@Bardamu: Non, Je ne compte pas sur cet posibilité, mais, je te remercie pour ta réponse.
+7
stg45
nonwo
lorelianeGTQ
nikemsi
Salut
Bardamu
GarfieldLove
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Livres de Louis Ferdinand Celine
Bardamu- Admin
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- Message n°27
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
maldoror1975 a écrit:@Bardamu: Non, Je ne compte pas sur cet posibilité, mais, je te remercie pour ta réponse.
Regardes dans tes MP
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Bardamu- Admin
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- Message n°28
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Le contenu exact de l'archive :
CD no 1
CD no 2
C'est par là que ça se passe : #http://www.megaupload.com/?d=Q3WOY70P
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nonwo- Nombre de messages : 1006
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- Message n°29
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
gracias amigo.
Bardamu- Admin
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- Message n°30
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Nonwo, merci pour la vidéo dans le topic humour (Traversée de Paris) Je connais les dialogues par cœur mais c'est toujours un p'tit bonheur de les réentendre
Ceci va t'intéresser (si tu ne l'as pas déjà)
Actes audio du colloque Céline des 4 et 5 février au Centre Pompidou (IMEC)
http://lepetitcelinien.blogspot.com/2011/02/colloque-louis-ferdinand-celine-paris.html
La Bibliothèque du Centre Pompidou (www.bpi.fr) et André Derval (Société d'études céliniennes, IMEC) organisait à Paris les 4 et 5 février 2011 un colloque international consacré à Céline. En voici les enregistrements :
VENDREDI 4 février 2011
11h • Ouverture des deux journées
Par Patrick Bazin, directeur de la Bpi et André Derval, responsable des fonds d'édition et des réseaux documentaires à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (Imec) et responsable de fonds d'auteurs à la Société d’études céliniennes.
11h/13h • Dr Destouches et Mr Céline
Avec Isabelle Blondiaux, médecin, chercheur, Céline et la médecine - Gaël Richard, chercheur, Les Traces d'une vie, recherches biographiques - Viviane Forrester, écrivain et critique littéraire. Modérateur François Gibault, avocat, biographe.
14h30/18h • Controverses et reconnaissances internationales
Avec Christine Sautermeister, université de Hambourg, La redécouverte de Voyage au bout de la nuit - Yoriko Sugiura, Université de Kobé, Céline au Japon : Oeuvres complètes et French Theory - Olga Chtcherbakova, École nationale supérieure, Paris, D'Elsa Triolet à Victor Erofeev : les avatars russes de Céline - Greg Hainge, Université Queensland, Céline chez les fils de la perfide Albion
SAMEDI 5 février 2011
14h/16h • Céline et l’histoire
Table ronde avec Jean-Pierre Martin, essayiste, Yves Pagès, écrivain/éditeur et Daniel Lindenberg, historien, entretien avec Delfeil de Ton, journaliste. Modératrice Marie Hartmann, université de Caen.
16h30 /17h30 • Un autre Céline
Avec Sonia Anton, université du Havre, L’Oeuvre épistolaire - Émile Brami, Céline au cinéma - Johanne Bénard, université de Kingston, Céline au théâtre - Tonia Tinsley, Université de Springfield (sous réserve) Céline et les gender studies. Modératrice Johanne Bénard, universitaire.
Ceci va t'intéresser (si tu ne l'as pas déjà)
Actes audio du colloque Céline des 4 et 5 février au Centre Pompidou (IMEC)
http://lepetitcelinien.blogspot.com/2011/02/colloque-louis-ferdinand-celine-paris.html
La Bibliothèque du Centre Pompidou (www.bpi.fr) et André Derval (Société d'études céliniennes, IMEC) organisait à Paris les 4 et 5 février 2011 un colloque international consacré à Céline. En voici les enregistrements :
VENDREDI 4 février 2011
11h • Ouverture des deux journées
Par Patrick Bazin, directeur de la Bpi et André Derval, responsable des fonds d'édition et des réseaux documentaires à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (Imec) et responsable de fonds d'auteurs à la Société d’études céliniennes.
11h/13h • Dr Destouches et Mr Céline
Avec Isabelle Blondiaux, médecin, chercheur, Céline et la médecine - Gaël Richard, chercheur, Les Traces d'une vie, recherches biographiques - Viviane Forrester, écrivain et critique littéraire. Modérateur François Gibault, avocat, biographe.
14h30/18h • Controverses et reconnaissances internationales
Avec Christine Sautermeister, université de Hambourg, La redécouverte de Voyage au bout de la nuit - Yoriko Sugiura, Université de Kobé, Céline au Japon : Oeuvres complètes et French Theory - Olga Chtcherbakova, École nationale supérieure, Paris, D'Elsa Triolet à Victor Erofeev : les avatars russes de Céline - Greg Hainge, Université Queensland, Céline chez les fils de la perfide Albion
SAMEDI 5 février 2011
14h/16h • Céline et l’histoire
Table ronde avec Jean-Pierre Martin, essayiste, Yves Pagès, écrivain/éditeur et Daniel Lindenberg, historien, entretien avec Delfeil de Ton, journaliste. Modératrice Marie Hartmann, université de Caen.
16h30 /17h30 • Un autre Céline
Avec Sonia Anton, université du Havre, L’Oeuvre épistolaire - Émile Brami, Céline au cinéma - Johanne Bénard, université de Kingston, Céline au théâtre - Tonia Tinsley, Université de Springfield (sous réserve) Céline et les gender studies. Modératrice Johanne Bénard, universitaire.
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nonwo- Nombre de messages : 1006
Localisation : rue cache cache numero macache
Date d'inscription : 26/09/2010
- Message n°31
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Récréation.
Bardamu- Admin
- Nombre de messages : 6272
Age : 66
Date d'inscription : 01/07/2008
- Message n°32
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Merci Nonwo Belle trouvaille !!
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burta- Nombre de messages : 5
Date d'inscription : 10/11/2011
- Message n°33
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
j'aime bien moi aussi
GarfieldLove- Nombre de messages : 2641
Date d'inscription : 27/03/2008
- Message n°34
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
puisque tout a était quasiment censuré ...
voir et "sniffé" avec HTTRACK"
http://dndf.over-blog.com/article-2353377.html
voir et "sniffé" avec HTTRACK"
http://dndf.over-blog.com/article-2353377.html
Bardamu- Admin
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Age : 66
Date d'inscription : 01/07/2008
- Message n°35
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Interview intégrale de Marc-Edouard Nabe sur Céline, tournée le 1er avril 2011, pour le documentaire d′Arte Le Procès Céline , et dont n′a été conservée qu′une minute vingt secondes. Merci à Antoine de Meaux, Alain Moreau et Louis Coat de Program 33 pour les rushes.
http://www.alainzannini.com/index.php?option=com_seyret&Itemid=0&task=videodirectlink&id=382
(Sauvegarde de la vidéo en cours, elle fait 1.6 Go )
http://www.alainzannini.com/index.php?option=com_seyret&Itemid=0&task=videodirectlink&id=382
(Sauvegarde de la vidéo en cours, elle fait 1.6 Go )
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Bardamu- Admin
- Nombre de messages : 6272
Age : 66
Date d'inscription : 01/07/2008
- Message n°36
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Louis-Ferdinand Céline par Guillemin
Spéciale dédicace à mon ami de Marseille
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nonwo- Nombre de messages : 1006
Localisation : rue cache cache numero macache
Date d'inscription : 26/09/2010
- Message n°37
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Le marseillais te dit merci l'ami, Guillemin, Céline, que du solide en somme.
nemandi- Nombre de messages : 654
Date d'inscription : 20/05/2009
- Message n°38
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Un lien qui fonctionne pour télécharger "Bagatelles pour un massacre":
http://ebookbrowse.com/louis-bagatelles-pour-un-massacre-pdf-d37299841
Bonne lecture.
http://ebookbrowse.com/louis-bagatelles-pour-un-massacre-pdf-d37299841
Bonne lecture.
Bardamu- Admin
- Nombre de messages : 6272
Age : 66
Date d'inscription : 01/07/2008
- Message n°39
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Lucette a 100 ans! Bon anniversaire, Madame Destouches!
Aujourd'hui, 20 juillet 2012, la veuve de Louis-Ferdinand Céline fête ses cent ans dans leur ancienne demeure (au 25ter de la Route des Gardes, à Meudon).
Née Lucie Georgette Almansor, dite Lucette Almanzor [avec un "z"] dans le 20ème arrondissement de Paris.
"Ophélie dans la vie, Jeanne d'Arc dans l'épreuve" (Céline à son propos)
Voyez : http://www.causeur.fr/voyage-au-bout-de-la-vie,18296
Lucette au sujet de leur rencontre en 1936 : "Je dois dire qu'il m'intimidait beaucoup.
Pendant un an et demi nous nous sommes revus de temps en temps sans que pour ma part je songe à quoi que ce soit de sérieux. Et puis un jour... Je crois que c'est par sa bonté, qui était immense, qu'il m'a le plus touchée" (confidence faite lors d'un entretien accordé en 1969 à Jean-Claude Zylberstein, publié dans Combat du 21 février 1969 et reproduit par David Alliot dans Spécial Céline, Numéro 5 (mai/juin/juillet 2012), p. 7-10 ; p. .
Un sujet de réflexion : l'hostilité de Céline vis-à-vis du peuple élu serait-elle due en partie
à "sa bonté qui était immense" ?
Réfléchir avant de se récrier.
Pour commencer, songer à la possible bonté des grands satiristes en général, à l'horreur ou à la peur que leur inspirent les riches, les puissants et les violents qui, eux, sont toujours prêts à vous envoyer à la guerre, à la croisade, en somme au casse-pipe.
Méditer sur la bonté possible de Shakespeare ou de Molière et sur la candeur de Don Quichotte qui, dérisoire et parfois grotesque, n'a manifestement pas les moyens de faire triompher la cause pour laquelle il se bat.
Mot de Paul Morand rapporté dans le même article (ibid., p. 9) : "Sa vie fut un don continuel, plus total que toutes les vies de curés de campagne".
Réfléchir avant de tweeter et d'aller donner dans les godants du temps.
Robert Faurisson
http://blanrue.blogspot.fr/2012/07/lucette-100-ans-bon-anniversaire-madame.html
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paralleye- Admin
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Date d'inscription : 04/06/2009
- Message n°40
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
maldoror1975 a écrit:Salut, je vis à l'Argentine, et je suis à la quête du roman de LFC 'Mort à Crédit', quelqu'un a un lien? Excusez mon français, et merci pour l'ajout au forum.
Louis-Ferdinand Céline - Mort à Crédit (version pdf) :
http://www.histoireebook.com/index.php?post/Celine-Mort-a-cre%C2%81dit
nonwo- Nombre de messages : 1006
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Date d'inscription : 26/09/2010
- Message n°41
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Entretien avec Francine BLOCH (1959)
nonwo- Nombre de messages : 1006
Localisation : rue cache cache numero macache
Date d'inscription : 26/09/2010
- Message n°42
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Cadeau frére Bardamu !
Céline - Céline vivant (1960)
CÉLINE : Entretien avec Marc HANREZ (1959)
Louis-Ferdinand CÉLINE
orrespondance avec GALLIMARD (2012)
[LUCHINI - PODALYDES]
CÉLINE : Entretien avec Marc HANREZ (1959)
Louis-Ferdinand CÉLINE
orrespondance avec GALLIMARD (2012)
[LUCHINI - PODALYDES]
Bardamu- Admin
- Nombre de messages : 6272
Age : 66
Date d'inscription : 01/07/2008
- Message n°43
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Génial !!! Un grand merci frérot Vidéos sauvegardées en HQ pour être visionnées dès ce weekend entre la partie de pétanque et l'apéro
_________________
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stg45- Nombre de messages : 375
Date d'inscription : 22/04/2010
- Message n°44
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
j'ai lu "d'un château l'autre", écroulé de rire ...
- Spoiler:
Ma consultation !... c’était l’heure ! au premier
étage du Löwen, au N°11, notre taudis... je dis :
taudis !... oui !... deux paillasses... et quelles !... j’en
ai vu d’autres, certes !... bien d’autres !... on se dit
donc : au revoir... on s’embrasse avec Marion... qu’on
était pas certains de se revoir !... jamais !... lui avait sa
chambre au Château, au troisième étage, la plus petite
chambre !... je vous ai dit, pour le Protocole,
l’Information, c’était infime... Marion, mettons chez
Dagobert, à Clichy-sur-Seine, aurait pas eu un
escabeau !... si vous voulez pas vous tromper pensez
toujours à saint Éloy !... toutes les impostures
commencent à l’an 1000 ! la jean-foutrerie s’étale !...
Excellences patatipata !... guignol » ! plus aucune
préséance sérieuse !... moi là toujours une chose
sérieuse, pas jean-foutre, ma consultation !... comment
nous étions installés, je vous raconterai... vous pourrez
aller vous rendre compte..., j’ai lu bien des reportages
ci !... là !... sur Siegmaringen... tout illusoires ou
tendancieux... travioles, similis, faux-fuyards,
foireux... que diantre !... ils y étaient pas, aucun ! au
moment qu’il aurait fallu !... je vous parle énormément
de W.C... particulièrement ceux du « Löwen »... c’est
qu’on était sur le même palier, la porte en face, et
qu’ils désemplissaient pas ! tous les gens de
Siegmaringen, de la brasserie, et des hôtels, venaient
aboutir là, forcément... la porte en face !... tout le
vestibule, tout l’escalier étaient bourrés jour et nuit de
personnes à bout, injurieuses, râlantes que c’était la
honte !... qu’ils en avaient assez de souffrir !... qu’ils
faisaient sous eux !... qu’ils pouvaient plus !... et
c’était vrai : tout l’escalier dégoulinait !... et notre
couloir, donc ! et notre chambre ! vous pouvez pas plus
laxatif que le Stamgericht, raves et choux rouges...
Stamgericht plus la bière aigre... à plus quitter les
W.C. !... jamais ! vous pensez tout notre vestibule
grondant pétant de gens qui n’en pouvaient plus !... et
les odeurs !... les gogs refoulaient ! il va de soi !... ils
arrêtaient pas d’être bouchés !... les gens entraient à
trois... à quatre !... hommes, femmes... enfants...
n’importe comment !... ils se faisaient sortir par les
pieds, extirper de vive force !... qu’ils accaparaient la
lunette !... « ils rêvent ! ils rêvent !... » si ça
mugissait !... le couloir, la brasserie, et la rue !... et
que tout ce monde se grattait en plus... et se passait,
repassait la gale et morpions... et mes malades !...
méli-mélo... qu’ils y allaient forcément aussi pisser sur
les autres et partout ! il était vivant notre couloir !...
aussi des gens pour von Raumnitz... je vous
expliquerai von Raumnitz... une autre affluence, pour
son bureau, un de ses bureaux, l’étage au-dessus...
ceux-là allaient aussi aux gogs la porte en face... le
moment le plus magique c’était tous les jours quand les
gogs vraiment pouvaient plus... vers huit heures du
soir... qu’ils éclataient ! la bombe de merde !... du
trop-plein du tréfonds !... tous les soulagements de la
brasserie de la veille et du jour !... alors un geyser
plein le couloir !... et notre chambre ! et en cascade
plein l’escalier !... vous parlez d’un sauve-qui-peut !...
mêlée-pancrace dans la matière ! tous à la rue !...
c’était le moment Herr Frucht s’amenait ! tenancier du
Löwen ! Herr Frucht et son jonc !... il avait vraiment
tout tenté pour sauver ses gogs... mais aussi
responsable lui-même !... c’était lui le tôlier, la
tambouille aux raves ! lui la brasserie ! le
restaurateur !... cinq mille Stamgericht par jour ! pas
être surpris que les lieux débordent ! Herr Frucht
montait avec son jonc ! touillait ! retouillait ! refaisait
fonctionner la tinette !... et replaçait un autre
cadenas... vissait !... vissait !... que plus personne
puisse ouvrir ! basta ! deux minutes qu’il était parti ses
chiottes étaient re-re-pleins ! les gens à se battre ! et
plein le vestibule !... Herr Frucht, qu’était pas Sisyphe,
avait beau jurer « Teufel ! Donner ! Maria ! » ses
clients du Stamgericht y auraient plus qu’inondé sa
tôle ! submergée sous des torrents de raves ! s’il avait
coincé sa lunette, vraiment empêché les clients !
cimenté le trou !... il menaçait mais il osait pas...
Nous toujours au 11 on pataugeait ! j’insiste pas...
on s’y fait et il fallait !... ce qu’était à craindre, ce que
je craignais, pire que cet inconvénient, c’est qu’on
nous expulse !... nous expulse à la manière boche,
c’est-à-dire perfide, raisonnable, « pour le confort
général ! »... que pour les malades c’était mieux que je
déménage... que je consulte ailleurs... etc... etc... trop
de tohubohu !... toutes sortes de raisons que je
décampe... bruits ? bruits ? bruits ?... j’en ai entendu
bien d’autres !... croyez !
Question de ce très large vestibule, je vous explique
(très bas de plafond, je précise) y avait pas que ma
consultation... et les clients aux cabinets... y avait les
clients de von Raumnitz... Baron Commandant von
Raumnitz... la chambre juste au-dessus de la nôtre...
N°26... je vous reparlerai de ce von Raumnitz... je
digresse encore... à vous balader je vais vous
perdre !... je veux trop vous montrer à la fois !... j’ai
l’excuse de ceci... cela !... d’une certaine
précipitation... Nous avons quitté le Maréchal... le
pont-levis rabaissé... nous remontons nous, au
Löwen... je vous fraye un passage... il faut !... la
cohue d’abord, du trottoir... puis du vestibule !... une
vraie foule qui veut faire pipi... y en a partout !...
j’écarte... j’écarte... et je tape dans notre porte : le 11 !
notre cagna...
Il faut beaucoup pour me surprendre mais tout de
même là je regarde deux fois !... sur ma propre
paillasse, celle de droite, un homme étendu, tout
débraillé, déboutonné, et qui dégueule et qui râle... et
au-dessus à califourchon, un chirurgien !... enfin un
homme en blouse blanche et qui s’apprête à l’opérer de
force ! trois, quatre bistouris à la main !... le miroir
frontal, les compresses, les pinces !... aucun doute !...
derrière lui, plein dans la gadoue, l’urine, son
infirmière !... blouse blanche aussi !... et grosses
boîtes métalliques sous le bras...
« Qu’est-ce que vous faites ? »
Je demande !... j’ai le droit ! en plus que celui du
dessous hurle !...
« Docteur ! Docteur ! sauvez-moi !
— De quoi ?... de quoi ?
— C’est vous que je venais voir Docteur ! les
Sénégalais ! les Sénégalais ! !
— Alors ?... alors ?
— Ils ont coupé toutes les têtes !
— Celui-là est pas Sénégalais ?...
— Il veut commencer par l’oreille !... c’est vous que
je venais voir Docteur !
— Il est pas Sénégalais lui ?
— Non !... non !... c’est un fou !...
— Vous venez d’où, vous ?
— De Strasbourg, Docteur ! je suis garagiste à
Strasbourg ! ils ont coupé toutes les têtes !... ils
viennent !... ils viennent ! je suis garagiste ! j’ai soif
Docteur !... faites-le lever Docteur ! il m’étrangle !...
il va me mettre son couteau dans l’œil !... faites-le
lever, Docteur ! »
C’était une situation... toujours avec ses bistouris,
fou pas fou, c’était vraiment mieux et tout de suite, que
la police lui demande ses papiers !... et qu’elle foute
tout le monde à la rue, la police !... tout le monde toute
la rue s’était engouffré dans la chambre ! dans le
couloir, les gogs, avec le dingue et l’infirmière !...
jamais j’y arriverais, moi seul faire vider les lieux !...
déjà la piaule, nos deux grabats, la cuvette, vous étiez
coincé !... la foule en plus !
Moi question de l’ordre, c’était Brinon ! je
dépendais de lui... c’était que j’y aille !... c’était lui de
prévenir la police !... une des polices ! et que c’était un
foutu désordre, tout le Löwen, les gogs et le couloir ! je
me tâte pas longtemps dans les circonstances
délicates... le chirurgien fou, l’autre sous lui... qui
beugle !... c’était pas à atermoyer ! déjà Lili avait
remis Bébert dans son sac... jamais l’un sans
l’autre !...
stg45- Nombre de messages : 375
Date d'inscription : 22/04/2010
- Message n°45
Le programme socialiste de CÉLINE
Le programme socialiste de CÉLINE
http://www.lepetitcelinien.com/2014/03/jacqueline-morand-louis-ferdinand-celine-programme-socialiste.html
http://www.lepetitcelinien.com/2014/03/jacqueline-morand-louis-ferdinand-celine-programme-socialiste.html
- Spoiler:
- dimanche 30 mars 2014
Le programme socialiste de CÉLINE par Jacqueline MORAND (1972)
L'analyse faite par Céline de la situation sociale est, nous avons pu le constater, extrêmement sombre, et la critique qui l'accompagne très virulente; A l'ampleur des récriminations devrait logiquement correspondre d'importants projets de réforme. Ce n'est pas le cas. Le « programme » socialiste de Céline est un ensemble assez confus de propositions diverses, qui prennent souvent la forme d'aspirations idéalisées présentées un peu au hasard, et qui ne sont ni appuyées par une démonstration rigoureuse, ni assorties de précisions, ce qu'on ne peut manquer de regretter. Cette disproportion est fréquente chez les pamphlétaires et tout spécialement chez les polémistes des années 30. Deux directions se distinguent dans le programme socialiste de Céline. Elles donnent la réplique aux procès intentés au communisme et au matérialisme. C'est d'une part l'égalitarisme et le communisme « Labiche », d'autre part, le spiritualisme.
L'égalitarisme et le communisme « Labiche »
Dans une interview, accordé en 1941 à Claude Jamet, Céline prononçait cette phrase qui devait servir de titre à un article paru peu après : « L'égalitarisme ou la mort ». Il l'annonçait ainsi, expliquant qu'il s'agissait d'une solution apportée aux maux dénoncés du communisme :
« Contre le jazz, il n'y a que le jazz hot... On ne renversera le communisme qu'en le dépassant, en en faisant plus... Contre la communisme, je ne vois rien que la Révolution, mais alors là, pardon ! La vraie ! Surcommunisme1 ! »
Déjà, dans Bagatelles pour un massacre Céline avait affirmé sa vocation égalitariste. Il disait avoir découvert très jeune l'inégalité sociale, constatait qu'il avait toujours eu des besoins matériels modestes, et se tenait prêt au garde à vous, « le plus grand partageux qu'on aura jamais connu ».
Tant qu'on a pas tout donné, on n'a rien donné, poursuivait-il, et « Débrouillard » doit être supprimé en même temps que « Crédit »
C'est dans Les Beaux draps qu'il précise son égalitarisme. L'avènement de la justice sociale absolue est la première étape de la rénovation de la société. « Tant qu'on a pas ouvert Pognon », rien de sérieux ne peut être entrepris. Ce sera la « Révolution moyenneuse », programme ambitieux et brutale que Céline envisage ainsi : Un salaire national identique pour tous, qui varie entre 50 frs salaire minimum et 100 frs salaire maximum par jour. Un semblable maximum de 100 frs est prévu pour les rentes et les revenus. Le surplus passe à l'Etat. Un aménagement familial complète le système : accroissement progressif du salaire en fonction du nombre d'enfants avec un maximum de 300 frs par jour pour les familles nombreuses. Céline avait ici à l'esprit la crise de natalité qui sévissait en France, Egalité absolue pour tous, dictateur, génie ou terrassier, égalité physiologique, devant la faim et le besoin, telle est la première et necessaire condition à l'avènement de la justice sociale. Un tel programme est brutal et ne manquera pas de soulever des protestations, Céline prévoit celles de l'« Elite », terme vague, englobant ceux qui assuement des responsabilités de direction et commandement. L'élite s'insurge, trouve que les « 100 frs » ne conviennent pas à son nécessaire prestige, qu'il est insensé qu'un Directeur des Chemins de fer soit plus médiocrement salarié que son lampiste lorsque ce dernier est père de famille nombreuse. Mais l'élite c'est l'exemple, et Céline poursuit :
« C'est là qu'on va voir ce que ça pèse non dans les mots, mais dans les faits l'amour de la France... l'enfiévrante passion du bien général... le culte patriote... le désintéressement sacré... les plus hautes cimes d'abnégation... Ah ! ça va être un bon moment ! » (Les Beaux draps, p. 181)
Après ce « bon moment », et sur ces bases égalitaristes, Céline établit son communisme « Labiche ».
Le communisme « Labiche » c'est un communisme petit bourgeois, c'est-à-dire adapté à l'homme et à ses aspirations fondamentales, telles que les conçoit l'écrivain fondées tout spécialement sur le besoin de sécurité. Dans ce système tout le monde sera petit propriétaire : pavillon et jardin de 500 mètres, transmissibles héréditairement et assurés contre les risques et l'accaparement. Le problème de la sécurité est un des soucis majeurs des Français, dont 90 sur 100 rêvent d'« être et de mourir fonctionnaire ». Céline admet cette préoccupation élémentaire, car constate-t-il ironiquement :
« C'est toujours des douillets nantis, des fils bien dotés d'archevêques qui vous parlent des beautés de l'angoisse. » (Les Beaux draps, p. 140)
Sans qu'il développe cette idée Céline paraît souhaiter l'établissement d'un système de Sécurité sociale très poussé, protégeant contre le maximum de risques en particulier ceux de chômage, maladie et vieillesse.
Pour assurer la sécurité de l'emploi et le fonctionnement de son régime de salaire national unique, il préconise des mesures d'inspiration communiste : nationalisation des banques, mines, chemins de fer, assurances, grands magasins, industries..., kolkozification de l'agriculture. Il pense supprimer ainsi le chômage et s'intéresse encore aux paresseux qu'il met en prison, aux malades qu'il soigne, et aux poètes, qu'il occupe à faire des dessins animés aptes à relever le niveau des âmes.
Dans un chapitre des Beaux draps, Céline pose la question du nombre d'heures de travail à imposer à l'ouvrier. Ironisant sur les « jeunes redresseurs », qui pleins de bonne foi parmi leurs statistiques invoquent le travail salut, le travail fétiche et remède de la France, il leur oppose les « pas abstraits », ceux qui vont « trimer la chose ». L'usine est un mal nécessaire qu'il faut accepter mais sans le dissimuler sous de flatteuses descriptions. 35 heures de travail lui semblent alors le maximum que puisse supporter un homme, ouvrier d'usine ou employé de magasin, qui doit affronter le bavardage des clientes « aussi casse crâne qu'une essoreuse broyeuse à bennes ».
Tel se présente le communisme « Labiche » de Céline : répartition égalitaire des biens, aménagement du travail, des loisirs, de l'habitation en vue de satisfaire aux besoins de sécurité et petit confort dont l'écrivain imagine l'homme avide. Comment apprécier un tel programme ? Il est aisé, et la plupart des commentateurs de Céline ont fait ce choix, de sourire avec indulgence aux errances de l'auteur turbulent devenu rêveur naïf et, avec en exergue les poètes occupés à faire des dessins animés, de ranger ce communisme « Labiche » parmi les utopies inoffensives et désuètes. S'il ne convient certes pas d'ôter à ces propositions leur caractère de simples esquisses ou ébauches et si l'on doit regretter le silence de l'écrivain quant aux modalités d'application et aux possibilités de réalisation de son programme, il convient aussi de mettre en valeur un aspect habituellement négligé de ce système : le communisme « Labiche » est révolutionnaire. C'est une coupure nette et brutale avec le système social en vigueur, un bouleversement de l'organisation économique, une mutation profonde des rapports sociaux. Nationalisation, kolkozification, salaire unique, le socialisme de Céline va, sur tous ces problèmes au delà du communisme, l'application d'un tel programme se voulant immédiate, et l'écrivain se disant prêt pour sa part. Sous des apparences anodines, le communisme « Labiche » est en réalité « explosif ». Mis en pratique, il se rapprocherait plus de la révolution permanente chinoise que du communisme soviétique. Mais il s'accompagne de recherches spiritualistes, assorties de propositions qui le transforment très sensiblement.
Le spiritualisme
Le programme, auquel nous avons donné cette qualification très générale de « spiritualisme », consiste en l'ébauche des solutions proposées aux maux dénoncés du matérialisme. Le portrait type d'un Céline rustre, grossier, haineux, avide, acharné destructeur, subit une métamorphose. Le calculateur s'avère naïf, le nihiliste se perd en vastes projets, le haineux devient homme de foi. Il fait sienne la belle maxime de Gaston Bachelard : « Rendre heureuse l'imagination2 ». Ces aspirations idéalistes font de lui à la fois un homme du passé et un visionnaire. Le passé se confond pour lui avec le Moyen Âge, siècle de foi, et cet appel à une tradition ancienne a lui-même une signification révolutionnaire selon la démonstration de Peguy. La vision c'est celle du douloureux prophète de la faillite du matérialisme et de l'homme-robot, qui tente de leur opposer la renaissance spiritualiste des assoiffés d'idéal.
Le programme spiritualiste est exposé dans Les Beaux draps. La rénovation spirituelle y est entreprise à partir de deux institutions : la famille et l'école.
Céline constate avec amertume la crise de la natalité que traverse la France : « L'entrain à la vie n'existe plus. » Il ironise sur le Code de la famille, que le décret-loi du 29 juillet 1939 venait d'instaurer, le traite d'« éthique et chafoin », « code de ratatinés discutailleux préservatifs ». Il s'emporte contre les « décrets de pudeur », inspirés, dit-il, par la richissime maîtresse d'un président du conseil. Tout ceci n'est que tartufferies, le programme familial de Céline est beaucoup plus ambitieux. Il s'agit en somme de recréer la France à partir de la notion de famille. Toutes les familles de France seront réunies en une seule avec « égalité de ressources, de droit, de fraternité ».
Le salaire national unique permettra l'égalité des ressources et l'avènement de la respectabilité dans un pays :
« où y aura plus du tout de bâtards, de cendrillons, de poil de carotte, de bagnes d'enfants, "d'Assistance", où la soupe serait la même pour tous. » (Les Beaux draps, p. 152)
Programme noble et généreux, difficile à mettre en pratique, les exigences et les espoirs de Céline ne semblent pas connaître de limites ; le prouvent bien ses propos sur la fraternité et l'altruisme absolu qu'il voudrait voir régner entre les familles. Il faut, précise-t-il, que les enfants des autres vous deviennent presque aussi chers que vos propres enfants. Le grand bouleversement social s'analyse en un avènement de « papas et mamans partout ». L'espérance d'un tel altruisme, d'une telle communion entre les hommes, est réellement surprenante sous le plume de Céline, une telle candeur naïve surprend. Les Beaux draps datent de 1941, et l'introduction du « familialisme » dans la politique était à la mode avec Vichy. Céline sans doute s'en inspirait, le laisserait penser cette phrase, qu'il ne précise d'ailleurs pas :
« une seule famille, un seul papa dictateur et respecté » (Les Beaux draps, p. 152)
Il s'attarde plus longuement sur la question scolaire. Dans Bagatelles pour un massacre il s'était déjà livré à de violentes attaques contre le système d'enseignement, en particulier le lycée, qu'il opposait à l'école communale. Il se laissait entraîner par les mots, le rythme de la phrase et la condition des jeunes lycéens devenait cette fresque quasi dantesque :
« Ils resteront affublés, ravis, pénétrés, solennels encuistrés de toutes leurs membrures... soufflés de vide gréco-romain, de cette "humanité" bouffonne, cette fausse humilité, cette fantastique friperie gratuite, prétentieux roucoulis de formules, abrutissant tambourin d'axiomes, maniée, brandie d'âge en âge, pour l'abrutissment des jeunes, par la pire clique parasiteuse, phrasuleuse, sournoise, retranchée, politicarde, théorique vermoulue, profiteuse, inextirpable, retorse, incompétente, énucoïde, de l'Univers : le Corps stupide enseignant... » (Bagatelles pour un massacre, p. 106)
Ces anathèmes contre le système scolaire en vigueur et contre les professeurs, qui n'auront pas plus de force en mai 1968, avaient déjà été lancés par de nombreux écrivains et en particulier « le fils de la rempailleuse de chaise ». Par ailleurs un rapprochement pourrait être fait entre Céline et J. Vallès, dont les jeunesses sinon les tempéraments présentent beaucoup de points de communs : même enfances non bourgeoises, mêmes souvenirs cruels sur la famille 3, même apprentissage de la vie par les petits métiers pittoresques4, même mépris pour le collège et les humanités classiques clamé par ces autodidactes à demi. C'est ainsi que J. Vallès dédiera l'un des ouvrages de sa trilogie, Le Bachelier, « A tous ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim. »
Pour Céline une politique de rénovation doit être entreprise à partir de l'enfance, « notre seul salut ». Rejoignant les théories freudiennes, il prétend qu'à l'âge de douze ans un homme est émotivement achevé. Or l'enfance est menacée par le système scolaire en vigueur. « Grande mutilante de la jeunesse », l'école transforme les jeunes enfants poètes et guillerets en, en cancres butés presque parfaits vieillards à l'âge de douze ans. C'est l'interpellation fameuse : « O pions fabricants de déserts ! » Rien ne peut se faire sans ou hors l'école, il convient donc de la rénover, de la recréer entièrement, d'en faire un lieu heureux et fructueux à l'âme : « L'école doit devenir magique ou disparaître, bagne figé. »
L'école formera l'enfant aux seules choses « utiles » dans la vie : le goût, l'enthousiasme, la passion. (On connait le mépris affiché par Céline à l'égard du mot « utile », d'où le paradoxe de son emploi ici.)
La formule célinienne pour que soit réalisé un tel programme est la suivante : « Le Salut par les Beaux Arts », salut de l'homme et de la société à qui on fait retrouver gaîté et force créatrice. L'école doit s'efforcer d'épanouir la musique intérieure que chacun porte en soi, écho timide du bonheur. Il faut préserver le rêve de l'enfant, inculquer à l'élève le goût des fables, des légendes, du merveilleux qui le délivrera de l'angoisse, dont le chaos de la civilisation mécanique l'accable. L'école ne s'organisera pas :
« à partir des sciences exactes, du Code civil, où des morales impassibles, mais reprenant tout des Beaux-Arts, de l'enthousiasme, de l'émotion du don vivant de création, du charme de race, toutes les bonnes choses dont on ne veut plus. » (Les Beaux draps, p. 169)
Les programmes scolaires se consacreront aux disciplines traditionnelles, mais donneront la primeur à celles susceptibles d'épanouir l'enfant dans ce qu'il a de plus vital. Ils développeront son goût, sa sensibilité, son sens artistique en faisant une large place à l'enseignment de la musique, de la peinture, de la danse... et à certaines disciplines communautaires : chants en choeur, ballets... Il ne faut pas croire que la qualité d'artiste est exceptionnellement accordée à l'individu, bien au contraire. Tout le monde naît artiste :
« tout homme ayant un coeur qui bat possède aussi sa chanson, sa petite musique personnelle, son rythme enchanteur au fond de ses 36°8, autrement il vivrait pas. » (Les Beaux draps, p. 171)
Boileau, Goethe ont exprimé cette même idée, et aussi Proudhon écrivant : « Nous avons tous le germe5. »
Les programmes scolaires s'attacheront ensuite à l'épanouissement physique de l'enfant en accordant une large place à la pratique assidue des sports :
« Il faut réapprendre à créer, à deviner humblement, passionnément, aux sources du corps... Que le corps reprenne goût de vivre, retrouve son plaisir, son rythme, sa verve déchue, les enchantements de son essor... L'esprit suivra bien !... L'esprit c'est un corps parfait... » (Les Beaux draps, p. 175)
C'est une confusion de la beauté plastique et morale. L'écrivain qui fréquentait et affectionnait les milieux de la danse paraît s'inspirer ici de certaines théories chorégraphiques. Cet appel au développement de la pratique des sports était un des lieux communs des politiciens de l'époque, hommes du Front populaire ou de la droite.
L'école enfin, se consacre à l'épanouissement moral de l'enfant. L'intransigeance et la rigueur des aspirations céliniennes le rangent d'emblée parmi les plus sévères moralistes C'est ainsi qu'il exige la « ferveur pour le gratuit » qui « seul est divin », détachement à la fois des biens matériels et des mesquineries du caractère, morale de la grandeur et de la noblesse de coeur. Il prêche le « culte des grands caractères », l'étude pour l'exemple de la vie des ancêtres éminents. C'est une morale ambitieuse, l'écrivain se laisse même aller à parler du « culte de la perfection ».
Un tel programme exige des maîtres de qualité. Quelle plus belle définition donner des « vrais professeurs » :
« Gens au cours du merveilleux, de l'art d'échauffer la vie, non la refroidir, de choyer les enthousiasmes, non les raplatir, l'enthousiasme le "Dieu en nous", aux désirs de la Beauté devancer couleurs et harpes, hommes à recueillir les féeries qui prennent source à l'enfance. » (Les Beaux draps, p. 177)
L'enfant ira à l'école jusqu'à 15, 16 ans ; une telle prolongation de la durée des études est aujourd'hui officiellement admise.
Il y a du religieux dans un tel système éducatif, initiation, catéchuménat où l'on compte plus sur la générosité et l'enthousiasme que sur l'énergie et l'ambition des élèves, où le beau se trouve intimement confondu avec le bien, l'artiste avec le moraliste et le mystique. Beaucoup d'écrivains et de sociologues ont fait cette association et se sont dans ce but, attachés à tenter d'introduire l'art dans la politique sociale. On peut encore évoquer Proudhon et ses Principes de l'art. Mais cette rénovation, Céline ne l'envisage que sous l'angle du système d'éducation des enfants et ne se soucie pas de rechercher d'autres encadrements la prolongeant au niveau des adultes. Si l'on devait réaliser son programme socialiste, cette lacune se révélerait grave.
La société rénovée idéale telle que le conçut Céline se présenterait donc ainsi. L'enfance est heureuse : une famille que ne tourmentent pas les soucis matériels, une école où sont entretenus la gaîté, l'enthousiasme, les rêves, et épanouie la petite « musique intérieure » de chacun. L'adolescent ne connaît pas les soucis de recherche d'emploi (les nationalisations ont selon Céline supprimé le chômage). L'adulte n'a plus de tourments matériels immédiats ou futurs : petit confort et retraite assurés par le « communisme Labiche ». L'altruisme et la bonne entente règnent entre les individus qui sont préservés au mieux des déviations néfastes du caractère : envie, jalousie, corruption, par l'égalité établie devant l'argent. C'est une société heureuse, formée de sociétaires heureux.
Ainsi l'amer inquisiteur des vices de la nature humaine, déterministe quant à la fatalité de ces vils instincts, semble bien verser, quand il aborde les problèmes collectifs, dans l'utopisme le plus complet. L'opposition est totale entre le réalisme cruel et noir, avec lequel le romancier analyse l'individu, et l'idéalisme confiant et naïf qu'il apporte à ses projets de réforme des sociétés, dans Les Beaux draps. Le socialisme de Céline est bien dans la tradition du socialisme français et on ne peut manquer de faire des rapprochements avec certains précurseurs du XIXè siècle (en ne retenant par leur foi envers le progrès et la science) tels Fourrier, « un des plus grands satiriques de tous les temps » selon Engels, Proudhon, L'Egalitaire, Etienne Cabet, Pierre Leroux..., ces solitaires du socialisme, aux conceptions certes très différentes mais marquées du sceau commun de l'utopisme.
Un qualificatif conviendrait bien au socialisme de Céline, c'est celui de populiste. On a souvent fait du romancier du Voyage un populiste6, le rapprochant de ce mouvement littéraire, défini dans un manifeste paru en 1930 à l'initiative d'André Thérive et Léon Lemonnier. Ce mouvement prétendait susciter des oeuvres tirant leur inspiration directement du peuple et s'insurgeait contre le naturalisme jugé artificiel. Par une analogie accidentelle (il n'y a pas de rapport entre le mouvement littéraire français et le mouvement politique russe) on pourrait rapprocher le socialisme de Céline du socialisme dit populiste, mouvement qui s'exprima avec le plus de vigueur en Russie au siècle dernier.
Ce socialisme est affectif, ses caractères spiritualistes et moraux sont très accentués, il donne à la politique des bases émotionnelles et la confusion signalée par M. J. Touchard, à propos de l'esprit de 487, entre le « peuple-prolétariat » et le « peuple-humanité » apparaît ici totale. Les socialistes populistes affichent une méfiance absolue envers les idéologies, la science et, arguant du primat du social, prétendent mépriser la politique. Ils seront traités d'utopistes par les marxistes qui leur opposent un socialisme scientifique.
Les idées socialistes de Céline ont donc à première vue un aspect incontestablement démodé, en ce qu'elles évoquent l'utopisme et l'humanitarisme généreux tout autant que vague de certains précurseurs du XIXè siècle beaucoup plus que les combats menés dans l'entre-deux guerres par les partis et les syndicats représentant les travailleurs, classe organisée et poursuivant des objectifs politiques précis. Pourtant ce socialisme célinien soutenu par un ardent spiritualisme peut aussi faire figure d'avant-garde.
Les révoltes de la seconde moitié du XXè siècle ne sont plus seulement économiques et politiques mais aussi métaphysiques. Les sociétés tout aussi désemparés que les hommes paraissent de plus en plus hantées par cette « sensation que la matière prolifère aux dépens de l'esprit... peur en somme que la vie ne devienne mort8 ». Les socialismes de demain pourraient s'inspirer d'une éthique spiritualiste et le témoignage de Céline trouve parfaitement sa place dans cette réponse, encore mal formulée, au désarroi d'une époque.
Jacqueline MORAND, Les idées politiques de Céline, Librairie générale de droit et de jurisprudence, Paris, 1972. (Réédition en 2010 chez Écriture)
Disponible sur Amazon.fr.
Notes
1- Germinal, n°1, 28 avril 1944.
2- Gaston Bachelard, Le Matérialisme rationnel, PUF, 1953, p. 18.
3- On peut distinguer à cet égard les écrivains déterminés contre leur enfance : Stendhal, J. Vallès, Céline... et ceux qui en gardent la nostalgie : Mauriac, Bernanos...
4- J. Vallès raconte dans Jacques Vingtras, que, demi-nu dans une baignoire, il fut employé à faire de la figuration pour le lancement publicitaire de la revue La Nymphe.
5- P.-J. Proudhon, Correspondance, t. II, p. 49.
6- cf. P. De Boisdeffre, Histoire vivante de la littérature d'aujourd'hui.
7- J. Touchard, Histoire des idées politiques, Coll. Thémis, PUF, 1965, p. 581
8- E. Ionesco, interview dans L'Express, 5-11 octobre 1970, p. 172.
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Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Le socialisme Labiche !! Manquait pas d'imagination le père Céline ! Merci pour ces posts stg45, je me suis bien marré
Un article qui se termine par un extrait savoureux du voyage, suis tombé là dessus à cause du titre
BARDAMU… AU RAPPORT !
Un quelconque « Jean Bidon, être humain », le dernier poilu est maintenant de nos jours, mort. Le dernier pauvre type – pauvre gars – petit homme grégaire des glauques et sordides, insensées et dégénérées, charmantes tranchées de la Der des Ders. Chemin des Dames à la Faux.
Pour parachever le tout, ce petit dernier sous-fifre de la jolie boucherie, boucherie largement prolétaire, lampiste franchouillard j’entends, est mort ces derniers temps ultra tardivement, pitoyablement décoré en « légionnaire donneur ». Mort de légionellose sordide, de légionellose civique. On ne lui aura vraiment rien épargné. Oui, mon pauvre homme, pauvre petit homme.
Der des ders pour les tranchées, les charges des dragons, baïonnette au canon.
Mais, Prime des primes de l’Horreur moderniste à l’orée du déclin des valeurs chevaleresques, et des avancées (à reculons) du monde yank des lendemains, que dis-je des matins mêmes enchantés. La noblesse a fini de défunter en Quatorze. Ô mon si beau progrès moderniste qui autorise de bombarder des airs, de tuer à tout venant, sans distinction, « égalitairement », « démocratiquement », « technologiquement » et avec encore moins de mesure que dans le passé. Passé gnognotte, tueries enfantines, meurtres de rien. Jeux antiques et bidons.
Vingtième Siècle le plus barbaresquement dégénéré, modernistement sagouin. « Que l’atome est charmant, dénonçons les camps abracadabrantesquement archaïques, bombardons-les à l’occasion pour ajouter l’horreur du passé au bonheur du présent ! » cantiqua ainsi la bourgeoisie moderniste, qui le fit ; gauche et droite bien unies, extrêmes itou, sur un seul rang, mon de dieu !
Le Vingtième Siècle, premier siècle de la démesure dans le meurtre légal des guerres crétines ; toujours crétines les guerres, ignobles, dégueulasses. Vingtième Siècle, tu pues la mort, la mort technologiste, la mort par le soi-disant et présupposé « progrès ». « Progrès » avant tout des techniques de mort, de la technologie meurtrière de masse. « Progrès » dans la décadence, ah ! les beaux jours des lendemains qui chantent ! Guerre des lâches – des décatis, cyniques et médiocres – guerres des gros écrasant les petits.
Lance-pierres face aux bombes anonymes des airs. Bombe inconnue comme le soldat qui fut tu (j’ai toujours rêvé que notre soldat inconnu fût les restes de quelque soldat anonyme allemand). Moi, je serai toujours du côté du lanceur de pierres, par principe, par véritable humanisme. Je veux dire véritable humanité. Je suis de l’âge de pierre, de l’âge de la pierre concrète, palpable. J’aime la pierre, j’aime les pierres. J’aime aussi les vrais hommes et les vraies femmes. Ceux et celles du temps de la Pierre que l’on rencontre encore dans les fins fonds d’Amazonie, d’Australie, d’îlots perdus ; quand on ne les extermine pas au nom même du « progrès ».
Quel courage ils avaient de vivre autrefois dans le dénuement, la peur réelle du Ciel, des éléments, mourant usés vieillards à trente ans, d’une humble maladie, de trois fois rien. Mais si beau dans leur Art, celui des cavernes. Médiocres barbouilleurs contemporains, vous ne valez rien, vous ne valez pas un seul de ces « primitifs », vous êtes si peu à côté d’eux, de ces preux du Rien et de grandiose Humilité. Non estampillée humilité humaine, collective et solidaire. Le vrai Sacré. Et vous aussi, pas grand-chose de bon et de constructif, médiocres poilus de la destruction. « Plus pire » que Père Ubu.
Ah ! les enchanteurs salopards, sagouins ; tous ces Aristide Briand dont les grotesques escrocs socialistes vantent ces jours-ci, la grandeur d’âme, la noblesse, le pacifisme et qui fut de presque tous les gouvernements d’Union Sacrée. Un tout autre sacré, consacré à massacrer. Ah, cet Obama prix Nobel-TNT ! Ah, ce pacifiste Einstein qui poussa Roosevelt vers la bombe de l’ignominie humaine la plus ignominieusement ignoble de la sous-humanité démocrasseuse. Je cague tous les jours que la Nature fait, sur le « progrès technologiste et moderniste » (sic) ; du moins « çui-là ». Et sur tous ces « grands hommes ».
Oui, mes petits surréalistes salonards, totalitaires et décadents avida-dollars : surréalisme imbécile, achevé et fou, délirant de la Guerre de Quatorze, cette catin – sonnez clairons, criez crétins. « Nach Paris !» « À Berlin ! » « Faisons vite… pour rentrer les foins » – et battez tambourins. Vive tous les déserteurs de Quatorze ! Les traîne-brodequins, les fusillés pour l’exemple ! Oui, Pétain ne fut qu’un salaud. Je parle de Quatorze. Et pitié des « morts pour la plus grande gloire du capitalisme impérialiste, colonialiste, militariste, belliciste et fabricant de mort ». Et pas de pardon pour les prolétaires de l’arrière trop cons, trop bitards pour refuser de construire les armes destinées à tuer leurs propres frères.
Alors oyons, debout les morts ! le tonitruant humanoïde sans détours – mon vieux barde celtique – nous seriner à l’envie :
« Dans une histoire pareille, il n’y a rien à faire, il n’y a qu’à foutre le camp », que je me disais, après tout… Au-dessus de nos têtes, à deux millimètres, à un millimètre peut-être des tempes, venaient vibrer l’un derrière l’autre ces longs fils d’acier tentants que tracent les balles qui veulent vous tuer, dans l’air chaud d’été. Jamais je ne m’étais senti aussi inutile parmi toutes ces balles et les lumières de ce soleil. Une immense, universelle moquerie. Je n’avais que vingt ans d’âge à ce moment-là […] Je me pensais aussi (derrière un arbre) que j’aurais bien voulu le voir ici moi, le Déroulède dont on m’avait tant parlé, m’expliquer comment qu’il faisait, lui, quand il prenait une balle en plein bidon.
Lisons cette autre page de grand, incommensurable désespoir et de poésie noire :
C’était le brigadier Le Meheu qui tenait le fond du corps de garde, les coudes sur la table, contre l’abat-jour. Il ronflait. Je lui voyais de loin les petites moustaches aux reflets de la veilleuse. Son casque lui cachait les yeux. Le poids lui faisait crouler la tête… il relevait encore… il se défendait du roupillon… L’heure venait juste de sonner…
J’avais attendu devant la grille longtemps. Une grille qui faisait réfléchir, une de ces fontes vraiment géantes, une treille terrible de lances dressées comme ça en plein noir.
L’ordre de route je l’avais en main…
L’heure était dessus, écrite.
Le factionnaire de guérite il avait poussé lui-même le portillon avec sa crosse. Il avait prévenu à l’intérieur :
– Brigadier ! C’est l’engagé !
– Qu’il entre ce con-là !
Ils étaient bien une vingtaine vautrés dans la paille du bat-flanc. Ils se sont secoués. Ils ont grogné. Le factionnaire il émergeait juste à peine le bout des oreilles de son engonçage de manteaux… ébouriffé de pèlerines comme un nuageux artichaut… et puis jusqu’aux pavés encore plein de volants… une crinoline de godets. J’ai bien remarqué les pavés plus gros que les têtes… presqu’à marcher entre…
On est entré dans la tanière, ça cognait à défaillir les hommes de garde, ça vous fonçait comme odeur dans le fond des narines à vous renverser les esprits… ça vous faisait flairer tout de travers tellement c’était fort et âcre…
La viande, la pisse et la chique et la vesse que ça cognait, à toute violence, et puis le café triste refroidi, et puis un goût de crottin et puis encore quelque chose de fade comme du rat crevé plein les coins… ça vous tournait sur les poumons à ne pas terminer son souffle.
Mais l’autre, accroupi à la lampe, il m’a pas laissé réfléchir :
– Dis donc, l’enflure, tu veux mes pompes pour te faire bouger?… Passe-moi ton nom, ta nature !… Tu veux pas t’inscrire tout seul ? Veux-tu que je t’envoie une berouette…
Je voulais bien me rapprocher de la table mais y avait tous les pieds des autres en travers du chemin… toutes les bottes éperonnées… fumantes… de tous les vautrés dans la paille. Ils ronflaient tout empaquetés dans le roupillon… Roulés dans leurs nippes, ça faisait un rempart compact. J’ai enjambé tout le paquet. Le brigadier il me faisait honte.
– Visez-moi ça l’empoté ! Une demoiselle ! Jamais vu un civil si gourde ! Merde! On nous l’a fadé spécial ! Arrive, bijou !
Alors, crevez tous – comme les autres – bonnes âmes des canons !
« Rep’sez… armes ! » et rompons le ban.
https://lequichotte.wordpress.com/2012/11/11/bardamu-au-rapport/
Un article qui se termine par un extrait savoureux du voyage, suis tombé là dessus à cause du titre
BARDAMU… AU RAPPORT !
Un quelconque « Jean Bidon, être humain », le dernier poilu est maintenant de nos jours, mort. Le dernier pauvre type – pauvre gars – petit homme grégaire des glauques et sordides, insensées et dégénérées, charmantes tranchées de la Der des Ders. Chemin des Dames à la Faux.
Pour parachever le tout, ce petit dernier sous-fifre de la jolie boucherie, boucherie largement prolétaire, lampiste franchouillard j’entends, est mort ces derniers temps ultra tardivement, pitoyablement décoré en « légionnaire donneur ». Mort de légionellose sordide, de légionellose civique. On ne lui aura vraiment rien épargné. Oui, mon pauvre homme, pauvre petit homme.
Der des ders pour les tranchées, les charges des dragons, baïonnette au canon.
Mais, Prime des primes de l’Horreur moderniste à l’orée du déclin des valeurs chevaleresques, et des avancées (à reculons) du monde yank des lendemains, que dis-je des matins mêmes enchantés. La noblesse a fini de défunter en Quatorze. Ô mon si beau progrès moderniste qui autorise de bombarder des airs, de tuer à tout venant, sans distinction, « égalitairement », « démocratiquement », « technologiquement » et avec encore moins de mesure que dans le passé. Passé gnognotte, tueries enfantines, meurtres de rien. Jeux antiques et bidons.
Vingtième Siècle le plus barbaresquement dégénéré, modernistement sagouin. « Que l’atome est charmant, dénonçons les camps abracadabrantesquement archaïques, bombardons-les à l’occasion pour ajouter l’horreur du passé au bonheur du présent ! » cantiqua ainsi la bourgeoisie moderniste, qui le fit ; gauche et droite bien unies, extrêmes itou, sur un seul rang, mon de dieu !
Le Vingtième Siècle, premier siècle de la démesure dans le meurtre légal des guerres crétines ; toujours crétines les guerres, ignobles, dégueulasses. Vingtième Siècle, tu pues la mort, la mort technologiste, la mort par le soi-disant et présupposé « progrès ». « Progrès » avant tout des techniques de mort, de la technologie meurtrière de masse. « Progrès » dans la décadence, ah ! les beaux jours des lendemains qui chantent ! Guerre des lâches – des décatis, cyniques et médiocres – guerres des gros écrasant les petits.
Lance-pierres face aux bombes anonymes des airs. Bombe inconnue comme le soldat qui fut tu (j’ai toujours rêvé que notre soldat inconnu fût les restes de quelque soldat anonyme allemand). Moi, je serai toujours du côté du lanceur de pierres, par principe, par véritable humanisme. Je veux dire véritable humanité. Je suis de l’âge de pierre, de l’âge de la pierre concrète, palpable. J’aime la pierre, j’aime les pierres. J’aime aussi les vrais hommes et les vraies femmes. Ceux et celles du temps de la Pierre que l’on rencontre encore dans les fins fonds d’Amazonie, d’Australie, d’îlots perdus ; quand on ne les extermine pas au nom même du « progrès ».
Quel courage ils avaient de vivre autrefois dans le dénuement, la peur réelle du Ciel, des éléments, mourant usés vieillards à trente ans, d’une humble maladie, de trois fois rien. Mais si beau dans leur Art, celui des cavernes. Médiocres barbouilleurs contemporains, vous ne valez rien, vous ne valez pas un seul de ces « primitifs », vous êtes si peu à côté d’eux, de ces preux du Rien et de grandiose Humilité. Non estampillée humilité humaine, collective et solidaire. Le vrai Sacré. Et vous aussi, pas grand-chose de bon et de constructif, médiocres poilus de la destruction. « Plus pire » que Père Ubu.
Ah ! les enchanteurs salopards, sagouins ; tous ces Aristide Briand dont les grotesques escrocs socialistes vantent ces jours-ci, la grandeur d’âme, la noblesse, le pacifisme et qui fut de presque tous les gouvernements d’Union Sacrée. Un tout autre sacré, consacré à massacrer. Ah, cet Obama prix Nobel-TNT ! Ah, ce pacifiste Einstein qui poussa Roosevelt vers la bombe de l’ignominie humaine la plus ignominieusement ignoble de la sous-humanité démocrasseuse. Je cague tous les jours que la Nature fait, sur le « progrès technologiste et moderniste » (sic) ; du moins « çui-là ». Et sur tous ces « grands hommes ».
Oui, mes petits surréalistes salonards, totalitaires et décadents avida-dollars : surréalisme imbécile, achevé et fou, délirant de la Guerre de Quatorze, cette catin – sonnez clairons, criez crétins. « Nach Paris !» « À Berlin ! » « Faisons vite… pour rentrer les foins » – et battez tambourins. Vive tous les déserteurs de Quatorze ! Les traîne-brodequins, les fusillés pour l’exemple ! Oui, Pétain ne fut qu’un salaud. Je parle de Quatorze. Et pitié des « morts pour la plus grande gloire du capitalisme impérialiste, colonialiste, militariste, belliciste et fabricant de mort ». Et pas de pardon pour les prolétaires de l’arrière trop cons, trop bitards pour refuser de construire les armes destinées à tuer leurs propres frères.
Alors oyons, debout les morts ! le tonitruant humanoïde sans détours – mon vieux barde celtique – nous seriner à l’envie :
« Dans une histoire pareille, il n’y a rien à faire, il n’y a qu’à foutre le camp », que je me disais, après tout… Au-dessus de nos têtes, à deux millimètres, à un millimètre peut-être des tempes, venaient vibrer l’un derrière l’autre ces longs fils d’acier tentants que tracent les balles qui veulent vous tuer, dans l’air chaud d’été. Jamais je ne m’étais senti aussi inutile parmi toutes ces balles et les lumières de ce soleil. Une immense, universelle moquerie. Je n’avais que vingt ans d’âge à ce moment-là […] Je me pensais aussi (derrière un arbre) que j’aurais bien voulu le voir ici moi, le Déroulède dont on m’avait tant parlé, m’expliquer comment qu’il faisait, lui, quand il prenait une balle en plein bidon.
Lisons cette autre page de grand, incommensurable désespoir et de poésie noire :
C’était le brigadier Le Meheu qui tenait le fond du corps de garde, les coudes sur la table, contre l’abat-jour. Il ronflait. Je lui voyais de loin les petites moustaches aux reflets de la veilleuse. Son casque lui cachait les yeux. Le poids lui faisait crouler la tête… il relevait encore… il se défendait du roupillon… L’heure venait juste de sonner…
J’avais attendu devant la grille longtemps. Une grille qui faisait réfléchir, une de ces fontes vraiment géantes, une treille terrible de lances dressées comme ça en plein noir.
L’ordre de route je l’avais en main…
L’heure était dessus, écrite.
Le factionnaire de guérite il avait poussé lui-même le portillon avec sa crosse. Il avait prévenu à l’intérieur :
– Brigadier ! C’est l’engagé !
– Qu’il entre ce con-là !
Ils étaient bien une vingtaine vautrés dans la paille du bat-flanc. Ils se sont secoués. Ils ont grogné. Le factionnaire il émergeait juste à peine le bout des oreilles de son engonçage de manteaux… ébouriffé de pèlerines comme un nuageux artichaut… et puis jusqu’aux pavés encore plein de volants… une crinoline de godets. J’ai bien remarqué les pavés plus gros que les têtes… presqu’à marcher entre…
On est entré dans la tanière, ça cognait à défaillir les hommes de garde, ça vous fonçait comme odeur dans le fond des narines à vous renverser les esprits… ça vous faisait flairer tout de travers tellement c’était fort et âcre…
La viande, la pisse et la chique et la vesse que ça cognait, à toute violence, et puis le café triste refroidi, et puis un goût de crottin et puis encore quelque chose de fade comme du rat crevé plein les coins… ça vous tournait sur les poumons à ne pas terminer son souffle.
Mais l’autre, accroupi à la lampe, il m’a pas laissé réfléchir :
– Dis donc, l’enflure, tu veux mes pompes pour te faire bouger?… Passe-moi ton nom, ta nature !… Tu veux pas t’inscrire tout seul ? Veux-tu que je t’envoie une berouette…
Je voulais bien me rapprocher de la table mais y avait tous les pieds des autres en travers du chemin… toutes les bottes éperonnées… fumantes… de tous les vautrés dans la paille. Ils ronflaient tout empaquetés dans le roupillon… Roulés dans leurs nippes, ça faisait un rempart compact. J’ai enjambé tout le paquet. Le brigadier il me faisait honte.
– Visez-moi ça l’empoté ! Une demoiselle ! Jamais vu un civil si gourde ! Merde! On nous l’a fadé spécial ! Arrive, bijou !
Alors, crevez tous – comme les autres – bonnes âmes des canons !
« Rep’sez… armes ! » et rompons le ban.
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- Message n°47
Re: Livres de Louis Ferdinand Celine
Céline est Le témoin objectif et talentueux de la France du début du XXe siècle , sa formation de médecin lui a permis de diagnostiquer la maladie dont souffrait la société française et mondiale .
« Rigodon pour une autre fois » (France Culture, 1992)
[Louis-Ferdinand CÉLINE]
« Rigodon pour une autre fois » (France Culture, 1992)
[Louis-Ferdinand CÉLINE]