bonjour,
voici un pioche:
Les revenus de l'Eglise mormone peuvent être évalués à 4 milliards de dollars par an, dont 3,2 milliards issus de la collecte de la dîme.
C'est la réunion la plus secrète et la plus stratégique de l'année. La plupart des membres de l'Eglise mormone en ignorent même l'existence. Elle se tient le premier vendredi de janvier, au quartier général de Salt Lake City. Elle rassemble autour du président Hinckley et de ses deux adjoints les douze « apôtres » et les trois évêques-présidents qui sont en quelque sorte les directeurs généraux de l'Eglise. Ces dix-huit hommes triés sur le volet forment le « conseil pour l'utilisation de la dîme ». Ce sont eux qui décident de l'emploi des quelques milliards de dollars récoltés chaque année auprès des fidèles.
A la différence de la majorité des organisations religieuses aux Etats-Unis, l'Eglise mormone ne publie pas de comptes. L'estimation de ses recettes relève donc du jeu de piste. Mais, pour la première fois, dans un effort de transparence peut-être lié à la proximité des JO, plusieurs hauts responsables nous ont fourni des chiffres qui n'avaient jamais été donnés jusqu'alors par des dirigeants de l'Eglise.
Premier indice : environ 1 million de personnes versent effectivement 10 % de leur revenu au culte, nous a révélé David Burton. L'évêque-président détaille : « Sur 11 millions de membres, environ 4 millions sont des adultes. Sur ces 4 millions, 1,6 million sont pratiquants et parmi eux environ 1 million paient la dîme. » Soit plus de la moitié. Estimation en ligne avec celle de John Carmack, un autre haut responsable de l'Eglise, qui estime que « la moitié des fidèles paient la dîme ». Sur ce million de fidèles, au moins 600.000 habitent aux Etats-Unis et le revenu moyen de leur ménage dépasse légèrement 40.000 dollars. Soit une collecte d'environ 2,4 milliards de dollars. En supposant que le revenu moyen des 400.000 fidèles étrangers soit inférieur de moitié, leur part s'élèverait à 800 millions de dollars.
Qualifiées « d'honnêtes » par un haut responsable mormon, ces estimations sans doute conservatrices aboutissent à une collecte annuelle totale de 3,2 milliards de dollars. Une somme à laquelle il convient d'ajouter le produit du jeûne, car les mormons sont censés donner en plus à l'Eglise la valeur de deux repas par semaine. Et les dons exceptionnels faits par quelques grandes fortunes mormones comme la famille Marriott, propriétaire de la chaîne hôtelière du même nom.
Dividendes
Deuxième indice fourni par David Burton : le produit de la dîme représente « la très grande majorité des revenus de l'Eglise, au moins 80 % ». Si c'est le cas, les recettes globales atteignent donc 4 milliards de dollars, le solde de 800 millions correspondant aux dividendes des actifs industriels et commerciaux ainsi que des placements boursiers. Est-ce cohérent avec la valeur de ces actifs ? Si l'on estime qu'ils dégagent un rendement moyen net annuel de 6 %, hypothèse là encore qualifiée « d'honnête » par un haut dirigeant, cela situe leur valeur à 13,3 milliards de dollars. Or, ce chiffre est voisin des 11 milliards de dollars cités par la seule enquête approfondie sur le sujet, celle du magazine « Time », qui remonte à 1997. Les pièces du puzzle semblent s'emboîter correctement.
Un troisième indice corrobore ces estimations : « L'Eglise construit ou agrandit un peu moins de deux lieux de culte par jour. Ces investissements plus l'entretien des locaux absorbent plus de la moitié de la collecte de la dîme », explique l'évêque-président. Or, selon un autre responsable de l'Eglise, le coût moyen de ces 650 à 700 chantiers annuels serait de l'ordre de 2 millions de dollars chacun. Autrement dit, investissement de 1,4 milliard de dollars. Avec le coût de l'entretien, on dépasse sans doute le seuil de 1,6 milliard de dollars... qui correspond bien à la moitié de la collecte de la dîme.
Notre estimation de 4 milliards de dollars de revenus annuels nets d'impôts est probablement inférieure à la réalité. En 1997, « Time » avançait le montant de 5,9 milliards de dollars, chiffre systématiquement repris depuis, faute d'autres sources, par la presse américaine et par un livre d'enquête plus récent écrit par des journalistes de l'agence Associated Press (1). Mais les responsables de l'église persistent à dire que ce chiffre était et reste « très exagéré ». La vérité est sans doute entre les deux. Quoi qu'il en soit, les saints des derniers jours ne manquent pas de moyens.
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