Edvige : le triage politique devient légal
15 juillet 2008 (Nouvelle Solidarité) – S’il y a beaucoup a reprocher à « Edvige », le nouveau fichier de renseignement de la Police Nationale, ce qui inquiète et qui est proprement scandaleux, c’est qu’il a pour mission de réaliser le fichage des personnes « ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ». Autrement dit, être candidat à un quelconque mandat public, y compris électif, est passible d’un fichage en règle, « automatisé », sans même qu’il n’y ait délit ou soupçon de délit.
Jacques Cheminade a déclaré vendredi dernier qu’un tel fichier, ainsi légalisé, « est l’équivalent d’une frappe préemptive en terme de (basse) police ». En effet, si de tels fichiers existent déjà depuis longtemps, les consacrer par la loi n’est pas qu’un aveu ou la reconnaissance d’un fait accompli. On reconnaît ainsi que le fichage des citoyens engagésest activement promu par la République, ce que Jacques Cheminade a qualifié de « dévoiement de l’Etat de droit ».
Il est un peu plus inquiétant encore d’apprendre, par le biais de la CNIL, que le ministère de l’Intérieur entendait initialement passer le décret instituant Edvige (Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale), sans publication aucune au Journal Officiel, avant que la Commission nationale informatique et liberté ne l’y contraigne.
Placé sous le contrôle de la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP), Edvige a été rendu officiel le 1er juillet, le jour même où la nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) - fusion de la DST et des RG - devenait opérationnelle. En plus des missions classique de la DST contre le terrorisme et l’espionnage, la DCRI va couvrir par le secret défense « la surveillance des individus, groupes, organisations et à l’analyse des phénomènes de société, susceptibles, par leur caractère radical, leur inspiration ou leurs modes d’action, de porter atteinte à la sécurité nationale ».
Si certains sont tentés de dire qu’il ne sert à rien de lutter contre de telles dérives dans un Etat que l’on sait déjà être policier par tradition, il n’en reste pas moins que c’est cette résignation qui, se mariant au vieux sentiment du « moi je suis dans le rang, donc ça ne me concerne pas » a rendu possible les pires dissensions dans l’histoire moderne de notre pays, avec leur long cortège d’ombres défigurées, de ceux qui ont combattu pour sauver notre indépendance nationale et nos libertés alors que déjà l’oligarchie financière avait orchestré une bien étrange défaite.
source:http://www.solidariteetprogres.org/article4332.html
PS: elle est pas belle la dictature?