bâton, parce qu'il était un embryon ; si un embryon se grattait avec les ongles ou un bâton, il mourrait. S'il se déplaçait dans la hutte, c'est parce que l'enfant bouge dans le sein de sa mère. S'il tenait les poings fermés, c'est parce qu'un enfant en fait autant. Si, pour se baigner, il enlevait la peau d'antilope noire et conservait sa robe, c'est parce que l'enfant vient au monde avec l'amnios et non le chorion. Grâce à ces pratiques, il acquérait, en plus de son vieux corps naturel et mortel, un nouveau corps qui était sacré et immortel, investi de pouvoirs surhumains et ceint d'une auréole de feu. Ainsi, grâce à une nouvelle naissance, à une régénération de sa nature charnelle, l'homme devient dieu. A première naissance, disaient les Brahmanes, l'homme ne naît qu'en partie; ce n'est que par le sacrifice qu'il vient véritablement au monde. On pouvait considérer comme une phase de la nouvelle naissance les rites funéraires, qui assuraient le passage final de la terre au ciel. "En vérité", disaient-ils, "l'homme naît trois fois. La première fois, il naît de son père et de sa mère; il naît une deuxième fois quand il a sacrifié; enfin, quand il meurt et qu'on le place sur le feu, il en renaît; c'est sa troisième naissance. Voilà pourquoi on dit que l'homme naît trois fois.

    Il sera bon cependant de signaler deux façons particulières de produire l'inspiration temporaire, parce qu'elles sont peut-être moins connues que les autres, et parce que nous aurons l'occasion de les mentionner plus loin. L'une consiste à sucer le sang, encore chaud, d'une victime sacrifiée (généralement agneau, chèvre, taureau). (...)

    Dans l'Inde méridionale, un danseur du diable "entaille et lacère sa chair" jusqu'à ce que le sang coule; il se cingle d'un énorme fouet, appuie sur une torche brûlante contre sa poitrine, boit le sang qui coule de ses blessures, ou boit le sang du sacrifice, en approchant de sa bouche la gorge de la chèvre décapitée. ensuite, comme s'il avait acquis une nouvelle vie, il se met à brandir son bâton de clochettes et à danser d'un pas rapide, mais sauvage et désordonné. Tout à coup l'esprit descend. Il n'y a pas moyen de se méprendre à ce regard brillant, à ces bonds frénétiques. L'individu renâcle, roule des yeux hagards, il tourne sur lui-même. Le démon a maintenant pris possession de son corps, et bien qu'il conserve la faculté de parler et la faculté de se mouvoir, toutes deux se trouvent sous le contrôle du démon, son moi conscient se sépare de lui, comme aboli. Les assistants signalent l'évènement en poussant une grande clameur, accompagnée d'un bruit vibratoire particulier, produit par un mouvement de la langue et de la main, ou de la langue seule. On adore alors le danseur du diable comme une divinité présente, et tous les assistants le consultent à propos de leurs maladies, de leurs besoins, de la santé de leurs parents absents, des offrandes qu'ils doivent faire pour l'accomplissement de leurs voeux, bref sur tous les points où les connaissances divines sont nécessaires. (...)

    Le second moyen de produire l'inspiration temporaire dont nous voulons dire un mot ici consiste à faire usage d'un arbre ou d'une plante sacrée. Ainsi, dans l'Hindoukouch, on allume un feu avec des branches du cèdre sacré, et la Dainyal ou sibylle, la tête couverte d'un drap, en respire la fumée épaisse et âcre, jusqu'à ce qu'elle soit saisie de convulsions et s'affaisse sur le sol, privée de sens. Elle se relève bientôt et entonne un chant strident, que les auditeurs reprennent et répètent tout haut. La prophétesse d'Apollon mangeait, de même, le laurier sacré, et devait en recevoir les fumées avant de commencer ses prédictions. Les bacchantes mangeaient du lierre, et leur furie inspirée était due, croyaient certains, aux propriétés excitantes et intoxicantes de la plante. (...)

    On croit que la personne temporairement inspirée acquiert non seulement la science divine, mais aussi, du moins quelquefois, le pouvoir divin. (...) On croyait qu'une certaine image d'Apollon, qui s'élevait dans une caverne sacrée à Hylae, près de Magnésie, communiquait une force surhumaine. Des hommes sacrés qu'elle inspirait, bondissaient dans les précipices, déracinaient des arbres énormes et les transportaient sur leur dos le long des plus étroits défilés. Les derviches inspirés accomplissaient des exploits du même ordre. (...)

    De croyances de ce genre, il est facile de passer à la conviction que certains hommes sont possédés, d'une façon permanente, par une divinité ou qu'ils sont, de quelqu'autre façon non définie, doués d'un degré si élevé de pouvoir surnaturel, qu'on les met au rang des dieux, et qu'ils reçoivent en hommage des prières et des sacrifices. Quelquefois on n'accorde qu'à ces dieux humains que des fonctions purement surnaturelles ou spirituelles. Quelquefois, ils exercent en outre le pouvoir politique suprême. Dans ce dernier cas, ils sont rois en même temps que dieux, et le gouvernement est une théocratie. Dans les îles Marquises, il y avait une classe d'hommes qu'on déifiait pendant leur vie. Ils possédaient, croyait-on, un pouvoir surnaturel sur les éléments; ils pouvaient produire des moissons abondantes ou frapper la terre de stérilité; et ils pouvaient infliger la maladie ou la mort. On leur offrait des sacrifices humains pour détourner leur courroux. (...)

    La Grêce ancienne connut, elle aussi, des déifications d'hommes vivants. Le philosophe Empédocle se fit passer non seulement pour magicien, mais pour dieu; s'adressant en vers à ses concitoyens, il leur dit:

    "O amis, dans cette grande cité qui s'étage sur les pentes roussies de la citadelle d'Agrigente, vous qui vivez à de belles tâches, vous qui offrez à l'étranger un port tranquille et beau, je vous salue!
    Parmi vous, je vais avec une dignité suprême. De guirlandes, de guirlandes fleuries, vous couronnez mon illustre front.
    Je ne suis plus un homme mortel; je suis déjà une immortelle divinité.
    Où que j'aille, le peuple fait cercle autour de moi et m'adore.
    Et des milliers de disciples me suivent, pour apprendre la meilleure voie.
    Les uns implorent de moi des visions prophétiques; d'autres sous l'accablement d'une agonie douloureuse, voudraient entendre des paroles de réconfort et ne plus sentir leur souffrance."


    Il s'affirmait capable d'enseigner à ses disciples l'art de soulever ou d'apaiser le vent, celui de faire tomber la pluie et briller le soleil, d'écarter les maladies et la vieillesse et de ressusciter les morts. Lorsque Démétrius Poliorcète restaura la démocratie athénienne, en 307 avant Jésus-Christ, les Athéniens lui décernèrent par décret, à lui et à son père Antigonus, les honneurs divins, et cela de leur vivant à tous deux. Les deux nouvelles divinités reçurent le nom de Dieux-Sauveurs. On leur érigea des autels et un prêtre fut attaché à leur culte. La population vint à la rencontre de Démétrius le Sauveur, avec des hymnes et des danses, des guirlandes, de l'encens et des libations; la foule fit la haie dans les rues en chantant qu'il était le seul vrai dieu, car les autres dieux dormaient ou demeuraient au loin, ou n'existaient point. Selon l'expression d'un poète contemporain dont les vers étaient répétés en choeur dans les cérémonies publiques et chantés en secret:

    "Dans la cité sont entrés
    Les plus grands et les plus chers des Dieux,
    Car le même moment a amené
    Déméter et Démétrius.
    Déméter vient célébrer les augustes mystères de la Vierge,
    Et lui, il va joyeux, et beau, et riant,
    Comme il sied à un dieu.
    C'est un beau spectacle: tous ses amis l'entourrent,
    Et lui est au milieu d'eux;
    Ils sont pareils aux étoiles, lui au soleil;
    Fils de Poséidon, le puissant, fils d'Aphrodite,
    Salut à toi!
    Les autres dieux demeurent bien loin
    Ou n'ont point d'oreilles,
    Ou n'existent pas ou ne se soucient pas de nous.
    Mais tous nos yeux voient ta présence,
    Toi qui n'est pas un dieu de bois ou de pierre, mais un vrai dieu,
    Aussi, est-ce vers toi que vont nos prières."

    (...)

    En 1900, un montagnard du Vizagapatam déclara qu'il était un dieu incarné, et ses prétentions à la divinité furent acceptées par cinq milles personnes; et lorsqu'un gouvernement sceptique envoya la force armée pour supprimer le mouvement qui menaçait de créer des troubles politiques, ces adeptes témoignèrent de la foi qui était en eux en poussant la résistance jusqu'à l'effusion de leur sang. Deux agents qui refusèrent de ployer le genou devant le nouveau dieu furent assommés. Toutefois, dans la bagarre on arrêta le dieu lui-même, on le porta à la prison où il mourut, comme un simple mortel. (...)

    Le christianisme lui-même n'est pas toujours resté à l'abri de ces erreurs malheureuses; il a même souvent eu à subir les extravagances de vains prétendants à une divinité égale, sinon supérieure, à celle de son grand fondateur. Au IIe siècle, Moutan, le Phrygien, prétendait être la Trinité incarnée, et unir en sa seule personne le Père, le Fils et le Saint Esprit. Ce n'est point là un cas isolé, ni la prétention exorbitante d'un seul esprit mal équilibré. Depuis les premiers temps jusqu'à nos jours, il ne manque pas de sectes qui ont cru que le Christ, et même que Dieu était incarné en tout chrétien pleinement initié; leurs membres ont poussés la croyance jusqu'à sa conclusion logique en s'adorant les uns les autres. Tertullien rapporte que telle était l'habitude des chrétiens de Carthage au second siècle; les disciples de saint Colomban l'adoraient comme personnification du Christ, et au VIIIe siècle, Elipand de Tolède parlait du Christ comme "d'un dieu parmi les dieux", voulant dire par là que tous les croyants étaient des dieux comme Jésus lui-même. L'adoration réciproque était la règle chez les Albigeois, et les rapports de l'Inquisition de Toulouse en font mention des centaines de fois, au début du XIVe siècle. Elle est encore pratiquée par les Pauliciens d'Arménie et les Bogomiles des environs de Moscou. Les Pauliciens, pour justifier leur croyance, sinon leur pratique, invoquaient l'autorité de saint Paul qui a dit "Ce n'est pas moi qui parle, mais le Christ qui est en moi". Aussi les membres de cette secte russe sont-ils connus sous le nom de christs. "Chez eux, hommes et femmes assument également la fonction de professeurs, et, en cette qualité, ils mènent une vie sévère, ascétique, s'abstiennent des plaisirs les plus innocents et les plus ordinaires, s'épuisent dans de longs jeûnes et des exercices religieux extatiques, et abhorent le mariage. Au cours des transports que leur causent leurs prétendue sainteté et inspiration, ils se donnent les noms non seulement de professeurs et de prophètes, mais encore de "Sauveurs", de "Rédempteurs", "Christs", "Mères de dieu". Bref ils se déclarent simplement Dieux, et s'adressent mutuellement des prières comme à des dieux véritables et à des Christs vivants ou des Madones. (...)

    Les Tartares bouddhistes croient à un grand nombre de Bouddhas vivants qui officient comme Grands Lamas à la tête des monastères les plus importants. Lorsqu'un de ces Grands Lamas meurt, ses disciples ne se lamentent pas, car ils savent qu'un autre apparaîtra bientôt; il est déjà né et c'est un petit enfant. Leur seule anxiété est de découvrir le lieu de sa naissance. Si, au moment de leur perplexité, ils aperçoivent un arc-en-ciel, ils y voient un augure envoyé par le lama défunt pour les guider vers le berceau. Parfois, le divin enfant révèle lui-même son identité. "Je suis le Grand Lama, dit-il le Bouddha vivant de tel et tel temple. Portez-moi à mon ancien monastère, je suis son chef immortel." (...) Le chef de tous les Lamas est le Dalai Lama de Lhassa, la Rome du Tibet. On le regarde comme un dieu vivant, et lors de son décès, son esprit divin et immortel renaît dans un enfant. (...) Mais le Grand Lama est loin d'être le seul homme à passer pour dieu dans ces contrées. (...)

    Après cet examen de la position religieuse qu'occupe le roi dans les sociétés primitives, nous pouvons conclure que les prétentions à des pouvoirs divins et surnaturels mises en avant par les monarques de grands empires historiques comme l'Egypte, le Mexique et le Pérou, ne provenaient pas simplement d'une vanité démesurée, et n'était pas l'expression oiseuse d'une flatterie éhontée; elles n'étaient qu'une survivance et une extension de l'ancienne coutume sauvage de déifier les rois pendant leur vie. Les Incas du Pérou, par exemple, qui se disaient enfants du soleil, étaient révérés comme des dieux; ils ne pouvaient avoir tort, et personne ne songeait à nuire à la personne, à l'honneur, aux biens du monarque ou d'un membre de sa famille. (...)

    Les premiers rois de Babylone, depuis Sargon 1er jusqu'à la quatrième dynastie d'Ur, ou même plus tard, prétendaient être des dieux de leur vivant. Les monarques de la 4e dynastie d'Ur, en particulier, firent bâtir des temples en leur honneur; ils élevèrent des statues dans divers sanctuaires et ordonnèrent au peuple de leur offrir des sacrifices. Le huitième mois était tout spécialement consacré aux rois; on leur offrait des sacrifices à la nouvelle lune et le quinze de chaque mois. (...)

    Les rois d'Egypte étaient déifiés de leur vivant; on leur offrait des sacrifices, et des prêtres spéciaux célébraient leur culte dans des temples spéciaux. Le culte des rois rejetait même, parfois, dans l'ombre, celui des dieux. Ainsi, pendant le règne de Mérenra, un haut fonctionnaire déclara qu'il avait fait élever plusieurs temples sacrés pour que les esprits du roi, l'immortel Mérenra, pussent être invoqués "plus que tous les autres dieux". On n'a jamais mis en doute la prétention du roi à la divinité; il était le "Grand Dieu", l'Horus d'or et le fils de Ra. Il prétendait que son autorité s'étendait non seulement sur l'Egypte, mais aussi "sur tous les pays et toutes les nations, ce monde entier dans sa longueur et sa largeur, l'Orient et l'Occident, toute la carrière du grand circuit du soleil, le ciel et tout ce qu'il renferme, la terre et tout ce qui est sur elle, toute créature qui marche sur deux ou quatre pattes, tout ce qui vole ou qui flotte, le monde entier lui offre ce qu'il produit."
    En fait, tout ce qu'on pouvait dire du Dieu-Soleil, on l'appliquait aussi au roi d'Egypte; ses titres étaient directement tirés de ceux du Dieu-Soleil. "Au cours de sa vie, nous rapporte-t-on, le roi d'Egypte épuisait toutes les conceptions de la divinité que les Egyptiens avaient pu se former. Dieu surhumain par sa naissance et son titre royal, il devenait après sa mort l'homme déifié. Il résumait ainsi tout ce qu'on savait du divin." (...)

    Le Rameau d'Or, T1, p.238-263
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    Message  Atrahasis 11/6/2011, 01:20

    Après l'Orphisme, le gnosticisme:


    1. INTRODUCTION: LES RACINES DU
    GNOSTICISME

    1.1 La fascination pour l’Orient

    Ex oriente lux: c’est de l’Orient que vient la lumière. Cet adage en vogue chez les alchimistes et les théosophes durant la Renaissance, illustre bien la fascination exercée par le mysticisme oriental sur les mentalités occidentales[1]. Cette fascination se trouve pour une large part à la racine du mouvement gnostique, aussi bien dans son expression antique qu’à notre époque. On la trouve déjà présente au VIe siècle avant Jesus-Christ, avec les théogonies élaborées sous l’influence des doctrines orphiques (du nom du personnage mythologique Orphée, dont elles prétendaient tirer leurs sources). Ces théogonies, ou récits mythiques de la naissance des dieux, s’écartent sensiblement de celle d’Hésiode, lequel organisa et classifia le panthéon de la mythologie grecque au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. Les théogonies orphiques, au vrai peu populaires, comprenaient trop d’éléments asiatiques pour pouvoir être considérées comme grecques de caractère. Cependant, leurs préoccupations philosophiques et scientifiques, leur subtilité ainsi que les nombreuses abstractions qu’elles comportent, en font davantage des systèmes métaphysiques que des mythologies[2]. Comme le notent plusieurs spécialistes, avec l’Orphisme, qui continua à se développer jusqu’au début de l’ère chrétienne, nous avons affaire à une des racines du Gnosticisme antique[3]. L’aspect spéculatif des théogonies orphiques, axé sur une connaissance destinée à un groupe d’initiés, sera en effet un trait dominant du Gnosticisme dans ses diverses expressions.

    1.2 Le mythe de Dionysos

    Le mythe de Dionysos sous ses diverses formes, va revêtir une signification existentielle de la plus haute importance en tant qu’autre matrice du Gnosticisme. Dionysos est originellement la divinité rustique du vin et, chez les Orientaux, du délire orgiaque. A ce propos le philosophe français Jean Brun, dans son ouvrage “Le Retour de Dionysos”, écrit:

    “L’ivresse dionysiaque tente (…) de conférer au corps de chacun le pouvoir de vagabonder en dehors des cadres de l’ici et du maintenant qui lui sont assignés; telle est la raison pour laquelle, dans le culte de Dionysos, le vertige joue un rôle si important: il vise à mettre hors de lui-même celui qui s’abandonne à des tourbillons qui l’engloutissent dans l’océan d’une sensation illimitée où toutes les synesthésies sont permises. (…) Dionysos promet la dilatation du moi jusqu’aux frontières du monde et prétend briser l’étroite prison corporelle dont chaque homme est prisonnier, en lui faisant goûter l’extase d’une vie infinie. Ainsi, Dionysos, maître du temps et de l’espace, se veut l’évangéliste d’une sensation cosmique.”[4].

    Plus tard, il deviendra le chef du panthéon de l’Orphisme, symbolisant le retour de la mort à la vie et, partant, la vie éternelle, comme l’atteste Plutarque[5]. La forme la plus développée de ce mythe mérite qu’on s’y arrête: Dionysos-Zagreus est le fils de Zeus et de Demeter. Les Titans, symbolisant les forces tumultueuses de la nature, le mettent à mort à l’instigation de Junon, jalouse de Demeter, et jettent les morceaux de son corps dans un chaudron. La déesse Pallas-Athéna réussit cependant à retirer le coeur encore palpitant de la victime et l’amène immédiatement vers Zeus, qui frappe les Titans par des éclairs, et, à partir du coeur qui bat encore, crée Dionysos. Les membres du corps de Zagreus sont enterrés au pied du Parnasse, et Zagreus devient une divinité des régions inférieures où il accueille les âmes des morts et les aide à accomplir leur purification. Avec cette forme tardive du mythe de Dionysos se dessine un dualisme entre une partie supérieure de l’être (le coeur, à partir duquel Zeus ressuscite Dionysos) et une partie inférieure (destinée au séjour des morts). Ce qui rend le mythe de Dionysos fort intéressant dans sa récupération orphique c’est la théologie qui le sous-tend, et qui nous rapproche du Gnosticisme: quand, au commencement de la vie des dieux, Dionysos est tué par les Titans, des particules de sa divinité tombent dans les corps humains, de telle sorte que le corps humain est appelé la prison de l’âme (notion tout à fait platonicienne par ailleurs). Dans cette prison corporelle, l’âme souffrante doit endurer le cycle des temps. Seuls les initiés qui vivent de manière juste et suivent un régime végétarien trouveront le salut, tandis que les impies seront condamnés à la transmigration éternelle des âmes et aux châtiments de l’enfer[6].

    1.3 Alexandre le Grand et la divinisation du monarque

    Au IVe siècle avant Jésus-Christ Alexandre le Grand, conquérant l’empire des Perses, atteignit les rives de l’Indus et du Syr Daria, non loin des frontières actuelles de la Chine. Par ce biais, La religion des Perses faisait son entrée dans la sphère occidentale, même si Alexandre lui-même semble avoir été davantage intéressé par sa propre divinisation comme roi d’un empire s’étendant des rivages méditerranéens jusqu’aux contrées mentionnées[7]. Cette divinisation du souverain, notion typiquement orientale très éloignée de la culture politique hellénique, et qui rencontra bien de l’opposition du vivant d’Alexandre, aussi bien parmi ses troupes qu’en Macédoine, serait pourtant un jour reprise à Rome même, devenant l’expression de l’unité politique de l’empire. Plus encore, elle deviendra l’expression politique d’un mouvement mystique ascensionnel par lequel l’homme prétend conquérir un statut divin par ses propres actes ou sa propre pensée. Le culte de l’empereur, hérité de la tradition despotique orientale, organisait en quelque sorte un cadre culturel et politique à l’intérieur duquel d’autres formes de mystique ascensionnelle, comme celle du Gnosticisme, pourraient se développer.

    1.4 Les religions à mystère

    Parallèlement, les religions à mystères qui fleurissent au sein de l’empire romain à partir du premier siècle avant Jésus-Christ renouvellent cette fascination pour l’Orient: culte d’Isis ou de Mithra, ce dernier importé en Europe par les légions romaines. Des liens entre le Mithraïsme et les Vedas indiennes ont été mises en relief, même si elles demeurent indirectes. De plus, le Mithraïsme maintient avec le Mazdéisme perse (sous sa forme zoroastrienne) deux idées essentielles: d’abord un ardent zèle pour la pureté morale, laquelle est maintenue par une attitude belliqueuse, celle d’un soldat de la foi (d’où le succès de cette religion orientale parmi les légions romaines); ensuite une vénération de la lumière, le soleil étant considéré comme le seul principe à ne jamais avoir été conquis, d’où l’expression sol invictus, reprise par l’empereur Julien l’Apostat au 4e siècle de notre ère. Julien, adepte du culte de Mithra, se fera baptiser dans le sang d’un taureau égorgé au-dessus de lui, autre résidu de l’ancienne religion perse. Dans la mythologie perse, le premier homme, Gayomart, et le taureau primitif, Gosh, étaient les créatures originelles à la source de toute vie. Cette paire homme/animal semble avoir été un reste de croyances plus anciennes encore d’après lesquelles tout était le résultat de l’immolation d’une victime par un sacrificateur originel.

    Tout ceci ne nous donne cependant pas la clé de la naissance du Gnosticisme antique, nébuleuse de courants difficile à cerner, en raison de ses multiples facettes. De plus, il faut distinguer entre les racines juives et les racines helléniques du Gnosticisme, car elles donnent naissance à deux branches différentes de cette religion antique. On a souligné la désillusion du monde gréco-romain vis-à-vis de sa religion traditionnelle, devenue obsolète à ses propres yeux et ne répondant pas aux aspirations d’hommes et de femmes pénétrés de culture grecque[8]. Le questionnement philosophique né des dialogues de Platon, le contact du monde païen aussi bien avec le Judaïsme (et plus tard le Christianisme) qu’avec les religions orientales, allaient servir de base à cette concoction théosophique qu’on appelle le Gnosticisme, du mot grec “gnosis” c’est-à-dire “connaissance”. A ce propos Hans Jonas décrit la formation du Gnosticisme durant les premiers siècles avant Jésus-Christ, comme le point de rencontre des anciennes religions orientales avec la culture rationelle de l’Hellénisme occidental[9] . Une forme initiale de Gnosticisme semble se frayer un chemin dans les toutes premières communautés chrétiennes, comme en témoignent les mises en garde qu’on trouve dans plusieurs épitres du Nouveau Testament (la lettre de Paul aux Colossiens, la première lettre de Paul à Timothée, où le mot “gnosis” apparaît dans l’expression “la fausse connaissance” [pseudônumou gnôseôs]; première lettre de Jean, peut-être aussi la lettre aux Hébreux.)[10]

    1.5 Les racines judaïsantes du Gnosticisme

    La branche juive du Gnosticisme quant à elle (celle sans doute contre laquelle réagissent les auteurs du Nouveau Testament) peut-être rapportée à Philon d’Alexandrie, cette figure centrale du Judaïsme au premier siècle de notre ère, qui, dans ses commentaires sur l’Ancien Testament, interprète de manière allégorique les récits bibliques en faisant d’ailleurs violence au texte. Philon, grand admirateur de Platon, veut réconcilier la pensée de ce dernier avec le Judaïsme, raison pour laquelle il sera appelé le premier néo-platonicien. Ceci dit, il introduit dans la pensée de Platon de nombreuses opinions empruntées a l’Orient. Ainsi on a pu dire dans l’Antiquité que “soit Platon philonise, soit Philon platonise”[11]. Philon trace une frontière très nette entre Dieu et le monde matériel. Dieu, selon lui, ne peut exercer directement une action sur le monde matériel; il le fait à travers l’intermédiaire d’agents, les anges juifs ou les démons païens. Pour lui, la Création a été un processus graduel de moulage de la matière, et c’est au cours de ce processus que le mal a surgi (thème central dans la pensée gnostique, comme on le verra). L’âme, emprisonnée dans le corps, a connu une existence antérieure. Pour s’assurer de son salut, l’humanité doit donc briser la servitude de cet emprisonnement et s’élever par une sorte d’extase vers une vision immédiate de Dieu[12].

    2. L’ENSEIGNEMENT GNOSTIQUE

    2.1 Les écrits

    A partir du deuxième siècle, de nombreux écrits à caractère gnostique, en particulier des évangiles apocryphes, commencent à pulluler: Évangile de Thomas, très à la mode aujourd’hui, dont le texte coptique fait partie des documents retrouvés à Nag-Hammadi en Haute-Égypte en 1945, et qui datent du quatrième siècle. La version originale grecque de l’Évangile de Thomas remonte aux alentours de l’an 140, et a probablement été composée à Édesse, l’actuelle ville d’Urfa en Turquie du sud-est [13]. Parmi les 52 traités de la bibliothèque de Nag-Hammadi, se trouve l’Évangile de la Vérité, attribué à Valentin, lui-même fondateur d’une des principales écoles de spéculation gnostique. Voici comment Barnstone, dans son introduction à cet évangile gnostique, en résume le message:

    Dans la spéculation valentinienne, les péchés du monde, notre erreur, notre esprit enfermé dans l’ignorance, les ténèbres et la matière, sont directement causés par Dieu, le Dieu des Juifs et des Chrétiens. Mais le salut demeure possible dans chaque personne. A travers l’illumination et la connaissance (gnosis), le salut peut atteindre l’âme individuelle. Chaque “événement cosmique” de connaissance de soi-même affecte l’univers tout entier, contribuant à apporter la grâce au monde et à réduire les dommages causés par Dieu.[14].

    Saint Irénée, père de l’Église du deuxième siècle est l’auteur d’un traité intitulé “Contre les Hérétiques”, dirigé contre les Gnostiques. Ce traité est une source primordiale pour notre connaissance du Gnosticisme antique, et la précision des détails fournis par Irénée sur la doctrine gnostique a été confirmée par la recherche contemporaine. Voici comment il résume de façon lapidaire la pensée valentinienne: “La connaissance est le salut de l’homme intérieur” (I, 21, 4). L’Évangile de Philippe, généralement valentinien de caractère, a sans doute été rédigé en Syrie dans la deuxième moitié du troisième siècle. Il comprend une série de paroles concernant l’éthique et les sacrements, ainsi que des métaphores et des arguments ésotériques[15]. Avec Mani, né en Perse en l’an 216, et père de la secte des Manichéens dont fit partie Saint Augustin dans sa jeunesse[16], le monde est le théâtre où s’affrontent le Bien et le Mal. Le monde étant l’oeuvre du Mal, il faut travailler à sa disparition en s’abstenant de toute procréation. Mani voyait en Jésus la Lumière révélée qui devait permettre à l’humanité de libérer la lumière qui était en elle, alors que l’univers disparaîtrait dans un gigantesque embrasement[17].

    2.2 Les principales doctrines du Gnosticisme antique

    La liste des écrits gnostiques est longue, et plutôt que de la passer en revue, tâchons de présenter les traits principaux de l’enseignement gnostique, par delà la diversité voire le caractère hétéroclite de ces écrits relevés par tous les chercheurs contemporains. Je me limiterai ici aux écrits gnostiques liés d’une manière ou d’une autre au Judaïsme et au Christianisme, laissant volontairement de côté la tradition gnostique païenne, comme la trilogie “Hermès trismégiste”, ainsi que l’oeuvre du plus grand penseur de l’Antiquité païenne tardive, Plotin, dont la pensée rejoint par certains côtés le courant gnostique, même s’il le critique sévèrement, notamment dans un traité spécifiquement intitulé “Contre les Gnostiques”[18].

    * Le salut se trouve dans une connaissance de type spéculatif, réservée à une élite intellectuelle d’initiés, de sages, de philosophes, connaissance inaccessible aux masses. Cette connaissance cachée est révélée à ces initiés dans les écrits gnostiques, comme en témoigne le tout début de l’Évangile de Thomas: “Voici les paroles cachées que Jésus le Vivant a dites et qu’a transcrites Didyme Jude Thomas. Et il a dit: “Celui qui parvient à l’interprétation de ces paroles ne goûtera point la mort”.

    * La connaissance est jugée supérieure à la foi, et la question primordiale n’est pas celle, intensément existentielle: “Que dois-je faire pour être sauvé de mes péchés?”, mais plutôt celle-ci, abordée de manière spéculative: “Quelle est l’origine du mal? Comment l’ordre primitif de l’univers peut-il être restauré?[19]

    * Un dualisme matière/esprit très prononcé prévaut chez les Gnostiques. La matière est intrinsèquement mauvaise, et la source de tout mal. Notons que ni chez les Platoniciens, ni dans la pensée zoroastrienne on ne trouve une telle dépréciation du cosmos[20]. C’est aussi sur cette dépréciation que portera l’essentiel de la critique de Plotin contre le Gnosticisme.

    * Si la matière est mauvaise, c’est que l’acte de la Création de l’univers est lui aussi mauvais, et doit être attribué à une forme inférieure de la divinité, nommée le Démiurge, que les gnostiques identifient avec Yahweh, le dieu de l’Ancien Testament, rebaptisé Ialdabaoth, ou Yao. D’où la suppression de tout l’Ancien Testament dans le canon biblique établi par le chrétien gnostique Marcion au deuxième siècle. Dans le traité gnostique l’Hypostase des Archons (“la réalité des autorités”) Ialdabaoth blasphème même contre la divinité. Il est l’ennemi de Dieu. On retrouve Yaldabaoth dans un traité assez proche, probablement composé à Alexandrie vers la fin du 3e siècle, auquel on a donné le titre “Des Origines du Monde”, et qui est un résumé de toutes les idées gnostiques, rassemblant des éléments de la pensée juive, des motifs manichéens, des idées chrétiennes, des concepts philosophiques et mythologiques grecs, des thèmes astrologiques et magiques, des traditions égyptiennes[21]. Dans les Diagrammes Ophites, autre texte gnostique rapporté par Origène, on peut lire: “L’archon des soi-disant Archontiques est le dieu maudit des Juifs, qui fait la pluie et le tonnerre. Il est le Démiurge de ce monde, le Dieu de Moïse décrit dans son récit de la création”[22]. On ne saurait donc être plus éloigné du récit de la Création, dans Genèse 1:31 où il est dit: “Dieu vit alors tout ce qu’il avait fait, et voici: c’était très bon.”[23]

    * Le Dieu suprême, lui, n’a pas de personnalité, et demeure totalement inconnaissable. Il est l’ “Abîme insondable”. Cependant sa perfection et sa plénitude (le Plerôme) ne peuvent que se transmettre à d’autres sphères spirituelles, par voie d’émanation. Ces sphères spirituelles, anges ou éons, sont organisées dans une hiérarchie commençant par le plus spirituel (le plus près du Dieu suprême) jusqu’au moins spirituel, le démiurge, qui crée la matière et l’humanité, c’est-à-dire le domaine du mal. Les éons qui se trouvent en haut de la hiérarchie spirituelle peuvent être adorés, par exemple l’éon de la Vérité[24]. Le premier chapitre du Livre Secret de Jean, importante théogonie gnostique, s’intitule: “De Sophia, mère du Créateur monstrueux Ialdabaoth Yahweh”[25]. Sophia est parfois une émanation directe du Dieu suprême (elle fait partie du Plérôme), parfois la mère d’une autre Sophia qui elle-même engendre le Démiurge.

    (...)

    Source et fin:
    E. Kayayan
    LE RETOUR DU GNOSTICISME
    www.ajol.info/index.php/actat/article/view/52292/40919
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    Message  AldousOrwell 11/6/2011, 02:02

    Que cherches-tu à démontrer ? (Pour gagner du temps).
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    Message  Atrahasis 11/6/2011, 13:23

    Bonjour,

    J'essaie de démontrer 3 choses principalement :

    1) que la transmigration de l'âme d'un corps vers un autre était pratiquée dans les anciennes civilisations. Nouer son âme avec un démon octroie de grands pouvoirs et les hommes qui portent un djinn en eux sont vénérés comme des dieux ou des rois. Le film (ou le roman) "A la croisée des mondes : la boussole d'or" illustre bien cette possession permanente ; dans cet univers, chaque individu possède un génie personnel représenté par un animal et la manipulation de ce film est de nous faire croire que la chose est tout à fait normale et que de perdre ce lien avec le démon est au contraire anormal voir effrayant. C'est ce qui arrive à un garçon dans ce film, les méchants le séparent du lien qui l'unit à la naissance avec son animal fétiche; c'est un symbolisme inversé bien sûr; dans le film on le sépare, dans la réalité on le lui aurait plutôt attaché.

    2) l'existence d'un couple primordial depuis la nuit des temps et qui se réincarne. Les amants maudits en quelque sorte. Zeus - Diane, Marduk - Astarté ... Comme Zeus et Marduk, il s'agit très souvent d'un dieu du chêne, de la foudre et de la pluie et d'une déesse de la fertilité représentant la déesse mère, elle aussi liée aux arbres. Les peuples d'Europe qui ont été touchés par les migration aryennes ont TOUS un dieu du chêne, du ciel, de la foudre et de la pluie et il est même le dieu principal de leur panthéon. De même pour la déesse.

    3) que ce savoir est beaucoup plus connu qu'on ne le pense. Or si beaucoup de gens savent, personne n'en parle! c'est à devenir dingue lol. Si je dis que ces gens savent, c'est parce que ce symbolisme se retrouve et se répète à l'infini dans les mythes, de nombreux contes et romans, films ou chansons ou encore tableaux. Bref dans l'art en général.

    Il est peu probable que j'arrive à énoncé cela clairement car je n'en connais pas assez. Toutefois je cherche à faire ressortir ce symbolisme à travers des sources afin d'ensuite en discuter avec vous.
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    Atrahasis


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    Message  Atrahasis 11/6/2011, 14:47

    A présent, voici un article sur les Vierges Noires. L'article est intéressant à plus d'un titre. Il nous montre plusieurs choses :

    - il illustre le concept de déesse mère et permet de mieux les connaître
    - expose la confusion qu'il existe entre les personnages néo-testamentaires de Marie mère de Jésus et Marie Madeleine, la prostituée (sacrée).
    - montre que indifféremment l'un de l'autre de ces personnages, toutes 2 en sont venues à symboliser la déesse mère des anciennes cultures. Isis Marie ou Marie l'égyptienne. Marie-Myriam signifie "Née de l'écume" comme dit précédemment dans un extrait, en référence à Aphrodite. Mais il signifie aussi "illuminée". On retrouve ce sens dans le nom de Diane, puisque DI signifie également "illuminée". Ceci n'est pas évoqué dans cet article, c'est une précision qu'il était nécessaire d'apporter je pense. (source = Frazer)
    - et enfin notez la manipulation de l'auteur dans ses explications Razz


    Il y a un copyright sur le texte, je ne peux reproduire ici les passages :/

    http://www.marie-madeleine.com/dictionnaire/vierges_noires-1.htm
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    Atrahasis


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    Message  Atrahasis 11/6/2011, 15:54

    Je ne sais pas si vous saisissez la portée des travaux de Frazer. Dans son oeuvre, il a tout simplement tenté d'expliquer l'origine de tous les cultes et toutes les religions (polythéistes), et là on se rend compte que tout se ramène à ce couple primordial descendu de l'arbre et symbolisé par un serpent dans la Génèse. Tous sauf les monothéismes que sont le judaïsme, le christianisme et l'islam. Ces monothéismes ont fait de ces anciens dieux des démons. Il y a donc bien 2 courants théologiques qui sont en oppositions. Le vocabulaire est globalement identique mais le sens des mots est différent que l'on se place d'une idéologie à l'autre (dieu, sacré, sauveur, résurrection...).
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    Atrahasis


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    Message  Atrahasis 11/6/2011, 16:07

    Ces unions Terre-Ciel, c'est ce dont il est question dans le Livre d'Enoch

    CHAPITRE 7
    1. Quand les enfants des hommes se furent multipliés dans ces jours, il arriva que des filles leur
    naquirent élégantes et belles.
    2. Et lorsque les anges, les enfants des cieux, les eurent vues, ils en devinrent amoureux ; et ils
    se dirent les uns aux autres : choisissons-nous des femmes de la race des hommes, et ayons
    des enfants avec elles.
    3. Alors Samyaza, leur chef, leur dit : je crains bien que vous ne puissiez accomplir votre
    dessein.
    4. Et que je supporte seul la peine de votre crime.
    5. Mais ils lui répondirent : nous vous le jurons.
    6. Et nous nous lions tous par de mutuelles exécrations ; nous ne changeront rien à notre
    dessein, nous exécuterons ce que nous avons résolu.
    7. En effet ils jurèrent et se lièrent entre eux par de mutuelles exécrations. Ils étaient au nombre
    de deux cents, qui descendirent sur Aradis, lieux situé près du mont Armon.
    8. Cette montagne avait été appelée Armon, parce que c’est là qu’ils avaient juré et s’étaient liés
    par des mutuelles exécrations.
    9. Voici le nom de leurs chefs : Samyaza, leur chef, Urakabarameel, Akibeel, Tamiel, Ramuel,
    Danel, Azkeel, Sarakmyal, Asael, Armers, Batraal, Anane, Zavebe, Samsaveel, Ertael, Turel,
    Yomyael, Arazeal. Tel furent les chefs de ces deux cents anges ; et le reste étaient tous avec
    eux.
    10. Et ils se choisirent chacun une femme, et ils s’en approchèrent, et ils cohabitèrent avec elles ;
    et ils leur enseignèrent la sorcellerie, les enchantements, et les propriétés des racines et des
    arbres.
    11. Et ces femmes conçurent et elles enfantèrent des géants
    12. Dont la taille avait trois cents coudées. Ils dévoraient tout ce que le travail des hommes
    pouvait produire, et il devint impossible de les nourrir.
    13. Alors ils se tournèrent contre les hommes eux-mêmes, afin de les dévorer.
    14. Et ils commencèrent à se jeter sur les oiseaux, les bêtes, les reptiles, les poissons, pour se
    rassasier de leur chair et se désaltérer de leur sang.
    15. Et alors la terre réprouva les méchants.

    Source: Le livre d'Hénoch, Le livre des veilleurs
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    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Empty Re: Hiérogamie ou Mariage Sacré

    Message  ForceTranquille 11/6/2011, 17:25

    Merci pour ces textes, qui permettent de comprendre les anciennes spiritualités, une bonne partie du paganisme et de l'occultisme.

    Par contre beaucoup de personnes ici sont contre ce genre de pratiques, dont moi.

    En effet, les monothéismes se sont battus contre ce genre de pratiques, ils se sont battus contre les entités spirituelles, et toutes les influences de l'autre monde (démoniaques).

    Je peux te dire qu'après avoir pratiqué l'occultisme, inconsciemment, puis rencontré Dieu, je ne remettrais plus jamais les pieds dans ce genre de pratiques. On voit ce qui est bon grâce à ses fruits. Les fruits, je les ai goûtés des deux côtés, et j'en ai trouvé un bien meilleur, celui du Dieu des gens du Livre.

    Avant, les humains faisaient des sacrifices et toutes sortes d'offrandes pour obtenir des faveurs d'entités spirituelles, considérées comme des dieux. Ces entités ne font jamais cela gratuitement! C'est un deal, pour en plus te donner des choses dont tu n'as pas réellement besoin. Ces créatures sont des créations de Dieu, alors bien sûr que Dieu n'est pas en accord avec ce genre de pratiques qui s'apparente à de l'idolâtrie.

    Avec Dieu, ya pas de deal, Il te demande juste d'être réglo avec toi-même et les autres, de respecter ses Lois. Il ne te fera pas de sales coups après t'avoir donné quelque chose. Il n'y a pas de pièges, pas d'ambiguités, il te donne toutes les conditions d'avance. Après tu es libre ou pas de les suivre.
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    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Empty Re: Hiérogamie ou Mariage Sacré

    Message  paralleye 11/6/2011, 17:29

    Atrahasis a écrit:Je ne sais pas si vous saisissez la portée des
    travaux de Frazer. Dans son oeuvre, il a tout simplement tenté
    d'expliquer l'origine de tous les cultes et toutes les religions
    (polythéistes), et là on se rend compte que tout se ramène à ce couple
    primordial descendu de l'arbre et symbolisé par un serpent dans la
    Génèse. Tous sauf les monothéismes que sont le judaïsme, le
    christianisme et l'islam. Ces monothéismes ont fait de ces anciens dieux
    des démons. Il y a donc bien 2 courants théologiques qui sont en
    oppositions.
    Le vocabulaire est globalement identique mais le sens des
    mots est différent que l'on se place d'une idéologie à l'autre (dieu,
    sacré, sauveur, résurrection...).

    C'est donc là où tu voulais en venir depuis le début Atrahasis cheers !

    Je dois avoir des pressentiments Razz !

    Tu t'es vraiment donné beaucoup de mal pour pas grand chose.

    Atrahasis a écrit:Ces unions Terre-Ciel, c'est ce dont il est question dans le Livre d'Enoch

    CHAPITRE 7
    1. Quand les enfants des hommes se furent multipliés dans ces jours, il arriva que des filles leur
    naquirent élégantes et belles.
    2. Et lorsque les anges, les enfants des cieux, les eurent vues, ils en devinrent amoureux ; et ils
    se dirent les uns aux autres : choisissons-nous des femmes de la race des hommes, et ayons
    des enfants avec elles.
    3. Alors Samyaza, leur chef, leur dit : je crains bien que vous ne puissiez accomplir votre
    dessein.
    4. Et que je supporte seul la peine de votre crime.
    5. Mais ils lui répondirent : nous vous le jurons.
    6. Et nous nous lions tous par de mutuelles exécrations ; nous ne changeront rien à notre
    dessein, nous exécuterons ce que nous avons résolu.
    7. En effet ils jurèrent et se lièrent entre eux par de mutuelles exécrations. Ils étaient au nombre
    de deux cents, qui descendirent sur Aradis, lieux situé près du mont Armon.
    8. Cette montagne avait été appelée Armon, parce que c’est là qu’ils avaient juré et s’étaient liés
    par des mutuelles exécrations.
    9. Voici le nom de leurs chefs : Samyaza, leur chef, Urakabarameel, Akibeel, Tamiel, Ramuel,
    Danel, Azkeel, Sarakmyal, Asael, Armers, Batraal, Anane, Zavebe, Samsaveel, Ertael, Turel,
    Yomyael, Arazeal. Tel furent les chefs de ces deux cents anges ; et le reste étaient tous avec
    eux.
    10. Et ils se choisirent chacun une femme, et ils s’en approchèrent, et ils cohabitèrent avec elles ;
    et ils leur enseignèrent la sorcellerie, les enchantements, et les propriétés des racines et des
    arbres.

    11. Et ces femmes conçurent et elles enfantèrent des géants
    12. Dont la taille avait trois cents coudées. Ils dévoraient tout ce que le travail des hommes
    pouvait produire, et il devint impossible de les nourrir.
    13. Alors ils se tournèrent contre les hommes eux-mêmes, afin de les dévorer.
    14. Et ils commencèrent à se jeter sur les oiseaux, les bêtes, les reptiles, les poissons, pour se
    rassasier de leur chair et se désaltérer de leur sang.
    15. Et alors la terre réprouva les méchants.

    Source: Le livre d'Hénoch, Le livre des veilleurs

    Bon ben c'est bel et bien des démons finalement. elephant

    Atrahasis,tu devrais changer le titre de ton post,je te propose de l'intituler "culte et propagande publique des entités néo-babyloniennes et kabbalistiques pour préparer l'avènement du Nouvel Ordre Mondial et le culte universel de Lucifer dans le monde".( avec la thèse du "mariage sacrée" pour feinter et faire diversion,mais ça on n'est pas censé le dire c'est vrai oups désolé ! )

    Bizarre que tu nous postes un sujet de cette inspiration sur un forum censé combattre le Nouvel Ordre Mondial justement,mais bon simple coïncidence sans doute,j'ai très mauvais esprit des fois pirat !

    Pour me rattraper je vais t'aider un peu tiens :

    Atrahasis a écrit:

    D'ailleurs voici une symbolique moderne d'un Mariage Sacré:

    Lady Gaga - Bad Romance



    Une "symbolique moderne de mariage sacrée",je t'aide comme promis,t'a oubliée de préciser "en langage inversé",satanique pour être précis.

    Il est tellement "sacré" ton mariage que voici comment il se termine :

    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Leadromance

    Les connaisseurs n'auront pas loupé le clin d'oeil et les deux "têtes de bouc" collés au mur,symbole de reconnaissance au Baphomet satanique de l'élite mondialiste (Palladium).

    Mais bon toi tu ne l'a pas vu sans doute !

    Soit-dit en passant,si Satan est Dieu comme les satanistes orthodoxes nous l'affirment,alors là d'accord tout ce que tu nous as montré est "sacré". Twisted Evil

    Mais je suis pas sûr que tu vas trouver beaucoup de fans de cette explication ici,pas sûr du tout même affraid !

    Lady gaga,c'est clair que c'est très sacré tout ça...

    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Lady_gaga_reference

    ...étrange "élue" que celle-ci pour nous représenter la sacralité n'est ce pas Atrahasis ?
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    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Empty Re: Hiérogamie ou Mariage Sacré

    Message  Bardamu 11/6/2011, 18:05

    Un post d'anthologie Paralleye cheers Merci de t'être dévoué à cette tâche (je parle de l'action, pas du posteur solitaire).
    Je laisse Ziril gérer le développement de ce fil mais très heureux que tu ais pu l'interrompre et l'enrichir par ce post remarquable Smile Idem, merci à ForceTranquille pour ses explications toutes simples et pleines de bon sens Daccord


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    mariage - Hiérogamie ou Mariage Sacré Empty Re: Hiérogamie ou Mariage Sacré

    Message  Atrahasis 11/6/2011, 18:22

    Bonjour paralleye,

    Pas du tout je ne prône quoi que soit Crying or Very sad

    Peut-être la chose est connue sur un forum de résistance au NOM et ce que je démontre ne servira qu'à en éveiller une poignée seulement, mais moi je n'appelle pas ca se donner du mal pour pas grand chose. Le Nouvel Ordre Mondial n'est jamais que le renouveau de l'Ancien Ordre Mondial, qui dominait avant la venue du christianisme en Europe. Et si vous voulez le dénoncer, il faut apprendre à le connaître. Quitte à remuer dans la boue les choses anciennes et impures.

    J'essaie de laisser au possible pour chacun ses opinions et interprétations. La construction de mon sujet est bien réfléchie, je tente de relier le plus de choses avant une conclusion que je ne suis pas certain de faire, ce sera peut-être à vous de la faire. Ce n'est pas pour autant qu'il faille y voir de la propagande.
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    Message  paralleye 11/6/2011, 19:29

    Bonjour,Atrahasis

    Décidément,je crois que tes messages me parviennent avant même que tu ne
    les écrive,c'est troublant ça quand même,et ça vient encore de
    se confirmer drunken ...



    Atrahasis a écrit:

    Et si vous voulez le dénoncer, il faut apprendre à le connaître. Quitte à remuer dans la boue les choses anciennes et impures.


    Ne t'en fais pas pour nous,certains ici ont pris le bouc par ses cornes (très impures certes ont en a plein les mains),et ont appris à le connaître lui et ses petites feintes qu'il se plait à enseigner à ses adeptes pour nous.

    Atrahasis a écrit:
    J'essaie de laisser au possible pour chacun ses opinions et
    interprétations. La construction de mon sujet est bien réfléchie, je
    tente de relier le plus de choses avant une conclusion que je ne suis
    pas certain de faire, ce sera peut-être à vous de la faire.

    a+ Atrahasis pour tes prochains enseignements cyclops !

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