Les Instructions Secrètes des Jésuites
(Monita Secreta)
d'après le Manuscrit Authentique
Lettre de Lenculus à Nenki: concernant les Monita Secreta, tu le retrouves en diffusion libre sur le net grâce à Toi et à ma reprise et mise en page de l'original.
N'oublies pas et dis à Joël toutefois que ceux qui ont édité ce document ne sont que ceux qui les combattent avec toutes les armes qui sont leurs : les Francs-maçons. Il me paraît intéressant de te le signaler.
En effet l'éditeur de cet opuscule à l'usage de ceux qui veulent savoir en loge est édité par L'Acacia 16, rue cadet ou le siège du :
Grand Orient de France et de la Franc-Maçonnerie
16, rue Cadet 75009 Paris
ouvert tous les jours sauf dimanches et fêtes
de 14h à 18h
tel : 01 45 23 20 92
Donc attention à la désinformation.
Il est vrai qu'il est devenu introuvable ou difficile à lire sauf depuis qu'un jour, un jeudi, jour de marché à Bagnères de Bigorre, je me suis trouvé ce document au milieu d'une pile de livres divers et que dans mon incommensurable bienveillance à l'égard de l'humanité inculte, je me suis dévoué pour le remettre en ligne.
Bonne journée - ami.
UUne copie écrite du document de trouve dans la revue Undercover n° 3 / 40 rue du Paradis 76530 Grand-Couronne - France
Les Secrets des Jésuites
(Monita Secreta)
Avertissement
Les Monita Secreta, ou Instructions secrètes des Jésuites, ont été publiées pour la première fois à Cracovie en 1612. D'autres éditions suivirent : celle de Paderborne 1661, et, en France celles de 1718, 1819, 1824, 1845, 1861, 1867, 1876, enfin celle publiée chez Cornély en 1901. Toutes sont introuvables aujourd'hui.
Le texte que nous publions est celui qui a été collationné sur le manuscrit du Père Brothier, dernier bibliothécaire des Jésuites de Paris avant la Révolution. Il est conforme au manuscrit authentique des Archives de la Belgique, au Palais de Justice, à Bruxelles.
Catalogué sous le n° 730, il provient d'un Collège dit Limbourg hollandais où il fut saisi lors de la suppression des Jésuites dans tes Pays-Bas, en 1773.
Il en est fait acte dans le Protocole des délibérations du comité établi pour les affaires résultant de la suppression de la Société des Jésuites aux Pays-Bas, 25 octobre 1773, avec signatures de MM. les conseillers Leclerc, le comte Philippe Nouyi, Cornet de Grez, Limpeux et Turck.
Préface
Que les supérieurs gardent et retiennent entre leurs mains, avec soin, ces instructions particulières et qu'ils les communiquent seulement à quelque peu de profès ; instruisant de quelques-unes les non-profès, lorsque l'avantage de la Société le demandera, et cela sous le sceau du silence et non comme si elles avaient été écrites par un autre, mais prises de la propre expérience de celui qui les dit. Comme plusieurs des Profès sont instruits de ces secrets, la Société a réglé depuis son commencement que ceux qui les sauraient ne puissent se mettre dans aucun des autres ordres, excepté dans celui des Chartreux, à cause de la retraite on ils vivent et du silence inviolable qu'ils gardent, ce que le Saint-Siège a confirmé.
Il faut bien prendre garde que ces avertissements ne tombent entre les mains des étrangers, parce qu'ils leur donneraient un sens sinistre, par envie pour notre ordre. Que si cela arrive (ce qu'à Dieu ne plaise!) que l'on nie que ce soient là les sentiments de la Société, en le faisant assurer par ceux que l'on sait de certitude l'ignorer, et en leur opposant nos instructions générales et nos règles ou imprimées ou écrites.
Que les supérieurs recherchent toujours avec soin et avec prudence si quelqu'un des nôtres n'a point découvert à quelque étranger ces instructions; car personne ne les copiera ni pour soi ni pour un autre, ni ne souffrira qu'on les copie, que par le consentement du général ou du provincial, et si l'on doute si quelqu'un est capable de garder de si grands secrets, qu'on lui dise le contraire et qu'on le renvoie.
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Instructions Secrètes des Jésuites
(Monita Secreta)
Chapitre Premier
De quelle manière
la Société doit se conduire
lorsqu’elle commence quelque Fondation.01. Pour se rendre agréable aux habitants du lieu, il importera beaucoup d'expliquer la fin de la Société, telle qu'elle est prescrite clans les règles, où il est dit que la Société doit s'appliquer avec autant d'efforts au salut prochain qu'au sien propre. C'est pourquoi il faut faire les plus humbles offices dans les hôpitaux, aller voir les pauvres les affligés et les prisonniers. Il faut ouïr les confessions promptement et indifféremment afin que les plus considérables habitants du lieu admirent les nôtres et les aiment, à cause de la charité extraordinaire que l'on aura pour tous et la nouveauté de la chose.
02. Qu'ils se souviennent tous de demander modestement et religieusement le moyen d'exercer les ministères de la Société et qu'ils tâchent de gagner la bienveillance principalement des ecclésiastiques et des séculiers de l'autorité desquels on a besoin.
Chapitre II
De quelle manière les pères de la Société
pourront acquérir et conserver la familiarité
des Princes des Grands et des personnes les plus considérables.01. Il faut faire tous nos efforts pour gagner partout l'oreille et l'esprit des princes et des personnes les plus considérables, afin que personne n'ose s'élever contre nous; mais, au contraire, que tous soient obligés de dépendre de nous.
02. Comme l'expérience enseigne que les princes et les grands seigneurs sont principalement affectionnés aux personnes ecclésiastiques, lorsque celles-ci dissimulent leurs actions odieuses, et qu'elles les interprètent favorablement, comme on le remarque dans les mariages qu'ils contractent avec leurs parentes ou alliées, ou en de semblables choses, il faut encourager ceux qui les font, en leur faisant espérer d'obtenir facilement, par le moyen des nôtres, des dispenses du pape, qu'il accordera si on lui explique les raisons; si l'on produit des exemples semblables, et si l'on expose les sentiments qui les favorisent, sous prétexte du bien commun et de la plus grande gloire de Dieu, ce qui est le but de 1a Société.
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03. Il faut faire de même, si le prince entreprend quelque chose qui ne soit pas également agréable à tous les grands seigneurs; il faut l'encourager et le pousser, et porter les autres à s'accorder avec le prince et à ne pas le contredire; mais, en général sans descendre jamais à aucune particularité, de peur que, si l'affaire échouait, on ne l'imputât à la Société; et enfin que, si cette action est désapprouvée, on produise des avertissements contraires qui la mettent hors de cause, et que l'on emploie l'autorité de quelques pères, à qui l'on soit assuré que ces instructions sont inconnues, et qui puissent affirmer par serment que l'on calomnie la Société, à l'égard de ce qu'on lui impute.
04. Pour s'emparer de l'esprit des princes, il sera utile que les nôtres s'insinuent adroitement, et, par quelques tierces personnes, pour faire pour eux des ambassades honorables et favorables chez les autres princes et rois, mais surtout chez le pape et les plus grands monarques. Par cette occasion, ils pourront se recommander, et avec eux la Société; c'est pourquoi il ne faudra destiner à cet office que des personnes fort zélées et fort versées dans notre institut.
05. Il faut gagner surtout les favoris des princes et leurs domestiques, par de petits présents et par divers offices de piété, afin qu'ils instruisent fidèlement les nôtres de l'humeur et de l'inclination des princes et des grands; et, ainsi la Société pourra facilement s'y accommoder.
06 L'expérience nous a appris combien il a été utile à la Société de .:e mêler des mariages de la maison d'Autriche et de ceux qui se sont faits en d'autres royaumes, en France, en Pologne, etc., et en divers duchés. C'est pourquoi il faut proposer prudemment des partis choisis, qui soient les amis et familiers des parents et des amis des nôtres.
07. On gagnera facilement les princesses par leurs femmes de chambre, et pour cela, il faut entretenir leur amitié, car, par là, on aura entrée partout, et même dans les choses les plus secrètes des familles.
08. Dans la direction de la conscience des grands seigneurs, nos confesseurs suivront le sentiment des auteurs qui .font la conscience plus libre contre le sentiment des, autres religieux, afin que, abandonnant ceux-ci, ils veuillent entièrement dépendre de notre direction et de nos conseils.
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09. Il faut faire part de tous les mérites de la Société, tant aux princes qu'aux prélats et à tous ceux qui peuvent favoriser extraordinairement la Société, après leur avoir signalé l'importance de ce grand privilège.
10. Il faut aussi insinuer habilement et prudemment le, pouvoir très ample que possède la Société d'absoudre même des cas réservés, en comparaison des autres pasteurs et religieux, et, de plus, de dispenser, à l'égard des jeûnes, des dettes que l'on a à rendre ou à exiger, des empêchements des mariages et autres choses connues; ce qui fera que beaucoup de gens auront recours à nous et seront nos obligés.
11. Il faut les inviter aux sermons, aux confréries, aux harangues, aux déclamations, etc.; les honorer par des vers, par des thèses, et, s'il le faut, leur donner même des repas et les saluer en diverses manières.
12. Il faudra s'attirer le soin de réconcilier les grands dans les inimitiés et dissensions qu'il y aura entre eux; car, par là, nous entrerons peu à peu dans le commerce de ceux qui leur sont familiers, dans la connaissance de leurs secrets, et nous obligerons l'une ou l'autre des parties.
13. Si quelqu'un qui n'aime pas notre Société se trouve au service de quelque monarque ou de quelque prince, il faut travailler ou par nous-mêmes, ou plutôt par d'autres, à le rendre ami et familier à la Société par des promesses, par des faveurs, et par des avancements qu'on lui procurera de la part du monarque ou du prince.
14. Que tous se gardent de recommander auprès de qui que ce soit, ou d'avancer ceux qui sont sortis de quelque manière que ce soit de notre Société, et principalement ceux qui ont voulu sortir de leur propre mouvement, parce que, quoi qu'ils dissimulent, ils ont toujours une haine irréconciliable pour la Société.
15. Enfin, que chacun se préoccupe de gagner la faveur des princes, des grands et des magistrats de chaque lieu, afin, lorsque l'occasion se présentera, d'agir vigoureusement et fidèlement pour nous, même contre leurs parents, alliés et amis.
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Chapitre III
Comment la Société doit se conduire
à l’égard de ceuxqui sont de grande Autorité dans l’État
et qui, sans être riche,peuvent néanmoins rendre d’autres services.01. Outre ce qu'on vient de dire, et tout cela peut s'appliquer aux grands, il faut encore s'attirer leur faveur contre nos ennemis.
02. Il faut se servir de leur autorité, de leur prudence et de leur conseil pour mépriser les biens et pour acquérir divers emplois qui puissent être exercés par la Société, en se .servant, tacitement et en secret, de leurs noms, dans l'acquisition des biens temporels, si l'on croit que l'on puisse assez s'y fier.
03. Il faut se servir d'eux pour adoucir les personnes viles, et la populace contraire à notre Société.
04. Il faudra exiger ce que l'on pourra des évêques, des prélats et autres supérieurs ecclésiastiques, selon la diversité des raisons, et le penchant qu'ils auront pour nous.
05. Quelquefois ce sera assez d'engager les prélats et les curés à faire en sorte que ceux qui leur sont soumis laient du respect pour la, Société, et qu'ils n'empêchent point nos fonctions dans d'autres lieux, où ils ont plus de puissance, comme en Allemagne, en Pologne, etc. Il leur faudra rendre de grands respects, afin que, par leur autorité et par celle des princes, les monastères, les paroisses, les prieurés, les patronats, les fondations de messes, les lieux consacrés, puissent tomber entre nos ,mains ; car nous les pourrons facilement obtenir, là où les catholiques sont mêlés avec les schismatiques et les hérétiques. Il faut remontrer à ces prélats l'utilité et le grand mérite de semblables changements, qu'on ne peut pas attendre des prêtres, des séculiers et des moines : s'ils les font il faut louer publiquement leur zèle, même par écrit, et rendre éternelle la mémoire de leur action.
06. A cette fin, il faut tâcher que ces prélats se servent des nôtre, soit pour les confessions, soit pour les conseils ; que s'ils aspirent à de plus hauts degrés dans la cour de Rome, il les faudra aider de toutes nos forces et par nos amis qui peuvent y contribuer en quelque chose.
07. Que les nôtres s'attachent, auprès des évêques et des princes, lorsqu'ils fondent des collèges et des églises paroissiales, à ce que la Société ait le pouvoir d'y mettre des vicaires ayant cure d'âmes, et crue le Supérieur dit lieu, en ce temps-là, en vit le curé, afin que tout le gouvernement de cette église soit à nous, et que les paroissiens soient, tous soumis à notre Société en sorte que l'on puisse obtenir tout d'eux.
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08. Là où ceux des académies nous sont hostiles, là où les catholiques ou les hérétiques empêchent les fondations, il faut agir par les prélats et occuper les premières chaires, car ;ainsi il arrivera que la Société fera connaître, au moins par occasion, ses nécessités et ses besoins.
09. Il faudra, surtout, obliger les prélats de l'Église, quand il s'agira de la bénédiction ou de la canonisation des nôtres, et il faudra, en toutes manières, obtenir des lettres des grands seigneurs et des princes par lesquelles l'affaire soit avancée auprès du siège apostolique.
10. S'il arrive que les prélats ou les grands seigneurs fassent une ambassade, il faudra bien prendre garde qu'ils ne se servent d'autres religieux qui sont en rivalité avec nous, de peur qu'ils ne fassent passer cette passion dans leur esprit, et qu'ils ne la portent dans les provinces et dans lies villes où nous demeurons ; que si ces ambassadeurs passent dans les provinces et dans les villes où la Société a des collèges il faut les recevoir avec beaucoup d'honneurs et d'affection, et les traiter aussi bien due la modestie religieuse le permettra.
Chapitre IV
Ce qu’on doit recommander
aux prédicateurs et aux confesseurs des Grands.001. Que les nôtres dirigent les princes et les hommes illustres de façon à ce qu'ils paraissent seulement tendre à la plus grande gloire de Dieu , et à une telle austérité de conscience que les princes mêmes voudront bien accorder ; car leur direction nie doit pas regarder d'abord, mais insensiblement le gouvernement extérieur et politique.
02. C'est pourquoi il importe de les avertir souvent que la distribution des honneurs et des dignités, dans l'État, regarde la justice; et que les princes offensent directement Dieu, lorsqu'ils n'y ont point d'égard, et qu'ils agissent par passion ; qu'ils protestent sauvent et sérieusement qu'ils ne veulent point se mêler de l'administration de l'État, mais qu'ils parlent malgré eux, par raison de leur devoir. Quand les princes auront bien compris cela, qu'on leur explique quelles vertus doivent avoir ceux que l'on choisit pour les dignités et pour les charges publiques et principales, et qu'on leur nomme et recommande enfin les amis sincères de la Société. Cela, néanmoins, ne doit pas se flaire immédiatement par les nôtres, mais se pourra faire de meilleure grâce par ceux qui sont familiers avec le prince, à moins qu'il ne force les nôtres de le faire.
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03. C'est pourquoi les confesseurs et les prédicateurs de notre Société seront informés, par des amis, de ceux qui sont propres à quelque charge que ce soit, et surtout qui sont libéraux envers la Société ; qu'ils aient leurs noms, et qu'ils les insinuent, en leur temps, aux princes avec adresse, ou par eux-mêmes ou par d'autres.
04. Que les confesseurs et les prédicateurs se souviennent de traiter les princes avec douceur, et, en les caressant, ne les choquer ni dans les sermons, ni dans les entretiens particuliers, d'écarter d'eux toutes sortes de craintes, et dé les exhorter principalement à la foi, à l'espérance et à la justice politique.
05. Qu'ils ne reçoivent presque jamais de petits présents poux leur usage particulier ; mais qu'ils recommandent la nécessité publique de la province ou du collège ; qu'ils soient content à la maison d'une chambre ,meublée simplement, qu'ils ne s'habillent pas trop proprement et qu'ils aillent promptement aider et consoler les plus humbles personnes du palais, de peur qu'on ne croie qu'ils ne sont prêts à servir que les grands seigneurs.
06. Aussitôt après la mort des officiers, qu'ils aient soin de parler de bonne heure de leur substituer quelques amis de la Société, et qu'ils évitent le soupçon d'arracher le gouvernement des mains du prince. C'est pourquoi, comme on l'a déjà dit, qu'ils ne s'en mêlent pas directement, mais qu'ils y emploient des .amis fidèles et puissants, qui puissent soutenir la haine s'il arrive qu'il y en ait.
Chapitre V
Comment il faut se conduire à l’égard des religieux
qui remplissent dans l’Église les mêmes fonctions que nous.01. Il faut supporter avec courage cette espèce de gens et faire entendre à propos aux princes et à ceux qui ont quelque autorité et qui sont en quelque sorte attachés à nous, que notre Société renferme la perfection de tous les ordres, excepté le chant et l'austérité extérieure dans la manière de vivre et dans les habits ; et que si les autres religieux excellent en quelque chose la Société brille d'une manière plus éminente dans l'Église, de Dieu.
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02. Que l'on cherche et que l'on remarque les défauts des autres religieux, et après les avoir découverts et publiés avec prudence, et comme en les déplorant, à nos fidèles amis, que l'on montre qu'ils ne s'acquittent pas si heureusement des fonctions qui nous sont communes avec eux.
03. Il faut s'opposer avec plus d'efforts à ceux qui veulent établir des écoles pour enseigner la jeunesse dans les lieux où les nôtres enseignent avec honneur et avec profit ; que l'on fasse comprendre aux princes et eaux magistrats que ces gens causeront du trouble et des séditions dans l'État, si on ne les empêche,, et que les brouilleries commenceront par les enfants qui seront instruits diversement, et qu'enfin la Société suffit pour instruire la jeunesse ; si ces religieux ont obtenu des lettres du pape, ou s'ils ont pour eux la recommandation des cardinaux, que les nôtres agissent contre eux par les princes et par les grands qui informeront le pape des mérites de la Société et de la suffisance pour instruire la jeunesse en paix ; qu'ils tâchent d'avoir et qu'ils produisent des témoignages des magistrats, touchant leur bonne conduite et leur bonne instruction.
04. Cependant, que les nôtres s'efforcent de donner des marques particulières de vertu et d'érudition, en exerçant les écoliers dans les études, et par d'autres jeux scolastiques, propres à attirer l'applaudissement, et représentés devant les grands, les magistrats et le peuple.
Chapitre VI
De la manière de gagner les veuves riches01. Que l'on choisisse pour cela: des Pères avancés en âge, qui soient d'une complexion vive et d'une conversation agréable. Qu'ils visitent ces veuves là et que d'abord qu'ils verront en elle quelque affection pour la Société, qu'on leur offre les oeuvres et les mérites de la Société. Que si elles les acceptent, et qu'elles commencent à visiter nos églises, qu'on les pourvoie d'un confesseur, par lequel elles soient bien dirigées, dans la vue de les entretenir dans l'état de veuve, en disant et louant ses avantages et son bonheur, et eh leur promettant certainement et leur répondant même que de cette manière elles auront un mérite éternel, et un moyen très efficace pour éviter les peines du purgatoire.
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02. Que le même confesseur fasse en sorte qu'elles s'occupent à embellir une chapelle ou un oratoire dans leur maison, dans lequel elles puissent vaquer à des méditations ou autres exercices spirituels afin qu'elles s'éloignent de la conversation et des visites de ceux qui les pourraient rechercher ; et quoiqu'elles aient un chapelain, que les autres ne laissent pas d'y aller célébrer la messe, et particulièrement de leur faire des exhortations à propos et qu'ils tâchent de tenir le chapelain sous eux.
03. Il faut changer avec prudence et insensiblement ce qui concerne la direction de la maison,, en sorte que l'on ait égard à la personne, au lieu, à son affection et à sa dévotion.
04. Il faut principalement éloigner les domestiques (mais peu à peu) qui n'ont point de commerce avec la Société; et s'il en faut substituer d'autres, recommander des gens qui dépendent ou qui veuillent dépendre des nôtres ; car ainsi on nous fera part de tout ce qui se passe dans la famille.
05. Que le confesseur n'ait d'autre but que de faire en sorte que la veuve demande et suive son conseil en toutes choses, et qu'il lui démontre dans l'occasion que cette obéissance est l'unique fondement de son avancement spirituel.
06. Qu'on lui conseille le fréquent usage des sacrements, qu'elle les pratique, et surtout celui de la pénitence, dans lequel elle découvrira ses plus secrètes pensées et toutes ses tentations avec beaucoup de liberté. Qu'elle communie fréquemment ; qu'elle aille souvent écouter son confesseur, et qu'on l'y invite, en lui promettant des prières particulières ; qu'elle récite les litanies, et qu'elle examine tous les jours sa conscience.
07. Une confession générale réitérée, quoiqu'elle l'ait déjà faite à un autre, ne servira pas peu pour avoir une pleine connaissance de toutes ses inclinations.
08. On lui remontrera tous les avantages de l'état de veuve et les incommodités du mariage, surtout lorsqu'on le réitère : les dangers dans lesquels on se met, et principalement ceux qui la concernent en particulier.
09. On peut aussi proposer de temps en temps et avec adresse, des partis pour lesquels on sait bien que la veuve a de la répugnance ; et si l'on croit qu'il y en a quelques-uns qui lui plaisent, qu'on lui en représente les mauvaises mœurs, afin qu'en général elle n'ait que du dégoût pour les secondes noces.
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10. Quand donc on est assuré qu'elle est bien disposée pour le veuvage, il faut lui recommander la vie spirituelle, mais non pas la religieuse, dont il faut plutôt décrire les incommodités, mais telle que l'était celle de Paula et d'Eustochim, etc. Que le confesseur fasse en sorte qu'ayant fait au plus tôt vœu de chasteté, pour deux ou trois ans au moins, elle ferme tout à fait la porte aux secondes noces. Alors il faut empêcher qu'elle ne fréquente des hommes et qu'elle ne se divertisse même avec ses parents et ses alliés sous prétexte de l'unir plus étroitement à Dieu. Pour les ecclésiastiques par lesquels la veuve sera visitée, ou qu'elle ira voir, si on ne les peut pas tous exclure, qu'ils soient de ceux qu'elle reçoive à la recommandation des nôtres, ou qui en dépendent:
11. Quand on :en sera venu jusque-là, il faudra porter peu à peu la veuve à de bonnes couvres, et surtout aux aumônes, qu'elle ne fera néanmoins pas sans la direction de son père spirituel ; parce qu'il est important que l'on mette à profit, avec discrétion, le talent spirituel, et que les aumônes mal employées sont souvent la cause de divers péchés, ou les entretiennent, de sorte qu'on n'en tire que peu de fruit ou de mérite.
Chapitre VII
Comment il faut entretenir les veuves et disposer des biens qu’elles ont.01. Qu'on les presse de continuer dans leur dévotion et dans leurs bonnes oeuvres, en sorte qu'il ne se passe point de semaine qu'elles ne retranchent de leur superflu quelque chose en l'honneur de Jésus-Christ, de la Sainte Vierge ou du saint qu'elles auraient choisi comme patron, et qu'elles le donnent aux pauvres ou pour l'ornement de l'Église jusqu'à ce qu'on les ait entièrement dépouillées des prémices et des dépouilles de l'Égypte.
02. Que si, outre une affection générale, elles témoignent leur libéralité envers notre Société, et qu'elles, continuent, qu'on leur fasse part de tous les mérites de la Société, avec des indulgences particulières du provincial, ou, si ce sont des personnes d'assez grande qualité, du général de l'Ordre.
03. Si elles ont fait vœu de chasteté, qu'elles le renouvellent deux fois l'année, selon notre coutume, en leur accordant ce jour-là une récréation honnête avec les nôtres.
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04. Qu'on les Visite souvent et qu'on les entretienne d'une manière agréable, et qu'on les réjouisse par des histoires spirituelles et des plaisanteries, selon l'humeur et l'inclination de chacune.
05. Qu'on ne les traite pas avec trop de rigueur dans la confession, de peur qu'elles ne deviennent chagrines, à moins que peut-être on ne désespère de regagner, leur faveur, dont d'autres se seront rendus les maîtres. En cela il faut juger avec beaucoup de discernement du naturel inconstant des femmes.
06. Qu'on les empêche adroitement de visiter les autres églises et d'y aller voir les fêtes, principalement dans celles des religieux, et qu'on leur redise souvent que toutes les indulgences accordés aux autres Ordres sont rassemblées dans notre Société.
07. S'il faut qu'elles se mettent en deuil, qu'on leur accorde des ajustements qui aient bon air et qui ressentent quelque chose de spirituel et de mondain en même temps, afin qu'elles ne croient pas qu'elles soient gouvernées par un homme entièrement spirituel. Enfin, pourvu qu'il n'y ait pas de danger d'inconstance, et si elles sont toujours fidèles et libérales envers la Société qu'on leur accorde, avec modération et sans scandale, ce qu'elles demandent pour leur sensualité.
08. Que l'on mette chez les veuves des filles honnêtes et nées de parents riches et nobles, qui s'accoutument peu à peu à nôtre direction et à notre manière de vivre ; qu'elles aient une gouvernante choisie et établie par le confesseur dans toute la famille ; qu'elles soient soumises à toutes les censures et à toutes les coutumes de la Société ; et pour celles qui ne voudront pas s'y accommoder, qu'on les renvoie à leurs parents ou à d'autres par qui elles ont été amenée, et qu'on les décrive comme des fantasques d'un naturel difficile, etc.
09. Il ne faudra pas avoir moins de soin 'de leur santé et de leur récréation que de, leur salut. C'est pourquoi, si elles se, plaignent d'indispositions, on leur défendra les jeûnes, les cilices, les disciplines corporelles, et on ne leur permettra pas d'aller à l'élise, mais on les gouvernera à la maison en secret et avec précaution. Qu'on les laisse entrer dans le Jardin et dans le collège, pourvu que cela se fasse secrètement, et qu'on leur permette de se récréer en secret avec ceux qui leur plairont le plus.
10. Afin qu'une veuve dispose des revenus qu'elle a en faveur de la Société, qu'on lui propose la perfection de l'état des hommes saints qui, rayant renoncé au monde, à leurs parents et à leurs biens, se sont attachés au service de Dieu avec une grande résignation et avec joie. Qu'on leur explique, dans cette vue, ce qu'il y a dans la constitution et dans l'examen de la Société touchant cette renonciation à toutes choses ; qu'on leur allègue l'exemple des veuves qui, en peu de temps, sont devenues ainsi des saintes, en leur faisant espérer d'être canonisées si elles continuent de même jusqu'à la fin et qu'on leur fasse voir que le crédit des nôtres ne leur manquera pas pour cela auprès du Pape.
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11. II faut imprimer fortement dans leur esprit que si elles veulent jouir d'un parfait repos de conscience, il faut suivre sans murmure, sans ennui et sans aucune répugnance intérieure, tant dans les choses temporelles que dans les spirituelles, la direction de leur confesseur comme destiné particulièrement de Dieu.
12. Il faut les instruire aussi, dans l'occasion, que, si l'aumône qu'elles font aux ecclésiastiques et surtout aux religieux d'une vie exemplaire est la plus convenable, elles ne doivent cependant la faire qu'avec l'approbation de leur confesseur.
13. Les professeurs prendront garde, avec le plus grand soin, que ces sortes de veuves qui seront leurs pénitentes n'aillent voir d'autres religieux, sous quelque prétexte que ce soit, ou qu'elles n'entrent en familiarité avec eux. Afin de l'empêcher, ils tâcheront de vanter à propos la Société comme un ordre plus excellent que les autres, très utile dans l'Église, de la plus grande autorité auprès du Pape et de tous les princes, très parfait en lui-même, parce qu'il renvoie ceux qui sont nuisibles et peu propres, et dans lequel il n'y a ni écume ni lie, comme il y en a beaucoup parmi les moines, qui sont lé plus souvent ignorants, stupides, paresseux, négligents en ce qui regarde leur salut; adonnés au ventre, etc.
14. Que les confesseurs leur proposent et qu'ils leur persuadent de payer des pensions ordinaires et des tributs pour aider tous les ans les collèges et les maisons professes, et surtout la maison professe de Rome, à s'acquitter de leurs dettes, et qu'ils n'oublient pas les ornements du temple, la cire, le vin, etc., qui sont nécessaires â la célébration de la messe.
15. Que si une veuve, pendant sa vie, ne donne pas entièrement ses biens à la Société, qu'on lui propose, par occasion et surtout lorsqu'elle sera malade, ou en grand danger de la vie, la pauvreté, la nouveauté et la multitude de plusieurs collèges qui ne sont pas encore fondés, et qu'on la pousse avec douceur et avec force à faire des dépenses, sur lesquelles elle puisse fonder sa gloire éternelle.
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16. Il faut faire la même chose à l'égard des princes et des autres bienfaiteurs ; il leur faut persuader ce qui est perpétuel dans ' ce inonde et qui leur peut gagner une gloire éternelle dans l'autre de la part de Dieu. Que si quelques malveillants allèguent par-ci par-là l'exemple de Jésus-christ, qui n'avait pas où reposer sa tête, et veulent que la Compagnie de Jésus soit de même très pauvre, qu'on leur montre à tous et qu'on imprime sérieusement dans leur esprit que l'Église de Dieu est présentement changée, et qu'elle est devenue une monarchie, qui doit se soutenir, par l'autorité et par une grande puissance, contre ses ennemis qui sont très puissants ; et qu'elle est cette petite pierre coupée qui est devenue une très grande montagne, prédite par un prophète.
17. Que l'on montre souvent à celles qui se sont données aux aumônes et à embellir les églises, que la souveraine perfection consiste en ce que, en se dépouillant de l'amour des choses terrestres, elles reportent cet amour sur Jésus-christ et ses compagnons.
18. Mais comme il y a toujours moins à espérer des veuves qui élèvent leurs enfants pour le monde, nous verrons comment on peut y remédier.
Chapitre VIII
Comment il faut faire
pour que les enfants des veuves
embrassent l’État religieux ou de dévotion.01. Comme il faut que les mères agissent avec vigueur, les nôtres devront se conduire avec douceur en cette occasion. Il faut instruire les mères à chagriner leurs enfants dès leur tendre jeunesse, par des censures et remontrances, etc., et principalement, lorsque leurs filles sont plus âgées, à leur refuser des parures; souhaitant souvent et priant Dieu qu'elles aspirent à l'état ecclésiastique, et leur promettant une dot considérable, si elles veulent se faire religieuses. Qu'elles leur montrent souvent les difficultés qui sont communes à tous les mariages, et celles qu'elles ont éprouvées en leur particulier : et qu'elles témoignent d'avoir la douleur de ce qu'en leur temps elles n'ont pas préféré le célibat au mariage. Enfin, qu'elles se conduisent en sorte que leurs filles particulièrement, ennuyées de vivre de la sorte auprès de leurs mères, pensent à se faire religieuses.
02. Que les nôtres conversent familièrement avec leurs fils, et s'ils paraissent propres pour notre Compagnie, qu'on les introduise à propos dans le collège, et qu'on leur montre ce qui leur pourra plaire et les inviter à s'affilier à nous, par exemple les jardins, les vignes les maisons de campagne et les métairies, où les nôtres vont se divertir ; qu'on leur parle des voyages qu'ils font en divers royaumes, du commerce qu'ils ont avec les princes, et de tout ce qui peut réjouir la jeunesse ; qu'on leur fasse voir la propreté du réfectoire et des chambres, la conversation agréable que les nôtres ont entre eux, la facilité de notre règle, à laquelle, néanmoins, la gloire de Dieu est attachée la prééminence de notre ordre par dessus les autres ; et qu'on ait avec eux des entretiens plaisants, aussi bien que pieux.
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03. Qu'on les exhorte, comme par révélation, à la religion en général, et qu'on leur insinue adroitement la perfection et la commodité de notre institut, par-dessus les autres qu'on leur dise, et dans les exhortations publiques et dans les entretiens particuliers, de quelle grandeur est le péché de ceux qui se rebellent contre la vocation divine ; et, qu'enfin, on les engage à faire des exercices spirituels, afin qu'ils prennent leur résolution sur l'état de vie qu'ils veulent choisir.
04. Que les nôtres fassent en sorte que ces jeunes gens aient des précepteurs attachés à notre Société, qui veillent continuellement à cela et qui les exhortent ; mais s'ils résistent, qu'on leur ôte diverses choses, afin qu'ils s'ennuient de la vie ; que leur mère leur expose les difficultés de lia famille. Enfin, si l'on ne peut pas faire en sorte que de leur bon gré ils veuillent entrer dans notre Société, qu'on les envoie aux collèges éloignés de notre Compagnie, comme pour y étudier ; et que' du côté de leur mère, on ne leur fasse que peu de douceurs, et qu'au contraire, notre Société les flatte pour gagner leur affection.