Les Dönmeh :
le secret le plus chuchoté du Moyen Orient
Wayne Madsen
Sabbatai Zevi in 1665
4,145 words
Partie I
Un « gorille historique de 400 kilos » hante l’arrière-plan de presque chaque incident militaire et diplomatique grave impliquant Israël, la Turquie, l’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Irak, la Grèce, l’Arménie, les Kurdes, les Assyriens, et quelques autres acteurs au Moyen Orient et dans l’Europe du sud-est. C’est un facteur qui est généralement seulement chuchoté dans les réceptions diplomatiques, les conférences d’information et les séances des « think tank », à cause de la nature explosive et controversée du sujet. Et c’est le secret attaché au sujet qui a été la raison de la si grande incompréhension concernant la récente rupture des relations entre Israël et la Turquie, le réchauffement croissant des relations entre Israël et l’Arabie Saoudite, et l’hostilité croissante entre l’Arabie Saoudite et l’Iran…
Bien que connue des historiens et des experts religieux, l’influence politique et économique séculaire d’un groupe connu sous le nom turc de « Dönmeh » ne fait que commencer à apparaître sur les lèvres des Turcs, des Arabes et des Israéliens qui hésitaient à discuter de la présence en Turquie et ailleurs d’une secte de Turcs descendant d’un groupe de Juifs sépharades qui avaient été expulsés d’Espagne par l’Inquisition espagnole aux XVIe et XVIIe siècles. Ces réfugiés juifs d’Espagne furent autorisés à s’établir dans l’Empire ottoman et avec le temps ils se convertirent à une secte mystique de l’islam qui mélangea finalement la Kabbale juive et les croyances semi-mystiques soufies islamiques dans une secte qui finit par soutenir la laïcité dans la Turquie post-ottomane. Il est intéressant de noter que le mot « Dönmeh » ne désigne pas seulement les « convertis douteux » à l’islam en Turquie mais est aussi un mot turc désobligeant désignant un travesti, ou quelqu’un qui prétend être ce qu’il n’est pas.
La secte dönmeh du judaïsme fut fondée au XVIIe siècle par le rabbin Sabbataï Zevi, un kabbaliste qui croyait être le Messie mais qui fut contraint de se convertir à l’islam par le sultan Mehmet IV, le souverain ottoman. Beaucoup des fidèles du rabbin, connus sous le nom de sabbataïstes, mais aussi des « crypto-juifs », proclamèrent publiquement leur foi islamique mais pratiquèrent secrètement leur forme hybride de judaïsme, qui n’était pas reconnue par les principales autorités rabbiniques juives. Parce que c’était contre leurs croyances de se marier en-dehors de leur secte, les Dönmeh créèrent un clan assez secret à l’intérieur de la société.
LES DÖNMEH PRENNENT LE POUVOIR EN TURQUIE
Beaucoup de Dönmeh, avec des Juifs traditionnels, devinrent de puissants dirigeants politiques et commerciaux à Salonique. C’est ce groupe central de Dönmeh qui organisa l’organisation secrète des Jeunes Turcs, également connue sous le nom de Comité pour l’Union et le Progrès, les laïcistes qui déposèrent le sultan ottoman Abdülhamid II lors de la révolution de 1908, proclamèrent la République post-ottomane de Turquie après la Première Guerre mondiale, et qui lancèrent la campagne qui dépouilla la Turquie de la plus grande part de son identité islamique après la chute des Ottomans. Abdülhamid II fut traité de tyran par les Jeunes Turcs, mais il semble que son seul crime ait été de refuser de rencontrer le dirigeant sioniste Theodore Herzl durant une visite à Constantinople en 1901 et de rejeter les propositions financières sionistes et dönmeh en échange d’un contrôle sioniste de Jérusalem.
Comme d’autres dirigeants qui ont croisé le chemin des sionistes, le sultan Abdülhamid II semble avoir scellé son sort avec les Dönmeh avec cette déclaration devant la cour ottomane : « Dites au Dr. Herzl de ne rien faire de plus concernant son projet. Je ne puis abandonner ne serait-ce qu’une poignée de terre de ce pays, car ce n’est pas le mien, il appartient à toute la nation islamique. La nation islamique a fait le djihad pour cette terre et l’a arrosée de son sang. Les Juifs peuvent garder leur argent et leurs millions. Si le Califat islamique est détruit un jour, alors ils pourront prendre la Palestine gratuitement ! Mais tant que je suis vivant, je me passerais une épée à travers le corps plutôt que de voir la terre de Palestine arrachée à l’Etat islamique ». Après son éviction par les Dönmeh Jeunes Turcs d’Atatürk en 1908, Abdülhamid II fut emprisonné dans la citadelle dönmeh de Salonique. Il mourut à Constantinople en 1918, trois ans après qu’Ibn Saoud ait donné son accord pour un foyer juif en Palestine et un an après que Lord Balfour ait accordé la Palestine aux sionistes dans sa lettre au baron Rothschild.
L’un des dirigeants jeunes turcs à Salonique était Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie. Quand la Grèce obtint la souveraineté sur Salonique en 1913, beaucoup de Dönmeh, ne parvenant pas à se faire enregistrer comme juifs, allèrent s’établir à Constantinople, plus tard renommée Istanbul. D’autres partirent pour Izmir, Bursa, et pour la capitale nouvellement proclamée d’Atatürk et futur siège du pouvoir de l’Ergenekon, Ankara.
Certains textes suggèrent que les Dönmeh dépassaient le nombre de 150.000 et se trouvaient principalement dans l’armée, l’administration et le commerce. Cependant, d’autres experts suggèrent que les Dönmeh représentaient peut-être 1,5 million de Turcs et étaient encore plus puissants qu’on ne le pensait généralement, et que leur pouvoir s’étendait à tous les secteurs de la société turque. Un Dönmeh influent, Tevfik Rustu Arak, était un ami proche et un conseiller d’Atatürk et fut le Premier Ministre de la Turquie de 1925 to 1938.
Atatürk, dont on dit qu’il était lui-même un Dönmeh, ordonna que les Turcs abandonnent leurs noms arabo-musulmans. Le nom du premier empereur chrétien de Rome, Constantin, fut effacé de la plus grande ville turque, Constantinople. La ville devint Istanbul, après que le gouvernement d’Atatürk ait rejeté le nom traditionnel en 1923. De nombreux bruits ont circulé sur le nom d’Atatürk lui-même, puisque « Mustapha Kemal Atatürk » était un pseudonyme. Certains historiens ont suggéré qu’Atatürk adopta ce nom parce qu’il était un descendant de Rabbi Zevi en personne, le Messie autoproclamé des Dönmeh ! Atatürk abolit aussi l’usage de l’écriture arabe en Turquie et força le pays à adopter l’alphabet occidental.
LA TURQUIE MODERNE : UN ETAT SIONISTE SECRET CONTROLE PAR LES DÖNMEH
Les fortes racines juives suspectées d’Atatürk, sur lesquelles toutes les informations furent supprimées pendant des décennies par un gouvernement turc qui interdisait toute critique du fondateur de la Turquie moderne, commencèrent à refaire surface, d’abord en-dehors de la Turquie et dans des publications écrites par des auteurs juifs. Le livre publié en 1973, The Secret Jews, par le rabbin Joachim Prinz, affirme qu’Atatürk et son ministre des finances, Djavid Bey, étaient tous deux des Döhmeh ardents et qu’ils étaient en bonne compagnie, car « trop de jeunes Turcs dans le Cabinet révolutionnaire nouvellement constitué priaient Allah, mais avaient leur propre prophète [Sabbataï Zevi, le Messie de Smyrne] ». Dans The Forward du 28 janvier 1994, Hillel Halkin écrivit dans le New York Sun qu’Atatürk récitait le « Sheema Israël » (« Ecoute, Ô Israël ») juif, disant que c’était « ma prière aussi ». L’information est tirée d’une autobiographie du journaliste Itamar Ben-Avi, qui affirme qu’Atatürk, à cette époque jeune capitaine de l’armée turque, révéla qu’il était juif dans le bar d’un hôtel de Jérusalem lors d’une nuit pluvieuse durant l’hiver 1911. De plus, Ataturk suivit les cours de l’école primaire Semsi Effendi à Salonique, dirigée par un Dönmeh nommé Simon Zevi. Dans l’article du New York Sun, Halkin parla d’un e-mail qu’il avait reçu d’un collègue turc : « Je sais maintenant – je sais (et je n’ai jamais eu le moindre doute) – que la famille du père d’Atatürk était en fait de souche juive ».
C’est l’appui d’Atatürk et des Jeunes Turcs au sionisme, la création d’un foyer juif en Palestine, après la Première Guerre mondiale et durant la domination nazie en Europe, qui fit apprécier la Turquie par Israël et vice-versa. Un article du 8 mai 2007 dans The Forward révéla que les dirigeants turcs, dominés par les Dönmeh « du président aux principaux diplomates… et une grande partie des élites militaires, culturelles, académiques, économiques et professionnelles de la Turquie », écartèrent la Turquie d’une alliance avec l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, et privèrent Hitler de la route turque vers les champs pétrolifères de Bakou. Dans son livre, The Donme: Jewish Converts, Muslim Revolutionaries and Secular Turks, le professeur Marc David Baer écrivit que beaucoup d’entre eux parvinrent à des positions élevées dans les ordres religieux soufis.
Israël a toujours été réticent à décrire le massacre des Arméniens par les Turcs en 1915 comme un « génocide ». On a toujours pensé que la raison de la réticence d’Israël était la crainte de compromettre les liens militaires et diplomatiques étroits entre Israël et la Turquie. Cependant, on découvre toujours plus de preuves que le génocide arménien fut largement l’œuvre des dirigeants dönmeh des Jeunes Turcs. Des historiens comme Ahmed Refik, qui servit comme officier de renseignement dans l’armée ottomane, affirma que c’était le but des Jeunes Turcs de détruire les Arméniens, qui étaient chrétiens pour la plupart. Les Jeunes Turcs, sous la direction d’Ataturk, expulsèrent aussi les chrétiens grecs des villes turques et tentèrent de commettre un génocide à plus petite échelle contre les Assyriens, qui étaient aussi principalement des chrétiens.
Un Jeune Turc de Salonique, Mehmet Talaat, était le dirigeant qui mit en œuvre le génocide des Arméniens et des Assyriens. Un mercenaire vénézuélien qui servit dans l’armée ottomane, Rafael de Nogales Mendez, nota dans ses annales du génocide arménien que Talaat était connu sous le nom de « l’Hébreu renégat de Salonique ». Talaat fut assassiné en Allemagne en 1921 par un Arménien dont toute la famille avait disparu durant le génocide ordonné par l’« Hébreu renégat ». Certains historiens du génocide pensent que les Arméniens, connus comme de bons commerçants, furent ciblés par les Dönmeh doués pour le commerce parce qu’ils étaient considérés comme des rivaux commerciaux.
Ce n’est donc pas le désir de protéger l’alliance israélo-turque qui a poussé Israël à éviter de rechercher les raisons du génocide arménien, mais la connaissance par Israël et les Dönmeh que c’est la direction dönmeh des Jeunes Turcs qui non seulement assassina des centaines de milliers d’Arméniens et d’Assyriens mais qui supprima aussi les coutumes et les habitudes musulmanes traditionnelles de la Turquie. La connaissance que c’est les Dönmeh, dans une alliance naturelle avec les sionistes d’Europe, qui furent les responsables de la mort des chrétiens arméniens et assyriens, de l’expulsion hors de Turquie des chrétiens orthodoxes grecs, et de l’éradication culturelle et religieuse des traditions islamiques turques, aurait fait surgir une nouvelle réalité dans la région. A la place des Chypriotes grecs et turcs vivant sur une île divisée, des Arméniens menant une vendetta contre les Turcs, et des Grecs et des Turcs se querellant pour des territoires, tous les peuples attaqués par les Dönmeh auraient compris qu’ils avaient un ennemi commun qui était leur véritable persécuteur.
LE DEFI AU REGNE DES DÖNMEH : LE COMBAT DE LA TURQUIE CONTRE L’ERGENEKON
C’est la purge contre les fidèles kémalistes d’Atatürk et de son régime dönmeh laïc qui est le motif de l’enquête sur la conspiration de l’Ergenekon en Turquie. La description de l’Ergenekon cadre complètement avec la présence dönmeh dans la hiérarchie diplomatique, militaire, judiciaire, religieuse, politique, académique, commerciale et journalistique de la Turquie. L’Ergenekon tenta de stopper les réformes mises en œuvre par les dirigeants turcs non-dönmeh successifs, incluant la réintroduction des coutumes et rituels islamiques turcs traditionnels, en préparant une série de coups d’Etat, certains réussis comme celui qui déposa le gouvernement islamiste du Refah (Bien Public) du premier Ministre Necmettin Erbakan en 1996 et certains manqués, comme l’OPERATION SLEDGEHEMMER, qui visait à déposer le Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan en 2003. Certains réformistes de tendance islamiste, incluant le Président turc Turgut Ozal et le Premier Ministre Bulent Ecevit, moururent dans des circonstances suspectes. Le Premier Ministre démocratiquement élu Adnan Menderes fut déposé et pendu en 1961, après un coup d’Etat militaire.
Les politiciens et les journalistes américains, dont la connaissance de l’histoire de pays comme la Turquie et l’Empire ottoman précédent est souvent gravement lacunaire, ont dépeint la friction entre le gouvernement d’Israël et le gouvernement turc du Premier Ministre Erdogan comme étant basée sur la dérive de la Turquie vers l’islamisme et le monde arabe. Loin de là, Erdogan et son Parti pour la Justice et le Développement (AKP) semblent avoir finalement trouvé un moyen de se libérer de la domination et de la cruauté des Dönmeh, que ce soit sous la forme des fidèles kémalistes d’Atatürk ou des comploteurs nationalistes de l’Ergenekon. Mais avec le « Jour de l’Indépendance » de la Turquie, le vitriol est venu de la part des Dönmeh et de leurs alliés naturels en Israël et du lobby israélien aux Etats-Unis et en Europe. La Turquie comme membre de l’Union Européenne convenait très bien à l’Europe tant que les Dönmeh demeuraient au pouvoir et permettaient que la richesse de la Turquie soit pillée par les grandes banques, comme cela s’est passé en Grèce.
Quand Israël lança son attaque sanglante contre le vaisseau d’aide turque pour Gaza, le Mavi Marmara, le 31 mai 2010, la raison n’était pas vraiment le passage du navire à travers le blocus israélien de Gaza. La brutalité des Israéliens pour abattre des Turcs désarmés et un citoyen turco-américain, certains à bout portant d’après un rapport de l’ONU, indiquait qu’Israël était motivé par quelque chose d’autre : la vengeance et les représailles après la répression du gouvernement turc contre l’Ergenekon, la purge contre les Dönmeh dans les hauts postes de l’armée et du renseignement turcs, et l’inversion des politiques religieuses et culturelles antimusulmanes instaurées par le fils favori des Dönmeh, Atatürk, quelque quatre-vingt-dix ans plus tôt. En effet, l’attaque israélienne contre le Mavi Marmara était en représailles contre l’emprisonnement par la Turquie de plusieurs haut-gradés militaires, journalistes et académiques turcs, tous accusés de faire partie du complot Ergenekon pour renverser le gouvernement de l’AKP en 2003. Derrière le complot de l’Ergenekon, le fait caché est que les Dönmeh et l’Ergenekon sont liés par toute leur histoire en tant que kémalistes, ardents laïcistes, pro-israéliens et pro-sionistes.
Avec les crises de colère éclatant maintenant entre l’Iran d’un coté et Israël, l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis de l’autre, en résultat d’une affirmation douteuse par la police US que l’Iran préparait l’assassinat de l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis sur le sol américain, la relation de longue date, étroite mais secrète, entre Israël et l’Arabie Saoudite arrive maintenant au premier plan. La connexion israélo-saoudienne avait fleuri durant l’OPERATION TEMPÊTE DU DESERT, quand les deux pays furent la cible des missiles Scud de Saddam Hussein.
Partie II
Ce qui surprendra ceux qui ont peut-être déjà été surpris par les liens des Dönmeh avec la Turquie, c’est les liens des Dönmeh avec la Maison des Saoud en Arabie Saoudite.
Un rapport top-secret des Mukhabarat irakiens (Directorat du Renseignement Militaire Général), « L’émergence du wahhabisme et ses racines historiques », daté de septembre 2002 et publié le 13 mars 2008 par l’Agence américaine de Renseignement pour la Défense [U.S. Defense Intelligence Agency] en traduction anglaise, indique les racines dönmeh du fondateur de la secte wahhabite saoudite de l’islam, Muhammad ibn Abdul Wahhab. Une grande partie des informations sont tirées des mémoires d’un « Mr. Humfer » (ainsi orthographié dans le rapport de la DIA, mais orthographié « Mr. Hempher » dans les archives historiques), un espion britannique qui utilisait le nom de « Mohammad », et qui était soi-disant un Azéri parlant le turc, le persan et l’arabe et qui prit contact avec Wahhab au milieu du XVIIIe siècle avec l’idée de créer une secte de l’islam qui provoquerait finalement une révolte arabe contre les Ottomans et qui préparerait la voie pour l’introduction d’un Etat juif en Palestine. Les mémoires de Humfer sont citées par l’auteur et amiral ottoman Ayyub Sabri Pacha dans son ouvrage de 1888, The Beginning and Spreading of Wahhabism.
Dans son livre The Dönmeh Jews, D. Mustafa Turan écrit que le grand-père de Wahhab, Tjen Sulayman, était en fait Tjen Shulman, un membre de la communauté juive de Bassora en Irak. Le rapport des Renseignements irakiens dit aussi que dans son livre, The Dönmeh Jews and the Origin of the Saudi Wahhabis, Rifat Salim Kabar révèle que Shulman s’établit finalement dans le Hedjaz, dans le village de al-Ayniyah dans ce qui est aujourd’hui l’Arabie Saoudite, où son petit-fils fonda la secte wahhabite de l’islam. Le rapport des Renseignements irakiens dit que Shulman avait été banni de Damas, Le Caire et La Mecque à cause de son « charlatanisme ». Dans le village, Shulman engendra Abdul Wahhab. Le fils d’Abdul Wahhab, Muhammad, fonda le wahhabisme moderne.
Le rapport irakien fait aussi quelques affirmations stupéfiantes sur la famille des Saoud. Il cite le livre d’Abdul Wahhab Ibrahim al-Shammari, The Wahhabi Movement: The Truth and Roots, qui dit que le roi Abdul Aziz Ibn Saoud, le premier monarque du Royaume d’Arabie Saoudite, descendait de Mordechai ben Ibrahim ben Moishe, un marchand juif également originaire de Bassora. Dans le Nedjd, Moishe rejoignit la tribu des Aniza et changea son nom en Markhan ben Ibrahim ben Moussa. Finalement, Mordechai maria son fils, Jack Dan, qui devint Al-Qarn, à une femme de la tribu des Anzah du Nedjd. De cette union naquit la future famille Saoud.
Le document des renseignements irakiens révèle que le chercheur Mohammad Sakher fut l’objet d’un contrat de meurtre des Saoudites à cause de ses recherches sur les racines juives des Saoud. Dans le livre de Said Nasir, The History of the Saud Family, il est affirmé qu’en 1943, l’ambassadeur saoudite en Egypte, Abdullah ben Ibrahim al Muffadal, paya Muhammad al Tamami pour forger un arbre généalogique montrant que les Saoud et les Wahhab étaient une seule famille qui descendait directement du Prophète Mahomet.
Au commencement de la Première Guerre mondiale, un officier britannique juif d’Inde, David Shakespeare, rencontra Ibn Saoud à Riyad et conduisit plus tard une armée saoudite qui vainquit une tribu opposée à Ibn Saoud. En 1915, Ibn Saoud rencontra l’envoyé britannique dans la région du Golfe, Bracey Cocas. Cocas fit la proposition suivante à Ibn Saoud : « Je pense que c’est une garantie de votre durabilité autant que c’est dans l’intérêt de la Grande-Bretagne que les Juifs aient un foyer national et une existence [nationale], et les intérêts de la Grande-Bretagne sont, par tous les moyens, dans votre intérêt ». Ibn Saoud, le descendant des Dönmeh de Bassora, répondit : « Oui, si mon acceptation est si importante pour vous, j’accepte mille fois d’accorder un foyer national aux Juifs en Palestine ou ailleurs qu’en Palestine ». Deux ans plus tard, le Secrétaire britannique aux Affaires Etrangères Lord Balfour, dans une lettre au baron Walter Rothschild, un dirigeant des sionistes britanniques, déclara : « Le gouvernement de Sa Majesté regarde avec faveur l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif… ». Le pacte avait l’appui tacite de deux des acteurs majeurs de la région, tous deux descendants des Juifs dönmeh qui soutenaient la cause sioniste, Kemal Atatürk et Ibn Saud. La présente situation au Moyen Orient devrait être vue sous ce jour, mais pour des raisons évidentes l’histoire de la région a été expurgée par certains intérêts religieux et politiques.
Après la Première Guerre mondiale, les Britanniques facilitèrent l’arrivée au pouvoir du régime des Saoud dans les anciennes provinces du Hedjaz et du Nedjd de l’Empire ottoman. Les Saoud établirent le wahhabisme comme la religion d’Etat du nouveau Royaume d’Arabie Saoudite et, comme les Dönmeh kémalistes en Turquie, commencèrent à s’opposer à d’autres croyances et sectes islamiques, incluant les sunnites et les chiites. Les Saoud wahhabites accomplirent ce que les Dönmeh kémalistes avaient réussi à accomplir en Turquie : un Moyen Orient fracturé qui était mûr pour les desseins impérialistes occidentaux, et firent le travail préparatoire pour la création de l’Etat sioniste d’Israël.
Etats profonds et Dönmeh
Durant deux visites en Turquie en 2010, j’eus l’occasion de discuter de l’« Etat profond » [appareil clandestin] de l’Ergenekon avec d’importants officiels turcs. Il était plus qu’évident que des discussions sur le réseau de l’Ergenekon et ses connexions « étrangères » sont un sujet hautement sensible. Cependant, un important officiel turc des Affaires étrangères me glissa aussi qu’il y avait d’autres « Etats profonds » dans les nations voisines, et les noms de l’Egypte, de l’Arabie Saoudite, de la Jordanie et de la Syrie furent mentionnés. Au vu des liens entre l’Ergenekon et les Dönmeh en Turquie et des liens étroits dans le domaine militaire et dans celui du renseignement entre les Saoud descendants des Dönmeh et les wahhabites en Arabie, les rapports évoquant des liens étroits entre l’ex-président égyptien Hosni Moubarak et son chef des renseignements Omar Suleiman et le gouvernement de Binyamin Netanyahu en Israël peuvent être vus sous un jour entièrement nouveau… Et cela expliquerait le soutien d’Erdogan à la révolution égyptienne : en Turquie, c’est une révolution démocratique qui réfréna l’influence des Dönmeh. L’influence des salafistes wahhabites dans le nouveau gouvernement de la Lybie explique aussi qu’Erdogan avait hâte d’établir des relations avec les rebelles basé à Benghazi – pour aider à supplanter l’influence des wahhabites, les alliés naturels de ses ennemis, les Dönmeh (l’Ergenekon) de Turquie.
Le désir d’Erdogan de remettre les pendules à l’heure en restaurant l’histoire expurgée par les kémalistes et les Dönmeh lui a valu des déclarations au vitriol de la part du gouvernement d’Israël, comme quoi il serait un néo-ottomaniste qui aurait l’intention de former une alliance avec les Frères Musulmans dans les pays arabes. Il est clair que les Döhmeh et leurs frères sionistes en Israël et ailleurs craignent que le révisionnisme historique dönmeh et sioniste, incluant leur rôle dans le génocide des Arméniens et des Assyriens, et leur négation du génocide, soient révélés.
En Egypte, qui était autrefois un royaume ottoman, c’est une révolution populaire qui chassa ce qui pourrait être l’équivalent des Dönmeh concernant le régime Moubarak. Le « Printemps arabe » égyptien explique aussi pourquoi les Israéliens se hâtèrent de tuer six policiers égyptiens peu après que neuf passagers turcs aient été tués à bord du Mavi Marmara, certains quasiment exécutés, par des soldats israéliens. La doctrine dönmeh est remplie de références aux Amalécites de l’Ancien Testament, une tribu nomade qui fut attaquée par les Hébreux d’Egypte sur l’ordre du Dieu juif, pour faire place aux partisans de Moïse dans la région sud de la Palestine. Dans le Livre des Juges, Dieu ordonne sans succès à Saül : « Maintenant va et frappe Amalek et voue à la destruction tout ce qu’ils ont. Ne les épargne pas, mais tue les hommes, les femmes et les enfants, les bœufs et les moutons, les chameaux et les ânes ». Les Dönmeh, dont la doctrine est aussi présente dans la secte hassidique et dans d’autres sectes orthodoxes du judaïsme, semblent n’avoir aucune difficulté à remplacer les Amalécites par les Arméniens, les Assyriens, les Turcs, les Kurdes, les Egyptiens, les Irakiens, les Libanais, les Iraniens et les Palestiniens pour mener leurs agressions militaires et leurs pogroms.
Avec des gouvernements réformistes en Turquie et en Egypte beaucoup plus désireux d’examiner le passé de ceux qui ont divisé le monde islamique, Atatürk en Turquie et Moubarak en Egypte, les Saoud sont probablement tout à fait conscients que c’est seulement une question de temps avant que leurs liens, à la fois modernes et historiques, avec Israël soient pleinement révélés. Ceci explique que les Saoud aient réussi à mettre en œuvre un complot douteux impliquant des agents du gouvernement iranien pour tenter d’assassiner l’ambassadeur saoudite à Washington, dans un restaurant non-nommé de Washington D.C. Le rapport des renseignements irakiens aurait pu faire allusion aux sionistes et aux Dönmeh lorsqu’il déclarait : « cela vise… [au] meurtre des musulmans, à la destruction, et à favoriser l’agitation ». En fait, le rapport des renseignements irakiens parlait des wahhabites.
Une liberté nouvelle existant en Turquie et en Egypte pour examiner leur passé, Israël et ses partisans, ainsi que les Saoud, ont des raisons supplémentaires de dissimuler la véritable histoire de l’Empire ottoman, de la Turquie laïque, des origines d’Israël, et de la Maison des Saoud. Divers acteurs recherchant maintenant la guerre avec l’Iran, la vraie histoire des Dönmeh et leur influence sur des événements passés et actuels au Moyen Orient devient plus importante.
NDT :
T. E. Lawrence (plus connu sous le nom de « Lawrence d’Arabie ») décrivit le mouvement Jeune Turc comme étant « 50% crypto-juif et 95% franc-maçon ».
D’autres auteurs confirment cela :
« Ils [Les Dönmeh] ont fourni de nombreux membres à l’intelligentsia des Jeunes Turcs… Ils ont joué un rôle important dans les débuts du Comité Union et Progrès, organisation du mouvement Jeune Turc qui eut son origine à Salonique… » (Gershom Sholem, Le messianisme juif, 1971)
« Il est intéressant de rappeler que les trois principaux membres du gouvernement ‘Jeune Turc’ – Enver Pacha, Talaat Pacha, et Essad Pacha – étaient trois Juifs d’origine dont les familles avaient été ‘converties’ à l’islam. » (Savitri Devi, Souvenirs et réflexions d’une Aryenne, 1976)
http://www.counter-currents.com/2012/04/les-donmeh-le-secret-le-plus-chuchote-du-moyen-orient/