Anti Nouvel Ordre Mondial

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    La taxe inflation (ou comment les banksters nous la mette!!)

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    Message  ziril 14/2/2009, 19:19

    La taxe inflation



    Ou comment et pourquoi prêteurs et emprunteurs subissent
    indistinctement et injustement les conséquences de la création monétaire



    On a beau retourner le problème dans tous les sens, il s’avère que l’argent est au centre de notre société. Même si cela vous révulse, il n’empêche, tout est déterminé par l’argent. C’est l’argent qui fait courir une grande partie de l’humanité et pourtant, peu de gens connaissent le cycle de vie de l’argent et sa finalité ; peu de gens savent vraiment comment naît et meurt l’argent. Tout le monde ne cesse de geindre sur la perte de son pouvoir d’achat sans même se douter que cela est orchestré, sciemment provoqué. Le cycle de la création et de la destruction monétaire, tout comme d’ailleurs celui de la croissance économique, porte en lui les germes de la perte du pouvoir d’achat. Aimeriez-vous en savoir un peu plus sur ce sujet ? Allons donc faire un petit tour dans les coulisses de la création et de la destruction monétaire

    1. Le cycle de création et de destruction monétaire

    D’une manière générale, nul ne peut faire abstraction de la nécessité d’échanger des produits et des services. En effet, dans notre monde industrialisé et urbanisé, quasiment personne n’est en mesure de vivre en autarcie, replié sur lui-même avec ses seules ressources. Ainsi, ne serait-ce que pour satisfaire les besoins essentiels à la vie, à savoir se nourrir, se vêtir et se loger, il faut de l’argent, ou à défaut, un mode de paiement acceptable et accepté qui fasse office d’un instrument d’échange honnête. L’humanité a fait toutes sortes d’expériences : elle a fait du troc, elle a utilisée des matières végétales telles que le tabac ou le thé dans les colonies américaines au 17ème et 18ème siècle ; elle a aussi utilisé des matières métalliques comme la pièce de cuivre, la pièce d’argent ou la pièce d’or. Il faut bien en convenir, quels que soient les supports d’échange utilisés avant le papier-monnaie, ils se sont tous heurtés à divers obstacles telles que la possession, la conservation, la circulation et la quantité. Ces problèmes relatifs aux moyens d’échange eurent notamment pour conséquence d’étouffer le commerce et donc, de freiner les développements économiques.

    La réussite de la diffusion de la monnaie-papier fut la conséquence de la résolution des problèmes inhérents à tous les autres moyens d’échanges. On peut aisément se déplacer avec des liasses de billets dans ses poches qui ont la valeur d’une grange remplie de feuilles de tabac. On voit d’ailleurs ici que c’est la valeur nominale du billet et pas nécessairement la quantité qui est importante car s’il faut une brouette pour acheter une motte de beurre, l’intérêt de posséder des billets à foison y perd tout son sens. Qu’il se soit diffusé sous forme de monnaie fiduciaire ou scripturale, au cours du 20ème siècle, le papier-monnaie a partout, dans tous les pays, progressivement remplacé tous les autres moyens de paiement. Or, avec du recul, force est de constater que le papier-monnaie est tout sauf un instrument d’échange honnête puisque sa valeur s’effrite continuellement.

    Le contrôle de la création monétaire a toujours été au centre des préoccupations de ceux qui détiennent le pouvoir. Celui qui contrôle la monnaie contrôle le monde. Autrefois, les empereurs et les rois se sont octroyé le droit de battre monnaie. Plus qu’un symbole de puissance ou de mégalomanie, frapper la monnaie à son effigie était avant tout le moyen de conserver et d’étendre son pouvoir. Plus un empire parvenait à fabriquer, ou éventuellement à capter et amasser des richesses via l’impôt, le tribut ou la rapine, et plus son souverain sentait le furieux besoin d’aller porter sa renommée hors de ses frontières. Si la puissance des républiques italiennes du 13ème au 15ème siècle résultait de ses activités commerciales (étoffes, épices, or …) dans le bassin méditerranéen, en revanche, celle des Habsbourg au 16ème et 17ème siècle fut directement liée à la refonte de l’or extrait en Amérique. L’apport massif du métal jaune en Europe provoqua une poussée inflationniste qui encouragea Jean Bodin à travers sa « Réponse au paradoxe de M. de Malestroict touchant l'enchérissement de toutes choses, et le moyen d'y remédier » à formuler la première théorie quantitative de la monnaie. Dès lors que le flux des métaux précieux en provenance des Amériques s’est tari, l’empire des Habsbourg s’effrita progressivement aux profits des Bourbons dans l’Europe du Sud et des marchands hollandais et anglais dans l’Europe du Nord et des Hohenzollern dans l’Europe de l’Est.

    Si les questions de taxations de produits constituèrent le prétexte à la rupture des relations commerciales entre les Treize Colonies et la Grande-Bretagne, puis à la déclaration d’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique, en fait, la séparation fut davantage consommé par le refus des banquiers de la City d’accepter que les Treize Colonies émettent leur propre monnaie, le « colonial script ». En votant le 9 avril 1764 le Currency Act, le parlement anglais interdisait aux Treize Colonies d’émettre quelque monnaie que ce soit et consacrait la primauté de la Livre-Sterling, une monnaie gagée sur l’or et l’argent. Or, la pénurie chronique de métaux précieux entravait le développement économique des colonies américaines. Pour obtenir ces métaux, ou du moins leurs équivalents, les colons étaient obligés de l’emprunter auprès des banquiers de la City. En émettant leur propre monnaie, les colons s’affranchissaient du paiement des intérêts d’emprunts aux banquiers de la métropole.

    Il n’est pas inintéressant de s’arrêter quelques instants sur les écrits de Benjamin Franklin à propos des Treize Colonies. En 1750, il relata en tant que représentant colonial : « Impossible de trouver de population plus heureuse et plus prospère sur toute la surface du globe. Dans les colonies, nous émettons notre propre papier-monnaie, nous l'appelons Colonial Script, et nous en émettons assez pour faire passer facilement tous les produits des producteurs aux consommateurs. Créant ainsi notre propre papier-monnaie, nous contrôlons notre pouvoir d'achat et nous n'avons aucun intérêt à payer à personne. ». Ce n’est pas un hasard si les Pères fondateurs insistèrent à écrire dans l’article 1, section 8 paragraphe 5 de la Constitution américaine : « c’est au Congrès qu’appartiendra le droit de frapper l’argent et d’en régler la valeur ». En effet, en tant qu’ambassadeur en France après la Déclaration d’Indépendance, Benjamin Franklin fit la remarque suivante « En un an, (après le vote du Currency Act, NdT), les conditions changèrent tellement que l'ère de prospérité se termina, et une dépression s'installa, à tel point que les rues des colonies étaient remplies de chômeurs. Les colonies auraient volontiers supporté l'insignifiante taxe sur le thé et autres articles, sans la pauvreté causée par la mauvaise influence des banquiers anglais sur le Parlement : ce qui a créé dans les colonies la haine de l'Angleterre et causé la guerre de la Révolution. »

    La fabrication de fausse-monnaie a toujours constitué un délit. Si autrefois cette activité était passible de peine de mort, aujourd’hui, sous le motif que faire passer de l’argent fantaisie pour du véritable argent est un vol de toute la société, les faussaires sont sanctionnés d’un emprisonnement à vie. Mais comme le dit Maurice Allais, Prix Nobel de Sciences Economiques 1988 : « par essence, la création monétaire ex nihilo que pratiquent les banques est semblable, je n'hésite pas à le dire pour que les gens comprennent bien ce qui est en jeu ici, à la fabrication de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement réprimée par la loi. ». Duralex sed lex.

    Actuellement, presque tout le monde pense que la création monétaire est, en vertu de l’héritage du droit régalien de battre monnaie, monopolisé par l’Etat. Vous pouvez interrogez n’importe qui à ce sujet, même votre banquier préférée, il vous répondra d’un air martial et en toute bonne foi que seul l’Etat, à travers la banque centrale, dispose du droit de créer la monnaie. Il est vrai que les pièces et les billets sortent directement des usines des banques centrales ; mais le monopole de l’émission de cette monnaie représente tout juste 10 % de l’argent en circulation (agrégat M1) et, comme nous allons le voir, c’est d’ailleurs à partir de cette base que le système bancaire et financier va générer sa propre masse de moyens de paiements (agrégat M2 etM3).

    En fait, il s’avère que la plupart des Etats ont finalement peu de prise sur la création monétaire de leur pays. Savez-vous pourquoi ? Parce que les banques commerciales se sont accaparés ce pouvoir. J’entends déjà certains me dire : « Qu’est que c’est que cette farce ? Comment est-ce possible ?». Comme nous allons le voir plus loin, elles ont réussi à créer un instrument d’échange, à le promouvoir puis à le faire accepter avant de l’imposer définitivement. Et c’est évidemment pour leurs seuls bénéfices, grâce aux taux d’intérêt qu’ils encaissent sur la quasi-totalité de l’argent émis, que les banques commerciales ont réussies le tour de force à transformer un instrument d’échange en une source de profits très lucratifs.

    Comment les banques commerciales s’y prennent-elles pour créer de l’argent ? En fait c’est relativement simple puisque c’est à travers les prêts accordés à tous les agents économiques que les banques commerciales créent de l’argent. Voyons comment cela se passe. Sur le plan comptable, par un banal jeu d’écritures, les banques inscrivent au passif de leurs propres comptes bancaires le montant de l’emprunt et à l’actif des comptes bancaires des emprunteurs le montant des prêts. Avant cette opération comptable, l’argent n’existait pas. Et voilà qu’à l’issue de cette opération comptable, un miracle biblique s’est produit : le compte banque de l’emprunteur est crédité d’une somme qu’il a tout loisir de dépenser comme bon lui semble. D’ailleurs l’emprunteur, dont le pouvoir d’achat vient subitement d’être regonflé, ne va pas se faire prier pour injecter dans le circuit économique cet expédient « tombé du ciel ».

    En fait, en raison de la multiplication des prêts, la monnaie scripturale constitue aujourd’hui la majeure partie de l’argent en circulation. Or, de par la Loi et même si techniquement elle coûte moins chère à fabriquer, la monnaie scripturale a strictement la même valeur que la monnaie fiduciaire (= les billets de banques ou les pièces de monnaies) émis par les banques centrales. Notons que les billets et les pièces de monnaie tendent peu à peu à disparaître face à la montée en puissance de l’utilisation des cartes bancaires comme mode de paiement. D’ailleurs au passage, il n’aura échappé à personne combien les gens s’obstinent à qualifier leurs cartes bancaires de « carte de crédit ». Je soupçonne quelques services marketing d’entretenir l’ambiguïté sémantique vis-à-vis de l’appellation d’origine contrôlé de la carte bancaire. En effet, au regard de la fièvre acheteuse s’emparant de quelques cervelles de piafs, parfois je me demande si à chaque fois qu’ils chauffent leurs « cartes de crédits » ils ne pensent pas que leurs comptent banques augmentent. Les consommateurs auraient-ils le même comportement consumériste s’ils la dénommaient par ce qu’elle est vraiment : une carte de débit ? Il y en a même qui appelle affectueusement leur carte bancaire : « carte bleue ». En tous les cas je puis vous assurer, à chaque passage en caisse, votre carte bancaire a bien pour fonction de tailler votre compte à la hache et de provoquer inlassablement des hémorragies comptables. Mais revenons au sujet qui nous occupe et préoccupe. En distribuant les prêts, les banques commerciales disposent donc du royal privilège de créer de l’argent. Comme nous allons le voir maintenant, elles ne vont pas se priver pour user et abuser de ce droit.


    Dernière édition par ziril le 18/4/2011, 10:30, édité 2 fois
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    Message  ziril 14/2/2009, 19:20

    Tout d’abord, il faut bien avoir à l’esprit qu’une banque, comme du reste n’importe qu’elle autre affaire commerciale, n’est pas une entreprise philanthropique. La raison d’être d’une banque est de faire de l’argent. Il s’agit du seul et unique but d’une banque ; et tous les autres arguments que vous pouvez entendre aux sujets de l’existence des banques, visent simplement à vous faire oublier à qui vous avez réellement à faire. Pour vous convaincre, ai-je besoin de mentionner que l’industrie bancaire est l’un des secteurs d’activités commerciales les plus florissants. Regardez le nombre de banques présent dans les grands indices boursiers. Pour prendre l’exemple du CAC 40, nous pouvons en comptabiliser cinq (BNP-Paribas, Crédit Agricole, Dexia, Société Générale et accessoirement Axa en tant que banque-assurance). Toutes ces banques réunies sont parvenues en 2006 (l’année de tous les records avant le début de la crise) à dégager un bénéfice de 27.1 milliards d’euros ! Et comment croyez-vous qu’elles soient parvenues à un tel niveau de performance ? En règle générale, les banques s’efforcent de dégager des revenus de manières équilibrées au travers de leurs trois principales activités : les activités de marché avec leur banque de financement et d’investissement (la BFI), la gestion d’actif (l’asset management) et ses activités de banques de détails (le retail).

    Quels que soient les discours alambiqués par les refrains marketing issus des services commerciaux, le fonds de commerce des banques reste le négoce de l’argent. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que les banques font le négoce de l’argent avec l’argent des autres, c'est-à-dire par le biais des prêts/emprunts. Et pour cause puisque, sans faire de provocation, au regard des sommes engagées et échangées, les banques n’ont pas d’argent, ou très peu ; mais cela ne les empêche pas de jouer avec. Suite à la crise financière qui a démarré en août 2007 et les nombreuses dépréciations d’actifs qui furent comptabilisées, beaucoup de banques ont été dans l’obligation de procéder à des augmentations de capital afin d’augmenter le niveau de leurs fonds propres ; car lesdits fonds propres se sont, au demeurant, révélés très insuffisant face à l’engagement des banques. Ainsi, on a pu voir arriver en force un nouveau type d’intervenant sur les marchés : les fonds souverains. Le budget de ces fonds correspond au « trésor de guerre » des pays ayant amassé des montagnes d’US dollar, ou d’autres devises tel l’Euros, à travers les excédents de leurs balances commerciales. En fait, face à la chute sur les marchés des changes de l’US Dollar, les dirigeants de ces pays, telles que les Pétromonarchies du Proche et du Moyen Orient, les anciens dragons du sud-est asiatiques (Japon, Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour) ou du fameux club connus sous le diminutif de B.R.I.C. (Brésil, Russie, Inde et Chine) tentent, désormais, de recycler une partie de la dette américaine qu’ils ont pris l’habitude d’accumuler depuis une trentaine d’année en investissant directement dans le capital des entreprises.

    Le lecteur doit absolument prendre conscience que les sommes échangés sur les marchés financiers sont colossales. En 2005, par exemple, sur le marché des changes de la City à Londres, il s’échangeait chaque jour l’équivalent du Produit Intérieur Brut de la France (= la somme de la richesse produite chaque année en France), soit 1 500 milliards d’euros ! En septembre 2007, l’encours des Crédit Default Swap (un produit financier permettant à une banque de se couvrir contre le risque de faillite d’une société à qui elle a prêté de l’argent) représentait quelques 45 000 milliards de dollars (45 suivi de douze zéros pour ceux qui auraient du mal à imaginer) ! En février 2008, l’encours de ces mêmes CDS s’élevait à 62 000 milliards de dollars. A ce niveau de sommes brassées, on ne peut plus parler d’un simple torrent d’argent se déversant dans l’économie réelle ; il s’agit d’une véritable cataracte de monnaie. Malgré toutes les interventions humaines pour contrôler le débit d’écoulement, l’inondation monétaire érode aussi sûrement la valeur de l’argent que les chutes du Niagara creusent un passage entre le lac Erié et le lac Ontario.

    En fait, les fonds propres des banques sont relativement faibles parce qu’elles font le pari que tout leurs clients n’ont pas besoin de leurs argents en même temps. Par expérience, les banques savent que leurs clients retirent finalement assez peu d’argent et que, sauf catastrophe, comme on l’a vu par exemple pour Northern Rock en septembre 2007, bon an mal an les retraits sont globalement compensés par les dépôts. En théorie, une petite réserve suffit donc aux banques pour assurer la soudure. Règlementairement, ces réserves sont « mobilisées » sur des comptes auprès des banques centrales. En fait la mobilisation est mouvante puisque ce n’est qu’à l’issue des opérations de « réglage fin » que la banque centrale constate une fois par mois le niveau des réserves obligatoires. Cependant, malgré l’évolution des normes comptables et l’application de divers ratios prudentiels imposés aux établissements bancaires, les multiples interventions des banques centrales en tant que prêteurs en dernier ressort ont démontré que les banques peuvent, tout de même, se trouver en situation d’incapacité à honorer leurs engagements.

    Que le lecteur me pardonne pour la continuité du récit, mais il convient ici de s’arrêter quelques instant pour souligner l’aléa moral occasionné par les interventions des banques centrales en tant que prêteur en dernier ressort. Admettons que suite à une faillite d’un de ses principaux créanciers, comme par exemple Bear Stearns, une banque comme JP Morgan soit dans l’obligation d’emprunter auprès des autres établissements financiers pour éviter sa propre liquidation. Les autres banques sont alors confrontées au dilemme de soutenir coûte que coûte JP Morgan, quitte à prendre le risque de devenir eux-mêmes insolvables s’il advenait que l’un de leurs clients majeurs venait à faire faillite, ou de refuser de prêter à JP Morgan, en prenant le risque que la faillite de cet honorable établissement new yorkais déclenche une réaction en chaîne au sein de toutes les autres banques de Wall Street et d’ailleurs. Pour éviter le funeste enchaînement de faillites en série connu sous le nom de crise systémique, la banque centrale intervient en temps que prêteur en dernier ressort. Ainsi, la Fed a avancé la coquette somme de 30 milliards de dollars à JP Morgan pour racheter son principal client Bear Stearns.

    Nous voyons clairement émergé le côté pervers du rôle du prêteur en dernier ressort conféré aux banques centrales. Ce soutien indéfectible de la banque centrale en cas de faillite encourage les banques, ou plutôt devrais-je dire les responsables des banques, à multiplier les politiques d’investissements aventureux. En effet, grâce aux filets de sécurité, les établissements financiers se sentent finalement déchargés d’une partie de leurs responsabilités et en arrivent à prendre davantage de risques pour augmenter leur profitabilité. Evidemment, en cas de réussite, le bénéfice lié aux risques sera partagé dans l’ordre décroissant par les employés les mieux placés des front-offices, les grouillots des fonctions supports et les actionnaires ; par contre, en cas d’échec, la perte liée aux risques sera partagée par la collectivité. Cette privatisation des profits et cette nationalisation des pertes est d’autant plus choquante qu’elle ne s’applique qu’aux grosses entreprises en difficulté. L’adage « too big too fail » doit faire râler quelques centaines de milliers d’américains qui n’ont pas reçu autant de mansuétude de la part des autorités monétaires, suite à leur incapacité d’honorer le remboursement de l’emprunt de leur maison. Pour éviter tout risque systémique, et ainsi faire payer ceux qui ont eu un comportement vertueux, les banques centrales devraient imposer aux banques un ratio de réserve obligatoire de 100 %.

    Nous avons dit que les banques font le commerce de l’argent avec l’argent des autres. Concrètement, comment cela se passe-t-il ? En fait, toujours par un jeu d’écritures comptables, les banques vont « pomper » (gratuitement si possible puisque par exemple les banques françaises rémunère peu ou prou les dépôts) l’argent déposé par des épargnants, que je qualifierais de « prêteurs malgré eux », pour le redistribuer en douce (mais toujours avec profit) à des clients emprunteurs de bon gré. Or, ni le « prêteur malgré lui » ni « l’emprunteur de bon gré » ne vont s’apercevoir du tour de passe-passe de leur banque, puisque dans cette opération les comptes des « prêteurs malgré eux » restent inchangés, tandis que ceux des « emprunteurs de bon gré » vont enregistrer un flux positif d’argent. En d’autres termes pour clarifier la situation, du côté du « prêteur malgré lui », on a la même somme ; du côté de « l’emprunteur de bon gré », on a plus d’argent. De ce fait, il apparaît que l’argent créé sur le compte de « l’emprunteur de bon gré » est financé par de l’argent déjà existant sur le compte du « prêteur malgré lui ». Ainsi, tant que personne n’y trouve rien à redire, les magiciens sortant l’argent de leur chapeau recueillent les applaudissements et ils seront, en échange de leur prodige, grassement rémunérés. Certains prestidigitateurs de talents peuvent empocher plusieurs millions de dollars ou d’euros par an en se contentant de prendre des risques avec l’argent des autres.

    Evidemment, comme chacun peut le pressentir, il y a un hic quelque part. Malgré le secret qui entoure la magie, tout le monde sait qu’il s’agit d’illusions optiques. Je vous propose donc de décortiquer avec minutie le tour de magie en prenant un exemple. Admettons que Monsieur Dupont demande et obtient un prêt de 10 000 €. Il va chez un concessionnaire voiture. Il signe un chèque de 10 000 € à l’ordre du gérant de la concession et repart avec une voiture flambant neuve. Le gérant de la concession va naturellement déposer le chèque de 10 000 € auprès de sa banque. L’encaissement du chèque de 10 000 € va constituer un dépôt à partir duquel la banque va pouvoir émettre de nouveaux prêts. Les nouveaux prêts vont pouvoir à leur tour être employés et devenir un nouveau dépôt dans une banque qui pourra à nouveau prêter l’argent et ainsi de suite. Evidemment à chaque fois que l’argent commence un nouveau cycle, la banque ne donne pas d’argent gratuitement comme au Monopoly, mais elle encaisse des intérêts. Ainsi, à chaque fois que l’argent d’un prêt émis par une banque arrive comme dépôt dans la même banque ou dans une autre, un nouveau cycle de prêt peut démarrer. Ce mécanisme a donc potentiellement le pouvoir de gonfler considérablement la masse monétaire.

    Voyons maintenant comment le mécanisme des prêts gonfle la masse monétaire. Gardons notre exemple de Monsieur Dupont et du gérant de la concession. On a dit que notre gérant avait déposé le chèque auprès de sa banque. Par commodité, appelons-la « First Bank ». On a dit plus haut que les banques avaient l’obligation de constituer des réserves pour prêter de l’argent. Généralement ces réserves représentent moins de 10 % des sommes prêtées mais par souci de simplification, supposons que ce soit 10 %. La « First Bank » a donc encaissé un chèque de 10 000 € et comme son business est de faire de l’argent avec l’argent des autres, elle décide de placer 10 % de cette somme auprès de sa banque centrale et de prêter 9 000 €. L’emprunteur des 9 000 € décide de faire des travaux dans sa maison et fait appel à un artisan qui possède un compte auprès de la « National Bank ». La « National Bank » va encaisser les 9 000 €. Parce que son métier est de faire de l’argent avec l’argent des autres, elle décide de placer 10 % auprès de la banque centrale et de prêter le reste, soit 8 100 €. L’emprunteur des 8 100 € s’est endetté pour financer un voyage au bout du monde. L’agence de voyage dispose d’un compte à la « Crédit Bank ». La « Crédit Bank » va, comme la « First » et la « National » encaisser la somme, placer 10 % en dépôt auprès de la banque centrale et prêter le reste. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de détailler le mécanisme jusqu’au bout puisque l’on s’aperçoit d’ores et déjà qu’à chaque étape, le montant mis en dépôt auprès de la banque centrale ainsi que le montant du prêt diminue, alors que parallèlement la somme totale de l’argent mis en circulation à travers les prêts successifs augmente. Ainsi, à partir d’un premier dépôt de 10 000 €, toutes les banques qui ont participé au jeu ont pu se partager les intérêts sur un total de prêts potentiels de 100 000 €. Il apparaît donc que tant que les banques reçoivent de l’argent en dépôt, elles disposent de la capacité de multiplier les prêts. Cependant, si ce mécanisme a pour avantage d’augmenter les revenus des banques, en revanche, il a pour inconvénient de gonfler la masse monétaire en circulation et donc, il a pour corollaire de provoquer l’inflation.

    Comme nous venons de le voir, les banques ont le pouvoir, grâce au jeu d’écritures comptables, de créer de l’argent à partir de rien. Cependant, les banques ne disposent pas de la faculté de créer plus de marchandises. Or, lorsque globalement les gens ont davantage d’argent mais que globalement la quantité de marchandises reste peu ou proue la même, fatalement les prix des marchandises augmentent. Si autrefois il fallait cent billets pour acheter toutes les marchandises en circulation et qu’aujourd’hui il faut deux fois plus de billets pour acheter également toutes les marchandises en circulation, alors il s’avère que, si la quantité de toutes les marchandises en circulation n’a pas doublé, mécaniquement la valeur de l’argent a baissé. C’est ce phénomène qui s’appelle l’inflation. De ce fait, plus les banques injectent de l’argent par rapport à la quantité de marchandises disponibles, et plus la valeur de l’argent baisse. Mais comme dans toute bonne blague le plus drôle est à la fin. Si l’argent perd de la valeur, mécaniquement, la valeur des intérêts encaissés par les banques baisse aussi. Autrement dit, en augmentant la masse monétaire, les banques ne deviennent, in fine, pas plus riches.

    Vous allez me dire en vous tordant de rire et en vous tapant sur les cuisses: « mais pourquoi les banques s’échinent-elles à augmenter la masse monétaire si, in fine, elles n’y gagnent rien ? ». En fait, les banques évoluent dans un environnement concurrentiel exacerbé. L’industrie bancaire, comme d’ailleurs n’importe quels autres secteurs économiques, est un milieu ou pour continuer à exister il est nécessaire d’être plus performant que ses rivaux. Concrètement, cela signifie que chaque établissement financier doit lutter pour être compétitif et pour gagner des parts de marché afin de gagner plus d’argent que les autres. Or comme l’objet principal des banques est de gagner de l’argent avec l’argent des autres, cela signifie implicitement prêter toujours plus d’argent. Dans ce contexte la course à la taille est l’une des composantes essentielles de l’industrie bancaire. Vu toutes les opérations de fusions-acquisitions financées, bien sur par l’emprunt, via les fameux Leverage Buy Out (LBO), nul doute que le leitmotiv à la mode était : Big is beautiful ; j’ajouterai au regard des interventions récentes de la Fed qui a craint une crise systémique suite à la faillite de l’honorable établissement Bear Stearns : « too big to fail ». Ainsi, plus une banque est grosse et plus elle aura la possibilité de prêter de l’argent pour augmenter ses profits en encaissant les intérêts. En 2006, Citigroup était la banque la plus profitable au monde. Elle a généré 21 milliards de dollars de bénéfices. A l’issue du 1er semestre 2008, Citigroup occupait juste devant UBS, la tête du classement du total des actifs dépréciés avec 41 milliards de dollars.
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    Message  ziril 14/2/2009, 19:21

    Prêter de l’argent contribue à créer de l’argent et donc, en conséquence, à générer de l’inflation. En théorie, les banques les plus profitables auront la capacité de se développer plus vite (et de rémunérer plus chichement le top management) et, au fil du temps, elles auront la capacité ou l’opportunité d’absorber un concurrent. Néanmoins les banques se trouvent tout de même confrontées à une limite : la solvabilité des emprunteurs. Même si les abus inhérents aux emprunts « subprimes » ont finalement démontré le contraire, en principe, n’emprunte pas de l’argent qui veut. Il ne suffit pas de dire : « je veux de l’argent » pour en obtenir. En effet, pour prêter de l’argent, les banques demandent des garanties qu’elles pourront éventuellement saisir et vendre si l’emprunteur n’est plus en mesure d’honorer son engagement à rembourser le principal plus les intérêts. Cependant, comme tout le monde a pu le constater, suite au dégonflement de la bulle immobilière américaine révélée par la crise de remboursement des emprunts « subprimes », lorsque le sous-jacent qui sert de garantie se trouve être subitement fortement déprécié, voire comme dans certains quartiers, sans valeur, alors les pertes accumulées par les établissements prêteurs ont pu atteindre des sommes astronomiques. Ainsi les Countrywide et autre New Century Financial se sont retrouvés le bec dans l’eau en deux temps trois mouvements parce que leurs trop nombreux clients spéculateurs et emprunteurs à taux variables de leur bien immobilier ont subi de plein fouet, et en même temps suite à la réévaluation de leurs contrats, la hausse des taux initiés par la Fed quelques trimestres plus tôt. Tout ces malheureux ont perdu leurs maisons, leurs pantalons et leurs illusions de vie perpétuelle à crédit ; quand à leurs créanciers, ils sont marrons et certains sont en prisons.

    Entendons-nous bien. Votre serviteur n’est pas en train de faire une accusation totalement à charge contre l’emprunt. En effet, je suis d’accord sur le fait que l’emprunt peut être utile à l’économie ; mais pour bien comprendre mon propos, il est nécessaire que le lecteur connaisse la distinction entre emprunts productifs et emprunts non-productifs. Par emprunt productif, j’entends les emprunts contractés en vue d’un investissement. Si par exemple un pays lance un emprunt pour la construction d’un barrage, la production électrique permettra de générer davantage d’activité économique. Les emprunts non-productifs, tels les prêts à la consommation, sont des emprunts qui, in fine, seront néfastes à l’économie. De ce fait, on peut dire que la banque jouera un rôle positif dans le cas de l’emprunt productif alors qu’il sera négatif pour l’emprunt non-productif. Intoxiqué par quelques tribuns tirant sur la corde du pouvoir d’achat pour relancer l’économie par la consommation des ménages, vous allez certainement me rétorquer mordicus : « les prêts à la consommation auront un effet bénéfique sur la croissance économique ». Ce à quoi je vous répondrai : « certes dans un premier temps cela permettra de doper la consommation et donc de soutenir artificiellement la croissance du PIB ; mais dans un deuxième temps, les facilités de crédit accordés aux consommateurs se retourneront contre eux. En effet, le pouvoir d’achat des emprunteurs sera amputé, à la fois par le remboursement du capital, et par les intérêts. En conséquence, au final, la capacité à consommer sera moindre que ce qu’elles auraient dû. »

    Jusqu’à présent je vous ai présenté la façon dont l’argent était créé. Maintenant je vais vous entretenir de la façon dont il est détruit. Si la création monétaire s’effectue au moment où la banque crédite le compte de l’emprunteur, la destruction monétaire se produira au moment où ledit emprunteur remboursera son prêt. La destruction monétaire se fera, suivant les modalités du contrat, au rythme de remboursement du prêt. Ce n’est donc qu’à l’échéance finale du prêt que l’argent créé aura été totalement détruit. Cependant, en plus du remboursement du capital, l’emprunteur doit aussi payer des intérêts au prêteur. Or les intérêts ne font pas partie de l’argent créé lors de l’emprunt. De ce fait, afin de remercier la banque de lui avoir fait confiance, l’emprunteur va devoir se débrouiller pour se saisir d’une partie de l’argent en circulation. En règle générale, l’emprunteur capte cet argent grâce à la location de sa force de travail. Il est donc possible de faire le constat suivant : en prêtant de l’argent, la banque va au nom du service rendu, mais grâce aux paiements des intérêts, mettre la main sur une partie du produit du travail de ses clients. En d’autres termes, et en vertu du principe que la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit, en contractant une dette, l’emprunteur devient l’obligé du prêteur. En conséquence, l’emprunteur peut perdre une partie de son indépendance, voire la totalité de son libre-arbitre si l’endettement est massif, vis-à-vis du prêteur.

    Dans les années 1980-1990, de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique Latine ont négocié une annulation de leurs dettes. A première vue, cela semblait charitable de la part des pays industrialisés. Cependant, il est très vite apparu que ces actes de générosité des pays du Nord pour « aider » les pays du Tiers-Monde n’étaient pas l’aboutissement d’un humanisme désintéressé. En fait l’annulation de la dette des pays pauvres par un pays riche a résulté d’un accord diplomatique ou, par exemple, il a été négocié un vote de soutien à l’O.N.U ; ou il a été négocié l’implantation de multinationales fortement liées aux pouvoirs publics ; ou il a été négocié des contrats exclusifs d’approvisionnements en énergies minérales, fossiles ou autres … Dans ce bas-monde rien n’est gratuit. Les pays pauvres sont pieds et poings liés à cause de leurs obligations à rembourser leurs dettes. D’ailleurs, avec du recul, à l’issue de la décolonisation opérée dans les années 1950-1960, il est apparu très vite que les Pays du Nord (Etats-Unis en tête, il faut le dire) ont fortement incité les Pays du Sud à s’endetter dans le seul but de les pressurer financièrement et politiquement pour s’accaparer leurs richesses. Mais ne crachons pas dans la soupe car la course à la ressource est une condition sine qua none à la poursuite de notre mode de vie. Peu de gens apprécient à leur juste valeur la manière dont nous, occidentaux, nous avons pu obtenir collectivement notre confort et notre niveau de vie. Dès lors faut-il s’étonner que nombre d’individus vivant dans les pays dit défavorisés vouent une haine aussi farouche aux occidentaux ?

    Même si l’illustration de la perte d’indépendance d’un pays vis-à-vis de ses créanciers est intéressante, il n’empêche, nous nous éloignons quelque peu du sujet principal de cet opus. Revenons donc à nos moutons. Comment en tant qu’individu gagnons-nous et dépensons-nous de l’argent ? En fait c’est relativement simple. Nous gagnons de l’argent lorsque l’on vend des produits ou des services ; nous le dépensons lorsque l’on achète des produits ou des services. On n’est pas obligé de dépenser tout de suite l’argent que l’on vient de gagner, ni même de le dépenser avant même de l’avoir gagné ; on peut aussi l’épargner et différer ses achats. Ce comportement nécessite une certaine discipline de vie. Cela suppose notamment que l’individu accepte de ne pas vivre au-dessus de ses moyens et évite de succomber aux doux chants des sirènes des services marketing qui, avec le concours bienveillant des services financiers proposant innocemment des facilités de paiements, vont constamment l’inciter à acheter immédiatement des produits dont il n’a pas besoin, avec de l’argent qu’il n’a pas.

    Les banques ne gagnent pas de l’argent comme nous autres. Bien sur elles vendent des produits et des services ; mais leurs véritables fonds de commerces ne se situent pas là. Elles considèrent la vente des produits et des services dans la banque de détail comme des rentes permettant de développer le secteur le plus rémunérateur mais aussi le plus risqué : les marchés financiers. C’est bien sur les marchés financiers que la dette des entreprises et des ménages s’échangent sous forme d’obligations ou de toutes sortes de produits dérivés des obligations permettant, par effets de levier c'est-à-dire par l’emprunt, de gonfler les engagements. L’obligation est le produit de taux par excellence. Or un produit de taux n’est-il pas un instrument générant des intérêts ?

    Les banquiers prennent l’argent des épargnants et l’utilisent à leurs convenances sans que les épargnants aient leur mot à dire. En fait, en tant que principal émetteur d’argent, les banques en sont arrivées à considérer l’argent comme leur propriété. C’est d’ailleurs en vertu de cette qualité de propriétaire que les banquiers trouvent normal d’avoir le droit d’encaisser des royalties. Soyons lucides. Exactement comme le foncier appartient en définitive à l’Etat (nul ne peut affirmer être vraiment propriétaire d’un terrain foncier puisque l’Etat dispose d’un droit de préemption et d’un droit de regard sur l’utilisation de la surface et du sous-sol de votre propriété), l’argent est un instrument d’échange qui appartient aux banques ; et en tant que tel, il s’avère que nous ne le possédons pas vraiment mais que nous le louons. Comme nous le verrons plus loin, tout le monde paye son obole aux banques pour avoir le droit d’utiliser leurs propriétés.

    Les banques considèrent la déflation comme le pire des scénarios. Pour ceux qui l’ignorent, la déflation est le contraire de l’inflation. Si l’inflation est l’augmentation de la quantité d’argent en circulation, la déflation est la diminution de la masse monétaire. Autrement dit, la déflation se produit lorsque la quantité d’argent détruit est supérieure à celle qui a été créée. On a vu que les prêts étaient à l’origine de la majeure partie de la création monétaire et le remboursement desdits prêts engendre sa destruction. En conséquence, pour éviter la raréfaction de l’argent (et donc mécaniquement l’augmentation du loyer de l’argent) les banques doivent s’ingénier à renouveler constamment les prêts par d’autres prêts. Dans ce contexte, tout épisode de ralentissement brutal et/ou prolongé du flot d’argent en circulation provoque une crise monétaire dont l’issue débouche, quoiqu’en disent à chaque fois tous les responsables des instances économico-gouvernementales, sur un ralentissement de l’activité économique. Par ailleurs, en plus de déterminer la quantité d’argent disponible pour les transactions, la somme totale de l’argent en circulation détermine aussi, comme nous allons maintenant nous y intéresser, le niveau général des prix.


    2. Le niveau général des prix


    Avant toute chose, il convient d’écarter la confusion que fait la plupart des gens entre l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) et l’inflation des prix. L’IPC est un indice mettant en évidence une comparaison annuelle du coût d’un panier de produits pour un ménage représentatif de la population d’un pays. D’un pays à l’autre et d’une période à l’autre, le contenu et les méthodes de calcul de ce panier diffèrent. Certains vont y inclure toutes sortes de produits, alors que d’autres vont exclure certains produits comme le tabac où les hydrocarbures. Certains vont publier la liste des produits pris en compte dans le calcul tandis que pour d’autres, manifestement, il s’agit d’un secret d’Etat jalousement gardé. Toujours est-il que, quelques soient la composition du panier où les méthodes de calculs, il est indispensable pour ceux qui dévoilent les résultats à la presse de les présenter sous un angle favorable, c'est-à-dire, de sorte que « l’inflation » apparaisse toujours contenue et donc supportable.

    Pour parvenir à la prouesse que les prix augmentent faiblement, les bureaux statistiques en charge de collecter et de traiter les milliers d’informations remontant du terrain n’hésitent pas à changer périodiquement le contenu du panier suivant leur convenance. Ils sortiront du panier certains produits sous prétextes que l’augmentation du prix a été trop forte, pour les remplacer par d’autres dont le prix a moins augmenté. Il arrive parfois, lorsqu’un prix reste stable mais que la qualité s’améliore, que le bureau statistique décide, suivant une méthode qui lui est propre, que cette amélioration de la qualité est équivalente à une baisse de prix ! Comment expliquez-vous que, dans un contexte de stagnation des salaires depuis des années, la régulière publication des chiffres de l’IPC montre une si faible évolution alors que tout le monde ressent, malgré l’importation de produits à bas prix en provenance de l’Extrême Orient, la pression de l’inflation des prix sur son pouvoir d’achat ? C’est un défi à l’entendement que la plupart des consommateurs ne s’explique pas ; et pour cause, puisque le calcul de l’IPC n’a strictement rien à voir avec l’inflation des prix. Expliquer l’augmentation des prix en se référant à l’IPC revient à chercher midi à quatorze heure. Cela n’a pas de sens.

    En fait, excepté sur les marchés financiers et jusqu’à un certain point sur les marchés de l’immobilier, personne n’aime vraiment voir les prix monter. L’inflation des prix mène au mécontentement des populations. Or ceux qui détiennent réellement le pouvoir de l’argent n’aiment pas les foules en colère. Comme généralement la présentation des chiffres de l’IPC est beaucoup plus agréable que celle de l’inflation des prix, les politiciens, et accessoirement les fonctionnaires qui leurs servent la soupe, noient habilement le poisson de l’inflation à travers un indice qui n’a rien à voir avec l’inflation des prix. L’inflation des prix fait référence à l’augmentation réelle des prix et donc à la réelle perte du pouvoir d’achat. Elle résulte de l’inflation monétaire, c'est-à-dire à l’augmentation de la masse monétaire en circulation, relative à la quantité de produits et de services disponibles.

    Comment pouvons-nous expliquer l’inflation des prix ? Concrètement l’inflation des prix indique que l’argent que vous détenez perd, au fil du temps, de la valeur. C’est ce que certains appelleront l’érosion monétaire. C’est ce que d’autres ressentent comme le sentiment d’être riche malgré un portefeuille vide. Mais cette érosion ne résulte pas d’un facteur relatif aux éléments naturels comme la pluie, le soleil ou le vent. Cette érosion est le résultat d’une volonté humaine. Elle est délibérée et donc sciemment provoquée. De nombreuses théories économiques tentent d’expliquer les causes de l’inflation des prix ; cependant, aucune de ces théories ne s’attardent sur les raisons de la permanence de la hausses des prix. D’une manière générale, on explique l’inflation des prix de deux manières : à cause de l’augmentation des coûts de production résultant d’une hausse des salaires, des matières premières ou de la fiscalité ; ou à cause d’un excès de demande par rapport à l’offre résultant des augmentations de salaires, des exportations, d’une baisse des taux d’intérêts ou d’une fiscalité accommodante.


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    Message  ziril 14/2/2009, 19:21

    L’anticipation d’une augmentation des prix peut également être source d’inflation des prix. Durant les années 2005-2006, on a vu beaucoup d’acheteurs de biens immobiliers se ruer sur les offres avec la crainte d’acheter demain plus chère qu’aujourd’hui, contribuant ainsi à générer un processus auto-réalisateur confortant leurs convictions que les prix grimpent tout le temps. Pour ajuster leurs grilles de prix, les industriels se réfèrent à des niveaux de prix qui restent valides à peine plus de six mois. Cependant, pour rester compétitif et rentable, les industriels doivent choisir entre tenir compte de l’inflation en surfacturant leurs prix ou subir l’inflation en rognant leurs marges. A sa manière, les banques aussi surfacturent leurs services. En effet, lorsqu’elles accordent des prêts, les banquiers savent pertinemment qu’au fil des échéances, les intérêts à encaisser perdent régulièrement de la valeur. Pourquoi croyez-vous que les intérêts d’un prêt immobilier constituent une part aussi importante dans les premières mensualités d’un remboursement ? Les banques pourraient tout aussi bien étalées les intérêts de manières linéaires sur l’ensemble de la période. Mais dans ce milieu où la gestion des risques est prédominante, mieux vaut un que deux tu tiendras.

    Toutes choses étant égales par ailleurs, s’il survenait une inflation des prix (par la demande ou par les coûts, peu importe) et que la masse monétaire en circulation reste constante, alors mécaniquement il adviendrait que quelques prix augmenteraient et d’autres diminueraient. Cependant, force est de constater, nous voyons des prix qui montent plus vite que d’autres. Pour être honnête, il arrive parfois que les prix baissent, mais cela reste ponctuel et résulte souvent d’une déflation importée combinée à une politique commerciale agressive ; mais généralement ce phénomène de guerre des prix ne dure que le temps nécessaires pour les entreprises les plus profitables d’absorber ou de couler les challengers les plus agressifs. Pour être complet il faut également mentionner le cas où la masse monétaire augmente dans la même proportion que la croissance économique. Dès lors, les prix moyens augmenteront peu ou prou. En fait la quantité d’argent disponible se diluera sur une plus grande quantité de produits et de services, ce qui permettra de stabiliser temporairement les prix.

    L’augmentation de la masse monétaire est la source de la perpétuelle hausse des prix que nous pouvons tous observer. C’est pourquoi, l’inflation des prix est la seule inflation qui compte, d’autant plus qu’elle contribue à provoquer les désordres économiques et financiers. Un simple calcul de bon sens suffit pour se rendre compte combien l’augmentation de la masse monétaire peut atteindre rapidement des sommets. Prenons l'exemple de l'US Dollar (j'aurai très bien pu prendre l'Euro puisque ça ne change rien à l'affaire). Admettons que le taux de croissance de la masse monétaire (M3) reste constant à 10 % (hypothèse acceptable puisque depuis de nombreuses années l’agrégat M3 est supérieur à 10 %) et prenons une base 100. Concrètement cela signifie quoi ?

    Au bout de 7 ans la masse monétaire va doubler (= 100*ln(2)/10)
    Au bout de 11 ans la masse monétaire va tripler (= 100*ln(3)/10)
    Au bout de 14 ans la masse monétaire va quadrupler (= 100*ln(4)/10)
    etc.

    Qu'est ce que l'on constate ? Primo, le temps de doublement de la masse monétaire a tendance à raccourcir de plus en plus rapidement. Secundo, à chaque fois que la masse monétaire double, cela implique une création monétaire aussi importante que tout ce qui avait été créé jusqu'alors. On s'aperçoit donc que d'une simple inflation de la masse monétaire, la croissance de la masse monétaire débouche inévitablement à terme, et quel que soit le taux de croissance de ladite masse monétaire, sur un phénomène d'emballement et donc d'hyperinflation entraînant dévaluation sur dévaluation. Actuellement le Zimbabwe qui est plongé dans un abîme économique connaît une inflation galopante. Peut être que ce pays a même battu un record du monde puisque l’inflation a atteint 11 270 000 % sur un an en juin 2008. En mai 2008, l’inflation s’élevait à peine à 2 200 000 % !

    Ce phénomène d’emballement est le lot commun des monnaies-papiers. De l'Assignats de la Révolution Française aux Zlotys polonais, toutes expériences de monnaies-papiers a toujours fini de la même manière. A titre informatif, depuis 1913, l’US Dollar a perdu 97 % de sa valeur. Depuis 2003, la chute progressive de l’USD vis-à-vis des autres monnaies pousse les investisseurs à se tourner vers d’autres devises ou d’autres supports servant de valeurs refuges telles les matières minérales comme par exemple l’or et l’argent ou des matières premières tel le pétrole. Ainsi, le constat de Gresham où « la mauvaise monnaie chasse la bonne » n’a toujours pas été démenti.


    3. Pourquoi les banques centrales ont-elles besoin de l’inflation ?


    « La stabilité des prix est définie comme une augmentation annuelle de moins de 2 % de l’indice harmonisé des prix à la consommation pour la zone euro ». Manifestement, ce leitmotiv brandi ouvertement par la Banque Centrale Européenne (BCE) prouve qu’elle n’a absolument pas l’intention de voir les prix baissés. En conséquence, il s’avère que l’inflation est planifiée et donc, nous pouvons l’écrire, dé-li-bé-ré-ment provoquée.

    La BCE, comme la Fed ou d’autres banques centrales, ne peuvent agir directement sur les niveaux des prix. La BCE dispose seulement du levier des taux d’intérêts pour assouplir ou resserrer les conditions de crédits afin d’augmenter ou de limiter le nombre de prêts. De la sorte, la BCE a la possibilité d’agir directement sur l’inflation et donc, indirectement sur les prix. Lorsque les taux d’intérêts baissent, la quantité de gens ayant la surface financière pour emprunter augmente ; et comme la quantité de prêts arrivant à échéance sera inférieure à la quantité des nouveaux prêts, il y aura, comme on l’a vu ci-dessus, mécaniquement plus d’argent disponible sur le marché. Quelles que soient les raisons invoquées, lorsque la BCE décide de baisser ses taux d’intérêts, elle permet aux banques d’ouvrir les vannes du crédit et donc d’accroître l’inflation en augmentant la masse d’argent en circulation. Cependant l’argent supplémentaire injecté dans le circuit économique ne se propagera pas de manière équilibré. En fait, cet afflux d’argent frais va s’agglomérer autour des actifs les plus rentables et générer progressivement des bulles spéculatives.

    Il faut bien avoir à l’esprit que depuis 1987, nous vivons dans une économie de bulles. Or, cette économie de bulle est caractérisée par l’excès de liquidité en circulation qui se déplace continuellement d’un actif à l’autre. Voici, chronologiquement les bulles spéculatives que j’ai pu recenser depuis 1987 (liste ouverte non exhaustive) :

    - Krachs obligataires et actions en 1987
    - Eclatement de la bulle immobilière en 1990-1991
    - Crise du peso au Mexique en 1994
    - crise monétaire du sud-est asiatique en 1997-1998
    - crise du rouble en Russie en 1998
    - krachs des actions internet et des TMT en 2000
    - formation d’une bulle obligataire depuis 2000
    - formation d’une bulle immobilière résidentielle depuis 2000
    - crise monétaire en Argentine en 2001-2002
    - formation d’une bulle sur l’énergie, les matières premières et les métaux (depuis 2003)
    - formation d’une bulle sur les marchés actions des pays émergents (depuis 2004)
    - début du dégonflement de la bulle obligataire (2005)
    - formation d’une bulle sur le marché de l’art (depuis 2005)
    - début du dégonflement de la bulle immobilière résidentielle américaine (depuis 2006)
    - crise du crédit liée au dégonflement de la bulle immobilière (août 2007)
    - début du dégonflement de la bulle de l’immobilier résidentiel en Europe (depuis 2007)

    Le monde n’a jamais produit autant de richesses. Quel que soit l’endroit où l’on pose le regard, nous pouvons constater un accroissement des volumes d’échange de marchandises. Les gains de productivité font que les entreprises regorgent de cash. Les profits générés n’ont jamais été aussi importants et les dividendes distribués aux actionnaires aussi généreux. Le volume des fusions-acquisitions ont explosé. Tout ceci est une conséquence des conditions de crédits « accommodants » comme disent les gouverneurs des banques centrales. La masse des liquidités doit être constamment employée. Dans un monde parfait, l’argent serait placé de manière rationnelle sur tous les actifs. Cependant, de temps à autres en fonction des déséquilibres économiques et des divers intérêts des intervenants, ils s’agglomèrent autour d’un actif en particulier. C’est cette subite prise d’intérêt des investisseurs pour un actif qui constitue une bulle spéculative.

    La lutte contre l’inflation est la raison d’être de la BCE. Elle ne cesse de le clamer mais à y regarder de plus prêt, c’est l’histoire du pompier pyromane. D’un côté son mandat lui ordonne de lutter contre l’inflation, et de l’autre, comme on va le voir, elle en a besoin pour exister. D’ailleurs on peut se demander à quoi pourrait servir une banque centrale s’il n’y avait pas d’inflation ? S’il n’y avait pas d’inflation, comment pourrait-elle générer des revenus pour conserver son indépendance ? Car il ne faut pas perdre de vue que ses opérations monétaires constituent une manne financière particulièrement lucrative. Comment la BCE gagne-t-elle de l’argent ? En fait c’est relativement simple : elle joue sur le niveau des taux. Et comme c’est elle qui décide quel sera le niveau des taux elle est évidemment à chaque fois gagnante (le contraire nous aurait étonné). Concrètement, comment procède-t-elle ? Lorsque les taux sur les marchés baissent trop, la BCE emprunte massivement auprès des banques. Les liquidités s’assèchent ce qui fait remonter les taux. Inversement, lorsque les taux deviennent trop élevés, la BCE prête massivement de l’argent aux banques, qui pour raisons concurrentielles, vont se livrer à une guerre des prix pour fourguer leurs marchandises, ce qui aura finalement pour conséquence de faire baisser les taux. Nous voyons donc que les profits de la BCE dépendront de l’écart entre les niveaux hauts et bas des taux. Plus cet écart sera important et plus elle augmentera ses revenus. Or s’il n’y avait pas d’inflation, les taux d’intérêts resteraient continuellement bas et la BCE serait bien en peine de dégager suffisamment de profits lui garantissant son indépendance vis-à-vis du monde politique. De ce fait, il apparait que l’inflation est une nécessité à la survie de la Banque Centrale Européenne.

    Si l’inflation est une nécessité pour la survie d’une banque centrale, elle constitue également un moyen de pression pour influencer les utilisateurs de l’argent. A cause de l’inflation, les citoyens les plus vertueux dans la gestion de leurs ressources se trouve confrontés au problème de l’érosion monétaire. On a dit plus haut que du fait de l’encaissement des intérêts des emprunts, en apparence, seul le premier utilisateur de l’argent payait la location de l’argent à la banque. En fait, tout le monde va payer la location de l’argent à travers l’inflation qui est comme on l’a dit plus haut INDISPENSABLE au fonctionnement des banques centrales. Ainsi, l’inflation ne constitue rien de moins qu’une taxe sur l’épargne. C’est cette taxe que j’appelle la taxe inflation.

    En apparence, l’inflation donne un avantage à l’emprunteur. En effet, au fil du temps, l’inflation rogne la valeur de la mensualité qui concerne à la fois les intérêts et le principal. Comme les intérêts représentent la rémunération de la banque, de ce fait, on peut être quasi certain que celle-ci a anticipé l’inflation, et donc en conséquence, l’a prise en compte dans le niveau du taux d’intérêt. Dès lors, si à travers un taux d’intérêt plus élevé l’emprunteur est obligé de donner plus d’argent à la banque, alors cela ne constitue pas un avantage. En revanche, pour la banque, peu lui importe que le remboursement du capital soit sujet à une perte de valeur. Il lui suffit juste qu’in fine le total des sommes remboursés soit identiques au montant initialement prêté dans le compte de l’emprunteur afin que le prêt soit terminé et que l’argent ait fini d’exister. La dévaluation des montants à rembourser pour la somme principale constitue donc un avantage pour l’emprunteur. Certains doivent se dire que finalement il est avantageux d’emprunter puisqu’une partie du fardeau des intérêts est ôté des épaules de l’emprunteur et supporté par tous les utilisateurs suivants. Mais en fait c’est l’emprunteur qui supportera tous les risques. En effet, on a déjà vu que l’emprunteur devra payer des intérêts qui incluront l’inflation ; il devra également supporter le risque que ses revenus ne suivent pas suffisamment l’inflation ou que l’inflation soit finalement moindre que prévue.

    Grâce à ses prérogatives de déterminer l’inflation et l’intérêt, les banques centrales disposent du véritable pouvoir. Elles peuvent vous faire épargner plus ou moins, investir plus ou moins, consommer plus ou moins, spéculer plus ou moins mais, à cause de la taxe inflation, toujours travailler plus. Par ailleurs, il s’avère que l’inflation met les gens en concurrence pour obtenir un peu plus d’argent afin de compenser la perte de valeur de l’argent et donc du pouvoir d’achat. De plus, à cause de l’érosion monétaire, il n’y a aucun intérêt à constituer des bas de laine et à les mettre sous le matelas. Du coup, les gens ne gardent pas l’argent très longtemps dans leur poche ; ils préfèrent le dépenser ou le déposer à la banque ce qui fait que la plupart du temps, l’argent reste disponible pour les banques pour fabriquer à nouveau de l’argent à partir de rien.


    Dernière édition par ziril le 14/2/2009, 19:27, édité 1 fois
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    Message  ziril 14/2/2009, 19:22

    4. Quels liens unissent-ils un gouvernement aux banques commerciales ?


    Même s’il en est de même pour tous les grands pays excepté la Chine, prenons pour exemple le cas des Etats-Unis. La guerre pour mettre la main sur les ressources pétrolières au Moyen-Orient, que certains appellent complaisamment « guerre contre le terrorisme », coûte au bas mot 300 millions de dollars par jour. Comme cette guerre coûte infiniment plus que ce que rapporte les impôts, le Congrès est obligé de voter régulièrement des rallonges budgétaires. Autrement dit, le Congrès autorise le gouvernement des Etats-Unis à dépenser beaucoup plus que ses ressources. Voyons comment cela fonctionne.

    Admettons que le Département de la Défense a besoin de cent milliards de dollars. Il s’adresse au Président qui s’adresse au Congrès qui s’adresse au Trésor. Le Secrétaire du Trésor chargé de la gestion du budget répond : « Vous plaisantez ? Nos caisses sont vides. Tout ce que l’on a perçu en impôt pour ce mois-ci est déjà volatilisé, parti en fumée ». Pour faire face aux besoins financiers du Pentagone, le Congrès conclut qu’il a le choix entre : faire appel à l’épargne publique ou alors s’adresser à la Fed. Il faut noter que dans les deux cas, les expédients seront source d’inflation.

    Pour faire appel à l’épargne publique, le Congrès va demander au Trésor d’imprimer des bouts de papiers appelés « certificats ». En fait, il s’agit ni plus ni moins que des reconnaissances de dettes sur lesquelles apparaissent, dans la partie supérieure, le blason des Etats-Unis, la mention « Bon du Trésor des Etats-Unis » et dans la partie inférieure, la signature des Etats-Unis. Grâce à la confiance générée par la première puissance économique et militaire, nombre d’investisseurs, fermement convaincus qu’il s’agit d’un placement sans risque, sont incités à prêter de l’argent aux Etats-Unis. Ils n’ont sans doute jamais entendu parler de banqueroutes survenus à quelques uns des empires qui avaient autrefois occupé le rang actuel des Etats-Unis. A travers le système des adjudications, les banques commerciales vont s’arroger le droit de vendre la dette des Etats-Unis auprès d’investisseurs. Ainsi, la dette des pays constitue un marché juteux pour les banques commerciales. Mieux, au fil du temps et des dépenses, les intérêts de la dette ont tellement gonflé qu’il est devenu nécessaire d’émettre de nouveaux certificats pour les honorer. Face à une telle pyramide de dettes, le fameux Ponzi, initiateur d’une célèbre cavalerie financière dans les années 1920, doit être, au fond de sa tombe, vert de jalousie.

    Les gouvernements dépensent continuellement les budgets qui leurs sont alloués. Quelles que soient les raisons, ils sont incapables de respecter un budget qui a été voté. Pour faire face aux déficits chroniques, les membres de la commission des finances du Congrès peuvent, outre faire appel à l’épargne public comme on vient de le voir, se rendre dans l’immeuble de la Réserve Fédérale de New York qui, en fait, est la seule qui compte vraiment puisque les onze autres réserves jouent le rôle de façade pour justifier le terme de « Fédéral » dans l’appellation de cette banque centrale. Evidemment, en tant qu’hôtes de marques, la Fed les attendait. Après quelques embrassades et tapes dans le dos, sans même sourciller ni même poser de question, le gouverneur de la Fed va rédiger un chèque à l’ordre du Trésor des Etats-Unis pour renflouer ses caisses. D’où vient cet argent ? De nulle part puisque cet argent n’existe pas. Vous allez me dire : « Mais comment ça il n’existe pas ? Qu’est ce que c’est que cette farce ». Et bien en fait, à la différence de vous et moi, l’Etat dispose du droit de vivre indéfiniment à crédit sur le dos de la société. Pour cela, il considère la planche à billet de la banque centrale comme une corne d’abondance. Il lui suffit juste de demander à la banque centrale de l’argent frais pour en obtenir.

    Tant qu’un gouvernement dispose du soutien inconditionnel de son Parlement, il dispose immédiatement, et autant qu’il le souhaite, de la manne financière sans même demander l’avis des contribuables qui pourtant vont devoir d’une part, payer les intérêts sous forme d’impôts, et d’autre part, subir l’inflation et son corollaire, la dévaluation de son pouvoir d’achat. Il est évident que si un gouvernement arrivait devant ses électeurs pour lui demander la permission de bien vouloir augmenter les impôts afin de payer les intérêts de la dette qu’il a contracté, il ne serait pas réélu. Afin d’éviter de devoir se justifier sur ses libéralités et aussi afin de ne pas être limité dans ses actions pour favoriser ces électeurs faute de moyens financiers, les gouvernements préfèrent se servir de la poudre de perlimpinpin. On voit bien quels partis peuvent tirer les gouvernements de ce « partenariat » avec la banque centrale, on connait l’intérêt de la banque centrale pour la création monétaire, mais quels sont les avantages pour les banques commerciales ?
    Lorsque le représentant du Trésor encaissera le chèque, automatiquement, le compte chèque de l’Etat qui se trouve à la Réserve Fédérale sera crédité. Le gouvernement fera ce qu’il veut de cet argent. Il pourra par exemple payer les fonctionnaires. D’ailleurs, l’enseignant qui recevra sa paye n’aura aucune idée que quelques jours auparavant cet argent n’existait pas. L’argent qui a servi à payer les fonctionnaires se trouve maintenant dans les mains des banques commerciales. Or, souvenez-vous, l’argent déposé dans une banque peut servir à créer de l’argent à travers les prêts et à encaisser perpétuellement des intérêts à partir de rien tout en profitant du produit du travail des autres. La boucle est bouclée et tout le monde y trouve son intérêt sauf le principal intéressé : le citoyen lambda.

    Ce n’est pas un hasard si notre système monétaire repose sur l’inflation. L’inflation et le paiement des intérêts forment un revenu permanent pour les banques. Ce système a été mis en œuvre au XIXème siècle en Europe à un moment où l’économie avait besoin de toujours plus de financement pour se développer. La croissance économique a toujours été synonyme du progrès. Le développement du prêt a conduit à davantage d’activités économiques et le développement de l’activité économique a conduit à davantage de prêts entraînant toujours plus d’intérêts : la mécanisation de l’industrie et de l’agriculture, la production de masse, le développement des échanges commerciaux sur toute la planète, les flux migratoires, la concurrence entre nations et entre individus, les guerres, les reconstructions consécutives aux guerres, l’arrivée massive des femmes sur le marché du travail, le développement du secteur des services consécutif à l’informatisation. Au fil du temps, les gouvernements et les divers agents économiques sont venus quémander toujours plus de prêts assurant ainsi toujours plus de revenus aux établissements financiers.

    Dans ce contexte, à cause de l’érosion du pouvoir d’achat, l’inflation agit, telle la carotte devant le nez de l’âne, comme un stimulant. Les plus ambitieux se sentent obligés de courir plus vite que les autres pour obtenir une part de l’argent supplémentaire mis en circulation. Et dans cette course sans fin, absolument personne n’échappe à la taxe pour l’usage de l’argent. Ainsi, grâce à l’inflation, tout le monde participe au paiement des intérêts aux banques. Partout dans le monde, excepté en Chine, les banques centrales ont obtenus le droit d’établir le niveau des intérêts et celui de l’inflation. Dès lors, cela ne fait guère de différences que les banques centrales soient des banques privées (la Fed) ou non (la BCE) puisque partout elles se sont arrangées pour obtenir un haut degré d’indépendance vis-à-vis du monde politique. Ainsi, avec le concours des banques commerciales, les banques centrales déterminent la quantité de prêts émis et de la quantité d’argent à disposition de la société, et surtout, combien la population devra payer. Ceci nous amène à nous interroger sur la quantité optimale de monnaie à injecter dans l’économie pour assurer le paiement de la taxe inflation.
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    Message  ziril 14/2/2009, 19:24

    5. Quelle est la quantité optimale de monnaie qu’il faut injecter dans l’économie ?


    On a vu que les banques centrales possédaient le monopole de l’émission des liquidités (agrégat M1) qui servait de base aux banques commerciales pour gonfler la masse monétaire (agrégat M2 et M3). Cependant, la centralisation et la monopolisation de l’offre de monnaie par une banque centrale génère le problème de la quantité optimale de monnaie à injecter dans l’économie et, donc implicitement, le problème de la détermination du niveau de la taxe à prélever ; car comme l’a démontré Arthur Lafer à travers sa célèbre courbe, trop d’impôt tue l’impôt. En se posant cette question, nous touchons du doigt, une autre question : celle de la direction et des interventions dans l’économie. En effet, le dirigisme et l’interventionnisme économique affiché fièrement par des banques centrales, jalouses de leurs prérogatives, n’a rien a envié à celui pratiqué autrefois dans les pays communistes ou socialistes ; car les banques centrales se heurtent exactement aux mêmes problèmes que ceux affrontés par toutes économies planifiées et administrées par un groupe d’individus décidant arbitrairement des niveaux de production et des prix. A ce propos, il est tout à fait étonnant de constater que la banque centrale la plus puissante se situe dans le pays où ses dirigeants sont, en apparence, les plus ardents défenseurs du libéralisme économique.

    J’imagine que vous êtes sans doute en train de sourire à mes propos en pensant au pays de la « Liberté ». Imaginez un seul instant l’existence d’un ministère de l’automobile centralisant et monopolisant la production. Le ministre se trouve alors confronté à au moins trois problèmes : que faut-il produire, en quelle quantité, à quel prix ? Nous sentons bien que face aux problèmes du marché de l’automobile notre brave fonctionnaire, malgré sa bonne volonté, se trouverait rapidement dépassé par les évènements. En fait, s’il n’existe pas de ministère de l’automobile c’est parce qu’il est plus simple et plus sain de laisser les entreprises du secteur automobiles trouver elles-mêmes des solutions aux problèmes inhérents à leur activité et à leur survie. D’ailleurs, il faut l’admettre, personne ne semble vraiment souffrir de l’absence d’un ministère de l’automobile.

    Et pourtant, dans un certain nombre de domaines où les problèmes de stocks et d’inadéquation à l’offre sont récurrents, comme par exemple le secteur agricole, le marché immobilier ou le marché du travail, les représentants de l’Etat tiennent régulièrement a montré leur utilité en manipulant la législation. Je reste souvent perplexe devant l’empressement, l’opiniâtreté et la motivation de nos gouvernants à vouloir réguler ou doper les marchés malgré la succession des catastrophes déjà engendrées. Les décideurs ont-ils vraiment la prétention de croire que leurs interventions règlent davantage de problèmes qu’ils n’en créés ? A ce propos j’aimerais savoir ce que pense vraiment Monsieur Greenspan de la crise immobilière et financière générée par sa politique de taux bas. Evidemment pour sa défense, l’un de ses éléments de réponse sera d’avancer en substance que, malgré toutes les données dont il disposait, il n’avait qu’une idée approximative de la conséquence de ses actes.

    L’évidence que le Docteur Frankenstein de la finance ignorait les conséquences indirectes de ce qu’il faisait n’empêchait nullement la communauté financière de discuter, commenter, décortiquer voire disséquer le moindre mot ou la moindre tournure de ses énigmatiques interventions, exactement comme le faisait les pèlerins consultant les oracles de la Pythie de Delphes. Souvenez-vous. Quelques plaisantins affirmaient « si Mr Greenspan tousse, la bourse s’enrhume ». Mr Greenspan, lui-même, semblait assez dubitatif de son aura lorsqu’il affirmait : « si vous avez compris mon discours, c’est que je ne me suis pas bien exprimé ». Feignait-il de savoir ce que l’économie avait besoin pour fonctionner ? Apparemment, même s’il faisait mine de s’appuyer sur toute une batterie d’indicateurs avancés pour justifier sa démarche, il n’avait pas vraiment besoin de faire semblant de maîtriser la situation puisque tout le monde feignait de le croire. En fait, Greenspan le magicien était bien en peine de déterminer avec précision les besoins monétaires de l’économie américaine. Par contre, comme l’atteste son œuvre littéraire inhérente à l’étalon-or, il savait pertinemment qu’il jouait aux apprentis sorciers en actionnant les vannes du crédit. Il savait qu’en injectant massivement des liquidités sur les marchés, il allait provoquer de l’inflation et des bulles spéculatives.

    Au gré des vents, les milieux financiers ne cessent de louvoyer entre vagues d’achat et vagues de vente. Bien que la communauté financière tente de prophétiser la météo des marchés en utilisant les probabilités, l’ignorance du futur la plonge dans l’expectative. Il est d’ailleurs bien heureux que personne ne puisse prédire l’avenir car les marchés seraient complètement bloqués, voire inexistants. Quels intérêts aurait quelqu’un de rationnel de vendre quelque chose, s’il sait pertinemment que le prix va fortement monter ? Au lieu de vendre tout de suite, il emprunterait l’argent dont il a besoin et il laisserait courir le prix jusqu’au sommet ultime. Bien qu’il soit impossible de prévoir l’avenir, il ne faut pas pour autant se le laisser conter par d’autres. Ainsi, plutôt que de subir les évènements, certains banquiers, ou devrais-je dire certains alchimistes financiers diplômés en sciences prophétiques, ont décidé de les influencer ; ou plutôt de faire en sorte que le déroulement des évènements concorde avec leurs prédictions. Pour donner un semblant de rationalité à leurs analyses divinatoires, ceux que certains appellent, non sans humour, les « ânes à listes », ajustent leurs consensus sur l’évolution future de l’économie en réagissant, a posteriori, à toute une série d’informations d’ordres politiques, économiques, sociologiques et psychologiques. Comment pourrait-il en être autrement ? D’ailleurs, au regard du nombre de paramètres et d’aléas à prendre en considération et quels que soient les moyens mis en œuvre pour collecter les informations, nul ne peut prétendre se forger honnêtement une opinion et encore moins la faire partager ; mais on comprend que les analystes financiers n’aient pas cette humilité puisque, dans cette affaire, c’est leur raison d’être, leur utilité qui est en jeu.

    Malgré cette évidence qu’il est impossible de prévoir l’avenir, les banques n’ont cessé d’étoffer leurs effectifs en s’attachant les services d’experts en prophétie. Je suis d’ailleurs perplexe face à toute la débauche d'énergie et d’argent consentie par les banques pour tenter de toucher du doigt le futur. Tout ces prophètes diplômés des grandes écoles cartésiennes de la République étalent leur préscience à travers des rapports qui, histoire de faire sérieux et compétent, sont étayés par toutes sortes de graphiques et de tableaux issus de base de données se référant au … passé. Ils pensent sans doute trouver le futur dans le passé. Malgré les apparences, l’histoire financière n’est en rien récurrente. Ainsi, à la lumière des évènements, les prévisions hasardeuses se révèlent trop souvent erronées. Mais les analystes compte à la fois sur la faible profondeur de la mémoire financière et sur un volume élevé de prédictions pour masquer leurs propensions à s’égarer dans les couloirs du temps. Cependant, les écrits restent et parfois quelques uns recèlent de véritables trésors. Ainsi, la partition « Enron » laissée par Goldman Sachs, qui forme l’un des plus remarquables orchestres de virtuoses d’instruments à vent, constitue à ce jour le chef d’œuvre le plus célèbre de l’histoire comparée des analyses. Cette étude fut publiée le 9 octobre 2001 et je vous laisse la savourer avec tout le respect que nous lui devons. « Musique Maestro » :

    « Nous estimons que la période actuelle offre une opportunité extrêmement rare d'acheter les actions d'une entreprise qui demeure extrêmement bien positionnée pour croître à un rythme substantiel ... Nous sommes convaincus que les rumeurs négatives autour de l'entreprise sont fausses, non fondées sur des éléments concrets (...) Nous estimons que les cours actuels intègrent les pires craintes des investisseurs (...) Dans le passé, la discipline financière n'était pas la priorité essentielle de l'entreprise qui a dépensé ce qu'il fallait pour construire sa position sur le marché. Il apparaît aujourd'hui que cette discipline financière s'est singulièrement améliorée (...) »

    Face à une telle manifestation de clairvoyance, les analystes prêtent davantage à rire qu’ils donnent à penser. Et pour cause, 41 jours après la publication de cette analyse, soit le 2 décembre 2001, Enron se déclara en faillite ! Le titre Enron tomba en chute libre de 90 à 1 dollar. Plus de 4000 salariés furent aussitôt licenciés. Les employés ne perdirent pas seulement leur travail mais aussi, pour beaucoup d’entre eux, l’essentiel de leur capital retraite qui avait été investi dans les parts de l’entreprise. Ce qui était alors la septième capitalisation américaine dégageait un chiffre d’affaire de 100 milliards de dollars. L’enquête a montré que derrière ce chiffre astronomique, il se cachait une énorme fraude masqué par 3 000 sociétés écrans. L’enquête a également montré que beaucoup de monde sur la place savaient que cette société était une bombe à retardement : outre Andersen Consulting la société chargé d’auditer les comptes, il y avait aussi les banques d’affaires Citigroup, JP Morgan, Deutsche Bank, Barclays, Merril Lynch. Quand à Goldman Sachs, cette banque avait un intérêt particulier à mettre la société Enron sur un piédestal : elle participait à toutes les opérations financières d’Enron et de ses innombrables filiales en vendant les très rentables émissions de titres obligataires. Bref l’armée d’analystes était en situation de conflits d’intérêts. Depuis les autorités financières ont cru bon d’élever la « Muraille de Chine » entre les analystes et les salles de marché. Désormais ils n’ont plus droit de cité dans les mêmes bâtiments. Tout le monde aura compris que cette disposition est une coquille vide et que les banques continuent à émettre des analyses en fonction de leurs propres intérêts.

    Vous vous dîtes : « Ok, bon ça c’est le passé, mais maintenant c’est différent ». Et bien prenons un autre exemple concret pour vérifier si les analystes ont depuis acquis un quelconque don de prescience. Le 14 juin 2006, la société EADS annonce qu’elle ne sera plus en mesure d’honorer ses engagements pour la livraison des nouveaux avions A380. Pourtant, les jours précédant cette nouvelle, toutes les grandes banques étaient dithyrambiques sur la qualité de ce titre. De très nombreux médias n’hésitaient pas à rédiger un véritable panégyrique à la gloire et la réussite de cette société européenne chassant sur les terres de Boeing. Pour vous convaincre je vais reprendre les recommandations des banques publiées quelques jours avant l’annonce :

    - le 8 mai: Merril Lynch passe à l’achat
    - le 9 mai: Morgan Stanley reste à surpondérer
    - le 10 mai : UBS relève son objectif de 38 à 40 euros
    - le 17 mai : Deutsche Bank passe à l’achat
    - le 18 mai : Boursorama publie dans l’œil des pros : « des résultats trimestriels au-dessus des attentes » ; le consensus de place est à l’achat
    - le 25 mai : Crédit Suisse First Boston relève son opinion à neutre
    - le 12 juin : Une société d’analyse technique affirme que la hausse devrait reprendre à court terme.

    Evidemment en raison des craintes d’annulations de contrats et des fortes pénalités, le titre dévissa de plus de 30%. Jusqu’au 14 juin, tout le monde voyait d’un très bon œil la capacité des commerciaux d’EADS à prendre des parts de marché à Boeing mais apparemment, personne n’avait prévu que cette société ne possédait pas les capacités industrielles pour fabriquer autant d’avions que son concurrent ! J’ai toujours eu du mal à croire que l’encadrement d’EADS n’avait pas connaissance de ce problème de chaîne de production. D’ailleurs, en profitant d’une heureuse fenêtre de sortie, de très nombreux cadres supérieurs de l’entreprise, dont le PDG, avaient liquidé leurs plans d’épargne entreprise et vendu leurs stocks options quelques semaines avant la publication de cette nouvelle préjudiciable pour l’entreprise et ses actionnaires.

    Malgré les trop nombreux couacs, les professions d’analystes continuent d’avoir bonne presse auprès des médias et du grand public. Pour les médias qui ont besoin de vendre leurs papiers, cela permet de remplir leurs feuilles de choux de quelques lignes supplémentaires ; quand au grand public, il est toujours friand de connaître la météo des marchés. En se présentant comme "spécialistes" ou comme "experts", cela donne aux analystes un blanc-seing pour raconter tout et son contraire. Pourtant leurs sciences n'a absolument rien de scientifique ! Le pire est que tout ces gens ont reçu les enseignements hérités de Descartes. Ils savent pertinemment qu'un marché existe qu'en raison de l'incertitude qui l'entoure. Et pourtant ils continuent à débiter inlassablement, tels les charlatans dans les foires, euh pardon les commerciaux dans les salons, ou les diseurs de bonnes aventures dans les journaux télé, leurs inepties sans même se préoccuper du ridicule. Louvoyant tantôt entre le blanc et le noir en fonction de leurs humeurs et de la manière dont ils ont ressenti et interprété la dernière nouvelle. La lecture de leurs avis suite à la publication du dernier chiffre sur l’évolution du chômage, de la croissance économique, de l’inflation ou autres choses, constitue toujours un grand moment d’hilarité. Quand à leurs commentaires sur la dernière intervention du président du conseil des gouverneurs de la Fed ou de la BCE, provoquent toujours chez moi quelques remarques caustiques sur le bienfondé de leurs démonstrations. Mais comment faire autrement que réagir par l’humour face à de telles manifestations de mauvaise foi ?

    Je ne sais plus qui a dit : « un expert est avant tout un individu qui se trompe avec autorité ». D’une manière générale, notre société est régie par l’expertise. Plus personne ne veut prendre de responsabilité sans avoir reçu au préalable le sceau bienveillant d’un expert lui garantissant une éventuelle couverture en cas de problème. D’ailleurs, quel que soit le domaine d’activité, nulle décision ne peut être prise sans l’aval d’un expert, ou mieux, d’un sacro-saint collège d’expert. Les experts sont les oracles des temps modernes. Les grands prêtres de la Pythie de Delphes doivent être verts de jalousie face aux pouvoirs extralucides des experts économiques. Dans nul autre domaine que l’économie on ne peut trouver une telle concentration d’experts. Mais si l’économie recèle la crème des experts, à la Bourse on y trouve la crème de la crème qui fait pschiiiiit.
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    Message  ziril 14/2/2009, 19:25

    Les analystes boursiers ont pris la mauvaise habitude de se sentir obligés de trouver immédiatement une explication à tout évènement même lorsque parfois il n’en existe pas. Ils se doivent d’avoir réponse à tout. Après tout ils sont rémunérés pour donner leur avis. Alors, pourquoi se gêneraient-ils ? Peu importe s’ils doivent dire le contraire de ce qu’ils avaient dit la veille, puisqu’ils n’ont aucune vergogne à se tromper surtout si les gens de la communauté financière ont la complaisance d’oublier aussi rapidement le dernier avis que la dernière fois qu’ils ont baillé aux corneilles. Dans nulle autre profession on ne peut trouver une telle capacité d’oubli et donc, de pardon. Les experts bénéficient de l’éphémère mémoire financière pour conserver leurs pouvoirs et leur auras sur leurs auditoires. A leurs heures de gloires, les experts sont parfois portés aux nues, mais lors de débâcles financières, ils ne sont jamais portés aux gémonies. Au plus fort de l’affaire Enron, je n’ai pas entendu dire que les analystes de Goldman Sachs avaient souffert de la vindicte populaire. Je suis même sûr qu’ils ont, à la fin de l’année, été particulièrement bien récompensés pour leur travail par un généreux bonus. Pourtant, dans d’autres domaines, les experts défaillants subissent le discrédit et la honte éternelle.

    Peu importe que l’expert doive renier ses convictions profondes puisqu’il est convenu et, semble t-il lui-même convaincu, que le marché à toujours raison. Voici le genre de raisonnement que l’on peut entendre de leurs bouches : « Pourquoi le Dow Jones est-il à son plus haut niveau historique alors que dans le même temps l’immobilier, l’un des pilier de la croissance économique aux Etats-Unis s’effondre ? Si l’économie ralentie, la FED va devoir baisser ses taux. Or une baisse des taux est une bonne nouvelle pour les actions ! » Pour le plaisir je vous en mets une autre du même acabit : « Pourquoi le CAC 40 monte t-il alors que l’US dollar baisse ? Si le dollar baisse, les entreprises américaines vont pouvoir davantage exporter, donc c’est bon pour les actions américaines. Or ce qui est positif pour les actions américaines sera aussi positif pour les actions françaises ». Il faut vraiment rien comprendre aux mécanismes économiques pour accepter ce genre d’intervention. Et pourtant les journaux sont truffés par ces inepties. Je pourrais vous citer des dizaines d’exemples.

    Je me suis souvent fait la réflexion suivante. Si tous ces experts en lecture du futur étaient aussi doués qu’ils le prétendent, pourquoi ont-il besoin de l’argent des autres pour faire fortune ? Après tout, s’ils étaient logiques avec eux-mêmes, tous ces spécialistes auraient dû appliquer leurs principes à leurs propres portefeuilles et ainsi placer leurs argents afin de gagner à tous les coups. Ils devraient tous être millionnaires ; mais je vais vous donner un scoop qu’il ne faut surtout pas répéter : même si la plupart d’entre eux sont bien rémunérés, tous souffrent la comparaison avec les fortunes des « self-made men ».

    Les experts financiers n’ont pas le monopole de la bêtise. La bêtise des experts est universelle et intemporelle. Je ne vais pas ici vous reprendre l’exemple des experts qui nous expliquaient doctement l’impossibilité du franchissement de nos frontières par le nuage contaminé de Tchernobyl. Pour le plaisir, je préfère plutôt vous citer quelques exemples devenus célèbres notamment à cause de l’identité de l’expert (merci Marc Aragon) :

    - « Tant de siècles après la Création, il est improbable que quiconque trouve dans l'Océan, des terres de la moindre valeur dans cette direction » - Comité d'évaluation du projet de Christophe Colomb pour Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, 1490.
    - « L'idée que le Soleil puisse être au centre et non pas tourner autour de la terre est farfelue, absurde, fausse et hérétique » - Extrait du jugement de l'Inquisition contre Galilée, 1632.
    - « La circulation du sang est paradoxale, inutile à la Médecine, fausse, impossible, inintelligible, absurde et nuisible à la vie de l'Homme » - Guy Papin, doyen de la Faculté de Médecine, 1628 objectant contre la théorie émise par William Harvey.
    - « Un bateau propulsé par l'arrière à l'aide d'un moteur serait impossible à diriger » - Sir Symonds, Ingénieur en chef de la Royal Navy, 1837.
    - « Personne ne paiera jamais pour se rendre de Berlin à Postdam en une heure alors qu'on peut faire le trajet en moins d'un jour à cheval » - Guillaume de Prusse, s'exprimant au sujet des trains, 1864.
    - « Nul ne peut faire voler des machines plus lourdes que l'air » - Lord Kelvin, Président de la Royal Society, 1895.
    - « Les avions sont des gadgets amusants mais sans aucun intérêt militaire » - Maréchal Foch, 1911.
    - « Si l'Europe perdait ses colonies, la dépression économique et sociale qui en résulterait la ramènerait plusieurs siècles en arrière et provoquerait la paralysie de sa civilisation » - Albert Serraut, Président du Conseil, 1931.
    - « Nous n'avons aucune raison de penser que l'énergie nucléaire devienne un jour accessible. Cela supposerait que l'atome puisse être brisé à volonté ! » - Albert Einstein, 1932.
    - « L'énergie nucléaire pourrait être aussi efficace que nos explosifs actuels, mais il est peu vraisemblable qu'elle puisse produire une arme plus dangereuse » - Winston Churchill, 1939.
    - « Il y a un marché mondial d'environ cinq ordinateurs » - Thomas Watson, président d'IBM, 1958.

    Nous avons beau jeu de nous moqué de ces assertions. Mais, dans le contexte de l’époque, sommes-nous si sûr que nous n’aurions pas parlé ou agi autrement en l’état des connaissances au moment des faits ? Comme vous et moi, les technocrates des banques centrales ignorent tout de ce que réserve l’avenir ; mais à la différence de vous et moi, du fait de leur position, ils feignent de savoir ou de faire croire qu’ils savent. Pour cela, ils s’appuient sur toute une série d’indicateurs, qui leurs « disent » ce que l’économie a besoin pour fonctionner. Evidemment, même s’ils ne savent rien, le lecteur aura compris que lesdits technocrates ont la capacité de faire dire aux indicateurs ce qu’ils veulent bien entendre, afin de distribuer toujours plus de monnaies à des banques commerciales toujours attentives à satisfaire les besoins financiers des consommateurs affamées. C’est le drame de l’humanité de porter aux pinacles des gens qui croient savoir mais qui, à l’usage, se révèlent incapables de mesurer les conséquences de leurs actes. Le monde est farci de ces prétentieux, de ces vaniteux, de ces gens bouffis d’orgueil fermement convaincus qu’ils savent tout mieux que les autres, et qui, en raison de leurs omnisciences, imposent aux autres ce qu’ils doivent faire et penser.

    Personne n’est en mesure de déterminer quelle est la quantité optimale de monnaie à injecter dans l’économie. D’ailleurs personne ne devrait être en position de déterminer le niveau de l’offre de la monnaie. Avant l’arrivée des banques centrales, l’offre de monnaie était concurrentielle. Il appartenait à chaque établissement bancaire émetteur de monnaie d’ajuster sa quantité de billet en circulation, en fonction de ses fonds propres, afin de garantir la qualité des billets émis. Si elle émettait trop de billets, les agents économiques se détournaient de ses billets au profit des billets d’autres établissements bancaires dont la valeur était plus stable. Du fait que les agents économiques ont un comportement rationnel, ils se détourneront de la monnaie dont la qualité s’appauvrie et la remplaceront par une monnaie dont la qualité est supérieure. Ainsi, comme nous l’avons déjà mentionné, la bonne monnaie chasse la mauvaise.

    Dans un système concurrentiel où chaque banque peut émettre sa propre monnaie, il appartient à chaque banque de respecter un rapport rigoureux entre la quantité de monnaie qu’elle met en circulation et ses fonds propres. Dans ce contexte où personne ne dispose du monopole de la création monétaire et où personne ne trouverait un avantage durable à diluer la masse monétaire par une constante émission de billet sans rapport avec ses fonds propres, il ne pourrait y avoir de dérapages monétaires majeurs. Ainsi, lorsqu’un établissement bancaire failli, seuls ses clients les plus fidèles et, il faut en convenir, ses clients les moins avisés en subiraient, malheureusement, les conséquences directes.

    En raison de la monopolisation de la distribution monétaire par les banques centrales, les agents économiques ne peuvent vraiment exercer leurs libre-arbitres. Ils peuvent arbitrer une monnaie émise par une banque centrale par une autre monnaie émise par une autre banque centrale. Mais comme toutes les banques centrales émettent beaucoup trop de monnaie, il demeure que l’inflation détériore progressivement la qualité des monnaies. Les agents économiques n’ont donc pas d’autres choix que d’utiliser les monnaies émises par les banques centrales quelle que soit sa qualité. Or, du fait de l’absence de concurrence, les agents économiques se trouvent coincés par l’obligation d’utiliser et donc, de demander auprès des établissements bancaires, toujours plus de monnaie dépréciée pour un même volume de transaction. On en arrive donc à la conclusion où s’il n’y avait pas eu au préalable confiscation de l’offre de la monnaie par des banques centrales, il n’y aurait pas eu d’inflation monétaire.

    De la même manière que nul n’a jamais songé à instaurer un ministère de l’automobile, personne, excepté quelques individus avares, cupides et mal intentionnés, n’a souhaité la création d’une banque centrale. D’ailleurs, à l’origine, la Constitution américaine signée à Philadelphie en 1787, avait prévu de se passer d’une banque centrale comme l’atteste l’article 1, section 8 paragraphe 5 « c’est au Congrès qu’appartiendra le droit de frapper l’argent et d’en régler la valeur ». En fait, certains, tel Thomas Jefferson, avaient manifesté leurs méfiances vis-à-vis de cette institution et prévenu les citoyens contre le danger de perdre leur liberté ; mais le pouvoir appartient à ceux qui souhaitent et veulent le prendre. Dans la journée du 23 décembre 1913, le président Wilson ratifia le Federal Reserve Act voté à 1 h 30 du matin le même jour par un Congrès désertifié pour cause de fête de Noël. Vous voulez sans doute savoir comment les citoyens américains se sont fait priver du droit de battre monnaie ? Je vous laisse méditer les paroles de Charles Augustus Lindbergh, Sr. qui fut, en tant que député, l’un des plus ardents adversaires du Federal Reserve Act : « Notre système financier est bancal et constitue un immense fardeau pour le peuple … Cet Act établit le plus gigantesque trust sur terre ». En attendant d’avoir un élément de réponse à la question que vous devez vous poser, je vous mets l’eau à la bouche avec l’aveu de Mr Henry Ford : « Si la population comprenait le système bancaire, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin. »


    source: http://www.boursorama.com/forum/message.phtml?id_message=376498821

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    La taxe inflation (ou comment les banksters nous la mette!!) Empty Re: La taxe inflation (ou comment les banksters nous la mette!!)

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