Saint Guilad Shalit, priez pour nous
Un exemple particulièrement éloquent de la suréminence attribuée à un ressortissant juif israélien vient d'être fourni par ce qu'il faut bien appeler "l'affaire Shalit". C'est ainsi que la presse occidentale a triomphalement répété ad nauseam qu'un individu unique, aussi précieux que la prunelle des yeux de l'ensemble des journalistes israéliens, européens et américains réunis, bien que criminel de guerre en droit international, puisque membre d'une armée d'occupation en opération à la frontière d'un territoire sous blocus, que ce jeune tankiste hyper ou super humain, dis-je, échangé après cinq ans de captivité contre un troupeau indistinct de "Palestiniens", était une victime comme nul n'en vit jamais sous le soleil. Non seulement aucun chef d'Etat, mais aucun pygmée des forêts d'Ethiopie, aucun indien d'Amazonie, aucun indigène de Bornéo ou de Java n'a pu échapper au récit de son "calvaire". Même les pingoins des terres australes n'ont pas été épargnés par cette douloureuse nouvelle!
Dans le même temps, aucun organe de presse occidental n'a seulement eu l'idée de s'intéresser au destin ou aux souffrances des sous-humains anonymes libérés en vrac comme on jette en l'air une poignée de lentilles. Aucun journaliste français ne s'est avisé de décrire le bonheur d'un fils retrouvant un père libéré après plus de vingt ans de séjour dans les geôles de l'occupation et qu'il n'a connu que par des photos. Les journalistes n'avaient d'yeux et d'oreilles que pour Guilad, le papa de Guilad, la maman de Guilad, la grand-mère de Guilad et pourquoi pas de la tantina de Burgos, comme dit la chanson. Tant mieux pour cette famille, mais surtout tant mieux pour les centaines de familles palestiniennes, qui ont retrouvé un père, un fils, une mère, non pas après cinq ans, mais après trente sept ans d'une dure captivité pour le plus ancien!
Cette presse unanime n'a jamais seulement évoqué le fait que ce groupe comprend 27 femmes, dont certaines ont été contraintes d'accoucher les jambes et les poignets enchaînés. Le fait que 40% de la population palestinienne soit passée par les geôles de l'occupation depuis 1967 n'interpelle en rien les journalistes et les professionnels des droits de l'homme. Ce chiffre, rapporté à la population française, signifie que 26 000 000 (vingt-six millions) de nos compatriotes auraient été embastillés en moins de cinquante ans! Rapporté à la population des Etats-Unis, 140 000 000 (cent quarante millions) d'Américains auraient été enfermés en une cinquantaine d'années! Ces chiffres astronomiques montrent que l'Etat sioniste est devenu une véritable "colonie pénitentiaire".
Ca se passe comme ça dans les geôles de la colonie pénitentiaire israélienneOn sait, qu'entre autres, croupissent dans les geôles de l'occupant vingt-deux membres du Parlement palestinien légalement élus et kidnappés nuitamment pour l'unique motif qu'ils ne plaisent pas à l'occupant, ainsi que trente quatre enfants de moins de quinze ans et un nombre important de prisonniers dits "administratifs", c'est-à-dire enfermés sans jugement et sans le moindre contact avec un avocat - la durée et les conditions de leur détention dépendant de l'humeur et de l'arbitraire des autorités d'occupation.
Cette situation est volontairement ignorée par la presse occidentale ou balayée d'un négligent revers de main. Seule s'exprime bruyamment l'allégresse suscitée par le retour d'un prisonnier de guerre capturé sur son char au cours d'une opération militaire, un jeune caporal israélien sans aucune valeur personnelle, symbolisant au-delà de toute rationalité et de tout intérêt national véritable, le statut "spécial" d'un hyper-humain et qui, durant sa captivité aura été mieux traité que les milliers de résistants palestiniens et les enfants lanceurs de pierres soumis à des tortures et des brimades permanents.
Gageons, d'ailleurs, que le vide laissé par le millier de prisonniers palestiniens libérés sera rapidement comblé au gré des rafles des forces d'occupation.
Un jeune palestinien dont le visage tuméfié porte la trace des méthodes de la "seule démocratie du Moyen Orient"Notre compatriote Salah HamouriJe voudrais rendre hommage à la vaillance et au somoud (l'esprit de résistance) de notre compatriote, le jeune Français Salah Hamouri - et non franco-palestinien comme on le présente par erreur volontaire ou ignorance - enfermé dans les geôles du colonisateur depuis sept ans après une caricature de jugement devant un tribunal militaire. En effet, bien que son père soit palestinien, le jeune homme n'est détenteur que de la nationalité française, la Palestine n'étant pas un Etat officiellement reconnu.
L'étudiant français Salah Hamouri est emprisonné en Israël depuis le 13 mars 2005.© François Mori / SipaC'est pourquoi la différence de traitement dont il est victime de la part des autorités de son pays, la France - à commencer par la Présidence de la République - et par la presse de l'hexagone dans sa totalité, avec celui réservé à un citoyen juif israélien, accessoirement détenteur d'un passeport français supplémentaire, reçu en héritage d'une grand-mère, est non seulement choquante, mais scandaleuse. Le statut "spécial" qui est réservé en France à ce jeune soldat israélien par tout ce qui tient un micro ou une plume, alors que ni ses parents, ni lui-même ne parlent un seul mot de français, aurait-il frappé une fois de plus?
Comme tout le monde a pu l'entendre de ses propres oreilles, cette famille ne s'exprimait qu'en anglais devant les micros qui lui étaient généreusement tendus par les journalistes de l'hexagone, ce qui prouve que son degré d'attachement réel à la France frise le zéro absolu et que le maintien de sa "nationalité" française demeure d'ordre strictement utilitaire. Notre gouvernement n'a-t-il pas exigé des candidats à l'acquisition de la nationalité française une connaissance suffisante de notre langue et de nos institutions?
" Si toutes les nations devaient réclamer les territoires sur lesquels leurs ancêtres ont vécu 2000 ans auparavant, ce monde serait un asile de fous ".
Erich Fromm (psychanalyste , 1900-1980)
La folie originelle dont parle le psychanalyste allemand, puis américain à partir de 1934 et d'origine juive, Erich Fromm, consiste à refuser d'une manière aussi violente que pathétique de quitter les lunettes roses de la fiction théologique et de nier les travaux des vrais historiens et des archéologues qui sapent les fondements mêmes du colonialisme politico-religieux du sionisme.
Mais même le sommeil le plus profond n'est pas éternel. Les rêveurs sionistes n'échapperont pas aux lois éternelles de l'histoire qui veulent que le principe de réalité finisse par triompher des idéologies tribales, des légendes et des fictions truffées de merveilleux et de miracles sur lesquelles leur esprit voguait si délicieusement dans la moyenne région de l'air.
Les idéologies politiques ou religieuses sont mortelles: le Royaume chrétien de Jérusalem n'est plus qu'un souvenir, le IIIe Reich est mort, le marxisme s'est écroulé comme un château de cartes et la colonisation sioniste n'échappera pas à la règle.
Le mythe est le destin de l'actuel État d'Israël et sa carapace mentale, mais il est également son talon d'Achille.
http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/chaos/legende_dore/legende.html