tagada sur Laurent James:
La pseudo-tradition de Laurent James l faut confronter au moins une fois les conneries de Laurent James avec Guénon, parce que cette personne se revendique toujours de Guénon pour justifier ses délires exubérants divers et variés (il prétend notamment rétablir la tradition tout en se montrant cul nu dans des spectacles).
La "tradition" de Laurent James à l’œuvre:
- Spoiler:
Depuis, on m'a fait parvenir un lien vers des photos des spectacles de Laurent James, dont je n'avais eu qu'un minuscule aperçu. C'est à vomir. C'est beaucoup trop sale pour les afficher, pour ceux qui veulent juger par eux mêmes de ce "rétablissement de la tradition":
http://www.megaupload.com/?d=S3GCXBFY
C'est lié à tout un microcosme, en effet, il est question d'une conférence d'Alexandre Douguine, qui se réfère souvent à Guénon tout en revendiquant un regard critique pour le style (parce qu'infondé), ce qui n'est pas le cas de son pote Alain de Benoist, qui décrit la modernité et la post-modernité, sans préciser que ce sont des dénominations supplémentaires pour désigner la solidification et la dissolution présentées par Guénon dès 1946 dans Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps. Vu la proximité entre ces personnes, un hasard est peu probable, mais ça n'est pas très important, Guénon semble de toutes façons avoir inspiré beaucoup de monde sans qu'on juge utile de le citer. Tant que ça peut diffuser des clés de compréhension du monde, c'est mieux que rien.
Par contre, les fêlés comme Laurent James qui se revendiquent sans cesse de Guénon, utilisent les mots métaphysique et tradition 3 fois par ligne, c'est plus fâcheux, parce que cette caricature ne peut que repousser des personnes sérieuses qui vont découvrir Guénon de cette manière, et qui pourraient pourtant avoir bénéfice à découvrir son œuvre (ne parlons pas de l'amalgame honteux avec Nabe, qu'il présente comme un écrivain traditionnel, en comparant son dernier bouquin à la Divine Comédie de Dante, ce qui est vraiment ridicule et fait plutôt croire à un petit coup de pub, un petit coup de promo arrangé entre copains, qu'à une stupidité dite de bonne foi, tellement il faudrait être stupide pour déclarer ça en toute honnêteté).
http://parousia-parousia.blogspot.com/2011/01/alexandre-douguine-loriental.html
Ce dimanche neuf janvier, j’ai assisté à un mini-colloque encadré par le centre kabbaliste Tikoun Olam, situé au deuxième étage d’un bâtiment chic sur la rue du Parc Royal. Il s’agissait de commémorer les soixante ans de la mort de René Guénon (à deux jours près). Douguine a prononcé un discours surprenant et intéressant, présentant Guénon comme un précurseur de la sociologie à l’instar de Max Weber et Marcel Mauss. Pour ma part, j’ai toujours considéré Guénon comme un ethnologue venu des temps anciens et sacrés pour étudier nos modernités. Un peu comme cet anthropologue africain, que l’on voit dans un film de Jean Rouch monter à Paris pour analyser le mode de vie des diverses peuplades blanches de la capitale. Sauf que Guénon ne venait pas de loin dans l’espace, mais de loin dans le temps.
En fait, Douguine énonce que Guénon était également un précurseur du post-modernisme, c’est-à-dire un moderne qui avait choisi de rejeter sa modernité. Il est à l’opposé de l’élève subversif dont je parlais plus haut : l’élève se rebelle contre la Tradition en lui préférant sa propre liberté, devenant un homme moderne tout en continuant de porter les habits de son maître. Guénon, lui, se rebelle contre la modernité en lui préférant la Tradition désindividualisée, devenant un initié tout en continuant de porter les habits de son époque (et même au Caire, il s’habillait comme les habitants du Caire). Robespierre était un homme de l’Ancien Régime fondamentalement moderne ; Guénon était un homme moderne fondamentalement néandertalien.
Evola a peut-être titré un de ses ouvrages Révolte contre le monde moderne, mais attribuer cette posture à Guénon est dénué de sens, c'est comme amalgamer un brahmane et un kshatriya. Le reste n'est même pas digne d'être commenté, croire que le monde de Robespierre n'était pas déjà moderne, ou que l'objet de Guénon est d'étudier l'homme, ça montre que Laurent James ne connaît pas du tout son sujet, tout simplement.
Pour le reste, citons directement René Guénon:
"Alexandre Douguine l'oriental"
l serait vraiment comique, si ce n'était le signe de la plus déplorable ignorance des choses de l'Orient, de voir qu'on fait figurer des Allemands et des Russes parmi les représentants de l'esprit oriental ;
La crise du monde moderne,
chapitre VIII - L'envahissement occidental Douguine explique très bien que Guénon ne parlait jamais de l’individu, car c’était l’espèce qui comptait pour lui. Il était « dépersonnalisé, radical et cohérent ». « Nous devons avaler les livres de Guénon et les digérer ».
Pas très métaphysique tout ça...
Nous rappelons que l’espèce est essentiellement de l’ordre de la manifestation individuelle, qu’elle est strictement immanente à un certain degré défini de l’Existence universelle, et que, par conséquent, l’être ne lui est lié que dans son état correspondant à ce degré.
Les Etats Multiples de l'Etre, chapitre VIII - Le mental, élément caractéristique de l'individualité humaine, note 3. Douguine évoque quels sont pour lui les défauts de la pensée guénonienne : le développement d’une christologie nestorienne et islamique ;
Nous entendons rester en dehors de toute discussion d’ordre théologique ; nous nous abstenons volontairement de nous placer à ce point de vue, ce qui ne veut pas dire que nous n’en reconnaissions pleinement la légitimité ; et, alors même que nous employons certains termes empruntés au langage théologique, nous ne faisons en somme que prendre, en nous basant sur des correspondances réelles, les moyens d’expression qui sont propres à nous faire comprendre le plus facilement, ce qui est bien notre droit.
L'Erreur spirite, Partie 2 - chapitre X - La question du satanisme.
D’autre part, on prétend identifier « notre doctrine » (sic) avec l’« hérésie de Nestorius », qui n’a pas pour nous le moindre intérêt en réalité, pour la bonne raison que nous ne nous plaçons jamais au point de vue de la religion exotérique, et avec laquelle ceux qu’on qualifie communément de « Nestoriens » et auxquels nous avons fait allusion n’avaient sans doute eux-mêmes rien à voir ; on oublie, plus ou moins volontairement, que cette doctrine est antérieure de bien des siècles au Christianisme, avec lequel le monde n’a tout de même pas commencé, et aussi que l’initiation des Kshatriyas, dont relevaient apparemment ces prétendus « Nestoriens », en tout état de cause, ne comporte que les applications contingentes et secondaires de ladite doctrine ; nous avons pourtant assez souvent exposé la différence entre les Brâhmanes et les Kshatriyas, et donné à comprendre que le rôle de ces derniers ne saurait en aucun cas être le nôtre.
Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, comptes rendus d'articles de revues, février 1931, à propos d'un article de la R.I.S.S. le fait de considérer la bourgeoisie comme la troisième caste (alors qu’elle est en dehors de toute caste traditionnelle) ;
Cette remarque ne tient pas compte du fait que les individus peuvent déchoir de leur caste d'origine, il ne manifestent alors plus les caractères de la caste dans son excellence, mais un mode plus ou moins dégénéré. Les bourgeois correspondent aux Vaishyas, mais cette déchéance se fait de la même façon que celle des kshatriyas décrite ici:
Mais revenons à Philippe le Bel, qui nous fournit un exemple particulièrement typique pour ce que nous nous proposons d’expliquer ici: il est à remarquer que Dante attribue comme mobile à ses actions la «cupidité »(1), qui est un vice, non de Kshatriya. mais de Vaishya ; on pourrait dire que les Kshatriyas, dès qu’ils se mettent en état de révolte, se dégradent en quelque sorte et perdent leur caractère propre pour prendre celui d’une caste inférieure. On pourrait même ajouter que cette dégradation doit inévitablement accompagner la perte de la légitimité : si les Kshatriyas sont, par leur faute, déchus de leur droit normal à l’exercice du pouvoir temporel, c’est qu’ils ne sont pas de vrais Kshatriyas, nous voulons dire que leur nature n’est plus telle qu’elle les rende aptes à remplir ce qui était leur fonction propre.
---
1 - C’est par là que s’explique, non seulement la destruction de l’Ordre du Temple, mais aussi, plus visiblement encore, ce qu’on a appelé l’altération des monnaies, et ces deux faits sont peut-être liés plus étroitement qu’on ne pourrait le supposer à première vue ; en tous cas, si les contemporains de Philippe le Bel lui firent un crime de cette altération, il faut en conclure que, en changeant de sa propre initiative le titre de la monnaie, il dépassait les droits reconnus au pouvoir royal. Il y a là une indication qui est à retenir, car cette question de la monnaie avait, dans l’antiquité et au moyen âge, des aspects tout à fait ignorés des modernes, qui s’en tiennent au simple point de vue « économique » ; c’est ainsi qu’on a remarqué que, chez les Celtes, les symboles figurant sur les monnaies ne peuvent s’expliquer que si on les rapporte à des connaissances doctrinales qui étaient propres aux Druides, ce qui implique une intervention directe de ceux-ci dans ce domaine ; et ce contrôle de l’autorité spirituelle a dû se perpétuer jusque vers la fin du moyen âge.
Autorité spirituelle et pouvoir temporel, chapitre VII -
Les usurpations de la royauté et leurs conséquences le développement de thèses pouvant passer pour syncrétistes (voir les dangers du New Age) ;
Cf.
Aperçus sur l'Initiation,
chapitre VI - Synthèse et syncrétisme, et
Le Théosophisme et L'Erreur spirite tout entiers pour ce qui est de la dénonciation et du démontage du new-age. Guénon est justement le meilleur auteur à ce sujet.
En revanche ça, c'est pas du syncrétisme new-age peut-être???
et une obsession de la contre-initiation historique « qui conduit vers le délire conspirationniste ».
Cf. Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps,
chapitre XIX - Les limites de l'histoire et de la géographie, et chapitre XXXVIII - De l’antitradition à la contre-tradition, pour la contradiction de parler de "contre-initiation historique" !
Et on est en fin de Kali Yuga, on est censé arriver incessamment sous peu à la fin des temps, d'après toutes les traditions, mais aborder la contre-initiation c'est du conspirationnisme...
Bref, c'est pas très sérieux.
Ajoutons que les sources réelles de Laurent James ne sont nullement les ouvrages de René Guénon (d'après ce qui précède c'est évident), mais ceux de Jean Phaure (Le cycle de l'humanité adamique) et de Raymond Abellio (Manifeste de la nouvelle gnose), qui n'ont aucune validité sur le plan traditionnel, et n'ont fait que développer des conceptions toutes personnelles, aussi séduisantes que soient leurs contrefaçons de l'extérieur.
Pour finir, un extrait de l'article Les contrefaçons de l'idée traditionnelle, repris dans le
chapitre XXXI - Tradition et traditionalisme, du Règne de la Quantité et des Signes des Temps:
Dès lors que tout ce qui est d’ordre purement humain ne saurait, pour cette raison même, être légitimement qualifié de traditionnel, il ne peut y avoir, par exemple, de « tradition philosophique », ni de « tradition scientifique » au sens moderne et profane de ce mot ; et, bien entendu, il ne peut y avoir non plus de « tradition politique », là du moins où toute organisation sociale vraiment traditionnelle fait défaut, ce qui est le cas du monde occidental actuel. Ce sont pourtant là quelques-unes des expressions qui sont employées couramment aujourd’hui, et qui constituent autant de dénaturations de l’idée de la tradition ; et il va de soi que, si les esprits « traditionalistes » dont nous parlions précédemment peuvent être amenés à laisser détourner leur activité vers l’un ou l’autre de ces domaines essentiellement contingents et à y limiter tous leurs efforts, leurs aspirations se trouveront ainsi « neutralisées » et rendues parfaitement inoffensives, si même elles ne sont parfois utilisées, à leur insu, dans un sens tout opposé à leurs intentions. Il arrive en effet qu’on va jusqu’à appliquer le nom de « tradition » à des choses qui, par leur nature même, sont nettement antitraditionnelles : c’est ainsi qu’on parle de « tradition humaniste », ou encore de « tradition nationale », alors que l’« humanisme », comme son nom même l’indique d’ailleurs, n’est pas autre chose que cette négation du supra-humain qui est à la racine de l’esprit moderne sous toute ses formes, et que la constitution des « nationalités » a été le moyen employé pour détruire l’organisation sociale traditionnelle du moyen âge ; il n’y aurait pas lieu de s’étonner dans ces conditions, si l’on en venait quelque jour à parler tout aussi bien de « tradition protestante », voire même de « tradition laïque » ou de « tradition révolutionnaire » ! Au degré de confusion mentale où est parvenue la grande majorité de nos contemporains, les associations de mots les plus manifestement contradictoires n’ont plus rien qui puisse les effrayer, ni même leur donner simplement à réfléchir…
source: http://oeuvre-de-rene-guenon.blogspot.com/2011/05/la-pseudo-tradition-de-laurent-james.html