Conseil de l'enseignement médical.
Une fois qu'ils eurent pris le contrôle de l'AMA (American Medical Association), les réformateurs lancèrent leur outil le plus efficace pour transformer la profession. En 1904, l'AMA a remplacé sa commission temporaire sur l'enseignement médical par un Conseil de l'Enseignement Médical, permanent, dirigé par l'énergique et plein de ressources Arthur Dean Bevan, un chirurgien et professeur à temps partiel au Rush Medical College de Chicago.
Le nouveau conseil était appuyé par une équipe pour l'aider à exercer «une influence et un contrôle à l'échelle nationale de l'enseignement médical".
Pour faciliter ce contrôle, les commissions d'octroi de licences d'État ont été invitées à une conférence nationale en 1905 pour examiner l'état de l'enseignement médical et fixer des normes. Alors le Conseil adopta «une norme idéale pour travailler à l'avenir" - qui mettrait l'enseignement médical des États-Unis au même niveau que celui de l'Angleterre, de la France et de l'Allemagne - et "une norme minimale pour le moment". La norme temporaire était: (1) une formation préliminaire de quatre ans d'école secondaire, (2) une formation de quatre années de médecine, et (3) passer un examen devant une commission d'octroi de licences d'Etat.
Bevan a exhorté des sociétés médicales, locales et étatiques, à devenir plus actives dans le mouvement de réforme et à voir que «les bons hommes» avaient été nommés aux commissions d'octroi de licences. En deux ans, les société médicales d'état, en étant guidé par le Conseil de l'Enseignement Médical, dominaient les commissions d'états. Grâce à l'influence des sociétés d'état et au contact direct avec le conseil, les commissions d'octroi de licences devinrent des agents au service du plan d'action du conseil.
Plus les commissions d'états coopéraient avec le conseil pour n'accepter que les diplômes d'écoles médicales "dans les normes" et pour orienter leurs examens en fonction des programmes des écoles médicales scientifiques, plus le futur de toutes les écoles médicales, exceptées les écoles d'élite déjà préparées aux besoins de la médecine scientifique, était incertain. Ces écoles qui pouvaient exploiter les ressources suffisantes pour fournir les laboratoires,le «matériel clinique», et les professeurs ayant une formation scientifique, avaient un pronostic raisonnablement bon. Les diplômés de ces écoles étaient autorisées par les commissions d'état à passer l'examen pour leur licence, et ils avaient de bonnes chances de l'avoir. Les étudiants étaient peu incités à assister et à payer les frais des écoles non approuvées ou des écoles dont les diplômés avaient tendance à rater les examens de licence. Mais les commissions d'états n'étaient pas uniformément entre les mains des sociétés médicales d'états, alors le conseil développa une nouvelle tactique pour réformer l'enseignement médical, fermer plus d'écoles, et développer son rôle de contrôle.
En 1906, le conseil inspecta chacune des 160 écoles médicales du pays. Chaque école reçut personnellement la visite du secrétaire du conseil, Dr N. P. Colwell, ou d'un autre membre du conseil, et fut notée sur le pourcentage de diplômés qui avaient passé avec succès l'examen pour la licence d'état, sur l'application des exigences de formation préliminaire, le programme, la présence de laboratoires et de cliniques, d'une faculté des sciences de laboratoire, et si l'école avait un but lucratif. Des rapports sur chaque école ont été envoyés aux commissions d'octroi de licences d'Etat, et le pourcentage de diplômés de chaque école ayant raté les examens des commissions d'Etat furent publiés dans le journal de l'AMA.
En 1907, le conseil divisa les écoles médicales en classes A, B et C, en fonction de leur classement. Sur les 160 écoles inspectées, 82 furent classées A, 46 B et 32 C. L'impact du rapport du conseil fut significatif. Cinquante écoles se mirent d'accord pour exiger une année d'université de physique, de chimie, de biologie et de langues modernes, avant l'admission au programme de médecine. Pressentant la fin, un certain nombre d'écoles se regroupèrent avec d'autres écoles de médecine dans leurs villes, en combinant les installations et le personnel. D'autres écoles réalisèrent qu'elles n'avaient pas les ressources nécessaires pour survivre à la concurrence accrue. En 1910, le nombre d'écoles était tombé de 166 à 131.
Alors que les chefs de la réformes des practiciens mettaient la pression pour des normes plus rigides au sein de l'éducation médicale, les écoles médicales elles-mêmes faisaient de leur mieux pour survivre. L'AAMC (Association of American Medical Colleges), représentant près du tiers de toutes les écoles de médecine américaines, cherchait à différencier ses écoles membres - "les classes supérieures des écoles de médecine"- des écoles ordinaires. Ils craignaient que l'augmentation du niveau de l'admission et de l'instruction mettent en faillite même les meilleures écoles.
En tant que représentant de l'élite de l'arrière-garde de la médecine scientifique - les écoles elles-mêmes - l'AAMC favorisa la coopération entre les écoles, le Conseil de l'Enseignement Médicale, et l'association des commissions de licences d'État. L'AAMC chercha à uniformiser les normes minimales pour tous les Etats afin que les exigences des écoles de médecine de chaque état soit «au niveau, mais pas au-delà» des normes recommandées par un comité conjoint des trois organismes.
Bien que le conseil de l'enseignement médical n'ait aucun pouvoir légal ni d'autorité au sein de la profession, Bevan, président du conseil, Simmons, secrétaire et éditeur du journal de l'AMA, et d'autres reformateurs professionnels avaient bien compris le rôle des dirigeants et le puissant avantage d'avoir une stratégie cohérente avec des forces historiques. L'heure de la science était arrivé en médecine: Une classe moyenne et supérieure, dont la position dominante dépendait de l'industrialisation, a été réceptive à ce que préconisait la médecine scientifique. Les commissions de licence d'états, sous l'influence ou entre les mains des sociétés médicales, assurèrent la domination des écoles scientifiques et les désavantages concurrentiels des écoles les plus faibles économiquement. Le coût d'une éducation scientifique médicale ruinaient les finances des écoles de médecine privées. Le conseil ne pouvait ordonner la fermeture d'écoles, mais il regroupa des alliés politiques dans les conseils d'Etat avec les forces du marché pour mettre fin à l'ancien régime.
De l'argent pour l'éducation médicale: Qui va payer ?
Les réformes initiées par les dirigeants de l'AMA eurent clairement l'impact désiré. Mais le pouvoir de la profession d'accomplir les buts finaux était limité. La médecine scientifique était une affaire couteuse. Presque toutes les écoles de médecine à la fin du XIXe siècle reposaient financièrement sur les frais de scolarité des élèves. La plupart des collèges médicaux indépendants et beaucoup de ceux associés à des universités n'avait aucune autre source de revenu. Pourtant, l'enseignement de la médecine scientifique nécessitait des bâtiments de laboratoire coûteux, un hôpital d'enseignement et une clinique d'enseignement et de l'équipement. Certaines de ces installations pouvaient être obtenues d'hommes et de femmes riches si les membres du corps professoral avaient des cabinets privés à la mode. Certaines installations pouvaient être acquises si l'école de médecine était affiliée à une université bien dotée. Mais il n'y avait pas uniquement besoin d'installations.
La dépense la plus grande pour une école médicale scientifique était les cours de science de laboratoire. Un practicien pouvait être assez bon pour donner des cours cliniques, mais il n'était généralement pas suffisament expert en physiologie, bactériologie ou pathologie. Les sciences médicales basiques devaient être enseignées par des scientifiques médicaux spécialistes dans leurs domaines et dont les recherches en cours les maintenaient au courant des évolutions dans leur domaine.