Le cancer social
« Nous ne devons pas avoir peur d'apporter à des gens quelquefois très, très nombreux, apparemment au hasard, des fleuves de vie spirituelle, alors qu'à l'issue peu d'entre eux seulement se séparent de la masse en entrant réellement dans la vie de l'esprit, deviennent des anthroposophes et nous rejoignent dans le fleuve qui coule sans trêve. Sur ce terrain, il y a en outre le fait que les germes qui ont été semés touchent bien des gens qui diront, par exemple en sortant de telle conférence : C'est fou, les bêtises qu'a racontées ce gars ! – Si l'on applique cela directement à la vie extérieure, on considère que c'est comme les œufs de poissons qui se perdent ; mais une investigation plus approfondie voit la chose d'un point de vue différent. Ces âmes venues à cause de leur karma et qui disent en partant : C'est fou, les bêtises qu'a racontées ce gars ! – elles ne sont pas encore mûres pour accueillir la vérité de l'esprit, mais dans l'incarnation actuelle ce sont des âmes qui ont besoin d'avoir senti vibrer la force qui émane de cette science de l'esprit. Or, ces gens en garderont quelque chose, ils auront beau critiquer ferme, la force restera dans leur âme, les germes ne seront pas perdus et trouveront leur chemin. L'existence obéit à des lois spirituelles qui sont les mêmes pour le spirituel dans l'ordre de la nature ou dans le cas que nous avons évoqué et qui est le nôtre.
Admettons maintenant que nous voulions transposer la même chose dans la vie matérielle extérieure et que quelqu'un dise : Eh bien, faisons-en autant dans la vie extérieure ! – Or, mes chers amis, c'est justement parce qu'on fait ce que je vais décrire que nous allons vers un avenir où les expressions extérieures deviendront toujours plus énormes. La production se fait de plus en plus massivement, on met en route des usines sans se demander s'il en existe le besoin. Comme c'était autrefois l'usage, le tailleur du village ne confectionnait un vêtement que lorsqu'on le lui commandait. C'était alors le consommateur qui disait la quantité à produire ; aujourd'hui, on produit pour le marché et on entasse au maximum la marchandise. La production s'effectue tout à fait selon le principe d'après lequel crée la nature. La nature est continuée dans l'ordre social. D'abord, cela ira sans cesse en augmentant. Or, nous sommes ici dans le domaine du matériel. La loi spirituelle ne s'applique pas à la vie extérieure, du fait justement qu'elle vaut pour le monde spirituel, et il en résultera une chose très étrange. Comme nous sommes entre nous, nous pouvons dire une chose comme celle-là. Nous n'aurions certes aucune compréhension à attendre du monde d'aujourd'hui.
On produit donc actuellement pour le marché sans tenir compte de la consommation, tout à l'opposé de ce qu'expliquait mon exposé Science de l'esprit et question sociale ; tout ce qui est produit est stocké dans les entrepôts par le jeu des marchés financiers, et on attend ensuite de voir quelle quantité aura été achetée. La tendance ira en s'accentuant jusqu'à ce que – la suite vous dira pourquoi – elle se détruise elle-même. Du fait que cette sorte de production s'introduit dans la vie sociale, elle déclenche dans le tissu social des hommes sur terre exactement ce qui se déclenche dans l'organisme quand un carcinome commence à se développer. Exactement la même chose : une formation tumorale, un carcinome, un cancer de la civilisation, un carcinome culturel ! Au regard de l'esprit, la vie sociale révèle un cancer en train de se former ; partout se dessinent les germes effrayants de formations cancéreuses dans le social.
C'est l'inquiétude à l'égard de la civilisation qui étreint l'investigateur des dessous de l'existence. C'est si terrible, si angoissant que même si on pouvait réprimer tout enthousiasme pour la science de l'esprit et empêcher de parler en faveur de cette science, on se sentirait obligé de crier au monde, pour ainsi dire, quel remède appliquer à ce qui s'est déjà déclaré et va s'intensifier dangereusement. Ce qui dans son domaine doit appartenir à une sphère où la création est semblable à celle de la nature, à savoir la diffusion des vérités spirituelles, devient une formation cancéreuse lorsqu'elle entre dans la civilisation comme nous l'avons décrit.
On ne pourra ni discerner cela ni y porter remède tant que la science de l'esprit n'aura pas conquis les cœurs et imprégné les âmes. Et quand vous voyez ce qu'il en est, vous voudriez bien porter dans vos paroles l'ardeur la plus enflammée pour mettre en garde vos contemporains, tous ceux qui sont capables de comprendre vers quel avenir nous allons ! » (R. Steiner, Vie intérieure, mort & immortalité, Paris, 1993, pp.156-158)
Et cet avenir nous le connaissons trop bien : quatre mois plus tard c'était la tragédie de la première guerre mondiale, puis l'horreur de la révolution bolchévique et, 25 ans plus tard, la déclaration de guerre de l'Angleterre et de la France à l'Allemagne et la seconde guerre mondiale jusqu'en Chine et au Japon, Dresde, Hiroshima, le Vietnam, l'Iraq etc. etc. Et l'horreur s'accélère aujourd'hui pour la plus grande satisfaction des forces noires et de la Haute Finance apatride bien à l'abri derrière ses masques.
Et l'on se prend à relire l'Apocalypse de Jean, 18, et la malédiction des « marchands de la terre » enrichis de toute espèce de débauche, de crimes et de volonté de puissance : Prostitution effrénée aux forces du lucre et de la corruption, culte inavoué au règne annoncé du « Prince de ce monde ». Combien de bombes nucléaires allègrement entassées ? Combien de missiles inutilement stockés qui ne demandent qu'à glorieusement servir la finance et l'industrie, le lucratif essor de l'économie ?
Je me souviens d'un roman oublié de 1934 « R'adam et R'êve ou le Vestige » de Jean-T. Talabot décrivant un monde revenu à l'An zéro de l'Histoire par suite du cataclysme en chaîne qui nous menace tous aujourd'hui, du fait de la folie – ou devrais-je dire la possession ? – de ceux qui se retranchent hypocritement derrière le paravent de la sacro-sainte Démocratie et le masque de la morale.
WH.
Publié par WH. à l'adresse 3/12/2011
http://spfc441.blogspot.com/2011/03/le-cancer-social.html
« Nous ne devons pas avoir peur d'apporter à des gens quelquefois très, très nombreux, apparemment au hasard, des fleuves de vie spirituelle, alors qu'à l'issue peu d'entre eux seulement se séparent de la masse en entrant réellement dans la vie de l'esprit, deviennent des anthroposophes et nous rejoignent dans le fleuve qui coule sans trêve. Sur ce terrain, il y a en outre le fait que les germes qui ont été semés touchent bien des gens qui diront, par exemple en sortant de telle conférence : C'est fou, les bêtises qu'a racontées ce gars ! – Si l'on applique cela directement à la vie extérieure, on considère que c'est comme les œufs de poissons qui se perdent ; mais une investigation plus approfondie voit la chose d'un point de vue différent. Ces âmes venues à cause de leur karma et qui disent en partant : C'est fou, les bêtises qu'a racontées ce gars ! – elles ne sont pas encore mûres pour accueillir la vérité de l'esprit, mais dans l'incarnation actuelle ce sont des âmes qui ont besoin d'avoir senti vibrer la force qui émane de cette science de l'esprit. Or, ces gens en garderont quelque chose, ils auront beau critiquer ferme, la force restera dans leur âme, les germes ne seront pas perdus et trouveront leur chemin. L'existence obéit à des lois spirituelles qui sont les mêmes pour le spirituel dans l'ordre de la nature ou dans le cas que nous avons évoqué et qui est le nôtre.
Admettons maintenant que nous voulions transposer la même chose dans la vie matérielle extérieure et que quelqu'un dise : Eh bien, faisons-en autant dans la vie extérieure ! – Or, mes chers amis, c'est justement parce qu'on fait ce que je vais décrire que nous allons vers un avenir où les expressions extérieures deviendront toujours plus énormes. La production se fait de plus en plus massivement, on met en route des usines sans se demander s'il en existe le besoin. Comme c'était autrefois l'usage, le tailleur du village ne confectionnait un vêtement que lorsqu'on le lui commandait. C'était alors le consommateur qui disait la quantité à produire ; aujourd'hui, on produit pour le marché et on entasse au maximum la marchandise. La production s'effectue tout à fait selon le principe d'après lequel crée la nature. La nature est continuée dans l'ordre social. D'abord, cela ira sans cesse en augmentant. Or, nous sommes ici dans le domaine du matériel. La loi spirituelle ne s'applique pas à la vie extérieure, du fait justement qu'elle vaut pour le monde spirituel, et il en résultera une chose très étrange. Comme nous sommes entre nous, nous pouvons dire une chose comme celle-là. Nous n'aurions certes aucune compréhension à attendre du monde d'aujourd'hui.
On produit donc actuellement pour le marché sans tenir compte de la consommation, tout à l'opposé de ce qu'expliquait mon exposé Science de l'esprit et question sociale ; tout ce qui est produit est stocké dans les entrepôts par le jeu des marchés financiers, et on attend ensuite de voir quelle quantité aura été achetée. La tendance ira en s'accentuant jusqu'à ce que – la suite vous dira pourquoi – elle se détruise elle-même. Du fait que cette sorte de production s'introduit dans la vie sociale, elle déclenche dans le tissu social des hommes sur terre exactement ce qui se déclenche dans l'organisme quand un carcinome commence à se développer. Exactement la même chose : une formation tumorale, un carcinome, un cancer de la civilisation, un carcinome culturel ! Au regard de l'esprit, la vie sociale révèle un cancer en train de se former ; partout se dessinent les germes effrayants de formations cancéreuses dans le social.
C'est l'inquiétude à l'égard de la civilisation qui étreint l'investigateur des dessous de l'existence. C'est si terrible, si angoissant que même si on pouvait réprimer tout enthousiasme pour la science de l'esprit et empêcher de parler en faveur de cette science, on se sentirait obligé de crier au monde, pour ainsi dire, quel remède appliquer à ce qui s'est déjà déclaré et va s'intensifier dangereusement. Ce qui dans son domaine doit appartenir à une sphère où la création est semblable à celle de la nature, à savoir la diffusion des vérités spirituelles, devient une formation cancéreuse lorsqu'elle entre dans la civilisation comme nous l'avons décrit.
On ne pourra ni discerner cela ni y porter remède tant que la science de l'esprit n'aura pas conquis les cœurs et imprégné les âmes. Et quand vous voyez ce qu'il en est, vous voudriez bien porter dans vos paroles l'ardeur la plus enflammée pour mettre en garde vos contemporains, tous ceux qui sont capables de comprendre vers quel avenir nous allons ! » (R. Steiner, Vie intérieure, mort & immortalité, Paris, 1993, pp.156-158)
Et cet avenir nous le connaissons trop bien : quatre mois plus tard c'était la tragédie de la première guerre mondiale, puis l'horreur de la révolution bolchévique et, 25 ans plus tard, la déclaration de guerre de l'Angleterre et de la France à l'Allemagne et la seconde guerre mondiale jusqu'en Chine et au Japon, Dresde, Hiroshima, le Vietnam, l'Iraq etc. etc. Et l'horreur s'accélère aujourd'hui pour la plus grande satisfaction des forces noires et de la Haute Finance apatride bien à l'abri derrière ses masques.
Et l'on se prend à relire l'Apocalypse de Jean, 18, et la malédiction des « marchands de la terre » enrichis de toute espèce de débauche, de crimes et de volonté de puissance : Prostitution effrénée aux forces du lucre et de la corruption, culte inavoué au règne annoncé du « Prince de ce monde ». Combien de bombes nucléaires allègrement entassées ? Combien de missiles inutilement stockés qui ne demandent qu'à glorieusement servir la finance et l'industrie, le lucratif essor de l'économie ?
Je me souviens d'un roman oublié de 1934 « R'adam et R'êve ou le Vestige » de Jean-T. Talabot décrivant un monde revenu à l'An zéro de l'Histoire par suite du cataclysme en chaîne qui nous menace tous aujourd'hui, du fait de la folie – ou devrais-je dire la possession ? – de ceux qui se retranchent hypocritement derrière le paravent de la sacro-sainte Démocratie et le masque de la morale.
WH.
Publié par WH. à l'adresse 3/12/2011
http://spfc441.blogspot.com/2011/03/le-cancer-social.html