Anti Nouvel Ordre Mondial

Alliance spirituelle contre la subversion mondialiste. Forum d'éveil des consciences par le partage des connaissances et l'esprit de solidarité.


2 participants

    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE

    lorelianeGTQ
    lorelianeGTQ


    Nombre de messages : 1736
    Localisation : Dauphiné
    Date d'inscription : 09/11/2008

    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Empty L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE

    Message  lorelianeGTQ 25/11/2010, 19:55

    Voici un sujet important sur la franc-maçonnerie et son organisation. En effet cette secte lucifèrienne dispose dans sa perfidie d'une palette d'astuce impressionante, tout est bon pour subvertir de façon souterraine, aussi pour permettre, quant à sa nature occulte, de garder son odeur discrète, afin que ses membres puissent en toute tranquillité agir de manière communautariste discrètement, et ainsi infiltré toute les strates des pouvoir, qui leurs permettra de diffuser les vents de leurs but, de tempète suprème.

    La destruction des traditions, le libéralisme pousser à son paroxisme, pour au final y voir la reconstruction synthetique du temple de la
    ségrégation, sur les decombres des ruines de la civilisation auguste et
    millénaire, de l'Ordre naturel de Dieu.

    Pour illustré parfaitement toute l'importance d'étudier cette secte, je citerais simplement l'auteur de l'ouvrage, P.deschamps, homme d'une autre époque, ayant compris mieux que quiconque la formidable subversion qui s'était dérouler devant ses yeux, ceux de ses ancètres, ainsi que des notres.


    «L'étude des sociétés secrètes est donc une nécessité absolue
    pour avoir l'intelligence des temps modernes. Elle est possible
    pour un écrivain doué de perspicacité et se donnant la peine de
    pousser ses investigations dans le champ, très-vaste aujourd'hui,
    des documents tombés dans le domaine public.»

    Une fois ces destructions accomplies, les masses populaires lais-
    sées sans religion et sans protection, blessées dans leurs intérêts
    moraux et matériels, se livrent au socialisme. Les trade-unions,
    les sociétés de résistance, les groupes communistes se fondent
    comme d'eux-mêmes en dehors de la Maçonnerie et contrairement
    à la volonté de ses chefs. La suprême habileté de ceux-ci consiste
    à s'emparer de leur direction sans qu'ils s'en doutent, à les pé-
    nétrer de leur pensée anti-chrétienne, à faire marcher ces hordes
    affamées de jouissance de façon à ne pas être.écrasés eux-mêmes.
    C'est parfois des masses socialistes que l'on peut dire avec vérité
    que la haine anti-religieuse est accidentelle chez elles. On en a
    la preuve éclatante dans la facilité avec laquelle les chrétiens
    dévoués, qui s'adressent à la fois au coeur et aux intérêts de
    l'ouvrier, le ramènent à l'ordre. Le peuple est la première dupe
    et la plus grande victime de la Révolution !


    Bonne lecture Smile


    L'HISTOIRE DES SOCIETES SECRETES PAR P.DESCHAMPS

    III — L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE


    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE 10536_10
    Structure hierarchique de la franc-maçonnerie regulière. Agrandissement ici et ici

    XLVIII

    La Franc-maçonnerie est une association essentiellement une
    et universelle, malgré la variété des rites pratiqués par les loges.
    Cette unité repose sur les trois grades, dits symboliques, d'ap-
    prenti, de compagnon, de maître. Cinq maîtres peuvent former
    une loge et procéder à la réception de nouveaux membres. Tout
    individu reçu dans une loge fait par là même partie de l'ordre
    entier, il peut obtenir l'entrée de toutes les loges et réclamer l'as-
    sistance des membres de l'ordre dans tout l'univers.
    Ces trois grades forment la base sur laquelle s'édifient tous les
    rites.

    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Blanc-12
    Illustration de la position symbolique des trois premier grades; apprenti,
    compagnon, et maître, qui constitue les bases de la hierarchie maçonnique.


    Ces rites consistent dans une série de grades, dits chapitraux,
    dans lesquelles doctrines delà Maçonnerie sont développées sous
    la forme d'allégories variées. Tous les auteurs maçonniques recon-
    naissent que la doctrine de l'ordre est tout entière contenue dans
    le rituel des trois grades symboliques. Les gFades chapitraux ne
    font que la rendre plus claire, que l'inculquer plus fortement chez
    les initiés (1).

    ___________

    1 - Les grades élevés ou chapitraux, dits également philosophiques, ne
    sont régulièrement constitués qu'autant qu'ils ont les premiers pour fonde-
    ments. Ces grades, ajoutés plus ou moins récemment, se sont inspirés les uns
    des autres et souvent mémo copiés. Il suffit donc, pour bien connaître l'esprit
    de la Maçonnerie, d'étudier les principaux degrés des rites les plus répandus
    ou qui ont servi de type à tous les autres.
    Le rite français ou moderne ajoute quatre grades chapitraux aux
    trois premiers grades symboliques et en compte ainsi sept en
    tout. Le rite des anciens maçons libres et acceptés d'Angleterre se
    réduit aussi à sept ; le...

    XLIX

    L'origine et la valeur des grades chapitraux sont un grand sujet de
    débat entre les écrivains de l'ordre. Certains d'entre eux prétendent
    les faire remonter à la continuation même de l'ordre du Temple ;
    l'on trouvera des indications précises sur la part de vérité que
    renferme cette tradition dans les chapitres I et II du livre se-
    cond de cet ouvrage. Ce qui est certain, c'est que de nouveaux
    grades chapitraux ont été créés en grand grand nombre pendant
    le XVIIIe siècle, à l'époque où la conspiration contre l'ordre chré-
    tien se nouait. Comme le dit Louis Blanc, c'étaient autant d'ar-
    rière-sanctuaires, où se groupaient successivement les initiés les
    plus actifs. L'on a même récemment ajouté dans le rite écossais
    trois grades dits administratifs, qui ne sont conférés qu'aux fonction-
    naires du Grand-Orient et du Suprême-Conseil, et qui complètent
    la série symbolique des trente-trois degrés. Aujourd'hui les grades
    les plus élevés sont conférés en France assez indistinctement, et
    l'on peut en parcourir toute l'échelle sans...

    ___________

    ...rite écossais ancien et accepté est celui réformé par Frédéric II, roi de
    Prusse; il a ajouté huit degrés aux vingt-cinq qui constituaient le rite
    écossais ancien, appelé aussi rite de perfection ou d'Hérédom : c'est celui
    que le Grand-Orient de France s'est également annexé. Saint-Martin les
    a réduits à dix. Le rite ou régime rectifié, dit de la stricte observance
    depuis la réforme du convent de Willhemsbad, ne compte plus que cinq
    grades, mais le cinquième se divise en trois sections. Le rite ou ordre du
    Temple se réduit aussi à huit, en faisant du septième la préparation au hui-
    tième ou dernier degré. Le rite ou système de Zinnendorf, qui est celui
    de la grande loge nationale d'Allemagne à Berlin, se réduit également à
    sept grades. L'illuminisme proprement dit, de Weishaupt, s'élevait à
    neuf. Le rite suédois montait jusqu'à douze, et celui du système de Swe-
    demborg descendait à six. Le rite seul de Misraïm, divisant et subdivi-
    sant sans fin les autres degrés, souvent en leur laissant leur nom,
    toujours en en conservant l'esprit, s'élève à quatre-vingt-dix, partagés
    en quatre séries (Clavel, Histoire pittoresque, statistique universelle
    de la Franc-maçonnerie, p. 63. — Willaume, Manuel du Tuileur,
    introduction. — Ragon, Cours des initiations
    anciennes et modernes.)

    L

    ...connaître le véritable secret de l'ordre. Ces réceptions se multi-
    plient, parce que la vanité joue un grand rôle dans les loges et
    parce qu'elles sont une des sources les plus abondantes pour le
    budget du Grand-Orient (1). Mais ce qui se passe actuellement ne
    préjuge rien contre la portée politique que ces grades eurent
    autrefois. L'organisation essentiellement hiérarchique de la Ma-
    çonnerie offre assez d'autres moyens à ses directeurs secrets
    pour se choisir et se concerter.
    Voici comment s'exprime sur ce sujet délicat le F.: Malapert,
    un des écrivains maçonniques contemporains les plus distingués,
    dans une tenue de loge qu'il présidait comme orateur du Suprême
    Conseil du rite écossais ancien accepté :
    « Au-dessus de la maîtrise, il n'y a plus rien â apprendre. Les
    hauts grades sont des titres donnés à des maçons, qui se choisis-
    sent dans un certain but. Le grand œuvre réside tout entier dans
    l'apprentissage, le compagnonnage et la maîtrise.Les Rose-Croix et les
    chevaliers Kadosch ne savent rien de plus que les maîtres. Je com-
    prends cependant qu'à de certaines époques on ait senti le
    besoin de former des réunions particulières, parce qu'elles sont
    le moyen de mieux répandre la pratique de nos idées. Ainsi, au-
    delà de la maîtrise, il y a des maçons qui s'occupent de la réalisation
    plus directe de nos théories générales. A ce titre, les hauts grades ont
    leur raison d'être, quoiqu'on puisse travailler utilement sans les pos-
    séder (2).

    Suivant la diversité des hauts grades, les rites se sont multipliés...

    _______

    1 - Le Monde maçonnique de mars 1880, p. 469, déplore celte facilité :
    « Les loges, dit-il, ne voient trop que la caisse. Certainement une loge
    pour vivre a besoin de fonds ; mais il ne faut pas que cet amour du com-
    merce fasse de la Maçonnerie une boutique ou une fabrique de maçons.
    Ce qu'il faut avant tout, c'est la qualité des maçons, et avec la qualité
    vient la quantité. »
    2 - Reproduit par la Chaîne d'union, année 1874, p. 85.

    LI

    ...et avec eux les centres directeurs, les grandes loges, les mères-
    loges, les Grands-Orients, les suprêmes conseils. On les appelle
    d'un terme générique : puissances maçonniques.
    Comme on le verra dans la partie historique, les chefs de la
    Maçonnerie se sont efforcés, un peu avant la Révolution française,
    de concentrer ces puissances et de fusionner ces rites. Ils y sont
    parvenus en partie seulement.

    En France, il y a actuellement quatre puissances maçonniques:

    Le Grand-Orient de France.

    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Godf10

    Le Suprême-Conseil du rite écossais ancien accepté.

    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Indexp10

    La Grande-Loge symbolique écossaise.

    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Flam-g10

    Le Suprême-Conseil du rite de Misraïm.

    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Logo-s10

    Ces puissances maçonniques sont souveraines les unes vis-à-
    vis des autres, mais des traités existent entre elles ; elles recon-
    naissent les grades conférés par les loges de leur obédience. L'u-
    nité de l'ordre n'est donc pas altérée.

    Voici l'organisation intérieure du Grand-Orient, qui est actuel-
    lement de beaucoup la plus importante de ces quatre puissances :


    « Le Grand-Orient, dit Clavel, un de ses officiers, se forme des
    vénérables des loges proprement dites et des présidents des divers
    ateliers qui pratiquent les hauts grades des rites français, écossais
    ancien et accepté ; à défaut de leurs présidents, ces divers corps
    sont représentés par des députés spéciaux, élus par eux annuel-
    lement à la majorité des voix. Le Grand-Orient s'attribue la puis-
    sance suprême, dogmatique, législative, judiciaire et administrative de
    tous les ateliers, de tous les rites et de tous les grades existant
    dans toute l'étendue de la France. L'assemblée générale du Grand-
    Orient a lieu une fois par an et statue comme un parlement
    sur les questions qui lui sont soumises. La direction effective
    appartient au conseil de l'ordre, composé de trente-trois délégués
    de l'assemblée générale, qui résident à Paris et statuent sur tou-
    tes les questions qui se présentent. Le Grand-Orient se divise en
    cinq branches principales : la chambre de correspondance et des

    LII

    finances constituant l'administration ; la chambre symbolique
    qui s'occupe de tout ce qui est relatif aux ateliers des trois premiers
    grades ; le suprême conseil des rites qui statue sur tout ce qui a
    rapport aux ateliers des grades supérieurs ; la chambre du conseil
    d'appel, qui donne son avis sur toutes les affaires intéressant l'exis-
    tence des ateliers et qui prononce en dernier ressort dans les con-
    testations qui surgissent entre les ateliers ou entre les frères ;
    enfin le comité central ou d'élection qui s'occupe des mêmes ma-
    tières à huit-clos. Indépendamment de ces cinq chambres, le Grand-
    Orient enferme dans son sein le grand collège des rites, qui confère
    les hauts degrés, un comité des finances et un comité d'inspection du
    secrétariat... (1) »

    Aucune loge ne peut se constituer ni prendre une décision de
    quelque importance sans l'aveu du Grand-Orient, qui a le pou-
    voir de la suspendre (mettre en sommeil) ou même de la dis-
    soudre.
    Le Grand-Orient a habituellement à sa tète un grand maître,
    choisi généralement parmi les membres des familles régnantes ou
    parmi les personnages officiels. Il sert de protecteur à l'ordre,
    mais ne peut lui imposer une direction réelle (2), car le pouvoir
    effectif réside tout entier dans les comités. En France, depuis...

    ___________

    1 - Histoire pittoresque de la Franc-maçonnerie, p. 26, 27.
    2 - On trouvera un peu plus loin (Introduction, § VI) quelques indi-
    cations sur le rôle de trompc-l'œil que l'on fait jouer aux princes protec-
    teurs et aux grands maîtres de l'ordre. Voici du reste comment s'expri-
    mait à leur sujet, en 1863, alors que le prince Lucien Murât était grand
    maître du Grand-Orient de France, le Monde maçonnique, n° de novem-
    bre (t. VI, p. 411) :
    « La Maçonnerie doit puiser sa force en elle-même, et quand elle a le
    « malheur d'avoir des protecteurs couronnés, elle ne devrait pas leur
    « donner plus d'importance que ne leur en crée déjà leur condition pro-
    « fane ; ceux-ci, en effet, sont bien souvent la cause principale des abus
    « et de l'intolérance, qui règuent encore au sein même de notre
    « ordre»


    LIII

    ...1869, le Grand-Orient n'a plus de grand maître, mais seulement
    un président (1).
    Le Grand-Orient de France laisse les loges de son obédience
    libres de pratiquer l'un des deux rites, le rite français ou mo-
    deme, le rite écossais ancien accepté (REAA). Mais un certain nom-
    bre des loges pratiquant ce dernier rite forment une obédience
    particulière, et se rattachent au suprême conseil du rite écossais
    ancien accepté.
    Le Grand-Orient s'est constitué en 1772. Quant au Suprême-
    Conseil, il est plus ancien ; mais après diverses péripéties dans
    son fonctionnement, il a pris ce nom en 1803 et s'est consolidé

    ___________

    1 - Voici quels sont pour l'année 1878-1879 les membres du Grand-
    Orient ; la liste en est fort instructive :


    Andrieux, avocat, député et préfet de police. — Barré, docteur en mé-
    decine, à Paris. — Blanchon, chef de division au comptoir central de
    Crédit, à Paris. — Brémond, avocat, membre du conseil municipal de
    Marseille, ancien sous-préfet. — Bruand, négociant, membre du conseil
    municipal de Besançon. — Cammas, homme de lettres, à Maisons-sur-
    Seine. — Gaubet, homme de lettres, chef de la police municipale. —
    Cousin, inspecteur principal au chemin de fer du Nord, à Paris. —
    Dalsace, négociant, à Paris. — Didiot, négociant, à Paris. — De Saint-
    Jean, docteur en médecine, à Paris. — Desmons, membre du conseil
    général du Gard, président du consistoire de Saint-Chaptes, pasteur de
    l'église réformée, à Saint-Geniês-de-Magloire (Gard). — Doué, docteur -
    en médecine, médecin principal de la marine, à Toulon-sur-Mer. —
    Duhamel, avocat à la Cour de Paris, chef du cabinet du président de
    la République, membre du conseil général du Pas-de-Calais. — De Hé-
    rédia, président du conseil municipal de Paris. — Foussier, négociant,
    à Paris. — Herpin, docteur en médecine, à Livry (Seine-et-Oise). —
    Jean, membre du conseil municipal d'Albi, juge au tribunal de com-
    merce, ancien sous-préfet, manufacturier à Albi (Tarn). — Joly (Albert),
    avocat, député, membre du conseil municipal de Versailles. — Lagache-
    Saint-Gest, avocat, ancien sous-préfet de BouIogne-sur-Mer (Pas-de-
    Calais). — Le Plé, docteur en médecine, à Rouen. — Masse, membre
    du conseil municipal de Paris, avoué près le tribunal civil de première
    instance de la Seine, à Paris. — Martin (Antide), membre du conseil
    municipal de Paris, ancien notaire, à Paris. — Neumarck, membre du
    conseil municipal de Reims, président du conseil des prud'hommes, à
    Reims. — Poulie, avoué, membre du conseil municipal d'Amiens, pré-
    sident de la chambre des avoués, à Amiens. — Roche, pharmacien...

    LIV

    en 1817, par la réunion de deux puissances rivales du rite
    écossais, qui fut due particulièrement au zèle du duc Decazes.
    Le Suprême-Conseil du rite écossais ancien accepté a une
    constitution beaucoup plus autoritaire que le Grand-Orient. Ses
    membres sont élus à vie et se recrutent eux-mêmes ; le pouvoir
    qu'il exerce sur les ateliers de son obédience est également beau-
    coup plus énergique.
    Le Suprême-Conseil, sous la Restauration et la monarchie de
    juillet, groupait la partie la plus avancée de la Maçonnerie, parce
    qu'il avait mieux su se soustraire à la tutelle des pouvoirs poli-
    tiques, que le Grand-Orient avait acceptée en recevant ses grands
    maîtres et grands maîtres adjoints des mains du gouvernement.
    Mais aujourd'hui, en raison de sa constitution plus fermée, le
    Suprême-Conseil perd rapidement son influence. Beaucoup de
    loges, qui pratiquent d'ailleurs le rite écossais, l'ont abandonné
    pour passer dans l'obédience du Grand-Orient (1).
    Depuis plusieurs années une lutte sourde d'influences existe
    entre le Grand-Orient et le Suprême-Conseil du rite écos-

    ___________

    ...membre du conseil d'arrondissement et du conseil municipal, a Roche-
    fort-sur-Mer. — Rousselle (André), membre du conseil générai de l'Oise,
    avocat à Paris. — Sarrat, négociant, à Bordeaux. — Thiault, avocat, à
    Belfort (Haut-Rhin). — Thulié, docteur en médecine, membre et ancien
    président du conseil municipal , à Paris. —Valentin, sénateur, ancien
    préfet du Bas-Rhin et du Rhône. — Vienol , avocat, agréé près le tribu-
    nal de commerce de Rouen. — Wyrouboff, homme de lettres, à Paris.
    En septembre 4880 les membres sortants ont été réélus à une forte ma-
    orité, sauf M. Andrieux, qui a spontanément refusé toute candidature.

    1 - Le Suprême-Conseil a actuellement pour très puissant prince sou-
    verain, grand commandeur, grand maître, le F.: Crémieux, ancien
    membre du gouvernement provisoire en 1848, et de la délégation de
    Tours en 1870, A côté de lui figurent, dans le Suprème-Conseil,
    les FF.: Jules Simon, Malapert, Emmanuel Arago, Allegri, comte Roger
    du Nord, Zegelaar, Lebatteux , G. Guiffrey, Delongray, Schwalb, Ba-
    gary, Proal, Mcigc, Sapin et Granvigne (Monde maçonnique, mars
    1880).

    LV

    sais (1), et quand on rapproche les noms des membres de ces
    deux corps, on s'explique facilement la division qui s'est produite
    dans les rangs du parti républicain et a abouti à une rivalité ou-
    verte entre deux hommes également considérables de ce parti et
    également engagés dans la Franc-maçonnerie.
    Sous l'influence de ces dissensions intestines, onze des princi-
    pales loges parisiennes de l'obédience du Suprême-Conseil s'en
    sont récemment séparées, et ont constitué, au mois de février
    1880, une puissance maçonnique nouvelle sous le titre de Grande-
    Loge symbolique écossaise. Par une étrange coïncidence, le pré-
    fet de police, qui a donné cette autorisation aux loges révoltées
    contre le Suprême-Conseil, s'est trouvé être un des membres les
    plus importants du Grand-Orient (2) !

    ___________


    1 - Voir dans le Monde maçonnique de 1875 un échange de corres-
    pondances fort aigres entre le Grand-Orient et le suprême conseil.
    2 - Dans les derniers jours de février 1880, le Siècle, qui est dans la
    presse profane l'organe officieux du Grand-Orient, a annoncé ce fait par
    la note suivante :
    « Depuis dix-huit mois un grand nombre de loges du rite écossais lut-
    taient contre le Suprême-Conseil, pour obtenir dans leur constitution des
    réformes dont la légitimité ne saurait être contestée.
    « Il s'agissait d'obtenir pour l'assemblée des députés élus annuelle-
    ment par les ateliers :
    « 1° L'élection de son président;
    « 2° Le libre choix de son ordre du jour ;
    « 3° Le droit de fixer les époques de ses réunions.
    « Le Suprême-Conseil répondit à ces demandes par de nombreux dé-
    crets de radiations de loges et de maçons des contrôles du rite.
    « C'est dans ces conditions que onze des plus vieilles loges du rite,
    prenant une initiative heureuse, ont eu la pensée de constituer en
    France une Grande-Loge symbolique indépendante.
    « Une demande adressée dans ce sens, le mois dernier, à M. le mi-
    nistre de l'intérieur, a été favorablement accueillie, et M. le préfet de
    police, M. Andrieux, vient de faire savoir aux intéressés, que la Grande-
    Loge symbolique écossaise était autorisée à fonctionner en France dans
    les mêmes conditions que le Suprême-Conseil et le Grand-Orient de
    France.
    « Les onze loges confédérées sont les suivantes :
    « Les Amis de la Vérité, la Jérusalem écossaise, la Justice, les Hos-
    pitaliers de Saint-Ouen, les Vrais Amis fidèles, la Ligne droite, l'Ecos-
    saise n° 133, Union et Bienfaisance, la Franche Union, la Sincérité.

    LVI

    Quant au rite de Misraïm ou rite égyptien, qui doit son
    origine à Cagliostro, puis s'est propagé de nouveau en France
    en 1816, il renferme surtout des juifs. Il n'a plus actuellement
    une grande importance.
    La même organisation avec la même variété de rites et de
    puissances maçonniques, existe dans les autres pays.
    Depuis que les gouvernements en sont venus à reconnaître la
    Franc-maçonnerie ou officieusement ou officiellement comme en
    Angleterre, et en France même depuis 1861, les différents Grands-
    Orients ou Grandes-Loges font coïncider les limites de leur obé-
    dience avec celles des États où ils sont établis. Il y a ainsi un
    Grand-Orient de Belgique, un Grand-Orient de France, un
    Grand-Orient d'Angleterre, etc. Aux États-Unis, il y a trente-
    huit Grandes-Loges, autant que d'États.
    Mais cette division des obédiences, nous le répétons, n'empê-
    che nullement l'unité de la Maçonnerie. Des traites et des unions
    spéciales assurent à tout franc-maçon affilie dans une loge d'un
    rite quelconque l'exercice de ses droits maçonniques dans les
    loges du monde entier et lui donne droit à leur appui. Nous au-
    rons, d'ailleurs, bientôt à examiner si par dessus tous les Grands-
    Orients il n'existe pas un directoire secret, qui les réunit en
    faisceau.
    D'après les statuts du Grand-Orient de France, arrêtés en
    1772 et révisés en 1799, l'ordre des francs-maçons a pour

    LVII

    objet « l'exercice de la bienfaisance, l'étude de la morale uni-
    ce verselle, des sciences et des arts, et la pratique de toutes les
    « vertus. »
    C'est en 1854 seulement que l'on a ajouté ce paragraphe addi-
    tionnel : « Il a pour base l'existence de Dieu, l'immortalité de
    l'âme et l'amour de l'humanité » ; c'est ce paragraphe qui a été
    supprimé après une longue discussion en 1877, comme une dé-
    viation du véritable esprit de l'ordre.


    La Franc-maçonnerie se présente donc, dans ses statuts, comme
    ayant à la fois pour but l'exercice de la bienfaisance et l'étude
    de la morale universelle.
    Sur le budget dont elles disposent, les loges font un certain
    nombre d'oeuvres de philanthropie. Elles ont, au XVIIIe siè-
    cle, inventé cette expression, ainsi que les fêtes de bienfaisance.
    Une publicité retentissante en est le caractère essentiel et
    distingue ainsi radicalement cette bienfaisance de la charité chré-
    tienne.
    Les loges accordent aussi des secours à leurs membres, mais
    sans leur reconnaître aucun droit à cette assistance pécuniaire ;
    elles posent même en principe l'exclusion des pauvres :
    « Rappelons-nous, dit le Fr. : Ragon, que la Maçonnerie n'a pas
    constitué un corps d'individus vivant aux dépens des autres. Les men-
    diants qui s'associent pour faire de la misère oseraient-ils avouer
    dans quel but ils se font recevoir ? Ils viennent audacieusement
    vous imposer leur détresse et le poids de leurs vices, sans avoir été
    utiles â l'ordre par aucun talent, par aucune vertu. Cette lèpre hi-
    deuse de la Maçonnerie en France montre la coupable négligence des
    loges, surtout de celles de Paris. Ne présentez jamais dans l'ordre,

    LVIII

    disait le F.: Beurnonville, que des hommes qui peuvent vous pré-
    senler la main et non vous la tendre (1). »

    En 1861, le ministre de l'intérieur, M. de Persigny, crut re-
    connaître dans la Franc-maçonnerie une institution charitable et la
    compta parmi « les associations de bienfaisance qui méritent toute
    la sympathie du gouvernement pour les bienfaits qu'elles répandent
    dans le pays. » La Maçonnerie a repoussé cette qualification, qui,
    quelque bienveillante qu'elle fût pour elle, aurait pu donner une
    fausse idée du véritable esprit de l'ordre. Ses représentants
    écrivirent en ces termes au ministre pour rectifier ses idées :
    t Nos pères, il y a bien des siècles, se sont réunis sous d'anciens
    rites, non pour exercer la charité, mais pour chercher la vraie lu-
    mière... Votre Excellence, j'en suis sûr, ne nous fera pas un re-
    proche de poursuivre un tel dessein ; mais enfin il y a loin de là
    à une société de bienfaisance. La charité est la conséquence de nos
    doctrines et non le but de nos réunions. »
    Le caractère de société de bienfaisance n'est donc que très-
    accessoire dans la Franc-maçonnerie, et ses libéralités sont abso-
    lument insignifiantes, quand on les compare à ses ressources et
    au nombre de ses membres (2). Là où elles ont quelque im-
    portance, elle sont une arme de parti (3).

    ___________


    1 - Cours philosophique des initiations anciennes et modernes, p. 368.
    2 - Pour les preuves de ce que nous avançons sur l'insignifiance des
    secours donnés par la Maçonnerie, voir le remarquable ouvrage du
    R. P. Gautrelet, La Franc-Maçonnerie et la Révolution (in-8°, Lyon,
    1872), p. 166 à 174.
    3 - L'extrait suivant des délibérations de la loge les Philadelphes, de
    Verviers, en 1874, reproduit avec approbation dans le Bulletin du...

    LXI

    La contradiction entre les faits et les déclarations affichées
    dans les statuts généraux du Grand-Orient est devenue tellement
    criante, que le Monde maçonnique, dans son numéro de décem-
    bre 1879, a cru devoir élever la protestation suivante :
    « Aux termes de l'article premier de la constitution du Grand-
    Orient de France, la Franc-maconnerie est une institution essen-
    tiellement philanthropique. Examinons donc si nous sommes
    philanthropes dans l'acception de notre devise : liberté, égalité,
    fraternité. Lors des admissions dans notre ordre, la position so-
    ciale n'est-elle pas souvent mise en première ligne, et par suite,
    sous le prétexte qu'un ouvrier n'est pas libre, ne refuse-t-on pas
    de l'initier ? Mais alors l'égalité n'est plus qu'un vain mot ; on
    pourrait en dire autant de la fraternité. »



    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Wincb010
    Juste pour vous rappeller qu'ont se fout de votre gueules

    Mais la Franc-maçonnerie est, sous un autre rapport, une véri-
    table société d'appui mutuel. En échange de l'obligation du se-
    cret pour tout ce qui se passe dans les loges et de l'obéissance
    absolue jurée aux supérieurs de l'ordre, chaque franc-maçon a
    droit à l'appui de tous ses frères dans tous les pays du monde.
    Il la réclame en faisant le signe de détresse.
    Cette assistance-là, pratiquée très-largement, est une des cau-
    ses qui contribuent le plus au développement de la Maçonnerie.
    Les frères s'entraident dans toutes les rencontres de la vie civile

    ___________


    ...Grand-Orient de Belgique, montre ce que sont en réalité la fraternité et
    la bienfaisance maçonniques :
    « Secours à donner aux belligérants espagnols. La loge a décidé de
    ne pas souscrire à l'Œuvre de la Croix-Rouge en vue de secours à por-
    ter aux belligérants espagnols, parce que ces secours devaient aller indif-
    féremment aux constitutionnels et aux carlistes.Elle n'a pas voulu encou-
    rager indirectement les carlistes, qui faisaient la guerre en brigands et
    qui étaient armés par le despotisme et la théocratie. » (Reproduit par le
    Courrier de Bruxelles du 1er septembre 1879.)

    LX


    et se piquent les uns vis-à-vis des autres d'une bonne foi dont ils
    se jugent probablement dispensés vis-à-vis des profanes (1). Les
    Voyageurs trouvent, grâce à elle, des relations jusque dans les pays
    les plus lointains, et l'on nous signalait naguères un armateur
    qui, pour le placement de ses cargaisons, avait reconnu l'avan-
    tage d'employer des capitaines francs-maçons.
    Dans les villes, à Paris notamment, bien des commerçants
    inscrivent un insigne maçonnique sur leurs enseignes, pour s'at-
    tirer la clientèle des frères. Au barreau, dans la médecine, l'affi-
    liation est un incontestable moyen de succès. Enfin les loges
    s'emploient pour procurer à leurs membres l'accès des fonctions
    publiques et les faire arriver dans les élections politiques.
    On trouvera dans un des chapitres de ce livre (Liv. II,
    chap. XIII, § 2) le texte complet d'un arrêté du Grand-Orient
    de Belgique, pris en 1856, pour déterminer le mode de contrôle
    que les loges devront exercer « sur ceux de leurs membres
    quelles ont fait entrer dans les fonctions politiques », et sur le
    choix des candidats aux fonctions électives. Ce n'est pas là un
    fait particulier à la Belgique. La même chose se pratique clans
    tous les pays où les loges ont pris pied.

    La Maçonnerie est ainsi une société dans la société générale,
    un État dans l'État.


    Ce caractère d'association d'appui mutuel est la cause du grand
    nombre de francs-maçons que l'on trouve en Angleterre et sur-
    tout aux États-Unis. Dans ces pays, où le Protestantisme domi-
    nait exclusivement jusqu'à ces dernières années, la Maçonnerie

    ___________


    1 - Dans le serment de l'apprenti tel qu'il était prêté en France dans
    certaines loges à la fin du XVIIIe siècle, le récipiendaire jurait « de ne
    jamais toucher ni femme, ni sœur, ni enfant de frère », sous les peines
    terribles auxquelles il venait de s'engager. Cet engagement caractérise
    l'époque. On nous assure qu'en Angleterre celte obligation spéciale est
    toujours rigoureusement observée entre les francs-maçons.



    LXI

    ne s'est pas trouvée en conflit avec une religion positive capable
    de se défendre (1). Elle a ainsi peu à peu perdu, dans la plus

    ___________


    1 - Les considérations suivantes d'un journal américain, écrites au
    sujet du grand nombre des incrédules dans les pays catholiques, expli-
    quent fort bien le phénomène moral que nous signalons dans le texte :
    « L'Église catholique a cela de commun avec son divin fondateur et
    maître, qu'elle attire l'amour ou la haine de ceux sur lesquels elle exerce
    son pouvoir. Elle ne peut pas abandonner sa mission surnaturelle, qui
    est d'enseigner la vérité au monde, de dévoiler l'erreur, de combattre le
    mal sous toutes ses formes, et, par la pratique de la vertu, de conduire
    le plus grand nombre d'hommes possible à la récompense et au bonheur
    du ciel.
    « Le catholique élevé dans un milieu catholique ne peut pas compren-
    dre la religion en dehors du Catholicisme. Lorsque ses passions, son am-
    bition ou son orgueil l'ont détourné de la pratique de ses devoirs, il
    abandonne ordinairement toute espèce de religion ; puis, afin de s'étour-
    dir soi-même, il parle contre l'idée religieuse, et, parce que tout le con-
    damme autour de lui, les mœurs, les usages, les dévolions particulières,
    il finit par s'attaquer à l'Église catholique elle-même, sachant bien que
    seule elle représente la vraie idée religieuse.
    « Dans les pays protestants, la même lutte ne peut pas existe». puis-
    qu'au lieu de deux catégories bien tranchées d'enfants soumis et d'enfants
    révoltés, il est facile de compter cent classes d'opinions différentes sous
    le rapport religieux.
    « Le Protestantisme n'est pas la religion, n'est pas une forme spéciale
    de religion, et pourrait être défini un mélange d'irréligion et de religiosité.
    « Un homme qui se dit protestant ne fait pas connaître, par cette pro-
    fession de foi, quelle est sa croyance, ni quelles sont les vérités qu'il
    admet, ni à quelles obligations il se soumet.
    « On peut être protestant de beaucoup de façons différentes : les épis-
    copaliens, les méthodistes, les luthériens, les baptistes, les presbytériens
    sont autour de nous pour nous le dire. Le seul principe commun à tous
    est l'inspiration privée et la libre interprétation de la Bible, permettant
    à chacun de croire ou de rejeter ce que bon lui semble.

    « Le Protestantisme conduit logiquement à l'indifférence en matière
    de religion. Aussi le sceptique et l'incrédule ne prennent-ils pas la
    peine d'attaquer le Protestantisme, qui ne les gêne nullement, puisqu'il
    leur laisse leur liberté de ne pas croire.
    « La lutte entre l'infidélité et la religion suppose une foi solide pro-
    fondément ancrée dans l'âme, ou un fanatisme imbu de préjugés, enra-
    ciné dans les mœurs d'un pays. Le système actuel du Protestantisme ne


    LXII

    grande partie de ses loges, le caractère violemment impie et
    révolutionnaire qu'elle y avait au début et qu'elle a gardé sur le
    continent (1).

    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Suprem11
    Pas de moralité dans la lutte

    En effet, quand, dans leurs statuts imprimés, les Grands-
    Orients prétendent « que la Franc-maçonnerie ne s'occupe ni des
    « diverses religions répandues dans le monde, ni des constitu-
    « tions des États ; que dans la sphère élevée où elle se place, elle
    « respecte la foi religieuse et les sympathies politiques de chacun
    « de ses membres, » ils mettent sur son enseigne un trompe-l'œil
    destiné à attirer les simples et à tromper les gouvernements dé-
    bonnaires.

    Son véritable esprit, sa doctrine réelle, sont exprimés dans les
    rituels ou tuileurs propres à chaque grade et dont la connais-
    sance a été aussi longtemps que possible dérobée aux profanes.


    ___________


    comporte ni l'une ni l'autre de ces conditions. Ce qui tend surtout à do-
    miner dans un pays protestant, c'est, avec la recherche du bien-être
    matériel et le décorum de la respectabilité, une apathie générale et l'in-
    souciance religieuse. »
    (Propagateur catholique de la Nouvelle-Orléans, 23 août 1879.)

    1 - Ce qui est dit au texte ne doit s'entendre que des loges symboli-
    ques et de celle Maçonnerie que nous pourrions appeler quasi-publique.
    Il existe dans ces pays des associations maçonniques violemment hos-
    tiles au Christianisme et à l'ordre social. Voyez par exemple plu-
    sieurs indications que nous avons consignées dans l'ouvrage des États-
    Unis contemporains, chap. XXI, chap. XXIII, § 7, et chap. XXVI,
    § 2. D'ailleurs comme toutes les loges maçonniques sont en com-
    munion intime et fraternisent avec ces associations et qu'elles pro-
    pagent par l'essence même de leur institution l'indiffèrenlisme reli-
    gieux, elles sont également condamnées par l'Église. Voir, en ce qui
    touche les États-Unis, les actes du premier et du second concile national
    de Baltimore, en 1851 et 1866, et un important article du Catholic
    Quarterly review, de juillet 1878, Secret societies in the United States.
    En Angleterre, les évêques ont, à plusieurs reprises, déclaré que les cons-
    titutions du Siège apostolique emportant l'excommunication contre tous
    les francs-maçons s'appliquent aux loges de ce pays.

    LXIII

    Or cette doctrine est essentiellement hostile à la religion chré-
    tienne et au maintien de l'ordre des sociétés civiles. C'est le pan-
    théisme dans ses diverses formules, variant depuis le Spinozisme
    jusqu'aux brutalités du positivisme moderne. Les six chapitres
    qui forment le premier livre de cet ouvrage en fourniront la
    démonstration péremptoire.
    L'action de la Maçonnerie dans les différents pays est sans
    doute affectée par les circonstances propres à chaque peuple; on
    vient d'en avoir la preuve à propos de l'Angleterre. Dans le
    développement d'une situation historique comme dans la formation
    de l'état moral d'une âme, des causes multiples viennent mêler
    leur influence à l'action des causes dominantes, et il faut savoir
    reconnaître les unes et les autres. Nous n'hésitons pas à le répé-
    ter, ce serait une grave exagération que de voir uniquement dans
    l'histoire l'action des sociétés secrètes. La vérité est que cette
    action est UN des facteurs importants des événements et qu'à cer-
    tains moments ce facteur a été prépondérant.
    Ainsi actuellement, en France et dans une partie de l'Europe,
    l'enseignement irréligieux donné à la jeunesse depuis un siècle
    et la presse impie ont fait leur œuvre : une fraction considérable
    de la nation est imbue de préjugés et d'idées fausses, qui corres-
    pondent trop bien aux secrets désirs des passions, pour ne pas se
    propager comme d'eux-mêmes. Bien des gens ont toutes les idées
    de la Maçonnerie avant d'être affiliés dans ses loges. C'est évi-
    demment là un état de choses dont il faut tenir compte pour la
    solution pratique de certaines questions de gouvernement. Mais il
    n'en est pas moins vrai que cette situation est le résultat de la
    propagande des sociétés secrètes au XVIIIe siècle et dans la pre-
    mière moitié de celui-ci. Actuellement encore, sans parler de son
    action dans les sphères des relations internationales, la Maçonnerie
    donne à tous ces mauvais éléments une direction autrement pré-
    cise pour le mal qu'ils ne l'auraient s'ils étaient livrés à eux-
    mêmes ; elle empêche l'action médicatrice exercée constamment
    sur la société par l'Eglise.

    LXIV

    D'ailleurs, même dans les pays où la Maçonnerie semble amor-
    tie , même aux époques où les circonstances l'empêchent de
    conspirer contre l'ordre social, elle n'en exerce pas moins une
    action doctrinale considérable qu'on ne peut négliger.

    Fin du chapitre.

    Texte lié à ce sujet :

    https://novusordoseclorum.1fr1.net/nouvel-ordre-mondial-f1/la-revolution-francaise-t5522.htm

    Excellent article également à lire :

    https://novusordoseclorum.1fr1.net/actualites-chroniques-f10/la-verite-sur-la-franc-maconnerie-t5586.htm

    Documents en multiupload :

    #http://www.multiupload.com/Z8QXDZIORO
    Bardamu
    Bardamu
    Admin


    Nombre de messages : 6272
    Age : 66
    Date d'inscription : 01/07/2008

    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Empty Re: L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE

    Message  Bardamu 26/11/2010, 09:17

    Lore, un grand Merci pour cet exposé et les liens qui vont avec cheers

    Pour ceux qui penseraient que cette association de mafieux est un vieux machin obsolète en voie de disparition, cet article de Lyon-MAG :


    Francs-maçons : la nouvelle vague lyonnaise


    On les croyait marginalisés par les scandales, ringardisés par leur culte du secret… Mais une nouvelle vague de francs-maçons s’impose aujourd’hui à Lyon. Surtout en politique.

    "Nos effectifs sont en augmentation constante” reconnaît Roger Cordier, délégué régional du Grand Orient de France, la principale obédience, plutôt classée à gauche. Même constat du Lyonnais Jean-Jacques Gabut, figure historique de la Grande loge de France, une obédience au contraire plutôt classée à droite, ou encore pour Marie-Claude Batier, responsable à Lyon de la Grande loge féminine de France.

    Au total, il y aurait aujourd’hui à Lyon près de 3 000 francs-maçons dont près de 1 500 au Grand Orient. Mais la nouveauté, c’est que le profil des nouvelles recrues a beaucoup évolué. Ils sont souvent plus jeunes et plus diplômés. De plus, ils sont prêts à assumer publiquement leur engagement dans la franc-maçonnerie.

    Mais c’est en politique que le retour des francs-maçons est le plus spectaculaire à Lyon. En effet, quand Michel Noir était maire de Lyon au début des années 90, Jean-François Mermet, son 1er adjoint centriste, était un des rares adjoints francs-maçons du conseil municipal. En dehors de quelques élus qui se distingueront plutôt par leur affairisme comme Christian Bonnefond, son adjoint aux sports, qui finira exclu de la Grande loge nationale française après avoir été condamné pour abus de confiance.
    Jusqu’en 2001, sous le mandat de Raymond Barre, les francs-maçons ne sont pas plus nombreux, à part André Soulier, un vieux “frangin” membre de la loge Union et Liberté du Grand Orient et ils étaient plus rares à s’afficher. Mais quand Gérard Collomb sera élu en 2001, ce jeune franc-maçon, initié quelques années plus tôt, va encourager ses adjoints francs-maçons à se dévoiler en donnant lui-même l’exemple. Et dans sa nouvelle équipe qui vient d’être élue, c’est encore plus spectaculaire puisque 7 des 21 adjoints au maire sont francs-maçons. Soit 30 %, alors que les francs-maçons représentent moins de 0,2 % de la population. Et encore, c’est un minimum car certains élus font très attention à ne pas être “outés”. De plus, sur l’ensemble des 73 conseillers municipaux, ils seraient aujourd’hui pas moins d’une quinzaine.

    “Pas encore”
    Et c’est d’autant plus frappant que l’essentiel de ces francs-maçons ne faisait pas partie du précédent conseil municipal. Ce qui souligne que le renouvellement est bien réel. Exemple avec Heidi Giovacchini, 2e adjointe aux droits des citoyens, directrice d’un groupe de cliniques privées et membre de la Grande loge féminine (voir portrait), mais aussi Marie-Odile Fondeur, responsable de salons à Eurexpo, qui est aujourd’hui adjointe chargée des ressources humaines ou encore Georges Kepenekian, chirurgien urologue à l’hôpital Saint-Joseph, figure de la cause arménienne et nouvel adjoint à la culture de Collomb.

    Des nouveaux venus au conseil municipal qui sont un peu agacés d’être déjà “dévoilés”. D’ailleurs, les questions insistantes de Lyon Mag pour réaliser cette enquête ont semé la panique. “Je suis trop occupé pour vous répondre”, expliquera, par exemple, Georges Kepenekian. Et plusieurs élus qui avaient accepté d’être interviewés ont tout annulé au dernier moment. Une réunion de concertation a même été organisée en urgence à la mairie pour fixer “une stratégie de communication” sur ce sujet sensible.

    De plus, certains francs-maçons qui étaient déjà dans l’équipe Collomb ont été initiés récemment comme l’écologiste Gilles Buna, adjoint chargé de l’urbanisme. Enfin, on retrouve toujours dans ce conseil municipal des francs-maçons historiques comme Jean-Louis Touraine, 1er adjoint, Thierry Braillard, adjoint aux sports, et Jean-Michel Daclin, chargé de l’international. Et il ne faut pas oublier les collaborateurs de Collomb, comme Michel Chomarat, son conseiller aux minorités. Les francs-maçons sont également bien représentés parmi les conseillers municipaux avec par exemple Christian Coulon, réélu maire du 8e mais aussi de nouveaux élus comme Roland Bernard, président d’un syndicat hôtelier. Sans oublier un certain nombre d’élus comme Michel Le Faou, qui devrait être le nouveau président de la Sacvl, la société d’économie mixte qui gère les logements sociaux de la ville de Lyon.
    “On finit par se demander qui n’est pas franc-maçon au conseil municipal” ironise un élu UMP. “J’ai été très sollicité mais je ne suis pas franc-maçon, du moins pas encore” explique Jean-Yves Sécheresse avec humour, responsable du groupe socialiste au conseil municipal qui, comme un certain nombre d’élus, est “suspecté” de faire partie de la maçonnerie parce qu’il est “prof, socialiste et barbu”. Même réaction de Thierry Philip qui avoue avoir “le profil” et qui lui aussi a été “très sollicité”. Une dizaine d’autres élus auront le même réflexe en assurant qu’ils n’ont “rien contre” mais qu’ils ne font pas partie de “la famille”.

    “Ils sont tellement nombreux aujourd’hui qu’on finit par en imaginer partout. Même Richard Brumm, l’adjoint aux finances, qui pourtant n’est pas un intello, passe aujourd’hui pour un franc-maçon”, explique un élu PS. Même constat dans les communes de l’agglomération lyonnaise avec des élus francs-maçons comme Renaud Gauquelin, médecin et maire PS de Rillieux-la-Pape, Raymond Terracher, conseiller général et adjoint au maire de Villeurbanne, Bernard Rivalta, patron du groupe PS au Conseil général et patron du Sytral, le syndicat mixte qui gère les transports en commun…
    Alors qu’au Conseil régional, il y aurait une trentaine de francs-maçons comme Yvon Deschamps à gauche. Mais aussi un certain nombre de collaborateurs du président, comme Sylvie Bles-Gagnaire, responsable du service presse, qui dément cette appartenance.
    Même tendance au conseil général où sur 54 élus, il y aurait au minimum une dizaine de francs-maçons, notamment Bernard Fialaire, vice-président radical, le député UMP Christophe Guilloteau, l’UDF Jean-Luc Da Passano…

    D’ailleurs, un signe ne trompe pas : c’est à Lyon que le Grand Orient de France a choisi d’organiser son prochain convent national début septembre 2008 à la Cité internationale. Une réunion qui devrait être très animée car un des thèmes prévus, c’est l’ouverture aux femmes de cette obédience réputée progressiste mais encore très macho.

    Recentrage
    L’origine de ce renouveau maçonnique à Lyon ?
    Tout d’abord, une plus grande visibilité des francs-maçons qui à Lyon sont beaucoup moins réticents à avouer leur appartenance à une loge, notamment au Grand Orient de France. Il y a une dizaine d’années, seul le grand Maître national se permettait de s’exprimer publiquement. Désormais, les délégués régionaux n’hésitent pas à organiser des réunions publiques, à ouvrir leurs temples, à s’exprimer dans les médias… “Les francs-maçons sont discrets pour des raisons historiques car ils ont été persécutés sous l’Occupation. Mais j’encourage mes frères à se dévoiler car on n'a rien à cacher”, confirme Roger Cordier, délégué régional du Grand Orient. D’ailleurs, cette obédience a organisé le 3 avril à la mairie du 8e arrondissement une conférence publique pour expliquer sa démarche et défendre la laïcité.
    Une extériorisation renforcée par l’émergence des femmes, jusque-là très discrètes mais qui commencent à se dévoiler comme Marie-Claude Batier, responsable de la Grande Loge Féminine à Lyon, qui s’est montrée pour la première fois en public le 8 mars dernier au cours d’une conférence organisée, là encore, à la mairie du 8e arrondissement, un “fief” de la franc-maçonnerie à laquelle le maire Christian Coulon ne cache pas son engagement. Près de 250 femmes étaient présentes ce soir-là.
    Une ouverture d’autant plus facile que la maçonnerie n’est plus systématiquement stigmatisée notamment par l’église catholique. “Il y a encore une réticence de la hiérarchie catholique face aux francs-maçons”, souligne le père Delorme en ajoutant : “Mais à Lyon, ça se passe bien car les francs-maçons lyonnais, notamment Gérard Collomb, ne sont pas anti-cléricaux. Et Mgr Barbarin a bien compris cette spécificité lyonnaise.”

    De plus, alors que la tendance est au recentrage politique à Lyon, les francs-maçons sont très utiles car ils privilégient les “passerelles”, les “convergences” au-delà des clivages idéologiques. Tout en refusant tous les extrémistes. Ce qui colle parfaitement au “modèle Collomb”.
    Ce que confirme l’ancien adjoint aux finances, Yvon Deschamps, une figure de la maçonnerie lyonnaise, qui reconnaît avoir régulièrement organisé, sous le précédent mandat, des rencontres informelles autour d’un “verre de l’amitié” réunissant des francs-maçons membres du Conseil municipal. Mais il tient à préciser qu’il n'y a pas de complicité occulte : “Je n’épargne jamais un adversaire sous prétexte qu’il est franc-maçon. Mais cela m’arrive de modérer mes propos quand j’ai à faire à un élu qui, sur le fond, partage certaines valeurs.”

    Une certitude : les liens fraternels permettent de faciliter les contacts entre les différentes sensibilités. Ainsi, en 2001, Collomb a été élu président de la communauté urbaine, alors qu’il n’avait pas la majorité en passant une alliance avec des élus centristes, de droite et sans étiquette. Aujourd’hui, Yvon Deschamps admet que lui-même a contacté certains “frères” pour faciliter cette élection. Et même s’il reste discret, on sait que deux élus francs-maçons étaient très impliqués dans ces négociations : Jean-Luc Da Passano, maire UDF d’Irigny élu 1er vice-président de Collomb, et Jean-Paul Colin, maire d’Albigny-sur-Saône et membre de Synergie, le groupe des petits maires divers droite. Ce que n’hésite pas à dénoncer Philippe Cochet, député-maire UMP de Caluire qui souhaiterait “que tous les francs-maçons lyonnais fassent leur outing pour clarifier la situation”. Une proposition que refusent en chœur tous les francs-maçons. “On ne va pas faire des listes comme sous Vichy !”, s’indigne Yvon Deschamps qui affirme que c’est avant tout “grâce à son projet” que Collomb l’a emporté finalement en 2001. Alors que Patrick Huguet qui est franc-maçon, mais qui dément cet engagement, estime qu’il a été “un des opposants les plus résolus de Collomb” quand il était à la tête du groupe UMP à la ville de Lyon.

    “L’échec de Perben à Lyon, c’est au fond qu’il a été incapable de s’appuyer sur ces réseaux lyonnais, notamment maçonniques” commente un proche du candidat UMP aux municipales, lui-même franc-maçon, en ajoutant : “Autour de lui, il a fédéré une droite lyonnaise qui a un vieux fond anti-maçonnique, notamment des millonistes qui en privé ont des discours très durs contre la franc-maçonnerie.”
    D’ailleurs, à droite, les francs-maçons restent moins nombreux et plus discrets.
    “Collomb mène à Lyon une politique fidèle à l’idéal maçonnique” fait remarquer Roger Cordier, délégué régional du Grand Orient, en insistant sur son “projet humaniste” mais à la mairie, on refuse ce label maçonnique que certains commencent à coller au nouveau conseil municipal. En estimant que la présence de tous ces “frères” est “une pure coïncidence”.
    En tout cas, ce renouveau maçonnique dans la vie politique lyonnaise va sans aucun doute peser dans les débats, les projets… Tout en imposant une ambiance plus consensuelle dans la vie politique. Mais le risque, c’est aussi que ces réseaux abusent de leur influence en jouant de leur proximité avec le pouvoir municipal. Et que certains affairistes en profitent pour privilégier leurs intérêts personnels. Ce qui peut conduire à certains dérapages.
    “Il faudra être vigilant” admet lui-même un vieux franc-maçon en estimant que “le courant est toujours agité au confluent” mais que la “lumière” permettra d’éviter certains “naufrages”… Une façon de souligner que les risques sont bien réels. Mais que si la maçonnerie lyonnaise est fidèle à ses valeurs, elle peut éviter de tomber dans le piège de la “fraternité”.

    http://www.lyonmag.com/article/7793/Francs-macons--la-nouvelle-vague-lyonnaise
    Bardamu
    Bardamu
    Admin


    Nombre de messages : 6272
    Age : 66
    Date d'inscription : 01/07/2008

    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Empty Re: L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE

    Message  Bardamu 20/2/2012, 14:43

    CIA et initiés : le Temple et ses Loges



    Extrait de "Noir Chirac" (les Arènes, 2002) de François-Xavier Verschave pp. 68-87


    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Revolution

    (Note : article daté de 2002 mais qui contient quelques infos intéressantes)

    Dans leur livre Les frères invisibles, principale référence du présent chapitre, Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre ont écrit à propos de Jacques Chirac : « des maçons de haut grade affirment qu’il a été initié à la Grande Loge Alpina, une obédience suisse très élitiste. » Ils avaient plusieurs sources, mais ils ont été aussitôt démentis par une voie un peu étonnante : la “une” des Carnets de Catherine Pégard dans Le Point , l’hebdomadaire d’un ami de Chirac, François Pinault. Comme si un communiqué de l’Élysée eût été imprudent. Les deux auteurs du propos l’ont maintenu lors de plusieurs interventions dans la presse audiovisuelle. Une confirmation de cette initiation à la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) m’a été fournie, venant de Suisse. L’expérience enseigne par ailleurs que les démentis de Jacques Chirac sont parfois comme ses promesses - qui, selon son adage préféré, « n’engagent que ceux qui les reçoivent. »



    Sans avoir de certitude absolue en la matière (l’appartenance relève en principe du secret maçonnique), je considèrerai par la suite cette hypothèse comme fort probable. D’autant que Jacques Chirac va évoluer avec une aisance stupéfiante dans une série de mondes où, à un haut niveau, l’initiation est quasi systématique : les contrats d’armement, le nucléaire, l’immobilier, la Françafrique. Il n’aurait d’ailleurs pas de quoi rougir : son grand-père, instituteur corrézien, était lui-même maçon, Vénérable d’une loge du Grand Orient ; son père, Abel-François, l’était également . Mais, commente Ghislaine Ottenheimer, « l’appartenance de certaines personnalités à la franc-maçonnerie est protégée comme un secret d’État. »


    Les hauts dignitaires maçons sont très hostiles à la levée du secret d’appartenance. Pour un Grand Officier de la Grande Loge Nationale Française (GLNF), « le secret est l’un des ressorts profonds de l’être humain. C’est un fantasme des plus puissants. » Les stratégies otaniennes les plus pointues exigeant un haut degré de secret, l’on comprend que certains stratèges, souvent eux-mêmes maçons, aient misé à fond sur ce ressort et ce fantasme. Ils ont parfois compliqué le jeu (la stratégie classique des cercles concentriques) en se lançant dans une sorte d’algèbre moderne des sectes ou Ordres chevaleresques, avec des personnages clés aux intersections : nul adepte ne sait que son gourou ou Grand Maître contrôle aussi plusieurs autres sectes ou Ordres. Nous entrons là dans la cuisine ésotérique, dont l’objet principal est d’être inintelligible au commun des mortels : aussi n’évoquerai-je de cette algèbre que quelques rudiments.


    Les frères de l’Atlantique

    La franc-maçonnerie moderne, dite spéculative, est apparue au XVIIe siècle en Grande-Bretagne, au XVIIIe en France et d’autres pays d’Europe. Elles se veut l’héritière de la franc-maçonnerie “opérative” du Moyen Âge, les compagnons qui construisirent les cathédrales. Elle veut construire le “Temple de l’humanité”. Une initiation par étapes, selon des rites précis, amène l’adhérent à progresser dans l’intelligence de ce Temple, à franchir des grades (33 dans le Rite Écossais). Assez vite, une bonne partie des Grandes Loges des pays latins a divergé du tronc principal britannique, en raison notamment de la référence chrétienne obligatoire (refusée par les obédiences latines, plus laïques). Mais cette franc-maçonnerie latine, dite libérale, pèse beaucoup moins que l’anglo-saxonne, ce qui rajoutera au sentiment d’infériorité des Européens du Sud dans l’Alliance atlantique.

    Le Royaume-Uni a longtemps été au sommet de la franc-maçonnerie mondiale, avec le Ruskin College, la Fabian Society, la Grande Loge d’Écosse. Puis le centre s’est déplacé outre-Atlantique. On doit aux francs-maçons « la création, en 1776, des États-Unis d’Amérique. De George Washington à Franklin D. Roosevelt, plusieurs générations de frères se sont succédé pour bâtir la première démocratie au monde. » Grand Maître en son pays, le Gabonais Omar Bongo confirme qu’aux États-Unis, « il y a eu de nombreux présidents maçons. »



    Et il ajoute une précision importante : « Aux États-Unis, le plus haut dignitaire de la maçonnerie, c’est le président, par fonction. Et en Grande-Bretagne, c’est le roi ou, à défaut, lorsque le trône est occupé par une reine, c’est le prince de Galles. » Autrement dit, deux hiérarchies, l’une officielle, l’autre parallèle, dépendent assez souvent d’une même tête. Sauf que le Président américain pèse plus que la Reine d’Angleterre.

    Il y a environ sept millions de maçons à travers le monde. Plus de la moitié sont Américains (4 millions). Ils le font sentir. Dans un foisonnement très complexe, je ne citerais que trois des principaux Rites : le Rite Écossais Rectifié (1782) ; le Rite Écossais Ancien et Accepté (1804), parfois appelé Rose-Croix en Angleterre, le plus pratiqué dans le monde ; le Rite Français (1784). Ce dernier est très largement majoritaire au Grand Orient de France (GO), la principale obédience française, qui compte quelque 40 000 membres. Autre obédience non reconnue par les Anglo-Saxons : la Grande Loge de France (GLF). Depuis 1945, un outsider, la Grande Loge Nationale Française (GLNF), se fait envahissant, avec un recrutement systématiquement élitiste et « une politique d’expansion tous azimuts ». Ces trois obédiences sont masculines (il en existe des féminines ou des mixtes). Sur l’axe traditionnel droite-gauche, pas forcément pertinent, la GLNF est la plus à droite, avant la GLF.



    La maçonnerie française dite “régulière” - du Rite Écossais Rectifié - s’était réfugiée en Suisse depuis la Révolution. Elle « va renaître grâce à la ténacité d’un membre de la Grande Loge Suisse Alpina, Édouard de Ribeaucourt. [...] Avec ses amis de la Loge Anglaise de Bordeaux, [...] il crée en 1913 la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies », un intitulé symptomatique puisqu’elle a vite pris la tête du lobby colonial, avant d’être rebaptisée GLNF. En application du Rite Écossais Rectifié, « tout candidat à la GLNF doit prêter serment sur l’Évangile de Saint-Jean et jurer fidélité à la sainte religion chrétienne. Au début de chaque “tenue” [réunion], la Bible est ouverte sur l’autel. » La GLNF va décoller au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec « l’installation du siège de l’Otan à Paris » et l’arrivée de « milliers de militaires américains, canadiens et britanniques, souhaitant pratiquer la maçonnerie de leur pays. »


    Indice significatif : « L’actuel siège européen de la franc-maçonnerie américaine se situe toujours à Heidelberg, QG des forces alliées occupant l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. » Dans les trois premières stratégies atlantistes (nucléarisation, stay behind, finance parallèle), la plupart des acteurs européens vont appartenir à des obédiences reconnues par les Anglo-Saxons.


    « Pour avoir accès aux 7 millions de frères au-delà de l’Hexagone, il faut appartenir à la GLNF. La maçonnerie libérale, elle, ne totalise que 800 000 membres. [...] “Quel que soit le pays, tu trouves un point de chute, explique un homme d’affaires maçon. L’obédience nous fournit ce qu’on appelle des “garants d’amitié”. Dans l’annuaire de la GLNF, tu trouves les coordonnées de ces “garants d’amitié” dans tous les pays. Si tu as besoin de renseignements ou d’appuis avant de te rendre quelque part, tu envoies un petit mot. Dans le pays en question, tu es invité dans une loge et tout de suite tu te constitues un réseau. Cela marche formidablement.” » « Voilà comment des hommes comme Pierre Falcone, impliqué dans la fameuse affaire de vente d’armes à l’Angola, se constituent des réseaux internationaux sans difficulté, grâce à des frères recommandés par la GLNF en fonction de leurs besoins. [...] Voilà pourquoi [...] de nombreux agents des services de renseignements extérieurs sont membres de la GLNF. »


    Nous reviendrons sur Pierre Falcone : ce n’est pas un homme d’affaires ordinaire, il vit aux États-Unis, est en lien avec la famille Bush, vend des armes dans des pays où les groupes pétroliers américains ont de considérables intérêts. La GLNF peut aider...


    Mais retournons en Suisse. L’on se souvient que le futur patron de la CIA, Allen Dulles y avait mijoté le stay behind dès 1942, redessinant les frontières idéologiques de l’Europe. Ce n’est pas un hasard. La Suisse est un bastion européen de la franc-maçonnerie “régulière”. De 1848 à 1914, tous les présidents de la Confédération ont appartenu à la Grande Loge Suisse Alpina. À partir de 1914, « il y eut toujours une majorité de membres au sein du Conseil fédéral qui fut ou membre de la Franc-maçonnerie, ou sous influence directe de cette dernière. »

    Cette influence va bien au-delà. En atteste un courrier courroucé de Daniel Fontaine, Grand Maître du Grand Prieuré des Gaules Ordres-Unis (GPDG) à son homologue suisse, le Grand Maître du Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie (GPIH). Cette longue lettre, datée du 27 décembre 2000, offre une excellente initiation au pouvoir maçonnique. Dans chaque pays “indépendant”, un Grand Prieuré est le gardien du Rite, le détenteur de la légitimité : il administre les trente grades supérieurs, tandis que la Grande Loge doit se contenter de gouverner les trois premiers grades. Le GPIH administre ainsi les grades supérieurs de la Grande Loge Suisse Alpina, le GPDG est censé faire de même, en France, avec la GLNF.


    La colère de Daniel Fontaine l’oblige à décrire l’édifice maçon. Le Régime Écossais Rectifié, rappelle-t-il, « est composé de trois classes nettement distinctes : la classe symbolique ou Ordre maçonnique, avec ses quatre grades d’Apprenti, de Compagnon, de Maître et de Maître Écossais de Saint-André ; l’Ordre Intérieur, Ordre chevaleresque avec ses deux états d’Écuyer Novice et de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte ; et enfin [pour les 27 plus hauts grades] une troisième classe dont nous ne parlerons pas » - le Grand Maître en a déjà beaucoup trop dit. Les Loges du Régime Écossais Rectifié sont « administrées par des Directoires Écossais, dont notre Directoire National est [en France] le successeur légitime. »


    « Le GPIH a été [...] dépositaire pour un temps du Régime Écossais Rectifié », concède Daniel Fontaine. Il n’a “restauré” le Directoire National du Grand Prieuré des Gaules (GPDG) qu’en 1935. Cela faisait 22 ans que la Grande Loge Suisse Alpina avait favorisé la création de la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies (future GLNF). Pendant 23 ans encore, la GLNIR-GLNF n’a pas voulu reconnaître l’autorité du GPDG. Ce n’est qu’en 1958 qu’a été signé une sorte d’armistice. Le 13 juin 2000, la GLNF a de nouveau réfuté la régularité maçonnique du GPDG. Un putsch ! Sauf qu’il apparaît, à lire l’argumentation de Daniel Fontaine, que le Grand Prieuré helvète prétend avoir conservé la garde du Régime Écossais Rectifié. La franc-maçonnerie suisse interférerait-elle dans le gouvernement des plus hauts grades de la GLNF, court-circuitant le Grand Prieuré français ? Fontaine l’a mauvaise, mais les susceptibilités nationales ont peu de place en ces affaires sérieuses.


    L’influence de la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) est déterminante sur les places bancaires de Zurich, Genève et Bâle. De rite anglo-saxon, la franc-maçonnerie suisse a tenu à maints égards une position stratégique dans les schémas américains. L’on comprend mieux que la GLSA ait été élitiste (environ 4 000 membres, aux deux tiers francophones). Outre Jacques Chirac, deux autres Français y seraient affiliés, à notre connaissance : le Corrézien Patrick Maugein, un étrange personnage auquel je consacrerai un chapitre, et, selon une source fiable mais non recoupée, le gouverneur de la Banque de France Jean-Claude Trichet.


    GLNF, I love you

    La GLNF connaît un passage à vide en 1965 lorsque l’Otan déménage de Paris à Bruxelles. Jean Baylot, ancien préfet de police de Paris, est l’artisan du redémarrage avec Yves Trestournel, nommé en 1972 secrétaire de l’association qui régit l’obédience. En 1980, tous deux poussent à la tête de la GLNF Jean Mons, ancien directeur de cabinet des présidents du Conseil Léon Blum et Paul Ramadier - celui qui a négocié l’implantation du stay behind en France. Rien d’étonnant, dans ces conditions, que Mons ait été compromis dans le trafic des piastres, un filon barbouzard pour financer la guerre d’Indochine . Avec Claude Charbonniaud, un temps gendre de Mons, Trestournel pousse à la recherche intensive de « candidats intéressants », solvables et décisionnaires. La GLNF passe de 5 000 à 20 000 membres : tout un gotha industriel, financier, politique, judiciaires, médiatique, militaire, barbouzard.


    Depuis un bon moment déjà elle drague les potentats africains, quitte à en débaucher certains du Grand Orient de France. Peu à peu, les complices richissimes du pillage de leur pays, les dictateurs mués en truqueurs d’élections adhèrent à la GLNF : le Gabonais Omar Bongo, le Congolais Denis Sassou Nguesso, le roi du Maroc Hassan II, le Burkinabè Blaise Compaoré, le Tchadien Idriss Déby, le Camerounais Paul Biya... Tous des amis de Jacques Chirac, qui les accueille d’une large accolade. Ils sont promus aux plus hauts grades. Au Gabon, la GLNF rafle d’un coup les trois cents personnages “qui comptent”. Elle colonise aussi le versant français de la Françafrique : les intermédiaires comme Pierre Falcone, ou son associé Arcadi Gaydamak, les officiers des Services et de l’Infanterie de Marine, le haut encadrement d’Elf...


    Les affairistes du néogaullisme affluent :

    les Jean-Claude Méry, Jacky Chaisaz, Francis Guillot, Henri Montaldo, Michel Mouillot, Michel Pacary, Francis Poullain, Jean-Paul Schimpf, Didier Schuller, Christian Schwartz, Flatto Sharon... Si l’on connaît leurs noms, c’est qu’ils ont été au plus apparent : les marchés publics, l’immobilier, la construction... Mais les frères de la GLNF contrôlent aussi la Françafrique, le lobby de l’armement, une bonne partie de l’industrie nucléaire et pétrolière, de la finance, des jeux, paris et casinos : si l’on additionne les marges non officielles dégagées dans l’ensemble de ces secteurs, on atteint au bas mot la vingtaine de milliards d’euros par an. Du grain à moudre, une masse de manœuvre... protégés par le contrôle de grands médias et une forte implantation dans la haute magistrature.


    À la mort de Jean Mons, en 1989, c’est le notaire de Jacques Chirac, André Roux, qui devient Grand Maître. Début 1992, il veut écarter Charbonniaud et Trestournel. Il a un curieux accident de voiture en plein Paris. « Certains s’étonnent qu’il n’y ait pas eu d’autopsie. » Claude Charbonniaud le remplace. Sa réélection, en 1995, est mouvementée. Le n° 3 de l’obédience, Alexandre de Yougoslavie, lui envoie une lettre de démission fracassante : « Un de vos proches collaborateurs s’est saisi du fonctionnement de l’Ordre : il peuple nos instances de ses créatures, distribue des prébendes et achète des consciences. [...] Cette éclosion publique des scandales [...] nous porte un très grave préjudice. Il ne s’agit pourtant que de la partie visible de l’iceberg. »

    En 1996, Pierre Bertin, Premier Grand Surveillant, adresse à ses frères une lettre réquisitoire : « Notre Grande Loge Nationale Française est en danger, en passe d’être dépossédée par une multitude d’affaires scandaleuses. [...] Ceux qui, exerçant les plus hautes fonctions de notre obédience, participent à de telles déviations, les acceptent ou même les suscitent, violent les lois et les usages de l’Ordre maçonnique et trahissent notre Constitution. Les mêmes d’ailleurs, dans la plupart des cas, ont tissé des réseaux occultes qui menacent l’équilibre de notre société en bafouant les lois de l’État... »


    Il est quand même curieux que de hauts gradés d’une institution hiérarchisée, censés en connaître les règles secrètes, évoquent un double fond du secret, une partie immergée de l’iceberg, des réseaux occultes. En réunion plénière du Souverain Grand Comité, l’ancien patron de la DGSE Pierre Marion, Grand Porte Glaive, demande « une enquête sur les activités de Trestournel. » Une bande de gros bras l’entoure aussitôt : « On aura ta peau. » Le même Marion, dans une lettre à Charbonniaud, suggère que le secrétaire de la GLNF se vante « sans retenue d’être un “marionnettiste” confirmé de Grand Maître. » Ottenheimer et Lecadre disent de Trestournel qu’il est un « maître absolu », un « homme-clé ». « Il sait tout. » Pierre Marion leur confie : « Il est très fort, il a eu l’habileté de lover une organisation [xxx] dans une société secrète. Allez l’en déloger... Depuis vingt-huit ans qu’il est à la tête de l’obédience, il tient tout le monde. »


    Les deux journalistes n’ont pas osé retranscrire l’adjectif, assez transparent, qui qualifie l’organisation “lovée”. On songe évidemment aux méthodes stay behind. Quoi de plus tentant que de greffer un bout de service secret sur une société secrète ? Lorsqu’il commandait la DGSE, Pierre Marion était le patron du service Action, relais en France du stay behind. Le général Jeannou Lacaze a dirigé ce service, avant de devenir chef d’état-major des Armées et d’engager une interminable carrière de conseiller militaire auprès des dictateurs françafricains. Il est, lui, parfaitement à l’aise à la GLNF, à « la très secrète loge La Lyre, non numérotée dans l’annuaire de la GLNF, de peur que des frères encore ingénus ne puissent en connaître la composition... » Il y côtoie notamment deux anciens dirigeants de chez Bouygues, Jean-François Humbert et Pierre Boireau. La Lyre est allée à Brazzaville célébrer l’élévation au titre de Grand Maître d’un vaillant combattant du monde libre et du pétrole, l’ex-marxiste Denis Sassou Nguesso, dont le retour au pouvoir s’est corsé d’une rafale de crimes contre l’humanité.


    Quelques frères se sont émus de cette célébration, « alors que les cadavres emplissaient les rues de Brazzaville. » Ils n’ont pas compris que, pour certains, la guerre n’a jamais cessé, une guerre multiforme : barbouzarde, énergétique, économique, financière. Rappelons que, selon le protocole sur le stay behind négocié par Ramadier, « le réseau comprend une cellule occulte au sein des principaux services militaires officiels (Sécurité militaire, services extérieurs, etc.) et civils (Renseignements généraux, Secrétariat général de la Défense nationale, etc.). » « L’une des fraternelles de l’armée, le Groupement Amical de la Défense Nationale (GADN), est [...] extrêmement secrète », ont constaté Ottenheimer et Lecadre.


    Dans cette guerre, la France s’est vu confier un champ géographique spécifique : son ancien Empire africain. Et la franc-maçonnerie, plus spécialement la GLNF, a été instrumentalisée à cet effet. Yves Trestournel ne le cache pas : « Si les dirigeants français veulent comprendre quelque chose à l’Afrique, il faut qu’ils s’adressent aux maçons... Pasqua en sait quelque chose ! » Pratiquement tous les ministres de la Coopération (après ceux des Colonies), étaient maçons. « Sauf Jean-Pierre Cot, dont la nomination en 1981 fut perçue comme une provocation. » Trestournel a suscité à la GLNF une loge spécifique, Les Cabires, « pour apprentis grands manitous des affaires franco-africaines ».


    « On n’a encore rien trouvé de mieux que la franc-maçonnerie pour synthétiser diplomatie, barbouzerie et business, toujours imbriqués en matière de relations franco-africaines. », commentent Ottenheimer et Lecadre. Mais pourquoi certains francs-maçons adhèrent-ils à ce mélange qui détermine une relation impérialiste ou néocoloniale ? Qui est ce « on » qui a trouvé excellente cette instrumentalisation de la franc-maçonnerie ?

    Autre commentaire des deux auteurs : « La maçonnerie est devenue un instrument de puissance pour des dirigeants africains. [...] À défaut de légitimité, la maçonnerie apporte un semblant de cohérence aux hiérarchies parallèles. Surtout, elle maintient le lien avec l’ancienne puissance coloniale. Et c’est pourquoi il doit être caché. » Ajoutons que bon nombre de dictateurs africains francophones sont passés à un moment de leur vie par une école militaire française, où les Services font assez systématiquement des propositions. Pour eux, le ticket « frère + barbouze » simplifie la vie, il va quasiment de soi. Il devrait être insupportable aux maçons lucides.


    Les critiques virulentes ont laissé imperturbable Yves Trestournel. Fin 2001, il promouvait un fidèle, Jean-Charles Foellner, à la succession du Grand Maître Charbonniaud. Foellner a été Grand Maître Provincial de la Côte d’Azur à partir de 1982, membre de la Loge Laurent le Magnifique, une Province et une Loge symboles de toutes les dérives. Membre flamboyant de cette Loge, le maire de Cannes Michel Mouillot livrait ouvertement aux frères tous les marchés publics ; il est devenu chef de projet immobilier sur l’île du Petit-Moustique, aux Caraïbes, au côté du sulfureux “financier” international, Armando Nano .


    En 1986, Foellner « a fondé une autre loge sur mesure, dont il était le Vénérable : Bartholdi [...]. À vocation internationale, elle regroupait des Grands Maîtres internationaux, comme le président Omar Bongo ou des hauts dignitaires du Grand Orient d’Italie », qui abrita la Loge P2. Ce nom (le sculpteur de la statue de la Liberté) et cette composition montrent qu’il ne s’agissait pas franchement d’un groupe de résistants aux stratégies atlantistes et à leur affranchissement des lois. Les frères-présidents africains qui ont adressé des messages de félicitation à Foellner pour la grande fête de son intronisation - les Bongo, Compaoré, Déby, Sassou Nguesso , tous formés par l’armée française - sont plutôt des policiers au service de l’étranger que des combattants de la Liberté de leurs peuples.


    À la vie, à la mort

    D’un côté les Services infiltrent la franc-maçonnerie, de l’autre ils usent de ses foudres ou de ses charmes pour tenir leurs affidés. La GLNF n’est pas, loin de là, la seule cible :


    « La Direction de la surveillance du territoire (DST) [...] a jeté son dévolu sur Memphis-Misraïm. Moins par attirance pour les rites égyptiens qui ont fait sa réputation que par la qualité de ses membres. De nombreux Grands Maîtres des autres obédiences viennent y compléter leur parcours initiatique. Memphis-Misraïm subit également d’incessantes tentatives d’infiltration de militants d’extrême-droite, attirés par son ésotérisme primitif. Enfin, malgré la faiblesse de ses effectifs en France (800 membres à peine), elle est intégrée dans une structure planétaire, notamment en Asie et en Afrique noire. “C’est une petite obédience, mais aussi une fabuleuse couverture nationale et internationale qui fait envie”, souligne son actuel Grand Maître, qui tient à rester anonyme pour des raisons professionnelles et de sécurité. »


    Un membre de la DST est devenu n° 2 de Memphis-Misraïm. Il a été poussé vers la sortie en 1998, en même temps qu’un collègue. « En fait, la DST s’est autant servie de la structure que la structure s’est servie de la DST », nuance son Grand Maître français. Les deux espions « se seraient infiltrés dans la Nouvelle Acropole, groupuscule ésotérique paramilitaire. » « L’obédience Memphis-Misraïm est la cible de [...] comploteurs d’extrême-droite. Parce qu’elle pratique un rite égyptien très ancien qui lui vaut le respect des grandes obédiences, y compris internationales, mais aussi parce qu’elle est petite [...], donc facile à noyauter. » Si l’on rapproche ces éléments, apparaissent des mixtures de Services, de droite extrême, de paramilitaire et d’initiation tout à fait caractéristiques du mode opératoire stay behind. Là encore, la hiérarchie maçonne s’est pour le moins laissé faire, pensant jouer au plus fin avec la DST.


    Les trois grandes obédiences (GO, GLF, GLNF), remarquent encore Ottenheimer et Lecadre, ont subi un “entrisme” d’extrême-droite : « À la fin des années 70, elles ont vu affluer dans leurs loges des soldats perdus de l’OAS [...] ou du SAC [...] venus y trouver un moyen de poursuivre leurs coups tordus. » Une autre lecture est possible de cette invasion. La Ve République est née d’un coup d’État voulu par l’Otan, avec la participation d’un réseau stay behind très porté sur l’extrême-droite. Celui-ci a mal vécu le retournement réaliste du Général sur la question algérienne. Mais Jacques Foccart, en liaison avec l’Otan, n’a eu de cesse de récupérer pour ses barbouzeries françaises et africaines ces hommes de main prompts à toutes les besognes - moyennant un stage, par exemple, auprès des régimes rhodésien ou sud-africain d’apartheid, ou dans le ranch de Denard au Gabon.


    Dès lors, les infiltrés n’étaient pas si « perdus » que ça quand ils rejoignaient la famille maçonne. Mais l’initiation est un passeport bien utile, parfois indispensable pour accéder à des postes sensibles. « Tous les services officiels étaient systématiquement noyautés, reconnaît Fred Zeller, ancien Grand Maître du GO, qui a présidé la fraternelle des policiers . En consultant notre fichier, je m’aperçus que le nombre de policiers était considérable. Je ne pouvais toutefois pas m’y retrouver entre les honorables correspondants du Sdece et les gens du SAC. »

    D’autres “infiltrations” sont du domaine public. Un officier du Renseignement militaire, Philippe Guglielmi, est devenu Grand Maître du Grand-Orient. L’actuel Grand Maître, Alain Bauer, adhérent au PS à 15 ans, est passé entre autres par le syndicat FO (créé par le stay behind) et la SAIC, à San Diego, une société qui travaille quasi exclusivement pour les Services américains. Il était, explique-t-il, chargé d’une mission ultra-secrète entre la France et les États-Unis, touchant à la Défense nationale. Puis il est devenu consultant en sécurité, cosignant des ouvrages sur la question avec Xavier Raufer, alias Christian de Bongrain, lui-même passé par les groupes d’extrême-droite Occident et Ordre nouveau. Les coauteurs font « l’éloge des méthodes radicales utilisées outre-Atlantique pour lutter contre la petite délinquance. »


    Mais la plus célèbre des “infiltrations” est celle réussie par Michel Baroin. Ce jeune et brillant commissaire des Renseignements généraux a réussi à devenir Grand Maître du Grand Orient de France, en même temps que patron d’une grande mutuelle, la GMF. C’était aussi un banquier, un libraire (la Fnac), un homme d’affaires, un diplomate parallèle. C’était encore un personnage clé des affaires nucléaires, avec les Pierre Guillaumat, Robert Galley et Georges Besse - au cœur, donc, des stratégies que nous scrutons. Guillaumat et Galley furent, entre autres, ministres gaullistes des Armées, et Michel Baroin était « proche de Jacques Chirac ». Le premier livre de Dominique Lorentz, Une guerre, commence par une enquête sur la mort de ce personnage majeur, dans un curieux accident d’avion en Afrique. Je n’en retiendrai ici qu’un épisode en apparence secondaire.


    Baroin s’opposait à ce que la France cède au chantage du régime islamiste iranien qui réclamait sa bombe atomique. Il a reçu des menaces graduées, codées, dont il n’a pas voulu tenir compte. Le 5 février 1986, une bombe saute à la Fnac, dont il est le patron. Le 26 avril, sa fille Véronique est renversée par une voiture. Le 5 février 1987, son avion s’écrase en Afrique. Les « dates anniversaires » sont une pratique courante, presque fétichiste, dans ce monde d’initiés. Lorentz remarque que l’annonce de l’attentat de la Fnac a été accompagnée de la mention de la lettre A. Elle consulte son informateur, un franc-maçon qui la pousse à élucider la disparition de Baroin. Il blêmit, puis finit par articuler péniblement : « La lettre A, on l’utilise rarement. Cela veut dire : “Arrête !” »


    Les initiés doivent prêter serment « d’observer consciencieusement les principes de l’ordre maçonnique », de n’en jamais dévoiler les « mystères et secrets » sous peine d’un « châtiment qui ne saurait être moindre que d’avoir la gorge tranchée, la langue arrachée par la racine. » La solidarité fraternelle est un de ces principes. Peut-être pour y avoir manqué, nombre de maçons sont « disparus de manière curieuse ». Ottenheimer et Lecadre en dressent une liste : Claude Bez, P-D.G. de la société Century ; Marc Delachaux, mort « d’une crise cardiaque en plongeant de son bateau », puis son associé Glenn Souham, « assassiné devant son domicile » ; le policier Daniel Voiry, pilote d’un énorme système de corruption à la préfecture de police de Paris (“suicidé” sur un parking d’Intermarché) ; Roger Loebb, Vénérable de la Loge Jérusalem, fréquentée par Flatto Sharon ; Louis Sidéri, Grand Trésorier de la GLNF, lui-même « suicidé au cyanure » en 1996 ; Pascal Sarda, impliqué dans le scandale de l’ARC, victime d’un « malencontreux accident de voiture » ; René Lucet, « suicidé de deux balles dans la tête » en 1982 ; le ministre Robert Boulin, « suicidé » en 1979 ; Joseph Fontanet, retrouvé mort devant son domicile en 1980, une balle dans le dos ; Joseph Doucé, retrouvé mort dans la forêt de Rambouillet en 1990 ; Jean-Claude Méry, victime d’un cancer fulgurant ; Michel Baroin ; Roger-Patrice Pelat ; François de Grossouvre...


    Mais il est rarement nécessaire d’en arriver à l’élimination physique. Il est possible d’user d’un traitement anesthésiant plus classique, comme en témoigne un maçon lucide et indigné :


    « [La corruption] met en rapport un intermédiaire qui réclame de l’argent à un chef d’entreprise ou un cadre pour lui faire obtenir un marché. En clair, c’est du racket. Si le patron veut rester en règle avec sa conscience, il refuse. S’il accepte, il le fait souvent au départ de mauvaise grâce. Alors, on crée des lieux de rencontre et des codes : la chasse dans des châteaux somptueux, l’alcool, les femmes faciles. On se coopte en franc-maçonnerie. Et du coup on devient frère, l’un des rouages de la machine, l’un des maillons d’une chaîne. Mais pour ces gens, l’accolade c’est le baiser mafieux. Et ils pensent que tous les francs-maçons sont à leur image. »


    Plusieurs maçons ont évoqué devant Ottenheimer et Lecadre les « méthodes dignes des pires séries noires, utilisées par certains frères pour compromettre leurs honorables associés » : l’utilisation de lieux de partouze avec des miroirs sans tain permettant de prendre des photos. Avec des mineurs au besoin, m’a-t-il été précisé. Éduquée par le grand frère Alfred Sirven, Christine Deviers-Joncour décrit ce procédé dans son roman Relation publique . Basé sur les confessions enregistrées de Chantal Pacary, le vrai-faux roman Tout va très bien puisque nous sommes en vie, de Denis Robert , montre comment un grossium de la corruption et de la GLNF, Michel Pacary, mari de Chantal, faisait de ce procédé un usage systématique, dans un manoir normand. Les dictateurs françafricains ont vite compris l’intérêt de ce système. Ainsi, tout le monde se tient par la barbichette. Certains font même une philosophie de cette variante fusionnelle du “Temple de l’humanité”, en référence à de vieux rites magiques ou religieux qui incluaient de telles pratiques. Il existe en effet des branches ésotériques, aliénées ou foldingues de ces “chevaleries” secrètes mises en branle par Frank Wisner, le premier patron du stay behind.


    Rose-Croix, Templiers, etc.

    Manifestement, la CIA n’a pas voulu avoir recours qu’à des rationalistes. Les sectes attirent un public plus manipulable que la franc-maçonnerie. Elles brassent des sommes d’argent énormes, les transfèrent d’un pays à l’autre telles des multinationales : un bon appoint dans la stratégie financière atlantiste. En Asie, la secte Moon « a été créée par les services secrets coréens (KCIA) comme sous-traitants des services américains (CIA). » La Scientologie, qui expérimente des techniques avancées de manipulation mentale , est vivement promue par les États-Unis, bien qu’elle suscite en Europe de fortes réactions de rejet - en Allemagne en particulier, qui y perçoit sans doute des racines communes avec le nazisme. Les deux seraient en effet dérivés des Rose-Croix, un avatar ésotérique du gnosticisme.


    Que de gros mots, penseront certains lecteurs. Ils me rebutent moi aussi, de même que les cuisines assez malsaines qu’ils camouflent généralement, mais puisque ces vieilles lunes ont été transmuées par certains en machines de guerre contre la démocratie, il faut bien essayer d’en comprendre un minimum. Depuis fort longtemps des gens recherchent une certaine illumination par la sagesse ou la connaissance, qui serait acquise par paliers. L’on y accède par étapes, d’un cercle extérieur à un plus intérieur, par autant d’initiations rituelles. Cette approche est dite ésotérique lorsque le savoir de l’étape supérieure ne doit pas être révélé aux non-initiés. La franc-maçonnerie a un penchant ésotérique. L’ésotérisme n’est compatible avec la démocratie que moyennant une exceptionnelle ascèse, qui sépare radicalement les degrés de connaissance des pratiques de pouvoir : peu en sont capables.


    La gnose est une variante de cette recherche, portée par des mouvances chrétiennes des trois premiers siècles. Elles ont été taxées d’hérésie. Leur marginalisation a renforcé l’option ésotérique, comme une protection contre les formes successives d’inquisition. De ces mouvances éparses est issu un arbre généalogique fort complexe, dont je suis bien incapable de rendre compte. On sait qu’il est passé entre autres par les Templiers ou certains ordres de chevalerie. D’où les références permanentes au Temple, aux Ordres et aux Chevaliers, ainsi qu’au Soleil de l’Illumination, dans l’ésotérisme occidental moderne - cher à Wisner.


    Puisqu’ils usent du même vocabulaire, les frontières entre la franc-maçonnerie, les Rose-Croix, les multiples Ordres Templiers ou Solaires, ne sont pas toujours très nettes. « Au XVIIIe siècle, [...] des courants francs-maçons se sont inventé une filiation templière. » Les Rose-Croix inspirent les plus hauts grades de la GLF. Le rite franc-maçon le plus pratiqué dans le monde est appelé Rose-Croix en Angleterre. Même la Scientologie s’en mêle : selon Ottenheimer et Lecadre, le GO, la GLNF sont « notoirement infiltrés par la scientologie. »

    L’Enquête sur la France templière, de Christophe Deloire , reste une initiation précieuse .


    « Le 12 juin 1952, au château d’Arginy, dans le Beaujolais, l’ordre du Temple disparu resurgit une fois encore. C’est dans ce même édifice qu’Hugues de Payns l’avait fondé. [...] Ce jour-là, l’éminent occultiste Jacques Breyer rallume la flamme des croisades. Ses “miracles” embrasent le petit monde de l’ésotérisme et raniment les moines-soldats. Jacques Breyer est entouré d’émissaires francs-maçons, notamment de la Grande Loge Nationale Française (GLNF). Convaincus par cette renaissance, un millier de frères férus de rites templiers quittent la GLNF et donnent naissance à une nouvelle obédience : la loge maçonnique Opéra. Les services secrets, y compris le Sdece, l’ancêtre de la DGSE, s’intéresseront de près à la renaissance templière née à Arginy, qui sera baptisée Ordre souverain du Temple solaire (OSTS). »


    Le terme « moines-soldats » est approprié à la nouvelle croisade anticommuniste d’Allen Dulles. Situé près de la commune beaujolaise de Charentay, le château d’Arginy est doté d’une crypte. À la réunion refondatrice, le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) était surreprésenté. Cet organisme ne manque pas d’“honorables correspondants” et d’initiés. Il joue un rôle essentiel dans la politique d’influence française. Un peu partout dans le monde, mais surtout dans les anciennes colonies, des États plus ou moins indépendants “commandent” à la France des recherches sur tel ou tel produit qui pourrait se trouver dans leur sous-sol. Ces commandes sont d’autant plus aisées que la “coopération” française les finance largement. En fait, les recherches ne sont jamais monoproduit. En cherchant du pétrole ou de l’or, l’on peut trouver tout un tas d’autres richesses... Les États commanditaires ne reçoivent souvent qu’à peine un cinquième des résultats. L’adhésion à la GLNF contribue à anesthésier leurs Présidents. Le reste alimente une banque de données hautement stratégiques sur les ressources du sous-sol de la planète. Henry Leir, rappelons-le, a commencé par créer la Société anonyme des minerais.


    Christophe Deloire évalue à une centaine le nombre d’organisations templières en France, avec des effectifs variant de 40 à 1 000 membres. La loge GLNF-Opéra, qui a doublé ses effectifs (2 000 membres), est proche des réseaux issus du gaullisme. Le spécialiste Renaud Marhic observe « une similitude entre le discours des templiers et celui des catholiques intégristes. Les uns comme les autres regrettent la décadence de l’Occident, prônent des valeurs moyenâgeuses et fraient avec les mouvances royalistes. L’antimarxisme est leur combat commun. » Tout cela concorde avec l’idéologie du stay behind, de l’extrême-droite américaine, et d’une partie du Vatican.


    L’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix (AMORC) est beaucoup plus important. Il a été créé en 1909 en Californie, comme un « Mouvement initiatique et traditionnel mondial », mêlant l’Égypte ancienne, Pythagore, Jésus, Mahomet, Bouddha, Spinoza... Il revendique 250 000 membres, dont 30 000 francophones et 10 000 Français, des chiffres sans doute gonflés. Probablement “initié” par Jacques Breyer, l’illuminé d’Arginy, Raymond Bernard est devenu Grand Maître des loges rosicruciennes francophones en 1959, un an après le retour de De Gaulle. À en juger par son influence sur un certain nombre de chefs d’État, le titre équivalait à un statut de Grand Sorcier françafricain. Raymond Bernard a cédé la place à son fils Christian, devenu en 1990 Grand Maître mondial, Imperator.


    L’Ordre souverain et militaire du Temple de Jérusalem (OSMTJ) est dans la même veine. C’est une « multinationale de l’ésotérisme créée au début du siècle. » En 1970, les hommes de Charly Lascorz, proches de Charles Pasqua et du SAC, ont organisé un putsch au sein de l’OMSTJ. « Dès lors, les barbouzes du Service d’action civique n’auront de cesse qu’ils n’infiltrent les commanderies de l’ordre. » L’OSMTJ européenne dépend de l’OSMTJ américaine. Celle-ci a été infiltrée par la CIA, car jugée « a priori favorable aux thèses de l’armée ». Il existe une Commanderie militaire française Otan des Chevaliers Templiers de Jérusalem, liée à l’OSMTJ. Des « moines-soldats » très établis dans les milieux de la défense nationale.


    L’Ordre du Temple solaire (OTS), qui déboucha en Europe et au Canada sur une série de “suicides” collectifs, a été fondé en 1983 par Jo Di Mambro. Cet ancien Grand Maître nîmois de la Rose-Croix était en lien avec des membres de la loge P2. Au moins 72 membres de l’OTS ont été rosicruciens. L’autre gourou, le médecin homéopathe Luc Jouret, est un ancien membre de la GLNF-Opéra et de l’Ordre Rénové du Temple, fondé par Raymond Bernard. Jouret était lié aux services secrets belges et sponsorisé par l’Otan. L’une des plus grosses institutions financières canadiennes, la Caisse de retraite d’HydroQuébec, aurait été noyautée par l’OTS - qui n’a pas perdu tous ses relais dans la finance française.


    La doctrine de l’OTS s’inspire directement de celle de la Rose-Croix, avec une méthode spirituelle visant à influencer les grands dirigeants de la planète. « L’Ordre du Temple solaire était la caricature tragique de ces organisations à tiroirs qui comportent divers degrés d’initiation et entretiennent autant de caches secrètes. » Le commandant de police Gilbert Houvenaghel, qui a dirigé l’enquête sur le massacre de membres de l’OTS dans le Vercors, en 1995 (après ceux de Suisse et du Québec), laisse entendre dans son rapport de synthèse que le chef d’orchestre de l’OTS pourrait bien être, non Joseph Di Mambro, mais Raymond Bernard. Ce dernier n’a pas été inculpé. Seul a été jugé un chef d’orchestre ami de Di Mambro, Michel Tabachnik - finalement acquitté au terme d’un procès biseauté.


    Le juge d’instruction avait un scénario préétabli : deux assassins (des policiers) auraient tué onze personnes avant de se suicider d’une balle et de s’immoler dans le bûcher collectif. Il a refusé d’explorer d’autres pistes, suggérées par certains parents des victimes. Restent beaucoup de questions sans réponse. Des questions de fait , et surtout de contexte : « Pour qui Di Mambro passait-il les frontières avec d’énormes sommes ? Pourquoi les deux policiers français en poste à Annemasse [les assassins présumés] se sont-ils rendus à deux reprises au ministère de l’Intérieur [dirigé par Charles Pasqua] quelques jours avant le massacre du Vercors ? »

    Raymond Bernard fait un lien étonnant entre toutes ces nébuleuses, il est dans presque tous les organigrammes. Il se dit membre de la Grande Loge de France, mais a surtout appartenu à la GLNF-Opéra. Membre de l’AMORC depuis plus d’un demi-siècle, il a été fait commandeur de l’OSMTJ, en 1963. Il a créé l’Ordre Martiniste Traditionnel et l’Ordre Rénové du Temple (l’ORT), à la tête duquel il a propulsé un ancien collaborateur sous Vichy, Julien Origas... Rien de surprenant si vous êtes saturé de sigles et de majuscules : « De telles organisations se plaisent à brouiller les pistes, à changer de nom, à multiplier les cercles intérieurs, accessibles aux hauts initiés. »


    Raymond Bernard a influencé ou initié nombre d’Africains, dont « certains sont devenus chefs d’État. Nous sommes restés amis, c’est normal. J’ai été le conseiller de plusieurs d’entre eux. » Omar Bongo et Paul Biya sont des rosicruciens notoires. En 1988, Raymond Bernard fonde le Cercle international de recherches culturelles et scientifiques (Circes). Il a admis que son disciple Paul Biya a versé quelque 40 millions de francs au Circes et lui a alloué, à titre de conseiller personnel, une indemnité de plusieurs millions . Une bonne partie de cet argent venait des recettes pétrolières du Cameroun, allègrement ponctionnées. Comme il se doit en croisade, le moine-soldat vit sur l’habitant.


    Positions stratégiques

    La stratégie gaulliste pour la France, c’était la bombe tricolore, l’indépendance énergétique, le redressement financier. Sur ces trois axes, les recruteurs élitistes de la franc-maçonnerie française sont parvenus progressivement à verrouiller les états-majors - surtout lorsque le chiraquisme l’a emporté sur le gaullisme. Des positions ont été conquises dans le nucléaire, le pétrole, la banque, par la France en apparence. Mais le drapeau planté sur ces conquêtes est-il bien celui qu’on croit ?


    « Les secteurs de l’énergie, du nucléaire et des télécommunications [... sont] des fiefs maçons. » La Cogema, principale entreprise du secteur nucléaire ? « Un fief maçon. » EDF ? « La maçonnerie a, si l’on ose dire, servi de ciment. D’autant plus que de Paul Delouvrier [le premier président] à François Roussely en passant par Marcel Boiteux, Gilles Ménage ou Edmond Alphandéry, tous, à peut-être une exception près, sont maçons. J’ai fini par me faire initier moi-même », déclare un dirigeant de l’entreprise publique. Elf ? Un « fief trois points . » « Parmi les multiples protagonistes mis en cause dans l’affaire Elf, directement ou indirectement, on aurait bien du mal à trouver un profane. L’ex-P-D.G. Loïk Le Floch, peut-être... » Dès lors que tous les acteurs s’entre-protégeaient et s’entre-contrôlaient, l’opinion publique ne savait plus grand-chose de certains choix majeurs opérés dans le cadre de la participation française à la guerre froide, comme la prolifération nucléaire et la néocolonisation de l’Afrique. Comment, dès lors, contester ces choix ?


    D’autant que l’intendance suivait : la finance, les médias, la justice. La banque ? « Un monde truffé de maçons », qui dégage des marges de manœuvre considérables :


    « L’ardoise héritée du Crédit lyonnais - une quarantaine de milliards [6 milliards d’euros] - ne suffisait pas ? En 1995, le gouvernement Balladur a mis en place un plan de sauvetage qui mérite très peu son nom puisqu’il a surtout contribué à doubler l’addition pour le contribuable. C’est la création du CDR (Consortium de réalisation), une infernale machine à fabriquer des pertes supplémentaires [...], tellement débile que certains financiers s’interrogent : cette gigantesque braderie n’aurait-elle pas été volontairement organisée au profit de quelques-uns ? »


    Les premiers grands trous ont été pour une bonne part creusés par des maçons liés au système atlantiste Leir-Auchi-Cedel : Parretti, Fiorini, Maxwell, etc. Derrière le CDR et ses 17 milliards d’euros de pertes, il y a le Tribunal de commerce de Paris, un vaisseau GLNF qui flotte encore et toujours sur un océan d’iniquités.

    S’agit-il de financer le développement de l’Afrique ? Voyez l’Agence française de Développement (AFD) ! Mais si cet établissement public est « un fromage (maçon) », comment contredira-t-il le pillage et la corruption systématisés par les frères Présidents, dans une Françafrique presque exclusivement fraternelle ? Il abonde plutôt, avec les brillants résultats que l’on sait.


    Côté médias, la GLNF a complété ses bastions dans la presse écrite par une OPA sur TF1. Elle a initié Patrick Le Lay en 1987, dès sa nomination à la tête de la chaîne, et l’a propulsé aussitôt au grade le plus élevé (Très Respectable Frère, 33e grade). De quoi faire s’étrangler tous les tenants d’une patiente élévation humaniste. « Patrick Le Lay, promu au plus haut grade maçonnique, devenait de fait le supérieur de la plupart des cadres de la maison et des autorités de tutelle de l’audiovisuel. » Car la quasi-totalité de l’état-major de TF1 relève désormais de la GLNF. Magnat de l’armement et des commerces en tout genre, le haut gradé de la GLNF Arcadi Gaydamak peut bien être invité pour faire sa pub au journal télévisé. Pas les victimes congolaises ou tchadiennes des frères Sassou Nguesso ou Idriss Déby. Leurs manifestations (nous en étions), n’auront pas davantage d’écho en province : « Bon nombre de directeurs régionaux de France 3 sont aussi des frères trois points. »


    Côté justice, le jeu des promotions est l’objet de pressions incroyables, où la solidarité fraternelle, jumelée à une certaine conception de la raison d’État, l’emporte de plus en plus souvent. Les dossiers les plus sensibles ont donc très peu de chances de sortir valides de la course d’obstacles procédurale. Je partage l’indignation conclusive de Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre : « Que certains juges d’instruction en viennent à trembler de rage à l’idée de voir leurs dossiers atterrir sur le bureau de magistrats maçons qui torpilleront leur travail, qu’ils en soient réduits à miser sur des femmes en se disant qu’elles ont statistiquement moins de chances d’être initiées, n’est pas admissible. » Ce type de protection explique qu’un personnage central de la vie politique française, épinglé pour un nombre considérable de délits, portant parfois sur des sommes énormes, ait suscité une œuvre juridique unique : une anthologie des vices de formes les plus surréalistes.


    Didier Schuller, un autre ténor néogaulliste des financements parallèles, lui aussi poursuivi par le juge Éric Halphen, a longtemps illustré jusqu’à la caricature cette impunité. Aux manettes de l’Office HLM des Hauts-de-Seine, ce flambeur, “Vénérable” de la loge “Silence” (GLNF), s’est enfui en 1995 via Genève et les Bahamas avant qu’un mandat d’arrêt international ne soit décerné contre lui. Il s’est établi à Saint-Domingue, où il a vécu comme un pacha, sans que s’en inquiètent la police et la justice françaises. Son fils Antoine a levé le lièvre . Il a détaillé dans un interview à Laurent Valdiguié, du Parisien , la grande proximité de Didier Schuller avec le consul américain William Kirkman, ancien patron de la CIA pour la zone caraïbe. Pour ses faux papiers et ceux de sa compagne, le fugitif aurait disposé de « tampons officiels belges ».


    Toujours selon son fils, Didier Schuller serait devenu « fou de joie » en apprenant la démission du juge Halphen : « On a eu sa peau ! ». C’est donc qu’un collectif chassait le juge ? Fin 1994, Schuller avait utilisé le beau-père de ce dernier, Jean-Pierre Maréchal (GLNF), pour tenter de compromettre le gendre, ce qui fit grand scandale. « Les enquêteurs de l’affaire Schuller-Maréchal ont acquis une certitude : [...] un réseau de policiers et d’avocats francs-maçons s’est discrètement activé à l’époque. D’abord pour déstabiliser le juge, qui menaçait à la fois le RPR et des entreprises du BTP, puis pour exfiltrer Didier Schuller [...]. Schuller aurait été aidé par ce mystérieux réseau tout au long de sa cavale. »


    Il a dit à son fils Antoine, dans une conversation téléphonique enregistrée : « Je suis quand même quelqu’un de relativement proche du mec qui dirige un petit pays qui s’appelle la France ». Didier Schuller a eu pour défenseur l’avocat élyséen Francis Szpiner. Il a finalement préféré rentrer en France, non sans avoir situé sa position hiérarchique : « Quand un avion a un problème, on met en cause la compagnie, parfois le pilote ; mais il est quand même très rare qu’on s’en prenne au chef de cabine. Moi, dans l’affaire des HLM des Hauts-de-Seine, j’étais le chef de cabine. » Qui était le pilote ? Quelle était la « compagnie » ?


    Les frères invisibles s’achèvent sur une vraie question : « Un siècle après avoir rompu le cordon ombilical avec l’Église catholique, la France peut-elle s’épargner la séparation de la maçonnerie et de l’État ? » Je suis de ceux qui considèrent que dans la relation entre franc-maçonnerie et démocratie, il y a eu souvent le meilleur. Or, l’adage demeure : corruptio optimi pessima, la corruption du meilleur est la pire. Le problème de la relation entre la quête maçonnique et celle du pouvoir (sans parler de l’argent), entre le secret initiatique et la raison d’État, a atteint un seuil critique. Il requiert une nouvelle déontologie. Après l’aventure factieuse et mafieuse de la Loge P2 en Italie, on voudrait entendre les maçons authentiques s’exclamer : « Plus jamais ça ! », et prendre les moyens de se prémunir contre de telles dérives. On en est encore assez loin.


    « Pour en finir avec ces pratiques et mettre les instances dirigeantes au pied du mur, des frères ont créé un site Internet, www.chez.com/hiram. [...] Son initiateur, Alain Perrochon, [a été] exclu de la GLF pour avoir mis en cause Philippe Massoni, préfet de police de Paris, frère du 33e degré » (Souverain Grand Inspecteur général). À l’automne 2001, Jacques Chirac a appelé le frère Massoni à l’Élysée pour préparer sa réélection. Encore préfet de police en février, le même avait tenté d’empêcher la manifestation de protestation contre le procès pour offense à chefs d’État intenté contre Noir silence par les frères Sassou Nguesso, Déby et Bongo.


    Parlant des liens de Jacques Chirac avec la franc-maçonnerie, un de ses conseillers maçons se fait allusif : « Il les comprend. C’est pour lui un courant de relations, intermittent mais réel. Il s’en inspire, il les inspire. » Prépare-t-il le terrain d’un “outing” imminent ?


    Jacques Chirac a pu avoir d’abord une attirance désintéressée pour la franc-maçonnerie. À quinze ans, il s’intéresse au sanskrit. Il demande à un polyglotte septuagénaire, un “Russe blanc” d’origine lithuanienne, de le lui enseigner. C’est un échec, mais “Monsieur Delanovitch” devient un ami de la famille Chirac, chez laquelle il vient habiter, devenant une sorte « de précepteur, de complice, de père spirituel. [...] De tous les gourous qui ont traversé sa vie, celui-là reste, en fait, inégalé. » Il initie le lycéen à la littérature russe, la civilisation perse, l’art chinois, etc. Il lui fait faire le tour des musées. Jacques Chirac « s’intéresse aux sciences occultes. » Bref, à l’ésotérisme.


    En 1977, il conquiert la capitale : « Sur 29 adjoints à la mairie de Paris, une bonne vingtaine étaient maçons », affirme un ancien conseiller de la capitale. Yves Trestournel témoigne de la belle générosité du maire envers la GLNF (avec le patrimoine municipal, tout de même) :


    « Quand notre obédience a dû envisager la construction d’un nouveau temple pour remplacer celui, devenu trop exigu, du boulevard Bineau, nous sommes allés voir Jacques Chirac. [...] Il s’est montré bienveillant à notre égard. La mairie de Paris nous a vendu à moitié prix un terrain de 8 500 mètres carrés rue Christine-de-Pisan ! Ensuite, nous avons rencontré les dirigeants de la Caisse des dépôts et Consignations [...]. Eux se sont engagés à devenir nos locataires. Ils nous ont signé un bail de 30 années, qu’ils nous ont payées immédiatement, pour 4 200 mètres carrés de bureaux. Financer la construction du nouveau temple parisien de la GLNF sur les 4 200 mètres carrés restants devenait dans ces conditions un jeu d’enfant. »


    De 1982 à 1993, les plus riches heures des mandats municipaux de Jacques Chirac sont orchestrées par son chef puis directeur de cabinet, Michel Roussin. C’est lui que les juges du pôle financier situent au centre de la répartition des marchés publics de Paris et sa région. À propos de l’affaire de la rénovation des lycées d’Île-de-France, des magistrats parlent du « casse du siècle ». Michel Roussin est-il franc-maçon ? « Tout le monde croit qu’il l’est, et Michel Roussin dit qu’il laisse dire . “C’est comme si”, sourit un membre de la GLNF. “À son niveau, il n’en a pas besoin”, précise un autre », suggérant une sorte de méta-appartenance non repérable, mais ô combien efficace. Si Michel Roussin « n’a pas besoin » de manifester cette appartenance, Jacques Chirac encore moins. Il sait aussi que cela peut le desservir. Comme pour l’argent, la Suisse a pu être un détour élégant et discret.



    Source : http://survie.org/francafrique/article/cia-et-inities-le-temple-et-ses

    Contenu sponsorisé


    L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE Empty Re: L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE

    Message  Contenu sponsorisé


      La date/heure actuelle est 17/5/2024, 03:41