Récits de l'Evangile, direz-vous ? d'une antiquité révolue hors de toute réalité présente ? Croyez-vous? Philippe de Lyon était un Maître, certes, mais il était un homme, et ce qu'il demandait s'exauçait à sa demande – et d'autres le firent et le feront après lui selon la parole du Christ. Que ces choses-là déplaisent ou non, elles se renouvelleront, non dans le vacarme publicitaire et mondain, mais dans la modestie et l'humilité d'actes de foi. Même si les guérisons de Philippe défient la pensée et notre pauvre science orgueilleuse, elle touchèrent des centaines de personnes qui les vécurent jusque dans leur chair où la vie se remettait à couler. Les faits sont trop nombreux pour être rapportés :
C'est à ce pouvoir surnaturel-là que je pense en premier lorsque je contemple l'hystérie vaccinale actuelle et toute la trouille qui l'entoure...« C’était le ménage pauvre et touchant de l’employé, avec son décor banal de fausse aisance. La mère de la malade était là, sans plus de larmes, les traits figés dans une sorte d’hébétude. Elle dit à son gendre, d’une voix absente :
– Il est trop tard ; elle est morte.
Je me penchai sur le lit de la malade. Aucun bruit du cœur, aucun souffle ; le nez délicat s’était déjà aminci ; le visage avait recouvré ce calme immobile qui ne trompe point, un peu de chaleur persistait seule au creux de l’estomac ; mais le pauvre corps, si terriblement décharné avec, aux articulations, de gros renflements, semblait supplier qu’on le laissât désormais tranquille dans la ténèbre paisible du cercueil.
– Croyez-vous qu’elle soit morte ? dit tout à coup Monsieur Philippe. Et sa voix sonnait chantante dans le silence.
Je fis un geste d’affirmation.
– Vous l’aimez, n’est-ce pas ? vous avez des enfants ? demanda-t-il coup sur coup au mari. Et sans attendre la réponse, il continua :
– Si donc elle revient à la vie, si on la réveille tout à l’heure d’entre les morts, vous vous montrerez reconnaissant envers le Ciel, et vous resterez avec elle, vous ne la quitterez pas, ni de cœur ni de corps ?
Le pauvre homme, interloqué, n’osant comprendre, nous regardait sans pouvoir rien dire.
– Soyez calme, lui dit Monsieur Philippe, très doucement ; ne vous faites pas de chagrin, répondez-moi en conscience.
– Est-ce possible ? balbutiait le mari. Mais il ne se peut pas que vous vous moquiez… oui, si vous dites cela, elle peut revivre… je vous promet… Et il s’abattit tout secoué de sanglots, tandis que la vieille mère, effondrée, embrassait éperdument le corps déjà froid de sa fille.
Et Monsieur Philippe, s’approchant du cadavre, en prit les deux mains dans sa main gauche et, soulevant le tête inerte dans sa main droite, il lui dit tendrement, tout bas, à l’oreille – mais nous entendîmes tous – : Mon enfant, ma fille, viens, reviens, cela te sera compté ; ils ont besoin de toi !
Et, sans que nous ayons eu de frisson – c’était tout naturel, la morte devait ressusciter –, la femme ouvrit les yeux, se redressa, regarda la chambre.
– J’ai rêvé, soupira-t-elle.
Sa mère et son mari à genoux lui embrassaient les mains ; et elle, blottie sur la poitrine de M. Philippe, se prit à pleurer silencieusement.
– Allumez une seconde lampe, dit M. Philippe.
La mère se releva, chancelante, et revint avec une lampe que l’on disposa pour bien éclairer la malade.
Vous voyez, nous dit-il, elle reprend. – Et, en effet, au bout d’un quart d’heure, les chairs étaient un peu revenues autour des os ; la figure était plus pleine, plus colorée. Transporté de joie, le mari se jeta aux pieds de M. Philippe, mais celui-ci le releva comme j’aurais fait d’un enfant…
– Non, non, lui dit-il, c’est le Ciel qu’il faut remercier. Et il ajouta en faisant un pas en arrière :
– Souvenez-vous de ce que vous avez promis. Il y a un Livre où sont écrites des histoires de morts revenus à la vie ; faites ce qu’enseigne ce Livre. Allons, au revoir ! – Et, tout rayonnant d’affectueuse bonhomie, il embrassa la femme, la mère et le mari, et sortit avec moi. » (Une biographie, Sédir et Monsieur Philippe)