· AU CAMEROUN
L’Afrique a 50% des réserves du cobalt dans le monde. Et c’est la région de l’Est du Cameroun qui a le plus grand gisement du monde, à ce jour encore inexploité. Le contrat originel était, comme celui zambien, validé par le FMI en 2009, avec une entreprise occidentale, l’américaine Geovic Mining Corp., entreprise crée à peine 5 ans plus tôt, en 1994 dans le paradis fiscal qu’est le Delaware et qui annonce dans ses rapports financiers, tel que reporté par le site Mediapart, n’avoir jamais fait d’exploitation minière auparavant. Pire, elle déclare textuellement : « Nous sommes une société en phase d’exploration et n’avons pas d’antécédents d’exploitation en tant que société d’exploitation. Toutes les recettes et les bénéfices futurs sont incertains », souligne Mediapart. Comme il est fréquent pour des entreprises occidentales cotées à la Bourse de leurs pays, les accords d’exploitation minière avec les pays africains sont très souvent un simple prétexte pour faire augmenter le cours des actions à la Bourse et empocher une belle plus-value. Mais derrière, il n’y a généralement aucune intention d’investir les millions de dollars nécessaires pour démarrer le projet. Ainsi, après avoir encaissé 60 millions de dollars du gouvernement camerounais (SNI) comme sa part dans la société commune Géocam, 8 ans après, on n’avait toujours pas la moindre indication de quand le projet démarrerait. Tout cela avec la bénédiction du Fond Monétaire international qui à l’époque contrôlait toutes les entrées et sorties d’argent au Cameroun, le pays étant sous le régime d’ajustement structurel.
C’est n’est qu’hier 25 Juillet 2013 que par un communiqué daté du 23/07/2013 au Colorado aux USA et signé de la main du PDG de Geovic Mining corp, Monsieur Michael Mason, nous apprenons que finalement le projet va démarrer, parce que Geovic Mining corp vient de signer un accord pour céder la totalité de ses 60,5% de Geovic Cameroun à une entreprise publique chinoise, pour plus de précision, la Jiangxi Rare Metals Tungsten Holdings Group Company Ltd ("JXTC") de Nanchang, dans la province de Jiangxi en Chine.
A ce stade des choses, nous ne savons pas comment l’Etat du Cameroun a fait pour réussir à convaincre les Américains de lâcher prise afin de faire décoller le pays grâce au plus grand projet minier jamais débuté au Cameroun.
Mais ce que nous savons en revanche, c’est que le communiqué de Mason est l’épilogue d’un bras de fer entre Yaoundé et Washington avec les élections présidentielles d’octobre 2011 comme la pointe de l’iceberg. Où Washington a officiellement signifié au président camerounais qu’il ne devait plus se présenter aux élections présidentielles, pour avoir commis l’irréparable de mettre le cap sur Pékin. La Chine qui est habituellement très réservée pour les questions de politique étrangère, s’est montrée, dans cette circonstance, plutôt déterminée à chauffer ses muscles avec Washington, d’abord en inaugurant le premier port en eau profonde du pays (Kribi), avec un choix de la date non anodin, la veille des élections présidentielles, avec une première enveloppe de 1 milliard de dollars. Un pied de nez aux Américains avec Geovic (américaine) qui depuis 8 ans n’arrive pas à trouver quelques dizaines de millions de dollars pour faire démarrer le projet du cobalt de Nkamouna à l’est du pays. Ensuite, la Chine a montré les muscles le jour des résultats, lorsque c’est l’agence d’information chinoise Xinhua qui a donné les résultats des élections présidentielles camerounaises, 5 heures avant la proclamation par la cour suprême du Cameroun, la seule habilitée à proclamer les résultats. Les jours suivants, on assiste à un cafouillage dans le cap occidental : le Ministre Français des Affaires étrangères Alain Juppé félicite le président réélu et félicite la bonne organisation du scrutin, avant de faire marche arrière 24 heures plus tard lorsque l’Ambassadeur Américain met le pied dans le plat en critiquant les fraudes lors des élections. Mais c’était comme si le chien occidental aboyait et la caravane du Cameroun tirée par la Chine avançait à vive allure. Jusqu’à hier lorsque Mason a jeté l’éponge.
Avant d’en arriver là, l’Etat du Cameroun, après 8 ans de surplace dans ce partenariat avec une entreprise américaine, et alerté par la mésaventure zambienne, dès qu’il a pu agir en toute liberté, c’est-à-dire, sans les contraintes du Fond Monétaire International, a frappé à la porte de l’unique acheteur et après une série de voyages avec tout le gouvernement au complet en terre chinoise et une bonne dose de baratin, ils ont réussi à convaincre les Chinois à venir les sauver des griffes des prédateurs habituels. Et cette fois-ci, plutôt que de parler d’argent, on a parlé d’échange, de troc, du concret.
A la place de 30 ans d’exploitation du cobalt, la Chine s’engage à transformer le Cameroun sur le plan industriel et des infrastructures : autoroutes, hôpitaux, internats, lycées, écoles dispensaires, industries lourde (mécanique, aciérie) etc. La Chine sait qu’elle est observée par tous les pays déjà truandés. Et si l’expérience sera concluante, c’est la fermeture assurée pour toutes compagnies minières occidentales en Afrique. D’où la grande campagne médiatique contre la Chine en ce moment, sur tous les médias mêmes nationaux en Afrique, avec des invités de marque qui sont très souvent des grands intellectuels, des professeurs d’université qui, dans l’ignorance complète de la géostratégie, sont très facilement manipulés par le système qui les utilise pour expliquer aux africains pourquoi ils doivent se méfier des chinois qui envahiraient l’Afrique.
Ce qui m’a le plus surpris du communiqué de l’américain, c’est sa sincérité dans l’aveu qu’ils étaient un frein et qu’avec la Chine, c’est le peuple camerounais tout entier qui en sort gagnant. Voici ce qu’il déclare :
“This Definitive Agreement represents significant progress advancing the Nkamouna Project toward construction and into production. Construction could commence as soon as the project financing is arranged, bringing much needed jobs and economic diversity and development to Cameroon. "The biggest winners here are Geovic Cameroon, a Cameroon corporation, and the people of Cameroon, who shall experience Cameroon’s first major mining project transitioning from a vision to reality.".
Ces déclarations rendues public il y a à peine 24 heures, d’un PDG américain qui reconnait que leur retrait d’un projet minier en Afrique est une victoire pour la prospérité de ce peuple, parce que le fait de le céder à une entreprise publique chinoise va finalement permettre au projet d’avoir les fonds nécessaire pour démarrer, se passent de commentaire.
que je gardais sous le coude depuis quelques temps.
à découvrir absolument.
http://www.legrandsoir.info/les-plus-gros-mensonges-sur-la-cooperation-entre-la-chine-et-l-afrique.html