Anti Nouvel Ordre Mondial

Alliance spirituelle contre la subversion mondialiste. Forum d'éveil des consciences par le partage des connaissances et l'esprit de solidarité.

-38%
Le deal à ne pas rater :
Enceinte colonne – Focal Chorus 726 – Noir Laqué (Retrait en ...
245 € 395 €
Voir le deal

2 participants

    Conférence d'Alain CHOUET (ex directeur de la DGSE) sur les révolutions islamiques en cours

    NON
    NON"O"NOM


    Nombre de messages : 76
    Localisation : Herault
    Date d'inscription : 20/01/2012

    Conférence d'Alain CHOUET (ex directeur de la DGSE) sur les révolutions islamiques en cours Empty Conférence d'Alain CHOUET (ex directeur de la DGSE) sur les révolutions islamiques en cours

    Message  NON"O"NOM 25/8/2012, 16:29

    Sujet très intéressant. J'ai reçu ce post par mail, sans lien... après recherches, j'ai trouvé cela : http://www.islamisation.fr/archive/2012/08/07/conerence-d-alain-chouet-ex-directeur-de-la-dgse-sur-les-rev.html

    Conférence d'Alain CHOUET (ex directeur de la DGSE)
    sur les révolutions islamiques en cours


    Invité de l'Association Régionale Nice Côte d'Azur de l'IHEDN (AR29), le 27
    juin 2012, Alain CHOUET, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la
    DGSE, reconnu bien au-delà de l'Hexagone pour son expertise du monde arabomusulman,
    a livré aux auditeurs son sentiment au cours d'une conférence qui a
    connu un vif succès.

    • L'expression “printemps arabe” est censée faire référence au
      “Printemps des peuples” de 1848. Depuis la révolte de Sidi Bouzid, le 17
      décembre 2010, la contagion s'est étendue de la Tunisie successivement à
      l'Égypte, à la Libye, à Bahrein, au Yémen et enfin en Syrie.
      Contrairement à ce qui a pu être dit, ces contestations populaires,
      d'une ampleur et d'une intensité très variables, n'ont pas été le fait des
      “réseaux sociaux”, dans des pays où l'accès à Internet est réduit à une
      minorité de personnes “branchées” et où les moyens de blocage du Net
      sont très développés. Même si les aspirations de ces divers peuples
      visaient à chasser des dirigeants corrompus pour favoriser l'instauration
      d'une démocratie, les manifestants en reprenant le slogan Dégage !
      (Erhal en arabe) entendaient réclamer un meilleur partage des richesses
      pour améliorer leurs conditions de vie, obtenir des emplois et retrouver
      une certaine dignité (karama en arabe). En fait, ces révoltes, révolutions
      ou encore “réveil arabe” ont en commun d'avoir été financées par le
      Qatar et d'autres monarchies du Golfe et d'avoir été encadrées par les
      Frères musulmans.
      Le résultat ne s'est pas fait attendre : on en voit déjà les effets en
      Tunisie, en Libye et bientôt en Égypte. La question que l'on est en droit
      de se poser est : par quel miracle, les européens ont-ils pu soutenir à ce
      point des mouvements qui vont à la fois à l'encontre des intérêts mêmes
      de ces populations et aussi des nôtres ? Si la démocratisation de ces pays
      ne nous laisse pas indifférent, les voir retomber dans une nouvelle forme
      de soumission plus insidieuse n'augure rien de bon pour l'avenir.
      Depuis plus d'un an, ce printemps arabe n'en finit pas. La Syrie est
      le dernier pays à avoir été pris dans une tourmente qui a mis le pays à feu
      et à sang.
      Les pires conjectures formulées au premier semestre 2011
      concernant les mouvements de révolte arabes deviennent aujourd’hui
      réalité. Je les avais largement exposées dans divers ouvrages et revues à
      contre courant d’une opinion occidentale généralement enthousiaste et
      surtout naïve. Car il fallait tout de même être naïf pour croire que, dans
      des pays soumis depuis un demi-siècle à des dictatures qui avaient
      éliminé toute forme d’opposition libérale et pluraliste, la démocratie et la
      liberté allaient jaillir comme le génie de la lampe par la seule vertu d’un
      Internet auquel n’a accès qu’une infime minorité de privilégiés de ces
      sociétés.
      Une fois passé le bouillonnement libertaire et l'agitation des
      adeptes de Facebook, il a bien fallu se rendre à l'évidence. Le pouvoir est
      tombé dans les mains des seules forces politiques structurées qui avaient
      survécu aux dictatures nationalistes parce que soutenues financièrement
      par les pétromonarchies théocratiques dont elles partagent les valeurs et
      politiquement par les Occidentaux parce qu'elles constituaient un
      bouclier contre l'influence du bloc de l'Est : les forces religieuses
      fondamentalistes. Et le “printemps arabe” n'a mis que six mois à se
      transformer en “hiver islamiste”.
      En Tunisie et en Égypte, les partis islamistes, Frères musulmans et
      extrémistes salafistes se partagent de confortables majorités dans les
      Parlements issus des révoltes populaires. Ils cogèrent la situation avec les
      commandements militaires dont ils sont bien contraints de respecter le
      rôle d'acteurs économiques dominants mais s'éloignent insidieusement
      des revendications populaires qui les ont amenés au pouvoir. Constants
      dans leur pratique du double langage, ils font exactement le contraire de
      ce qu’ils proclament. En, Égypte, après avoir affirmé sur la Place Tahrir
      au printemps 2011 qu'ils n'aspiraient nullement au pouvoir, ils
      revendiquent aujourd'hui la présidence de la République, la majorité
      parlementaire et l'intégralité du pouvoir politique.
      En Tunisie, et après avoir officiellement renoncé à inclure la charia
      dans la constitution, ils organisent dans les provinces et les villes de
      moyenne importance, loin de l'attention des médias occidentaux, des
      comités de vigilance religieux pour faire appliquer des règlements
      inspirés de la charia. Ce mouvement gagne progressivement les villes de
      plus grande importance et même les capitales où se multiplient les
      mesures d'interdiction en tous genres, la censure des spectacles et de la
      presse, la mise sous le boisseau des libertés fondamentales et, bien sûr,
      des droits des femmes et des minorités non sunnites.
      Et ces forces politiques réactionnaires n'ont rien à craindre des
      prochaines échéances électorales. Largement financées par l'Arabie et le
      Qatar pour lesquels elles constituent un gage de soumission dans le
      monde arabe, elles ont tous les moyens d’acheter les consciences et de se
      constituer la clientèle qui perpétuera leur domination face à un paysage
      politique démocratique morcelé, sans moyens, dont il sera facile de
      dénoncer l'inspiration étrangère et donc impie.
      La Libye et le Yémen ont sombré dans la confusion. Après que les
      forces de l'OTAN, outrepassant largement le mandat qui leur avait été
      confié par l'ONU, ont détruit le régime du peu recommandable colonel
      Kadhafi, le pays se retrouve livré aux appétits de bandes et tribus rivales
      bien décidées à défendre par les armes leur pré carré local et leur accès à
      la rente. L'éphémère “Conseil National de transition” porté aux nues par
      l'ineffable Bernard Henri LEVY est en train de se dissoudre sous les coups
      de boutoir de chefs de gangs islamistes, dont plusieurs anciens adeptes
      d'Al-Qaïda, soutenus et financés par le Qatar qui entend bien avoir son
      mot à dire dans tout règlement de la question et prendre sa part dans
      l’exploitation des ressources du pays en hydrocarbures.
      Au Yémen, le départ sans gloire du Président Ali Abdallah Saleh
      rouvre la porte aux forces centrifuges qui n'ont pas cessé d'agiter ce pays
      dont l'unité proclamée en 1990 entre le nord et le sud n'a jamais été bien
      digérée, surtout par l'Arabie Saoudite qui s'inquiétait des foucades de ce
      turbulent voisin et n'a eu de cesse d'y alimenter la subversion
      fondamentaliste. Aujourd'hui, les chefs de tribus sunnites du sud et de
      l'est du pays, dont certains se réclament d'Al-Qaïda et tous du salafisme,
      entretiennent un désordre sans fin aux portes de la capitale, Sanaa, fief
      d'une classe politique traditionnelle zaydite – branche dissidente du
      chiisme – insupportable pour la légitimité de la famille séoudienne.
      Seul le régime syrien résiste à ce mouvement généralisé
      d'islamisation au prix d'une incompréhension généralisée et de
      l'opprobre internationale.
      Avant de développer ce sujet, je crois devoir faire une mise au point
      puisque d'aucuns croient déceler dans mes propos et prises de positions
      des relents d'extrême droite et de complaisance pour les dictatures.
      Je me rends régulièrement en Syrie depuis 45 ans et y ai résidé
      pendant plusieurs années. Je ne prétends pas connaître intimement ce
      pays mais je pense quand même mieux le connaître que certains de ces
      journalistes qui en reviennent pleins de certitudes après un voyage de
      trois ou quatre jours.
      Mes activités m'ont amené à devoir fréquenter à divers titres les
      responsables des services de sécurité civils et militaires syriens depuis la
      fin des années 70. J'ai pu constater qu'ils ne font ni dans la dentelle ni
      dans la poésie et se comportent avec une absolue sauvagerie. Ce n'est pas
      qu'ils ont une conception différente des droits de l'homme de la nôtre.
      C'est qu'ils n'ont aucune conception des droits de l'homme…
      Leur histoire explique en grande partie cette absence. D'abord, ils
      puisent leur manière d'être dans quatre siècles d'occupation par les Turcs
      ottomans, grands experts du pal, de l'écorchage vif et du découpage
      raffiné. Ensuite, ils ont été créés sous la houlette des troupes coloniales
      françaises pendant le mandat de 1920 à 1943, et, dès l'indépendance du
      pays, conseillés techniquement par d'anciens nazis réfugiés, de 1945
      jusqu'au milieu des années 50, et ensuite par des experts du KGB
      jusqu'en 1990. Tout ceci n'a guère contribué à développer chez eux le
      sens de la douceur, de la tolérance et du respect humain. Quant au
      régime syrien lui-même, il ne fait aucun doute dans mon esprit que c'est
      un régime autoritaire, brutal et fermé. Mais le régime syrien n’est pas la
      dictature d'un homme seul, ni même d'une famille, comme l'étaient les
      régimes tunisien, égyptien, libyen ou irakien. Tout comme son père,
      Bashar el-Assad n'est que la partie visible d'un iceberg communautaire
      complexe et son éventuel départ ne changerait strictement rien à la
      réalité des rapports de pouvoir et de force dans le pays. Il y a derrière lui
      2 millions d'Alaouites encore plus résolus que lui à se battre pour leur
      survie et plusieurs millions de minoritaires qui ont tout à perdre d'une
      mainmise islamiste sur le pouvoir, seule évolution politique que
      l'Occident semble encourager et promouvoir dans la région.
      Quand je suis allé pour la première fois en Syrie en 1966, le pays
      était encore politiquement dominé par sa majorité musulmane sunnite
      qui en détenait tous les leviers économiques et sociaux. Et les bourgeois
      sunnites achetaient encore – parfois par contrat notarié – des jeunes
      gens et de jeunes filles de la communauté alaouite dont ils faisaient de
      véritables esclaves à vie, manouvriers agricoles ou du bâtiment pour les
      garçons, bonnes à tout faire pour les filles.
      Les Alaouites sont une communauté sociale et religieuse persécutée
      depuis plus de mille ans. Je vous en donne ici une description rapide et
      schématique qui ferait sans doute hurler les experts mais le temps nous
      manque pour en faire un exposé exhaustif.
      Issus au Xème siècle aux frontières de l'empire arabe et de l'empire
      byzantin d'une lointaine scission du chiisme, ils pratiquent une sorte de
      syncrétisme mystique compliqué entre des éléments du chiisme, des
      éléments de panthéisme hellénistique, de mazdéisme persan et de
      christianisme byzantin. Ils se désignent eux mêmes sous le nom
      d’Alaouites – c'est à dire de partisans d'Ali, le gendre du prophète -
      quand ils veulent qu’on les prenne pour des musulmans et sous le nom
      de Nosaïris – du nom de Ibn Nosaïr, le mystique chiite qui a fondé leur
      courant – quand ils veulent se distinguer des musulmans. Et – de fait –
      ils sont aussi éloignés de l'Islam que peuvent l'être les chamanistes de
      Sibérie.
      Et cela ne leur a pas porté bonheur…. Pour toutes les religions
      monothéistes révélées, il n’y a pas pire crime que l'apostasie. Les
      Alaouites sont considérés par l'Islam sunnite comme les pires des
      apostats. Cela leur a valu au XIVème siècle une fatwa du jurisconsulte
      salafiste Ibn Taymiyya, l'ancêtre du wahhabisme actuel, prescrivant leur
      persécution systématique et leur génocide. Bien que Ibn Taymiyyah soit
      considéré comme un exégète non autorisé, sa fatwa n'a jamais été remise
      en cause et est toujours d'actualité, notamment chez les salafistes, les
      wahhabites et les Frères musulmans. Pourchassés et persécutés, les
      Alaouites ont dû se réfugier dans les montagnes côtières arides entre le
      Liban et l'actuelle Turquie tout en donnant à leurs croyances un côté
      hermétique et ésotérique, s'autorisant la dissimulation et le mensonge
      pour échapper à leurs tortionnaires.
      Il leur a fallu attendre le milieu du XXème siècle pour prendre leur
      revanche. Soumis aux occupations militaires étrangères depuis des
      siècles, les bourgeois musulmans sunnites de Syrie ont commis l'erreur
      classique des parvenus lors de l'indépendance de leur pays en 1943.
      Considérant que le métier des armes était peu rémunérateur et que
      l'institution militaire n'était qu'un médiocre instrument de promotion
      sociale, ils n'ont pas voulu y envoyer leurs fils. Résultat : ils ont laissé
      l'encadrement de l'armée de leur tout jeune pays aux pauvres, c'est-à-dire
      les minorités : chrétiens, ismaéliens, druzes, chiites et surtout alaouites.
      Et quand vous donnez le contrôle des armes aux pauvres et aux
      persécutés, vous prenez le risque à peu près certain qu'ils s'en servent
      pour voler les riches et se venger d'eux. C'est bien ce qui s'est produit en
      Syrie à partir des années 60.
      Dans les années 70, Hafez el-Assad, issu d'une des plus modestes
      familles de la communauté alaouite, devenu chef de l'armée de l'air puis
      ministre de la défense, s'est emparé du pouvoir par la force pour assurer
      la revanche et la protection de la minorité à laquelle sa famille appartient
      et des minorités alliées – chrétiens et druzes - qui l'ont assisté dans sa
      marche au pouvoir. Ils s'est ensuite employé méthodiquement à assurer à
      ces minorités – et en particulier à la sienne - le contrôle de tous les
      leviers politiques, économiques et sociaux du pays selon des moyens et
      méthodes autoritaires dont vous pourrez trouver la description détaillée
      dans un article paru il y maintenant près de vingt ans
      Face à la montée du fondamentalisme qui progresse à la faveur de
      tous les bouleversements actuels du monde arabe, son successeur se
      retrouve comme les Juifs en Israël, le dos à la mer avec le seul choix de
      vaincre ou mourir. Les Alaouites ont été rejoints dans leur résistance par
      les autres minorités religieuses de Syrie, druzes, chiites, ismaéliens et
      surtout par les chrétiens de toutes obédiences instruits du sort de leurs
      frères d'Irak et des coptes d'Égypte.
      Car, contrairement à la litanie que colportent les bien-pensants qui
      affirment que « si l'on n'intervient pas en Syrie, le pays sombrera dans la
      guerre civile »… eh bien non, le pays ne sombrera pas dans la guerre
      civile. La guerre civile, le pays est dedans depuis 1980 quand un
      commando de Frères musulmans s'est introduit dans l'école des cadets
      de l'armée de terre d'Alep, a soigneusement fait le tri des élèves officiers
      sunnites et des alaouites et a massacré 80 cadets alaouites au couteau et
      au fusil d'assaut en application de la fatwa d'Ibn Taymiyya.
      Les Frères l'ont payé cher en 1982 à Hama – fief de la confrérie -
      que l'oncle de l'actuel président a méthodiquement rasée en y faisant
      entre 10 et 20.000 morts. Mais les violences intercommunautaires n'ont
      jamais cessé depuis, même si le régime a tout fait pour les dissimuler.
      Alors, proposer aux Alaouites et aux autres minorités non arabes ou
      non sunnites de Syrie d'accepter des réformes qui amèneraient les
      islamistes salafistes au pouvoir revient très exactement à proposer aux
      Afro-américains de revenir au statu quo antérieur à la guerre de
      sécession. Ils se battront, et avec sauvagerie, contre une telle perspective.
      Peu habitué à la communication, le régime syrien en a laissé le
      monopole à l'opposition. Mais pas à n'importe quelle opposition. Car il
      existe en Syrie d'authentiques démocrates libéraux ouverts sur le monde,
      qui s'accommodent mal de l'autoritarisme du régime et qui espéraient de
      Bashar el-Assad une ouverture politique. Ils n'ont obtenu de lui que des
      espaces de liberté économique en échange d'un renoncement à des
      revendications de réformes libérales parfaitement justifiées. Mais ceuxlà,
      sont trop dispersés, sans moyens et sans soutiens. Ils n'ont pas la
      parole et sont considérés comme inaudibles par les médias occidentaux
      car, en majorité, ils ne sont pas de ceux qui réclament le lynchage
      médiatisé du « dictateur » comme cela a été fait en Libye.
      Si vous vous vous informez sur la Syrie par les médias écrits et
      audiovisuels, en particulier en France, vous n'aurez pas manqué de
      constater que toutes les informations concernant la situation sont
      sourcées Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) ou plus
      laconiquement ONG, ce qui revient au même, l'ONG en question étant
      toujours l’Observatoire syrien des droits de l'homme.
      L'Observatoire syrien des droits de l'homme, c'est une
      dénomination qui sonne bien aux oreilles occidentales dont il est devenu
      la source d'information privilégiée voire unique. Il n'a pourtant rien à
      voir avec la respectable Ligue internationale des droits de l'homme. C'est
      en fait une émanation de l'Association des Frères musulmans et il est
      dirigé par des militants islamistes dont certains ont été autrefois
      condamnés pour activisme violent, en particulier son fondateur et
      premier Président, Monsieur Ryadh el-Maleh. L'Osdh s’est installé à la
      fin des années 80 à Londres sous la houlette bienveillante des services
      anglo-saxons et fonctionne en quasi-totalité sur fonds séoudiens et
      maintenant qataris.
      Je ne prétends nullement que les informations émanant de l'OSDH
      soient fausses, mais, compte tenu de la genèse et de l'orientation
      partisane de cet organisme, je suis tout de même surpris que les médias
      occidentaux et en particulier français l'utilisent comme source unique
      sans jamais chercher à recouper ce qui en émane.
      Second favori des médias et des politiques occidentaux, le Conseil
      National Syrien, créé en 2011 à Istanbul sur le modèle du CNT libyen et à
      l'initiative non de l'État turc mais du parti islamiste AKP. Censé fédérer
      toutes les forces d'opposition au régime, le CNS a rapidement annoncé la
      couleur. Au sens propre du terme… Le drapeau national syrien est
      composé de trois bandes horizontales. L'une de couleur noire qui était la
      couleur de la dynastie des Abbassides qui a régné sur le monde arabe du
      IXème au XIIIème siècle. L'autre de couleur blanche pour rappeler la
      dynastie des Omeyyades qui a régné aux VIIème et VIIIème siècles. Enfin, la
      troisième, de couleur rouge, censée représenter les aspirations
      socialisantes du régime. Dès sa création, le CNS a remplacé la bande
      rouge par la bande verte de l'islamisme comme vous pouvez le constater
      lors des manifestations anti-régime où l'on entend plutôt hurler
      « Allahou akbar ! » que des slogans démocratiques.
      Cela dit, la place prédominante faite aux Frères musulmans au sein
      du CNS par l'AKP turc et le Département d'État américain a fini par
      exaspérer à peu près tout le monde. La Syrie n'est pas la Libye et les
      minorités qui représentent un bon quart de la population entendent avoir
      leur mot à dire, même au sein de l'opposition. Lors d'une visite d'une
      délégation d'opposants kurdes syriens à Washington en avril dernier, les
      choses se sont très mal passées. Les Kurdes sont musulmans sunnites
      mais pas Arabes. Et en tant que non-arabes, ils sont voués à un statut
      d’infériorité par les Frères. Venus se plaindre auprès du Département
      d'État (Des USA) de leur marginalisation au sein du CNS, ils se sont
      entendus répondre qu'ils devaient se soumettre à l'autorité des Frères ou
      se débrouiller tout seuls. Rentrés à Istanbul très fâchés, ils se sont joints
      à d'autres opposants minoritaires pour démettre le président du CNS,
      Bourhan Ghalioun, totalement inféodé aux Frères, et le remplacer par un
      Kurde, Abdelbassett Saïda qui fera ce qu'il pourra – c'est à dire pas grand
      chose - pour ne perdre ni l'hospitalité des islamistes turcs, ni l'appui
      politique des néo-conservateurs Américains, ni, surtout, l'appui financier
      des Saoudiens et des Qataris
      Tout cela fait désordre, bien sûr, mais est surtout révélateur de
      l'orientation que les États islamistes appuyés par les néo-conservateurs
      américains entendent donner aux mouvements de contestation dans le
      monde arabe.
      Ce ne sont évidemment pas ces constatations qui vont rassurer les
      minorités de Syrie et les inciter à la conciliation ou à la retenue. Les
      minorités de Syrie – en particulier, les Alaouites qui sont en possession
      des appareils de contrainte de l'État – sont des minorités inquiètes pour
      leur survie qu'elles défendront par la violence. Faire sortir le président
      syrien du jeu peut à la rigueur avoir une portée symbolique mais ne
      changera rien au problème. Ce n'est pas lui qui est visé, ce n'est pas lui
      qui est en cause, c'est l'ensemble de sa communauté qui se montrera
      encore plus violente et agressive si elle perd ses repères et ses chefs. Plus
      le temps passe, plus la communauté internationale entendra exercer des
      pressions sur les minorités menacées, plus les choses empireront sur le
      modèle de la guerre civile libanaise qui a ensanglanté ce pays de 1975 à
      1990.
      Il aurait peut être été possible à la communauté internationale de
      changer la donne il y a un an en exigeant du pouvoir syrien des réformes
      libérales en échange d'une protection internationale assurée aux
      minorités menacées. Et puisque l’Arabie et la Qatar – deux monarchies
      théocratiques se réclamant du wahhabisme – sont théoriquement nos
      amies et nos alliées, nous aurions pu leur demander de déclarer la fatwa
      d'Ibn Taymiyyah obsolète, nulle et non avenue afin de calmer le jeu. Il
      n'en a rien été. À ces minorités syriennes menacées, l'Occident, France en
      tête, n'a opposé que la condamnation sans appel et l'anathème parfois
      hystérique tout en provoquant partout – politiquement et parfois
      militairement – l'accession des intégristes islamistes au pouvoir et la
      suprématie des États théocratiques soutenant le salafisme politique.
      Débarrassés des ténors sans doute peu vertueux du nationalisme
      arabe, de Saddam Hussein, de Ben Ali, de Moubarak, de Kadhafi, à l'abri
      des critiques de l'Irak, de l'Algérie et de la Syrie englués dans leurs
      conflits internes, les théocraties pétrolières n'ont eu aucun mal à prendre
      avec leurs pétrodollars le contrôle de la Ligue Arabe et d'en faire un
      instrument de pression sur la communauté internationale et l'ONU en
      faveur des mouvements politiques fondamentalistes qui confortent leur
      légitimité et les mettent à l'abri de toute forme de contestation
      démocratique.
      Que les monarchies réactionnaires défendent leurs intérêts et que
      les forces politiques fondamentalistes cherchent à s'emparer d'un
      pouvoir qu'elles guignent depuis près d'un siècle n'a rien de
      particulièrement surprenant. Plus étrange apparaît en revanche
      l'empressement des Occidentaux à favoriser partout les entreprises
      intégristes encore moins démocratiques que les dictatures auxquelles
      elles se substituent et à vouer aux gémonies ceux qui leur résistent.
      Prompt à condamner l'islamisme chez lui, l'Occident se retrouve à
      en encourager les manoeuvres dans le monde arabe et musulman. La
      France, qui n’a pas hésité à engager toute sa force militaire pour éliminer
      Kadhafi au profit des djihadistes et à appeler la communauté
      internationale à en faire autant avec Bashar el-Assad, assiste, l'arme au
      pied, au dépeçage du Mali par des hordes criminelles qui se disent
      islamistes parce que leurs rivaux politiques ne le sont pas.
      De même les médias et les politiques occidentaux ont assisté sans
      broncher à la répression sanglante par les chars séoudiens et émiratis des
      contestataires du Bahraïn, pays à majorité chiite gouverné par un
      autocrate réactionnaire sunnite. De même les massacres répétés de
      chrétiens nigérians par les milices du Boko Haram ne suscitent guère
      l'intérêt des médias et encore moins la condamnation par nos politiques.
      Quant à l'enlèvement et la séquestration durable de quatre membres de
      la Cour Pénale Internationale par des “révolutionnaires” libyens, elle est
      traitée en mode mineur et passe à peu près inaperçue dans nos médias
      dont on imagine l'indignation explosive si cet enlèvement avait été le fait
      des autorités syriennes, algériennes ou de tel autre pays non encore
      rentré dans le rang des “démocratures”, ces dictatures islamistes sorties
      des urnes. À défaut de logique, la morale et la raison nous invitent tout de
      même à nous interroger sur cette curieuse schizophrénie de nos
      politiques et nos médias. L'avenir dira si notre fascination infantile pour
      le néo-populisme véhiculé par Internet et si les investissements massifs
      du Qatar et de l'Arabie dans nos économies en crise valaient notre
      complaisance face à la montée d'une barbarie dont nous aurions tort de
      croire que nous sommes à l'abri.


    avatar
    Kristòphoros


    Nombre de messages : 29
    Date d'inscription : 30/05/2012

    Conférence d'Alain CHOUET (ex directeur de la DGSE) sur les révolutions islamiques en cours Empty Re: Conférence d'Alain CHOUET (ex directeur de la DGSE) sur les révolutions islamiques en cours

    Message  Kristòphoros 25/8/2012, 19:13



    http://alain.chouet.free.fr/import/Syrie1206.pdf

    autant lire l'original,qui ce passe de l'introduction du text présenté au dessus......

      La date/heure actuelle est 1/11/2024, 05:43