La lecture du Talon de fer ne peut laisser indifférent. Jack London anticipe la politique internationale de façon exemplaire. En 1907, il annonce une guerre mondiale entre les Etats-Unis et l'Allemagne, la domination du Japon sur l'Asie dans l'entre-deux-guerres, la fin des régimes coloniaux européens ou encore l'instauration de dictatures fascistes qui ont émaillé le XXème siècle. C'est également un vibrant plaidoyer pour les idées socialistes. On retrouve comme autant de clins d'oeil, tout au long du roman les noms des chefs de file socialistes américains du début du XXème siècle, comme Eugene Debs, dirigeant du Socialist Labor Party ou Big Bill Haywood, l'un des fondateurs des IWW. C'est dans cette même logique qu'il évoque les événements d'Haymarket, l'échec de la révolution russe de 1905 à travers la Commune de Chicago. Le Talon de fer est pour moi un ouvrage essentiel et qui reste par bien des aspects encore d'actualité.
Trotski considérait Le Talon de fer (1908) comme le seul roman politique réussi de la littérature. Un roman d’anticipation politique, pour être précis : qui prévoyait une guerre mondiale mettant aux prises l’Allemagne et les États-Unis, une révolution d’Octobre (mais à Chicago)… et l’avènement d’une dictature d’un genre nouveau (disons fasciste)… pour les trois siècles à venir !