politique FED Rappel tres utiles
21:56 13/05/08
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Par Léonard Sartoni
Inflation déflation
Lorsque je lis certains commentaires sur le web, je réalise que beaucoup d’intervenants ont une idée assez floue concernant l’inflation, et encore plus floue concernant la déflation. Etant donné les implications
radicalement différentes qu’auraient l’inflation ou la déflation sur les
investissements de chacun, je vous propose un nouvel essai entièrement consacré à cette question fondamentale.
Lorsque le terme d’inflation est utilisé par un journaliste, elle signifie
souvent une augmentation du niveau général des prix à la consommation, et la déflation est vue comme une chute générale de ces prix. Mais pour un économiste, l’inflation est une augmentation prolongée de l’offre totale de monnaie et de crédit, et la déflation est une réduction prolongée de l’offre totale de monnaie et de crédit.
L’inflation et la déflation CAUSENT une hausse ou une baisse des prix,
mais pas toutes les variations de prix sont dues à de l’inflation ou à de la
déflation. Les prix peuvent baisser sans que cela ne soit du à une déflation.
Les produits manufacturés en Chine, par exemple, causent une pression baissière sur les prix de certains produits chez nous, mais cela ne va pas causer une déflation, bien au contraire. Car ces pressions baissières sur les prix, vont donner encore plus de liberté aux banquiers centraux pour poursuivre l’inflation, dont les effets seront temporairement masqués par ces prix en baisse.
Les partisans de la déflation
Si certains analystes financiers s’accordent pour dire que le présent
environnement économique débouchera inévitablement sur une déflation,
ils ne sont pas forcément d’accord pour mettre en avant le principal
bénéficiaire d’une déflation majeure : cash, obligations du gouvernement ou or ? Par exemple, John Exter, Jay Taylor et Ian Gordon pensent que l’or performerait extrêmement bien si une déflation majeure se produisait aujourd’hui, alors que d’autres pensent que l’or retiendrait au mieux son pouvoir d’achat.
Je ne veux pas reprendre ici leurs arguments pour justifier le rôle important de l’or dans le cas d’une déflation majeure, car ce n’est pas le but de cet essai. Je ne crois pas à la possibilité d’une déflation sous le présent système monétaire frauduleux mis en place sous l’administration Nixon.
Je vais plutôt tenter de vous montrer que l’inflation est la seule issue possible pour nos gouvernements surendettés. Et que ceux-ci disposent de tous les moyens pour y parvenir.
La plus grande crainte de la banque centrale des USA (Fed)
La Fed n’a pas vraiment peur de la déflation, parce qu’elle sera toujours en mesure de la prévenir aussi longtemps que le présent système monétaire restera en place. En injectant 170 milliards de dollars de liquidités à l’économie en l’espace de quelques jours, après les attentats du 11 septembre, la Fed a démontré son pouvoir de création quasi instantanée de monnaie.
Alan Greenspan, l’ancien président de la Fed, déclarait dans un discours en
janvier 1997 :
En résumé, les autorités monétaires ont le pouvoir de créer une quantité
illimitée de monnaie, et donc de réduire le pouvoir d’achat de la monnaie à volonté.
Le nouveau président de la Fed, Ben Bernanke, a d’ailleurs clairement
expliqué qu’il disposait de tous les moyens pour éviter une déflation, y
compris celui de larguer des billets de banque par hélicoptère ! Malgré cela, beaucoup d’analystes continuent de penser que la Fed sera incapable d’empêcher la déflation lorsque le citoyen américain surendetté freinera sa folie dépensière, et se remettra à épargner.
L’argument des déflationnistes est qu’à ce moment-là, l’offre totale de
monnaie et de crédit se contractera, et que la déflation se produira. Cette
idée est très séduisante, malheureusement elle comporte une erreur
fondamentale de raisonnement : le consommateur n’a jamais été, et ne sera jamais le moteur de l’inflation ! C’est la banque centrale et non le
consommateur qui est le moteur de l’inflation. Durant les cents années
avant la création de la Fed (en 1913), le pouvoir d’achat du dollar était resté plus ou moins le même. Mais si vous prenez un dollar de 1913, et si vous coupez son pouvoir d’achat en deux… puis à nouveau en deux…puis à nouveau en deux…puis à nouveau en deux…vous obtenez le pouvoir d’achat du dollar d’aujourd’hui ! La plus grande chute du pouvoir d’achat du dollar s’est produite après 1933, date à laquelle les citoyens américains se sont vus interdire d’échanger leurs dollars contre de l’or. La création de la Fed a permis un lent déclin du pouvoir d’achat du dollar.
Ce que la Fed craint le plus, ce n’est pas la déflation, c’est le consensus
d’une prévision d’inflation élevée. Le lent déclin du dollar peut continuer
presque indéfiniment, aussi longtemps que le public continuera d’ignorer que le pouvoir d’achat de sa monnaie se réduit à un rythme toujours plus rapide. De son côté, la Fed interviendra pour injecter des liquidités en réponse à des craintes occasionnelles de déflation, ou pour faire monter les taux d’intérêts à court terme lorsque les effets de l’inflation se feront trop visibles.
Pourtant, si le public commençait à anticiper l’accélération du déclin du
pouvoir d’achat de sa monnaie, les prix commenceraient à augmenter
beaucoup plus vite que l’augmentation de la masse monétaire, et les
rendements des obligations (les taux longs) grimperaient en flèche. C’est la raison pour laquelle la Fed doit continuer de maintenir les taux courts élevés, jusqu’à ce que les anticipations d’inflation du public soient à nouveau sous contrôle, et cela sans égard aux dégâts que pourraient causer des taux d’intérêts courts élevés sur l’économie. La Fed pourra toujours injecter plus tard suffisamment de nouvelles liquidités pour relancer l’inflation, mais des prévisions unanimes d’inflation en hausse se doivent d’être combattues par tous les moyens, car elles pourraient causer un problème mortel pour le présent système monétaire. Des taux longs qui grimpent en flèche (un effet garanti par des prévisions unanimes d’inflation élevée) seraient beaucoup plus dangereux pour la Fed que n’importe quel problème lié à une politique monétaire trop stricte (taux d’intérêts courts élevés).
Le raisonnement ci-dessus se tient à l’opposé de ce que les gens pensent en général. Presque tout le monde pense que la déflation représente la plus grande crainte de la Fed. Et les dirigeants de la Fed ne manqueront aucune occasion de répandre cette pensée, parce qu’elle est nécessaire à la sauvegarde du présent système monétaire. Après tout, qui voudrait investir dans des obligations du gouvernement à 30 ans qui rapportent 5%, s’ils savaient qu’il n’existe aucune chance pour qu’une déflation se produise, et s’ils savaient que le dollar était assuré de perdre encore une grande partie de son pouvoir d’achat ? La banque du Japon le ferait peut-être, mais quel investisseur sain d’esprit pourrait l’envisager ?
La Fed a les moyens de maintenir l’inflation, et elle le sait. La plus
grande crainte de la Fed, c’est que tout le monde le sache.
J’ai traduit et résumé ci-dessous un commentaire de Steve Saville « The
main flaw in the deflation case, part 2 », paru le 15 août 2006 :
« Chaque fois que je dis que les banques centrales seront toujours en
mesure d’éviter une déflation, je reçois beaucoup de réactions négatives de mon lectorat. Déjà en 2001-2002, lorsque j’annonçais de l’inflation, mes lecteurs étaient très sceptiques, car les matières premières étaient proches de leurs planchers historiques. Malgré l’évolution de leurs prix, les gens continuent à craindre la déflation.
Cette crainte de la déflation est une excellente chose pour Ben Bernanke,car il peut poursuivre sa politique inflationniste à sa guise (poursuivre l’accroissement de l’offre de monnaie). Notre dernier commentaire a soulevé beaucoup de questions, et je vais préciser les points suivants : 1) Nous ne considérons pas les déflationnistes comme nos opposants. Parmi eux se trouvent des analystes intelligents, et comme nous ils comprennent les manipulations du gouvernement sur la monnaie et le crédit. Ils sont souvent des partisans de la véritable monnaie : l’or. La principale différence qui nous sépare
se trouve dans l’affirmation que les banques centrales sont
capables, sous le présent système monétaire, de prévenir la
déflation si elles le désirent. Nos véritables opposants sont les
keynésiens. Un keynésien est quelqu’un qui affirme que :
a) il est possible d’avoir une croissance soutenue sans épargne.
b) Les consommateurs, en tant que groupe, peuvent emprunter et
dépenser à leur guise et prospérer.
c) La Grande Dépression des années 30 fut causée par une
demande insuffisante et une inflation insuffisante.
d) Le rôle légitime du gouvernement et de sa banque centrale est
d’utiliser les politiques fiscales et monétaires afin d’atténuer
les cycles économiques.
e) On ne peut pas faire confiance aux marchés, mais au
gouvernement.
Un point de vue largement répandu est que l’inflation est associée
à une période positive, et la déflation à une période négative.
C’est complètement faux. Sous notre présent système monétaire,
les deux sont destructrices. La déflation car elle augmente le
poids de la dette, et l’inflation car elle conduit à une mauvaise
allocation des ressources (une augmentation de la masse
monétaire ne va pas causer une augmentation immédiate de tous
les prix ; certains prix vont augmenter plus vite que d’autres, et
certaines personnes en profiteront avant que les autres ne
s’aperçoivent de quoi que ce soit).
3) Les partisans de la déflation pensent que nous surestimons le
pouvoir des banques centrales. Notre point de vue est que les
banquiers centraux ne peuvent pas faire beaucoup de choses, mais
ils peuvent toujours réduire le pouvoir d’achat de la monnaie. Les
banques centrales ont reçu le pouvoir de créer une quantité
illimitée de papier-monnaie, donc de réduire son pouvoir d’achat
à volonté.
4) Lorsque la Fed crée de l’inflation, les prix exprimés en terme de
la monnaie créée peuvent stagner, et le prix réel chuter. Par
exemple, si l’indice DOW reste au niveau actuel d’ici 5 ans, et
que le dollar US perd la moitié de son pouvoir d’achat, alors les
investisseurs du DOW auront enduré une perte de 50%. Les prix
réels (corrigés de l’inflation) sont tout ce qui compte, mais
beaucoup n’y prennent pas garde.
5) L’inflation ne cause pas seulement une réduction du pouvoir
d’achat, elle :
a) Augmente le pouvoir du gouvernement et réduit la liberté des
individus.
b) Cause un transfert de la richesse : l’inflation favorise les actifs
des riches au dépens des actifs des pauvres ; elle favorise celui
qui s’endette au dépens de celui qui prête, et elle favorise le
non épargnant au dépens de l’épargnant.
c) Crée moins de richesse à l’intérieur de l’économie, qu’il y en
aurait eu en l’absence d’inflation.
6) Le présent système monétaire ne peut qu’engendrer une inflation
continuelle, qui ne sera interrompue qu’occasionnellement, par
des craintes de déflation, mais pas par de la déflation véritable.
Elle continuera jusqu’à ce qu’une crise monétaire se produise.
7) Chaque nouveau dollar emprunté crée une reconnaissance de
dette supérieure à un dollar, à cause de l’obligation de payer un
intérêt. Au cours des décennies passées, cette caractéristique a
conduit à l’obligation de payer des dollars devenus plusieurs fois
plus grands que l’offre totale de dollars. Si l’offre totale de dollars
cesse de croître, le système ne peut plus survivre. En d’autres
termes, s’il existait une chance pour la Fed de laisser se
produire une période de déflation qui purgerait la dette du
système, cette chance a disparu depuis longtemps.
Notre point de vue est que l’inflation se poursuivra jusqu’à ce
qu’il y ait une chute de confiance totale dans le système
monétaire (crise monétaire). Mais crise monétaire et déflation ont
des significations totalement opposées. La déflation est, par
définition, une augmentation du pouvoir d’achat de la
monnaie, causée par une réduction de l’offre de monnaie. La
monnaie prend alors de la valeur. Une crise monétaire est le
résultat d’une perte de valeur de la monnaie si rapide, qu’elle
cesse de fonctionner comme monnaie. A notre connaissance,
aucun système monétaire n’a cessé de fonctionner suite à une
déflation. Lorsqu’une crise monétaire se produit, c’est
invariablement à cause de l’inflation.
9) Une crise monétaire et une déflation ont des conséquences
totalement différentes au niveau de l’investissement. Les
investissements qui performent le mieux durant une période de
déflation, ce sont les obligations du gouvernement, mais durant
une crise monétaire, ce seraient les pires investissements ! Quant
à l’or, son pouvoir d’achat augmenterait fortement dans le cas où
les gens envisageraient une forte inflation, mais durant une
période de déflation, l’or maintiendrait au mieux son pouvoir
d’achat. »
ConclusionsNous avons vu avec cet essai, que cette grande crainte fait en réalité le jeu de la banque centrale des USA, la Fed, qui peut poursuivre sa politique inflationniste avec le consentement général du public et des investisseurs.
La Fed aura toujours les moyens de dévaluer la monnaie, car le présent
système monétaire lui en donne la possibilité, chose impossible du temps où le dollar était couvert par de l’or. Cette dévaluation régulière de la monnaie n’éveille aucun soupçon de la part du public, qui a fini par voir dans la hausse des prix un phénomène aussi naturel que le lever du soleil. Il ne dispose pas des moyens pour mettre à jour cette fraude, puisque le seul référentiel dont il dispose se trouve être le papier-monnaie lui-même. C’est un peu comme si des marchands de fruits et légumes travaillaient avec des balances dont la tare diminuait insidieusement, au point que 1kg finirait par valoir 50 grammes. Dans cet exemple, le référentiel absolu est l’estomac du consommateur. Il protestera tout de suite si les quantités diminuent! Mais dans le cas du papier-monnaie, avez-vous déjà réfléchi à ce qui pourrait œuvrer comme référentiel absolu ? ...
Léonard Sartoni