Pays d'Amérique Latine contre les Médias Libéraux
La Presse se plaindrait-elle de ne plus pouvoir être libre d'être au dessus des lois ?
Ou de ne plus pouvoir faire son travail de sape pro-libérale ?
La Presse se plaindrait-elle de ne plus pouvoir être libre d'être au dessus des lois ?
Ou de ne plus pouvoir faire son travail de sape pro-libérale ?
Affaire Rafael Correa président d'Equateur contre le quotidien El Universo
Dit moi où tu fuis je te dirais qui tu es. Miami ! ça alors !!!
Petite série d'articles.
(L'article n'est pas complet ceci est la première page la deuxième est manquante)Le président équatorien piétine et intimide la presse
16 février 2012 Médiapart
Il a toujours été évident que, dans de nombreux pays d’Amérique du Sud, en particulier ceux qui sont passés par des régimes autoritaires de droite néo-libéraux, les grands médias ne se sont jamais montrés ni très impartiaux ni très ouverts aux idées progressistes. Souvent détenus par des vieilles familles bourgeoises ou de grands groupes économiques, dont l’intérêt premier était moins de « porter la plume dans la plaie » que d’engranger des bénéfices, ces journaux et chaînes de télévision n’ont généralement pas été très enthousiastes lorsqu’il s’est agi d’accueillir des dirigeants de gauche élus par le peuple (époux Kirchner en Argentine, Hugo Chavez au Venezuela, Rafael Correa en Equateur, Evo Morales en Bolivie…), ou de grands mouvements populaires (les étudiants chiliens, les zapatistes mexicains, les revendications indigènes un peu partout en Amérique latine…).
C’est la raison pour laquelle la plupart des présidents de gauche qui sont arrivés au pouvoir dans les années 1990 et 2000 sur le continent sud-américain ont développé une rhétorique anti-média, maniant tour à tour la victimisation, l’invective et la menace (de nationalisation ou d’interdiction de diffusion). Dans le même temps, une fois au pouvoir, ils se sont constitué des réseaux de médias amis ou à leurs bottes (transfert de propriété de chaînes de télévision, création de journaux grâce à des subsides gouvernementaux) et ont fait un large usage des médias publics en s’offrant parfois des heures de libre-antenne pour vanter leurs politiques. Le modèle en la matière est, depuis 1999, Hugo Chavez.
Le président équatorien Correa déchire le quotidien La Hora lors d'un meeting public
Le problème est qu’aujourd’hui, au fur et à mesure de leurs mandats, ces dirigeants se réclamant de la gauche se sont mis à appliquer les mêmes politiques restrictives en matière de liberté de la presse que leurs prédécesseurs des dictatures de droite ou des gouvernements conservateurs. Le dernier exemple en la matière, et peut-être le plus inquiétant de toute l’Amérique du Sud, est celui des rapports entre le président équatorien Rafael Correa et la presse de son pays.
Jeudi 16 février, la plus haute juridiction équatorienne a maintenu le verdict à l’encontre de trois responsables et d’un chroniqueur du quotidien El Universo, qui étaient accusés de diffamation vis-à-vis du président Rafael Correa. Etendue de la condamnation ? Trois ans de prison chacun et un total de 33 millions d’euros de dommages et intérêts ! Tout cela pour une chronique tendancieuse dans laquelle le chef de l’Etat était traité de « dictateur », et accusé de « crimes de guerre », pour avoir soi-disant demandé à ses forces de sécurité de tirer sur des civils lors d’une révolte de la police contre le président en 2010. Certes, cette chronique n’était clairement pas un modèle de bon journalisme, mais de là à poursuivre, devant une cour criminelle, quatre responsables d’un journal et de les condamner aussi lourdement, ce n’est plus de la vengeance mais de l’intimidation. D’autant qu’El Universo a plusieurs fois fait amende honorable et cherché une issue négociée (le chroniqueur a même démissionné). Cela n’a pas empêché Correa de maintenir sa plainte et d’assister à toutes les audiences en personne (dont celle de mercredi qui a duré plus de 13 heures). Pas mal pour un président qui a censément d’autres chats à fouetter…
Las, il ne s’agit pas d’un cas isolé. En 2011, il a poursuivi deux journalistes d’investigation pour avoir révélé dans un livre les pratiques corrompues d’attribution de marchés publics qui avaient bénéficié au propre frère du président. Dans l’ouvrage, intitulé El Gran Hermano (Le grand frère), ce dernier expliquait que son frérot de président était au courant de ces méthodes, qui ont depuis été réformées. Il n’a jamais démenti ses propos. Qu’a fait Correa ? Il a attaqué les deux journalistes en leur demandant 8 millions d’euros de dommages et intérêts. Le verdict est tombé cette semaine : les deux reporters écopent d’une amende de 1,5 million d’euros pour avoir, selon la juge, « sali l’honneur, la dignité et le nom » du président, tout en lui causant des « dégâts émotionnels ». Notons au passage que Correa n’a cessé de se plaindre, depuis son accession au pouvoir en 2007, des errements d’une justice qu’il estime liguée contre lui…
http://fr.rsf.org/equateur-condamnation-financiere-lourde-08-02-2012,41824.htmlCondamnation financière lourde contre les auteurs du livre “El Gran Hermano” : “Une sanction abusive et malvenue”
Publié le mercredi 8 février 2012.
Deux millions de dollars à verser solidairement au président Rafael Correa pour “préjudice moral”. C’est la lourde sanction infligée le 7 février 2012 par un tribunal civil de Pichincha, la région de Quito, contre les journalistes Juan Carlos Calderón et Christian Zurita, coauteurs d’un livre d’enquête sur le frère aîné du chef de l’État, Fabricio Correa.
Intitulé “El Gran Hermano” (le grand frère), l’ouvrage pointait directement les largesses et le favoritisme dont aurait bénéficié l’homme d’affaires en obtenant notamment de l’État pour plus de 150 millions de dollars de contrat. S’estimant atteint dans son honneur personnel, le président Rafael Correa avait réclamé aux deux journalistes 10 millions de dollars au moment d’engager des poursuites à leur encontre, en février 2011. Bien que prononcée en première instance, la condamnation des auteurs de “Gran Hermano” fait directement écho à celles de trois directeurs et d’un éditorialiste d’El Universo, dossier qui a encore aggravé les relations déjà très tendues entre la présidence et une partie de la profession.
“Les deux affaires soulignent un régime de sanctions disproportionnées qui valent autant d’incitation à l’autocensure. L’ampleur de la condamnation infligée à El Universo et ses représentants, malgré le caractère extrême des propos incriminés, fait craindre pour l’avenir de la liberté éditoriale. Cette fois, c’est la capacité d’investigation des journalistes que le précédent ‘Gran Hermano’ met en péril”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Qui prendra désormais le risque de mettre publiquement en cause une personnalité haut placée ? Plus grave, Rafael Correa aura, ici, protesté de son honneur face à des informations qui ne le visaient pas au premier chef. Enfin, l’atteinte à l’honneur, notion par définition abstraite et impossible à prouver comme l’a reconnu elle-même la juge de Pichincha, aura éludé l’appréciation, sur le fond, des faits rapportés dans le livre. C’est ce débat de fond que le président cherche à éviter en exigeant des deux coauteurs qu’ils reconnaissent leur ‘mensonge’ moyennant le retrait de sa plainte. Nous espérons, au contraire, que ce jugement se verra infirmé en appel et qu’un véritable échange sur un sujet d’intérêt public pourra avoir lieu”, a ajouté l’organisation.
Veto électoral
Dangereuse au plan judiciaire, la condamnation des deux coauteurs de “El Gran Hermano” est politiquement malvenue et inopportune. Elle coïncide, en effet, avec une nouvelle norme en matière électorale, entrée en vigueur le 4 février, qui restreint fortement la couverture journalistique dans une période de trois mois précédant le scrutin.
Très discuté et y compris au sein du parti majoritaire Alianza País, le texte, porté par Rafael Correa lui-même, dispose que les médias devront s’abstenir de toute “promotion directe ou indirecte, que ce soit à travers des reportages, rapports ou tout autre forme de message, qui tendrait à avoir une influence en faveur ou à l’encontre d’un candidat déterminé, d’une proposition, d’options, de préférences électorales ou de thèses politiques”. La Constitution équatorienne interdisant de modifier la loi électorale moins d’un an avant une convocation au suffrage, l’application de la norme impliquerait de décaler au plus tôt au 4 février 2013, l’élection présidentielle prévue le 20 janvier de cette même année.
“Si elle ne précise pas les sanctions encourues, une telle norme ne peut qu’ajouter à la déplorable impression que l’exécutif cherche à limiter la circulation des informations et des opinions, et plus encore dans un contexte électoral qui doit justement favoriser cette dernière. La norme électorale s’applique-t-elle aux messages institutionnels (“cadenas”) et aux discours du samedi (“enlaces sabatinos”) du chef de l’État. Si tel n’est pas le cas alors comment s’empêcher de penser que seule la parole officielle deviendrait autorisée ?”, a regretté Reporters sans frontières.
La norme électorale contredit en tout cas les principes directeurs de la nouvelle version de la loi organique de communication, déposée le 3 février à l’Assemblée nationale et appelée à être votée en session plénière d’ici au mois de mars. Ce projet de législation réaffirme la responsabilité d’informer la collectivité qui incombe aux journalistes et à leurs médias, en particulier en période électorale. Malgré une fâcheuse tendance à vouloir imposer un critère d’“information vérifiée, balancée, contrastée et contextualisée”, le texte comporte, notamment, deux avancées favorables : la limitation de durée des “cadenas” (cinq minutes hebdomadaires) et, à nouveau, la répartition équitable des fréquences entre différents types de médias (privés, publics et communautaires) à hauteur de 33 % pour chacun (34 % pour les communautaires).
http://fr.rsf.org/equateur-epilogue-attendu-a-la-cour-supreme-15-02-2012,41886.htmlLe pardon de Rafael Correa à ses détracteurs effacera-t-il un an de controverse et de polarisation extrêmes ?
Publié le lundi 27 février 2012.
La bataille judiciaire qui opposait Rafael Correa au quotidien El Universo et à ses représentants a pris fin, le 27 février 2012, sur une grâce présidentielle. Dans une allocution officielle télévisée, le chef de l’État a déclaré “pardonner aux accusés et leur concéder la rémission après une condamnation méritée”. Il a également annoncé retirer les poursuites engagées contre les deux auteurs du livre “El Gran Hermano” (le grand frère), condamnés en première instance.
“Rafael Correa a fait preuve de sagesse en décidant de lui-même de renoncer, dans ces deux affaires, à des sanctions aux conséquences redoutables pour la liberté d’expression. Nous voulons bien croire que le chef de l’État, ainsi qu’il l’a affirmé aujourd’hui, n’ait jamais souhaité envoyer personne en prison. Était-il néanmoins besoin, dans le dossier El Universo, d’attendre une issue judiciaire de cette ampleur pour, en fin de compte, faire le choix de la mansuétude ? Un an de procédure a malheureusement permis à la polémique d’enfler, à la polarisation de s’aggraver. Nous espérons que ce climat s’apaisera à la faveur du pardon présidentiel et que les délits de presse seront bientôt dépénalisés”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Ce dénouement doit également inciter certains médias à prendre davantage la mesure de ce qu’ils décident de publier ou diffuser. Leur responsabilité propre existe et nous l’avons rappelé depuis le début. Des mots aussi lourds de sens que ‘dictateur’ ou ‘crime contre l’humanité’ ne se prononcent pas à la légère. Le vrai débat critique doit désormais l’emporter sur l’invective, l’insulte et l’intransigeance”, a conclu l’organisation.
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16.02.12 - Condamnation d’El Universo en cassation : un revers catastrophique pour la liberté d’expression
La Cour nationale de Justice (CNJ) a donc validé, le 15 février 2012 à Quito, les peines prononcées en première et seconde instances pour “injure calomnieuse” contre le quotidien El Universo et ses trois représentants. Plus rien ne s’oppose juridiquement au placement en détention - pour une durée de trois ans - des frères Carlos, César et Nicolás Pérez, respectivement directeur et directeurs adjoints du journal, ni au versement par la société éditrice de 40 millions de dollars au président Rafael Correa à titre d’indemnisation. Les avocats d’El Universo ont annoncé leur intention de se pourvoir devant la Commission interaméricaine de droits de l’homme (CIDH).-------
Paranthèse indication
http://www.cidh.org/french.htm
Commission Interaméricaine des droits de l'homme
1889 F Street, N.W.
Washington, D.C., 20006
U.S.A.
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“Les conséquences d’une telle décision dépassent, et de loin, le cas particulier d’El Universo. La CNJ vient d’entériner une véritable prime à l’autocensure qui pourrait très bien affecter, demain, d’autres médias quelle que soit leur tendance et quel que soit le gouvernement en place. Même si Rafael Correa a déposé plainte à titre individuel et non en tant que chef de l’État, difficile de ne pas voir dans une sanction aussi exorbitante la réhabilitation du ‘lèse-majesté’, qui ne cadre guère avec les principes de l’État de droit, où l’acceptation de la critique, même la plus virulente, même la plus injuste, incombe à un pouvoir démocratiquement élu. La polarisation ne peut que s’aggraver, quitte à compromettre le débat sur la loi de communication, dont nous approuvons certaines dispositions. Un gâchis”, a déploré Reporters sans frontières.
L’organisation ne pourra répondre favorablement à l’invitation du gouvernement en cas de détention effective des représentants d’El Universo ou de l’un d’entre eux. César et Nicolás Pérez se trouvent actuellement à Miami.
Les scènes de violences constatées devant les locaux de la CNJ, au moment de l’audience, soulignent également le degré de polarisation qui sévit aujourd’hui au sein de la société équatorienne. Nous condamnons les agressions subies en cette occasion par Diógenes Baldeón, photographe d’El Universo et Romel Iza, cameraman de la chaîne RTU, attribuées à des militants du parti majoritaire Alianza País. Ces incidents démontrent que les conditions d’un débat judiciaire serein n’étaient pas réunies.
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15.02.12 - Épilogue attendu à la Cour suprême dans l’affaire El Universo : “Un moment crucial pour la liberté d’expression”
La Cour nationale de Justice (CNJ) doit se prononcer, à partir d’aujourd’hui 15 février, sur une éventuelle cassation du jugement rendu en appel dans l’affaire El Universo. Reporters sans frontières estime le moment déterminant pour l’avenir de la liberté éditoriale.
Saisie officiellement de la procédure et non du fond du dossier, la plus haute juridiction du pays n’en aura pas moins à décider de la validation des peines de trois ans de prison infligées au directeur du journal, Carlos Pérez, ainsi qu’à ses deux frères et sous-directeurs de la publication, César et Nicolás Pérez, peines assorties d’une indemnisation de 40 millions de dollars à verser au président Rafael Correa pour “injure calomnieuse”. Le pourvoi en cassation de l’éditorialiste à l’origine de la plainte présidentielle, Emilio Palacio – aujourd’hui en exil à Miami –, a déjà été rejeté. Son cas individuel n’entre donc pas dans le cadre de cette nouvelle audience.
“Peut-on sanctionner si sévèrement les opinions, mêmes les plus infâmantes ? La décision de la CNJ apportera, en définitive, la réponse à la seule question qui vaille selon nous. Tout en soulignant, depuis le début, le caractère extrême des propos tenus contre le président Rafael Correa dans les colonnes d’El Universo, nous redoutons, à l’issue d’une longue bataille judiciaire, un épilogue ravageur à la fois pour le droit d’expression individuelle et la survie d’un support de presse, à rebours des principes de la convention américaine des droits de l’homme dont l’Équateur est signataire. Nous plaidons, une nouvelle fois, pour la dépénalisation des délits de presse à l’appui de la jurisprudence continentale. Nous estimons, enfin, qu’une condamnation définitive d’El Universo sous cette forme hypothèquerait un consensus souhaitable autour de la nouvelle loi de communication, consensus que fragilise également le précédent “El Gran Hermano” ", a déclaré Reporters sans frontières.
En plus de susciter l’inquiétude, l’audience de la CNJ souffre d’une nouvelle controverse dans son principe même. Après une tentative infructueuse pour que soient récusés trois des neufs juges de la CNJ, les défenseurs d’El Universo ont directement mis en cause leur collègue de la partie adverse, Gutemberg Vera. Se fondant sur le témoignage écrit d’une juge, Mónica Encalada, rendu public le 14 février et publié le même jour par le quotidien El Comercio, l’avocat du journal Joffre Campaña a soutenu que le jugement rendu contre El Universo et ses représentants aurait en fait été rédigé par son confrère chargé de plaider la cause du président Rafael Correa.
“Reporters sans frontières conserve toute la prudence requise face à des allégations qui, bien que tardives, seraient de nature à mettre en cause l’indépendance de l’autorité judiciaire. Cet élément nouveau doit néanmoins être pris en compte lors de l’audience de la CNJ, afin d’en vérifier l’authenticité et la véracité”, a conclu l’organisation.
PS
Ce lien peut tout à fait être placé dans la section PAYS à CUBA, merci d'avance à l'administrateur qui passerra par là.
https://novusordoseclorum.1fr1.net/t5107-cuba-fidel-castro-viktor-dedaj