Pour revenir sur la chélation, quoi que ça nous éloigne du sujet sur la flotte:Pour chélater un toxique présent DANS l'organisme ( et pas simplement dans les boyaux ), il faut que le chélateur
cumule plusieurs propriétés:
- qu'il franchise la barrière digestive, donc une molécule assez petite (exit la pectine ou le grain de charbon activé, qui sont monstrueusement trop gros: même avec un chausse pied, on ne rentre pas un 38 tonnes dans une boite à chaussure ). Ou bien prise par intraveineuse. Mais ce doit être une petite molécule quand même pour pouvoir se balader librement dans tous le corps et franchir les diverses barrières cellulaires.
- L'affinité entre le chélateur et le chélaté doit être forte et difficilement réversible: il faut que le poisson soit bien ferré, pas question qu'il se décroche avant l'épuisette.
- Le complexe formé doit être petit, se balader librement, rester suffisamment soluble, et doit pouvoir être filtré par les reins et finir avec les urines.
Jusque là, j'espère qu'on est d'accord, c'est juste du bon sens.
Même au pays du miso, le Japon, si tu es intoxiqué avec un métal lourd ou un composé radioactif, le seul truc efficace qu'on te filera ce sera de l'EDTA ou un truc approchant. L'EDTA est une molécule de synthèse assez commune que l'on trouve facilement (enfin...pas dans l'alimentation )
Pour faire plaisir à Nex: j'ai dû utiliser de l'EDTA dans ma jeunesse étudiante. J'ai aussi manipulé durant quelques mois ( pour une manip précise ) des radio éléments aussi ( enfin, façon petit joueur: du
32P et du
33P, on est très loin de l'uranium hein - une bonne vitre en plexi épais, des gants ad hoc, un dosimètre dans la poche poitrine changé tous les mois car c'est obligatoire en pareil cas, et roule ma poule ). Mais j'en ai pas acheté et revendu
Le problème de l'EDTA, c'est que ça chélate tout ce qui bouge et qui correspond à une large fourchette d'atomes. Ca fixera le plomb, l'arsenic, etc...les radionucléides, mais aussi le fer et d'autres minéraux indispensables à la physiologie de l'organisme. En clair: en cas de besoin on fait une cure rapide et brève, mais il est hors de question d'en prendre sa vie durant au petit déjeuner. Si dans notre alimentation était présent un chélateur efficace sur les métaux ( par exemple ), on serait immanquablement en carence de fer (entre autre ), ce qui ne serait pas une bonne nouvelle. Parce qu'un chélateur n'est PAS assez sélectif.
Pour revenir au sujet la flotte et le charbon. Je suis peut être allé un peu vite, je recommence ( spéciale dédicace à Khorgal, qui comprendra que le mieux à faire avec son sac de charbon est d'envisager un barbecue ).
Un charbon actif, c'est une poudre très fine et ultra pulvérulente ( suffit d'en avoir ouvert un sachet pour s'en foutre partout et comprendre de quoi il retourne, c'est une vraie saloperie ce machin )
Pour
schématiser, un "grain" de poudre de charbon actif pourrait ressembler à çà:
Tous les zigouigouis en noir qui partent dans tous les sens dans le cercle sont des sortes de canaux, donc c'est creux. En blanc, c'est le charbon "solide", la matière "pleine". C'est comme le gruyère, c'est plein de trous: c'est pour çà que c'est léger ( c'est rempli d'air ). Ces pores ont des tailles définies, selon le type de charbon. Dans les cas extrêmes, la taille des pores ( les canaux ) est de l'ordre de 1 nanomètre pour les charbons aux pores les plus petits, ou de 50 à 100 nm pour les plus gros.
Dans le cas d'une cartouche de filtration à eau ou à air, les grains sont compactés les uns sur les autres. Le fluide n'aura pas d'autres choix que passer dans les pores d'un bout à l'autre de la cartouche. D'ailleurs, il faut une mise en pression car sinon le débit serait quasi nul. Clair qu'une bactérie ne passera jamais, elle est bien trop grosse. De fait, l'eau en sortie est "stérile". Une bactérie de petite taille, c'est 500 nanomètres: forcément, pour rentrer dans un trou de 100 nm, c'est pas gagné.....
Par contre, si l'on met du charbon dans de l'eau, il est évident que ce sera sans effet sur les bactéries: elles sont incapables de rentrer dans les grains de charbon, donc quand on aura enlevé le charbon les bactéries y seront toujours, dans l'eau. Idem si l'on fait ruisseler de l'eau sur du charbon de bois: la flotte, les bactéries et autres composes ne sont pas obligés de rentrer dans le charbon. Ca coulera autour...jusqu'à la sortie.
Si on met du charbon dans un liquide, et si on touille bien: petit à petit, le charbon va précipiter vers le bas. Ce faisant, les molécules de taille suffisamment petites vont passer dans les canaux, et éventuellement restés accrochées dans les canaux. Encore faut 'il que le charbon soit adapté au composé indésirable, et que la dose soit adaptée.
Petit exemple: on peut utiliser du charbon actif dans le vin, dans 2 utilisations distinctes: avec du charbon à pores "moyens / gros", on va éliminer une partie de la couleur. Ca s'utilise dans certains cas en vins effervescents: le pinot noir est un cépage à peau rouge: il y donc un risque de contact trop fort entre le jus et la pellicule, et le jus est alors un peu rosé. Pour faire un champagne "blanc", c'est pas top, alors on peut mettre un peu de charbon. CEs gros pores ont peu d'effets sur les arômes, voir plus bas.
Avec des pores plus petits, on va éliminer des molécules responsables de mauvais goûts, c'est une application légale depuis peu de temps. Mais dans ce cas là, on enlève aussi tout un tas de composés autres, comme les arômes. Certes, ça sent moins les défauts, mais ça sent moins tout court. En ayant la main lourde, on fait de la Vittel à la sortie ( enfin, de la Vittel avec de l'alcool
). Les pores étant petits, la diminution de couleur est existante, mais faible.
Tout ceci pour illustrer qu'un charbon précis est adapté à un usage précis. Il est illusoire de penser qu'un charbon dans de l'eau ( je ne parle pas de filtration dans une cartouche ) va éliminer à la fois toutes sortes de toxiques, petits, moyens et gros.
J'espère qu'on sera aussi d'accord là dessus. Je n'invente rien: c'est factuel et ce sont des mécanismes basiques.
Partant de là, certaines affirmations de Dogna ( le lien un peu plus haut ) prêtent à sourire, pour le moins. En italique, ce qu'il dit.
Aujourd'hui, on possède les preuves scientifiques que le charbon actif absorbe les virus, les bactéries pathogènes ainsi que les toxines bactériennes dans l'intestin.Déjà, ça n'absorbe pas. Dans le meilleur des cas, çà adsorbe, et c'est bien différent. C'est potentiellement vrai pour les "toxines dans l'intestin". Bien sûr, c'est faux pour les virus et bactéries.
Mais, il est aussi efficace pour le mercure, le plomb, les herbicides, les hormones et même certaines substances radioactives.C'est complètement faux pour les radionucléides, le mercure et le plomb ( sauf intoxication aiguë et prise de grosse dose de charbon immédiatement après, pour "lessiver" au plus vite tout le bol gastrique vers la sortie - mais il y a plus efficace et plus rapide: un lavement à l'hosto )
Depuis 15 ans, on utilise le charbon activé pour désintoxiquer des analgésiques, des fébrifuges, des antidépresseurs tricycliques, des glucosides cardiotoniques, des solvants organiques, de la plupart des médicaments à effets iatrogènes et des produits chimiques.Si cette joyeuse liste de molécule est dans le milieu intérieur, c'est complètement bidon.