Les surprenantes vertus du jeûne
L’auteur:
Sophie Lacoste est rédactrice en chef de Belle-Santé et auteur de livres sur les remèdes naturels. Elle est aussi journaliste à TV Magazine où elle tient la rubrique santé depuis presque 10 ans.
Objectif
Se « purifier des pollutions de la vie quotidienne et de la surabondance de nourriture », retrouver la ligne de façon durable, rester jeune et en bonne santé, évacuer son stress.
Méthode proposée
La méthode consiste à arrêter de manger pendant une période donnée. On peut d’abord s’habituer en sautant un repas de temps en temps, puis augmenter la durée.
Le vrai jeûne est un arrêt complet de l’alimentation jusqu’au retour de la faim physiologique (environ 40 jours). Mais on pratique couramment le jeûne sur des périodes plus courtes : 1 jour par semaine, 3 jours par mois, 5 jours par trimestre, 1 à 2 semaines par an… Plus le jeûne est court, plus il doit être fréquent. Il faut ensuite réformer ses habitudes alimentaires, notamment en mangeant plus de fruits et de légumes frais, et en faisant d’autres jeûnes de façon régulière. Sophie Lacoste établit quelques règles pour cette reprise : des ingrédients de qualité, des crudités en abondance, une cuisson à la vapeur douce, ne pas trop saler et bien choisir ses céréales. Il faudra en outre boire beaucoup, et surtout avant les repas (1/2 litre d’eau).
Les 10 commandements du jeûne :
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une durée précise
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être convaincu de ne rien risquer
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choisir une période sans trop de tentation alimentaire
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choisir une période où on peut se reposer
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se convaincre de ne pas avoir faim : la vraie faim physiologique apparaît bien plus tard
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ne pas manger d’aliment solide, ni de boissons fermentées, ni de thé, de café ou d’alcool. Eau, bouillons, et tisane uniquement.
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les bénéfices apparaissent après le jeûne, pas pendant
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les maux passagers pendant le jeûne sont normaux ; ce sont les symptômes de l’élimination
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éviter de penser à la nourriture
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reprendre l’alimentation en douceur en modifiant ses habitudes alimentaires.
L’auteur part du principe que nous mangeons trop et que le jeûne permet à l’organisme de se reposer pour se purifier. L’organisme est alors nettoyé des vieilles cellules, des graisses, des déchets et des toxines qui l’encombrent.
Le jeûne n’a rien à voir avec l’anorexie, qui est une maladie. Il n’est pas dangereux, il est accessible à tous (sauf dans quelques cas pathologiques), car nous avons des réserves « pour « tenir » sans problème des semaines durant » :
- le foie peut fournir de grandes quantités de glycogène, excellent combustible, sous forme de corps cétoniques,
- le sang et la lymphe véhiculent de nombreuses substances nutritives,
- la moelle osseuse renferme des trésors nutritifs,
- plusieurs kilos de graisse (même chez les personnes minces) sont stockés pour faire face aux disettes : « l’organisme puise avant tout dans ses réserves de graisses ».
Pour prouver l’efficacité du jeûne et son innocuité, Sophie Lacoste avance plusieurs arguments, qui relèvent surtout d’observations :
- les centenaires ont en commun d’avoir traversé de longues périodes de frugalité (guerres, etc),
- la première réaction d’un animal malade est de « jeûner pour laisser son organisme utiliser toutes ses forces dans la bataille pour la guérison. »
- « La maladie nous coupe l’appétit, écoutons notre organisme ! Passons-nous de nourriture le temps du rétablissement. Il n’en sera que plus rapide. » L’idée selon laquelle il faudrait « reprendre des forces » pour guérir est fausse selon elle,
- Le jeûne est une pratique millénaire.
Sophie Lacoste compare notre organisme à une machine qui « brûle » des combustibles, au même titre que le moteur de votre véhicule, pour fabriquer son énergie. Cette combustion produit des déchets et « nous nous encrassons ». Elle ajoute : « A l’image d’un véhicule à qui l’on ne ferait jamais la vidange (…) nous vieillissons mal ! » Le jeûne serait donc, pour filer la métaphore, une « super révision »…
L’auteur parle d’autolyse pour nommer le processus de purification du corps qui jeûne : « [l’organisme] va prendre des protéines dans les muscles du squelette, les digérer grâce à des enzymes spécifiques (les protéases intracellulaires) et les transformer ainsi en acides aminés. Ces derniers seront alors transportés par le courant sanguin vers les organes prioritaires : le cœur et le cerveau. Si les protéines ne sont pas « autolysées », c’est-à-dire transformées en petites molécules par les enzymes, elles ne peuvent pas être conduites d’une zone de l’organisme à une autre. »
Marc Menant indique en préface que « le travail de Sophie Lacoste est corroboré par le hors-série n°36 de Science et vie, dans lequel les chercheurs corrèlent un certain nombre des guérisons spontanées de cancers à l’incapacité des malades de se nourrir, c’est-à-dire condamnés à un jeûne forcé. »
Des témoignages de particuliers attestent en effet de guérisons spectaculaires grâce au jeûne, notamment dans les maladies suivantes : cataracte, maladies cardiovasculaires, obésité, digestion difficile, fatigue intellectuelle, nervosité, épilepsie, malaudition, syphilis, acné, arthrite, maux de tête, asthme et bronchite chronique…
En ce qui concerne le type d’alimentation à adopter après le jeûne, Sophie Lacoste se réclame principalement du Dr Seignalet et de son régime ancestral. Ce médecin a relevé 6 changements majeurs entre alimentation ancienne et moderne et prône un retour à une alimentation plus simple dans sa composition. Cela consiste à supprimer les produits laitiers et les céréales mutées (blé, orge, avoine) et à consommer des aliments crus ou cuits à température douce.
En conclusion
L’auteur établit ici un guide pratique du jeûne plutôt complet. L’objet principal du livre n’est pas de mincir à tous prix, mais de se sentir mieux dans son corps et de prévenir les maladies. Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’un guide minceur, le jeûne n’étant qu’une première étape pour se « décrasser », avant de réformer ses habitudes alimentaires.
Sophie Lacoste revendique une approche pragmatique et scientifique du jeûne. Elle tente ainsi de contrer les détracteurs du jeûne, mais prévient aussi ses lecteurs de ses possibles dérives mystiques.
Elle ne cache pas non plus les désagréments du jeûne : maux divers sur le moment, dérèglement du cycle menstruel, etc. Elle insiste cependant sur le fait que ces inconvénients sont passagers et énumère les bienfaits du jeûne qui paraissent sans fin ! Le jeûne rajeunirait la peau, fortifierait les dents, le cœur, lutterait contre les pathologies « métaboliques » (excès de cholestérol, triglycérides, diabète gras…), soulagerait l’estomac, cicatriserait les fractures, renforcerait les cheveux, clarifierait l’esprit, améliorerait la forme physique et intellectuelle, apaiserait, aiguiserait les sens, accroîtrait la résistance aux maladies, chasserait les infections, renforcerait l’optimisme, etc…
Rappelons toutefois qu’il y a des précautions à prendre pour jeûner dans de bonnes conditions et qu’un suivi médical est conseillé notamment lorsqu'on est âgé, pour ne pas basculer dans la dénutrition.