Appel à un nouvel ordre social mondial
Le néocapitalisme c’est comme le communisme. Un système voué à l’échec et dont les dérives ont entrainé leur chute. Les deux systèmes sont imposés par la force et, à mon sens aucun ne peut prétendre être un modèle de libéralisme.
Aujourd’hui, la crise est une crise de conscience. Il faut démystifier le capitalisme et se réapproprier le libéralisme. Nous sommes persuadés de vivre la victoire du libéralisme. Pourtant, le capitalisme qui nous gouverne est profondément antilibéral. Il suffit de regarder les grands principes économiques et les règles financières pour trouver des contradictions évidentes. Les situations permettant les conflits d’intérêts battent l’intérêt général autant que l’argent bat l’éthique. De grand scandale comme l’affaire Enron, WorldCom ou plus récemment le délit d’initié d’EADS, l’affaire Maddoff ou AIG ont montré qu’il ne faut pas laisser « la confiance » diriger le marché.
Et que fait l’Etat dans tout ça ? Il ne remplit plus son rôle. Alors qu’il est garant de la cohésion sociale, ses actions aggravent bien souvent les inégalités. L’acharnement des économistes « libéraux » à dénoncé l’intervention de l’Etat comme facteur systématique de dysfonctionnement n’est pas fondé. Il doit réguler et encadrer l’économie car le marché est loin d’être autorégulateur. Nous avons besoin de changement et je doute que celui sur lequel les politiciens d’aujourd’hui se font élire soit un changement où le vrai libéralisme primerait sur le capitalisme.
« Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience. »
Jean Jaurès
J’ai conscience que le capitalisme et la mondialisation tels qu’ils sont exercés ne doivent plus être acceptés. Voici mes raisons :
1. Un système imposé par la force ne peut être légitime.
Nul ne peut nier que le capitalisme est d’essence américaine.
Le néo capitalisme a été porté dès les années 1950 par son plus fervent défenseur Milton Friedman. A travers l’école de Chicago ou il enseignait, il s’est attaché à diffuser ce modèle au monde entier. A cette époque, il ne pouvait pas mettre en vigueur ces remèdes néolibéraux à l’économie américaine. Il a donc fallu trouver un « laboratoire » afin de tester ces théories révolutionnaires, qui apporteraient selon leurs dires, la prospérité économique. Résultat ? L’Amérique du Sud, qui à ce moment suivait le courant keynésien du développementarisme, fut choisit pour être le cobaye des théories libérales. Peu importe que leurs modèles fussent prometteurs et populaires, la stratégie du choc fut appliquée à merveilles. Ainsi, le 11 septembre 1973, Augusto Pinochet fut mis à la tête du Chili grâce à un coup d’état appuyé par les Américains. Pour ces derniers, le Chili d’Allende basculait dangereusement vers le communisme. Une fois au pouvoir, Pinochet se chargea d’instaurer la terreur que nous connaissons et ses conseillers économiques (tout droit sortit ou de l’école de Chicago ou de l’école chilienne en partenariat avec cette dernière) ont eu l’honneur de tester « les remèdes » néolibéraux : réduction des dépenses publiques et privatisation rapide, libéralisation des frontières et dérégulation. Le résultat ne se fit pas attendre et le Chili connut des heures bien sombres pendant une vingtaine d’années.
Lors de ces années, le Chili ne fut pas le seul laboratoire. Le Brésil, l’Argentine, le Honduras, la Bolivie ainsi que nombres d’autres pays étaient dans la même situation que le Chili. Répressions civiles sanguinaires et prise d’otage de l’économie afin d’enrichir les amis de Washington ou du pouvoir.
Je trouve qu’il est naïf de croire au capitalisme. Il s’est imposé par la force, au détriment des populations et de leurs droits. Pour apporter quoi ? Souvent plus de misère et d’inégalités. Il est naïf de croire que le capitalisme profite à tout le monde. Quand il a percé en Amérique du Sud, le but n’était pas que la privatisation et la dérégulation entraine une meilleure concurrence, avec pour finalité, un équilibre entre l’offre et la demande stable amenant des prix justes pour les consommateurs. Les entreprises furent bradées à des prix bien inférieurs à leurs valeurs à des amis du gouvernement. Les profits furent immédiats et spectaculaires au dépend des conditions de vie des populations. N’oublions pas qu’aujourd’hui la tendance est de faire le maximum de profit en un temps minimum.
L’instauration du capitalisme a été de pair avec la corruption et la propagande pour la plupart du temps. Pour exemple, le New York Times saluait le redressement économique du Chili alors même que l’inflation, le chômage et la précarité de ce pays atteignait des maximums. Milton Friedman reçu son prix Nobel d’économie la même année ou Amnesty Internationale gagna celui de la paix en dénonçant les atrocités commises au Chili. Malgré le fait que pour toute personne raisonnable, l’expérience chilienne montra que le totalitarisme et le capitalisme avaient été une association destructrice, elle ne reçut que des louanges pendant des années.
La méthode américaine ne changera que très peu ensuite pour imposer le capitalisme. En général, il y a plusieurs étapes mais toujours le même début : un choc suffisamment puissant pour permettre d’imposer une nouvelle vision économique. Ainsi, même l’ouragan Katrina peut être perçu pour les néo libéraux comme un choc, procurant une page blanche ou l’on peut réécrire l’histoire. Après son passage, les écoles détruites ont été reconstruites. Halliburton, très grand ami de Washington s’en chargea volontiers. Ensuite, elles furent privatisées, alors même que la population de la Nouvelle Orléans, déjà défavorisée sur le niveau de l’éducation, venait de tout perdre. Je vous laisse donc imaginer ce qu’il s’est passé économiquement après les ravages du tsunami.
Dans notre monde, n’importe quel évènement peut être vu comme potentiellement susceptible d’être un alibi, permettant au capitalisme de s’imposer. Pourquoi ? Car en situation normale, il est rare qu’une personne accepte d’elle-même un système qui réduira ses conditions de vie.
L’instauration de ce système a donc permit aux grands groupes industriels et aux gouvernements corrompus des profits extraordinaires et très rapides. Les peuples n’ont que trop peu profiter des bénéfices de la mondialisation et du capitalisme.
2. Le capitalisme et la mondialisation préserve la domination Nord/Sud.
Je pense que le FMI et la Banque Mondiale sont des instruments, à disposition des Etats-Unis notamment, qui permettent d’entretenir la supériorité des pays dit industrialisés. Ces organisations sont sensées apporter la stabilité monétaire et économique ainsi que la paix pour tous mais elles font bien souvent le contraire de ces missions. Combien de pays ont été appauvri par les politiques imposées de ces institutions ? Leur moyen : la dette. A travers leurs « remèdes » tout droit sortit des livres de Friedman, le « consensus de Washington » se résumait à privatisation, dérégulation et libéralisation. Ainsi, la plupart des pays qui ont suivit les mesures de ces institutions pour se voir accorder un prêt ont connu un résultat médiocre, les enfonçant un peu plus dans la pauvreté. Certaines de leurs réalisations ont parfois été positives bien sûr, mais elles se perdent au milieu de leurs promesses non tenues.
L’ajustement structurel n’a jamais donné les résultats escomptés si ceux-ci bien sûr était l’amélioration de l’économie. Je pense que si réellement, la Banque mondiale existait pour réduire la pauvreté, elle annulerait les dettes illégitimes de certains pays comme l’argentine par exemple. Pendant la dictature de la junte (1976-1983), la dette a été multipliée par cinq. Alors même que les pouvoirs en place se sont rendus coupable d’assassinats, de répression et surtout d’une grande corruption, la Banque mondiale n’a pas vu le besoin de limiter ou d’interdire ces prêts mais plutôt de les intensifier. Résultat ? La corruption a permit d’enrichir les pouvoirs en place et les entreprises amis de Washington (Ford …) et la dette est passée de millions de dollars à actuellement des milliards de dollars. Environ 12 milliards de dollars sont considérés comme étant illégitime selon le CADTM pour le seul cas du Chili de Pinochet. Les populations qui ont ainsi été assassinées, torturées et appauvries doivent quand même payer la dette illégitime, accumulée par leur gouvernement corrompu.
Ce schéma a aussi été appliqué en Indonésie pendant la période Suharto ou en Ethiopie et plus généralement dans beaucoup de pays à travers le monde.
Je vois le système de dette des pays du Sud comme de l’argent de poche confortable pour les institutions et créanciers du Nord qui par ce biais, offrent aux pays du nord un confortable moyen souterrain pour imposer une vision capitaliste et inégalitaire et surtout maintenir une forme de colonialisme plus cachée. Pour exemple, le FMI ne tient pas compte des particularités des pays avec qui il traite. Ainsi, les mêmes schémas et les mêmes mesures sont appliqués. De plus, même si les résultats économiques prouvent que le FMI s’est trompé dans ses « prescriptions », il n’en est que rarement tenu pour responsable. La situation économique s’aggrave mais tans pis, faut quand même payer. Les Pays en développement ont remboursé l’équivalent de 102 fois ce qu’ils devaient en 1970, mais entre temps leur dette a été multipliée par 48. Le FMI n’a aucune obligation de résultat et n’est pas responsable de ses actions. Voila pourquoi il demeure un outil très précieux. En effet, si les pays doivent rembourser les mensualités des prêts, et que celles-ci représentent une part importante du PIB national au vu de la dégradation économique du pays, les gouvernements ne seront pas en mesure de trouver suffisamment d’argent pour les avancées sociales. Ainsi, dans beaucoup de pays, le développement ne peut se faire tant que la dette continue d’être payée. Prenez par exemple le cameroun. La part du budget allouée aux services sociaux est de 4% du PIB alors que celle pour le remboursement de la dette est de 40% du PIB.
La gouvernance internationale doit être réformée. Bien qu’elles soient fondées sur le libéralisme, ces instances internationales anti-démocratiques privent les peuples de leur liberté. Et elles n’en assument aucunes responsabilités. Aujourd’hui, certaines immunités sont scandaleuses et c’est aussi un paramètre, qui montre que le capitalisme est insuffisant.
Dernière édition par tonino17 le 14/3/2009, 14:18, édité 1 fois