[quote=\"neofeel\"]C\'est quoi le but de ce post ???[/quote]
Ce n\'est pas exactement la question que j\'attendais mais elle est suffisemment proche de celle-ci pour que je puisse y répondre comme je le souhaitais. Pourquoi j\'ai créé ce post ?
Pour ça :
D’abord, la mauvaise nouvelle, tout comme Jésus fut la bonne nouvelle : Hitler est ressuscité. Après quelques années de latence hébétée face à l’ampleur de son œuvre, le monde s’est reconstruit avec son fantôme, allant jusqu’à lui donner un rôle de premier plan. Le rôle de Mal intemporel. Tout a été fait pour que l’Histoire ne se referme pas, jamais, pour qu’elle demeure de la mémoire chaude. Si bien qu’on ne s’aperçut pas tout de suite de sa disparition.
Dans ce monde postmoderne, Hitler est la caution, l’empêcheur de penser, le dictateur des âmes, à l’envers. Il impose par opposition son silence à tous ceux qui remettraient en doute le système du Bien, puisque si les gens s’opposent à ce système, c’est forcément qu’ils sont les suppôts d’Hitler ressuscité. Grotesque réduction Ad Hitlerum des esprits. Incroyable fermeture des choses, sous des aspects indécents d’ouverture toujours plus béante, comme une plaie qu’on n’arrêterait pas de triturer et de disséquer avec le voyeurisme le plus morbide. Tout cela n’est permis que par la déréliction culturelle fantastique observée ces dernières décennies. Voulue, elle aussi.
Ah, ils en ont profité, nos postmodernes. Ils ont tiré à la ligne, sur cette grossière ficelle qui paraissait ne jamais devoir s’user.
Et ils sont allés loin. Trop loin. A tous les niveaux.
Le capital est devenu ultralibéral.
Les accords de Nations sont devenus le mondialisme.
Le progrès est devenu le progressisme.
L’anti-immigrationiste est devenu le fasciste.
Le sceptique est devenu l’affreux réactionnaire.
L’émancipation est devenue le féminisme.
La libération sexuelle est devenue l’exhibition absolue.
L’Egalité coïncide maintenant avec la fin de la Liberté.
L’immigration de travail est devenue une obligatoire immigration d’accueil.
La reconnaissance de faits historiques est devenue la repentance continue.
La charité chrétienne est devenue le droit de l’hommisme.
L’humanisme est devenu la déification de l’homme.
Le pêché originel est devenu le masochisme occidental.
La lutte contre la discrimination a fini par discriminer ceux qui n’étaient pas suffisamment différents, traduisez pas pareils.
La lutte contre le « racisme » (avec la peur d’Hitler ressuscité) a fini par devenir la lutte contre ceux qui n’étaient pas antiracistes. Puisqu’il est convenu qu’un anti-antiraciste est forcément un raciste. Machine de guerre, orwelienne, sponsorisée par les états complices.
Et cætera, et cætera. Tout a été brisé.
L’immigration est affaire d’ultralibéralisme. Par extension, celui qui ne soutient pas ces projets est l’ami d’Hitler. Un mec qui en d’autres temps ne se serait sans doute pas gêné pour dénoncer… Allez savoir ma bonne dame.
C’est la loi tacite des suspects. C’est la Terreur nouvelle des consciences. Ces forçats du progressisme se sont fait briseurs de tabous universels. Ils n’ont depuis plus arrêté de sauter par les fenêtres.
Et à l’autre extrémité de la machine, les bons rebelles, ceux qui cautionnent l’ultalibéralisme en leur offrant l’alibi des droits de l’homme. Souvent les plus actifs chasseurs de « nazis », traduisez de sceptiques.
Pour compenser cet horrible glissement des choses, pour masquer le chamboulement résultant de l’atteinte de telles extrémités à tous les niveaux, le monstre s’est évertué à recréer un faux équilibre, ailleurs. Puisque, je le répète, tout ce qui l’intéresse est de masquer son forfait. Falsification de la réalité. Faux, usage et abus de faux.
Le manichéisme, il n’y a que ça de vrai. Tout le monde peut comprendre, même les amateurs de la star-ac. Un pôle droite-gauche, avec un centre, des « extrêmes », c’est la création d’une fausse balance loin de la zone de combat, d’un faux duel là où il n’y en a pas, d’une fausse opposition de valeurs-hochets, alors que la véritable subversion est rejetée sous le visage d’Hitler, cet homme tant de fois nommé « inhumain », comme pour l’absoudre de sa qualité d’être, comme pour le rejeter d’un statut auquel il ne saurait prétendre, pour ne pas demeurer une sorte de virus du bel humanisme bon et fraternel, dont le concept même implique l’idée de perfection.
Or, la perfection comme la vérité ne sont pas des concepts universels. Ce qu’ils ne comprendront jamais, ces fous qui voudraient nous imposer des limites et des extrémités après avoir tout transgressé et tout détruit.
L’humanité moderne a bel et bien engendré Hitler. L’humanisme postmoderne est en train d’accoucher dans la douleur de quelque chose de bien plus monstrueux et effrayant. Ca ne va pas tout seul, alors ils accélèrent le mouvement, ils doutent, ils font ça au forceps, pratiquent une césarienne.
N’attendons pas que cet Alien déjà autonome ne devienne trop grand.
Cet affreux monstre que l’on nomme le Bien, a été travesti à l’image de la religion qui jusque là l’incarnait. Le Christ (l’homme devenu le Bien) s’oppose à Hitler (le Mal devenu homme). Seulement, entretemps, l’idée de Dieu a été laminée par les Lumières, tronquée, diffamée, travestie à cette grossière image anthropomorphe. L’homme déifié, le culte humaniste, voilà la nouvelle religion du Bien, censée remplacer le divin, censée s’opposer au Mal moderne, rejeton de la technologie guerrière, de la rancœur de l’honneur humilié, de la puissance contrariée, de la folie frustrée, et du racisme réel. Tout cela en s’exonérant du pêché originel, de l’idée de résurrection, de tout ce qui faisait la puissance de Dieu.
Et il faut reconnaître qu’Hitler fut parfait. Il est devenu le visage du Mal, comme Jésus fut jadis le visage du Bien. Hitler a incarné la Discrimination, comme l’homme moderne tente piteusement d’incarner l’Egalité qu’il a sanctifié, et au nom de laquelle il chante après ses massacres (tels les Te Deum). Le combat est gagné d’avance. Le Bien est partout, omniscient. Le Mal est marginal, et n’est que la caricature de lui-même. La simple évocation du nom du diable Adolph fait frémir ceux qui oseraient contester, s’opposer, se manifester face au rouleau compresseur du Bien.
Le père fouettard est mort, le père Adolph est né. Le Bien, en tant qu’issu des Lumières, comme l’africain français est issu de l’immigration, contient la Raison, le Savoir, l’indiscutable, l’inné, l’acquis, les Valeurs universelles et intransgressibles. Tout cela est incontestable. Les Lumières ont fini par aveugler le monde, comme les néons hypnotisent les insectes. Nous évoluons dans un espace en deux dimensions, à plat, infini mais toujours aussi désespérément à plat, où l’on n’a que l’illusion d’avoir le choix et d’être libre. C’est ça l’Egalité.
Les choses sont bien pesées, ont l’air bien en place. Les gens paraissent se laisser prendre au jeu, à ces fausses lignes, à ce théâtre de débat. Mais tout cela n’est pas réel. La scène est décalée. Les acteurs sont grimés. Le masque est posé de travers. Et si les Lumières étaient mères du plus grand obscurantisme, comme elles furent les filles travesties de la religion catholique ?
Le Bien a ce défaut énorme qu’il n’a pas de visage, et qu’il a de plus en plus des airs de gigantesque monstre. Ce Léviathan d’antéchrist s’oppose au visage bien identifié du Mal, celui d’Hitler et ce qu’il représente, or, même en inversant sa Terreur, ce visage ci est inamovible. Le Bien englobe là où le Mal exclu. Tant mieux pour nous. Il y a d’autres fenêtres de tir. Nous ne sommes pas les avocats du diable, nous sommes les procureurs du monde. Et nous avons un sérieux dossier.
Le Bien a ce défaut qu’il est trop orgueilleux pour ne pas agacer.
Le Bien n’a pas raison. Le Bien va à sa perte.
Le Bien ne souffre d’aucun affront.
Le Bien ne rigole pas.
Le Bien n’est pas réel.
Mais le Bien est mortel.
Sans le Mal, l’idée de Bien n’existerait plus.
Le Bien tente de normaliser son forfait, d’en effacer les traces. Mais il a besoin du Mal. Il maîtrise les effets spéciaux. Hitler est un hologramme, chargé de créer un faux Mal pour détourner les yeux du véritable Mal universel, le monstre, qui se présente comme le Bien (comme jadis les hommes se sont présentés comme Dieux). Mais la subversion, là, derrière ce maquillage, ne peut-elle pas échapper à sa réduction ? Ne peut-elle pas saisir sa chance de décrédibiliser le monstre, de recadrer les choses ? Ne peut-elle pas jeter des tomates sur ces mauvais acteurs ? Ne peut-elle pas penser en trois dimensions ? Ne peut-elle pas rendre au Bien usurpateur son vrai visage, ne peut-elle pas rendre Hitler à l’Histoire du monde, après avoir rendu au monde son Histoire ?
Bonne réflexion