LE TRIOMPHE CERTAIN DU CHRIST-ROI
Beaucoup disent maintenant que le vieux monde est perdu, les uns pronostiquent la fin de la France, et d’autres celle de l’Europe ou de l’Occident, d’autres encore le crépuscule de la race blanche ou la disparition du Christianisme. (…) Nous ne partageons pas ce pessimisme pour la bonne et excellente raison que nous autres, catholiques, puisons dans le livre de l’Apocalypse une espérance inébranlable dans le triomphe du Christ-Roi !
Ce livre est doux et amer, doux par ses promesses de résurgence de la Chrétienté et de victoire finale, amer par la prédiction de tant d’épreuves qu’il faudra subir et traverser... Pour peu qu’on l’étudie sérieusement, c’est la fin des utopies et des désordres actuels qu’il annonce, mais à travers de grands cataclysmes, et la permanence ou la résurrection de ces réalités charnelles et politiques qui demeurent porteuses de l’Évangile éternel. (…)
Dès les premiers chapitres (2-3), voyez comment les chrétiens sont réprimandés, exhortés, consolés et fortifiés par leur Seigneur selon qu’ils le méritent par leur résistance aux idolâtries ambiantes et leur fidélité au seul Évangile du Salut ! Message aux Églises toujours d’actualité !
Ensuite, quelle grandiose leçon dans la double ruine de la Grande Cité où Jésus mourut crucifié (3-11) et de la Grande Babylone païenne, persécutrice (13-19) ! Entendons que nulle société ne peut échapper à la foudre, au tonnerre dévastateur de la Colère divine, dès lors qu’elle refuse Jésus-Christ pour Sauveur et pour Roi. Le sort de la Jérusalem charnelle et de la Rome ancienne, dont il ne subsiste ici et là que des ruines, nous annonce le sort de toutes les Babel et de toutes les Sodome modernes. (…)
Quand nous voulons savoir ce qui est sain et saint, viable et protégé, béni de Dieu, appelé à revivre et à survivre, c’est la religion de Dieu, c’est la civilisation chrétienne. C’est la foi en Dieu et la proclamation de son règne sur toute chair, la foi au Christ et la reconnaissance de sa Royauté publique et privée. Non pas de manière théorique, idéologique, comme d’une opinion plus affirmée que réelle, ce qui est typique de l’esprit protestant, individualiste et subjectif, mais de manière institutionnelle et concrète, dont la Chrétienté médiévale reste l’admirable modèle. (…)
La Chrétienté, c’est la société où Dieu est reconnu, loué, obéi, servi, selon l’enseignement du Christ et par le moyen de l’Église, de ses dogmes, de ses sacrements, de sa loi.
Dès qu’un ou deux êtres humains se reconnaissent ainsi soumis à Jésus-Christ, dans leur âme et dans leur corps, dans leurs liens naturels intimes et publics, ils donnent existence et corps à la Chrétienté, ils sont une exigence de Chrétienté plus vaste, jusqu’aux extrémités du monde. Aussi, avant qu’elle revienne et triomphe dans le monde, cette survie de la Chrétienté commence en nos propres âmes et nos corps, en nos foyers et nos groupes, civils ou religieux, parce que déjà sa victoire en nos vies individuelles et sa manifestation dans nos parcelles de sociétés serviront de modèle à sa plus vaste réussite.
Mais cette première étape dépend de notre serment intérieur de n’adhérer à nulle forme de naturalisme, d’humanisme laïc, économique ou politique. Car n’oublions pas que le grand moyen de conquête de la Chrétienté par l’irréligion a été le « libéralisme catholique » qui détachait les catholiques, individuellement, de la grande cohésion de leur communauté où Dieu était publiquement reconnu et premier servi. Ainsi cette communauté s’est insensiblement vidée de sa substance, de sa force, elle s’est trouvée rongée de l’intérieur et par ses propres membres, tandis que l’adversaire se fortifiait sans qu’on sut bien comment et montrait toujours plus d’insolence.
N’allez pas chercher plus loin la cause de cet asservissement plus que séculaire des peuples catholiques à des minorités de « Sans-Dieu » persécuteurs, francs-maçons, radicaux, socialistes, etc. Donc, pour remonter ce courant, ce prétendu sens irréversible de l’histoire, il faut que les vrais catholiques cessent d’apporter leur contribution jamais payée de retour à tant de mouvements et de partis qui se proposent le salut de la société sans appel à Dieu, dans l’ignorance de Jésus-Christ et le mépris de l’Église unique ! (…)
LE RÈGNE FUTUR DU CHRIST-ROI
Ensorcelés par Satan, nous catholiques, nous avons vergogne, c’est-à-dire honte, de vouloir imposer aux autres – même chrétiens, même catholiques ! – le règne du Christ et la promulgation publique et souveraine de sa Loi. Ah ! nous sommes bien intoxiqués ! Pendant ce temps, nous admettons comme un fait contraignant, au fond bien naturel, la dictature du matérialisme athée par là force du Parti et de la police d’État sur plus d’un milliard de Chinois, et d’une autre manière non moins oppressive sur les peuples occidentaux livrés à la ploutocratie, à son laïcisme et son sensualisme à courte-vue. On nous fait grief de notre “ fanatisme ” et nous tremblons. Mais nous ne faisons pas grief au technocrate libéral de son attachement fanatique à la société de consommation et de son despotisme bureaucratique. Nous ne faisons pas grief au militant socialiste de sa lutte impérialiste pour la destruction de la famille, de la propriété, de la patrie, de la religion, au bénéfice de son utopie et de son impitoyable collectivisme. Il ne les veut pas pour lui seul ou pour ses seuls adeptes mais pour tout le monde et il entend bien ranger le monde entier à sa loi.
Pourquoi n’aurions-nous pas le même impérialisme quand il s’agit non pas de notre propre loi, mais du joug doux et léger de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Roi du monde ?
Eh bien, libérés des prestiges de Satan, nous catholiques, nous entendons militer pour ramener nos vieux pays et amener les pays païens, musulmans, bouddhistes et autres du tiers-monde au Règne social de Jésus-Christ. Notre politique est chrétienne, notre projet économique, social et politique, national et international, est catholique. Nous déclarons que le bonheur de tout homme, de tout l’homme et de tous les hommes, se trouve dans le Christ et que la solution de tous les problèmes sociaux et politiques se trouve dans le respect de sa Loi divine et la participation sacramentelle à sa Vie de sainteté.
Écoutez saint Pie X : « La réforme de la civilisation est une œuvre
religieuse au premier chef, car pas de vraie civilisation sans
civilisation morale, et pas de civilisation morale sans la vraie
religion. C’est une vérité démontrée, c’est un fait d’histoire... car
les réalisations pratiques revêtent le caractère des convictions
religieuses, comme les membres d’un corps jusqu’à leurs dernières
extrémités reçoivent leur forme du principe vital qui les anime »
(Lettre sur le Sillon, n° 36).
Et encore cette admirable page, justement célèbre : « Non, vénérables
Frères, il faut le rappeler énergiquement dans ces temps d’anarchie
sociale et intellectuelle, où chacun se pose en docteur et législateur,
on ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a bâtie ; on
n’édifiera pas la société, si l’Église n’en jette les bases et ne
dirige les travaux ; non, la civilisation n’est plus à inventer ni la
cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est ; c’est la
civilisation chrétienne, c’est la cité catholique. Il ne s’agit que de
l’instaurer et de la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels
et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie
malsaine, de la révolte et de l’impiété : omnia instaurare in Christo :
Tout instaurer dans le Christ » (ibid. n° 11).
Nous n’avons pas à avoir honte de ce prosélytisme ni crainte de le voir
mal vu, mal reçu. (…) Donc, pour tous, nous voulons, officiellement au
lieu de l’initiation sexuelle obligatoire, la vertu, au lieu de la
contraception remboursée, l’aide aux familles, les mouvements de
jeunesse, la reconnaissance des ordres religieux, au lieu de
l’avortement libre, de l’émancipation des mineurs, de la diffusion des
maladies vénériennes et du banditisme, la restauration de l’autorité
paternelle, la liberté des successions patrimoniales, la rigueur de la
justice, la rééducation des délinquants, une police efficace. Cela,
dans nos sociétés occidentales déjà civilisées et chrétiennes, pour
lesquelles le malheur et les désordres présents ne sont qu’une maladie
passagère.
Et pour les peuples lointains, encore étrangers à notre ordre chrétien
et catholique ou trop superficiellement touchés par lui, nous voulons
absolument, au lieu du terrorisme et des subversions libertaires, la
reprise de la colonisation occidentale, mais catholique ! et des
missions catholiques, (…) c’est-à-dire en termes modernes, dépouillées
d’un lourd passif de rancœur et de haine, la protection et l’expansion
de la civilisation chrétienne pour l’amour du Christ et le salut
temporel et éternel de tous les peuples. (…)
C’était la pensée de notre Père, le bienheureux Charles de Foucauld.
C’est donc la nôtre aujourd’hui. (...) : « Si j’étais à la place de ces
malheureux musulmans qui ne connaissent ni Jésus, ni son Sacré-Cœur, ni
Marie notre Mère, ni la Sainte Eucharistie, rien de ce qui fait notre
bonheur ici-bas et notre espérance là-haut ; et si je connaissais mon
triste état, oh ! comme je voudrais qu’on fît son possible pour m’en
tirer ! Ce que je voudrais pour moi, je dois le faire pour les autres
». Tel est le cœur des saints. (…)
SOUS LE SIGNE DE FATIMA
Mais comment une telle renaissance, une telle résurrection pourra-t-elle advenir ?
Par l’intercession de Notre-Dame de Fatima, qui fera pour le monde
entier ce qu’elle fit pour le Portugal. C’était un pays profondément
chrétien que le Portugal de 1917, vertueux et pauvre, tel qu’on avait
toujours vécu et qu’on devra toujours vivre selon le plus pur Évangile,
mais asservi à la franc-maçonnerie antichrétienne. Aux plus pauvres,
aux petits bergers de Fatima la Vierge est venue révéler que les
guerres et les désordres sociaux étaient les conséquences des mauvaises
mœurs et de l’incrédulité, un châtiment de Dieu. Priez et faites
pénitence et le Ciel fera cesser ces maux.
À partir de ce moment mais singulièrement aidé par les miracles de
Fatima, le peuple portugais se convertit et se libère donc, comme sans
effort, du joug maçonnique. En 1924, c’était déjà fait. L’obéissance
des autorités religieuses et de tout le peuple aux demandes précises de
la Vierge Marie, a non seulement libéré le Portugal du joug des sans
Dieu, mais il lui a aussi évité jusqu’en 1974, les guerres et les
révolutions, ce qui constitue un véritable miracle dans l’Europe de
cette époque. (…)
Que le Pape obéisse donc à son tour, pleinement et loyalement, aux
demandes de Notre-Dame de Fatima, et il fera des miracles. Il nous
libérera du culte de l’homme et de la religion démocratique, et avec la
dévotion au Cœur Immaculé de Marie, il nous redonnera l’amour du culte
de Dieu et le zèle pour le salut des âmes.
Oui, le Pape fera un jour marcher droit les évêques, et les évêques
redonneront cohésion à leurs peuples, je ne donne pas cher alors des
sociétés de pensée et des gouvernements d’aujourd’hui, dans le monde
entier, avorteurs, socialistes, anticléricaux, antipatriotes et
démoralisateurs. Par élections, par coup de force je ne sais, mais je
n’exclus rien, nos grands pays civilisés retrouveront leur grandeur
dans la religion catholique et la tradition qui est la leur, latine,
européenne, vraiment universelle. De là, ils rayonneront encore sur le
tiers-monde et sur le deuxième-monde aussi, celui du Communisme. Nous y
voyons des masses persécutées, des masses opprimées qui attendent, qui
espèrent notre libération. « La Russie se convertira » et « Un temps de
paix sera donné au monde », a promis Notre-Dame... Magnifique vision de
paix, après l’orage, de cette Jérusalem nouvelle descendue du Ciel,
d’auprès de Dieu. Nous travaillons, nous souffrons pour notre salut
éternel, certes mais aussi, mais surtout pour ce Règne de Jésus-Christ
« sur la terre » demain, « comme au Ciel » éternellement, car ce
triomphe sera le salut de myriades d’âmes comme la révolte et
l’oppression des Sans-Dieu en est actuellement la damnation. (…)
La force de l’Église, c’est l’Amour ! Par ce glaive elle chassera le
démon de la terre, le pied virginal de Marie lui écrasera la tête, et
tous chanteront l’Amour Miséricordieux du Christ-Roi !
Abbé Georges de Nantes
Extraits de la CRC n° 87, décembre 1974, p. 3-12