L'ESPRIT MAÇONNIQUE
Des suggestions lancées dans le public par la Franc- Maçonnerie et
des mots qu'elle met en circulation, naît l'esprit maçonnique.
«
Telle est la sagesse avec laquelle l'esprit du mal a dressé ses
embûches, qu'il égare des esprits droits, qu'il les fascine au point de
s'en faire des défenseurs. Il s'opère sous nos yeux ce qu'on verra au
dernier jour : un grand mystère de séduction. Il semble, si cela était
possible, que les élus mêmes n'y échapperaient pas. »1864, Mgr Meirieux
Plus
d'un siècle s'est écoulé depuis que ce cri d'alarme s'est fait
entendre. Combien, depuis, le mouvement des esprits s'est accéléré et
rend l'avertissement plus pressant !
La franc-maçonnerie, au vu et
au su de tous, est maintenant arrivée à l'apogée de la puissance. Elle
fait ce qu'elle veut, même ce qui, il y a peu d'années encore, eût paru à
tout jamais impossible.
Pour expliquer ce succès, il ne
suffit point de dire que la maçonnerie est une société très savamment
organisée, pourvue de moyens puissants pour arriver à ses fins, et ayant
souvent compté en son sein des hommes d'une merveilleuse habileté.
L'Eglise qu'elle veut détruire ne lui cède en rien. C'est la Sagesse
même de Dieu qui l'a constituée et organisée, et les saints ont au
moins, pour le bien, le zèle et l'inspiration que les suppôts de Satan
ont pour le mal. Sans doute, la maçonnerie jouit du bénéfice que lui
donne le mystère dont elle s'enveloppe. Elle ne dévoile point ses
desseins, même à ceux qu'elle charge de les exécuter. Mais si le secret a
pour le mal ses avantages, la pleine lumière du bien et de la vérité en
a de plus grands.
Il faut donc chercher ailleurs
l'explication de la puissance à laquelle la franc-maçonnerie est
parvenue. Cette explication se trouve, dans les complicités qu'elle se
crée en dehors de ses loges, par ses suggestions. Elle obtient par là
que tous ou presque tous, nous la secondions Par l'organisme qu'elle
s'est donnée, la franc-maçonnerie a trouvé moyen de se procurer, dans
toutes les classes de la société, d'innombrables complices qui,
alors même qu'ils la détestent, travaillent avec elle et pour elle. Et
cela, par la propagande des idées qu'elle a intérêt à répandre.
Elle s'en vante !
«
. . . La franc-maçonnerie, dit Une circulaire, a été jusqu'ici une
vaste école, où des hommes de toutes classes et de toutes les opinions,
athées ou déistes sont venus s'instruire, se former pour les bons
combats de la démocratie. Malgré la diversité de leurs origines et de
leur condition, des doctrines communes les incitaient à parler ou à
agir, dans le monde profane, conformément aux enseignements reçus dans
les loges. La franc-maç.:. fui leur inspiratrice, et cest grâce à leur
coopération qu'elle imprégna la société contemporaine de sa pensée. Si
notre Ordre renonçait à son rôle historique, à sa mission de propagande
parmi tous les hommes conscients, sans exception de croyance ou
d'opinion, elle prononcerait elle même sa condamnation. »
Qui parle ainsi ?
Le conseil de l'Ordre du Grand-Orient
La secte viendra à bout de ses entreprises, elle ruinera tout l'ordre religieux, tout l'ordre civil, tout l'ordre familial, si le public continue à prêter l'oreille à elle et à ses organes.
Comme
le disait un jour Léon XIII aux pèlerins français, la chose la plus
urgente est de nous débarrasser du joug de la francmaçonnerie. Et
surtout du joug intellectuel, qui, depuis deux siècles pèse sur nous.
Or, pour en débarrasser le pays, il faut d'abord que chacun y soustraie
son propre cou. Personne n'y portera les mains avant d'avoir constaté la
présence de ce joug sur ses épaules. Il faut donc faire voir à chacun
qu'il en est chargé, et lui montrer qu'il a contribué à en charger ses
frères, afin de lui donner la volonté de s'en défaire et de les aider à
s'en défaire à leur tour.
Qu'est-ce donc que le Maconnisme?
C'est l'esprit naturaliste.
La
franc-maçonnerie poursuit la substitution de l'ordre naturel à l'ordre
surnaturel, dans les idées et dans les moeurs, dans les personnes et
dans les institutions. Le maçonnisme est cette substitution, à ses
divers degrés d'avancement dans les âmes et dans la société.
Du
côté du coeur, il trouve les portes ouvertes devant lui. La nature est
en chacun de nous avec les concupiscences et les passions que le péché y
a perverties. « Ah! fidèles, s'écrie Bossuet, ne craignons pas de
confesser ingénument nos infirmités, avouons que notre nature est
extrêmement languissante. Quand nous voudrions le dissimuler ou le
taire, toute notre vie crierait contre nous.. D'où rient que tous les
sages s'accordent t à dire crue le chemin, du vice est glissant? D'où
vient que nous connaissons par expérience que non seulement nous y
tombons de nous mêmes, mais encore que nous y sommes entraînés?
au
lieu que pour monter à cette éminence où la vertu établit son trône, il
faut se raidir et bauder les nerfs avec une incroyable contention.
Après cela, est-il malaisé de connaître où nous porte le poids de notre
inclination dominante? et qui ne voit que nous allons au mal
naturellement » « Cette maudite concupiscence, dit-il ailleurs,
corrompt tout ce qu'elle touche Et ailleurs encore il signale jusque
dans les saints « cet attrait du mal ».
La franc-maçonnerie ne se trompe pas en plaçant ses espérances sur la perversion du coeur humain.
«
Le rêve des sociétés secrètes, disent les Instructions de la
Haute-Vente, s'accomplira par la plus simple des raisons, c'est qu'il
est basé sur les passions humaines, »
Tous les hommes, sans
exception, se sentent, à certains moments, du moins par les tentations
qu'ils éprouvent, de connivence avec le parti qui veut rendre à la
nature l'empire que le paganisme lui avait reconnu et que le
christianisme travaille à lui ravir. Cette disposition qui prépare la
réalisation des desseins de la secte, peut bien être appelée MAÇONNISME,
maçonnisme du coeur, qui fait incliner l'homme vers tout ce qui flatte
la nature, et le fait contribuer dans la mesure où il s'y abandonne, au
triomphe que la secte veut lui procurer sur le surnaturel
L'homme
vertueux ne lui apporte qu'un faible concours, parce qu'il combat plus
qu'il ne cède; mais la multitude, affamée de jouissances, a toujours
l'oreille tendue vers qui lui promet de lui en donner, et elle est
toujours prête à se ruer sur ses pas.
On peut encore
appeler maçonnisme du coeur cette pusillanimité qui empêche tant
d'honnêtes gens, tant de bons chrétiens de se montrer ce qu'ils sont.
Tandis que les mécfiants s'affichent et affirment avec audace les
erreurs politiques, sociales et religieuses qui nous mènent à l'abîme,
les bons sont mus par des peurs qui se résument dans celle d'être pris
pour ce qu'ils sont. Que de fois on a vu cette crainte amener au point
de dire et même de faire ce que l'adversaire veut taire dire et faire
faire!
Au maçonnisme du coeur, vient se joindre le maçonnisme de
l'esprit. Il est devenu, de nos jours, presqu'aussi général et il est
bien plus dangereux, parce que, n'éveillant point autant que le premier
les susceptibilités de la conscience, beaucoup laissent entraîner,
souvent sans le savoir, et s'y abandonnent sans remords. 11 est aussi
plus propice à la secte, il la seconde plus efficacement, car les idées
ont un empire plus étendu et plus durable que les moeurs. Aussi s'y
applique-t-elle avec un soin tout particulier. « Il faut, — est-il dit
dans les Instructions que la Haute-Vente doit transmettre et faire
passer de proche en proche, — il faut glisser adroitement dans les
esprits les germes de nos dogmes. » L'action exercée sur la jeunesse par
ceux qui l'instruisent ou qui l'approchent, tant recommandée aux
Quarante et par eux à toute la secte, contribue assurément, pour une
grande part, à la corruption des idées dans la société .L'empreinte
reçue aux premiers jours de la vie s'efface difficilement et l'homme
conserve généralement flans l'âge mûr. les préjugés qui ont d'abord pris
possession de son intelligence. pour les adultes, c'est par la presse
et par les tribunes de tout genre et de tout ordre, que se fait la
contagion du maçonnisme. Ne vous est-il point arrivé de rentrer, après
quelque interruption, en relations avec des personnes que vous avez
connues parfaitement chrétiennes d'idées et de sentiments. Quelques
instants d'entretien vous font demander : Est-ce bien l'ami d'autrefois ?
Il ne voit plus les choses sous le même aspect, il n'use plus du même
critérium pour les apprécier et les juger; et ses jugements nouveaux lut
inspirent d'autres sentiments; il n'aime plus ou il n'aime plus autant
ce qu'il aimait autrefois, il ne déteste plus ce qu'il détestait; sa
conduite, qui s'inspirait en ce temps des principes de la foi, est
guidée aujourd'hui par un rationalisme plus ou moins avoué.
D'où vient
ce changement ? Le plus souvent de l'effet produit sur son esprit par le
journal gu'il a l'habitude de lire. Par les journaux se produisent dans
le public des courants d'opinions, des manières de penser et de faire
qui gagnent de l'un à l'autre et finissent par constituer l'atmosphère
morale où tous se trouvent plongés, l'air ambiant que tout respirent.
Les
livres, les romans, les ouvrages de vulgarisation scientifique, les
conversations et les exemples le vicient de jour en jour et en font un
poison dont les tempéraments les plus vigoureux ont peine à se défendre.
le
maçonnisme, franc on raffiné, par les publications auxquelles elles
s'abonnent inconsidérément! Aussi sont-ils bien rares aujourd'hui les
esprits entièrement vides et purs de naturalisme, de rationalisme et de
libéralisme, autrement dît d'esprit maçonnique.
La secte se vante
de répandre la lumière dans le monde. Ce mot peut servir à faire bien
comprendre ce qu'est le maçonnisme et comment il arrive à pénétrer plus
ou moins dans tous les esprits. La, lumière est directe ou diffuse. Là
où le soleil envoie ses rayons sans rencontrer d'obstacle, elle est elle
même dans la plénitude de son être et dans toute sa puissance. Mais
lorsqu'elle rencontre un écran, elle s'infléchit, se répand obliquement
dans les lieux voisins et s'atténue de plus en plus à mesure qu'elle
s'éloigne du point d'incidence, du foyer que les rayons directs
alimentent. Ainsi la maçonnerie, ce foyer ténébreux d'erreurs et de
perversité étend son influence bien au delà de ses loges, répand la
nuit dans les intelligences même très distantes de son action, imprègne
tellement la société d'idées fausses, que toutes les erreurs se
propagent aujourd'hui comme d'elles-mêmes.
Le maçonnisme
intellectuel, c'est donc un ensemble d'idées émanées de la
franc-maçonnerie, répandues par elle dans l'atmosphère des esprits,
respirées et bientôt tenues, professées et pratiquées par une multitude
de personnes qui ne peuvent être appelées « maçons », puisqu'elles ne
sont pas inscrite sur les registres d'aucune loge, qu'elles ne se sont
pas fait initier, qu'elles n'ont point prêté serment à la secte; mais
qui lui appartiennent par les idées qu'elles ont accueillies dans leur
intelligence et qu'elles propagent autour d'elles, par leurs écrits, par
leurs discours et par leurs actes, par l'influence qu'elle exercent sur
l'opinion, sur la vie de famille, sur l'enseignement, sur les
divertissements publics et les oeuvres sociales, sur la législation et
les relations internationales, sur tout, en un mot, et qui contribuent ainsi puissamment au progrès de l'oeuvre maçonnique qui est la ruine de la société.
L’esprit
maçonnique s'est le plus donné carrière et a fait les ravages les plus
pernicieux. Les principaux objets de ses observations sont : la
religion, l'Etat, la famille, l'enseignement, etc., etc.
1° La
religion. Nous avons entendu la maçonnerie dire dans ses loges que le
but auquel doivent tendre tous ses efforts est d'anéantir la religion,
et même toute idée religieuse. En public, elle se contente généralement
parlant, de mettre dans les esprits cette persuasion, que la religion
est affaire purement individuelle dont chacun décide dans son for
intérieur : l'homme est libre de servir et d'adorer Dieu de la manière
qui lui paraît la meilleure. Par là elle accrédite, elle propage
l'indifférentisme religieux qui devient bientôt l'absence de toute
religion ; elle proclame la liberté de conscience, la liberté des cultes
et le droit de les discréditer. Beaucoup de conservateurs se laissent
séduire au point d'appeler ce maçonnisme Un progrès.
2° L'Etat. L'erreur relative à l'Etat qu'adopte le maçonnisme est celle-ci : l'Etat est souverain, d'une Souveraineté
absolue. C'est en lui-même, et non en Dieu, qu'il trouve la source de
son autorité. Il n'a à reconnaître d'autre sujétion que celle que lui
imposent ses propres lois. est l'auteur du droit, n on seulement dans
son domaine, mais dans celui de la famille, de la propriété, de
l'enseignement. Il fait les lois, et ces lois qui disposent ainsi de
toutes choses ne peuvent émaner d'une autre autorité que de ,la
sienne. Ce que la majorité des suffrages déclare bon est bon, ce qu'elle
déclare vrai est vrai. Devant ses arrêts, il n'y a qu'à courber la
tête, alors même que les droits de la conscience religieuse sont
outragés. Cela est maintenant admis par la multitude. Pour elle, dès que
le mot « loi » est pionomé, tuit est dit.
3° La famille.
Le maçonnisme approuve l'institution du mariage civil et tout ce qui en
résulte, c'est-à dire qu'il accepte que l'Etat s'attribue le droit de
sanctionner l'union de l'homme et de la femme, d'en déterminer et d'en
prescrire les conditions, de dissoudre le lien conjugal comme il l'a
formé, il admet que l'Etat le substitue à Dieu qui a institué le mariage
à l'origine des choses, Dieu qui l'a élevé à la dignité de sacrement, à
l'Eglise le fondé de pouvoirs de Divin pour le réglementer, le
reconnaître et le bénir
4° La puissance paternelle. Le
maçonnisme considère l'exercice de l'autorité paternelle comme
n'appartenant aux parents qu'en vertu d'une concession supposée de la
loi civile qui peut le restreindre ou l'étendre à son gré. 11 reconnaît
comme légitimes les droits que l'Etat s'arroge sur l'éducation des
enfants et la répartition des héritages.
5 L'éducation. En
fait d'éducation et dans la direction qu'il lui donne, le maçonnisme
part du principe de la perfection originelle. L'enfant, selon lui, est
naturellement porté au bien et n'a qu'à suivre ses inspirations pour
être bon et vertueux. Cola est contredit, comme l'observe M. Le Play,
par la plus grossière des nourrices, comme par da plus perspicace des
mères. Elles constatent à chaque instant que la propension au mal est
prédominante chez le jeune enfant. N'importe, le maçonnisme ne s'appuie
pas moins sur ce faux dogme pour faire consister toc te l'éducation dans
l'instruction, pour interdire la correction, pour écarter renseignement
religieux, pour développer le sentiment de l'orgueil, et stimuler
l'ambition.
Dans l'enseignement, le maçonnisme n'admet pas
que la-science soit subordonnée au dogme, la vérité présumée et
hypothétique à la vérité fixe et absolue Il n'admet pas que celle-ci
serve de piene de touche pour vérifier celle-là. Le maçonnisme trouve
bon que l'enseignement soit obligatoire et neutre, c'est-à-dire que
l'Etat fasse passer toutes les âmes sous le laminoir de son enseignement
pour les maçoniser toutes; et s'il proteste contre le monopole absolu
de l'enseignement, s'il veut que soit conservée
Une
certaine liberté permettant d'échapper à l'enseignement de l'Etat, il
trouve juste que celui qui veut en user, non seulement se le procure à
?©s frais, mais soit tenu de contribuer à l'enseignement neutre; il
trouve bon que l'Etat ait le monopole des examens, qu'il ait le contrôle
des livres de l'enseignement
libre, qu'il ait son Index et
que par la il s'ingère très avant dans l'enseignement pi étendu libre.
Que l'Eglise enseigne ses dogmes à celui qui peut baptisé et exige de
lui l'adhésion de la Foi, le maçonnisme appelle cela oppression
despotique, servitude de la pensée, mais si l'Etat impose l'athéisme,
c'est à ses yeux, chose libérale.
6° La propriété. Le
maçonnisme reconnaît à l'Etat le pouvoir de déclarer nul le droit vie
propriété, lorsqu'il a pour objet les biens ecclésiastiques, la plus
sacrée de toutes les propriétés. 11 lui reconnaît le droit de faire dos
lois nous la transmission et la jouissance de la propriété privée, et
par là il achemine les
esprits et les institutions vers le socialisme d'Etat.
7° La bienfaisance. Le maçonnisme détourne l'attention et le coeur de l'homme des besoins principaux du
pauvre, de ceux de son âme. Il ne voit en lui que le corps, et parmi
les oeuvres de miséricorde, il n'admet que celles qui ont le corps pour
objet.
Il veut que le pain donné pour apaiser la faim, le vêtement
destiné à couvrir la nudité, la visite faite à l'indigent nu à
l'infirme, le remède offert au malade, n'aient d'autre fin que le
soulagement corporel;, il ne veut pas qu'au-dessus do cette fin
immédiate, il y en ail une autre : édifier l'âme, la perfectionner,
l'aider à obtenir les biens qui lui sont propres, la vérité, la ïrâce de
Dieu, le bonheur éternel. Et c'est pourquoi, s'il trouve mauvaise la
laïcisation des hôpitaux, des hospices, des orphelinats, c'est
uniquement parce qu'il constate expérimentalement que les soins des laïques ne valent pas ceux des religieux.
Il
ne regrette point l'absence des secours spirituels, il ne les reconnaît
point comme bienfaisants. Le maçonnisme tarit la vraie source de la
bienfaisance en dédaignant le vrai, le principal motif qui doit la
déterminer : l'amour de Dieu. Il veut que l'on aime l'homme pour
l'homme; il appelle cela de la philanthropie, il l'oppose à la charité
divine.
Pour obtenir le concours à ses oeuvres de philanthropie, le
maçonnisme, ignorant ou dédaignant les motifs d'ordre supérieur, a
recours à divers moyens, tous aussi misérables les uns que les antres.
Il s'efforce de stimuler la sensibilité naturelle, mais l'égoïsme lui
répond en faits, sinon en paroles, qu'il est moins désagréable de voir
souffrir son prochain que de s'imposer à soi-même des sacrifices. Il
ouvre des souscriptions publiques, et il se sert du respect humain pour y
faire contribuer par la crainte du ridicule et de la censure. Il
organise des fêtes de bienfaisance, marchés publics de sensualité, où
l'on prend occasion du malheur des autres pour se procurer du plaisir.
8°
L'art n'est pas plus que le reste hors des atteintes du maçonnisme.
L'art qu'il patronne, qu'il exalte est celui qui exprime et qui
surexcite les concupiscences qui animalisent l'homme, au détriment de
celui qui exprime les sentiments qui ennoblissent l'âme humaine, qui
relèvent sa dignité. Le maçonnisme est, à l'heure actuelle, tout à fait
dominant dans l'art. La poésie et le chant, la peinture et la sculpture
s'attachent de nos jours à flatter les sens, à amener les hommes à
chercher leurs joies dans ce qui les avilit et les souille, au lieu de
les élever aux joies de l'intelligence et de l'àme.Immense est
l'influence du maçonnisme artistique et littéraire. Il atteint toutes
les classes de la société, même les plus infimes, par le feuilleton,
l'affiche, les statues officielles, et les amusements publics qui ne
sont plus autre chose qu'une grande entreprise de corruption générale
On
le voit, le maçonnisme s'étend à tout. A l'heure actuelle, sa contagion
est si puissante et si étendue que quiconque voudra rentrer en
lui-même, faire l'inspection de ses idées et de ses sentiments, devra
reconnaître qu'il en est plus d'un et plus d'une qui sont altérés en
lui, qu'il n'a pas conservé entière la pureté
de la doctrine et du
sens catholique. C'est par cet affaiblissement graduel, méthodique, que
la secte espère arriver peu à peu à anéantir l'idée chrétienne dans le
monde. Le journal Opinion nationale écrivait sous le règne de
Napoléon III : « Il existe en certaines parties de l'Afrique et de
l'Amérique un insecte d'une activité et d'une fécondité effrayantes : le
pou de bois. C'est une bête molle, blanchâtre, sans résistance,
organisée qu'elle est pour vivre dans les ténèbres. Cependant,
lorsqu'elle s'attaque aux habitations, il faut toujours finir par lui
céder la place. Rien ne peut l'arrêter. Sans bruit, elle ronge solives,
poutres, madriers et jusqu'à la rampe de l'escalier. Vous appuyez
dessus sans défiance : le bois cède, sous les doigts. Les poux vont
ainsi creusant, creusant avec une activité incroyable et se multipliant
chaque nuit par milliers. Ils avancent. Au dehors nulle; tout conserve
l'apparence de la solidité, jusqu'à ce qu'un jour, au premier souffle de
la tempête, la maison tombe en poussière sur ses habitants surpris et
montre, au grand jour, l'innombrable et immonde fourmilière des poux,
grouillant sur les ruines. »
Cette vermine, sous la plume de Opinion nationale, c'était les Petites Soeurs des Pauvres., les Filles deSaint-Vincent de Paul et autres congréganistes. N'est-ilpas plus juste de voir sous cette figure le maçonnismeet son oeuvre? Les idées qui le constituentsont bien ces termites. Elles se répandent de procheen proche dans la société, la minent sans que l'ons'en aperçoive. Au jour de la tempête révolutionnaire,on la verra tomber; et tous, ceux qui auront propagéces idées, comme ceux qui n'auront point réagicontre elles périront sous ses ruines.
Combien de personnes, si elles voyaient ce travail obscur de destruction, reculeraient d'effroi!
Et
c'est pourquoi il est nécessaire et charitable de leur ouvrir les yeux,
de leur apprendre à traduire devant leur conscience les idées qui
hantent leur intelligence, et à se demander si, de cet examen, il ne
résulte pas qu'elles appartiennent, du moins par quelques tendances de
leur esprit, à l'âme de la franc-maçonnerie.
Car de même
que l'on distingue dans l'Eglise de Dieu le corps et l'âme, et que l'on
peut être du corps sans être complètement de l'âme, et réciproquement de
l'âme sans être dn corps; ainsi en va-t-il du Temple de Satan. Le corps, ce sont les loges et ceux qui s'y sont inscrits, l'âme, c'est le libéralisme et le
rationalisme, en un mot le naturalisme. Tous ceux qui en tiennent
appartiennent à l'àme de la secte dans la mesure où ils se sont laissé
déchristianiser l'esprit ou le coeur, ou le coeur et l'esprit
extrait du livre la conjuration anti-chrétienne vol II