Article placé le 18 juin 2010, par Faouzi Elmir (Lyon) POUR mecanopolis
Ça y est, c’est parti pour tous les dégénérés de la terre qui vont se régaler pendant un mois à l’occasion du mondial de football 2010 qui se déroule en Afrique du sud du 11 juin au 11 juillet. Cet événement sportif international mérite une attention particulière, car la coupe du monde du football n’est pas une simple manifestation sportive, médiatique, financière, économique voire politique, elle est aussi une pathologie sociale secrétée par un type de société et un mode de production, le mode de production capitaliste.
Les jeux et la compétition ont certes existé rappelons-nous (rappelons nous la fameuse boutade de Néron, le pain et les jeux pour le peuple) mais ils n’ont jamais pris une telle dimension planétaire au point d’envahir la vie quotidienne des hommes. D’abord, les jeux étaient confinés dans une zone géographique, une ville ou un village, et leur but était seulement le plaisir du spectacle et l’émotion intense qu’ils produisaient. Le sport et le loisir étaient l’apanage des gens riches disposant du temps libre et des loisirs. Avec l’avènement du capitalisme, le sport et les loisirs deviennent un rouage du pouvoir politique et l’un des innombrables mécanismes qui composent la machinerie mise en place progressivement, consciemment ou inconsciemment, par les classes dominantes pour orienter utilement et pour canaliser l’énergie psychique et physique des masses.
Ceux qui se focalisent un peu vite sur le sport en général et sur le football en particulier qualifié de peste et de nouvel opium des peuples se trompent lourdement, car ils ignorent l’action analgésiante et abrutissante d’autres relais et d’autres institutions tels que l’école, l’université, la radio, la télévision, le divertissement, la musique, le loto, le PMU, les casinos, la science, la technique, la médecine etc qui concourent chacun dans son domaine propre à la dégénérescence mentale et intellectuelle des masses. À ceux qui s’alarment du danger du sport et du football, nous leur disons, n’exagérons rien, le sport et le football ne sont pas plus dangereux pour notre santé mentale et intellectuelle que les émissions de Philippe Bouvard et d’Arthur à la radio et à la télévision, qu’un concert de Johnny Halliday, à Bercy, les séries télévisées, Star Académie, la ferme célébrité ou n’importe quelle émission de télé reality.
Ceux qui s’en prennent uniquement au sport et au football rendus responsables de l’abrutissement des masses, inversent l’ordre des priorités, car ils oublient ou feignent d’oublier que le processus du décervelage des hommes dans nos sociétés actuelles commence non pas dans les stades mais à l’école au sein de laquelle prend source la dégénérescence mentale et intellectuelle des futurs générations.
En réalité, les rois des stades n’y sont pour rien dans le décervelage des masses, ils sont là seulement pour entretenir la débilité ambiante. Le sport en général et le foot en particulier sont une parmi d’autres institutions jouant chacune le rôle d’agent d’entretien de l’abrutissement et de la dégénération mentale et intellectuelle des masses. Une fois la mission de l’école est terminée, c’est à d’autres institutions de prendre le relais pour entretenir continuellement l’état d’abrutissement et de dégénération des masses sans lequel le système capitaliste ne pourra ni fonctionner ni perdurer. Au-delà de ces considérations générales, toute la question est de savoir pourquoi le football a pris l’importance que l’on sait dans nos sociétés actuelles.
LE FOOTBALL, ARME POLITIQUE ET IDÉOLOGIQUE CONTRE LES CLASSES EXPLOITÉES
Si le football a envahi notre vie quotidienne et il est devenu si populaire, c’est parce qu’il s’est révélé historiquement comme une arme de combat des classes dominantes contre les classes exploitées. Il faut savoir qu’une classe dominante ne peut jamais asseoir sa domination qu’en dégénérant mentalement et intellectuellement les classes dominées. Cela veut dire concrètement que les classes exploiteuses doivent tout faire pour empêcher les classes dominées de prendre conscience des mécanismes qui sous-tendent leur domination. À cet égard, le football, pour ne pas parler d’autres sports, fut une arme politique et idéologique d’une redoutable efficacité dont s’étaient servis la bourgeoisie et les capitalistes au XIXème siècle pour briser l’unité et la conscience de classe des dominées et des exploités. C’est seulement cette perspective qui explique pourquoi le football est devenu si populaire et pourquoi il a pris une telle importance planétaire. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de constater l’émergence simultanée, durant les trois dernières décennies du XIXème, du football comme sport de masse et comme institution et l’école publique, gratuite et obligatoire, car l’un et l’autre sont de nature à empêcher la naissance d’une conscience de classe entre toutes les victimes de l’exploitation capitaliste.
Pour mieux comprendre pourquoi le football, jadis sport élitiste, est devenu aujourd’hui un sport de masse et même le sport le plus populaire de tous les temps, il faudra le replacer dans le contexte de l’époque qui lui a donné naissance. À l’origine, le football, comme le rugby, était un sport pratiqué par la riche aristocratie anglaise et par ses enfants qui fréquentaient les prestigieux collèges des publics Schools. Dans l’esprit de ses promoteurs, le football visait à empêcher les garçons des publics Schools d’aller rôder dans les rues et sur les terrains du voisinage. Jusqu’aux années 1870, le football faisait partie de l’éducation militaire des gentlemen et de l’Upper middle class et il participait à l’éthique sportive de la classe aristocratique fondée sur la maîtrise de soi, le contrôle des pulsions, le respect des codes et l’exaltation de la virilité(manliness) physique et morale. Géographiquement, le football était localisé au sud de l’Angleterre. Mais à partir des années 1870, le football, jusqu’ici sport élitiste et aristocratique par excellence, commence à intéresser la classe politique et les capitalistes anglais pour son triple rôle d’intégration politique et sociale, de défoulement physique et de décharge psychique pour les ouvriers. Ce faisant, le football était perçu comme un moyen efficace pour créer des masses aliénées en empêchant la coalition des ouvriers et en étouffant dans l’œuf toute velléité de prise conscience politique de classe.
La soi-disant démocratisation du football était commandée en réalité par des impératifs politiques et idéologiques visant à lutter contre la force montante et menaçante du trade unionisme et à soustraire les ouvriers anglais de l’influence grandissante des idées socialistes et communistes. Le football, comme d’ailleurs l’école à la même époque, était considéré par les bourgeoisies et les classes politiques de l’époque comme l’antidote des projets éducatifs mis en place par la Première Internationale pour contrecarrer l’emprise de l’idéologie dominante sur les ouvriers et dotant derniers d’un rudiment d’éducation politique nécessaire à leurs futurs combats de classe. Car, pour la Première Internationale, l’éducation et l’instruction faisaient partie intégrante de tout projet et de tout mouvement d’émancipation politique et idéologique de la classe ouvrièrei C’est justement pour combattre les projets éducatifs de la Première Internationale et pour empêcher les ouvriers de s’instruire et de s’éduquer en suivant les conférences et les cours d’éducation politique institués par les sections de la Première Internationale en Angleterre d’abord et ensuite sur le continent et aux Etats-Unis, que le patronat et les capitalistes avaient créé dans les centres industriels, dans les quartiers, dans les usines, des clubs de football. Le club de football était considéré comme le meilleur rempart contre l’instruction et l’éducation des ouvriers. Ce n’est pas un pur hasard si les premiers clubs de football s’étaient implantés dans les centres industriels, c’est-à-dire les lieux où étaient massivement présents les syndicats anglais, les Trade union. C’est pourquoi les premiers lieux privilégiés d’implantation des clubs de football ont été les entreprises et les centres industriels, dans les ports dont certains entrepôts appartenaient aux compagnies maritimes anglaises. Ce sont par la suite les cadres et les techniciens travaillant pour les chantiers navals anglais à l’étranger qui furent les principaux artisans de l’exportation du football sur le continent et en Amérique latine. Cela montre que les clubs de football étaient une arme politique et idéologique entre les mains des bourgeoisies et des classes dominantes pour contrer les projets éducatifs des dirigeants du mouvement ouvrier et pour empêcher la naissance d’une conscience de classe et d’une solidarité entre les ouvriers de tous les pays.
Outre cette mission de soustraire les ouvriers à l’influence des Trade uions et des courants socialistes et communistes, le football était appelé à remplir une deuxième mission, celle faire naître et de propager dans les masses l’esprit du chauvinisme et de la guerre. Le football, comme d’ailleurs tous les jeux de combat organisés, boxes, tennis, escrime, vélo etc a partie liée avec l’état de guerre permanent, la compétition et la lutte pour l’existence qui caractérise la société capitaliste. En effet, le gros problème pour les classes dominantes de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle, était de mobiliser leurs peuples qui devaient servir de chair à canon pour leurs futures guerres impérialistes et colonialistes. Le football était conçu comme un moyen assez commode pour stimuler l’instinct combatif et l’esprit d’agressivité et de chauvinisme des masses et des peuples qui ont tendance à plutôt à être pacifistes. Le football avait donc pour mission de préparer les masses et les peuples aux futures guerres et aux futurs conflits militaires. C’est pourquoi, avant toute guerre, étaient organisés un peu partout dans les pays capitalistes des matchs de foot, et même dans les coins les plus reclus des territoires, pour créer et préparer une ambiance belliqueuse en excitant et en exacerbant le chauvinisme et la nationalisme des classes populaires. Cette relation entre le football et l’instinct combatif a d’ailleurs été révélée par des statistiques effectuées durant la première guerre mondiale montrant la présence d’une forte proportion de joueurs de football dans les armées anglaises, françaises, allemandes etc. Ce phénomène devient compréhensible quand on sait que le football prépare psychologiquement au combat et à la guerre et son public est animé par la même exaltation des vertus guerrières que le soldat. Le football, comme tous les sports de combat, stimule la force musculaire, affermit la force de résistance surtout nerveuse et crée de la discipline. Le football endurcit, aguerrit et immunise contre la tendance à éviter et à fuir la douleur. Dans le football comme dans l’éducation militaire, on cherche à canaliser la pulsion combative en la stimulant et en la plaçant sous la dépendance étroite d’un donneur d’ordre. On peut dire sans se tromper que l’émergence du football comme sport de masse n’est nullement étrangère aux grandes boucheries du XXème qui ont laissé sur les champs de bataille une centaine de millions de morts.
CONCLUSION
La coupe du monde de football montre que la dégénérescence mentale et intellectuelle n’est plus l’apanage d’une seule zone géographique mais qu’elle est devenue un phénomène planétaire. L’internationalisation du capital et la mondialisation de l’économie, loin d’être des bienfaits pour l’humanité, ont contribué, bien au contraire, à l’abrutissement généralisé et à affligeante dégénérescence mentale et intellectuelle des êtres humains. IL va sans dire que la coupe du monde du football est une véritable aubaine et pour les multinationales capitalistes qui vont pouvoir s’engraisser encore un peu plus, pour les mass médias privées et publiques qui vont se sucrer royalement tout en participant comme à l’accoutumée à l’abrutissement des masses, pour la classe politique en France qui va saisir une occasion en or pour infliger deux ans ferme au monde du travail en augmentant l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, et enfin pour les masses dégénérées du monde entier dont le degré de dégénérescence mentale et intellectuelle va monter encore d’un cran.
Sur la question de la dégénérescence mentale et intellectuelle des masses, il convient d’écarter deux malentendus lourds de conséquences. Le premier est que le phénomène de dégénérescence mentale et intellectuelle des hommes n’est pas une fatalité et il n’est nullement dû à une prétendue nature humaine immuable ou à un programme génétique qui prédestine les individus à devenir dégénérés mentalement et intellectuellement. La dégénérescence mentale et intellectuelle des sociétés capitalistes s’inscrit dans un projet et elle est le produit d’une volonté politique affirmée et imposée par les classes dominantes qui misent sur l’ignorance des êtres humains pour mieux les dominer. Le deuxième malentendu est que la dégénérescence mentale et intellectuelle des masses ne saurait être attribuée à une quelconque carence ou à une quelconque pénurie de savoirs existants, mais à une stratégie délibérée des classes dominantes visant à refouler les savoirs contestataires et la culture émancipatrice en ne laissant émerger dans l’espace social que les manifestations et les pseudo savoirs conformistes destinés à reproduire les rapports de domination et de soumission. Le sport en général et le football en particulier font partie d’une vaste machinerie politique qui englobe l’école, la famille, l’armée, la police, la rue, le livre, les bibliothèques, les mass medias, la science, la technique, la médecine, l’industrie culturelle de divertissement, l’université etc et qui n’a qu’un seul but: abrutir, dégénérer et décerveler.
À l’occasion du Mondial du football qui est suivi et regardé par des milliards d’êtres humains, à raison de 500 à 600 millions de téléspectateurs pour chaque match, il est urgent de lancer un SOS à l’ensemble de l’humanité, en faisant écho à la fameuse et dernière phrase du Manifeste du parti communiste « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », « Dégénérés de tous les pays, Réveillez-vous ! »
Ça y est, c’est parti pour tous les dégénérés de la terre qui vont se régaler pendant un mois à l’occasion du mondial de football 2010 qui se déroule en Afrique du sud du 11 juin au 11 juillet. Cet événement sportif international mérite une attention particulière, car la coupe du monde du football n’est pas une simple manifestation sportive, médiatique, financière, économique voire politique, elle est aussi une pathologie sociale secrétée par un type de société et un mode de production, le mode de production capitaliste.
Les jeux et la compétition ont certes existé rappelons-nous (rappelons nous la fameuse boutade de Néron, le pain et les jeux pour le peuple) mais ils n’ont jamais pris une telle dimension planétaire au point d’envahir la vie quotidienne des hommes. D’abord, les jeux étaient confinés dans une zone géographique, une ville ou un village, et leur but était seulement le plaisir du spectacle et l’émotion intense qu’ils produisaient. Le sport et le loisir étaient l’apanage des gens riches disposant du temps libre et des loisirs. Avec l’avènement du capitalisme, le sport et les loisirs deviennent un rouage du pouvoir politique et l’un des innombrables mécanismes qui composent la machinerie mise en place progressivement, consciemment ou inconsciemment, par les classes dominantes pour orienter utilement et pour canaliser l’énergie psychique et physique des masses.
Ceux qui se focalisent un peu vite sur le sport en général et sur le football en particulier qualifié de peste et de nouvel opium des peuples se trompent lourdement, car ils ignorent l’action analgésiante et abrutissante d’autres relais et d’autres institutions tels que l’école, l’université, la radio, la télévision, le divertissement, la musique, le loto, le PMU, les casinos, la science, la technique, la médecine etc qui concourent chacun dans son domaine propre à la dégénérescence mentale et intellectuelle des masses. À ceux qui s’alarment du danger du sport et du football, nous leur disons, n’exagérons rien, le sport et le football ne sont pas plus dangereux pour notre santé mentale et intellectuelle que les émissions de Philippe Bouvard et d’Arthur à la radio et à la télévision, qu’un concert de Johnny Halliday, à Bercy, les séries télévisées, Star Académie, la ferme célébrité ou n’importe quelle émission de télé reality.
Ceux qui s’en prennent uniquement au sport et au football rendus responsables de l’abrutissement des masses, inversent l’ordre des priorités, car ils oublient ou feignent d’oublier que le processus du décervelage des hommes dans nos sociétés actuelles commence non pas dans les stades mais à l’école au sein de laquelle prend source la dégénérescence mentale et intellectuelle des futurs générations.
En réalité, les rois des stades n’y sont pour rien dans le décervelage des masses, ils sont là seulement pour entretenir la débilité ambiante. Le sport en général et le foot en particulier sont une parmi d’autres institutions jouant chacune le rôle d’agent d’entretien de l’abrutissement et de la dégénération mentale et intellectuelle des masses. Une fois la mission de l’école est terminée, c’est à d’autres institutions de prendre le relais pour entretenir continuellement l’état d’abrutissement et de dégénération des masses sans lequel le système capitaliste ne pourra ni fonctionner ni perdurer. Au-delà de ces considérations générales, toute la question est de savoir pourquoi le football a pris l’importance que l’on sait dans nos sociétés actuelles.
LE FOOTBALL, ARME POLITIQUE ET IDÉOLOGIQUE CONTRE LES CLASSES EXPLOITÉES
Si le football a envahi notre vie quotidienne et il est devenu si populaire, c’est parce qu’il s’est révélé historiquement comme une arme de combat des classes dominantes contre les classes exploitées. Il faut savoir qu’une classe dominante ne peut jamais asseoir sa domination qu’en dégénérant mentalement et intellectuellement les classes dominées. Cela veut dire concrètement que les classes exploiteuses doivent tout faire pour empêcher les classes dominées de prendre conscience des mécanismes qui sous-tendent leur domination. À cet égard, le football, pour ne pas parler d’autres sports, fut une arme politique et idéologique d’une redoutable efficacité dont s’étaient servis la bourgeoisie et les capitalistes au XIXème siècle pour briser l’unité et la conscience de classe des dominées et des exploités. C’est seulement cette perspective qui explique pourquoi le football est devenu si populaire et pourquoi il a pris une telle importance planétaire. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de constater l’émergence simultanée, durant les trois dernières décennies du XIXème, du football comme sport de masse et comme institution et l’école publique, gratuite et obligatoire, car l’un et l’autre sont de nature à empêcher la naissance d’une conscience de classe entre toutes les victimes de l’exploitation capitaliste.
Pour mieux comprendre pourquoi le football, jadis sport élitiste, est devenu aujourd’hui un sport de masse et même le sport le plus populaire de tous les temps, il faudra le replacer dans le contexte de l’époque qui lui a donné naissance. À l’origine, le football, comme le rugby, était un sport pratiqué par la riche aristocratie anglaise et par ses enfants qui fréquentaient les prestigieux collèges des publics Schools. Dans l’esprit de ses promoteurs, le football visait à empêcher les garçons des publics Schools d’aller rôder dans les rues et sur les terrains du voisinage. Jusqu’aux années 1870, le football faisait partie de l’éducation militaire des gentlemen et de l’Upper middle class et il participait à l’éthique sportive de la classe aristocratique fondée sur la maîtrise de soi, le contrôle des pulsions, le respect des codes et l’exaltation de la virilité(manliness) physique et morale. Géographiquement, le football était localisé au sud de l’Angleterre. Mais à partir des années 1870, le football, jusqu’ici sport élitiste et aristocratique par excellence, commence à intéresser la classe politique et les capitalistes anglais pour son triple rôle d’intégration politique et sociale, de défoulement physique et de décharge psychique pour les ouvriers. Ce faisant, le football était perçu comme un moyen efficace pour créer des masses aliénées en empêchant la coalition des ouvriers et en étouffant dans l’œuf toute velléité de prise conscience politique de classe.
La soi-disant démocratisation du football était commandée en réalité par des impératifs politiques et idéologiques visant à lutter contre la force montante et menaçante du trade unionisme et à soustraire les ouvriers anglais de l’influence grandissante des idées socialistes et communistes. Le football, comme d’ailleurs l’école à la même époque, était considéré par les bourgeoisies et les classes politiques de l’époque comme l’antidote des projets éducatifs mis en place par la Première Internationale pour contrecarrer l’emprise de l’idéologie dominante sur les ouvriers et dotant derniers d’un rudiment d’éducation politique nécessaire à leurs futurs combats de classe. Car, pour la Première Internationale, l’éducation et l’instruction faisaient partie intégrante de tout projet et de tout mouvement d’émancipation politique et idéologique de la classe ouvrièrei C’est justement pour combattre les projets éducatifs de la Première Internationale et pour empêcher les ouvriers de s’instruire et de s’éduquer en suivant les conférences et les cours d’éducation politique institués par les sections de la Première Internationale en Angleterre d’abord et ensuite sur le continent et aux Etats-Unis, que le patronat et les capitalistes avaient créé dans les centres industriels, dans les quartiers, dans les usines, des clubs de football. Le club de football était considéré comme le meilleur rempart contre l’instruction et l’éducation des ouvriers. Ce n’est pas un pur hasard si les premiers clubs de football s’étaient implantés dans les centres industriels, c’est-à-dire les lieux où étaient massivement présents les syndicats anglais, les Trade union. C’est pourquoi les premiers lieux privilégiés d’implantation des clubs de football ont été les entreprises et les centres industriels, dans les ports dont certains entrepôts appartenaient aux compagnies maritimes anglaises. Ce sont par la suite les cadres et les techniciens travaillant pour les chantiers navals anglais à l’étranger qui furent les principaux artisans de l’exportation du football sur le continent et en Amérique latine. Cela montre que les clubs de football étaient une arme politique et idéologique entre les mains des bourgeoisies et des classes dominantes pour contrer les projets éducatifs des dirigeants du mouvement ouvrier et pour empêcher la naissance d’une conscience de classe et d’une solidarité entre les ouvriers de tous les pays.
Outre cette mission de soustraire les ouvriers à l’influence des Trade uions et des courants socialistes et communistes, le football était appelé à remplir une deuxième mission, celle faire naître et de propager dans les masses l’esprit du chauvinisme et de la guerre. Le football, comme d’ailleurs tous les jeux de combat organisés, boxes, tennis, escrime, vélo etc a partie liée avec l’état de guerre permanent, la compétition et la lutte pour l’existence qui caractérise la société capitaliste. En effet, le gros problème pour les classes dominantes de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle, était de mobiliser leurs peuples qui devaient servir de chair à canon pour leurs futures guerres impérialistes et colonialistes. Le football était conçu comme un moyen assez commode pour stimuler l’instinct combatif et l’esprit d’agressivité et de chauvinisme des masses et des peuples qui ont tendance à plutôt à être pacifistes. Le football avait donc pour mission de préparer les masses et les peuples aux futures guerres et aux futurs conflits militaires. C’est pourquoi, avant toute guerre, étaient organisés un peu partout dans les pays capitalistes des matchs de foot, et même dans les coins les plus reclus des territoires, pour créer et préparer une ambiance belliqueuse en excitant et en exacerbant le chauvinisme et la nationalisme des classes populaires. Cette relation entre le football et l’instinct combatif a d’ailleurs été révélée par des statistiques effectuées durant la première guerre mondiale montrant la présence d’une forte proportion de joueurs de football dans les armées anglaises, françaises, allemandes etc. Ce phénomène devient compréhensible quand on sait que le football prépare psychologiquement au combat et à la guerre et son public est animé par la même exaltation des vertus guerrières que le soldat. Le football, comme tous les sports de combat, stimule la force musculaire, affermit la force de résistance surtout nerveuse et crée de la discipline. Le football endurcit, aguerrit et immunise contre la tendance à éviter et à fuir la douleur. Dans le football comme dans l’éducation militaire, on cherche à canaliser la pulsion combative en la stimulant et en la plaçant sous la dépendance étroite d’un donneur d’ordre. On peut dire sans se tromper que l’émergence du football comme sport de masse n’est nullement étrangère aux grandes boucheries du XXème qui ont laissé sur les champs de bataille une centaine de millions de morts.
CONCLUSION
La coupe du monde de football montre que la dégénérescence mentale et intellectuelle n’est plus l’apanage d’une seule zone géographique mais qu’elle est devenue un phénomène planétaire. L’internationalisation du capital et la mondialisation de l’économie, loin d’être des bienfaits pour l’humanité, ont contribué, bien au contraire, à l’abrutissement généralisé et à affligeante dégénérescence mentale et intellectuelle des êtres humains. IL va sans dire que la coupe du monde du football est une véritable aubaine et pour les multinationales capitalistes qui vont pouvoir s’engraisser encore un peu plus, pour les mass médias privées et publiques qui vont se sucrer royalement tout en participant comme à l’accoutumée à l’abrutissement des masses, pour la classe politique en France qui va saisir une occasion en or pour infliger deux ans ferme au monde du travail en augmentant l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, et enfin pour les masses dégénérées du monde entier dont le degré de dégénérescence mentale et intellectuelle va monter encore d’un cran.
Sur la question de la dégénérescence mentale et intellectuelle des masses, il convient d’écarter deux malentendus lourds de conséquences. Le premier est que le phénomène de dégénérescence mentale et intellectuelle des hommes n’est pas une fatalité et il n’est nullement dû à une prétendue nature humaine immuable ou à un programme génétique qui prédestine les individus à devenir dégénérés mentalement et intellectuellement. La dégénérescence mentale et intellectuelle des sociétés capitalistes s’inscrit dans un projet et elle est le produit d’une volonté politique affirmée et imposée par les classes dominantes qui misent sur l’ignorance des êtres humains pour mieux les dominer. Le deuxième malentendu est que la dégénérescence mentale et intellectuelle des masses ne saurait être attribuée à une quelconque carence ou à une quelconque pénurie de savoirs existants, mais à une stratégie délibérée des classes dominantes visant à refouler les savoirs contestataires et la culture émancipatrice en ne laissant émerger dans l’espace social que les manifestations et les pseudo savoirs conformistes destinés à reproduire les rapports de domination et de soumission. Le sport en général et le football en particulier font partie d’une vaste machinerie politique qui englobe l’école, la famille, l’armée, la police, la rue, le livre, les bibliothèques, les mass medias, la science, la technique, la médecine, l’industrie culturelle de divertissement, l’université etc et qui n’a qu’un seul but: abrutir, dégénérer et décerveler.
À l’occasion du Mondial du football qui est suivi et regardé par des milliards d’êtres humains, à raison de 500 à 600 millions de téléspectateurs pour chaque match, il est urgent de lancer un SOS à l’ensemble de l’humanité, en faisant écho à la fameuse et dernière phrase du Manifeste du parti communiste « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », « Dégénérés de tous les pays, Réveillez-vous ! »