http://www.lesinrocks.com/2011/04/18/actualite/dossiers-du-fbi-eazy-e-et-tupac-menaces-et-rackettes-par-la-ligue-de-defense-juive-1116589/ a écrit:
Dossiers du FBI: Eazy-E et Tupac menacés et rackettés par la Ligue de Défense Juive.
Selon des documents déclassifiés par le FBI, la Jewish Defense League (JDL), organisation considérée comme terroriste aux Etats-Unis, extorquait des fonds à certains rappeurs américains. Eazy-E aurait été racketté et Tupac menacé de mort juste avant son assassinat à Las Vegas, en septembre 1996.
"Les plus curieux vont s’en donner à coeur joie", assurait, il y a une semaine, l'article de France Soir annonçant la déclassification de 2 000 dossiers du FBI américain. Après Marilyn Monroe, la fusillade de Columbine ou encore le dossier d’Al Capone, des informations concernant les rappeurs Tupac Amaru (2Pac) et Eazy-E (Eric Wright) viennent de sortir.
"La Ligue de Défense Juive (organisation considérée par le FBI comme terroriste) et d’autres, non-identifiés pour le moment, ont extorqué de l’argent à de nombreuses stars de musique via des menaces de mort", indique les documents déclassifiés datant de 1997.
Toujours selon le FBI, Eazy-E, propriétaire de Ruthless Records, fut victime d’extorsion de fonds par la JDL avant de mourir du sida. Tupac Shakur aurait également été menacé de mort par l’organisation extrémiste juste avant son assassinat à Las Vegas.
"Safe haven"
La méthode décrite par les agents fédéraux est extrêmement simple. La star se voit tout d’abord menacée de mort par téléphone. Ensuite, la victime et sa famille sont emmenées dans un "safe haven (refuge), habituellement une propriété privée, et sont protégés par des gardes du corps armés et associés avec la Jewish Defense League (JDL)".
Les escrocs persuadent alors la victime qu’ils ont passé un "deal" avec la personne ayant fait les menaces de mort pour convenir d’un cessez le feu. La victime paye alors pour les services de protection rendus et pour retourner à sa vie normale. Selon une source, dont "l’honnêteté a été éprouvée" précise le FBI, ce schéma aurait également été répété avec des dealers de drogue. La source assurait au FBI que le montant moyen rapporté par opération était de 50 000 dollars.
La Ligue de Défense Juive a été fondée en 1968 aux Etats-Unis (puis en Israël) par Meir Kahana, rabbin extrémiste. Dans le Monde du 14 avril 2006 consacré à la JDL, on pouvait lire que son créateur "a également fondé le parti Kach, qui prônait l’expulsion des populations arabes de Palestine hors du “Grand Israël”. Le parti a été, officiellement, dissous par le gouvernement israélien en 1994, pour cause de racisme."
Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite, explique que l’organisation se place, depuis toujours, dans une optique militante d’actions violentes.
"La police américaine s’intéresse à la JDL depuis les années 70 et a classé nombre de ses actions comme illicites et terroristes. Pour autant, je n’avais pas eu connaissance d’activités liées à des crimes organisés."
Assassinat inexpliqué
Ces documents pourraient relancer l’enquête sur la mort de Tupac. Le 7 septembre 1996, après avoir assisté au match de boxe opposant Myke Tyson à Bruce Seldon, Tupac est victime d’une fusillade. Il décède des suites de ses blessures six jours plus tard.
Un proche de Tupac avait alerté quelques jours auparavant la police de Las Vegas pour signaler des menaces de mort adressées au chanteur de gangsta rap. De nombreuses théories avaient fleuri autour de son assassinat sans pour autant donner d’explications satisfaisantes. Le documentaire du cinéaste anglais Nick Broomfield "Biggie & Tupac" revenait sur l’affaire en dénonçant justement le manque d’avancée de l’enquête.
Ces révélations sur l’assassinat de Tupac rappellent l’enquête bâclée sur l’assassinat du rappeur Christopher Wallace, alias Notorious Big, où la version du FBI – également révélée récemment par des documents déclassifiés – pointait des erreurs grossières de l’enquête du LAPD (Los Angeles Police Department), soupçonné de couvrir l’un des siens.
Sur son site, le FBI assure avoir publié ce dossier, comme "beaucoup (d’autres) d’intérêt public et de valeur historique" afin de "construire une relation avec le public fondée sur la confiance et la transparence".
Geoffrey Le Guilcher