Un Français à la tête du laboratoire d'intelligence artificielle de Facebook
Facebook, le plus grand réseau d'"amis", nous veut décidément du bien. La société américaine a décidé de se doter de la plus importante équipe de recherche au monde dans le domaine de l'intelligence artificielle. Officiellement, pour "générer de nouvelles idées sur le monde et répondre aux questions que les gens se posent", selon les propos de Mark Zuckerberg, le patron de Facebook. Officieusement, il s'agit davantage pour la société californienne d'exploiter au mieux les milliards de données produites chaque jour par le site Internet, afin d'accroître ses revenus par la publicité, sans faire fuir ses utilisateurs.
Le recours à l'intelligence artificielle n'est pas nouveau. "On étudie cette discipline scientifique, qui consiste à simuler le fonctionnement du cerveau humain pour analyser des données, depuis les années 1970. Elle est aujourd'hui appliquée à de nombreux domaines comme l'armée, la logistique, le marketing, les jeux vidéos ou encore la médecine", assure à FRANCE 24 Tristan Cazenave, professeur d'Intelligence artificielle à Dauphine.
Les milliards de photos et de vidéos analysées
La discipline est d'ailleurs bien connue de Facebook qui l'utilise depuis ses débuts pour générer ses annonces publicitaires. Les géants Google, Apple et IBM ont également tous investi à des degrés divers dans l'intelligence artificielle. Le moteur de recherche américain Google a d'ailleurs récemment acquis DNNresearch, une start-up connue pour ses travaux en la matière. "C'est une technologie d'avenir et Facebook veut avoir accès à sa propre technologie", précise Greg Sterling, analyste chez Opus Research.
Facebook compte d'ailleurs aller plus loin. La société qui utilisait jusqu'à présent des algorithmes à partir de données textuelles, comme le fait actuellement Google, pourrait l'appliquer aux photos, vidéos et données multimédias. "À l'avenir, on pourrait voir plus de possibilités apparaître, comme [...] chercher des photos de sujets qui nous intéressent", résume James Hendler, un spécialiste du Rensselaer Institute. De précieuses données supplémentaires pour la société californienne, soucieuse d'affiner la pertinence des annonces publicitaires. "Cela peut passer par un classement des publications dans un certain ordre, ou en décidant quelles publicités vont être affichées pour être plus pertinent", explique-t-on chez Facebook.
Un Français à la tête de l'ambitieux programme de recherche
Pour diriger ce vaste laboratoire de recherche, Facebook a recruté un spécialiste en la matière, et il est Français. Né à Paris en 1960, Yann LeCun, qui prendra en janvier la tête d'une équipe répartie entre New York, Londres et Menlo Park, le siège du groupe en Californie, est loin d'être un débutant.
Actuellement professeur à l'université de New York, le Français est considéré comme un pionnier dans la reconnaissance d'images, une branche de l'intelligence artificielle. "Yann [LeCun, NDLR], l'un des penseurs les plus respectés dans son secteur, a mené des recherches révolutionnaires en 'deep learning'", s'est félicité Mike Schroepfer, directeur technologique de Facebook. Cet "apprentissage en profondeur" est une technique qui simule le fonctionnement neuronal du cerveau humain pour traiter des données.
Ce chantre de l'intelligence artificielle, passé maître dans le domaine des réseaux de neurones, s'est notamment illustré en créant un algorithme, qui reproduit en partie le cortex visuel d'animaux et d'Êtres humains.
Des usagers demandeurs d'innovation
Dans les années 1980 et 1990, les travaux de Yann LeCun avaient, par ailleurs, contribué à créer un système de lecture des chèques pour AT&T, le plus grand fournisseur de services téléphoniques américain. Un système largement repris depuis. Plus récemment, Yann LeCun a travaillé sur une application pour des robots de navigation autonome, des voitures sans conducteur et des petits robots volants.
En signant chez le géant américain des réseaux sociaux, Yann LeCun entend "réaliser des avancées majeures dans le domaine de l'intelligence artificielle", a-t-il déclaré sur sa page Facebook. "C'est très ambitieux", a-t-il conclu.
Facebook a d'ores et déjà signalé ces dernières semaines qu'il changerait sa manière d'alimenter le fil d'actualité des utilisateurs. Des nouveautés qui s'inscrivent dans la politique d'innovation. Reste à savoir si les adeptes du réseau social accepteront de lui révéler toujours plus d'informations. "S'il y a de la méfiance de la part de certains, les gens sont globalement demandeurs de plus de facilités et d'innovations", assure le professeur Tristan Cazenave.
Source:
http://nr.news-republic.com/Web/ArticleWeb.aspx?regionid=2&articleid=16695419&m=d