http://www.orbite.info/traductions/dmitry_orlov/
A lire de toute urgence (un peu long, mais intéressant) :
Orlov anticipe un effondrement des USA, dans la lignée de celui dont fut victime l'URSS, dans les années 1990 et donne quelques conseils pour nous y préparer.
- Combler le retard d’effondrement
- Les cinq stades de l’effondrement
- Les meilleures pratiques de l’effondrement social
Dmitry Orlov est né à Leningrad et a immigré aux États-Unis à l'âge de douze ans. Il a été témoin de l'effondrement soviétique lors de plusieurs visites prolongées sur sa terre natale russe entre la fin des années 1980 et le milieu des années 1990. Il est ingénieur et a contribué à des champs aussi variés que la physique des hautes énergies et la sécurité informatique. Il est aussi un théoricien majeur du pic pétrolier dont les travaux ont été publiés sur des sites tels que Life After the Oil Crash et Power Switch •
extraits :
Les économies sont susceptibles de défaillances en cascade
* Les problèmes insolubles s’accumulent avec le temps.
* Les mécanismes de compensation ne sont utiles que jusqu’à un certain point.
* Un certain nombre d’événements peuvent mettre l’économie en état de choc.
* De multiples effets de contrecoup empêchent de revenir à la normale.
* Le glissement vers le bas acquiert un élan propre.
* Le système politique demeure intact mais souffre de paralysie.
L’environnement post-effondrement — les conséquences immédiates
* Dislocation sociale, chômage, perte de domicile, désespoir.
* Les autorités n’imposent plus le respect. Les forces de l’ordre sont débordées, remplacées par l’auto-défense locale et la sécurité privée. De nombreuses lois sont universellement ignorées.
* Des pénuries généralisées de nombreuses marchandises de base, particulièrement la nourriture, le carburant et la médecine.
* L’entretien de base est abandonné ou rationné. L’infrastructure se délabre et tombe en panne. Beaucoup de désastres, grands et petits.
* Pas de planification à long terme possible. Les nouveaux grands projets ne sont même pas envisagés. Toutes les adaptations réussies reposent sur l’infrastructure et l’inventaire existants.
L’environnement post-effondrement — que se passe-t-il ensuite ?
* Une nouvelle économie de subsistance et de troc émerge presque immédiatement.
* Le vieux capital — actions, obligations, capital d’équipement, argent liquide — n’a aucune valeur. Les relations, les services rendus, l’accès aux ressources prouvent la durabilité de leur valeur.
* Dépouillement des actifs : les actifs sont démantelés et réutilisés, entreposés, ou vendus pour la ferraille. De nombreux articles de valeur sont exportés (particulièrement les objets d’art, les antiquités, l’équipement scientifique et industriel).
* Des éléments du crime organisé, les anciens militaires et les anciennes forces de l’ordre se combinent en nouvelles structures de pouvoir (très embrouillées).
Faites-le vous-même — ce qu’il ne faut pas faire
* N’alimentez pas les feux du progrès et de la prospérité économique. Retirez votre argent des marchés financiers. Placez vos économies dans des objets durables de valeur pérenne. Retirez l’argent de la circulation. Éliminez l’endettement et réduisez votre dépendance d’un salaire constant.
* Ne vous évertuez pas à réussir économiquement. Optimisez pour un maximum de temps libre, d’indépendance et des responsabilités limitées. Ne travaillez pas trop dur ni trop longtemps.
* Ne participez pas à l’économie sans nécessité. Achetez aussi peu que possible. Réutilisez autant que vous le pouvez. Réduisez vos besoins physiques. Établissez des plans pour les réduire davantage.
Les réactions
* Stade 1 : Vivre sans avoir besoin (de beaucoup) d’argent
* Stade 2 : Subvenir aux besoins de base
* Stade 3 : Auto-gouvernement local
* Stade 4 : Communauté cohésive, responsabilité mutuelle
* Stade 5 : Vertus humaines classiques
Les priorités post-effondrement : nourriture, logement, transport et sécurité
En ce moment l’équipe de stimulation économique de Washington est en train de passer son scaphandre et de plonger jusque dans la salle des machines pour essayer d’inventer une façon de faire marcher un moteur diesel sous la mer. Ils parlent de changement, mais en réalité ils sont terrifiés par le changement et s’accrochent de toute leur force au statu quo. Mais ce jeu sera bientôt terminé, et ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils vont faire ensuite.
Alors, que pourraient-ils faire ? Oublier la croissance, oublier les emplois, oublier la stabilité financière. Que devraient être leurs nouveaux objectifs réalistes ? Et bien les voilà : nourriture, logement, transport et sécurité. Leur tâche est de trouver une manière de fournir toutes ces commodités dans l’urgence, en absence d’une économie en fonctionnement, avec le commerce au point mort, avec peu ou pas d’accès aux importations, et de les rendre disponibles à une population largement sans le sou. S’ils réussissent, la société demeurera largement intacte, et sera capable d’entamer un lent et douloureux processus de transition culturelle, et finalement de développer une nouvelle économie, une économie se désindustrialisant graduellement, à un niveau bien plus bas de dépense des ressources, caractérisée par beaucoup d’austérité et même de pauvreté, mais dans des conditions sûres, décentes, et dignes. S’ils échouent la société va graduellement être détruite dans une série de convulsions qui laisseront un pays défunt composé de beaucoup de petits fiefs misérables. Compte-tenu de sa base de ressources grandement épuisée, de son infrastructure dysfonctionnelle en train de s’effondrer, et de son passé de conflits sociaux irrésolus, le territoire des ex-États-Unis subira une dégénérescence régulière ponctuée par des cataclysmes naturels et artificiels.
Nourriture. Logement. Transport. Sécurité. Quand il s’agit de fournir ces nécessités vitales, l’exemple soviétique offre beaucoup de précieuses leçons. Comme je l’ai déjà mentionné, lors d’un effondrement de nombreux négatifs économiques deviennent des positifs, et vice versa. Considérons chacun de ces points un par un.
Comment se préparer ?
J’ai couvert ce que je pense être fondamental, en me basant sur ce que j’ai vu fonctionner et ce qui, je pense, pourrait fonctionner raisonnablement bien ici. Je présume que nombre d’entre vous pensent que tout cela est très loin dans l’avenir, si jamais en fait cela devient aussi mauvais. Vous pouvez évidemment vous sentir libre de penser ainsi. Le danger ici est que vous manquerez l’opportunité de vous adapter à la nouvelle réalité avant l’heure, et ensuite vous serez piégé. Comme je le vois, il y a un choix à faire : vous pouvez accepter l’échec du système maintenant et changer de cap en conséquence, ou vous pouvez décider que vous devez essayer de maintenir le cap, et alors vous devrez probablement accepter votre propre échec individuel plus tard.
Alors, comment se prépare-t-on ? Récemment, j’ai beaucoup écouté des gens puissants et brillants parler de leurs divers associés puissants et brillants. Habituellement, l’histoire se déroule à peu près comme ceci : Mon a) conseiller financier, b) banquier d’investissement, ou c) officier de commandement a récemment a) converti son argent en or, b) acheté une cabane en rondins dans les montagnes, ou c) construit un bunker sous sa maison garni de six mois de nourriture et d’eau. Est-ce normal ? Et je leur dis, oui, bien sûr, c’est parfaitement inoffensif. Il fait juste une crise de milieu d’effondrement. Mais ce n’est pas vraiment de la préparation. C’est juste être pittoresque à contretemps, d’une manière contre-culturelle.
Alors, comment se prépare-t-on vraiment ? Passons en revue une liste de questions que les gens me posent typiquement, et je vais essayer de répondre brièvement à chacune d’entre elles.
Bon, première question : que penser de tous ces scoubidous financiers ? Que se passe-t-il bon sang ? Les gens perdent leur emploi à gauche et à droite, et si nous calculons le chômage de la même manière qu’on le faisait durant la Grande Dépression, au lieu de regarder les chiffres truqués dont le gouvernement essaie de nous abreuver maintenant, alors nous nous dirigeons vers vingt pour cent de chômage. Et y a-t-il la moindre raison de penser que cela va s’arrêter là ? Croyez-vous par hasard que la prospérité est au coin de la rue ? Non seulement les emplois et la valeur immobilière s’évaporent, mais les fonds de retraite aussi. Le gouvernement fédéral est fauché, les gouvernements des États sont fauchés, certains plus que d’autres, et le mieux qu’ils puissent faire est d’imprimer de l’argent, qui va rapidement perdre de la valeur. Alors, comment pouvons nous nous procurer l’essentiel si nous n’avons pas d’argent ? Comment fait-on cela ? Bonne question.
Comme je l’ai brièvement mentionné, l’essentiel est la nourriture, le logement, le transport, et la sécurité. Le logement pose un problème particulièrement intéressant en ce moment. Il est encore beaucoup trop cher, avec beaucoup de gens payant des crédits et des loyers qu’ils ne peuvent plus se permettre tandis que de nombreuses propriétés restent vacantes. La solution, bien sûr, est d’arrêter les frais et de cesser de payer. Mais alors il se pourrait que vous deviez bientôt vous reloger. Ce n’est pas grave, car, comme je l’ai mentionné, il n’y a pas de pénurie de propriétés vacantes par ici. Trouver un bon endroit pour vivre deviendra de moins en moins une difficulté à mesure que les gens cessent de payer leur loyer et leur crédit et se trouvent saisis ou expulsés, parce que le nombre de propriétés vacantes ne fera que croître. Le meilleur plan d’action est de devenir gardien, occupant légitimement une propriété vacante sans loyer, en gardant un œil sur les choses pour le propriétaire. Que faire si vous ne pouvez pas trouver un poste de gardien ? Et bien, vous pourriez alors devenir squatteur, tenir à jour une liste d’autres propriétés vacantes où vous pouvez aller ensuite, et garder votre matériel de camping sous la main au cas où. Si vous êtes viré, il y a des chances pour que les gens qui vous ont viré pensent alors à embaucher un gardien, pour tenir éloigné les squatteurs. Et que faire si vous devenez gardien ? Et bien, vous prenez soin de la propriété, mais vous veillez aussi sur tous les squatteurs, car ils sont la raison pour laquelle vous avez un endroit légitime pour vivre. Un tiens squatteur vaut trois proprio-absent-tu-l’auras. Le logeur absent pourrait finalement arrêter les frais et s’en aller, mais vos amis squatteurs resteront vos voisins. Avoir des voisins est tellement mieux que de vivre dans une ville fantôme.
Et si vous avez encore un emploi ? Comment se préparer alors ? La réponse évidente est : soyez prêt à démissionner ou à être licencié à n’importe quel moment. Cela n’a vraiment pas d’importance que ce soit l’un ou l’autre ; l’important est de subir zéro dommage psychologique dans le processus. Rapprochez votre rythme de dépense aussi près de zéro que vous le pouvez, en dépensant aussi peu d’argent que possible, afin que lorsque cet emploi se sera envolé, peu de choses aient à changer. Au travail, faites-en le moins possible, parce que toute cette activité économique n’est qu’un fardeau terrible pour l’environnement. Laissez-vous juste porter jusqu’à un arrêt et sautez.
Si vous avez encore un emploi, ou si vous avez encore quelques économies, que faire de tout cet argent ? La réponse évidente est : accumulez de l’inventaire. L’argent ne vaudra plus rien, mais une boite de clous en bronze sera toujours une boite de clous en bronze. Achetez et entreposez des choses utiles, particulièrement des choses qui peuvent être utilisées pour créer diverses sortes de systèmes alternatifs pour produire de la nourriture, procurer du logement, et procurer du transport. Si vous ne possédez pas clairement et nettement un bout de terre où vous pouvez entreposer des choses, alors vous pouvez louer un espace de stockage, payer quelques années d’avance, et rester simplement assis dessus jusqu’à ce que la réalité reparte à nouveau et qu’il y ait quelque chose d’utile pour vous à faire avec. Certains d’entre vous sont peut-être effrayés par l’avenir que je viens de décrire, et à juste titre. Il n’y a rien qu’aucun d’entre nous puisse faire pour changer le chemin sur lequel nous sommes : c’est un énorme système avec une inertie formidable, et essayer de changer son chemin est comme essayer de changer le chemin d’un ouragan. Ce que nous pouvons faire est nous préparer nous mêmes, et les uns les autres, principalement en changeant nos attentes, nos préférences, et en diminuant nos besoins. Cela peut signifier que vous passerez à côté de quelques derniers petits plaisirs incertains. D’un autre côté, en se refaçonnant en quelqu’un qui pourrait avoir une meilleure chance de s’adapter aux nouvelles circonstances, vous serez capable de vous donner, et de donner aux autres, une grande quantité d’espoir qui autrement n’aurait pas existé.