Bonjour à tous, n’étant pas très à l’aise dans les présentations, je vais être assez brève. J’ai une vingtaine d’années, et vit sur la côte ouest. Très créative, mon cheminement m’a amené à faire des études dans l’art pour devenir graphiste. Voilà. J’aimerais pouvoir expliquer ce qui aujourd’hui me fait poster sur un tel forum. C’est impossible car le flot de mes pensées actuellement est une couleuvre qui se mord la queue. Des questions, des réponses, puis des démentis, entraînant d’autres remises en cause… cercle sans fin. C’est depuis cet hiver surtout que je suis dans l’inertie. C’est comme si un flot d’informations, de révélations, d’illuminations, de questions m’était tombé dessus comme une enclume, qui continue de m’écraser avec le forgeron qui persiste à taper dessus. Le hasard m’a plongé dans un gouffre d’incertitudes avec un gros coup de pied au cul, ensuite il m’a pris la main et prend plaisir à me « balader ». Je dis hasard car je ne suis plus très sûre de qui ou quoi se cache derrière ce mot. Voyez, je parle en métaphores tellement je n’arrive pas à structurer une démarche précise pour expliquer mon parcours. Je prendrais le temps quand même. Mais en guise de premier message, je préfère reproduire le passage d’un livre que je viens de finir et qui est juste fabuleux. C’est Quatrevingt-treize de Victor Hugo. Ce passage me parle et c’est pourquoi je tiens à le faire partager. Voici le contexte. Nous sommes en pleine insurrection vendéenne et la contre-révolution fait rage. Les bleus (républicains) encerclent les blancs (royalistes) en état de siège dans le château de la Tourgue. Au cœur de ce conflit, trois enfants de 2 à 4 ans sont prisonniers otages des blancs dans le château. Le cruel marquis de Lantenac qui est l’âme de l’insurrection vendéenne menace de mettre le feu à son château dans lequel sont prisonniers les trois petits « enfants de la République ». Cimourdain, austère, issu du peuple et délégué intraitable de la Convention, a juré d’avoir la tête de Lantenac. Gauvain est le neveu de Lantenac et le fil adoptif de Cimourdain, c’est un noble qui a rejoint les rangs du peuple. Il assiste à la scène. Le château est en feu et tout menace de s’effondrer. Les 4000 soldats bleus sont impuissants, alors que les enfants sont prisonniers des flammes. Le marquis de Lantenac s’enfuit avec la seule source de salut des enfants. Une clé pour ouvrir la porte en fer. Celui-ci revient finalement se jeter dans les flammes pour sauver les enfants et du même coup, se livre à Cimourdain. Voici l’extrait tiré du livre.
II Gauvain pensif
Sa rêverie était insondable.
Un changement à vue inouï venait de se faire.
Le marquis de Lantenac s'était transfiguré.
Gauvain avait été témoin de cette transfiguration.
Jamais il n'aurait cru que de telles choses pussent résulter d'une complication d'incidents, quels qu'ils fussent. Jamais il n'aurait, même en rêve, imaginé qu'il pût arriver rien de pareil.
L'imprévu, cet on ne sait quoi de hautain qui joue avec l'homme, avait saisi Gauvain et le tenait.
Gauvain avait devant lui l'impossible devenu réel, visible, palpable, inévitable, inexorable.
Que pensait-il de cela, lui, Gauvain ?
Il ne s'agissait pas de tergiverser ; il fallait conclure.
Une question lui était posée ; il ne pouvait prendre la fuite devant elle.
Posée par qui ?
Par les événements.
Et pas seulement par les événements.
Car lorsque les événements, qui sont variables, nous font une question, la justice, qui est immuable, nous somme de répondre.
Derrière le nuage, qui nous jette son ombre, il y a l'étoile, qui nous jette sa clarté.
Nous ne pouvons pas plus nous soustraire à la clarté qu'à l'ombre.
Gauvain subissait un interrogatoire.
Il comparaissait devant quelqu'un.
Devant quelqu'un de redoutable.
Sa conscience.
Gauvain sentait tout vaciller en lui. Ses résolutions les plus solides, ses promesses les plus fermement faites, ses décisions les plus irrévocables, tout cela chancelait dans les profondeurs de sa volonté.
Il y a des tremblements d'âme.
Plus il réfléchissait à ce qu'il venait de voir, plus il était bouleversé.
Gauvain, républicain, croyait être, et était, dans l'absolu. Un absolu supérieur venait de se révéler.
Au-dessus de l'absolu révolutionnaire, il y a l'absolu humain.
Ce qui se passait ne pouvait être éludé ; le fait était grave ; Gauvain faisait partie de ce fait ; il en était, il ne pouvait s'en retirer ; et, bien que Cimourdain lui eût dit : - " Cela ne te regarde plus, " - il sentait en lui quelque chose comme ce qu'éprouve l'arbre au moment où on l'arrache de sa racine.
Tout homme a une base ; un ébranlement à cette base cause un trouble profond ; Gauvain sentait ce trouble.
Il pressait sa tête dans ses deux mains, comme pour en faire jaillir la vérité. Préciser une telle situation n'était pas facile ; rien de plus malaisé ; il avait devant lui de redoutables chiffres dont il fallait faire le total ; faire l'addition de la destinée, quel vertige ! il l'essayait ; il tâchait de se rendre compte ; il s'efforçait de rassembler ses idées, de discipliner les résistances qu'il sentait en lui, et de récapituler les faits.
Il se les exposait à lui-même.
A qui n'est-il pas arrivé de se faire un rapport, et de s'interroger, dans une circonstance suprême, sur l'itinéraire à suivre, soit pour avancer, soit pour reculer ?
Gauvain venait d'assister à un prodige.
En même temps que le combat terrestre, il y avait eu un combat céleste.
Le combat du bien contre le mal.
Un cœur effrayant venait d'être vaincu.
Etant donné l'homme avec tout ce qui est mauvais en lui, la violence, l'erreur, l'aveuglement, l'opiniâtreté malsaine, l'orgueil, l'égoïsme, Gauvain venait de voir un miracle.
La victoire de l'humanité sur l'homme.
L'humanité avait vaincu l'inhumain.
Et par quel moyen ? De quelle façon ? Comment avait-elle terrassé un colosse de colère et de haine ? Quelles armes avait-elle employées ? Quelle machine de guerre ? Le berceau.
Un éblouissement venait de passer sur Gauvain. En pleine guerre sociale, en pleine conflagration de toutes les inimitiés et de toutes les vengeances, au moment le plus obscur et le plus furieux du tumulte, à l'heure où le crime donnait toute sa flamme et la haine toutes ses ténèbres, à cet instant des luttes où tout devient projectile, où la mêlée est si funèbre qu'on ne sait plus où est le juste, où est l'honnête, où est le vrai ; brusquement, l'Inconnu, l'avertisseur mystérieux des âmes, venait de faire resplendir, au-dessus des clartés et des noirceurs humaines, la grande lueur éternelle.
Au-dessus du sombre duel entre le faux et le relatif, dans les profondeurs, la face de la vérité avait tout à coup apparu.
Subitement la force des faibles était intervenue.
On avait vu trois pauvres êtres, à peine nés, inconscients, abandonnés, orphelins, seuls, bégayants, souriants, ayant contre eux la guerre civile, le talion, l'affreuse logique des représailles, le meurtre, le carnage, le fratricide, la rage, la rancune, toutes les gorgones, triompher ; on avait vu l'avortement et la défaite d'un infâme incendie, chargé de commettre un crime ; on avait vu les préméditations atroces déconcertées et déjouées ; on avait vu l'antique férocité féodale, le vieux dédain inexorable, la prétendue expérience des nécessités de la guerre, la raison d'Etat, tous les arrogants partis pris de la vieillesse farouche, s'évanouir devant le bleu regard de ceux qui n'ont pas vécu ; et c'est tout simple, car celui qui n'a pas vécu encore n'a pas fait le mal, il est la justice, il est la vérité, il est la blancheur, et les immenses anges du ciel sont dans les petits enfants.
Spectacle utile ; conseil ; leçon ; les combattants frénétiques de la guerre sans merci avaient soudainement vu, en face de tous les forfaits, de tous les attentats, de tous les fanatismes, de l'assassinat, de la vengeance attisant les bûchers, de la mort arrivant une torche à la main, au-dessus de l'énorme légion des crimes, se dresser cette toute-puissance, l'Innocence.
Et l'Innocence avait vaincu.
Et l'on pouvait dire : Non, la guerre civile n'existe pas, la barbarie n'existe pas, la haine n'existe pas, le crime n'existe pas, les ténèbres n'existent pas ; pour dissiper ces spectres, il suffit de cette aurore, l'enfance.
Jamais, dans aucun combat, Satan n'avait été plus visible, ni Dieu.
Voilà j’avais envie de remettre ce texte en guise de premier message. Ça n’a pas vraiment de rapport avec ce qui nous réunis sur un tel forum évidemment. Mais je trouve juste que c’est une belle image. Peut être n’y a-t-il pas d’autres combats, finalement, que celui qui nous est imposé par les évènements. Celui qui nous oblige à choisir entre le bien et le mal quelques soient les circonstances et dont l’arène est la conscience. N’y-a-t-il pas quelque chose à l’intérieur en nous. Une toute petite chose, un rien du tout qui fait toute la différence pourtant. Quelque chose qui nous sauve même dans les ténèbres. Dan Brown se demande ce qui différencie l’homme du divin en laissant entendre que nous le sommes tous par nature. Pour moi l’homme n’est pas divin tant qu’il reste incapable de faire ce choix entre le bien et le mal. Tant qu’il est dans le relatif et qu’il ne peut discerner le vrai du faux. Il y a tellement de mensonges autour de nous que c’est dur, vraiment dur de s’y retrouver. Je me sens très loin de la foi. C’est même pire, je ne sais pas ce que c’est. Je ne comprends pas ce grand mystère qui plane au-dessus de nous. Je souhaite que tous les vrais innocents de cette planète trouvent grâce aux yeux de la création, d’un Dieu ou d’une Déesse quels qu’ils soient.
II Gauvain pensif
Sa rêverie était insondable.
Un changement à vue inouï venait de se faire.
Le marquis de Lantenac s'était transfiguré.
Gauvain avait été témoin de cette transfiguration.
Jamais il n'aurait cru que de telles choses pussent résulter d'une complication d'incidents, quels qu'ils fussent. Jamais il n'aurait, même en rêve, imaginé qu'il pût arriver rien de pareil.
L'imprévu, cet on ne sait quoi de hautain qui joue avec l'homme, avait saisi Gauvain et le tenait.
Gauvain avait devant lui l'impossible devenu réel, visible, palpable, inévitable, inexorable.
Que pensait-il de cela, lui, Gauvain ?
Il ne s'agissait pas de tergiverser ; il fallait conclure.
Une question lui était posée ; il ne pouvait prendre la fuite devant elle.
Posée par qui ?
Par les événements.
Et pas seulement par les événements.
Car lorsque les événements, qui sont variables, nous font une question, la justice, qui est immuable, nous somme de répondre.
Derrière le nuage, qui nous jette son ombre, il y a l'étoile, qui nous jette sa clarté.
Nous ne pouvons pas plus nous soustraire à la clarté qu'à l'ombre.
Gauvain subissait un interrogatoire.
Il comparaissait devant quelqu'un.
Devant quelqu'un de redoutable.
Sa conscience.
Gauvain sentait tout vaciller en lui. Ses résolutions les plus solides, ses promesses les plus fermement faites, ses décisions les plus irrévocables, tout cela chancelait dans les profondeurs de sa volonté.
Il y a des tremblements d'âme.
Plus il réfléchissait à ce qu'il venait de voir, plus il était bouleversé.
Gauvain, républicain, croyait être, et était, dans l'absolu. Un absolu supérieur venait de se révéler.
Au-dessus de l'absolu révolutionnaire, il y a l'absolu humain.
Ce qui se passait ne pouvait être éludé ; le fait était grave ; Gauvain faisait partie de ce fait ; il en était, il ne pouvait s'en retirer ; et, bien que Cimourdain lui eût dit : - " Cela ne te regarde plus, " - il sentait en lui quelque chose comme ce qu'éprouve l'arbre au moment où on l'arrache de sa racine.
Tout homme a une base ; un ébranlement à cette base cause un trouble profond ; Gauvain sentait ce trouble.
Il pressait sa tête dans ses deux mains, comme pour en faire jaillir la vérité. Préciser une telle situation n'était pas facile ; rien de plus malaisé ; il avait devant lui de redoutables chiffres dont il fallait faire le total ; faire l'addition de la destinée, quel vertige ! il l'essayait ; il tâchait de se rendre compte ; il s'efforçait de rassembler ses idées, de discipliner les résistances qu'il sentait en lui, et de récapituler les faits.
Il se les exposait à lui-même.
A qui n'est-il pas arrivé de se faire un rapport, et de s'interroger, dans une circonstance suprême, sur l'itinéraire à suivre, soit pour avancer, soit pour reculer ?
Gauvain venait d'assister à un prodige.
En même temps que le combat terrestre, il y avait eu un combat céleste.
Le combat du bien contre le mal.
Un cœur effrayant venait d'être vaincu.
Etant donné l'homme avec tout ce qui est mauvais en lui, la violence, l'erreur, l'aveuglement, l'opiniâtreté malsaine, l'orgueil, l'égoïsme, Gauvain venait de voir un miracle.
La victoire de l'humanité sur l'homme.
L'humanité avait vaincu l'inhumain.
Et par quel moyen ? De quelle façon ? Comment avait-elle terrassé un colosse de colère et de haine ? Quelles armes avait-elle employées ? Quelle machine de guerre ? Le berceau.
Un éblouissement venait de passer sur Gauvain. En pleine guerre sociale, en pleine conflagration de toutes les inimitiés et de toutes les vengeances, au moment le plus obscur et le plus furieux du tumulte, à l'heure où le crime donnait toute sa flamme et la haine toutes ses ténèbres, à cet instant des luttes où tout devient projectile, où la mêlée est si funèbre qu'on ne sait plus où est le juste, où est l'honnête, où est le vrai ; brusquement, l'Inconnu, l'avertisseur mystérieux des âmes, venait de faire resplendir, au-dessus des clartés et des noirceurs humaines, la grande lueur éternelle.
Au-dessus du sombre duel entre le faux et le relatif, dans les profondeurs, la face de la vérité avait tout à coup apparu.
Subitement la force des faibles était intervenue.
On avait vu trois pauvres êtres, à peine nés, inconscients, abandonnés, orphelins, seuls, bégayants, souriants, ayant contre eux la guerre civile, le talion, l'affreuse logique des représailles, le meurtre, le carnage, le fratricide, la rage, la rancune, toutes les gorgones, triompher ; on avait vu l'avortement et la défaite d'un infâme incendie, chargé de commettre un crime ; on avait vu les préméditations atroces déconcertées et déjouées ; on avait vu l'antique férocité féodale, le vieux dédain inexorable, la prétendue expérience des nécessités de la guerre, la raison d'Etat, tous les arrogants partis pris de la vieillesse farouche, s'évanouir devant le bleu regard de ceux qui n'ont pas vécu ; et c'est tout simple, car celui qui n'a pas vécu encore n'a pas fait le mal, il est la justice, il est la vérité, il est la blancheur, et les immenses anges du ciel sont dans les petits enfants.
Spectacle utile ; conseil ; leçon ; les combattants frénétiques de la guerre sans merci avaient soudainement vu, en face de tous les forfaits, de tous les attentats, de tous les fanatismes, de l'assassinat, de la vengeance attisant les bûchers, de la mort arrivant une torche à la main, au-dessus de l'énorme légion des crimes, se dresser cette toute-puissance, l'Innocence.
Et l'Innocence avait vaincu.
Et l'on pouvait dire : Non, la guerre civile n'existe pas, la barbarie n'existe pas, la haine n'existe pas, le crime n'existe pas, les ténèbres n'existent pas ; pour dissiper ces spectres, il suffit de cette aurore, l'enfance.
Jamais, dans aucun combat, Satan n'avait été plus visible, ni Dieu.
Voilà j’avais envie de remettre ce texte en guise de premier message. Ça n’a pas vraiment de rapport avec ce qui nous réunis sur un tel forum évidemment. Mais je trouve juste que c’est une belle image. Peut être n’y a-t-il pas d’autres combats, finalement, que celui qui nous est imposé par les évènements. Celui qui nous oblige à choisir entre le bien et le mal quelques soient les circonstances et dont l’arène est la conscience. N’y-a-t-il pas quelque chose à l’intérieur en nous. Une toute petite chose, un rien du tout qui fait toute la différence pourtant. Quelque chose qui nous sauve même dans les ténèbres. Dan Brown se demande ce qui différencie l’homme du divin en laissant entendre que nous le sommes tous par nature. Pour moi l’homme n’est pas divin tant qu’il reste incapable de faire ce choix entre le bien et le mal. Tant qu’il est dans le relatif et qu’il ne peut discerner le vrai du faux. Il y a tellement de mensonges autour de nous que c’est dur, vraiment dur de s’y retrouver. Je me sens très loin de la foi. C’est même pire, je ne sais pas ce que c’est. Je ne comprends pas ce grand mystère qui plane au-dessus de nous. Je souhaite que tous les vrais innocents de cette planète trouvent grâce aux yeux de la création, d’un Dieu ou d’une Déesse quels qu’ils soient.