Voici un sujet important sur la franc-maçonnerie et son organisation. En effet cette secte lucifèrienne dispose dans sa perfidie d'une palette d'astuce impressionante, tout est bon pour subvertir de façon souterraine, aussi pour permettre, quant à sa nature occulte, de garder son odeur discrète, afin que ses membres puissent en toute tranquillité agir de manière communautariste discrètement, et ainsi infiltré toute les strates des pouvoir, qui leurs permettra de diffuser les vents de leurs but, de tempète suprème.
La destruction des traditions, le libéralisme pousser à son paroxisme, pour au final y voir la reconstruction synthetique du temple de la
ségrégation, sur les decombres des ruines de la civilisation auguste et
millénaire, de l'Ordre naturel de Dieu.
Pour illustré parfaitement toute l'importance d'étudier cette secte, je citerais simplement l'auteur de l'ouvrage, P.deschamps, homme d'une autre époque, ayant compris mieux que quiconque la formidable subversion qui s'était dérouler devant ses yeux, ceux de ses ancètres, ainsi que des notres.
«L'étude des sociétés secrètes est donc une nécessité absolue
pour avoir l'intelligence des temps modernes. Elle est possible
pour un écrivain doué de perspicacité et se donnant la peine de
pousser ses investigations dans le champ, très-vaste aujourd'hui,
des documents tombés dans le domaine public.»
Une fois ces destructions accomplies, les masses populaires lais-
sées sans religion et sans protection, blessées dans leurs intérêts
moraux et matériels, se livrent au socialisme. Les trade-unions,
les sociétés de résistance, les groupes communistes se fondent
comme d'eux-mêmes en dehors de la Maçonnerie et contrairement
à la volonté de ses chefs. La suprême habileté de ceux-ci consiste
à s'emparer de leur direction sans qu'ils s'en doutent, à les pé-
nétrer de leur pensée anti-chrétienne, à faire marcher ces hordes
affamées de jouissance de façon à ne pas être.écrasés eux-mêmes.
C'est parfois des masses socialistes que l'on peut dire avec vérité
que la haine anti-religieuse est accidentelle chez elles. On en a
la preuve éclatante dans la facilité avec laquelle les chrétiens
dévoués, qui s'adressent à la fois au coeur et aux intérêts de
l'ouvrier, le ramènent à l'ordre. Le peuple est la première dupe
et la plus grande victime de la Révolution !
Bonne lecture
L'HISTOIRE DES SOCIETES SECRETES PAR P.DESCHAMPS
III — L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE
Structure hierarchique de la franc-maçonnerie regulière. Agrandissement ici et ici
XLVIII
La Franc-maçonnerie est une association essentiellement une
et universelle, malgré la variété des rites pratiqués par les loges.
Cette unité repose sur les trois grades, dits symboliques, d'ap-
prenti, de compagnon, de maître. Cinq maîtres peuvent former
une loge et procéder à la réception de nouveaux membres. Tout
individu reçu dans une loge fait par là même partie de l'ordre
entier, il peut obtenir l'entrée de toutes les loges et réclamer l'as-
sistance des membres de l'ordre dans tout l'univers.
Ces trois grades forment la base sur laquelle s'édifient tous les
rites.
Illustration de la position symbolique des trois premier grades; apprenti,
compagnon, et maître, qui constitue les bases de la hierarchie maçonnique.
Ces rites consistent dans une série de grades, dits chapitraux,
dans lesquelles doctrines delà Maçonnerie sont développées sous
la forme d'allégories variées. Tous les auteurs maçonniques recon-
naissent que la doctrine de l'ordre est tout entière contenue dans
le rituel des trois grades symboliques. Les gFades chapitraux ne
font que la rendre plus claire, que l'inculquer plus fortement chez
les initiés (1).
___________
1 - Les grades élevés ou chapitraux, dits également philosophiques, ne
sont régulièrement constitués qu'autant qu'ils ont les premiers pour fonde-
ments. Ces grades, ajoutés plus ou moins récemment, se sont inspirés les uns
des autres et souvent mémo copiés. Il suffit donc, pour bien connaître l'esprit
de la Maçonnerie, d'étudier les principaux degrés des rites les plus répandus
ou qui ont servi de type à tous les autres.
Le rite français ou moderne ajoute quatre grades chapitraux aux
trois premiers grades symboliques et en compte ainsi sept en
tout. Le rite des anciens maçons libres et acceptés d'Angleterre se
réduit aussi à sept ; le...
XLIX
L'origine et la valeur des grades chapitraux sont un grand sujet de
débat entre les écrivains de l'ordre. Certains d'entre eux prétendent
les faire remonter à la continuation même de l'ordre du Temple ;
l'on trouvera des indications précises sur la part de vérité que
renferme cette tradition dans les chapitres I et II du livre se-
cond de cet ouvrage. Ce qui est certain, c'est que de nouveaux
grades chapitraux ont été créés en grand grand nombre pendant
le XVIIIe siècle, à l'époque où la conspiration contre l'ordre chré-
tien se nouait. Comme le dit Louis Blanc, c'étaient autant d'ar-
rière-sanctuaires, où se groupaient successivement les initiés les
plus actifs. L'on a même récemment ajouté dans le rite écossais
trois grades dits administratifs, qui ne sont conférés qu'aux fonction-
naires du Grand-Orient et du Suprême-Conseil, et qui complètent
la série symbolique des trente-trois degrés. Aujourd'hui les grades
les plus élevés sont conférés en France assez indistinctement, et
l'on peut en parcourir toute l'échelle sans...
___________
...rite écossais ancien et accepté est celui réformé par Frédéric II, roi de
Prusse; il a ajouté huit degrés aux vingt-cinq qui constituaient le rite
écossais ancien, appelé aussi rite de perfection ou d'Hérédom : c'est celui
que le Grand-Orient de France s'est également annexé. Saint-Martin les
a réduits à dix. Le rite ou régime rectifié, dit de la stricte observance
depuis la réforme du convent de Willhemsbad, ne compte plus que cinq
grades, mais le cinquième se divise en trois sections. Le rite ou ordre du
Temple se réduit aussi à huit, en faisant du septième la préparation au hui-
tième ou dernier degré. Le rite ou système de Zinnendorf, qui est celui
de la grande loge nationale d'Allemagne à Berlin, se réduit également à
sept grades. L'illuminisme proprement dit, de Weishaupt, s'élevait à
neuf. Le rite suédois montait jusqu'à douze, et celui du système de Swe-
demborg descendait à six. Le rite seul de Misraïm, divisant et subdivi-
sant sans fin les autres degrés, souvent en leur laissant leur nom,
toujours en en conservant l'esprit, s'élève à quatre-vingt-dix, partagés
en quatre séries (Clavel, Histoire pittoresque, statistique universelle
de la Franc-maçonnerie, p. 63. — Willaume, Manuel du Tuileur,
introduction. — Ragon, Cours des initiations
anciennes et modernes.)
L
...connaître le véritable secret de l'ordre. Ces réceptions se multi-
plient, parce que la vanité joue un grand rôle dans les loges et
parce qu'elles sont une des sources les plus abondantes pour le
budget du Grand-Orient (1). Mais ce qui se passe actuellement ne
préjuge rien contre la portée politique que ces grades eurent
autrefois. L'organisation essentiellement hiérarchique de la Ma-
çonnerie offre assez d'autres moyens à ses directeurs secrets
pour se choisir et se concerter.
Voici comment s'exprime sur ce sujet délicat le F.: Malapert,
un des écrivains maçonniques contemporains les plus distingués,
dans une tenue de loge qu'il présidait comme orateur du Suprême
Conseil du rite écossais ancien accepté :
« Au-dessus de la maîtrise, il n'y a plus rien â apprendre. Les
hauts grades sont des titres donnés à des maçons, qui se choisis-
sent dans un certain but. Le grand œuvre réside tout entier dans
l'apprentissage, le compagnonnage et la maîtrise.Les Rose-Croix et les
chevaliers Kadosch ne savent rien de plus que les maîtres. Je com-
prends cependant qu'à de certaines époques on ait senti le
besoin de former des réunions particulières, parce qu'elles sont
le moyen de mieux répandre la pratique de nos idées. Ainsi, au-
delà de la maîtrise, il y a des maçons qui s'occupent de la réalisation
plus directe de nos théories générales. A ce titre, les hauts grades ont
leur raison d'être, quoiqu'on puisse travailler utilement sans les pos-
séder (2).
Suivant la diversité des hauts grades, les rites se sont multipliés...
_______
1 - Le Monde maçonnique de mars 1880, p. 469, déplore celte facilité :
« Les loges, dit-il, ne voient trop que la caisse. Certainement une loge
pour vivre a besoin de fonds ; mais il ne faut pas que cet amour du com-
merce fasse de la Maçonnerie une boutique ou une fabrique de maçons.
Ce qu'il faut avant tout, c'est la qualité des maçons, et avec la qualité
vient la quantité. »
2 - Reproduit par la Chaîne d'union, année 1874, p. 85.
LI
...et avec eux les centres directeurs, les grandes loges, les mères-
loges, les Grands-Orients, les suprêmes conseils. On les appelle
d'un terme générique : puissances maçonniques.
Comme on le verra dans la partie historique, les chefs de la
Maçonnerie se sont efforcés, un peu avant la Révolution française,
de concentrer ces puissances et de fusionner ces rites. Ils y sont
parvenus en partie seulement.
En France, il y a actuellement quatre puissances maçonniques:
Le Grand-Orient de France.
Le Suprême-Conseil du rite écossais ancien accepté.
La Grande-Loge symbolique écossaise.
Le Suprême-Conseil du rite de Misraïm.
Ces puissances maçonniques sont souveraines les unes vis-à-
vis des autres, mais des traités existent entre elles ; elles recon-
naissent les grades conférés par les loges de leur obédience. L'u-
nité de l'ordre n'est donc pas altérée.
Voici l'organisation intérieure du Grand-Orient, qui est actuel-
lement de beaucoup la plus importante de ces quatre puissances :
« Le Grand-Orient, dit Clavel, un de ses officiers, se forme des
vénérables des loges proprement dites et des présidents des divers
ateliers qui pratiquent les hauts grades des rites français, écossais
ancien et accepté ; à défaut de leurs présidents, ces divers corps
sont représentés par des députés spéciaux, élus par eux annuel-
lement à la majorité des voix. Le Grand-Orient s'attribue la puis-
sance suprême, dogmatique, législative, judiciaire et administrative de
tous les ateliers, de tous les rites et de tous les grades existant
dans toute l'étendue de la France. L'assemblée générale du Grand-
Orient a lieu une fois par an et statue comme un parlement
sur les questions qui lui sont soumises. La direction effective
appartient au conseil de l'ordre, composé de trente-trois délégués
de l'assemblée générale, qui résident à Paris et statuent sur tou-
tes les questions qui se présentent. Le Grand-Orient se divise en
cinq branches principales : la chambre de correspondance et des
LII
finances constituant l'administration ; la chambre symbolique
qui s'occupe de tout ce qui est relatif aux ateliers des trois premiers
grades ; le suprême conseil des rites qui statue sur tout ce qui a
rapport aux ateliers des grades supérieurs ; la chambre du conseil
d'appel, qui donne son avis sur toutes les affaires intéressant l'exis-
tence des ateliers et qui prononce en dernier ressort dans les con-
testations qui surgissent entre les ateliers ou entre les frères ;
enfin le comité central ou d'élection qui s'occupe des mêmes ma-
tières à huit-clos. Indépendamment de ces cinq chambres, le Grand-
Orient enferme dans son sein le grand collège des rites, qui confère
les hauts degrés, un comité des finances et un comité d'inspection du
secrétariat... (1) »
Aucune loge ne peut se constituer ni prendre une décision de
quelque importance sans l'aveu du Grand-Orient, qui a le pou-
voir de la suspendre (mettre en sommeil) ou même de la dis-
soudre.
Le Grand-Orient a habituellement à sa tète un grand maître,
choisi généralement parmi les membres des familles régnantes ou
parmi les personnages officiels. Il sert de protecteur à l'ordre,
mais ne peut lui imposer une direction réelle (2), car le pouvoir
effectif réside tout entier dans les comités. En France, depuis...
___________
1 - Histoire pittoresque de la Franc-maçonnerie, p. 26, 27.
2 - On trouvera un peu plus loin (Introduction, § VI) quelques indi-
cations sur le rôle de trompc-l'œil que l'on fait jouer aux princes protec-
teurs et aux grands maîtres de l'ordre. Voici du reste comment s'expri-
mait à leur sujet, en 1863, alors que le prince Lucien Murât était grand
maître du Grand-Orient de France, le Monde maçonnique, n° de novem-
bre (t. VI, p. 411) :
« La Maçonnerie doit puiser sa force en elle-même, et quand elle a le
« malheur d'avoir des protecteurs couronnés, elle ne devrait pas leur
« donner plus d'importance que ne leur en crée déjà leur condition pro-
« fane ; ceux-ci, en effet, sont bien souvent la cause principale des abus
« et de l'intolérance, qui règuent encore au sein même de notre
« ordre»
LIII
...1869, le Grand-Orient n'a plus de grand maître, mais seulement
un président (1).
Le Grand-Orient de France laisse les loges de son obédience
libres de pratiquer l'un des deux rites, le rite français ou mo-
deme, le rite écossais ancien accepté (REAA). Mais un certain nom-
bre des loges pratiquant ce dernier rite forment une obédience
particulière, et se rattachent au suprême conseil du rite écossais
ancien accepté.
Le Grand-Orient s'est constitué en 1772. Quant au Suprême-
Conseil, il est plus ancien ; mais après diverses péripéties dans
son fonctionnement, il a pris ce nom en 1803 et s'est consolidé
___________
1 - Voici quels sont pour l'année 1878-1879 les membres du Grand-
Orient ; la liste en est fort instructive :
Andrieux, avocat, député et préfet de police. — Barré, docteur en mé-
decine, à Paris. — Blanchon, chef de division au comptoir central de
Crédit, à Paris. — Brémond, avocat, membre du conseil municipal de
Marseille, ancien sous-préfet. — Bruand, négociant, membre du conseil
municipal de Besançon. — Cammas, homme de lettres, à Maisons-sur-
Seine. — Gaubet, homme de lettres, chef de la police municipale. —
Cousin, inspecteur principal au chemin de fer du Nord, à Paris. —
Dalsace, négociant, à Paris. — Didiot, négociant, à Paris. — De Saint-
Jean, docteur en médecine, à Paris. — Desmons, membre du conseil
général du Gard, président du consistoire de Saint-Chaptes, pasteur de
l'église réformée, à Saint-Geniês-de-Magloire (Gard). — Doué, docteur -
en médecine, médecin principal de la marine, à Toulon-sur-Mer. —
Duhamel, avocat à la Cour de Paris, chef du cabinet du président de
la République, membre du conseil général du Pas-de-Calais. — De Hé-
rédia, président du conseil municipal de Paris. — Foussier, négociant,
à Paris. — Herpin, docteur en médecine, à Livry (Seine-et-Oise). —
Jean, membre du conseil municipal d'Albi, juge au tribunal de com-
merce, ancien sous-préfet, manufacturier à Albi (Tarn). — Joly (Albert),
avocat, député, membre du conseil municipal de Versailles. — Lagache-
Saint-Gest, avocat, ancien sous-préfet de BouIogne-sur-Mer (Pas-de-
Calais). — Le Plé, docteur en médecine, à Rouen. — Masse, membre
du conseil municipal de Paris, avoué près le tribunal civil de première
instance de la Seine, à Paris. — Martin (Antide), membre du conseil
municipal de Paris, ancien notaire, à Paris. — Neumarck, membre du
conseil municipal de Reims, président du conseil des prud'hommes, à
Reims. — Poulie, avoué, membre du conseil municipal d'Amiens, pré-
sident de la chambre des avoués, à Amiens. — Roche, pharmacien...
LIV
en 1817, par la réunion de deux puissances rivales du rite
écossais, qui fut due particulièrement au zèle du duc Decazes.
Le Suprême-Conseil du rite écossais ancien accepté a une
constitution beaucoup plus autoritaire que le Grand-Orient. Ses
membres sont élus à vie et se recrutent eux-mêmes ; le pouvoir
qu'il exerce sur les ateliers de son obédience est également beau-
coup plus énergique.
Le Suprême-Conseil, sous la Restauration et la monarchie de
juillet, groupait la partie la plus avancée de la Maçonnerie, parce
qu'il avait mieux su se soustraire à la tutelle des pouvoirs poli-
tiques, que le Grand-Orient avait acceptée en recevant ses grands
maîtres et grands maîtres adjoints des mains du gouvernement.
Mais aujourd'hui, en raison de sa constitution plus fermée, le
Suprême-Conseil perd rapidement son influence. Beaucoup de
loges, qui pratiquent d'ailleurs le rite écossais, l'ont abandonné
pour passer dans l'obédience du Grand-Orient (1).
Depuis plusieurs années une lutte sourde d'influences existe
entre le Grand-Orient et le Suprême-Conseil du rite écos-
___________
...membre du conseil d'arrondissement et du conseil municipal, a Roche-
fort-sur-Mer. — Rousselle (André), membre du conseil générai de l'Oise,
avocat à Paris. — Sarrat, négociant, à Bordeaux. — Thiault, avocat, à
Belfort (Haut-Rhin). — Thulié, docteur en médecine, membre et ancien
président du conseil municipal , à Paris. —Valentin, sénateur, ancien
préfet du Bas-Rhin et du Rhône. — Vienol , avocat, agréé près le tribu-
nal de commerce de Rouen. — Wyrouboff, homme de lettres, à Paris.
En septembre 4880 les membres sortants ont été réélus à une forte ma-
orité, sauf M. Andrieux, qui a spontanément refusé toute candidature.
1 - Le Suprême-Conseil a actuellement pour très puissant prince sou-
verain, grand commandeur, grand maître, le F.: Crémieux, ancien
membre du gouvernement provisoire en 1848, et de la délégation de
Tours en 1870, A côté de lui figurent, dans le Suprème-Conseil,
les FF.: Jules Simon, Malapert, Emmanuel Arago, Allegri, comte Roger
du Nord, Zegelaar, Lebatteux , G. Guiffrey, Delongray, Schwalb, Ba-
gary, Proal, Mcigc, Sapin et Granvigne (Monde maçonnique, mars
1880).
LV
sais (1), et quand on rapproche les noms des membres de ces
deux corps, on s'explique facilement la division qui s'est produite
dans les rangs du parti républicain et a abouti à une rivalité ou-
verte entre deux hommes également considérables de ce parti et
également engagés dans la Franc-maçonnerie.
Sous l'influence de ces dissensions intestines, onze des princi-
pales loges parisiennes de l'obédience du Suprême-Conseil s'en
sont récemment séparées, et ont constitué, au mois de février
1880, une puissance maçonnique nouvelle sous le titre de Grande-
Loge symbolique écossaise. Par une étrange coïncidence, le pré-
fet de police, qui a donné cette autorisation aux loges révoltées
contre le Suprême-Conseil, s'est trouvé être un des membres les
plus importants du Grand-Orient (2) !
___________
1 - Voir dans le Monde maçonnique de 1875 un échange de corres-
pondances fort aigres entre le Grand-Orient et le suprême conseil.
2 - Dans les derniers jours de février 1880, le Siècle, qui est dans la
presse profane l'organe officieux du Grand-Orient, a annoncé ce fait par
la note suivante :
« Depuis dix-huit mois un grand nombre de loges du rite écossais lut-
taient contre le Suprême-Conseil, pour obtenir dans leur constitution des
réformes dont la légitimité ne saurait être contestée.
« Il s'agissait d'obtenir pour l'assemblée des députés élus annuelle-
ment par les ateliers :
« 1° L'élection de son président;
« 2° Le libre choix de son ordre du jour ;
« 3° Le droit de fixer les époques de ses réunions.
« Le Suprême-Conseil répondit à ces demandes par de nombreux dé-
crets de radiations de loges et de maçons des contrôles du rite.
« C'est dans ces conditions que onze des plus vieilles loges du rite,
prenant une initiative heureuse, ont eu la pensée de constituer en
France une Grande-Loge symbolique indépendante.
« Une demande adressée dans ce sens, le mois dernier, à M. le mi-
nistre de l'intérieur, a été favorablement accueillie, et M. le préfet de
police, M. Andrieux, vient de faire savoir aux intéressés, que la Grande-
Loge symbolique écossaise était autorisée à fonctionner en France dans
les mêmes conditions que le Suprême-Conseil et le Grand-Orient de
France.
« Les onze loges confédérées sont les suivantes :
« Les Amis de la Vérité, la Jérusalem écossaise, la Justice, les Hos-
pitaliers de Saint-Ouen, les Vrais Amis fidèles, la Ligne droite, l'Ecos-
saise n° 133, Union et Bienfaisance, la Franche Union, la Sincérité.
LVI
Quant au rite de Misraïm ou rite égyptien, qui doit son
origine à Cagliostro, puis s'est propagé de nouveau en France
en 1816, il renferme surtout des juifs. Il n'a plus actuellement
une grande importance.
La même organisation avec la même variété de rites et de
puissances maçonniques, existe dans les autres pays.
Depuis que les gouvernements en sont venus à reconnaître la
Franc-maçonnerie ou officieusement ou officiellement comme en
Angleterre, et en France même depuis 1861, les différents Grands-
Orients ou Grandes-Loges font coïncider les limites de leur obé-
dience avec celles des États où ils sont établis. Il y a ainsi un
Grand-Orient de Belgique, un Grand-Orient de France, un
Grand-Orient d'Angleterre, etc. Aux États-Unis, il y a trente-
huit Grandes-Loges, autant que d'États.
Mais cette division des obédiences, nous le répétons, n'empê-
che nullement l'unité de la Maçonnerie. Des traites et des unions
spéciales assurent à tout franc-maçon affilie dans une loge d'un
rite quelconque l'exercice de ses droits maçonniques dans les
loges du monde entier et lui donne droit à leur appui. Nous au-
rons, d'ailleurs, bientôt à examiner si par dessus tous les Grands-
Orients il n'existe pas un directoire secret, qui les réunit en
faisceau.
D'après les statuts du Grand-Orient de France, arrêtés en
1772 et révisés en 1799, l'ordre des francs-maçons a pour
LVII
objet « l'exercice de la bienfaisance, l'étude de la morale uni-
ce verselle, des sciences et des arts, et la pratique de toutes les
« vertus. »
C'est en 1854 seulement que l'on a ajouté ce paragraphe addi-
tionnel : « Il a pour base l'existence de Dieu, l'immortalité de
l'âme et l'amour de l'humanité » ; c'est ce paragraphe qui a été
supprimé après une longue discussion en 1877, comme une dé-
viation du véritable esprit de l'ordre.
La Franc-maçonnerie se présente donc, dans ses statuts, comme
ayant à la fois pour but l'exercice de la bienfaisance et l'étude
de la morale universelle.
Sur le budget dont elles disposent, les loges font un certain
nombre d'oeuvres de philanthropie. Elles ont, au XVIIIe siè-
cle, inventé cette expression, ainsi que les fêtes de bienfaisance.
Une publicité retentissante en est le caractère essentiel et
distingue ainsi radicalement cette bienfaisance de la charité chré-
tienne.
Les loges accordent aussi des secours à leurs membres, mais
sans leur reconnaître aucun droit à cette assistance pécuniaire ;
elles posent même en principe l'exclusion des pauvres :
« Rappelons-nous, dit le Fr. : Ragon, que la Maçonnerie n'a pas
constitué un corps d'individus vivant aux dépens des autres. Les men-
diants qui s'associent pour faire de la misère oseraient-ils avouer
dans quel but ils se font recevoir ? Ils viennent audacieusement
vous imposer leur détresse et le poids de leurs vices, sans avoir été
utiles â l'ordre par aucun talent, par aucune vertu. Cette lèpre hi-
deuse de la Maçonnerie en France montre la coupable négligence des
loges, surtout de celles de Paris. Ne présentez jamais dans l'ordre,
LVIII
disait le F.: Beurnonville, que des hommes qui peuvent vous pré-
senler la main et non vous la tendre (1). »
En 1861, le ministre de l'intérieur, M. de Persigny, crut re-
connaître dans la Franc-maçonnerie une institution charitable et la
compta parmi « les associations de bienfaisance qui méritent toute
la sympathie du gouvernement pour les bienfaits qu'elles répandent
dans le pays. » La Maçonnerie a repoussé cette qualification, qui,
quelque bienveillante qu'elle fût pour elle, aurait pu donner une
fausse idée du véritable esprit de l'ordre. Ses représentants
écrivirent en ces termes au ministre pour rectifier ses idées :
t Nos pères, il y a bien des siècles, se sont réunis sous d'anciens
rites, non pour exercer la charité, mais pour chercher la vraie lu-
mière... Votre Excellence, j'en suis sûr, ne nous fera pas un re-
proche de poursuivre un tel dessein ; mais enfin il y a loin de là
à une société de bienfaisance. La charité est la conséquence de nos
doctrines et non le but de nos réunions. »
Le caractère de société de bienfaisance n'est donc que très-
accessoire dans la Franc-maçonnerie, et ses libéralités sont abso-
lument insignifiantes, quand on les compare à ses ressources et
au nombre de ses membres (2). Là où elles ont quelque im-
portance, elle sont une arme de parti (3).
___________
1 - Cours philosophique des initiations anciennes et modernes, p. 368.
2 - Pour les preuves de ce que nous avançons sur l'insignifiance des
secours donnés par la Maçonnerie, voir le remarquable ouvrage du
R. P. Gautrelet, La Franc-Maçonnerie et la Révolution (in-8°, Lyon,
1872), p. 166 à 174.
3 - L'extrait suivant des délibérations de la loge les Philadelphes, de
Verviers, en 1874, reproduit avec approbation dans le Bulletin du...
LXI
La contradiction entre les faits et les déclarations affichées
dans les statuts généraux du Grand-Orient est devenue tellement
criante, que le Monde maçonnique, dans son numéro de décem-
bre 1879, a cru devoir élever la protestation suivante :
« Aux termes de l'article premier de la constitution du Grand-
Orient de France, la Franc-maconnerie est une institution essen-
tiellement philanthropique. Examinons donc si nous sommes
philanthropes dans l'acception de notre devise : liberté, égalité,
fraternité. Lors des admissions dans notre ordre, la position so-
ciale n'est-elle pas souvent mise en première ligne, et par suite,
sous le prétexte qu'un ouvrier n'est pas libre, ne refuse-t-on pas
de l'initier ? Mais alors l'égalité n'est plus qu'un vain mot ; on
pourrait en dire autant de la fraternité. »
Juste pour vous rappeller qu'ont se fout de votre gueules
Mais la Franc-maçonnerie est, sous un autre rapport, une véri-
table société d'appui mutuel. En échange de l'obligation du se-
cret pour tout ce qui se passe dans les loges et de l'obéissance
absolue jurée aux supérieurs de l'ordre, chaque franc-maçon a
droit à l'appui de tous ses frères dans tous les pays du monde.
Il la réclame en faisant le signe de détresse.
Cette assistance-là, pratiquée très-largement, est une des cau-
ses qui contribuent le plus au développement de la Maçonnerie.
Les frères s'entraident dans toutes les rencontres de la vie civile
___________
...Grand-Orient de Belgique, montre ce que sont en réalité la fraternité et
la bienfaisance maçonniques :
« Secours à donner aux belligérants espagnols. La loge a décidé de
ne pas souscrire à l'Œuvre de la Croix-Rouge en vue de secours à por-
ter aux belligérants espagnols, parce que ces secours devaient aller indif-
féremment aux constitutionnels et aux carlistes.Elle n'a pas voulu encou-
rager indirectement les carlistes, qui faisaient la guerre en brigands et
qui étaient armés par le despotisme et la théocratie. » (Reproduit par le
Courrier de Bruxelles du 1er septembre 1879.)
LX
et se piquent les uns vis-à-vis des autres d'une bonne foi dont ils
se jugent probablement dispensés vis-à-vis des profanes (1). Les
Voyageurs trouvent, grâce à elle, des relations jusque dans les pays
les plus lointains, et l'on nous signalait naguères un armateur
qui, pour le placement de ses cargaisons, avait reconnu l'avan-
tage d'employer des capitaines francs-maçons.
Dans les villes, à Paris notamment, bien des commerçants
inscrivent un insigne maçonnique sur leurs enseignes, pour s'at-
tirer la clientèle des frères. Au barreau, dans la médecine, l'affi-
liation est un incontestable moyen de succès. Enfin les loges
s'emploient pour procurer à leurs membres l'accès des fonctions
publiques et les faire arriver dans les élections politiques.
On trouvera dans un des chapitres de ce livre (Liv. II,
chap. XIII, § 2) le texte complet d'un arrêté du Grand-Orient
de Belgique, pris en 1856, pour déterminer le mode de contrôle
que les loges devront exercer « sur ceux de leurs membres
quelles ont fait entrer dans les fonctions politiques », et sur le
choix des candidats aux fonctions électives. Ce n'est pas là un
fait particulier à la Belgique. La même chose se pratique clans
tous les pays où les loges ont pris pied.
La Maçonnerie est ainsi une société dans la société générale,
un État dans l'État.
Ce caractère d'association d'appui mutuel est la cause du grand
nombre de francs-maçons que l'on trouve en Angleterre et sur-
tout aux États-Unis. Dans ces pays, où le Protestantisme domi-
nait exclusivement jusqu'à ces dernières années, la Maçonnerie
___________
1 - Dans le serment de l'apprenti tel qu'il était prêté en France dans
certaines loges à la fin du XVIIIe siècle, le récipiendaire jurait « de ne
jamais toucher ni femme, ni sœur, ni enfant de frère », sous les peines
terribles auxquelles il venait de s'engager. Cet engagement caractérise
l'époque. On nous assure qu'en Angleterre celte obligation spéciale est
toujours rigoureusement observée entre les francs-maçons.
LXI
ne s'est pas trouvée en conflit avec une religion positive capable
de se défendre (1). Elle a ainsi peu à peu perdu, dans la plus
___________
1 - Les considérations suivantes d'un journal américain, écrites au
sujet du grand nombre des incrédules dans les pays catholiques, expli-
quent fort bien le phénomène moral que nous signalons dans le texte :
« L'Église catholique a cela de commun avec son divin fondateur et
maître, qu'elle attire l'amour ou la haine de ceux sur lesquels elle exerce
son pouvoir. Elle ne peut pas abandonner sa mission surnaturelle, qui
est d'enseigner la vérité au monde, de dévoiler l'erreur, de combattre le
mal sous toutes ses formes, et, par la pratique de la vertu, de conduire
le plus grand nombre d'hommes possible à la récompense et au bonheur
du ciel.
« Le catholique élevé dans un milieu catholique ne peut pas compren-
dre la religion en dehors du Catholicisme. Lorsque ses passions, son am-
bition ou son orgueil l'ont détourné de la pratique de ses devoirs, il
abandonne ordinairement toute espèce de religion ; puis, afin de s'étour-
dir soi-même, il parle contre l'idée religieuse, et, parce que tout le con-
damme autour de lui, les mœurs, les usages, les dévolions particulières,
il finit par s'attaquer à l'Église catholique elle-même, sachant bien que
seule elle représente la vraie idée religieuse.
« Dans les pays protestants, la même lutte ne peut pas existe». puis-
qu'au lieu de deux catégories bien tranchées d'enfants soumis et d'enfants
révoltés, il est facile de compter cent classes d'opinions différentes sous
le rapport religieux.
« Le Protestantisme n'est pas la religion, n'est pas une forme spéciale
de religion, et pourrait être défini un mélange d'irréligion et de religiosité.
« Un homme qui se dit protestant ne fait pas connaître, par cette pro-
fession de foi, quelle est sa croyance, ni quelles sont les vérités qu'il
admet, ni à quelles obligations il se soumet.
« On peut être protestant de beaucoup de façons différentes : les épis-
copaliens, les méthodistes, les luthériens, les baptistes, les presbytériens
sont autour de nous pour nous le dire. Le seul principe commun à tous
est l'inspiration privée et la libre interprétation de la Bible, permettant
à chacun de croire ou de rejeter ce que bon lui semble.
« Le Protestantisme conduit logiquement à l'indifférence en matière
de religion. Aussi le sceptique et l'incrédule ne prennent-ils pas la
peine d'attaquer le Protestantisme, qui ne les gêne nullement, puisqu'il
leur laisse leur liberté de ne pas croire.
« La lutte entre l'infidélité et la religion suppose une foi solide pro-
fondément ancrée dans l'âme, ou un fanatisme imbu de préjugés, enra-
ciné dans les mœurs d'un pays. Le système actuel du Protestantisme ne
LXII
grande partie de ses loges, le caractère violemment impie et
révolutionnaire qu'elle y avait au début et qu'elle a gardé sur le
continent (1).
Pas de moralité dans la lutte
En effet, quand, dans leurs statuts imprimés, les Grands-
Orients prétendent « que la Franc-maçonnerie ne s'occupe ni des
« diverses religions répandues dans le monde, ni des constitu-
« tions des États ; que dans la sphère élevée où elle se place, elle
« respecte la foi religieuse et les sympathies politiques de chacun
« de ses membres, » ils mettent sur son enseigne un trompe-l'œil
destiné à attirer les simples et à tromper les gouvernements dé-
bonnaires.
Son véritable esprit, sa doctrine réelle, sont exprimés dans les
rituels ou tuileurs propres à chaque grade et dont la connais-
sance a été aussi longtemps que possible dérobée aux profanes.
___________
comporte ni l'une ni l'autre de ces conditions. Ce qui tend surtout à do-
miner dans un pays protestant, c'est, avec la recherche du bien-être
matériel et le décorum de la respectabilité, une apathie générale et l'in-
souciance religieuse. »
(Propagateur catholique de la Nouvelle-Orléans, 23 août 1879.)
1 - Ce qui est dit au texte ne doit s'entendre que des loges symboli-
ques et de celle Maçonnerie que nous pourrions appeler quasi-publique.
Il existe dans ces pays des associations maçonniques violemment hos-
tiles au Christianisme et à l'ordre social. Voyez par exemple plu-
sieurs indications que nous avons consignées dans l'ouvrage des États-
Unis contemporains, chap. XXI, chap. XXIII, § 7, et chap. XXVI,
§ 2. D'ailleurs comme toutes les loges maçonniques sont en com-
munion intime et fraternisent avec ces associations et qu'elles pro-
pagent par l'essence même de leur institution l'indiffèrenlisme reli-
gieux, elles sont également condamnées par l'Église. Voir, en ce qui
touche les États-Unis, les actes du premier et du second concile national
de Baltimore, en 1851 et 1866, et un important article du Catholic
Quarterly review, de juillet 1878, Secret societies in the United States.
En Angleterre, les évêques ont, à plusieurs reprises, déclaré que les cons-
titutions du Siège apostolique emportant l'excommunication contre tous
les francs-maçons s'appliquent aux loges de ce pays.
LXIII
Or cette doctrine est essentiellement hostile à la religion chré-
tienne et au maintien de l'ordre des sociétés civiles. C'est le pan-
théisme dans ses diverses formules, variant depuis le Spinozisme
jusqu'aux brutalités du positivisme moderne. Les six chapitres
qui forment le premier livre de cet ouvrage en fourniront la
démonstration péremptoire.
L'action de la Maçonnerie dans les différents pays est sans
doute affectée par les circonstances propres à chaque peuple; on
vient d'en avoir la preuve à propos de l'Angleterre. Dans le
développement d'une situation historique comme dans la formation
de l'état moral d'une âme, des causes multiples viennent mêler
leur influence à l'action des causes dominantes, et il faut savoir
reconnaître les unes et les autres. Nous n'hésitons pas à le répé-
ter, ce serait une grave exagération que de voir uniquement dans
l'histoire l'action des sociétés secrètes. La vérité est que cette
action est UN des facteurs importants des événements et qu'à cer-
tains moments ce facteur a été prépondérant.
Ainsi actuellement, en France et dans une partie de l'Europe,
l'enseignement irréligieux donné à la jeunesse depuis un siècle
et la presse impie ont fait leur œuvre : une fraction considérable
de la nation est imbue de préjugés et d'idées fausses, qui corres-
pondent trop bien aux secrets désirs des passions, pour ne pas se
propager comme d'eux-mêmes. Bien des gens ont toutes les idées
de la Maçonnerie avant d'être affiliés dans ses loges. C'est évi-
demment là un état de choses dont il faut tenir compte pour la
solution pratique de certaines questions de gouvernement. Mais il
n'en est pas moins vrai que cette situation est le résultat de la
propagande des sociétés secrètes au XVIIIe siècle et dans la pre-
mière moitié de celui-ci. Actuellement encore, sans parler de son
action dans les sphères des relations internationales, la Maçonnerie
donne à tous ces mauvais éléments une direction autrement pré-
cise pour le mal qu'ils ne l'auraient s'ils étaient livrés à eux-
mêmes ; elle empêche l'action médicatrice exercée constamment
sur la société par l'Eglise.
LXIV
D'ailleurs, même dans les pays où la Maçonnerie semble amor-
tie , même aux époques où les circonstances l'empêchent de
conspirer contre l'ordre social, elle n'en exerce pas moins une
action doctrinale considérable qu'on ne peut négliger.
Fin du chapitre.
La destruction des traditions, le libéralisme pousser à son paroxisme, pour au final y voir la reconstruction synthetique du temple de la
ségrégation, sur les decombres des ruines de la civilisation auguste et
millénaire, de l'Ordre naturel de Dieu.
Pour illustré parfaitement toute l'importance d'étudier cette secte, je citerais simplement l'auteur de l'ouvrage, P.deschamps, homme d'une autre époque, ayant compris mieux que quiconque la formidable subversion qui s'était dérouler devant ses yeux, ceux de ses ancètres, ainsi que des notres.
«L'étude des sociétés secrètes est donc une nécessité absolue
pour avoir l'intelligence des temps modernes. Elle est possible
pour un écrivain doué de perspicacité et se donnant la peine de
pousser ses investigations dans le champ, très-vaste aujourd'hui,
des documents tombés dans le domaine public.»
Une fois ces destructions accomplies, les masses populaires lais-
sées sans religion et sans protection, blessées dans leurs intérêts
moraux et matériels, se livrent au socialisme. Les trade-unions,
les sociétés de résistance, les groupes communistes se fondent
comme d'eux-mêmes en dehors de la Maçonnerie et contrairement
à la volonté de ses chefs. La suprême habileté de ceux-ci consiste
à s'emparer de leur direction sans qu'ils s'en doutent, à les pé-
nétrer de leur pensée anti-chrétienne, à faire marcher ces hordes
affamées de jouissance de façon à ne pas être.écrasés eux-mêmes.
C'est parfois des masses socialistes que l'on peut dire avec vérité
que la haine anti-religieuse est accidentelle chez elles. On en a
la preuve éclatante dans la facilité avec laquelle les chrétiens
dévoués, qui s'adressent à la fois au coeur et aux intérêts de
l'ouvrier, le ramènent à l'ordre. Le peuple est la première dupe
et la plus grande victime de la Révolution !
Bonne lecture
L'HISTOIRE DES SOCIETES SECRETES PAR P.DESCHAMPS
III — L'ORGANISATION DE LA FRANC-MACONNERIE
Structure hierarchique de la franc-maçonnerie regulière. Agrandissement ici et ici
XLVIII
La Franc-maçonnerie est une association essentiellement une
et universelle, malgré la variété des rites pratiqués par les loges.
Cette unité repose sur les trois grades, dits symboliques, d'ap-
prenti, de compagnon, de maître. Cinq maîtres peuvent former
une loge et procéder à la réception de nouveaux membres. Tout
individu reçu dans une loge fait par là même partie de l'ordre
entier, il peut obtenir l'entrée de toutes les loges et réclamer l'as-
sistance des membres de l'ordre dans tout l'univers.
Ces trois grades forment la base sur laquelle s'édifient tous les
rites.
Illustration de la position symbolique des trois premier grades; apprenti,
compagnon, et maître, qui constitue les bases de la hierarchie maçonnique.
Ces rites consistent dans une série de grades, dits chapitraux,
dans lesquelles doctrines delà Maçonnerie sont développées sous
la forme d'allégories variées. Tous les auteurs maçonniques recon-
naissent que la doctrine de l'ordre est tout entière contenue dans
le rituel des trois grades symboliques. Les gFades chapitraux ne
font que la rendre plus claire, que l'inculquer plus fortement chez
les initiés (1).
___________
1 - Les grades élevés ou chapitraux, dits également philosophiques, ne
sont régulièrement constitués qu'autant qu'ils ont les premiers pour fonde-
ments. Ces grades, ajoutés plus ou moins récemment, se sont inspirés les uns
des autres et souvent mémo copiés. Il suffit donc, pour bien connaître l'esprit
de la Maçonnerie, d'étudier les principaux degrés des rites les plus répandus
ou qui ont servi de type à tous les autres.
Le rite français ou moderne ajoute quatre grades chapitraux aux
trois premiers grades symboliques et en compte ainsi sept en
tout. Le rite des anciens maçons libres et acceptés d'Angleterre se
réduit aussi à sept ; le...
XLIX
L'origine et la valeur des grades chapitraux sont un grand sujet de
débat entre les écrivains de l'ordre. Certains d'entre eux prétendent
les faire remonter à la continuation même de l'ordre du Temple ;
l'on trouvera des indications précises sur la part de vérité que
renferme cette tradition dans les chapitres I et II du livre se-
cond de cet ouvrage. Ce qui est certain, c'est que de nouveaux
grades chapitraux ont été créés en grand grand nombre pendant
le XVIIIe siècle, à l'époque où la conspiration contre l'ordre chré-
tien se nouait. Comme le dit Louis Blanc, c'étaient autant d'ar-
rière-sanctuaires, où se groupaient successivement les initiés les
plus actifs. L'on a même récemment ajouté dans le rite écossais
trois grades dits administratifs, qui ne sont conférés qu'aux fonction-
naires du Grand-Orient et du Suprême-Conseil, et qui complètent
la série symbolique des trente-trois degrés. Aujourd'hui les grades
les plus élevés sont conférés en France assez indistinctement, et
l'on peut en parcourir toute l'échelle sans...
___________
...rite écossais ancien et accepté est celui réformé par Frédéric II, roi de
Prusse; il a ajouté huit degrés aux vingt-cinq qui constituaient le rite
écossais ancien, appelé aussi rite de perfection ou d'Hérédom : c'est celui
que le Grand-Orient de France s'est également annexé. Saint-Martin les
a réduits à dix. Le rite ou régime rectifié, dit de la stricte observance
depuis la réforme du convent de Willhemsbad, ne compte plus que cinq
grades, mais le cinquième se divise en trois sections. Le rite ou ordre du
Temple se réduit aussi à huit, en faisant du septième la préparation au hui-
tième ou dernier degré. Le rite ou système de Zinnendorf, qui est celui
de la grande loge nationale d'Allemagne à Berlin, se réduit également à
sept grades. L'illuminisme proprement dit, de Weishaupt, s'élevait à
neuf. Le rite suédois montait jusqu'à douze, et celui du système de Swe-
demborg descendait à six. Le rite seul de Misraïm, divisant et subdivi-
sant sans fin les autres degrés, souvent en leur laissant leur nom,
toujours en en conservant l'esprit, s'élève à quatre-vingt-dix, partagés
en quatre séries (Clavel, Histoire pittoresque, statistique universelle
de la Franc-maçonnerie, p. 63. — Willaume, Manuel du Tuileur,
introduction. — Ragon, Cours des initiations
anciennes et modernes.)
L
...connaître le véritable secret de l'ordre. Ces réceptions se multi-
plient, parce que la vanité joue un grand rôle dans les loges et
parce qu'elles sont une des sources les plus abondantes pour le
budget du Grand-Orient (1). Mais ce qui se passe actuellement ne
préjuge rien contre la portée politique que ces grades eurent
autrefois. L'organisation essentiellement hiérarchique de la Ma-
çonnerie offre assez d'autres moyens à ses directeurs secrets
pour se choisir et se concerter.
Voici comment s'exprime sur ce sujet délicat le F.: Malapert,
un des écrivains maçonniques contemporains les plus distingués,
dans une tenue de loge qu'il présidait comme orateur du Suprême
Conseil du rite écossais ancien accepté :
« Au-dessus de la maîtrise, il n'y a plus rien â apprendre. Les
hauts grades sont des titres donnés à des maçons, qui se choisis-
sent dans un certain but. Le grand œuvre réside tout entier dans
l'apprentissage, le compagnonnage et la maîtrise.Les Rose-Croix et les
chevaliers Kadosch ne savent rien de plus que les maîtres. Je com-
prends cependant qu'à de certaines époques on ait senti le
besoin de former des réunions particulières, parce qu'elles sont
le moyen de mieux répandre la pratique de nos idées. Ainsi, au-
delà de la maîtrise, il y a des maçons qui s'occupent de la réalisation
plus directe de nos théories générales. A ce titre, les hauts grades ont
leur raison d'être, quoiqu'on puisse travailler utilement sans les pos-
séder (2).
Suivant la diversité des hauts grades, les rites se sont multipliés...
_______
1 - Le Monde maçonnique de mars 1880, p. 469, déplore celte facilité :
« Les loges, dit-il, ne voient trop que la caisse. Certainement une loge
pour vivre a besoin de fonds ; mais il ne faut pas que cet amour du com-
merce fasse de la Maçonnerie une boutique ou une fabrique de maçons.
Ce qu'il faut avant tout, c'est la qualité des maçons, et avec la qualité
vient la quantité. »
2 - Reproduit par la Chaîne d'union, année 1874, p. 85.
LI
...et avec eux les centres directeurs, les grandes loges, les mères-
loges, les Grands-Orients, les suprêmes conseils. On les appelle
d'un terme générique : puissances maçonniques.
Comme on le verra dans la partie historique, les chefs de la
Maçonnerie se sont efforcés, un peu avant la Révolution française,
de concentrer ces puissances et de fusionner ces rites. Ils y sont
parvenus en partie seulement.
En France, il y a actuellement quatre puissances maçonniques:
Le Grand-Orient de France.
Le Suprême-Conseil du rite écossais ancien accepté.
La Grande-Loge symbolique écossaise.
Le Suprême-Conseil du rite de Misraïm.
Ces puissances maçonniques sont souveraines les unes vis-à-
vis des autres, mais des traités existent entre elles ; elles recon-
naissent les grades conférés par les loges de leur obédience. L'u-
nité de l'ordre n'est donc pas altérée.
Voici l'organisation intérieure du Grand-Orient, qui est actuel-
lement de beaucoup la plus importante de ces quatre puissances :
« Le Grand-Orient, dit Clavel, un de ses officiers, se forme des
vénérables des loges proprement dites et des présidents des divers
ateliers qui pratiquent les hauts grades des rites français, écossais
ancien et accepté ; à défaut de leurs présidents, ces divers corps
sont représentés par des députés spéciaux, élus par eux annuel-
lement à la majorité des voix. Le Grand-Orient s'attribue la puis-
sance suprême, dogmatique, législative, judiciaire et administrative de
tous les ateliers, de tous les rites et de tous les grades existant
dans toute l'étendue de la France. L'assemblée générale du Grand-
Orient a lieu une fois par an et statue comme un parlement
sur les questions qui lui sont soumises. La direction effective
appartient au conseil de l'ordre, composé de trente-trois délégués
de l'assemblée générale, qui résident à Paris et statuent sur tou-
tes les questions qui se présentent. Le Grand-Orient se divise en
cinq branches principales : la chambre de correspondance et des
LII
finances constituant l'administration ; la chambre symbolique
qui s'occupe de tout ce qui est relatif aux ateliers des trois premiers
grades ; le suprême conseil des rites qui statue sur tout ce qui a
rapport aux ateliers des grades supérieurs ; la chambre du conseil
d'appel, qui donne son avis sur toutes les affaires intéressant l'exis-
tence des ateliers et qui prononce en dernier ressort dans les con-
testations qui surgissent entre les ateliers ou entre les frères ;
enfin le comité central ou d'élection qui s'occupe des mêmes ma-
tières à huit-clos. Indépendamment de ces cinq chambres, le Grand-
Orient enferme dans son sein le grand collège des rites, qui confère
les hauts degrés, un comité des finances et un comité d'inspection du
secrétariat... (1) »
Aucune loge ne peut se constituer ni prendre une décision de
quelque importance sans l'aveu du Grand-Orient, qui a le pou-
voir de la suspendre (mettre en sommeil) ou même de la dis-
soudre.
Le Grand-Orient a habituellement à sa tète un grand maître,
choisi généralement parmi les membres des familles régnantes ou
parmi les personnages officiels. Il sert de protecteur à l'ordre,
mais ne peut lui imposer une direction réelle (2), car le pouvoir
effectif réside tout entier dans les comités. En France, depuis...
___________
1 - Histoire pittoresque de la Franc-maçonnerie, p. 26, 27.
2 - On trouvera un peu plus loin (Introduction, § VI) quelques indi-
cations sur le rôle de trompc-l'œil que l'on fait jouer aux princes protec-
teurs et aux grands maîtres de l'ordre. Voici du reste comment s'expri-
mait à leur sujet, en 1863, alors que le prince Lucien Murât était grand
maître du Grand-Orient de France, le Monde maçonnique, n° de novem-
bre (t. VI, p. 411) :
« La Maçonnerie doit puiser sa force en elle-même, et quand elle a le
« malheur d'avoir des protecteurs couronnés, elle ne devrait pas leur
« donner plus d'importance que ne leur en crée déjà leur condition pro-
« fane ; ceux-ci, en effet, sont bien souvent la cause principale des abus
« et de l'intolérance, qui règuent encore au sein même de notre
« ordre»
LIII
...1869, le Grand-Orient n'a plus de grand maître, mais seulement
un président (1).
Le Grand-Orient de France laisse les loges de son obédience
libres de pratiquer l'un des deux rites, le rite français ou mo-
deme, le rite écossais ancien accepté (REAA). Mais un certain nom-
bre des loges pratiquant ce dernier rite forment une obédience
particulière, et se rattachent au suprême conseil du rite écossais
ancien accepté.
Le Grand-Orient s'est constitué en 1772. Quant au Suprême-
Conseil, il est plus ancien ; mais après diverses péripéties dans
son fonctionnement, il a pris ce nom en 1803 et s'est consolidé
___________
1 - Voici quels sont pour l'année 1878-1879 les membres du Grand-
Orient ; la liste en est fort instructive :
Andrieux, avocat, député et préfet de police. — Barré, docteur en mé-
decine, à Paris. — Blanchon, chef de division au comptoir central de
Crédit, à Paris. — Brémond, avocat, membre du conseil municipal de
Marseille, ancien sous-préfet. — Bruand, négociant, membre du conseil
municipal de Besançon. — Cammas, homme de lettres, à Maisons-sur-
Seine. — Gaubet, homme de lettres, chef de la police municipale. —
Cousin, inspecteur principal au chemin de fer du Nord, à Paris. —
Dalsace, négociant, à Paris. — Didiot, négociant, à Paris. — De Saint-
Jean, docteur en médecine, à Paris. — Desmons, membre du conseil
général du Gard, président du consistoire de Saint-Chaptes, pasteur de
l'église réformée, à Saint-Geniês-de-Magloire (Gard). — Doué, docteur -
en médecine, médecin principal de la marine, à Toulon-sur-Mer. —
Duhamel, avocat à la Cour de Paris, chef du cabinet du président de
la République, membre du conseil général du Pas-de-Calais. — De Hé-
rédia, président du conseil municipal de Paris. — Foussier, négociant,
à Paris. — Herpin, docteur en médecine, à Livry (Seine-et-Oise). —
Jean, membre du conseil municipal d'Albi, juge au tribunal de com-
merce, ancien sous-préfet, manufacturier à Albi (Tarn). — Joly (Albert),
avocat, député, membre du conseil municipal de Versailles. — Lagache-
Saint-Gest, avocat, ancien sous-préfet de BouIogne-sur-Mer (Pas-de-
Calais). — Le Plé, docteur en médecine, à Rouen. — Masse, membre
du conseil municipal de Paris, avoué près le tribunal civil de première
instance de la Seine, à Paris. — Martin (Antide), membre du conseil
municipal de Paris, ancien notaire, à Paris. — Neumarck, membre du
conseil municipal de Reims, président du conseil des prud'hommes, à
Reims. — Poulie, avoué, membre du conseil municipal d'Amiens, pré-
sident de la chambre des avoués, à Amiens. — Roche, pharmacien...
LIV
en 1817, par la réunion de deux puissances rivales du rite
écossais, qui fut due particulièrement au zèle du duc Decazes.
Le Suprême-Conseil du rite écossais ancien accepté a une
constitution beaucoup plus autoritaire que le Grand-Orient. Ses
membres sont élus à vie et se recrutent eux-mêmes ; le pouvoir
qu'il exerce sur les ateliers de son obédience est également beau-
coup plus énergique.
Le Suprême-Conseil, sous la Restauration et la monarchie de
juillet, groupait la partie la plus avancée de la Maçonnerie, parce
qu'il avait mieux su se soustraire à la tutelle des pouvoirs poli-
tiques, que le Grand-Orient avait acceptée en recevant ses grands
maîtres et grands maîtres adjoints des mains du gouvernement.
Mais aujourd'hui, en raison de sa constitution plus fermée, le
Suprême-Conseil perd rapidement son influence. Beaucoup de
loges, qui pratiquent d'ailleurs le rite écossais, l'ont abandonné
pour passer dans l'obédience du Grand-Orient (1).
Depuis plusieurs années une lutte sourde d'influences existe
entre le Grand-Orient et le Suprême-Conseil du rite écos-
___________
...membre du conseil d'arrondissement et du conseil municipal, a Roche-
fort-sur-Mer. — Rousselle (André), membre du conseil générai de l'Oise,
avocat à Paris. — Sarrat, négociant, à Bordeaux. — Thiault, avocat, à
Belfort (Haut-Rhin). — Thulié, docteur en médecine, membre et ancien
président du conseil municipal , à Paris. —Valentin, sénateur, ancien
préfet du Bas-Rhin et du Rhône. — Vienol , avocat, agréé près le tribu-
nal de commerce de Rouen. — Wyrouboff, homme de lettres, à Paris.
En septembre 4880 les membres sortants ont été réélus à une forte ma-
orité, sauf M. Andrieux, qui a spontanément refusé toute candidature.
1 - Le Suprême-Conseil a actuellement pour très puissant prince sou-
verain, grand commandeur, grand maître, le F.: Crémieux, ancien
membre du gouvernement provisoire en 1848, et de la délégation de
Tours en 1870, A côté de lui figurent, dans le Suprème-Conseil,
les FF.: Jules Simon, Malapert, Emmanuel Arago, Allegri, comte Roger
du Nord, Zegelaar, Lebatteux , G. Guiffrey, Delongray, Schwalb, Ba-
gary, Proal, Mcigc, Sapin et Granvigne (Monde maçonnique, mars
1880).
LV
sais (1), et quand on rapproche les noms des membres de ces
deux corps, on s'explique facilement la division qui s'est produite
dans les rangs du parti républicain et a abouti à une rivalité ou-
verte entre deux hommes également considérables de ce parti et
également engagés dans la Franc-maçonnerie.
Sous l'influence de ces dissensions intestines, onze des princi-
pales loges parisiennes de l'obédience du Suprême-Conseil s'en
sont récemment séparées, et ont constitué, au mois de février
1880, une puissance maçonnique nouvelle sous le titre de Grande-
Loge symbolique écossaise. Par une étrange coïncidence, le pré-
fet de police, qui a donné cette autorisation aux loges révoltées
contre le Suprême-Conseil, s'est trouvé être un des membres les
plus importants du Grand-Orient (2) !
___________
1 - Voir dans le Monde maçonnique de 1875 un échange de corres-
pondances fort aigres entre le Grand-Orient et le suprême conseil.
2 - Dans les derniers jours de février 1880, le Siècle, qui est dans la
presse profane l'organe officieux du Grand-Orient, a annoncé ce fait par
la note suivante :
« Depuis dix-huit mois un grand nombre de loges du rite écossais lut-
taient contre le Suprême-Conseil, pour obtenir dans leur constitution des
réformes dont la légitimité ne saurait être contestée.
« Il s'agissait d'obtenir pour l'assemblée des députés élus annuelle-
ment par les ateliers :
« 1° L'élection de son président;
« 2° Le libre choix de son ordre du jour ;
« 3° Le droit de fixer les époques de ses réunions.
« Le Suprême-Conseil répondit à ces demandes par de nombreux dé-
crets de radiations de loges et de maçons des contrôles du rite.
« C'est dans ces conditions que onze des plus vieilles loges du rite,
prenant une initiative heureuse, ont eu la pensée de constituer en
France une Grande-Loge symbolique indépendante.
« Une demande adressée dans ce sens, le mois dernier, à M. le mi-
nistre de l'intérieur, a été favorablement accueillie, et M. le préfet de
police, M. Andrieux, vient de faire savoir aux intéressés, que la Grande-
Loge symbolique écossaise était autorisée à fonctionner en France dans
les mêmes conditions que le Suprême-Conseil et le Grand-Orient de
France.
« Les onze loges confédérées sont les suivantes :
« Les Amis de la Vérité, la Jérusalem écossaise, la Justice, les Hos-
pitaliers de Saint-Ouen, les Vrais Amis fidèles, la Ligne droite, l'Ecos-
saise n° 133, Union et Bienfaisance, la Franche Union, la Sincérité.
LVI
Quant au rite de Misraïm ou rite égyptien, qui doit son
origine à Cagliostro, puis s'est propagé de nouveau en France
en 1816, il renferme surtout des juifs. Il n'a plus actuellement
une grande importance.
La même organisation avec la même variété de rites et de
puissances maçonniques, existe dans les autres pays.
Depuis que les gouvernements en sont venus à reconnaître la
Franc-maçonnerie ou officieusement ou officiellement comme en
Angleterre, et en France même depuis 1861, les différents Grands-
Orients ou Grandes-Loges font coïncider les limites de leur obé-
dience avec celles des États où ils sont établis. Il y a ainsi un
Grand-Orient de Belgique, un Grand-Orient de France, un
Grand-Orient d'Angleterre, etc. Aux États-Unis, il y a trente-
huit Grandes-Loges, autant que d'États.
Mais cette division des obédiences, nous le répétons, n'empê-
che nullement l'unité de la Maçonnerie. Des traites et des unions
spéciales assurent à tout franc-maçon affilie dans une loge d'un
rite quelconque l'exercice de ses droits maçonniques dans les
loges du monde entier et lui donne droit à leur appui. Nous au-
rons, d'ailleurs, bientôt à examiner si par dessus tous les Grands-
Orients il n'existe pas un directoire secret, qui les réunit en
faisceau.
D'après les statuts du Grand-Orient de France, arrêtés en
1772 et révisés en 1799, l'ordre des francs-maçons a pour
LVII
objet « l'exercice de la bienfaisance, l'étude de la morale uni-
ce verselle, des sciences et des arts, et la pratique de toutes les
« vertus. »
C'est en 1854 seulement que l'on a ajouté ce paragraphe addi-
tionnel : « Il a pour base l'existence de Dieu, l'immortalité de
l'âme et l'amour de l'humanité » ; c'est ce paragraphe qui a été
supprimé après une longue discussion en 1877, comme une dé-
viation du véritable esprit de l'ordre.
La Franc-maçonnerie se présente donc, dans ses statuts, comme
ayant à la fois pour but l'exercice de la bienfaisance et l'étude
de la morale universelle.
Sur le budget dont elles disposent, les loges font un certain
nombre d'oeuvres de philanthropie. Elles ont, au XVIIIe siè-
cle, inventé cette expression, ainsi que les fêtes de bienfaisance.
Une publicité retentissante en est le caractère essentiel et
distingue ainsi radicalement cette bienfaisance de la charité chré-
tienne.
Les loges accordent aussi des secours à leurs membres, mais
sans leur reconnaître aucun droit à cette assistance pécuniaire ;
elles posent même en principe l'exclusion des pauvres :
« Rappelons-nous, dit le Fr. : Ragon, que la Maçonnerie n'a pas
constitué un corps d'individus vivant aux dépens des autres. Les men-
diants qui s'associent pour faire de la misère oseraient-ils avouer
dans quel but ils se font recevoir ? Ils viennent audacieusement
vous imposer leur détresse et le poids de leurs vices, sans avoir été
utiles â l'ordre par aucun talent, par aucune vertu. Cette lèpre hi-
deuse de la Maçonnerie en France montre la coupable négligence des
loges, surtout de celles de Paris. Ne présentez jamais dans l'ordre,
LVIII
disait le F.: Beurnonville, que des hommes qui peuvent vous pré-
senler la main et non vous la tendre (1). »
En 1861, le ministre de l'intérieur, M. de Persigny, crut re-
connaître dans la Franc-maçonnerie une institution charitable et la
compta parmi « les associations de bienfaisance qui méritent toute
la sympathie du gouvernement pour les bienfaits qu'elles répandent
dans le pays. » La Maçonnerie a repoussé cette qualification, qui,
quelque bienveillante qu'elle fût pour elle, aurait pu donner une
fausse idée du véritable esprit de l'ordre. Ses représentants
écrivirent en ces termes au ministre pour rectifier ses idées :
t Nos pères, il y a bien des siècles, se sont réunis sous d'anciens
rites, non pour exercer la charité, mais pour chercher la vraie lu-
mière... Votre Excellence, j'en suis sûr, ne nous fera pas un re-
proche de poursuivre un tel dessein ; mais enfin il y a loin de là
à une société de bienfaisance. La charité est la conséquence de nos
doctrines et non le but de nos réunions. »
Le caractère de société de bienfaisance n'est donc que très-
accessoire dans la Franc-maçonnerie, et ses libéralités sont abso-
lument insignifiantes, quand on les compare à ses ressources et
au nombre de ses membres (2). Là où elles ont quelque im-
portance, elle sont une arme de parti (3).
___________
1 - Cours philosophique des initiations anciennes et modernes, p. 368.
2 - Pour les preuves de ce que nous avançons sur l'insignifiance des
secours donnés par la Maçonnerie, voir le remarquable ouvrage du
R. P. Gautrelet, La Franc-Maçonnerie et la Révolution (in-8°, Lyon,
1872), p. 166 à 174.
3 - L'extrait suivant des délibérations de la loge les Philadelphes, de
Verviers, en 1874, reproduit avec approbation dans le Bulletin du...
LXI
La contradiction entre les faits et les déclarations affichées
dans les statuts généraux du Grand-Orient est devenue tellement
criante, que le Monde maçonnique, dans son numéro de décem-
bre 1879, a cru devoir élever la protestation suivante :
« Aux termes de l'article premier de la constitution du Grand-
Orient de France, la Franc-maconnerie est une institution essen-
tiellement philanthropique. Examinons donc si nous sommes
philanthropes dans l'acception de notre devise : liberté, égalité,
fraternité. Lors des admissions dans notre ordre, la position so-
ciale n'est-elle pas souvent mise en première ligne, et par suite,
sous le prétexte qu'un ouvrier n'est pas libre, ne refuse-t-on pas
de l'initier ? Mais alors l'égalité n'est plus qu'un vain mot ; on
pourrait en dire autant de la fraternité. »
Juste pour vous rappeller qu'ont se fout de votre gueules
Mais la Franc-maçonnerie est, sous un autre rapport, une véri-
table société d'appui mutuel. En échange de l'obligation du se-
cret pour tout ce qui se passe dans les loges et de l'obéissance
absolue jurée aux supérieurs de l'ordre, chaque franc-maçon a
droit à l'appui de tous ses frères dans tous les pays du monde.
Il la réclame en faisant le signe de détresse.
Cette assistance-là, pratiquée très-largement, est une des cau-
ses qui contribuent le plus au développement de la Maçonnerie.
Les frères s'entraident dans toutes les rencontres de la vie civile
___________
...Grand-Orient de Belgique, montre ce que sont en réalité la fraternité et
la bienfaisance maçonniques :
« Secours à donner aux belligérants espagnols. La loge a décidé de
ne pas souscrire à l'Œuvre de la Croix-Rouge en vue de secours à por-
ter aux belligérants espagnols, parce que ces secours devaient aller indif-
féremment aux constitutionnels et aux carlistes.Elle n'a pas voulu encou-
rager indirectement les carlistes, qui faisaient la guerre en brigands et
qui étaient armés par le despotisme et la théocratie. » (Reproduit par le
Courrier de Bruxelles du 1er septembre 1879.)
LX
et se piquent les uns vis-à-vis des autres d'une bonne foi dont ils
se jugent probablement dispensés vis-à-vis des profanes (1). Les
Voyageurs trouvent, grâce à elle, des relations jusque dans les pays
les plus lointains, et l'on nous signalait naguères un armateur
qui, pour le placement de ses cargaisons, avait reconnu l'avan-
tage d'employer des capitaines francs-maçons.
Dans les villes, à Paris notamment, bien des commerçants
inscrivent un insigne maçonnique sur leurs enseignes, pour s'at-
tirer la clientèle des frères. Au barreau, dans la médecine, l'affi-
liation est un incontestable moyen de succès. Enfin les loges
s'emploient pour procurer à leurs membres l'accès des fonctions
publiques et les faire arriver dans les élections politiques.
On trouvera dans un des chapitres de ce livre (Liv. II,
chap. XIII, § 2) le texte complet d'un arrêté du Grand-Orient
de Belgique, pris en 1856, pour déterminer le mode de contrôle
que les loges devront exercer « sur ceux de leurs membres
quelles ont fait entrer dans les fonctions politiques », et sur le
choix des candidats aux fonctions électives. Ce n'est pas là un
fait particulier à la Belgique. La même chose se pratique clans
tous les pays où les loges ont pris pied.
La Maçonnerie est ainsi une société dans la société générale,
un État dans l'État.
Ce caractère d'association d'appui mutuel est la cause du grand
nombre de francs-maçons que l'on trouve en Angleterre et sur-
tout aux États-Unis. Dans ces pays, où le Protestantisme domi-
nait exclusivement jusqu'à ces dernières années, la Maçonnerie
___________
1 - Dans le serment de l'apprenti tel qu'il était prêté en France dans
certaines loges à la fin du XVIIIe siècle, le récipiendaire jurait « de ne
jamais toucher ni femme, ni sœur, ni enfant de frère », sous les peines
terribles auxquelles il venait de s'engager. Cet engagement caractérise
l'époque. On nous assure qu'en Angleterre celte obligation spéciale est
toujours rigoureusement observée entre les francs-maçons.
LXI
ne s'est pas trouvée en conflit avec une religion positive capable
de se défendre (1). Elle a ainsi peu à peu perdu, dans la plus
___________
1 - Les considérations suivantes d'un journal américain, écrites au
sujet du grand nombre des incrédules dans les pays catholiques, expli-
quent fort bien le phénomène moral que nous signalons dans le texte :
« L'Église catholique a cela de commun avec son divin fondateur et
maître, qu'elle attire l'amour ou la haine de ceux sur lesquels elle exerce
son pouvoir. Elle ne peut pas abandonner sa mission surnaturelle, qui
est d'enseigner la vérité au monde, de dévoiler l'erreur, de combattre le
mal sous toutes ses formes, et, par la pratique de la vertu, de conduire
le plus grand nombre d'hommes possible à la récompense et au bonheur
du ciel.
« Le catholique élevé dans un milieu catholique ne peut pas compren-
dre la religion en dehors du Catholicisme. Lorsque ses passions, son am-
bition ou son orgueil l'ont détourné de la pratique de ses devoirs, il
abandonne ordinairement toute espèce de religion ; puis, afin de s'étour-
dir soi-même, il parle contre l'idée religieuse, et, parce que tout le con-
damme autour de lui, les mœurs, les usages, les dévolions particulières,
il finit par s'attaquer à l'Église catholique elle-même, sachant bien que
seule elle représente la vraie idée religieuse.
« Dans les pays protestants, la même lutte ne peut pas existe». puis-
qu'au lieu de deux catégories bien tranchées d'enfants soumis et d'enfants
révoltés, il est facile de compter cent classes d'opinions différentes sous
le rapport religieux.
« Le Protestantisme n'est pas la religion, n'est pas une forme spéciale
de religion, et pourrait être défini un mélange d'irréligion et de religiosité.
« Un homme qui se dit protestant ne fait pas connaître, par cette pro-
fession de foi, quelle est sa croyance, ni quelles sont les vérités qu'il
admet, ni à quelles obligations il se soumet.
« On peut être protestant de beaucoup de façons différentes : les épis-
copaliens, les méthodistes, les luthériens, les baptistes, les presbytériens
sont autour de nous pour nous le dire. Le seul principe commun à tous
est l'inspiration privée et la libre interprétation de la Bible, permettant
à chacun de croire ou de rejeter ce que bon lui semble.
« Le Protestantisme conduit logiquement à l'indifférence en matière
de religion. Aussi le sceptique et l'incrédule ne prennent-ils pas la
peine d'attaquer le Protestantisme, qui ne les gêne nullement, puisqu'il
leur laisse leur liberté de ne pas croire.
« La lutte entre l'infidélité et la religion suppose une foi solide pro-
fondément ancrée dans l'âme, ou un fanatisme imbu de préjugés, enra-
ciné dans les mœurs d'un pays. Le système actuel du Protestantisme ne
LXII
grande partie de ses loges, le caractère violemment impie et
révolutionnaire qu'elle y avait au début et qu'elle a gardé sur le
continent (1).
Pas de moralité dans la lutte
En effet, quand, dans leurs statuts imprimés, les Grands-
Orients prétendent « que la Franc-maçonnerie ne s'occupe ni des
« diverses religions répandues dans le monde, ni des constitu-
« tions des États ; que dans la sphère élevée où elle se place, elle
« respecte la foi religieuse et les sympathies politiques de chacun
« de ses membres, » ils mettent sur son enseigne un trompe-l'œil
destiné à attirer les simples et à tromper les gouvernements dé-
bonnaires.
Son véritable esprit, sa doctrine réelle, sont exprimés dans les
rituels ou tuileurs propres à chaque grade et dont la connais-
sance a été aussi longtemps que possible dérobée aux profanes.
___________
comporte ni l'une ni l'autre de ces conditions. Ce qui tend surtout à do-
miner dans un pays protestant, c'est, avec la recherche du bien-être
matériel et le décorum de la respectabilité, une apathie générale et l'in-
souciance religieuse. »
(Propagateur catholique de la Nouvelle-Orléans, 23 août 1879.)
1 - Ce qui est dit au texte ne doit s'entendre que des loges symboli-
ques et de celle Maçonnerie que nous pourrions appeler quasi-publique.
Il existe dans ces pays des associations maçonniques violemment hos-
tiles au Christianisme et à l'ordre social. Voyez par exemple plu-
sieurs indications que nous avons consignées dans l'ouvrage des États-
Unis contemporains, chap. XXI, chap. XXIII, § 7, et chap. XXVI,
§ 2. D'ailleurs comme toutes les loges maçonniques sont en com-
munion intime et fraternisent avec ces associations et qu'elles pro-
pagent par l'essence même de leur institution l'indiffèrenlisme reli-
gieux, elles sont également condamnées par l'Église. Voir, en ce qui
touche les États-Unis, les actes du premier et du second concile national
de Baltimore, en 1851 et 1866, et un important article du Catholic
Quarterly review, de juillet 1878, Secret societies in the United States.
En Angleterre, les évêques ont, à plusieurs reprises, déclaré que les cons-
titutions du Siège apostolique emportant l'excommunication contre tous
les francs-maçons s'appliquent aux loges de ce pays.
LXIII
Or cette doctrine est essentiellement hostile à la religion chré-
tienne et au maintien de l'ordre des sociétés civiles. C'est le pan-
théisme dans ses diverses formules, variant depuis le Spinozisme
jusqu'aux brutalités du positivisme moderne. Les six chapitres
qui forment le premier livre de cet ouvrage en fourniront la
démonstration péremptoire.
L'action de la Maçonnerie dans les différents pays est sans
doute affectée par les circonstances propres à chaque peuple; on
vient d'en avoir la preuve à propos de l'Angleterre. Dans le
développement d'une situation historique comme dans la formation
de l'état moral d'une âme, des causes multiples viennent mêler
leur influence à l'action des causes dominantes, et il faut savoir
reconnaître les unes et les autres. Nous n'hésitons pas à le répé-
ter, ce serait une grave exagération que de voir uniquement dans
l'histoire l'action des sociétés secrètes. La vérité est que cette
action est UN des facteurs importants des événements et qu'à cer-
tains moments ce facteur a été prépondérant.
Ainsi actuellement, en France et dans une partie de l'Europe,
l'enseignement irréligieux donné à la jeunesse depuis un siècle
et la presse impie ont fait leur œuvre : une fraction considérable
de la nation est imbue de préjugés et d'idées fausses, qui corres-
pondent trop bien aux secrets désirs des passions, pour ne pas se
propager comme d'eux-mêmes. Bien des gens ont toutes les idées
de la Maçonnerie avant d'être affiliés dans ses loges. C'est évi-
demment là un état de choses dont il faut tenir compte pour la
solution pratique de certaines questions de gouvernement. Mais il
n'en est pas moins vrai que cette situation est le résultat de la
propagande des sociétés secrètes au XVIIIe siècle et dans la pre-
mière moitié de celui-ci. Actuellement encore, sans parler de son
action dans les sphères des relations internationales, la Maçonnerie
donne à tous ces mauvais éléments une direction autrement pré-
cise pour le mal qu'ils ne l'auraient s'ils étaient livrés à eux-
mêmes ; elle empêche l'action médicatrice exercée constamment
sur la société par l'Eglise.
LXIV
D'ailleurs, même dans les pays où la Maçonnerie semble amor-
tie , même aux époques où les circonstances l'empêchent de
conspirer contre l'ordre social, elle n'en exerce pas moins une
action doctrinale considérable qu'on ne peut négliger.
Fin du chapitre.
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