PPDA aurait souhaité «punir» une maîtresse qui avait osé le quitter.«Il décide de l’humilier en parlant de sa sexualité et en donnant un portrait tout à fait déloyal, dénigrant mais crédible pour ses lecteurs»
Déjà soupçonné de plagiat pour sa biographie d’Hemingway, Patrick Poivre d’Arvor s’est fait taper sur les doigts mercredi par la justice qui l’a condamné pour avoir, dans l’un des ses ouvrages, porté atteinte à la vie privée d’une ex-compagne et pillé leur correspondance.
Le journaliste devra verser à Agathe Borne 25.000 euros de dommages-intérêts et 8.000 euros de frais de justice.
Par ailleurs, le tribunal de grande instance de Paris a «interdit toute réimpression, réédition et exploitation dérivée (…) notamment en format Poche» de l’ouvrage publié chez Grasset en 2009, «Fragments d’une femme perdue», qui s’est vendu à 75.000 exemplaires.
Même si Agathe Borne réclamait 150.000 euros de dommages-intérêts, une telle condamnation est relativement sévère. Pour Me Francis Teitgen, qui défend PPDA, le fait que le tribunal ne lui ait accordé qu’un sixième de ses demandes «démontre qu’il ne s’est pas laissé abuser par la nature marchande de sa démarche». L’avocat compte faire appel.
L’affaire remonte à 2009
L’ancienne star du 20 heures de TF1 publie alors un ouvrage intitulé «Fragments d’une femme perdue».
Très vite, Agathe Borne, jeune femme de 25 ans sa cadette avec laquelle il a eu une liaison de 2006 à 2008, se reconnaît entre les lignes et l’accuse d’avoir fait sans son autorisation le récit au jour le jour de leur relation et d’avoir publié certaines de ses lettres d’amour.
«Il a fait de sorte qu’elle soit parfaitement reconnaissable», avait dénoncé à l’audience du 8 juin Me Nathalie Dubois, en énumérant les innombrables points communs entre sa cliente et Violette, l’héroïne de l’ouvrage: de leur passion pour Henry Miller à leur tentative de suicide en passant par leurs avortements.
Certes, avait reconnu Me Teitgen, «il y a des parcelles d’Agathe Borne dans ce personnage», mais «la réalité de ce livre, c’est l’auto-fiction, (…) un genre littéraire qui vient mélanger la vie réelle et la vie rêvée, la réalité et un fantasme».
Pour Me Dubois, ce livre est au contraire «l’instrument d’une vengeance d’une rare perversité» de la part du journaliste, qui aurait souhaité «punir» cette maîtresse qui avait osé le quitter.
«Il décide de l’humilier en parlant de sa sexualité et en donnant un portrait tout à fait déloyal, dénigrant mais crédible pour ses lecteurs», avait plaidé l’avocate, «le lecteur ne peut départager entre la vérité et ce qui est inventé». «Submergée par la honte», Agathe Borne aurait, en un mois, convaincu son mari et ses enfants de partir aux Etats-Unis.
Dans son jugement, la 17e chambre civile du TGI de Paris lui a donné raison, estimant que «les procédés littéraires utilisés ne permettent pas au lecteur de différencier les personnages de la réalité, de sorte que l’oeuvre ne peut être qualifiée de fictionnelle».
Pour les magistrats, en effet, il y a bien trop de points communs entre les couples Patrick/Agathe et Violette/Alexis. Et ce n’est pas «la modification de leur prénom respectif» qui permet de verser du côté de la fiction.
Aux yeux du tribunal, les passages poursuivis par Agathe Borne touchant notamment à sa santé et à sa sexualité sont bien «attentatoires à sa vie privée», d’autant qu’elle ne s’est «jamais publiquement exprimée» sur ces faits «qui ne sont en rien notoires».
Concernant les lettres d’amour, le tribunal a jugé qu’Agathe Borne avait bien démontré, preuves à l’appui, qu’il s’agissait des siennes. Et en les reproduisant, PPDA s’est bien rendu coupable de contrefaçon, portant ainsi «atteinte aux droits d’auteur» de son ancienne compagne.
http://www.liberation.fr/societe/01012358471-ppda-condamne-pour-avoir-confondu-fiction-et-realite
Déjà soupçonné de plagiat pour sa biographie d’Hemingway, Patrick Poivre d’Arvor s’est fait taper sur les doigts mercredi par la justice qui l’a condamné pour avoir, dans l’un des ses ouvrages, porté atteinte à la vie privée d’une ex-compagne et pillé leur correspondance.
Le journaliste devra verser à Agathe Borne 25.000 euros de dommages-intérêts et 8.000 euros de frais de justice.
Par ailleurs, le tribunal de grande instance de Paris a «interdit toute réimpression, réédition et exploitation dérivée (…) notamment en format Poche» de l’ouvrage publié chez Grasset en 2009, «Fragments d’une femme perdue», qui s’est vendu à 75.000 exemplaires.
Même si Agathe Borne réclamait 150.000 euros de dommages-intérêts, une telle condamnation est relativement sévère. Pour Me Francis Teitgen, qui défend PPDA, le fait que le tribunal ne lui ait accordé qu’un sixième de ses demandes «démontre qu’il ne s’est pas laissé abuser par la nature marchande de sa démarche». L’avocat compte faire appel.
L’affaire remonte à 2009
L’ancienne star du 20 heures de TF1 publie alors un ouvrage intitulé «Fragments d’une femme perdue».
Très vite, Agathe Borne, jeune femme de 25 ans sa cadette avec laquelle il a eu une liaison de 2006 à 2008, se reconnaît entre les lignes et l’accuse d’avoir fait sans son autorisation le récit au jour le jour de leur relation et d’avoir publié certaines de ses lettres d’amour.
«Il a fait de sorte qu’elle soit parfaitement reconnaissable», avait dénoncé à l’audience du 8 juin Me Nathalie Dubois, en énumérant les innombrables points communs entre sa cliente et Violette, l’héroïne de l’ouvrage: de leur passion pour Henry Miller à leur tentative de suicide en passant par leurs avortements.
Certes, avait reconnu Me Teitgen, «il y a des parcelles d’Agathe Borne dans ce personnage», mais «la réalité de ce livre, c’est l’auto-fiction, (…) un genre littéraire qui vient mélanger la vie réelle et la vie rêvée, la réalité et un fantasme».
Pour Me Dubois, ce livre est au contraire «l’instrument d’une vengeance d’une rare perversité» de la part du journaliste, qui aurait souhaité «punir» cette maîtresse qui avait osé le quitter.
«Il décide de l’humilier en parlant de sa sexualité et en donnant un portrait tout à fait déloyal, dénigrant mais crédible pour ses lecteurs», avait plaidé l’avocate, «le lecteur ne peut départager entre la vérité et ce qui est inventé». «Submergée par la honte», Agathe Borne aurait, en un mois, convaincu son mari et ses enfants de partir aux Etats-Unis.
Dans son jugement, la 17e chambre civile du TGI de Paris lui a donné raison, estimant que «les procédés littéraires utilisés ne permettent pas au lecteur de différencier les personnages de la réalité, de sorte que l’oeuvre ne peut être qualifiée de fictionnelle».
Pour les magistrats, en effet, il y a bien trop de points communs entre les couples Patrick/Agathe et Violette/Alexis. Et ce n’est pas «la modification de leur prénom respectif» qui permet de verser du côté de la fiction.
Aux yeux du tribunal, les passages poursuivis par Agathe Borne touchant notamment à sa santé et à sa sexualité sont bien «attentatoires à sa vie privée», d’autant qu’elle ne s’est «jamais publiquement exprimée» sur ces faits «qui ne sont en rien notoires».
Concernant les lettres d’amour, le tribunal a jugé qu’Agathe Borne avait bien démontré, preuves à l’appui, qu’il s’agissait des siennes. Et en les reproduisant, PPDA s’est bien rendu coupable de contrefaçon, portant ainsi «atteinte aux droits d’auteur» de son ancienne compagne.
http://www.liberation.fr/societe/01012358471-ppda-condamne-pour-avoir-confondu-fiction-et-realite