ATTENTION
Je ne sus pas communiste,mais cet artcle me parait tres intéressant pour mieux comprendre le conflit Nord-Irlandais.
La signature de l’« accord de paix » de 1998, entre les diverses factions politiques d’Irlande du Nord sous la houlette des gouvernements de Londres et de Dublin, n’a pas fait taire les armes, ni dissout les bandes armées. Loin s’en faut.
Sans doute l’IRA (Armée républicaine irlandaise) a-t-elle cessé toute activité terroriste, pour permettre aux dirigeants de Sinn Fein, son aile politique, de prendre leur place dans les institutions régionales créées par l’« accord de paix ». Et c’était bien là le but des dirigeants britanniques. Mais cela n’a pas pour autant fait disparaître l’armée britannique des villes de la région, pas plus que ses « check-points » ni ses hélicoptères qui continuent à réveiller les habitants des quartiers pauvres en pleine nuit, sous prétexte de « maintien de la paix ». Surtout, l’évolution du « processus de paix » n’a fait qu’exacerber l’activité souvent sanglante des groupes paramilitaires loyalistes qui, face à la montée électorale des nationalistes irlandais de Sinn Fein et leur intégration croissante dans les institutions de l’Etat, s’efforcent de se maintenir à flot en tentant d’exacerber les divisions entre protestants et catholiques.
Rappelons que ces groupes paramilitaires loyalistes sont apparus à différents stades de l’histoire de l’Irlande du Nord pour y défendre par les armes le plus souvent au nom des « valeurs protestantes » le maintien de son rattachement à la couronne britannique face aux nationalistes qui luttaient pour une Irlande unie et indépendante de la Grande-Bretagne. Suivant les périodes, et la politique de l’impérialisme britannique, ces groupes paramilitaires ont bénéficié d’un appui plus ou moins important, aussi bien de la bourgeoisie protestante d’Irlande du Nord que de l’Etat britannique, auxquels ils servaient d’exécuteurs de basses oeuvres, en éliminant des militants nationalistes et surtout, en semant la terreur dans la population catholique par des attentats aussi aveugles qu’horribles.
Dans certaines périodes, ces groupes paramilitaires jouèrent un rôle de premier plan. Ce fut le cas, par exemple, à l’époque de la partition de l’Irlande, en 1919-1921, où leur intervention servit à écraser la puissante vague ouvrière qui secoua la région industrielle de Belfast au lendemain de la guerre, en terrorisant sa fraction catholique ; ou encore dans les années soixante-dix, où leurs gangs armés imposèrent à la classe ouvrière protestante de servir de masse de manoeuvre aux menées réactionnaires de politiciens tels que Ian Paisley, qui faisaient (et dans le cas de Paisley, font encore aujourd’hui) leur fonds de commerce d’une bigoterie protestante hystérique et d’une haine virulente envers la minorité catholique.
Mais en dehors de telles périodes, les autorités britanniques et la bourgeoisie d’Irlande du Nord se sont contentées de maintenir en réserve ces groupes paramilitaires loyalistes, sans leur laisser d’espace politique pour se développer ni de place au sein des institutions du pouvoir. Au point qu’il est arrivé que les dirigeants de ces groupes en viennent à utiliser les seules méthodes qu’ils connaissaient terroristes et mafieuses pour se tailler malgré tout une place au soleil, y compris en défiant les autorités britanniques dont ils étaient habituellement les auxiliaires.
C’est précisément à un tel phénomène que l’on assiste depuis deux ans environ, au cours desquels l’essentiel des attentats et exécutions revendiqués en Irlande du Nord, l’ont été par ces groupes paramilitaires loyalistes et où les tensions entre quartiers catholiques et protestants se sont aggravées du fait de leur activité.
C’est ainsi qu’en mai 2001, l’UDA-UFF (Association de défense de l’Ulster - Combattants de l’Ulster pour la liberté) déclencha une offensive brutale contre une l’école primaire catholique de Holy Cross, en bordure du quartier catholique d’Ardoyne au nord de Belfast, dont les élèves étaient accusées d’aller à l’école en empruntant « abusivement » une rue « appartenant » à un quartier protestant voisin. Pour l’UDA-UFF, il s’agissait de prendre pied dans ce quartier protestant en donnant corps à l’idée que ses habitants auraient été « menacés » par l’« expansionnisme » d’Ardoyne. Et pendant un an, les provocations violentes n’ont cessé de succéder aux batailles rangées autour de l’école en question.
Cette année, à peu près à la même époque, c’est le Short Strand, petite enclave catholique isolée en bordure du quartier presque exclusivement protestant de Belfast-Est, qui est devenu la cible d’attaques répétées de la part d’un autre groupe paramilitaire loyaliste, l’UVF (Force des volontaires d’Ulster).
Cette fois, les attaquants n’ont même pas cherché à se réfugier, comme l’avait fait l’UDA-UFF à Ardoyne, derrière des mensonges sur le prétendu « expansionnisme » des habitants du Short Strand. Ils ont clairement affiché leur détermination de chasser les quelque 3000 habitants de cette enclave catholique.
Tout a commencé par quelques attentats à la « bombe-tuyau » (faite d’un morceau de tuyau scellé, bourré de liquide inflammable et doté d’une amorce explosive), l’arme favorite des paramilitaires loyalistes, contre des maisons du Short Strand attentats qui heureusement ne firent que des dégâts limités et pas de victimes. Puis chaque jour, dès la tombée du soleil, des groupes d’attaquants postés sur les toits des maisons du quartier entourant le Short Strand se mirent à bombarder les habitants avec tous les projectiles qui leur tombaient sous la main. Les commerces, cabinets médicaux, pharmacies, bureaux de poste, etc., du voisinage furent interdits aux habitants du Short Strand et des gangs de gros bras s’assurèrent du respect de cette consigne. Puis, au début de juin, l’UVF mobilisa un fort contingent de nervis armés qui envahit le Short Strand, détruisant tout ce qu’il pouvait sur son passage, et mit le feu à un certain nombre d’habitations. Cette offensive fit de nombreux blessés, dans les deux camps, dont un certain nombre par balles, et plusieurs familles catholiques qui n’avaient plus de toit, durent fuir le Short Strand faute d’avoir pu trouver refuge dans les maisons déjà surpeuplées de leurs voisins. Quelques jours plus tard, on assista à une descente sans précédent sur le campus du Belfast Institute of Higher Education un établissement d’enseignement technique mixte proche du Short Strand au cours duquel un gang masqué et armé de l’UVF tenta vainement de trouver des étudiants habitant le Short Strand pour leur « régler leur compte ».
Face à ces événements la réaction des autorités ne fut que trop prévisible. Le NIPS (Service de police d’Irlande du Nord la « nouvelle » police issue de l’accord de 1997, qui est censée mettre fin au recrutement exclusivement protestant de l’ancienne police) fut envoyé sur les lieux en même temps qu’un contingent de l’armée britannique, sans que les uns ou les autres fassent grand-chose pour stopper les attaquants. En revanche, dès que les politiciens unionistes (c’est-à-dire partisans de l’union avec la Grande-Bretagne) accusèrent l’IRA d’avoir rompu son cessez-le-feu parce que des assaillants loyalistes avaient été blessés par balle dans les affrontements, les maisons du quartier Short Strand furent soumises à des perquisitions systématiques sous prétexte de chercher des armes illégales. Comme si les agresseurs avaient été les habitants du Short Strand et non l’UVF !
Finalement, l’Exécutif régional d’Irlande du Nord eut recours aux bonnes vieilles méthodes de l’armée britannique il fit construire de nouveaux « murs de la paix », ces murs de béton qui peuvent atteindre six mètres de haut, surmontés de barbelés, qui quadrillent bien des quartiers pauvres de Belfast, transformant de nombreuses rues en impasses, sous prétexte de séparer les zones protestantes des zones catholiques. Le Short Strand se retrouva pratiquement entièrement encerclé de tels murs, privant ses habitants de tout accès aux seuls commerces proches, dans le quartier protestant voisin. Cela a-t-il mis fin aux exactions des attaquants loyalistes, comme le promettait en juin le ministre de la Sécurité de l’Exécutif, Jane Kennedy ? Bien au contraire. Le fait d’avoir réussi à isoler complètement le Short Strand du reste de Belfast-Est est considéré comme une victoire par l’UVF qui n’a aucun intention de s’arrêter en si bon chemin. Et depuis lors, les exactions des loyalistes ont continué de plus belle.
Je ne sus pas communiste,mais cet artcle me parait tres intéressant pour mieux comprendre le conflit Nord-Irlandais.
Irlande du Nord - Le « processus de paix » suit son cours, mais les gangs armés continuent à menacer la classe ouvrière
La signature de l’« accord de paix » de 1998, entre les diverses factions politiques d’Irlande du Nord sous la houlette des gouvernements de Londres et de Dublin, n’a pas fait taire les armes, ni dissout les bandes armées. Loin s’en faut.
Sans doute l’IRA (Armée républicaine irlandaise) a-t-elle cessé toute activité terroriste, pour permettre aux dirigeants de Sinn Fein, son aile politique, de prendre leur place dans les institutions régionales créées par l’« accord de paix ». Et c’était bien là le but des dirigeants britanniques. Mais cela n’a pas pour autant fait disparaître l’armée britannique des villes de la région, pas plus que ses « check-points » ni ses hélicoptères qui continuent à réveiller les habitants des quartiers pauvres en pleine nuit, sous prétexte de « maintien de la paix ». Surtout, l’évolution du « processus de paix » n’a fait qu’exacerber l’activité souvent sanglante des groupes paramilitaires loyalistes qui, face à la montée électorale des nationalistes irlandais de Sinn Fein et leur intégration croissante dans les institutions de l’Etat, s’efforcent de se maintenir à flot en tentant d’exacerber les divisions entre protestants et catholiques.
Rappelons que ces groupes paramilitaires loyalistes sont apparus à différents stades de l’histoire de l’Irlande du Nord pour y défendre par les armes le plus souvent au nom des « valeurs protestantes » le maintien de son rattachement à la couronne britannique face aux nationalistes qui luttaient pour une Irlande unie et indépendante de la Grande-Bretagne. Suivant les périodes, et la politique de l’impérialisme britannique, ces groupes paramilitaires ont bénéficié d’un appui plus ou moins important, aussi bien de la bourgeoisie protestante d’Irlande du Nord que de l’Etat britannique, auxquels ils servaient d’exécuteurs de basses oeuvres, en éliminant des militants nationalistes et surtout, en semant la terreur dans la population catholique par des attentats aussi aveugles qu’horribles.
Dans certaines périodes, ces groupes paramilitaires jouèrent un rôle de premier plan. Ce fut le cas, par exemple, à l’époque de la partition de l’Irlande, en 1919-1921, où leur intervention servit à écraser la puissante vague ouvrière qui secoua la région industrielle de Belfast au lendemain de la guerre, en terrorisant sa fraction catholique ; ou encore dans les années soixante-dix, où leurs gangs armés imposèrent à la classe ouvrière protestante de servir de masse de manoeuvre aux menées réactionnaires de politiciens tels que Ian Paisley, qui faisaient (et dans le cas de Paisley, font encore aujourd’hui) leur fonds de commerce d’une bigoterie protestante hystérique et d’une haine virulente envers la minorité catholique.
Mais en dehors de telles périodes, les autorités britanniques et la bourgeoisie d’Irlande du Nord se sont contentées de maintenir en réserve ces groupes paramilitaires loyalistes, sans leur laisser d’espace politique pour se développer ni de place au sein des institutions du pouvoir. Au point qu’il est arrivé que les dirigeants de ces groupes en viennent à utiliser les seules méthodes qu’ils connaissaient terroristes et mafieuses pour se tailler malgré tout une place au soleil, y compris en défiant les autorités britanniques dont ils étaient habituellement les auxiliaires.
C’est précisément à un tel phénomène que l’on assiste depuis deux ans environ, au cours desquels l’essentiel des attentats et exécutions revendiqués en Irlande du Nord, l’ont été par ces groupes paramilitaires loyalistes et où les tensions entre quartiers catholiques et protestants se sont aggravées du fait de leur activité.
C’est ainsi qu’en mai 2001, l’UDA-UFF (Association de défense de l’Ulster - Combattants de l’Ulster pour la liberté) déclencha une offensive brutale contre une l’école primaire catholique de Holy Cross, en bordure du quartier catholique d’Ardoyne au nord de Belfast, dont les élèves étaient accusées d’aller à l’école en empruntant « abusivement » une rue « appartenant » à un quartier protestant voisin. Pour l’UDA-UFF, il s’agissait de prendre pied dans ce quartier protestant en donnant corps à l’idée que ses habitants auraient été « menacés » par l’« expansionnisme » d’Ardoyne. Et pendant un an, les provocations violentes n’ont cessé de succéder aux batailles rangées autour de l’école en question.
Cette année, à peu près à la même époque, c’est le Short Strand, petite enclave catholique isolée en bordure du quartier presque exclusivement protestant de Belfast-Est, qui est devenu la cible d’attaques répétées de la part d’un autre groupe paramilitaire loyaliste, l’UVF (Force des volontaires d’Ulster).
Cette fois, les attaquants n’ont même pas cherché à se réfugier, comme l’avait fait l’UDA-UFF à Ardoyne, derrière des mensonges sur le prétendu « expansionnisme » des habitants du Short Strand. Ils ont clairement affiché leur détermination de chasser les quelque 3000 habitants de cette enclave catholique.
Tout a commencé par quelques attentats à la « bombe-tuyau » (faite d’un morceau de tuyau scellé, bourré de liquide inflammable et doté d’une amorce explosive), l’arme favorite des paramilitaires loyalistes, contre des maisons du Short Strand attentats qui heureusement ne firent que des dégâts limités et pas de victimes. Puis chaque jour, dès la tombée du soleil, des groupes d’attaquants postés sur les toits des maisons du quartier entourant le Short Strand se mirent à bombarder les habitants avec tous les projectiles qui leur tombaient sous la main. Les commerces, cabinets médicaux, pharmacies, bureaux de poste, etc., du voisinage furent interdits aux habitants du Short Strand et des gangs de gros bras s’assurèrent du respect de cette consigne. Puis, au début de juin, l’UVF mobilisa un fort contingent de nervis armés qui envahit le Short Strand, détruisant tout ce qu’il pouvait sur son passage, et mit le feu à un certain nombre d’habitations. Cette offensive fit de nombreux blessés, dans les deux camps, dont un certain nombre par balles, et plusieurs familles catholiques qui n’avaient plus de toit, durent fuir le Short Strand faute d’avoir pu trouver refuge dans les maisons déjà surpeuplées de leurs voisins. Quelques jours plus tard, on assista à une descente sans précédent sur le campus du Belfast Institute of Higher Education un établissement d’enseignement technique mixte proche du Short Strand au cours duquel un gang masqué et armé de l’UVF tenta vainement de trouver des étudiants habitant le Short Strand pour leur « régler leur compte ».
Face à ces événements la réaction des autorités ne fut que trop prévisible. Le NIPS (Service de police d’Irlande du Nord la « nouvelle » police issue de l’accord de 1997, qui est censée mettre fin au recrutement exclusivement protestant de l’ancienne police) fut envoyé sur les lieux en même temps qu’un contingent de l’armée britannique, sans que les uns ou les autres fassent grand-chose pour stopper les attaquants. En revanche, dès que les politiciens unionistes (c’est-à-dire partisans de l’union avec la Grande-Bretagne) accusèrent l’IRA d’avoir rompu son cessez-le-feu parce que des assaillants loyalistes avaient été blessés par balle dans les affrontements, les maisons du quartier Short Strand furent soumises à des perquisitions systématiques sous prétexte de chercher des armes illégales. Comme si les agresseurs avaient été les habitants du Short Strand et non l’UVF !
Finalement, l’Exécutif régional d’Irlande du Nord eut recours aux bonnes vieilles méthodes de l’armée britannique il fit construire de nouveaux « murs de la paix », ces murs de béton qui peuvent atteindre six mètres de haut, surmontés de barbelés, qui quadrillent bien des quartiers pauvres de Belfast, transformant de nombreuses rues en impasses, sous prétexte de séparer les zones protestantes des zones catholiques. Le Short Strand se retrouva pratiquement entièrement encerclé de tels murs, privant ses habitants de tout accès aux seuls commerces proches, dans le quartier protestant voisin. Cela a-t-il mis fin aux exactions des attaquants loyalistes, comme le promettait en juin le ministre de la Sécurité de l’Exécutif, Jane Kennedy ? Bien au contraire. Le fait d’avoir réussi à isoler complètement le Short Strand du reste de Belfast-Est est considéré comme une victoire par l’UVF qui n’a aucun intention de s’arrêter en si bon chemin. Et depuis lors, les exactions des loyalistes ont continué de plus belle.
Dernière édition par tonino17 le 9/5/2009, 22:52, édité 1 fois