Une analyse pertinente et affutée à propos des décisions vicelardes de l'europe face à la crise. le fric, le fric, il faut sauver le fric. c'est obsessionnelle
L’Europe et le “protectionnisme” ou l’art de se moquer des citoyens
Les dirigeants de l’Union européenne étaient réunis dimanche premier mars à Bruxelles pour tenter de mettre en place une stratégie commune face à la crise. Ils ont rejeté l’hypothèse de l’application d’un plan d’aide global aux pays de l’Est tout en produisant un texte condamnant le protectionnisme et en évoquant une solution pour l’assainissement des systèmes bancaires . On s’interroge sur la nature de la campagne des élections européennes proches, on peut en effet se demander ce que veut dire “l’Europe sociale” chère à certains partis de gauche dans un tel contexte et de qui se moque-t-on ? L’impression générale que donnent nos politiciens de tous bords est qu’ils sont incapables de sortir des ornières qu’ils ne cessent de creuser et que leur discours est de plus en plus en décalage avec une réalité à laquelle ils tournent le dos. Face à la crise qui secoue les pays de l’est ce sera au coup par coup, et sous la conduite du Tchèque et de Barroso on avance vers le “libéralisme” et on tance le protectionnisme (français en partixculier) en oubliant simplement que ce sont ces fiers enthousiastes des marchés ouverts qui nous ont menés là où nous en sommes et que ce qu’ils appellent le protectionnisme reflète simplement la situation de toutes les formes collectives de protection à tous les sens du terme mises à mal à commencer par les nations elle-mêmes.
Aucune solution d’ensemble pour les pays de l’Est
Les pays dits de l’Est sont la proie d’une crise monumentale. Stephen Jen, le responsable du secteur devise chez Morgan Stanley, indique que l’Europe de l’Est a emprunté l’équivalent de 1 700 milliards de dollars à l’étranger, dont la plus grande partie sous la forme de crédit à court-terme. Ces pays devront rembourser - ou refinancer - 400 milliards de dollars cette année, somme égale à un tiers du PIB de la région. Et elles le doivent à qui? En gros à l’Europe de l’ouest…
Notre capital national par exemple français avec l’aide des gouvernements successifs s’est désindustrialisé pour devenir un capital financier, notre économie a suivi, délocalisation, primat des services marchandisés où il fallait faire passer tout le service public dans le secteur marchand grâce aux directives européennes. L’Union européenne a eu son far west à l’est.
Le résultat de cette folie collective qui a gagné les prêteurs et les emprunteurs est comparable à la déroute des subprimes aux Etats-Unis. Les banques européennes sont impliquées dans les subprimes autant que dans la déroute des pays de l’Est . Ce qui n’est pas le cas pour les banques américaines. La quasi totalité des dettes du bloc de l’Est sont dues à l’Europe de l’Ouest, difficile de s’en dégager. Lors du sommet du premier mars, la Hongrie souhaitait la mise en place d’un plan global pour aider les pays de l’Est à surmonter cette crise et pour faire face la contagion sociale. De surcroît comme dans ces pays tout a été fait par leurs charmants dirigeants pour développer l’extrême-droite contre “le communisme”, le pire est à craindre dans ce domaine.
Les dirigeants de l’Union se sont prononcés contre une telle action global. Le président de la commission, Jose Manuel Barroso, explique ce refus d’un plan global par les différences qui existent entre chaque pays de l’Est. L’actuel président de l’Union, le premier ministre tchèque, Mirek Topolanek se veut rassurant : “Il est tout à fait clair que l’Union européenne ne laissera personne sur le bord de la route”. les participants au sommet ont chargé la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et la Banque mondiale d’accroître leur soutien aux économies les plus fragilisées en augmentant, “si possible”(sic), le prêt de 24,5 milliards d’euros déjà débloqué en leur faveur. Ils se sont également montrés ouverts à l’idée de procédures d’adhésion à l’euro accélérées, ce que réclament ouvertement la Hongrie et la Pologne. Soit face à cette idée de l’adhésion à l’euro accélérée, il s’agit d’une promesse sans réalité, soit c’est irresponsable… C’est une fuite en avant qui ne bénéficiera à personne. Soit c’est une promesse dans lendemain , un simple lot de consolation démagogique pour faire passer la pillule de l’absence d’aide réelle… Et dans tout les cas cela ne résoud pas l’incendie qui menace de se propager…
Le “protectionnisme” le nouveau thème à la mode
Mais au même moment où les chefs d’Etat et de gouvernement refusent de traiter d’un secours “global” et promettent d’agir au coup par coup, ils continuent leurs proclamations et affirment : “le protectionnisme n’est pas la réponse à la crise actuelle”. Ils affirment aussi leur volonté de faire “une utilisation maximale du marché unique” européen, qui garantit la libre circulation des marchandises, services, personnes et capitaux, “pour soutenir la croissance et l’emploi”. C’est-à-dire que sera maintenue la logique de la marchandisation, pas question d’arrêter “les réformes” qui livrent ou prétendent livrer au privé le sytème éducatif, la santé, on accelère…
Sur cette question du protectionnisme le Tchèque (qui assume la présidence de l’Europe) Mirek Topolanek est un fanatique du “marché”, il n’a rien appris, ou ne veut rien apprendre et il a les Français en priorité dans son viseur avec la récente annonce du prêt de 6 milliards d’euros que l’Etat français va consentir aux constructeurs automobiles nationaux, à condition que les entreprises préservent l’emploi en France et ne délocalisent une partie de leur production en République tchèque, en Slovaquie ou en Roumanie – pays où PSA et Renault ont des usines de montage. Bref tout le monde soupçonne la France et son refus du “plombier polonais”… Les Français qui tiennent à leur modèle social et dont le gouvernement doit bien tenir compte… A propos des mesures françaises, le Premier ministre tchèque n’a pas hésité à parler de “réactions xénophobes” et a fait valoir que “certains problèmes qui étaient latents sont aujourd’hui visibles”.Si les Français sont désignés, ils sont pourtant loin d’être les seuls.
La Suède étudie également des mesures analogues, à savoir des aides destinées à ses constructeurs, moyennant quoi les sommes engagées doivent être réinvesties uniquement dans le pays. L’Italie a donné des incitations au secteur automobile – la société Fiat est implantée en Pologne –, mais ces aides ne sont pas soumises à la protection de l’emploi local.
La France a réagi en bloc aux critiques tchèques. “Ce n’est pas du protectionnisme”, a déclaré le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Bruno Le Maire. “Il s’agit de défendre notre industrie et notre emploi. Je crois que c’est le moins qu’on puisse attendre d’un gouvernement face à la crise.” Barroso, on ne s’en étonnera pas, s’est rallié au point de vue du Premier ministre tchèque concernant les dangers du nationalisme économique, et il s’est engagé à examiner de près les mesures adoptées par Paris. “Nous analyserons le plan [français] et nous verrons s’il est compatible avec les règles du marché intérieur”, a souligné le président de la Commission européenne. “Si ce n’était pas le cas, cela aurait des effets négatifs sur d’autres pays membres, effets qu’il faudrait éviter […]. Ne cédons pas à la tentation du repli nationaliste, il y va du respect du principe de libre circulation des personnes.” Donc le discours anti-protectionniste est dirigé en priorité contre la France toujours suspecte d’indépendance nationale.
Résultat à la veille du sommet, la France a fait machine arrière: Afin de mettre un terme à la polémique, la France s’est notamment engagée à ce que «les conventions de prêt avec les constructeurs automobiles ne contiennent aucune condition relevant de la localisation de leurs activités ou de l’approvisionnement en priorité auprès de fournisseurs installés en France», ce qui a fait que la Commision à la concurrence de Bruxelles lui a accordé sa bénédiction la veille du sommet et que les participant ont pu chanter d’une seule voix ce couplet anti-protectionniste..
Bref, on continue…
Mais il suffit d’analyser leur seule “mesure concrète” de ce brillant sommet à savoir un “accord cadre sur les actifs toxiques” pour se rendre compte de la manière dont ils se moquent de nous.Pendant des années ils nous ont fait le coup du “marché”: souvenez-vous quiconque prétendait lui donner des règles en particulier nationales, des contraintes monétaires, était considéré comme un “criminel”, comme un esprit rétrograde voir pire un “marxiste”et il n’y avait pas de débat possible. Aujourd’hui ils nous refont le coup avec le mot protectionnisme, mais qu’est-ce que cela cache?
D’abord le fait qu’ils n’ont aucun remède face à la paralysie d’un système qui veut que les banquiers n’ont aucune confiance les uns dans les autres. On ne peut pas “moraliser” un tel système et il ne peut en aucun cas engendrer la confiance, vu que ces gens là ont tout sauf des illusions sur eux-mêmes. Chacun soupçonnant l’autre de lui fourguer des actifs toxiques . Je rappelle pour qui l’ignorerait encore que les actifs toxiques sont des actifs financiers que l’on ne peut plus vendre. Ce sont des produits dont personnes ne veut, du fait qu’ils n’ont plus aucune valeur sur le marché.Le type étant les subprimes nord-américains mais qui en fait concernait une grande partie des produits financiers. Comme les gouvernements ne cessent de déverser de l’argent dans le système bancaire sans réel contrôle sous pretexte d’éviter la thrombose puisque personne ne veut plus prêter de peur d’hériter des dits produits toxiques nous sommes toujours dans la paralysie du crédit et donc l’arrêt de l’économie. Et tout l’argent que l’on déverse dans ces puits sans fond qu’il ne faut surtout pas nationaliser et mettre sous contrôle réels des peuples sert d’excuse à la pression sur la vie quotidienne, la santé, l’éducation, les protections sociales. Et la seule garantie est non plus la solvabilité des banques mais celle des etats, c’est-à-dire que nous sommes condamnés à “pédaler” pour nos banquiers. Il existe des Etats qui trés rapidement ne peuvent plus présenter les garanties suffisantes, ça a commencé par l’Islande mais voici que c’est le tour des pays de l’Est. L’Europe s’est ouverte, a entraîné dans son système de traite de cavalerie et de surexploitation des pays fragiles avec des dirigeants parfois corrompus, c’est la folle vie pour tous, chacun y compris les syndicats étaient pris dans la machine à consensus autour du système… et maintenant ? C’est le délestage: on, verra au coup par coup et surtout pas de “protectionnisme”…
Mais regardons ce qui se passe dans les faits: le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso,a annoncé que les pays membres se sont mis d’accord sur un “cadre commun” qui porte “sur la manière de traiter les actifs toxiques”. Chaque Etat aura une “grande flexibilité sur la détermination des actifs éligibles”.Et nous voilà repartis dans le discours sur le cadre européen schizophrène, le refus “vertueux” du protectionnisme et le renvoi de fait à chaque Etat du soin de se débarrasser de ses produits toxiques.
« Il s’agit d’une décision importante pour rétablir l’octroi de crédits par les banques », s’est félicité Nicolas Sarkozy. Le président de la République a expliqué que les Vingt-Sept étaient convenus de laisser à chaque pays le choix de la méthode (structure de défaisance ou système de garantie) ainsi qu’une « grande flexibilité » sur la détermination des actifs éligibles. Mais un « cadre commun européen » encadrera ce type d’intervention pour éviter les distorsions de concurrence.
Et on continue comme avant…
On nous refait grâce à l’Europe le coup du “marché”. Le fond est que le cadre européen sert de prétexte pour sous couvert de “refus du protectionnisme” ne pas offrir aux citoyens de véritables débats nationaux sur les mesures à prendre et pour préserver les intérêts du capital et du financier et imposer aux peuples de payer pour eux en éloignant d’eux la décision politique sous couvert de décisions communes. L’Europe joue une fois de plus son rôle anti-démocratique et d’aggravation de la crise sans offrir le moindre parapluie collectif.
Parce que on nous fait le coup de “moraliser” le capital, c’est impossible, il est immoral et actif parce qu’il l’est. Si on les prenait au mot on pourrait tout au plus pondérer ses pires excès c’est-à-dire lui imposer comme au temps où existait une “social-démocratie” par crainte de l’Union Soviétique, des protections sociales, du non marché, mais l’Europe c’est justement le contraire on le voit une fois de plus, c’est sur le fond pouvoir continuer à donner aux mêmes, utiliser les ressources et les richesses nationales pour les déverser sans contrôle dans le tonneau des danaïdes et empêcher que des mesures en faveur de l’emploi national soit pris tandis que celles en faveur des banquiers et du capital sont “libérées”…
Une décision finale serait prise au prochain sommet des dirigeants européens les 19 et 20 mars nous annonce-t-on. mieux en mai il sera question de… L’Europe sociale par les mêmes…
Mais la vraie question est de qui se moque-t-on dans les états majors politiques quand on prétend nous faire voter sur l’Europe sociale ? .
Danielle Bleitrach
http://socio13.wordpress.com/2009/03/02/leurope-et-le-protectionnisme-ou-lart-de-se-moquer-des-citoyens/