La libération de l'occultisme
- Concernant le pasteur Maurice Ray:
- Maurice Ray est né le 22 novembre 1914 à Grandson dans le canton de Vaud (Suisse). Deuxième enfant d’une fratrie de trois, il grandit aux côtés de deux sœurs entre un père facteur et une mère sage-femme. Doté d’une mauvaise mémoire, il est aidé dans son parcours scolaire par le pasteur du lieu, Eugène Ferrari, qui lui donne des cours privés pour lui permettre de suivre des études supérieures. Au terme de sa scolarité obligatoire et avant son entrée au gymnase, au lycée comme on dit ailleurs en francophonie, cet homme l’incite à se rendre en Allemagne pour se perfectionner dans la langue de Goethe. Nous sommes en 1933. Après le gymnase, Maurice Ray souhaite devenir enseignant, mais échoue à l’examen d’entrée de l’Ecole normale. Il débute alors des études de théologie, au cours desquelles il se rend à Berlin en 1936 pour y effectuer son deuxième semestre. Dans cette Allemagne hitlérienne, Maurice Ray suit un cours de théologie donné secrètement par le professeur Hans Asmussen, ami de Dietrich Bonhoeffer et de Karl Barth, engagés dans l’« Eglise confessante », un mouvement d’opposition à l’idéologie nazie antisémite.
De retour en Suisse, il prend la responsabilité l’été 1937 d’un « Chantier de l’Eglise », un projet de l’Eglise réformée vaudoise qui encadre les chômeurs de l’époque sur des réseaux routiers. Durant trois mois, il apprend à entrer en contact avec ces hommes « contraints à une activité qu’ils n’ont pas librement choisie » et affermit ses relations avec autrui. Il dira par la suite sa reconnaissance d’avoir dû apprendre la juste manière d’approcher les gens, de les rejoindre sans les effaroucher, d’avoir dû apprendre à percevoir les désordres, les peurs, les superstitions, les tourments qui se cachent parfois derrière un accueil cordial.
Il est licencié en théologie en 1939. « Les premières années de ma vie ont été marquées par certaines difficultés liées à un sentiment d’infériorité, écrit-il pourtant dans son autobiographie. J’étais, à mes propres yeux, le gars venu de la brousse, superficiellement équipé d’une culture gymnasiale puis universitaire, avalée mais non assimilée. » Conscient de ses lacunes, il les compensera par la lecture, mais surtout par l’observation attentive et l’écoute des autres, ce qui contribuera, confie-t-il, à parfaire ses connaissances et « à affermir son identité ».
Dès la fin de la guerre, en 1946, il prend en charge la Paroisse du Sentier. Sur le plan familial, il a alors 3 enfants. Un quatrième, une fillette née en 1943, est en effet décédé en bas âge. Trois autres enfants naîtront au Sentier. C’est à la vallée de Joux que se prépare son engagement à la Ligue pour la lecture de la Bible (LLB), une œuvre internationale et inter-ecclésiastique qui veut notamment servir de trait d’union entre les croyants des diverses communautés chrétiennes, en les unissant autour de la Bible, base commune de leur foi. Les années de ministère pastoral à Syens puis au Sentier, convainquent en effet Maurice Ray de s’engager dans un ministère d’évangéliste, auquel l’Eglise soutenue par l’Etat n’accorde que peu d’intérêt. « Elle en laisse la pratique à des communautés, certes chrétiennes, mais considérées comme des sectes que fréquentaient ‘les gens étroits d’esprit, un peu illuminés’... »
Maurice Ray ne craint pas de faire référence à Boileau qui a écrit dans son Art poétique que « l’esprit n’est pas ému de ce qu’il ne croit pas ». On peut donc légitimement s’interroger quant à la foi de chrétiens qui limitent leurs relations fraternelles aux seuls frères marqués non pas du sceau de l’Esprit, mais du sceau de l’officialité, écrit-il. Non sans argumenter : « J’ai souvent trouvé insupportable l’arrogance des collègues réformés, et parfois celle de leurs autorités. Ils refusent toute fraternelle considération pour les communautés évangéliques alors qu’elles sont animées d’une véritable foi, assument les traitements de leurs bergers, la construction et l’entretien de leurs lieux de culte, soutiennent d’imposants champs missionnaires, plus quelques Ecoles bibliques. Et tout cela sans défalcation sur leurs impôts, dont une partie assure le salaire des pasteurs réformés ! »
Une fois à la tête de la Ligue pour la lecture de la Bible, Maurice Ray n’est plus engagé par l’Etat, mais il ne cessera de maintenir et de revendiquer son appartenance au corps pastoral réformé vaudois.
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