Au-delà de l'affaire Dutroux
La réalité de la pédocriminalité et des réseaux protégés.
Attention : Les informations dans cet article ne conviennent pas à toute personne agée de moins de 18 ans, car elles impliquent des faits d'extrème violence sur des enfants. Une certaine quantité des preuves visuelles sont considérées illégales (elles ont été censurées).
Le plus grand secret de Belgique.
"Ce que vous devez comprendre, John, est qu'il y a parfois des forces et des évenements tellement grands, tellement puissants, avec tellements d'enjeux pour d'autres personnes ou institutions, que vous ne pouvez rien faire à leur propos, peut importe à quel point ils soient diaboliques ou mauvais et peu importe à quel point vous soyiez dévoué et sincère ou combien de preuves vous avez. C'est simplement un des faits les plus durs de la vie auquel vous devez faire face. "
- Ancien directeur de la CIA et membre du Cercle William Colby donnant à son ami, le sénateur John Decamp, l'exortant d'arrêter ses investigations dans l'affaire de pédocriminalité Franklin et d'écrire un livre sur ses expériences (The Franklin Coverup, 2nde édition, Avant-propos).
"De la maison des Kincora Boys de l'Est de Belfast Boys, via Leicestershire, Staffordshire et à Londres, au domicile des enfants de Clwyd, nous avons assisté à 25 ans de couverture. Une couverture non pas pour protéger les innocents, mais pour protéger les éléments régulièrement mis en cause de l'institution britannique, qui font surface à chaque fois qu'une preuve généralisée de pédocriminalité est exposée. Des écoles privées aux églises catholiques et anglicanes, la pédocriminalité a eu droit à une place particulièrement calme. Les travailleurs sociaux, la police, les services de sécurité, les figures politiques locales et nationales restent les dénominateurs communs des retombées des enquêtes [de pédocriminalité].
Cas après cas le cycle est décrit : un enfant est "pris en charge", puis abusé dans une maison, mis sur des réseaux pédophiles externes et remis dans des circuits de location/prostitution enfantine, s'ils vivent assez longtemps... Les journalistes doivent d'abord se confronter avec l'autorité, puis avec les lois sur la diffamation, pour publier la vérité sur un vaste réseau de violence. "
- 6 juin 1996, The Guardian, 'True scandal of the child abusers'. Ces lignes ont été écrites par l'auteur de l'article et ne sont pas des citations.
"Je le regarde [l'inspecteur De Baets], et je veux vraiment le croire, mais quelque part, je sais qu'il ne le fera jamais. Les gens que j'ai connu sont trop puissants, trop influents, trop intouchables. Je le sais; les enquêteurs pas encore."
-témoin-victime Regina Louf (X1) de Belgique décrit ses pensées lorsqu'elle a commencé à témoigner en secret en septembre 1996 (1998, 'Zwijgen is voor Daders,' p. 203).
"Imaginez, vous entendez partout cette histoire d'un dossier de chantage dans lequel des organisations d'extrème droite sont en possession de photos ou de vidéos sur lesquelles un nombre de personnes importantes dans et aux alentours de Bruxelles ont des relation sexuelles avec des jeunes filles; des mineurs comme on dit. L'existence de ce dossier a toujours été démentie avec véhémence. Jusqu'à ce qu'il soit prouvé que des témoignages et des vidéos de cette affaire étaient en effet en la possession des services de police. Un officier de la police judiciaire (Marnette, H.G.) a nié l'existence de ces vidéos, alors qu'après le supérieur de cette personne a admis qu'elles existaient, qu'elles étaient gardées par la police judiciaire à Bruxelles, mais qu'elles ne valaient rien. Etrange, car ces choses doivent être déposées au greffier, non pas gardées en possession d'un service de police.
Par la suite, le juge d'instruction Jean-Marie Schlicker confirme que ce dossier existe bien, mais qu'il ne veut pas témoigner à ce propos. Ce dossier, d'abord inexistant, existe. Les vidéos sans substance se sont alors révélées assez intéressantes après tout pour être remises au juge d'instruction chargé de l'enquète sur le Gang de Nijvel. Mais cette personne est ensuite effrayée de témoigner ! Que pensez-vous qu'il ce soit passé ici ?"
-Septembre 1989, Hugo Coveliers, membre du congrès, secrétaire du comité spécial d'investigation chargé d'évaluer la façon dont le banditisme et le terrorisme est combattu en Belgique (1988-1990), à Humo magazine (1990, Hugo Gijsels, 'De Bende & Co', p. 133-134). Coveliers devint sémateur en 1995.
"Quand je vis dans quel pétrin il s'était mis [le sergent Michel Clippe, qui l'a convaincue de témoigner] et la façon dont mon propre dossier avait évolué, j'ai décidé d'arrêter.Dans tous les cas, même à cette époque on pouvait déjà voir comment les gens autour De Baets ont été collectivement évasives.Ils n'avaient aucune chance."
-Témoin-Victime X2, officier de police. Du fait de son travail, elle a reconnu plusieurs juges et avocats parmis ses anciens aggresseurs. Certains noms et détails ont aussi été donnés par X1 et d'autres témoins (1999, 'De X-dossiers', p. 321).
"Il reste très peu de journalistes qui m'écoutent, écoutent mes appels à l'aide. Ils ne sont pas autorisés à publier ou à diffuser. Ils me disent tous que leurs patrons leur interdisent de parler...Les aggressions des magasines, journaux et programmes télévisés sont effrayantes. Cela n'est plus normal, c'est une guerre dans laquelle les victimes sont devenues des déchets jetables. "
-témoin-victime Regina Louf (X1) à propos de la reaction des médias aux rapports sans préjugés sur le cas X1 par De Morgen et Panorama en janvier 1998 (1998, 'Zwijgen is voor Daders,' p. 257).
Avant-propos.
De nombreux livres en français et en allemand sont apparus concernant l'affaire Dutroux depuis 1996, dont un plus particulièrement. Il s'agit du livre de 1999, en général difficile à trouver, "Les dossiers X", écrits par les journalistes d'investigation respectés Marie-Jeanne Van Heeswyck, Annemie Bulté et Douglas De Coninck.Page après page, ils expliquent comment les aspects les plus importants de toute l'enquête Dutroux, où Dutroux est finalement devenu un détail mineur, ont été manipulés et, finalement écartés.Ce livre présentait le cas le plus puissant possible d'une dissimulationn massive. Malgré cela, il y avait une chose que les auteurs ne pouvaient pas faire, qui était de publier les noms de ceux qui ont été accusés par toute une série de témoins.La raison est évidente : si les auteurs avaient publié ces noms, ils en auraient subit les conséquences le reste de leur vie...
Beaucoup d'informations dans cet article peuvent être trouvées dans le livre "Les dossiers X", mais la principale différence étant que tous les noms des agresseurs présumés ont été inclus.
Cela a été possible parce que le dossier Dutroux, en incluant les témoignages des témoins X, ont été transmis à un certain nombre de journalistes à la fin des années 1990. Le dossier Dutroux final, qui a été largement amputé de toute information importante, et le résumé des rapports officiels d'août 1996 à mai-juin 1997 ont été utilisés par cet auteur pour vérifier les affirmations portées dans de nombreux livres et pour trouver l'identité des agresseurs présumés.Voir les noms et lire les biographies peut être un choc dans un premier temps, mais cela va aussi clarifier comment une dissimulation de cette magnitude a été possible.
Le pouvoir de l'affair Dutroux et ses dossiers X est qu'il va permettre à tout un chacun de voir comment un état peut être contrôlé et ébranlé par une cabale capable de placer ces propres membres dans des positions cruciales dans toute enquète qui pourrait mener à sa propre exposition. La question de savoir pourquoi la majorité des médias est si coopérative est le seul aspect qui ne peut être expliqué en détail dans cet article, bien qu'on puisse démontrer que les médias travaillent volontairement avec les enquêteurs officiels dans la manipulation et la démystification de tous les aspects d'une enquête qui ne sont pas appréciés par la cabale.
Certains pourront trouver contraire à l'éthique de publier les noms de simple suspects, spéciallement lorsqu'on parle de pédocriminalité. L'auteur est en total accord avec cet argument, mais uniquement dans des circonstances normales pour lesquelles une enquète est menée de la façon dont elle devait l'être. Cela n'est pas arrivé durant l'affaire Dutroux, durant laquelle les chercheurs honnêtes, compétents et dévoués, ainsi que les témoins les plus importants, ont été injustement persécutés, harcelés, goudronnés et plumés par les médias et la justice, avec l'aide de quelques uns des présumés agresseurs d'enfants.
C'est pourquoi l'investigation, qui a été tuée et enterrée depuis quelques années maintenant, devrait être rendue publique. Et n'oublions pas que les dossiers X impliquent une série de témoins dont les déclarations se recoupent, et dans de nombreux cas impliquent des détails extrèmement spécifiques qui ont été vérifiés par des enquèteurs.
On peut aussi faire valoir que la presse grand public a été tout sauf discrète fin 1996, quand ils ont publié les noms des politiciens Elio Di Rupo et Jean-Pierre Grafe en tant que présumés agresseurs d'enfants.Les preuves sur lesquelles ces affirmations étaient fondées sont pour le moins maigres et beaucoup moins puissantes que les témoignages combinés des témoins X. Mais, bien sûr, l'objectif de cet évenement n'était pas d'informer le public; c'était un effort pour discréditer les rumeurs à propos d'implication à haut niveau des réseau pédocriminels. On savait qu'à plus ou moins long terme les témoins X auraient fait la une et il s'agissait ici d'une des attaques préventives contre ces témoins.
Plusieurs appendices ont été attachés à cette aticle. La plupart de ces appendices, qui incluent une longue liste d'accusés, de victimes, d'enquèteur et de supposés assassinés, étaient plus ou moins finis avant le début de l'écriture de cet article. Il aura fallu près d'un an et demi pour remplir toutes les biographies et traduire les passages nécessaires des sources utilisées en français et allemand, mais cela valait la peine car cela a donné un aperçu extraordinaire de ce qui s'est déroulé en Belgique depuis la fin des années 1970, et a fourni une certaine perspective aux rapports qui venaient des États-Unis et d'ailleurs. C'est sans doute la dernière chose à laquelle vous vous attendiez de la part d'un pays de seulement 10 million d'habitants, mais l'histoire de la subversion interne en Belgique demande un certain temps à comprendre.
Quand tout a commencé : Le règne de la terreur de Dutroux.
Le 13 août 1996, des progrès ont finalement été réalisés. Un certain nombre d'individus ont été arrêtés sur de fortes suspicions quant au fait qu'ils avaient été responsables d'une vague d'enlèvements de jeunes filles. En quelques jours ces soupçons ont été corroborés par des preuves solides, mais l'arrestation de Dutroux et de certains de ses associés ne s'est avérée être que le début du plus grand scandale de l'histoire belge. L'attention des médias a commencé en juin 1995 avec la disparition de deux filles de 8 ans, Julie Lejeune et Melissa Russo. Presque exactement 2 mois plus tard, An Marchal, agée de 17 ans, et Eefje Lambrecks, 19 ans, sont portées disparuse. Ce dernier cas a attiré d'autant plus l'attention des médias car la dernière chose que ces jeunes filles firent fut de visiter l'exposition de Rasti Rostelli, un magicien de renom, dans laquelle elles avaient été hypnotisées. Inutile de dire que cette affaire a mis fin à la carrière du magicien, bien qu'il ait été presque immédiatement été lavé de tout soupçon. Fin 1995, le BOB ( FBI belge et branche de la gendarmerie ) a largement cessé d'enquêter sur l'affaire. Malgré tout, la disparition de An et Eefje restait marquante, parce qu'une fondation nommée Marc & Corinne, créé plusieurs années auparavent, et tenant son nom de deux adolescents qui ont été brutallement tués, utilisa ses fonds limités pour afficher des posters des visages des fillettes dans toute la Belgique et les Pays Bas. Finalement, cela ne fit aucune différence : les filles n'ont pas été retrouvées, ni les responsables, et en mai 1996 l'histoire se répéta. Cette fois Sabine Dardenne agée de 12 ans disparut, et là encore le BOB n'a pas été capable de retrouver ni les ravisseurs ni la fille. Les gens devinrent plus inquiets pour leur enfant à chaque enlèvement. La confiance dans la police et la justice, déjà traditionnellement assez faible, a commencé à tomber plus bas que jamais. Les choses ont changé plus tard dans l'année. Le 9 août 1996, Laetitia Delhez agée de 14 ans a disparu à Bertrix, ville située dans la région de Neufchateau, près de la frontière française et luxembourgeoise. Michel Bourlet, procureur du roi à Neufchâteau, a été chargé de l'affaire et a nommé juge d'instruction Jacques Langlois pour coordonner l'enquête. Lorsque Langlois parti en vacances le lundi suivant, Bourlet l'a remplacé par son proche collègue Jean-Marc Connerotte.Le duo avait déjà commencé à être connu en 1994 pour ne pas avoir été autorisé à résoudre l'assassinat d'André Cools, homme politique socialiste.
Le lundi même où Connerotte a pris le relais de Langlois, l'adjudant Jean-Pierre Peters du BOB fait état d'une percée dans l'enquête.Sur les plusieurs douzaines de tuyaux, deux se sont avérées très utiles. Deux témoins ont vu un vieu van blanc rouler aux alentours de Bertrix le jour où Laetita a disparu. Dans l'un des deux cas, un étudiant avait peur que le conducteur du van aie l'intention de voler son vélo. Par chance, le jeune homme de 22 ans avait une passion pour les voitures et a signalé à la police le type exact du van et une bonne partie de sa plaque d'immatriculation, car les trois premières lettres lui ont rappelé le nom de sa soeur. En un rien de temps, le nom de Dutroux, un pédophile connu, est sorti de l'ordinateur. Une réunion de crise s'est tenue à Bertrix ce soir là et le jour suivant Dutroux, sa femme Michele Martin, et son bras droit Michel Lelievre étaient arrétés. Quelques jours plus tard, leurs témoignages ont permis de retrouver deux filles, Sabine et Laetitia, dans la cave de Dutroux. L'affaire du siècle en Belgique était sur le point de commencer.
Echec pour attraper Dutroux.
Les mois et les années suivants, des détails apparurent, à propos de l'échec de la police et du BOB pour attraper Dutroux dans un stade plus précoce de l'enquète. Bien que généralement on le présente pas de cette façon, la plupart de ces échecs plutôt étranges peuvent être attribués à René Michaux du BOB.
En tant que chef de l'Opération Othello, une opération de surveillance contre Dutroux du 10 août 1995 à Janvier 1996, il savait pratiquement tout ce qu'il fallait savoir au sujet de ce pédophile, déjà condamné, et violent. De tous les cotés, des preuves se sont présentées à lui montrant que Dutroux n'avait pas seulement enlevé Julie et Mélissa, mais aussi An et Eefje. Malgré tout, Michaux ignora les
preuves présentées par des informateurs tel que Claude Thirault, à qui Dutroux avait expliqué comment enlever une jeune fille et combien vous pouvez gagner avec elle; la mère de Dutroux, qui a réuni des preuves, provenant du voisinage de son fils, qu'il était très probable qu'il fut impliqué dans l'enlèvement; et l'officier de police Christian Dubois, qui précédemment était sur la piste du gang de Nihoul, qui aurait immédiatement conduit à Dutroux.
Entre tous ces rapports, les caméras vidéo filmant la maison de Dutroux à Marcinelle dans le cadre de l'opération Othello a omis d'enregistrer Dutroux apportant An et Eefje, le 22 août, pas plus que l'équipe de Michaux ne nota l'évasion échouée le 25 août de Eefje, pendant laquelle elle est montée brièvement par la fenêtre de salle de bains pour crier au secours. An et Eefje ont été sorties de la maison en Septembre et assassinées.
Quand il fut au final forcé de chercher la maison à Marcinelle de Dutroux pour des raisons liées aux enlevements, Michaux décida d'ignorer les voix de deux jeunes filles, n'essayant apparemment même pas d'obtenir une réponse d'elles. Il n'a pas non plus pensé que le sous-sol étrange en forme de L de Dutroux, avec un mur beaucoup plus récent que tous les autres, était une raison suffisante pour le détruire, et il n'a pas eu conscience de l'importance des éléments tels que de la crème vaginale, un spéculum, des chaînes, et une cassette vidéo avec le nom d'un programme portant sur les enfants disparus.Deux autres vidéos qui auraient montré Dutroux travaillant dans son sous-sol et le montrant violer une fille de 14 ans ont été renvoyées à la femme de Dutroux, apparament sans même avoir été visionnées par son équipe. Cet échec de la fouille de la maison de Dutroux aurait conduit à la mort de Julie et Melissa, dont on pense qu'elles sont mortes de faim dans la cave de Dutroux. Cela a aussi mené à l'enlevement de Sabine et Laetitia après la sortie de prison de Dutroux en mars 1996. En août 1996, après que Dutroux ait été arrété sur des suspicions qu'il ai enlevé Laetitia, Michaux fit une recherche durant trois heures dans la maison à Marcinelle de Dutroux dans laquelle étaient enfermées au même moment Sabine et Laetitia. Inutile de dire que non seulement Michaux ne réussit pas à trouver les filles, ce qui a pu mener à la relaxe de Dutroux, mais il n'a pas remarqué non plus les lettres que Sabine avait cachées sous le tapis de Dutroux. Heureusement, la localisation des filles sera signalée par Dutroux 48 heures plus tard, après qu'il soit devenu clair pour lui il n'y avait pas moyen de s'en sortir cette fois, surtout pas avec son laquais Michel Lelièvre vendant la mèche.
Les échecs de Michaux ont amené de fortes critiques de la part des parents de An march, venus inspecter la cave de Dutroux d'eux mêmes. Les parents de Melissa Russo ont rempli une plainte officielle contre lui. Quand Bourlet critiqua Michaux en 2004 a propos de son echec pour trouver les lettres de Sabine,et qu'il laissa entendre que cela pourrait ne pas avoir été intentionnel, Michaux ne put réagir qu'en traitant Bourlet de "menteur" et en précisant qu'«il n'aurait certainement pas trouvé Laetitia sous le tapis". Ces réponses intellectuelles furent bientôt suivies par des menaces de poursuite pour diffamation. L'incompétence extrême de Michaux a été récompensée avec un nouveau poste de commissaire de police local.
Ce qui suit est un bref recapitulatif de la vie de Dutroux et d'à quel point l'extraordinaire incompétence de la justice a du être pour lui permettre de continuer à enlever des filles.
* Dutroux avait une longue histoire d'agression physique sur des femmes.
* Condamné en Novembre 1988 pour enlèvement, photographie, torture et viol de cinq filles âgées de 11 à 19 ans. Il a également été reconnu coupable d'avoir torturé une femme plus âgée en mettant une lame de rasoir dans son vagin. Il a essayé de la forcer à lui donner de l'argent.
* En avril 1992, le ministre de la Justice Melchior Wathelet a approuvé la libération de Dutroux de prison. S'il est normal en Belgique d'être libéré après avoir purgé un tiers de la peine, bon nombre de personnes dans le système qui ont travaillé avec Dutroux n'étaient pas d'accord avec cette décision. Dutroux était connu d'eux comme un psychopathe manipulateur sans aucun regret pour ses crimes. En fait, il n'a même jamais avoué. Fait intéressant, Wathelet serait accusé dans les Dossiers X d'être un violeur d'enfants violent lui-même, avec certains de ses protégés connus et associés (1).
* Après sa libération, Dutroux a reçu une quantité exceptionnellement élevée de somnifères et de sédatifs de son médecin, qu'il utilisera plus tard pour calmer les filles qu'il enlevait (2).
* Dans sa maison à Marcinelle, près de Charleroi, où il vécu la plupart du temps, Dutroux commença la construction d'un dongeon caché dans sa cave. Plus tôt durant l'année 1993, le sans emploi, petit délinquant, Claude Thirault, qui louait une des maisons de Dutroux, a été engagé par Dutroux comme homme de main pour installer des canalisations d'eau sous une de ses maisons nouvellement achetées. Bien que Thirault pensa que c'était quelque peu unusuel, il n'eut pas de réticence à le faire. Mais après quelques jours à travailler,deux filles passèrent devant la maison sur laquelle ils travaillaient, incitant Dutroux à faire remarquer à Thirault: "Si tu veux les enlever, tu te fera 150.000 Francs (environ 4000 euros)...Attrape les par derrière, met un sédatif sous leur nez, pousse les dans la voiture, et bloque les portes."(3) Dutroux en arriva à expliquer comment il eut des plans pour enlever des filles, les enfermer dans sa cave et les transporter à l'extérieur (4). Thirault, un informateur occassionel pour la police, alla voir la police, et comme résultat, les maisons de Dutroux furent fouillées quelques mois plus tard, en décembre, la raison officielle derrière cela étant qu'il était soupçonné de vol de voiture. Les officiers de police notèrent que Dutroux avait modifié sa cave, mais ne trouvèrent aucune fille. Sa maison fut fouillée à nouveau en juin 1994 et il apparu aux policiers qu'il avait arrété de travailler sur sa cave.
* En juin 1995, Dutroux était poursuivi pour avoir illégalement élargi sa cave afin de mettre un tube de ventilation (5).
* Thirault retourna à la police après l'enlevement de Julie et de Melissa pour leur rappeler les idée de Dutroux quant à l'enlèvement de filles et les modifications de sa cave. La police revint vers Thirault quelques jours plus tard et lui demanda s'il avait des preuves plus solides, apparament nécessaires pour entreprendre une fouille chez ce pédophile connu (6).
* Le 24 juin 1995, le juge d'instruction Martine Doutrewe fut placée à la tête de la "cellule Julie et Melissa", chargée de trouver les jeunes filles disparues. Malheureusement pour les filles, Doutrewe partit en vacances en Italies au bout de quelques jours à ce poste et ne reviendra pas avant le 9 août (elle avait 38 ans à l'époque, elle souffrait d'un cancer et avait déjà prévu de se remettre d'une opération. Elle mourut en 1999; en 1995, son mari était sous enquète pour avoir détourné des millions d'euros).Aucun autre juge d'instruction permanent n'a été nommé à sa place ce qui a considérablement affecté l'efficacité de toute l'enquête (7). Doutrewe ne sera jamais sérieusement impliquée dans l'opération du BOB consistant à surveiller les activités quotidiennes de Dutroux. Le magistrat n'a également jamais essayé d'organiser une écoute téléphonique, un mandat de perquisition ou une approbation pour une enquête financière (
.
* Le 10 août 1995, un groupe d'officiers du BOB commencèrent à enregistrer les mouvements de Dutroux sous le nom de code Operation Othello. Une caméra vidéo a été utilisée moins de 2% sur la période d'observation totale (9) et les opérations ont été suspendues à 10 heures chaque soir (10). L'opération était si inefficace que le 2 août, Dutroux fut capable d'enlever An et Eefje et les enfermer dans sa maison - sans que cela soit noté. Le 25 août, Eefje arriva à attraper ses vêtements, se glisser par la fenêtre de la salle de bain, et crier à l'aide. Bien qu'elle fut ramenée à l'intérieure par Dutroux en quelques secondes, les observateurs n'ont rien remarqué. Quelques semaines plus tard, les filles ont été amenées en dehors de la maison - encore inaperçu - et tuées. Dutroux fut aussi capable d'enlever trois adolescents qu'il suspectait de l'avoir doublé et de les enfermet dans sa maison sans que des caméras ou des observateurs ne s'aperçoivent de rien. De plus, Dutroux a tué Berhard Weinstein durant la période où il était observé.
* Le 4 septembre 1995, la mère de Dutroux, qui avait mis en garde lors de la libération de son fils en 1992, a informé anonymement Rene Michaux, à la tête de l'Opération Othello, que les voisins de Dutroux étaient très suspicieux de ses activités. Les fenêtres étaient noircies, Dutroux faisait sans arret du bruit dans la cave, le jardin était rempli de pneus usés, et deux filles "de 16 ou 18 ans" avaient été vues dans le jardin. Ces filles n'ont jamais été observées en plein jour. Cette information n'est d'une façon ou d'une autre pas arrivée à l'équipe d'investigation qui travaillait sur le cas d'An et Eefje, qui avaient 17 et 19 ans (11).
* Le 6 décembre 1995, Dutroux fut arrêté pour avoir été impliqué dans le vol d'un camion et l'enlèvement et la torture de trois adolescents qu'il suspectait d'avoir volé à nouveau le véhicule ( un des adolescents s'est échappé et a informé la police.) Sous la direction de l'officier gendarme Rene Michaux, la maison de Dutroux fut fouillée le 13 décembre et à nouveau le 19 décembre. Un ou plusieurs enfants ont été entendu crier par Michaux et le serrurier (cette personne ne savait rien à propos des soupçons pesant sur Dutroux dans l'enlèvement de filles) l'accompagnant. Ils allèrent voir dans la cave, qui avait clairement toute une section qui avait été récemment modifiée (12), mais ils ne trouvèrent rien, laissant Michaux conclure que les voix avaient du venir de l'extérieur (13). Les parents de Julie Lejeune, une des enfants qui étaient enfermées là à cette époque, montreront plus tard qu'une communication normale était possible avec quelqu'un enfermé dans une des cellules (14). De plus, pendant la fouille de la cave de Dutroux le 13 décembre, Michaux trouva de la crème vaginale, du chloroforme, un spéculum (instrument médical utilisé pour dilater les orifices corporels) et des chaînes, ce qui pour lui n'était pas une raison pour s'alarmer. Des vidéos furent confisquées, montrant Dutroux travaillant dans sa cave et violent un certain nombre de filles (inconnues). Sur une des cassettes le texte "Perdu de vue, Marc" était écrit, une référence au programme télévisé, qui traitait des enfants perdus, et dans lequel Julie et Melissa avaient aussi fait une apparition. Michaux et son équipe n'ont jamais regardé les bandes et les ont rendues à la femme de Dutroux, Michel Martin (15).
* Dans l'après midi du 13 décembre, après la fouille désastreuse de la maison de Dutroux à Marcinelle, Michaux rencontra l'officier de police Christian Dubois.Tous deux avaient travaillé sur un phénomène récent impliquant les occupants de Mercedes blanches suivant et photographiant des écolières. A cette occasion, Dubois informa Michaux qu'il avait un informateur qui avait déclaré que les mercedes blanches appartenaient à un réseau pédocriminel centré autour d'une société appelée Achats Service Commerces (ASCO; à ne pas confondre avec l'abus de X1 et de l'usine de snuff) située dans la banlieue de Bruxelles. D'après l'informateur, les occupants de la mercedes blanche rassemblaient des catalogues de photos d'enfants. Leur clients pouvaient choisir un de ces enfants, qui serait alors enlevé, enfermé en Belgique pendant un certain temps, puis exporté vers l'europe de l'est ou la thailande. Le prix de chaque enfant était d'environ 7500 euros. Pendant cette conversation, Michaux parla de Dutroux à Dubois. Dubois se rappelait :"Je me souviens que Michaux m'a dit que Dutroux était allé dans des pays d'europe de l'est...Les sommes qu'il avait mentionné pour l'enlèvement étaient similaires à celles données par mon informateur...Même aujourd'hui cela me tiens éveillé la nuit. Je me sens responsable. Après coup, en 1996, je me suis renseigné sur Dutroux...vous le sentez. C'était l'homme que nous recherchions !" Michaux n'entreprit aucune action et la commission Verwilghen se grattera la tête pour savoir pourquoi. ASCO se révéla être une société très intéressante. Elle fut incorporée le 2 juillet 1991, d'abord par Jean-Louis Delamotte, ami et partenaire d'affaire régulier de Michel Nihoul. Nihoul, Bernard Weinstein, Michel Lelievre et Michele Martin (pas Dutroux) avaient tous été repérés régulièrement dans les environs immédiats de l'entreprise. Des personnes dans le voisinage avaient aussi noté que Nihoul était souvent entouré de jeune filles noires et qu'ils avaient l'impression que ces filles étaient en transit. Cinq matelas et du lait pour bébé furent trouvés dans le siège social de la société après qu'elle fut mise en banqueroute en 1994. La société de Delamotte, Soparauto, enregistrée à la même adresse, possédait cinq mercedes blanches, toutes avec des plaques françaises, comme cela a été reporté (16). Delamotte sera aussi désigné comme étant un des voyous qui intimida un des témoins X (17) et possiblement aussi la personne qui la surveillait.
* Le 20 mars 1996, Dutroux est relaché anormalement tôt pour des "raisons humanitaires"; sa femme allait avoir un bébé. L'opération Othello, le programme qui surveillait les mouvements de Dutroux, a été arrêtée en janvier, car Dutroux était en prison. L'opération n'a pas été relancée après sa relache.
* En août 1996, Dutroux est enfin attrapé par Michel Bourlet et Jean-Marc Connerotte. Sabine, une des deux filles enfermées dans sa cave, avait caché des lettres sous le tapis de Dutroux. Michaux n'avait pas réussi à les trouver, pour cela il sera critiqué par Michel Bourlet en 2004 (18).
* Bien que plus de 10 ans se soient passés depuis l'arrestation de Dutroux pour des soupçons d'enlèvement de Laetitia, en grande partie à cause de Michaux il y a toujours une sorte de mystère concernant le nombre de vidéos confisquées fin 1995 et en août 1996 (19). Les rapports initiaux après l'arrestation de Dutroux déclaraient que le département de justice disposait de plus de 300 vidéos (20); en quelques semaines ce nombre s'élevait à 5000 vidéos. Des rumeurs que les complices de Dutroux, incluant de nombreux officiels de haut niveau, pouvaient être vus sur ces films ont aussi commencé à apparaître (21). Finalement, il semblerait qu'il y a eu une grosse exagération (22), bien que le nombre exact de vidéos reste un mystère (23). La pluparts des éstimation aujourd'hui sont en dessous de 100, et seulement une portion de ces vidéos montreraient Dutroux abusant de jeunes filles.
Nihoul
Une des plus importantes raisons de spéculer autour d'un réseau a été Michel Nihoul. Cette personne a été arrêtée le 16 août après que les enquêteur de Bourlet et Connerotte aient trouvé que le 10 août, un an après l'enlèvement de Laetita par Dutroux et Lelievre, Nihoul a fourni à Lelievre, sans charges, mille pilules XTC. Les enquêteurs suspectèrent immédiatement que ces pilules ne servent de payement pour l'enlèvement de Laetitia, des soupçons qui ont été seulement alimentés quand Nihoul n'a pas été en mesure de fournir un alibi pour le 8 août (24), le jour où au moins huit témoins prétendent avoir vu Nihoul à Bertrix, à et près de l'endroit où Laetitia sera enlevée le jour suivant. De plus, certains de ces témoins disent avoir vu Nihoul en présence de Dutroux (ou de son van),qui réalisait une surveillance initiale ce jour là (25). La femme de Dutroux, Michel Martin, ainsi que Michel Lelievre, ont spécifié que Dutroux, au moins dans certains cas, enlevait des filles selon les demandes spécifiques des clients. Martin déclara qu'au moins un de ces clients était Michel Nihoul.
Michele Martin, femme de Dutroux : "J'ai entendu Marc disant personnelement à Lelievre qu'il devrait ramener une fille pour Michel Nihoul. Si je ne l'avais pas mentionné auparavant, c'est que je suis effrayée par ce gang, c'est à dire Nihoul, Marc Dutroux et d'autres à Bruxelles. Je parle d'individus bien placés que Nihoul connaissait. Les connexions de Nihoul m'ont fait craindre pour mes enfants et moi même...J'avais peur, car Jean-Michel Nihoul, Marc Dutroux et Michel Lelievre faisaient parti d'un gang qui était impliqué dans toutes sortes d'affaires, comme les drogues, les pilules, les filles et les faux papiers [note: pour lesquels Nihoul sera en effet plus tard condamné,tout comme le trafic humain]. Je dois dire qu'à l'époque de l'enlèvement de Sabine et Laetitia, Michel Nihoul, comme je l'ai déjà déclaré, appelait souvent à la maison, de Sars. Il cherchait Marc Dutroux. Il n'appelait pas pour moi. Quand Nihoul essayait de contacter Marc, il restait toujours vague. Je n'ai jamais su pourquoi il appelait si souvent Marc Dutroux. Avec le temps, je suis devenue de plus en plus convaincue que Marc Dutroux et Jean-Michel Nihoul faisaient des choses qui ne pouvaient pas supporter la lumière de jour et que je n'étais pas censée savoir." (26)
"Au fait, Marc m'a dit qu'il allait de plus en plus souvent à Bruxelles et rencontrait un nombre croissant de personnes liées à ses activités avec Michel Nihoul...Nihoul m'a toujours donné l'impression d'avoir beaucoup de connexions sur lesquelles il pouvait compter. Marc Dutroux m'a dit que Nihoul avait pris soin de plusieurs problèmes de Lelievre : il avait empêché qu'il soit arrêté, il avait réglé ses amendes et résolu ses problèmes d'argent. Marc avait précisement senti qu'il pourrait tirer profit à continuer à voir Nihoul, du fait de ses connexions et de celles de sa femme, l'avocate. Plus ils se voyaient, plus ils s'ouvraient les uns aux autres bien sur. Je pense qu'à un certain moment une confiance mutuelle s'est installée. Je tiens pour preuve la conversation entre Lelievre et Marc que j'ai entendu par coincidence et dans laquelle Dutroux disait qu'ils devaient ramener une fille pour Nihoul. Je pense que Jean-Michel a eu une influence sur Marc Dutroux. Marc me disait souvent qu'il était impressionné par les connexions de Nihoul."(27)
Michel Lelievre: "Marc m'a toujours dit qu'il enlevait des filles pour des personnes lui ayant passé commande. Quand il est sorti de prison en mars 1996, je lui ai demandé qui éxecutait les commandes quand il était en prison. Il me repondit que quelqu'un d'autre le faisait et qu'il n'était surement pas le seul. Quand il est allé chercher une fille, Marc voulait qu'elle corresponde à la commande, petites hanches. Il m'a donné une description de la fille que nous recherchions. [Un jour] je lui ai demandé pourquoi elles [An et Eefje] étaient toujours avec lui alors qu'il prétendait avoir une commande. Il me dit que les gens qui avaient passé commande étaient venus, mais elles ne les interessaient pas...Dutroux m'expliqua qu'il avait conditionné les filles à être obéissantes et soumises quand elles arrivaient chez les clients..." (28)
"Je voudrais révéler d'autres choses à propos de Jean-Michel Nihoul, mais je ne veux pas que ces témoignages soient ajoutés au dossier. Comme je l'ai dit, je crains pour ma vie et celle de mes proches. Je vous rappelle que Nihoul m'a dit ce qui suit:'Si tu me croises, je te détruirai'.Avec ces mots il m'a fait savoir qu'il me tuerait ou me ferait tuer." (29)
Bien que condamné pour fraude financière, trafic de drogues et d'êtres humains en raison d'une énorme quantité de preuves (30), Nihoul fut en fin de compte acquitté des charges d'implication dans les enlèvements et les meurtres de toutes les filles de Dutroux. Cependant,pour quiconque s'est penché profondément sur ce cas, il est clair que tout un tas de pistes ont dû être ignorées et rejetées avant que cette conclusion soit atteinte (32), ce qui soulève deux questions importantes: Comment, et pourquoi?