je me permets de copier-coller un mail un peu long que j'ai trouvé intéressant.
Crise financière ou guerre secrète ?
Le 14 octobre
2008, le gestionnaire de fonds et l’analyste financier Mostafa Belkhayate a
accordé une interview
au Capitale.fr, qu’on retrouve également sur son site personnel à cette adresse.
Curieusement l’une des questions et l’analyse de Monsieur
Belkhayate sur des possibles causes profondes de cette crise, a complètement
disparu sur le site du Capital ?! Cependant, Capital a pris le soin de
laisser un lien vers le site de Belkhayate (indiqué plus haut) où l’on peut
lire le suivant :
Capital.fr : Qu’est ce qui vous fait penser que
la chute n’est pas terminée ?
Mostafa Belkhayate : Lorsqu’il y a un
crime, cherchons le coupable du coté de celui qui en profite. Washington a résolu
en moins d’une semaine le grave problème des créances américaines : en
faisant croire que Freddie Mac et Fannie Mae, deux organismes américains de
financement, risquaient la faillite, les financiers yankee ont coupé l’herbe
sous les pieds des chinois, qui possèdent près de 400 milliards de dollars
d’obligations émises par ces institutions. Ces dernières, aujourd’hui loin de
leur valeur initiale, ne peuvent plus être revendues. Tous ceux qui
pourraient en acheter en ont déjà ; les japonais, les européens, les
russes, les arabes,… Voilà comment on peut dissoudre des milliers de
milliards de dollars de dette. Pour moi, c’est la seule explication du
sacrifice de Lehman Brothers. C’est ingénieux, d’autant plus que Washington a
manipulé le prix du pétrole à la hausse à partir d’avril 2008 pour
"offrir" sur un plateau venimeux un maximum d’obligations aux arabes,
qui leur ont toujours fait une confiance aveugle. Une fois le plein fait, on
lâche le pétrole et les obligations. Le mécanisme a parfaitement marché puisque
aujourd’hui les créanciers amis de l’Amérique n’ont que du papier sans valeur
entre les mains. Voilà la vraie guerre ! Sauf qu’il me semble qu’on
ait sous-estimé la réaction de "ces amis". Leur réaction sera
violente, foudroyante…car ils ne vont pas se laisser faire. La crise boursière
ne fait que commencer. On va assister à une attaque en règle sur le billet
vert…
Qu’est-ce qui se passe vraiment ? Le spectacle
auquel on assiste, s’agit-il simplement d’une machinerie trop complexe devenue
folle et qu’on ne contrôle plus. Un gros machin qui échappe à la compréhension
des contribuables heureux que nous sommes, et qui risque d’exploser et faire
beaucoup de dégâts ? Ou est-ce qu’il y a des malins qui appuient sur les
boutons et tirent sur les manettes les ficelles, qui se croient trop rusés pour
tout contrôler et qui se fichent si cela peut faire tomber le ciel sur nos têtes ?
Est-ce seulement une crise financière, ou bien,
comme certaines voix commencent à se faire entendre, comme le montre l’article
suivant, une guerre économique secrète ?
L’Arabie Saoudite : La crise financière est une guerre
secrète
Mohammad Djamal Arafah
Islam On Line
Le 26 octobre 2008
Le souverain saoudien, le roi Abdullah Ben Abdelaziz a
indiqué que la crise financière que subissent les marchés financiers
internationaux aurait pu être planifiée afin de faire saigner les pays du
Golfe, en la décrivant comme une « guerre secrète ».
Dans son discours lors de sa réception du ministre de la
culture et de l’information, Iyad Ben Amîn Madani, d’un certain nombre de
responsables ministériels du secteur de la presse, et des rédacteurs en chef
des journaux et des magazines saoudiens, ce samedi 25 octobre 2008, le roi
Abdullah a déclaré : « Je crois que le monde subit maintenant une
guerre secrète, une guerre économique. Vous devez prendre cela en considération,
ainsi que l’intérêt de la religion et de la patrie et non pas l’intérêt de
quelques individus, car l’économie est la base de toute chose ».
Aussi, le souverain saoudien a insisté, durant sa
réception des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales
dans les états du Conseil de Coopération du Golfe, que le Golfe poursuivait sa
marche mais qu’il était visé.
Il a expliqué dans un discours transmis par l’agence
officielle saoudienne : « Vos pays sont une cible visée pour ébranler
ce bienfait (la richesse et la stabilité, Ndt), que nous devons apprécier et
respecter, nous devons entretenir, et nous devons protéger sans précipitation,
sans faux nationalisme et sans ostentation inutile. Nous voulons que chacun
mette devant ses yeux la crainte du Seigneur, la reconnaissance qui lui est
due, et l’intérêt de la nation. C’est ce que nous voulons ».
Le souverain saoudien a dévoilé qu’il allait bientôt se
rendre aux Etats-Unis, mais il n’a pas précisé s’il allait aborder la crise
financière pendant cette visite. Il a déclaré : « Je me rends aux
Etats-Unis pour y participer au dialogue interreligieux en cours
actuellement ».
Crise ou complot ?
Les experts économiques sont d’accord que la cause
principale qui a déclenché l’actuelle crise financière est le fait que
plusieurs banques EU ont vendu des produits d’emprunt obligataire garantis par
les hypothèques des crédits immobiliers et des polices d’assurance, pour des
centaines de millions de dollars, à différentes banques partout dans le monde,
avant qu’on se rende compte que ces produits étaient sans valeur, ce qui a
provoqué la crise des crédits hypothécaires.
Mais quelques hommes politiques arabes
pensent qu’il se pourrait que la crise vise les investissements de quelques
états, ce qu’on appelle les « fonds souverains », dans les
institutions financières EU qui viennent de s’effondrer.
Ce groupe croit que la crise financière aux Etats-Unis, et
qui a entrainé la chute des bourses internationales, serait organisée dans le
cadre d’un plan occidental pour frapper les fortunes arabes pétrolières, et
pour mettre la main sur les profits gagnés par les Arabes aux dépens de
l’Occident sous forme des recettes pétrolières, suite à la hausse importante
des cours du pétrole récemment.
Les partisans de cet avis avancent pour
preuve deux rapports stratégiques EU publiés en juin 2008, soit avant la crise,
qui mettent en garde contre l’influence des fonds souverains arabes, contrôlés
principalement par l’argent du Golfe, le fruit du pétrole, sur l’économie EU et
occidentale.
Ces deux rapports mettent aussi en garde contre une future
réorientation du gouvernail de la politique internationale sous l’effet de
cette influence économique au service des intérêts arabes, si ces états
pétroliers le voulaient.
Le premier des deux rapports est celui de Richard Haass,
l’ex directeur de la planification au département d’état EU, et qui a été
publié dans le numéro de mai/juin du magazine Foreign Affairs (« The Age of Nonpolarity », Ndt). Dans cet
article, il parle de l’importance croissante de ces fonds et de leurs
possessions, ce qui leur permet de contrôler le système financier EU et de
devenir des moyens de pression politique.
L’autre rapport signé Daniel Drezner, professeur assistant
des politiques internationales à l’école Fletcher, université de Tufts aux
Etats-Unis, était publié dans le numéro mai/juin du magazine The American
sous le titre « The Sovereigns Are Coming ». Il y souligne
que le temps de la domination de ces fonds souverains s’approche (un tableau
fourni dans l’article donne un total de 1425 milliards de dollars pour
seulement l’Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et le Koweït. D’autres
avancent un chiffre entre 3000 et 4000 milliards de dollars pour les
pays arabes du Moyen Orient, voir « Le nouvel âge d’or des fonds souverains au Moyen Orient »,
Ndt).
Le nouvel « âge d'or » des fonds souverains au Moyen-Orient
C. À QUEL NIVEAU ESTIMER LES AVOIRS FINANCIERS ISSUS DE CES PÉTRODOLLARS ?
1. Un recensement délicat
Même si les fruits de la « rente pétrolière » sont inégalement répartis,
et fortement concentrés, il est indéniable que les pays du Golfe que votre
délégation a pu visiter disposent d'une manne financière considérable.
Le chiffrage du montant réel des pétrodollars est toutefois délicat en raison de
la confidentialité des montants et de l'existence d'une très grande
perméabilité entre les avoirs officiels, notamment détenus par les banques
centrales (environ le tiers du total des avoirs), et ceux détenus « à
titre privé » ou par des structures ad hoc (qui représentent les
deux-tiers).
A défaut de recensement précis, il s'agit donc davantage ici de donner des
ordres de grandeur les moins erronés possibles.
2. Des avoirs chiffrables en billions de dollars
A titre d'exemple, l'Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), établissement public
géré par le gouvernement fédéral des EAU et chargé d'investir une partie des
revenus du pétrole depuis sa création en 1976, disposait de 550 milliards de
dollars d'actifs à la fin de l'année 2006. Le FMI a très récemment estimé ses
avoirs à 875 milliards de dollars, plaçant l'ADIA au premier rang mondial
des fonds souverains. Ces chiffres ne sont cependant qu'une estimation, l'ADIA
ne publiant aucun compte.
En Arabie Saoudite, les réserves officielles de la banque centrale sont de
29 milliards de dollars et les avoirs officiels publics sont évalués
entre 200 à 250 milliards de dollars. Le chiffrage de l'ensemble des
avoirs (privés et publics) fait débat : la fourchette varierait entre
200 et 800 milliards de dollars pour certains interlocuteurs, ou entre
400 et 1.000 milliards de dollars selon d'autres.
S'agissant du Royaume de Bahreïn, le vice-ministre de l'économie, rencontré par votre
délégation, annonce 200 milliards de dollars d'actifs placés à l'étranger avec
l'objectif de les porter à 700 milliards de dollars d'ici 10 à 15 ans.
Les estimations réalisées par la Direction générale du trésor et de la politique
économique (DGTPE) avancent une fourchette entre 750 et
1.500 milliards de dollars d'avoirs pour la région globale. Selon certains
banquiers rencontrés à Manama, ce total serait de 3.000 à 4.000 milliards de
dollars.
La région du Moyen-Orient compte donc aujourd'hui parmi les plus dynamiques du
monde et se montre désireuse d'investir à l'extérieur. Sa capacité
d'investissement à l'étranger, déjà considérable (on l'estime à
100 milliards de dollars fin 2007), devrait continuer à augmenter dans les
10 prochaines années et s'orienter de plus en plus vers l'euro, l'Europe
pouvant représenter une alternative par rapport aux Etats-Unis, qui souffrent
d'un déficit d'image depuis la guerre en Irak.
Certaines extrapolations, reposant sur un rapport de l'Institute of international finance
(IIF)10(*), estiment que 57 % des capitaux des pays de CCEAG
investis à l'étranger le sont en Europe, 25 % en Amérique du Nord et 14 %
en Asie.
* 10 « Tracking GCC Petrodollars : how and where they are
being invested around the world ». Rapport de l'IIF (31 mai 2007).
Jeudi 30 Octobre 2008
iyad@tele2.fr