Une brève histoire de l'avenir
Une brève histoire
de l’avenir est un ouvrage
de prospective
de Jacques Attali paru en 2006, chez Fayard (ISBN 2213631301).
Résumé Dans Une brève histoire
de l’avenir,
Jacques Attali raconte sa vision
de l’histoire des cinquante prochaines années. Le titre est un rappel
de celui du livre
de Stephen Hawking, Une brève histoire du temps.
Connaître le passé pour mieux anticiper l’avenir Le premier tiers du livre raconte à grand traits
l’histoire
de l’homme
de la préhistoire à
l’avènement du capitalisme
de 1200 à nos jours. Il met en perspective les trois ordres qui conditionnent le développement des sociétés humaines :
l’ordre rituel (religieux),
l’ordre impérial (militaire) et
l’ordre marchand (contrôle
de l’économie).
L’ordre marchand, c’est-à-dire celui du capitalisme libéral, s’est progressivement substitué aux ordres précédents, ceux des religions et ceux des empires.
Cet ordre marchand a connu neuf « cœurs » (neuf formes) successifs associés au développement
de neuf technologies dominantes : Bruges et le gouvernail d'étambot, Venise et la caravelle, Anvers et
l’imprimerie, Gênes et la comptabilité, Amsterdam et la flûte, Londres et la machine à vapeur, Boston et le moteur à explosion, New York et le moteur électrique, Los Angeles et le microprocesseur. Une ville devient « cœur » si elle réunit les moyens
de transformer un nouveau service en produit industriel. Son environnement immédiat est le milieu, le reste du monde est la périphérie.
La fin de l’empire américain La prospective commence au troisième chapitre annonçant la fin
de l’empire américain, autrement dit la fin
de la neuvième forme vers 2035. Apparaîtrait alors un univers polycentrique, avec neuf nations dominantes réparties sur chaque continent : les États-Unis, le Brésil, le Mexique, la Chine,
l’Inde, la Russie,
l’Union européenne,
l’Égypte, le Nigéria) dont certaines comme la Chine,
l’Inde ou le Nigéria (ainsi que d’autres pays créés artificiellement par la colonisation) pourraient se morceler à la manière
de l’URSS en 1991 pour faire apparaître plus
de 100 nouvelles nations. Le Japon,
l’Indonésie, la Corée,
l’Australie, le Canada et
l’Afrique du Sud devraient également jouer un rôle important.
La nomadisation
de la planète sera liée à des facteurs technologiques (Internet), démographiques (vieillissement
de la population des vieilles nations les obligeant à intégrer les populations du sud pour financer leurs retraites) et urbains (accroissement du nombre
de mégalopoles).
L’accroissement
de la population mondiale obligerait à doubler la production agricole mondiale.
L’urbanisation entraînerait partout la disparition des forêts sauf en Europe et en Amérique du Nord ou elles sont entretenues. Ce phénomène augmentera le taux
de gaz carbonique dans
l’atmosphère contribuant ainsi à augmenter le réchauffement climatique. La sécheresse qui surviendra alors fera
de l’
eau potable une rareté et réduira grandement la biodiversité.
L’hyperempire La planète deviendrait un monde sans États, marché mondial inquiétant et chaotique,
l’hyperempire (
l’extension
de la démocratie
de marché, avec ses règles impitoyables, allant jusqu’à la marchandisation du temps et du corps), suivi par un conflit et une démocratie mondiale, avec des standards revisités et un nomadisme
de plus en plus important.
Cet hyperempire sera dirigé par une classe dirigeante; les hypernomades. Dans leur sillage, des exécutants
de bon niveau, cadres, ingénieurs, chercheurs formeront la classe des nomades virtuels. Au nombre
de 4 milliards, ils seront sédentaires mais travailleront en réseau pour des entreprises nomades non localisées. Concernant le reste
de l’humanité, un effectif
de 3,5 milliards d’infranomades ne pourra pas être résorbé. Ils subsisteront à la limite du seuil
de survie
de 2 dollars par jour.
Dans ce monde futur, tout sera marchandise au profit
de l’individu consommateur, y compris le temps libre. La classe dirigeante des hypernomades regroupera tous ceux qui profiteront des possibilités
de jouissance
de l’hyperempire.
Cette situation aboutira à
l’hyperconflit. Les infranomades prendront les armes pour sortir
de leur esclavage, les anciennes frontières géographiques et nationales ressurgiront, les guerres entre religions et visions du monde reprendront avec toute leur force. Des armes
de plus en plus destructrices seront utilisées sans aucun contrôle global. Une situation qui pourrait mettre fin à
l’Humanité.
Cependant, son livre se termine sur des options
de construction positive et responsable
de leur avenir par les humains, rassemblées dans ce qu’il appelle
l’hyperdémocratie. Les bases
de la construction
de ce grand futur sont jetées : réseaux solidaires, démocratie participative, « entreprises relationnelles », ONG, micro-crédits, intelligence collective...
Le livre se termine, dans un retour brutal aux réalités d’aujourd’hui, par les réformes que
Jacques Attali voudrait voir mises en œuvre par les futurs vainqueurs des élections françaises. Sans ces réformes, le déclin
de la France, déjà amorcé, ne ferait que s’accentuer. Elle n’aurait aucune chance alors
de participer avec quelques succès aux compétitions
de l’hypermarché mondial.
Les bases
de ce futur sont déjà d’actualité. La multiplication d’entreprises criminelles, les microconflits actuels concernant
l’
eau, et la création d’« entreprises relationnelles » telles que la Croix-Rouge et Médecins sans frontières sont les prémices
de ce que
l’auteur a appelé respectivement hyperempire, hyperconflit, hyperdémocratie[1],[2].
À noter que Wikipédia sera
l’une des bases
de l’intelligence collective qui composera
l’hyperdémocratie. D’après
l’auteur : «
l’encyclopédie Wikipedia n’est pour
l’heure que
l’agrégat des intelligences
de ses auteurs, on y verra - on y voit déjà - naître par le travail
de tous, un résultat collectif différent
de ce que chacun a voulu y mettre ».
sOURCE ICI