A l'instant un éléve (env . 18 ans) est venu me demander si il pouvait imprimé "un travail" sur mon PC, le CDI etant saturé.
Il s'agit d'un travail sur le Négationisme
et voila le résultat de son travail :
1 - Définition
Phénomène dont on a souvent tendance à restreindre la définition à la négation aveugle de la Shoa, le terme de "négationnisme" n'a cependant été popularisé que dans la période d'après-guerre pour contrer au nom que se donnaient les négationnistes à l'époque: " révisionnistes" (et qu'ils se donnent toujours, d'ailleurs). Malgré l'absurdité apparente (et effective) de l'idée et une importante régression des idéaux fascistes et antisémites dans les pays concernés, on a pu observer un développement de ce mouvement de l'après-guerre à aujourd'hui. A qui est-ce dû? De quelle manière est-il possible de rendre crédible de telles théories?
A- Plusieurs négationnismes?
On a constaté qu'avec le temps, les négationnistes se sont scindés en plusieurs mouvements aux méthodes et aux aspects différents. Parfois, ce fut dans un soucis d'aller avec les convictions de son époque, parfois simplement dans un soucis de crédibilité. Voici un résumé de ces différents procédés:
la rationalisation : l’universitaire négationniste pratique une critique extrême (hypercriticisme) des sources consistant à traquer la moindre contradiction dans les récits des témoins, la plus indicible erreur dans un document, la non fiabilité d’une source documentaire mineure. En contestant un aspect souvent secondaire, le négationniste prétend invalider l’ensemble des faits relatés, le document devenant, sous sa plume, un faux. Ainsi, il est celui qui rétablit la « vérité » historique. Dans le monde de la recherche négationniste, une obsession règne : tout ce qui
prouve le génocide doit être invalidé. A cette fin, en parfaite opposition avec la démarche historienne, on détourne le sens des documents afin de les rendre conforme à l’idée de départ : rechercher ce qui permet de nier le crime. Le chercheur négationniste se donne ainsi l’air de la rigueur scientifique en exigeant des preuves qu’il sait disparues ou impossibles à présenter, tel que l’ordre écrit et officiel d’exécution par les génocidaires. Pour les négationnistes, il est essentiel de démontrer que l’intention génocidaire n’a pas de réalité, que le contexte de « guerre totale » explique l’ampleur et la diversité des massacres mais que de génocide, c’est-à-dire une politique planifiée d’extermination d’un groupe cible spécifique, il n’a jamais été question.
la relativisation: conséquence du procédé de rationalisation, elle consiste à minimiser le nombre de victimes en manipulant les statistiques (sans les fausser, attention! Là est l'ambiguité), la principale méthode est de confondre les nombres de victimes du génocide et ceux de victimes de la guerre en général (le but étant ici de nier la Shoa, c'est-à-dire la volonté d'extermination systématique de la " race" juive).
La banalisation: Consistant à mettre dos à dos nazis et alliés en comparant le génocide des juifs avec les autres dégats dûs à la guerre tels que les bombardement alliés sur les civils ou bien l'usage de la bombe atomique, cette méthode n'est pas à proprement parler une négation mais plutôt une minimisation de la Shoa soutenant qu'il est injustifié de ne condamner que les nazis pour des crimes dont la barbarie a été largement égalée par les Alliés eux-mêmes. Bien sûr, la volonté d'extermination à tout prix est ici passée sous silence, dans la mesure où le but est de comparer les dégâts collatéraux (dus aux bombardements, par exemple) au meurtre méthodique et en série qu'est la Shoa.
Le retournement de l'accusation: Sans doute le procédé le plus pervers de tous, il consiste non plus à se défendre, mais à accuser le groupe cible du crime (ici, les juifs) de l'avoir inventé dans le but de servir leurs intérêt ou même provoqué (ici, il n'est même plus besoin de nier la faute, puisque la faute incombe à la victime). Ainsi, on retrouvera de nombreux cas dans lesquels on accusera " les juifs" d'avoir, par leurs actes d'insubordination envers l'état qui les abritait, provoqué une répression certes violente, mais légitime.
Dans d'autres, on assiste carrément à une plainte pour diffamation: la Shoa aurait été inventé dans un but de " victimisation" et d'en retirer un gain politique ( par exemple la création de l'état d'Israël).
La théorie antisémite du complot juif est au coeur de cet argumentaire.
L'anamorphose: Plus subtile que les autres, cette face du négationnisme a pour but de produire une image déformée du génocide en réorganisant les faits, par exemple en induisant la théorie que les " victimes" ne seraient pas mortes mais exilées dans d'autres pays et que la propagande seule serait responsable de " la falsification des statistiques" au sujet du nombre de victimes. Ici, on joue également sur l'improbabilité du moyen d'assassinat: les chambres à gaz qui n'auraient, selon un négationniste anonyme " pas pu servir à tuer des masses d'êtres humains". Enfin, les victimes sont travesties en manipulateurs profitant de leurs " décès" pour couvrir leurs actes criminels. Ainsi, le négationniste se fait prophète incompris porteur de vérité et luttant contre le mensonge, un procédé manichéen qui a pourtant fait ses preuves...
B - les grandes figures du Négationnismes
Il est intéressant de constater que les grands négationnistes sont, pour la plupart, non des partisans antisémites aveugles, mais bien souvent des intellectuels reconnus et, plus étonnant encore, aux idéaux pacifistes.
Ainsi, Maurice Bardèche (1907-1998), l'initiateur du mouvement même, était agrégé de lettre et enseignant à la Sorbonne, écrivain et intellectuel de renom, notamment connu pour sa biographie Balzac, romancier. Il prendra pourtant parti pour le faschisme et plaidera en faveur de l'Allemagne nazie lors des procès de Nuremberg dans son livre Nuremberg ou la Terre promise, il posera les premières pierres de ce que sera plus tard le négationnisme dans son plaidoyer selon lequel il n'est pas envisageable de réprimander l'Allemagne pour des crimes qu'elle a " peut-être" commis.
« Si la délégation française trouve des factures de gaz nocifs, elle se trompe dans la traduction et elle cite une phrase où l'on peut lire que ce gaz était destiné à “l'extermination”, alors que le texte allemand dit en réalité qu'il était destiné à “l'assainissement”, c'est-à-dire à la destruction des poux dont tous les internés se plaignaient en effet [...].[Ne] sommes-nous pas victimes d'une propagande dont les effets peuvent être un jour terriblement préjudiciables au peuple français ?» ( extrait de Nuremberg ou la terre promise)
On trouvera également des anciens déportés ayant basculé dans le négationnisme pour des raisons moins inexplicables qu'il n'y parait, à l'exemple de Paul Rassinier, instituteur aux idées pacifistes, lui aussi.
Arrêté par la Gestapo à la fin de l'année 1943. Il est torturé et déporté à Buchenwald puis à Dora. Dans Le Passage de la ligne, il a fait le récit de la vie dans les camps. Une enquête de Nadine Fresco auprès d'anciens déportés met en cause de nombreux points de description du récit de Rassinier, et de nombreux aspects de ses souvenirs laissent supposer qu'il a joui d'une situation relativement privilégiée par rapport à d'autres déportés. Après la guerre, il revient néanmoins très diminué physiquement et ne pourra plus reprendre son métier d'instituteur.
L'importance du rôle de Rassinier dans l'histoire du négationnisme tient au fait que, selon la formule de l'historien Pierre Vidal-Naquet, fervent adversaire du négationnisme, le « pont entre l'extrême droite et l' ultra-gauche » est consacré depuis le début des années 1960 lorsque Maurice Bardèche est devenu l'éditeur de Paul Rassinier. Rassinier est en outre le deuxième personnage à avoir structuré le discours négationniste en France après Maurice Bardèche.
On peut expliquer son passage au négationnisme par ses ambitions politiques: membre de plusieurs associations fascistes et anarchistes aux idées souvent antisémites, il mettra tout les moyens en oeuvre pour gagner en popularité auprès d'eux. De nombreux exemples démontreront les tendances mythomanes extrêmement prononcées de l'individu comme l'affaire dite "du semeur", journal communiste d'avant-guerre dont il prétendra avoir été rédacteur en chef, et de la plupart des épisodes de sa vie pendant la guerre où il mentit sur sa résistance ainsi que sur les conditions de sa déportation. Il finira d'ailleurs sa vie dans la schizophrénie et la mythomanie tandis que les négationnistes ne tarissent jamais d'éloges à propos de son honnêteté.
Robert Faurisson.professeur de lettres ayant le plus aidé à la dispersion d'ouvrage négationniste dans l'après-guerre grâce à la création d'un éditeur-libraire: " La vieille Taupe". Il se fait connaitre en 1979 par la publication d'une lettre où il avance qu'Hitler n'a jamais ordonné de meurtre raciaux ou idéologiques. « Jamais Hitler n'a ordonné (ni admis) que quiconque fût tué en raison de sa race ou de sa religion »
Faurisson est le messie auto-proclamé du négationnisme. Il est avant tout le spécialiste de l'hypercritique, de la citation hors contexte et de la falsification de citations, techniques que nous allons illustrer dans ces pages par quelques exemples. C'est la principale méthode de Faurisson: il rapporte de façon frauduleuse ce que les autres ont écrit afin de leur faire dire le contraire de ce qu'ils ont écrit. Faurisson fut professeur de lettres, mais n'est pas ni ne fut jamais historien, ni chimiste, ni géologue, ni juriste...
Il prononcera un discours négationniste à Téhéran et sera traduit en justice pour " négation de crime contre l'humanité".
On retrouvera également des anciens serviteurs du IIIe reich, à l'instar de Johann Von Leers à qui on attribue la citation « Ce que j’aimais chez Hitler, c’est qu’il a combattu les Juifs et qu’il en a tué tellement... » , par cette seule phrase, on peut comprendre la volonté de nuire de l'individu. Cependant, il importe de compter avec toute la perversion de cet homme qui fut un des propagandiste les plus vicieux mis au service de Goebbels. Egalement membre du parti nazi et de la SS, Von Leers était affecté à la propagande antisémite dans laquelle " il excellait". Il avait été le protégé de l'idéologue nazi Alfred Rosenberg. Avant même la guerre, on le voyait publier un ouvrage repertoriant des photos de juifs connus (parmi eux était Einstein) avec la mention " pas encore pendus", il décrivit également les juifs comme héréditairement criminels dans son ouvrage La nature criminelle des juifs.
Après la guerre, il n'abandonnera pas ses tendances antisémites, mais les exprimeras par L'antisionisme plutôt que par le nazisme pur. Ainsi, il se réfugiera d'abord en Argentine où il créera Der Weg, une revue de propagande nazie, puis partira pour l'Egypte où il sera très bien accueilli par le Mufti Hadj Amin Al-Housayni qui déclarera dans son discours de bienvenue: « Nous vous remercions d’être venu jusqu’ici reprendre le combat contre les puissances des ténèbres incarnées par la juiverie mondiale ».
D'ici, il commencera à tisser une toile antisioniste, en traduisant Mein Kampf et Le protocole des sages de Scion en Arabe. Il occupera, durant son séjour, de nombreux postes importants au sein de la République Arabe Unie (RAU). Il sera notamment chef de la section “Etranger” de la “Direction nationale de l’information” (de fait, le ministère de la Propagande).
Il publiera notamment de multiples traductions en Arabes des livres de Rassinier dans tout le Moyen-Orient comme Le drame des juifs Européens.
2- le négationnisme à travers les âges
Le terme même de " négationnisme" est né en 1987 sous la plume de Henry Rousso dans son ouvrage le syndrome de Vichy, utilisé pour opérer une séparation entre les " négationnistes" nouvellement désignés et les " révisionnistes" qu'ils prétendaient être, le révisionnisme étant un mouvement de remise en question historique plus global (et souvent beaucoup plus pertinent et méthodique). Ce mot, équivalent du Denial anglais, met en relief la mauvaise foi contenue dans le credo négationniste aux yeux de Rousso.
Pourtant, même le si le terme même de " révisionniste" n'était encore utilisé que depuis les années 70, le mouvement de négation remonte à la fin même de la guerre. Dès 1948, Maurice Bardèche (voir le 1-B) prétend que la Shoa n'est qu'un complot Américano-Sioniste orchestré dans le but de créer l'état d'Israël. Il accuse l'URSS d'être le seul génocidaire et de faire porter le chapeau à l'Allemagne, il éditera une revue mensuelle: défense de l'Occident, où l'antisémitisme se mue peu à peu, pour ne pas choquer l'opinion, en l'antisionisme. ( voir protocole des Sages de Sion, document annexe.)
En 1950, l'ancien député socialiste Paul Rassinier qui remet en cause les chiffres même du génocide dans le mensonge d'Ulysse, il devient une référence des mouvements anarchistes et extrême-droite.
En 1965, la librairie de La vieille Taupe est créée par le militant gauchiste Pierre Guillaume, elle alimentera les bibliographies négationnistes en publiant de nombreux ouvrages, notamment ceux de Robert Faurisson. Ce dernier permet au mouvement négationniste de remporter sa première grande " victoire" en publiant dans Le Monde ses théories sur l'inexistance des chambres à gaz. Bien que les réponses d'historiens ne manquent pas, "le mal est fait" comme le dit Pierre Vidal-Naquet, et un débat est ouvert sur un sujet qui n'aurait jamais dû être sujet à controverse: " les chambres à gaz ont-elles ou non existé?"
En 1980, Serge thion reprend la tête du courant négationniste pour servir ses idéaux d'ultra-gauche. Reprenant les arguments de Faurisson, il prétendra que les chambres à gaz sont une imposture mise en place par les capitalistes dans le but d'exploiter les masses ouvrières. On assiste en parallèle à une suivie de ce courant par Noam Chomsky, négationniste déjà connu, non seulement concernant la Shoa, mais aussi le Génocide Cambodgien.
Les années 80 vont également être marquante: Faurisson et Arthur Butz créent ensemble, en 1979, The Institute For Historical Review (L'Institut pour la Revue Historique), on assiste ainsi à une structuration concrète du réseau négationniste. Structuration qui ira en se développant avec le développement d'internet dans les années 1990.
Ainsi dotés d'un début d'officialisation, les négationnistes vont commencer à prendre de l'importance, dans les années 70 à 90, leurs efforts se concentreront sur le monde arabo-musulman et principalement les pays Autocratique comme la Palestine où, toute la haine étant dirigée vers Israël, il est facile de faire passer une idée antisémite. Cette campagne de propagation s'accompagnera d'une infiltration des milieu universitaire, sans doute dans le but de gagner en popularité et surtout en crédibilité: on notera par exemple une incursion de la GRECE à l'université de Lyon III.
Dans la décennie 1980-1990, on assistera à une spectaculaire hausse des thèses négationnistes soutenues dans les milieu universitaires. Pour y remédier, la législation Gayssot est adopté. Elle consiste en l'interdiction d'expression publique de discours négationniste. Il est toutefois rappelé que cette interdiction ne concerne que la négation de la Shoah.
En 1995, Roger Garaudy publie Les mythes fondateurs de la politique Israëlienne . L'ouvrage est interdit en France, mais sera un best-seller dans le monde musulman et de nombreux exemplaires ont circulés sous le manteau. Aujourd'hui encore, on peut trouver l'ouvrage dans des librairies d'extrêmes-droite ou librairies Islamistes (plus rarement) en France.
3- Modification de la réalité
Même si il est clair que seule une minorité (extrême-droite, antisémite, néo-nazi) croit aux théories négationnistes, cela constitue déjà un phénomène d'une étrangeté peu commune: une minorité considère comme acquis un ensemble de faits que la masse nie.
Même si les pays aux tendances plus pacifiques que belliqueuses (tout est relatif) ne sont que peu réceptifs aux messages de négation, il en va bien autrement pour les Autocraties ou bien pays musulmans fanatisés et aux idées antisémites déjà bien ancrée dans les consciences ( la Palestine, par exemple). C'est dans ces pays-là qu'il est très facile de faire passer un discours apologique sur le nazisme. On remarque de toute façon que, de manière générale, la manipulation de l'information (et donc des consciences) est bien plus aisée à l'intérieur d'un régime dictatorial où tout est contrôlé que dans un pays démocratique où la presse est libre.
Au-delà de l'antisémitisme, cependant, Il existe une foule de négationnismes différents. Au moment de l'après-guerre, la population était déstabilisée et les consciences flexibles, faciles à manipuler. C'est sans doute ce qui a conduit au florissement des mouvements négationnistes et même à des variantes: négation du génocide Arménien, Cambodgien et même des exterminations opérées pendant la colonisation. Certains sont peut-être même plus dangereux que la négation de la Shoah dans la mesure où, l'évènement nié ayant été moins médiatisé ou moins enseigné, sa négation parait moins grotesque à l''individu.
Ainsi, de nombreux évènements dérangeants pour tel ou telle idéologie sont aujourd'hui remis en question par des groupuscules, souvent extrêmistes, et soumis aux examens d'intellectuels négationnistes. Car il en existe encore, bien qu'ayant appris que la discrétion pouvait leur sauver la vie et surtout sauvegarder leur crédibilité qu'ils perdrait à coup sûr en se révélant, cependant la bête n'est pas morte et ne le sera sans doute jamais.
Malgré tout, le négationnisme est, au temps de l'image, d'internet et de la surinformation, une manipulation de l'information extrêmement grossière et peu dangereuse pour qui s'informe ou cherche en profondeur, puisqu'il consiste principalement en la falsification de document. La plupart de ces documents étant rendus publics et facilement consultables sur internet, l'arnaque se découvre facilement. Ainsi, s'ils ont pu causer un certains dommage aux consciences pendant l'après-guerre, les négationnistes n'ont plus guerre aujourd'hui que les pays déjà extrêmement antisémites pour diffuser leurs idées, cependant il faut savoir que le danger n'a pas complètement disparu!
Bien au contraire, il est très probable que le négationnisme aille croissant au fur et à mesure que l'on s'éloignera du temps de la deuxième guerre mondiale et de la Shoah. Non pas à cause d'une quelconque hausse des activités négationnistes qui, selon toute vraisemblance, iront en s'amenuisant, mais plutôt par désinformation, justement: plus personne n'y pensera. Aux yeux du monde, l'évènement deviendra de plus en plus insensé, de plus en plus grotesque jusqu'à devenir lointain, iréel. Espérons qu'alors, les historiens, eux, n'auront pas oublié, car le temps lui-même pourrait aider à détruire une réalité qui a, en son propre temps, pesé son poids.
Sources:
- Site internet de la LICRA ( Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme)
- Wikipédia
- site internet: Pratique de l'Histoire et Dévoiements Négationnistes " phdn.org"
En complement il a aussi imprimé ceci :
Les Protocoles des sages de Sion
A – Qu'est ce que c'est ?
Les Protocoles des Sages de Sion, qui sont parfois surtitrés Programme juif de conquête du monde sont des faux documents, présentés sous forme d’un compte-rendu d’une vingtaine de réunions d'une société de sages juifs et ayant pour but de faire main basse sur le monde. Élaboré à la fin du XIXe siècle par un faussaire Russe, Mathieu Golovinski, ce texte inspiré du Dialogue entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly (un pamphlet satirique décrivant un plan de conquête du monde par Napoléon III) ne devait pas, au départ être amplement diffusé comme il l'a été. En effet, les Protocoles ont étés commandés simplement pour être lus par le tsar de la Russie de l'époque, Nicolas II, afin que celui-ci ne se montre pas trop bienveillant envers lui juifs par rapport à son prédécésseur, dont la politique à l'égard des juifs était « un tiers se convertira, un tiers émigrera, et un tiers périra ».
On dit d’ailleurs que les modifications étaient si minimes qu’en remplaçant « les juifs » par « Napoléon », on retrouve quasiment la même œuvre. Il fut créé à la demande de la Police Secrète du Tsar et du Tsar Nicolas II de Russie lui-même qui, bien qu'antisémite, refusa de l’utiliser en tant qu’instrument de propagande, l’estimant trop peu crédible. Le texte devint cependant très vite un classique de l’antisémitisme et fut notamment reprit par Adolf Hitler comme phare de sa propagande.
Bien qu’il ne subsiste aujourd’hui plus aucun doute sur la nature ou la falsification du document, et ce depuis la découverte du faussaire en 1999, certains courants antisémites ou nazis continuent de le citer comme preuve irréfutable d’un complot juif.
B - Le sionisme à travers les âges
C - Dramatis personae
Matvei Vasilyevich Golovinski (Mathieu Golovinski) : Il fut à la solde des services secrets russes de l'époque du tsar Nicolas II (l'Okhrana), jouant le rôle d'agent provocateur (ce qui signifie qu'il infiltrait les partis ennemis et les poussait à la faute). Il vécut toute sa vie dans la malhonnêteté. Tout d'abord avocat, il est radié pour détournement de fonds. Il va alors à Paris, chargé d'influencer l'opinion en faveur de la politique russe en écrivant des articles dans les journaux, sous prétexte d'études de médecine.
A ce moment là, on lui demande d'écrire un faux document qui pourrait prouver un complot juif et franc-maçon. Ni une ni deux, le jeune Golovinski déniche un pamphlet oublié de Maurice Joly, le recopie en remplaçant « Napoléon III » par « les juifs », et passe à autre chose, ce texte n'étant qu'une commande parmi toutes celles qu'on lui passe.
Enfin, il rentrera en Russie, intégrant différents ministères, pour finalement se rallier au Bolchévisme en 1917, en tant que médecin (il a falsifié son diplôme et prétend l'avoir obtenu à Paris).
Mikhail Lépekhine : Ce dernier n'est pas un acteur ayant participé à l'élaboration, de quelque manière que ce soit, des Protocoles, et n'a pas plus cherché à les diffuser. Néanmoins, étant celui qui a mis à jour leur faussaire, il mérite d'être cité ici.
C'est un historien de la littérature russe, et ancien conservateur des archives de l'Institut de littérature russe ainsi que chercheur en histoire des imprimés de la bibliothèque de l'Académie des sciences de Russie à Saint-Pétersbourg.
Principalement spécialiste des publicistes russes de la fin du XIXème siècle, son nom est surtout rattaché, en France en tout cas, à la découverte du nom de Matvei Vasilyevich Golovinski et au lien de celui-ci avec les Protocoles dans des archives de l'URSS. La découverte fut rendue publique en 1999, soit 97 ans après l'écriture d'un des faux les plus célèbres de l'histoire.
Il s'agit d'un travail sur le Négationisme
et voila le résultat de son travail :
1 - Définition
Phénomène dont on a souvent tendance à restreindre la définition à la négation aveugle de la Shoa, le terme de "négationnisme" n'a cependant été popularisé que dans la période d'après-guerre pour contrer au nom que se donnaient les négationnistes à l'époque: " révisionnistes" (et qu'ils se donnent toujours, d'ailleurs). Malgré l'absurdité apparente (et effective) de l'idée et une importante régression des idéaux fascistes et antisémites dans les pays concernés, on a pu observer un développement de ce mouvement de l'après-guerre à aujourd'hui. A qui est-ce dû? De quelle manière est-il possible de rendre crédible de telles théories?
A- Plusieurs négationnismes?
On a constaté qu'avec le temps, les négationnistes se sont scindés en plusieurs mouvements aux méthodes et aux aspects différents. Parfois, ce fut dans un soucis d'aller avec les convictions de son époque, parfois simplement dans un soucis de crédibilité. Voici un résumé de ces différents procédés:
la rationalisation : l’universitaire négationniste pratique une critique extrême (hypercriticisme) des sources consistant à traquer la moindre contradiction dans les récits des témoins, la plus indicible erreur dans un document, la non fiabilité d’une source documentaire mineure. En contestant un aspect souvent secondaire, le négationniste prétend invalider l’ensemble des faits relatés, le document devenant, sous sa plume, un faux. Ainsi, il est celui qui rétablit la « vérité » historique. Dans le monde de la recherche négationniste, une obsession règne : tout ce qui
prouve le génocide doit être invalidé. A cette fin, en parfaite opposition avec la démarche historienne, on détourne le sens des documents afin de les rendre conforme à l’idée de départ : rechercher ce qui permet de nier le crime. Le chercheur négationniste se donne ainsi l’air de la rigueur scientifique en exigeant des preuves qu’il sait disparues ou impossibles à présenter, tel que l’ordre écrit et officiel d’exécution par les génocidaires. Pour les négationnistes, il est essentiel de démontrer que l’intention génocidaire n’a pas de réalité, que le contexte de « guerre totale » explique l’ampleur et la diversité des massacres mais que de génocide, c’est-à-dire une politique planifiée d’extermination d’un groupe cible spécifique, il n’a jamais été question.
la relativisation: conséquence du procédé de rationalisation, elle consiste à minimiser le nombre de victimes en manipulant les statistiques (sans les fausser, attention! Là est l'ambiguité), la principale méthode est de confondre les nombres de victimes du génocide et ceux de victimes de la guerre en général (le but étant ici de nier la Shoa, c'est-à-dire la volonté d'extermination systématique de la " race" juive).
La banalisation: Consistant à mettre dos à dos nazis et alliés en comparant le génocide des juifs avec les autres dégats dûs à la guerre tels que les bombardement alliés sur les civils ou bien l'usage de la bombe atomique, cette méthode n'est pas à proprement parler une négation mais plutôt une minimisation de la Shoa soutenant qu'il est injustifié de ne condamner que les nazis pour des crimes dont la barbarie a été largement égalée par les Alliés eux-mêmes. Bien sûr, la volonté d'extermination à tout prix est ici passée sous silence, dans la mesure où le but est de comparer les dégâts collatéraux (dus aux bombardements, par exemple) au meurtre méthodique et en série qu'est la Shoa.
Le retournement de l'accusation: Sans doute le procédé le plus pervers de tous, il consiste non plus à se défendre, mais à accuser le groupe cible du crime (ici, les juifs) de l'avoir inventé dans le but de servir leurs intérêt ou même provoqué (ici, il n'est même plus besoin de nier la faute, puisque la faute incombe à la victime). Ainsi, on retrouvera de nombreux cas dans lesquels on accusera " les juifs" d'avoir, par leurs actes d'insubordination envers l'état qui les abritait, provoqué une répression certes violente, mais légitime.
Dans d'autres, on assiste carrément à une plainte pour diffamation: la Shoa aurait été inventé dans un but de " victimisation" et d'en retirer un gain politique ( par exemple la création de l'état d'Israël).
La théorie antisémite du complot juif est au coeur de cet argumentaire.
L'anamorphose: Plus subtile que les autres, cette face du négationnisme a pour but de produire une image déformée du génocide en réorganisant les faits, par exemple en induisant la théorie que les " victimes" ne seraient pas mortes mais exilées dans d'autres pays et que la propagande seule serait responsable de " la falsification des statistiques" au sujet du nombre de victimes. Ici, on joue également sur l'improbabilité du moyen d'assassinat: les chambres à gaz qui n'auraient, selon un négationniste anonyme " pas pu servir à tuer des masses d'êtres humains". Enfin, les victimes sont travesties en manipulateurs profitant de leurs " décès" pour couvrir leurs actes criminels. Ainsi, le négationniste se fait prophète incompris porteur de vérité et luttant contre le mensonge, un procédé manichéen qui a pourtant fait ses preuves...
B - les grandes figures du Négationnismes
Il est intéressant de constater que les grands négationnistes sont, pour la plupart, non des partisans antisémites aveugles, mais bien souvent des intellectuels reconnus et, plus étonnant encore, aux idéaux pacifistes.
Ainsi, Maurice Bardèche (1907-1998), l'initiateur du mouvement même, était agrégé de lettre et enseignant à la Sorbonne, écrivain et intellectuel de renom, notamment connu pour sa biographie Balzac, romancier. Il prendra pourtant parti pour le faschisme et plaidera en faveur de l'Allemagne nazie lors des procès de Nuremberg dans son livre Nuremberg ou la Terre promise, il posera les premières pierres de ce que sera plus tard le négationnisme dans son plaidoyer selon lequel il n'est pas envisageable de réprimander l'Allemagne pour des crimes qu'elle a " peut-être" commis.
« Si la délégation française trouve des factures de gaz nocifs, elle se trompe dans la traduction et elle cite une phrase où l'on peut lire que ce gaz était destiné à “l'extermination”, alors que le texte allemand dit en réalité qu'il était destiné à “l'assainissement”, c'est-à-dire à la destruction des poux dont tous les internés se plaignaient en effet [...].[Ne] sommes-nous pas victimes d'une propagande dont les effets peuvent être un jour terriblement préjudiciables au peuple français ?» ( extrait de Nuremberg ou la terre promise)
On trouvera également des anciens déportés ayant basculé dans le négationnisme pour des raisons moins inexplicables qu'il n'y parait, à l'exemple de Paul Rassinier, instituteur aux idées pacifistes, lui aussi.
Arrêté par la Gestapo à la fin de l'année 1943. Il est torturé et déporté à Buchenwald puis à Dora. Dans Le Passage de la ligne, il a fait le récit de la vie dans les camps. Une enquête de Nadine Fresco auprès d'anciens déportés met en cause de nombreux points de description du récit de Rassinier, et de nombreux aspects de ses souvenirs laissent supposer qu'il a joui d'une situation relativement privilégiée par rapport à d'autres déportés. Après la guerre, il revient néanmoins très diminué physiquement et ne pourra plus reprendre son métier d'instituteur.
L'importance du rôle de Rassinier dans l'histoire du négationnisme tient au fait que, selon la formule de l'historien Pierre Vidal-Naquet, fervent adversaire du négationnisme, le « pont entre l'extrême droite et l' ultra-gauche » est consacré depuis le début des années 1960 lorsque Maurice Bardèche est devenu l'éditeur de Paul Rassinier. Rassinier est en outre le deuxième personnage à avoir structuré le discours négationniste en France après Maurice Bardèche.
On peut expliquer son passage au négationnisme par ses ambitions politiques: membre de plusieurs associations fascistes et anarchistes aux idées souvent antisémites, il mettra tout les moyens en oeuvre pour gagner en popularité auprès d'eux. De nombreux exemples démontreront les tendances mythomanes extrêmement prononcées de l'individu comme l'affaire dite "du semeur", journal communiste d'avant-guerre dont il prétendra avoir été rédacteur en chef, et de la plupart des épisodes de sa vie pendant la guerre où il mentit sur sa résistance ainsi que sur les conditions de sa déportation. Il finira d'ailleurs sa vie dans la schizophrénie et la mythomanie tandis que les négationnistes ne tarissent jamais d'éloges à propos de son honnêteté.
Robert Faurisson.professeur de lettres ayant le plus aidé à la dispersion d'ouvrage négationniste dans l'après-guerre grâce à la création d'un éditeur-libraire: " La vieille Taupe". Il se fait connaitre en 1979 par la publication d'une lettre où il avance qu'Hitler n'a jamais ordonné de meurtre raciaux ou idéologiques. « Jamais Hitler n'a ordonné (ni admis) que quiconque fût tué en raison de sa race ou de sa religion »
Faurisson est le messie auto-proclamé du négationnisme. Il est avant tout le spécialiste de l'hypercritique, de la citation hors contexte et de la falsification de citations, techniques que nous allons illustrer dans ces pages par quelques exemples. C'est la principale méthode de Faurisson: il rapporte de façon frauduleuse ce que les autres ont écrit afin de leur faire dire le contraire de ce qu'ils ont écrit. Faurisson fut professeur de lettres, mais n'est pas ni ne fut jamais historien, ni chimiste, ni géologue, ni juriste...
Il prononcera un discours négationniste à Téhéran et sera traduit en justice pour " négation de crime contre l'humanité".
On retrouvera également des anciens serviteurs du IIIe reich, à l'instar de Johann Von Leers à qui on attribue la citation « Ce que j’aimais chez Hitler, c’est qu’il a combattu les Juifs et qu’il en a tué tellement... » , par cette seule phrase, on peut comprendre la volonté de nuire de l'individu. Cependant, il importe de compter avec toute la perversion de cet homme qui fut un des propagandiste les plus vicieux mis au service de Goebbels. Egalement membre du parti nazi et de la SS, Von Leers était affecté à la propagande antisémite dans laquelle " il excellait". Il avait été le protégé de l'idéologue nazi Alfred Rosenberg. Avant même la guerre, on le voyait publier un ouvrage repertoriant des photos de juifs connus (parmi eux était Einstein) avec la mention " pas encore pendus", il décrivit également les juifs comme héréditairement criminels dans son ouvrage La nature criminelle des juifs.
Après la guerre, il n'abandonnera pas ses tendances antisémites, mais les exprimeras par L'antisionisme plutôt que par le nazisme pur. Ainsi, il se réfugiera d'abord en Argentine où il créera Der Weg, une revue de propagande nazie, puis partira pour l'Egypte où il sera très bien accueilli par le Mufti Hadj Amin Al-Housayni qui déclarera dans son discours de bienvenue: « Nous vous remercions d’être venu jusqu’ici reprendre le combat contre les puissances des ténèbres incarnées par la juiverie mondiale ».
D'ici, il commencera à tisser une toile antisioniste, en traduisant Mein Kampf et Le protocole des sages de Scion en Arabe. Il occupera, durant son séjour, de nombreux postes importants au sein de la République Arabe Unie (RAU). Il sera notamment chef de la section “Etranger” de la “Direction nationale de l’information” (de fait, le ministère de la Propagande).
Il publiera notamment de multiples traductions en Arabes des livres de Rassinier dans tout le Moyen-Orient comme Le drame des juifs Européens.
2- le négationnisme à travers les âges
Le terme même de " négationnisme" est né en 1987 sous la plume de Henry Rousso dans son ouvrage le syndrome de Vichy, utilisé pour opérer une séparation entre les " négationnistes" nouvellement désignés et les " révisionnistes" qu'ils prétendaient être, le révisionnisme étant un mouvement de remise en question historique plus global (et souvent beaucoup plus pertinent et méthodique). Ce mot, équivalent du Denial anglais, met en relief la mauvaise foi contenue dans le credo négationniste aux yeux de Rousso.
Pourtant, même le si le terme même de " révisionniste" n'était encore utilisé que depuis les années 70, le mouvement de négation remonte à la fin même de la guerre. Dès 1948, Maurice Bardèche (voir le 1-B) prétend que la Shoa n'est qu'un complot Américano-Sioniste orchestré dans le but de créer l'état d'Israël. Il accuse l'URSS d'être le seul génocidaire et de faire porter le chapeau à l'Allemagne, il éditera une revue mensuelle: défense de l'Occident, où l'antisémitisme se mue peu à peu, pour ne pas choquer l'opinion, en l'antisionisme. ( voir protocole des Sages de Sion, document annexe.)
En 1950, l'ancien député socialiste Paul Rassinier qui remet en cause les chiffres même du génocide dans le mensonge d'Ulysse, il devient une référence des mouvements anarchistes et extrême-droite.
En 1965, la librairie de La vieille Taupe est créée par le militant gauchiste Pierre Guillaume, elle alimentera les bibliographies négationnistes en publiant de nombreux ouvrages, notamment ceux de Robert Faurisson. Ce dernier permet au mouvement négationniste de remporter sa première grande " victoire" en publiant dans Le Monde ses théories sur l'inexistance des chambres à gaz. Bien que les réponses d'historiens ne manquent pas, "le mal est fait" comme le dit Pierre Vidal-Naquet, et un débat est ouvert sur un sujet qui n'aurait jamais dû être sujet à controverse: " les chambres à gaz ont-elles ou non existé?"
En 1980, Serge thion reprend la tête du courant négationniste pour servir ses idéaux d'ultra-gauche. Reprenant les arguments de Faurisson, il prétendra que les chambres à gaz sont une imposture mise en place par les capitalistes dans le but d'exploiter les masses ouvrières. On assiste en parallèle à une suivie de ce courant par Noam Chomsky, négationniste déjà connu, non seulement concernant la Shoa, mais aussi le Génocide Cambodgien.
Les années 80 vont également être marquante: Faurisson et Arthur Butz créent ensemble, en 1979, The Institute For Historical Review (L'Institut pour la Revue Historique), on assiste ainsi à une structuration concrète du réseau négationniste. Structuration qui ira en se développant avec le développement d'internet dans les années 1990.
Ainsi dotés d'un début d'officialisation, les négationnistes vont commencer à prendre de l'importance, dans les années 70 à 90, leurs efforts se concentreront sur le monde arabo-musulman et principalement les pays Autocratique comme la Palestine où, toute la haine étant dirigée vers Israël, il est facile de faire passer une idée antisémite. Cette campagne de propagation s'accompagnera d'une infiltration des milieu universitaire, sans doute dans le but de gagner en popularité et surtout en crédibilité: on notera par exemple une incursion de la GRECE à l'université de Lyon III.
Dans la décennie 1980-1990, on assistera à une spectaculaire hausse des thèses négationnistes soutenues dans les milieu universitaires. Pour y remédier, la législation Gayssot est adopté. Elle consiste en l'interdiction d'expression publique de discours négationniste. Il est toutefois rappelé que cette interdiction ne concerne que la négation de la Shoah.
En 1995, Roger Garaudy publie Les mythes fondateurs de la politique Israëlienne . L'ouvrage est interdit en France, mais sera un best-seller dans le monde musulman et de nombreux exemplaires ont circulés sous le manteau. Aujourd'hui encore, on peut trouver l'ouvrage dans des librairies d'extrêmes-droite ou librairies Islamistes (plus rarement) en France.
3- Modification de la réalité
Même si il est clair que seule une minorité (extrême-droite, antisémite, néo-nazi) croit aux théories négationnistes, cela constitue déjà un phénomène d'une étrangeté peu commune: une minorité considère comme acquis un ensemble de faits que la masse nie.
Même si les pays aux tendances plus pacifiques que belliqueuses (tout est relatif) ne sont que peu réceptifs aux messages de négation, il en va bien autrement pour les Autocraties ou bien pays musulmans fanatisés et aux idées antisémites déjà bien ancrée dans les consciences ( la Palestine, par exemple). C'est dans ces pays-là qu'il est très facile de faire passer un discours apologique sur le nazisme. On remarque de toute façon que, de manière générale, la manipulation de l'information (et donc des consciences) est bien plus aisée à l'intérieur d'un régime dictatorial où tout est contrôlé que dans un pays démocratique où la presse est libre.
Au-delà de l'antisémitisme, cependant, Il existe une foule de négationnismes différents. Au moment de l'après-guerre, la population était déstabilisée et les consciences flexibles, faciles à manipuler. C'est sans doute ce qui a conduit au florissement des mouvements négationnistes et même à des variantes: négation du génocide Arménien, Cambodgien et même des exterminations opérées pendant la colonisation. Certains sont peut-être même plus dangereux que la négation de la Shoah dans la mesure où, l'évènement nié ayant été moins médiatisé ou moins enseigné, sa négation parait moins grotesque à l''individu.
Ainsi, de nombreux évènements dérangeants pour tel ou telle idéologie sont aujourd'hui remis en question par des groupuscules, souvent extrêmistes, et soumis aux examens d'intellectuels négationnistes. Car il en existe encore, bien qu'ayant appris que la discrétion pouvait leur sauver la vie et surtout sauvegarder leur crédibilité qu'ils perdrait à coup sûr en se révélant, cependant la bête n'est pas morte et ne le sera sans doute jamais.
Malgré tout, le négationnisme est, au temps de l'image, d'internet et de la surinformation, une manipulation de l'information extrêmement grossière et peu dangereuse pour qui s'informe ou cherche en profondeur, puisqu'il consiste principalement en la falsification de document. La plupart de ces documents étant rendus publics et facilement consultables sur internet, l'arnaque se découvre facilement. Ainsi, s'ils ont pu causer un certains dommage aux consciences pendant l'après-guerre, les négationnistes n'ont plus guerre aujourd'hui que les pays déjà extrêmement antisémites pour diffuser leurs idées, cependant il faut savoir que le danger n'a pas complètement disparu!
Bien au contraire, il est très probable que le négationnisme aille croissant au fur et à mesure que l'on s'éloignera du temps de la deuxième guerre mondiale et de la Shoah. Non pas à cause d'une quelconque hausse des activités négationnistes qui, selon toute vraisemblance, iront en s'amenuisant, mais plutôt par désinformation, justement: plus personne n'y pensera. Aux yeux du monde, l'évènement deviendra de plus en plus insensé, de plus en plus grotesque jusqu'à devenir lointain, iréel. Espérons qu'alors, les historiens, eux, n'auront pas oublié, car le temps lui-même pourrait aider à détruire une réalité qui a, en son propre temps, pesé son poids.
Sources:
- Site internet de la LICRA ( Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme)
- Wikipédia
- site internet: Pratique de l'Histoire et Dévoiements Négationnistes " phdn.org"
En complement il a aussi imprimé ceci :
Les Protocoles des sages de Sion
A – Qu'est ce que c'est ?
Les Protocoles des Sages de Sion, qui sont parfois surtitrés Programme juif de conquête du monde sont des faux documents, présentés sous forme d’un compte-rendu d’une vingtaine de réunions d'une société de sages juifs et ayant pour but de faire main basse sur le monde. Élaboré à la fin du XIXe siècle par un faussaire Russe, Mathieu Golovinski, ce texte inspiré du Dialogue entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly (un pamphlet satirique décrivant un plan de conquête du monde par Napoléon III) ne devait pas, au départ être amplement diffusé comme il l'a été. En effet, les Protocoles ont étés commandés simplement pour être lus par le tsar de la Russie de l'époque, Nicolas II, afin que celui-ci ne se montre pas trop bienveillant envers lui juifs par rapport à son prédécésseur, dont la politique à l'égard des juifs était « un tiers se convertira, un tiers émigrera, et un tiers périra ».
On dit d’ailleurs que les modifications étaient si minimes qu’en remplaçant « les juifs » par « Napoléon », on retrouve quasiment la même œuvre. Il fut créé à la demande de la Police Secrète du Tsar et du Tsar Nicolas II de Russie lui-même qui, bien qu'antisémite, refusa de l’utiliser en tant qu’instrument de propagande, l’estimant trop peu crédible. Le texte devint cependant très vite un classique de l’antisémitisme et fut notamment reprit par Adolf Hitler comme phare de sa propagande.
Bien qu’il ne subsiste aujourd’hui plus aucun doute sur la nature ou la falsification du document, et ce depuis la découverte du faussaire en 1999, certains courants antisémites ou nazis continuent de le citer comme preuve irréfutable d’un complot juif.
B - Le sionisme à travers les âges
C - Dramatis personae
Matvei Vasilyevich Golovinski (Mathieu Golovinski) : Il fut à la solde des services secrets russes de l'époque du tsar Nicolas II (l'Okhrana), jouant le rôle d'agent provocateur (ce qui signifie qu'il infiltrait les partis ennemis et les poussait à la faute). Il vécut toute sa vie dans la malhonnêteté. Tout d'abord avocat, il est radié pour détournement de fonds. Il va alors à Paris, chargé d'influencer l'opinion en faveur de la politique russe en écrivant des articles dans les journaux, sous prétexte d'études de médecine.
A ce moment là, on lui demande d'écrire un faux document qui pourrait prouver un complot juif et franc-maçon. Ni une ni deux, le jeune Golovinski déniche un pamphlet oublié de Maurice Joly, le recopie en remplaçant « Napoléon III » par « les juifs », et passe à autre chose, ce texte n'étant qu'une commande parmi toutes celles qu'on lui passe.
Enfin, il rentrera en Russie, intégrant différents ministères, pour finalement se rallier au Bolchévisme en 1917, en tant que médecin (il a falsifié son diplôme et prétend l'avoir obtenu à Paris).
Mikhail Lépekhine : Ce dernier n'est pas un acteur ayant participé à l'élaboration, de quelque manière que ce soit, des Protocoles, et n'a pas plus cherché à les diffuser. Néanmoins, étant celui qui a mis à jour leur faussaire, il mérite d'être cité ici.
C'est un historien de la littérature russe, et ancien conservateur des archives de l'Institut de littérature russe ainsi que chercheur en histoire des imprimés de la bibliothèque de l'Académie des sciences de Russie à Saint-Pétersbourg.
Principalement spécialiste des publicistes russes de la fin du XIXème siècle, son nom est surtout rattaché, en France en tout cas, à la découverte du nom de Matvei Vasilyevich Golovinski et au lien de celui-ci avec les Protocoles dans des archives de l'URSS. La découverte fut rendue publique en 1999, soit 97 ans après l'écriture d'un des faux les plus célèbres de l'histoire.
Dernière édition par MOBY37 le 16/2/2010, 09:35, édité 1 fois